a missing pool

La chaleur en pleine journée est presque insupportable. Le vent venant de l’océan doit être bloqué quelque part par les barrières d’immeubles car il ne transverse plus les rues de Tokyo ces derniers jours. On rêve de plonger dans les piscines. Depuis quelques semaines, je ne cours plus dans les rues le week-end en raison de la chaleur. Je préfère nager dans une des piscines de Shibuya. On s’acquitte de 400 yens à l’entrée pour les adultes et 100 yens pour les enfants. Zoa nage devant en faisant la brasse et je le suis, sur environ 1500 mètres ponctués de quelques pauses que je suis le premier à réclamer. Lorsque je nage seul, mon rythme est plus rapide mais j’ai tendance à m’arrêter plus souvent. Lorsque Zoa tient la cordée, je le suis tranquillement sans me poser de question, et la nage prend un côté confortable malgré l’effort de nager dans la durée. Cela me donne même du temps pour réfléchir, ou être dans la lune, tout en enchaînant les mouvements de manière mécanique. J’aime la perspective d’avoir du temps devant moi pour pouvoir être dans la lune, mais je n’utilise finalement que peu souvent ce temps disponible pour rêver éveillé. Je suis toujours occupé à faire autre chose, et même souvent plusieurs choses à la fois.

Photographies extraites de la video du morceau The Sky Falls de XAI disponible sur Youtube.

Je m’écarte un peu de la musique indépendante que j’écoute habituellement avec trois morceaux assez différents les uns des autres. XAI est une chanteuse rock que je ne connaissais pas mais que je découvre avec le morceau ci-dessus The Sky Falls sur YouTube. Il s’agit en fait du thème musical d’un film d’animation sur Godzilla. Je ne sais pas très bien de quel film il s’agit, mais peut importe. J’aime beaucoup ce morceau pour son efficacité rock et pour la voix très puissante de XAI, ce qui est assez rare pour le noter dans une formation rock japonaise. Le morceau est dense en guitares et en sonorités électroniques qui viennent appuyer le flot musical, mais pourtant la voix de XIA émerge très nettement. J’insiste sur cette voix car c’est elle qui me fait revenir sans cesse à l’écoute de ce morceau, tandis que la musique dans son ensemble est d’une construction plutôt classique sans trop d’inattendu. Il s’agit d’ailleurs peut être d’une commande et d’une formation construite exprès pour les besoins de la bande originale du film.

Photographies extraites de la video du morceau NON TiE-UP de BiSH disponible sur Youtube.

Je n’ai pas l’habitude d’écouter la musique des groupes d’idoles japonaises, mais j’y porte un peu plus d’attention lorsqu’il s’agit d’idoles alternatives. Il s’agit bien entendu de groupes montés de toute piece par un producteur ou une agence de production, et où les membres sont recrutés en fonction de certains critères. La configuration de ce type de groupes varie lorsque certains membres décident de quitter la formation ou sont tout simplement remplacés. BiSH est né en 2015 et est la création de Junnosuke Watanabe, déjà à l’origine du groupe d’idoles initial appelé BiS et dissout peu avant, en 2014. Le groupe BiSH évolue dans un style rock alternatif, mais comme pour beaucoup de formation de ce type, les styles sont variés pour élargir le public potentiel. Tous les morceaux ne sont donc pas intéressants, mais j’aime beaucoup leur morceau le plus récent sorti il y a quelques semaines et intitulé NON TiE-UP. Le titre semble indiqué que ce morceau est indépendant de toute campagne marketing et n’est pas non plus utilisé comme bande sonore de film ou d’anime. Malgré l’apparence, il y a une bonne dose d’agressivité dans le chant et de provocation dans les paroles. J’étais d’ailleurs un peu surpris par la crudité du verbe et des gestes à certains passages de la vidéo accompagnant le morceau. La pochette du morceau indique d’ailleurs un contenu explicite. Le morceau se joue comme une suite symphonique rock qui s’accorde bien avec l’ambiance de la vidéo. Ce décor futuriste de réalité virtuelle d’une couleur rouge éclatante et agressive me rappelle un peu celui de la planète Crait du dernier Star Wars. Je trouve cet ensemble musical assez abouti et je pense garder un œil sur les prochains morceaux du groupe, au cas où elles conservent cet esprit un peu décalé et cette qualité visuelle.

Photographies extraites de la video du morceau Dekadonden でかどんでん de Shiritsu Ebisu Chugaku 私立恵比寿中学 disponible sur Youtube.

Le troisième morceau est beaucoup plus orienté pop dans un esprit plus léger et même loufoque par la présence en guest star dans le clip vidéo de Naomi Watanabe en géante venue de l’espace. Il s’agit d’un morceau au titre énigmatique Dekadonden par le groupe d’idoles Shiritsu Ebisu Chugaku 私立恵比寿中学, de l’agence Stardust. L’agence ayant ses bureaux à Ebisu, plusieurs groupes de cette agence prennent le nom du lieu. Dans le cas ici, on traduirait par Collège privé d’Ebisu. Le groupe porte également le diminutif Ebichu et est en quelque sorte un groupe sœur des plus réputés Momoiro Clover Z. Je n’ai pas le sentiment qu’elles aient déjà franchi les paliers du mainstream car on n’en entend pas trop parler, malgré qu’elles aient participé, à ma grand surprise, à l’album tribute Fruit Défendu de Sheena Ringo pour la reprise du morceau Jiyū e Michizure 自由へ道連れ. En fait, plus que la musique en elle-même, c’est la vidéo ultra-dynamique de ce morceau que j’aime beaucoup. Cette vidéo me rappelle en fait celle du morceau Sabotage des Beastie Boys, avec la même mise en scène de série télévisée policière et les mêmes arrêts sur images sur les personnages avec affichage du nom des acteurs. Mais, cette vidéo serait également mélangée avec la vidéo d’Intergalactic des mêmes Beastie Boys pour le personnage géant venu de l’espace se déplaçant dans les rues de Tokyo. On retrouve un même esprit loufoque fait de déguisements, de lunettes de soleil et de mouvements exagérément dynamiques. Le réalisateur de la vidéo était peut être sous cette influence. Pour Ebichu, comme pour BiSH, l’image traditionnelle de l’idole japonaise est mise à mal, mais d’une manière toujours très contrôlée.

frénésie interne (deux)

Je construis une nouvelle fresque urbaine tout en longueur et qui démarrera peut être une nouvelle série. On verra si l’inspiration estivale me pousse à continuer. Comme sur le premier épisode, les images s’enchaînent et se chevauchent. Certaines essaient de s’imposer à d’autres. J’essaie d’organiser tout cela dans la fresque sans avoir de logique très poussée à part celle de mon inspiration inconsciente du moment, pendant la nuit du week-end.

La musique du morceau Neo Tokyo du groupe rock indé Youthmemory me fait penser à cette nuit urbaine. Le titre du morceau et la pochette du EP jouent, ceci-dit, certainement sur cette impression. J’aime beaucoup le riff accrocheur de guitare et l’ambiance du morceau. Je me rends compte un peu après en me perdant un peu plus dans les méandres de Bandcamp, que ce morceau est également disponible sur la compilation Die in Pop du label Ano(t)raks. On peut d’ailleurs télécharger gratuitement cette compilation de 18 morceaux sur Bandcamp. Du coup, je fais le curieux et je découvre quelques morceaux que j’aime beaucoup, plutôt dans la première partie de la compilation et notamment des morceaux chantés à deux voix, masculine et féminine, comme le premier morceau e.g. de Bearwear. Les morceaux de cette compilation ne viendront pas révolutionner les codes du rock indépendant et on sent parfois les influences outre-pacifiques. Par exemple, le cinquième morceau Numb de Brother Sun Sister Moon me fait penser, par le chant et la tonalité, aux australiens de Tame Impala. Ce n’est pas gênant car le morceau est très bon, tout comme le morceau セツナブルー de Fish in water project dans un style plus pop rock. Je ne connaissais aucun des groupes de cette compilation, à part Youthmemory, donc ce type d’album est le bienvenu pour faire des nouvelles découvertes.

frénésie interne (un)

Les images se bousculent et sortent du cadre dans une frénésie incontrôlable. On peut voir cette série en entier et dans toute sa longueur sur le lien suivant. Il faut certainement attendre un peu que l’image se charge et l’agrandir à sa taille actuelle.

Je découvre quelques autres morceaux de Utae que j’écoute très souvent dans ma playlist quand je marche dans les rues de Tokyo. Juste après avoir sorti le morceau Supersonic dont je parlais il y a quelques temps, Utae nous fait écouter ce nouveau morceau plus expérimental intitulé Victoria, et qu’on imaginerait prendre comme inspiration l’esthétique musicale de Björk. La vidéo du morceau Victoria est intéressante car basée sur de la VR, c’est à dire que les images électroniques de la vidéo sur YouTube changent leur orientation en fonction des mouvements que l’on opère avec l’iPhone ou l’iPad que l’on utilise pour regarder la vidéo (ça fonctionne également sur un écran fixe mais avec petit pad sur l’écran). On s’amuse à rechercher le visage de la musicienne qui apparaît de temps en temps parmi les images brouillées de la vidéo. J’écoute également régulièrement un morceau sorti en 2017 et intitulé Internet Magic. J’aime beaucoup le côté électronique rétro du morceau. Comme beaucoup d’autres qu’elle compose, la fin de ce morceau introduit un break qui amène le morceau vers d’autres horizons où la musique se fait plus dense et se mélange à des nappes vocales. J’aime beaucoup ce genre de décrochage final, comme si le morceau était livré à lui-même et pouvait se donner la possibilité de partir en vrille.

Dans un autre style musical plus fantaisiste, je découvre d’autres morceaux de Zombie-Chang sur le EP 恋のバカンス (koi no vacances) qui est disponible en téléchargement gratuit sur la page Bandcamp du label Omake Club. J’avais déjà parlé du morceau Summer Time sur ce même EP, mais j’écoute maintenant le reste des morceaux, notamment deux remixes qui viennent en fait améliorer les deux morceaux originaux de l’EP. Je n’apprécie en général pas trop les versions remixées car je les trouve toujours inférieures à l’original, mais dans le cas présent, le remix apporte une profondeur et une ambiance supplémentaire au son. La musique et la voix de Zombie-Chang sont très particulières et il faut s’y habituer au début. Par exemple, le morceau We should kiss, sur son nouvel album au titre en français Petit Petit Petit, part un peu dans tous les sens, mais il y a des trouvailles dans les sons, comme l’utilisation d’une alarme de barrières de passage à niveau japonais, qui vient ponctuer le morceau à différents moments. Les attitudes désinvoltes de Meirin sont amusantes. Tout cela me donne envie de revenir régulièrement voir et écouter ce morceau sur Youtube.

recording complexity

Je reviens avec une nouvelle série de photographies dans ce quartier légèrement à l’écart du centre de Shibuya mais tout de même proche de la station JR. L’endroit est photogénique par la multitude de graffitis et de stickers affichés dans les recoins de ces rues. La multitude des graffitis va de pair avec la multiplication des panneaux et plaquettes d’interdiction de dessiner sur ces murs. Les murs ou portes à l’arrière de certains buildings sont parfois déjà tellement encombrés de graphismes qu’on se demande à quoi peut bien servir un tel avertissement. Un nouveau graffiti sur ces murs ne viendrait que cacher les autres graffitis existants, dans le principe que rien ne dure éternellement. Parmi la masse des formes et couleurs, parfois très grossières, parfois inquiétantes, parfois en détournements amusants de personnages connus, il y a aussi des créations originales qui attirent le regard. J’aime beaucoup les petits monstres de rues très colorés et à l’air cruel de Bortusk Leer. Ils sont dessinés sur un papier de journal ou de magazine et ensuite collés sur les murs. On en voit assez peu à ma connaissance dans les rues de Tokyo, mais j’en avais déjà vu au moins un autre dans un autre quartier de Shibuya et trois dans ce quartier ici. Je me demande quelle est la proportion d’artistes de rue étrangers à investir les rues de Tokyo. J’ai l’impression que Tokyo est un passage obligé pour les artistes urbains et qu’ils aiment y laisser leur trace. Il y a très longtemps maintenant les petits personnages longilignes de l’artiste français André étaient apparus soudainement dans un des quartiers près de Ebisu. Un d’entre eux est encore sur un coin de mur et je n’y fais même plus attention. Il fait partie intégrante du décor urbain. Comme quoi, l’éphémère peut être parfois fait pour durer et brave les années et les intempéries jusqu’à ce que l’immeuble les portant finisse par disparaître. La désorganisation des graffitis sur ces murs de Shibuya a quelque chose de très tokyoïte, et reflète en quelque sorte la complexité urbaine de cette ville. Ayant peur du vide, cette complexité me rassure et j’ai envie de la conserver quelque part en photographies, avant qu’elle ne disparaisse pour de bon. Je vois maintenant un sens à mes dessins futuro-organiques, saisir et conserver sur papier cette complexité toute urbaine.

Je parle beaucoup de musique en ce moment sur Made in Tokyo, et cette musique que j’écoute influence et inspire plus ou moins fortement les séries de photographies que j’y montre. Cette association entre musique et photographies est présente depuis très longtemps sur ces pages et j’ai déjà essayé quelques fois d’expliquer cette interaction, notamment quand il s’agit de shoegazing. Lorsque je publie un nouveau billet sur WordPress, un tweet est automatiquement publié sur Twitter. Je ne m’étais jamais préoccupé du texte de ce tweet automatique, jusqu’à il y a quelques semaines. Je m’enforce ces derniers temps à adapter le texte du tweet pour résumer le billet que je publie en indiquant la musique associée. J’ajoute même volontairement l’adresse Twitter du groupe ou musicien / musicienne en question pour voir si j’obtiendrais une réaction à mon billet (bien que le message soit en français, et que je n’écoute pratiquement pas de musique francophone). Il n’est pas rare que le groupe / musicien / musicienne interagisse par un like ou un retweet de mon billet les mentionnant (par exemple Otoboke Beaver, Utae, Oyasumi Hologram ou Fujichao), ce qui fait toujours plaisir. Mais c’est encore mieux quand mon billet suscite une réaction écrite comme celle, en japonais ci-dessus, du groupe de shoegazing japonais For Tracy Hyde. Tous les groupes ne sont pas très présents ou actifs sur Twitter et leur interaction n’intervient en rien sur mon appréciation de leur musique, mais ce type de message personnalisé de remerciement fait quand même plaisir. J’ignorais auparavant complètement Twitter mais je regarde un peu plus régulièrement ces derniers mois, car j’y reçois de temps en temps des retours sur les billets du blog. Même s’ils restent assez peu nombreux, je reçois plus de retours sur mes tweets de billets du blog que de commentaires sur le blog. Ce qui m’amène à réfléchir à l’utilité d’activer les commentaires sur le blog. Tout se passe maintenant dans l’immédiateté et prendre du temps pour écrire un commentaire semble être d’une autre époque. J’aime à penser que ce blog n’est pas attaché à une époque, j’y aborde d’ailleurs volontairement jamais les événements d’actualité. D’autres le font d’ailleurs suffisamment, sur Twitter justement, mais il faut souvent faire abstraction des torrents d’aigreur qui inondent ce réseau social. J’aime l’idée d’un espace hors de ce temps là, mais il faut tout de même s’y accrocher pour trouver la force et la motivation de continuer.

lemon orange glow

Je joue encore une fois avec mes photographies en y ajoutant cette fois-ci des halos de lumière de couleur orangée. Ces lumières superposées proviennent des feux de la nuit à Shibuya. Elles donneraient presque une ambiance martienne aux décors de Tokyo ou peut être plutôt une impression de monde parallèle. Les photographies modifiées du billet ont été prises dans différents lieux de Tokyo et de sa proche périphérie. La première photographie est un bâtiment universitaire dans un des quartiers de Sagamihara, un peu à l’écart du centre de Tokyo. Le bloc de béton et le toit en pente me font penser à un visage de robot ou à un casque Kabuto. C’est une forme originale et élégante, qui observe depuis les hauteurs le campus universitaire.

La deuxième photographie montrant un escalier grimpant vers l’autoroute suspendue intra-muros est une de mes obsessions depuis que j’ai lu les trois tomes du roman 1Q84 de Haruki Murakami. Je recherche depuis quelque temps l’escalier qu’emprunte Aomame, au début du roman, pour descendre de l’autoroute suspendue et entrer malgré elle dans le monde parallèle de 1Q84 imaginé par Murakami. Je pense que cet escalier de secours et de maintenance sur la photographie du dessus est celui du roman. Dans 1Q84, Aomame prend un taxi qui monte sur la voie express numéro 3 en direction de Shibuya et qui reste bloqué dans les bouchons un peu après Sangenjaya. L’escalier ci-dessus se trouve bien sur la voie express numéro 3 après Sanganjaya, au niveau de Ikejiri-ōhashi. Dans le roman, le chauffeur du taxi indique également à Aomame que si elle descend par cet escalier, elle peut facilement marcher vers une station de train Tokyu qui l’amènerait rapidement à Shibuya. Il y a bien une station Tokyu à proximité de l’escalier et c’est celle de Ikejiri-ōhashi. Il n’y a pas de doutes, il s’agit bien de l’escalier décrit dans 1Q84. Et dire que cet escalier est en fait la porte vers un monde parallèle au nôtre. On a du mal à l’imaginer en regardant la photographie ci-dessus.

Les deux photographies suivantes nous ramènent vers la longue rue Komazawa, le long de laquelle j’avais marché depuis la station de Naka-Meguro, il y a quelques semaines. De cette longue marche, j’ai souvenir de la chaleur et de la peau moite. J’ai également souvenir de cette statue interrogatrice d’un renard de sanctuaire. C’est très commun de trouver ce type de statues dans les sanctuaires, mais ce renard là avait un air malicieux. Dans un monde parallèle, il ne se contenterait pas de regarder fixement le visiteur de passage, mais engagerait plutôt la conversation en faisant des remarques désobligeantes. Ces longues heures d’observation lui auraient permis de bien comprendre le genre humain, ainsi que ses nombreux défauts qu’il prendrait un malin plaisir à exposer en pleine figure aux quelques visiteurs égarés dans ce sanctuaire. Près de la même rue Komazawa un peu plus loin, j’avais aperçu un petit objet architectural de béton aux coins biseautés et ouverts avec des vitrages. Il s’agit d’un cabinet médical d’acuponcture. Dans les zones résidentielles de Tokyo, on voit régulièrement des blocs de béton se faire remarquer du reste des maisons individuelles toutes plus banales les unes que les autres. Sur la photographie ci-dessus, je la montre en situation parmi les autres maisons du quartier, au moment où elle émerge du reste du paysage urbain pour mon œil photographique. Cet angle est similaire à la troisième photographie de ma série récente sur Moriyama House. Ce type de photographie en situation est en général la première photographie que je prends d’une maison intéressante, lorsque je l’approche doucement sans faire de bruit, comme si j’approchais un animal craintif. La maison se dévoile petit à petit alors que je l’approche. Je regarde ses angles, sa matière, sa géométrie et je suis à l’affut de formes dissonantes.

Les deux dernières photographies du billet quittent le calme des rues de Komazawa pour la foule du dimanche après-midi à Shinjuku. Nous sommes ici au pied de la relativement nouvelle tour Newoman, au niveau de la sortie Sud de la gare de Shinjuku. Je passe souvent dans cette petite rue envahie de piétons, car nous stationnons en général la voiture dans le parking du Department Store Takashimaya juste à côté. Cette petite rue traverse par en dessous la longue avenue Kōshū Kaidō qui passe juste devant la sortie Sud de la gare de Shinjuku. Kōshū Kaidō est une ancienne route de la période Edo, menant jusqu’aux montagnes au delà de Hachiōji, et qui prend la numérotation de Route 20. A l’époque où je conduisais une moto, je ne connaissais cette rue que par son numéro et je l’empruntais assez souvent. Nous passons régulièrement mais en général que très rapidement à Shinjuku et je n’ai en général pas assez de temps pour prendre des photographies. Ce quartier m’attire toujours, peut être parce qu’il s’agissait d’un des quartiers de prédilection de Daido Moriyama, et que cette qualité photographique du quartier reste imprimée quelque part au fond de mon cerveau. Quand mon agenda du week-end le permettra et après la saison des pluies qui bat son plein en ce moment, il faudra que je revienne ici faire une exploration urbaine et photographique.

Photographies extraites des videos des morceaux Dark Spring et Black Car de Beach House sur l’album 7 disponible sur Youtube.

Le titre de ce billet m’est inspiré par un des morceaux du nouvel album de Beach House intitulé sobrement 7 (il s’agit de leur septième album). J’ai toujours écouté Beach House au compte-goutte, des morceaux par-ci par-là sur les albums précédents, morceaux que j’ai toujours beaucoup aimé d’ailleurs, mais je ne sais pour quelles raisons, je ne m’étais jamais plongé dans un album en entier. La musique de Beach House est de style Dream pop avec une grande force d’evocation, je dirais même cinématographique. Comme sur les deux vidéos ci-dessus des morceaux Dark Spring et Black Car, la musique sur cet album est sombre et profonde. Écouter cet album provoque une sensation étrange entre la voix souvent presque chuchotée de Victoria Legrand, comme une lumière diluée dans l’obscurité, et la musique dense qui l’accompagne. Pourtant cette voix a beaucoup de force et de présence même si elle ne se force pas. L’ensemble de l’album est envoûtant du début à la fin. Cette musique m’inspire, en l’écoutant le soir après minuit, la construction d’images au dessus où la lumière orangée surgit d’un rêve. A cet heure là, je n’ai même plus de souvenirs très clairs. Etais-je éveillé ou déjà parti dans mon sommeil vers un monde parallèle.