死ぬほど美しい

C’est devenu pour nous une tradition d’aller voir de près le Mont Fuji pendant les premiers jours de l’année. L’année dernière, nous avons longtemps regardé le versant de Shizuoka depuis les hauteurs de Nihondaira. Cette année, nous partons l’observer depuis la préfecture de Yamanashi, en poussant jusqu’au lac Motosu (本栖湖), le plus éloigné des cinq grands lacs du Mont Fuji (富士五湖). L’autoroute Chuo nous dépose au pied du lac Kawaguchi (河口湖). Il s’agit du plus immédiatement accessible et du plus grand des cinq lacs. Depuis la petite ville de Fujiyoshida située au bord du lac Kawaguchi, nous filons directement vers le lac Motosu, mais on s’arrête en passant au lac Shōji (精進湖), qui est lui le plus petit des cinq lacs. On en fait vite le tour en voiture pour rejoindre le lac Motosu, notamment le point de vue le plus connu que l’on voit représenté sur le billet de 1000 Yens. On compare bien sûr un billet avec la vue réelle pour constater qu’elle est en effet en tout point identique. Les bords du lac Motosu sont assez peu développés, à part des campements et quelques hôtels qui semblent assez anciens. L’endroit n’est pas difficile d’accès en voiture mais c’est très certainement plus compliqué de s’y rendre en transport en commun. Se promener en voiture autour des lacs est en tout cas vraiment plaisant, d’autant plus qu’il y a peu de traffic. Nous continuons notre petit périple en découvrant ensuite le lac Sai (西湖). On s’approche tout près de l’eau, comme montré sur la deuxième photographie du billet. Je ne peux bien sûr m’empêcher d’y proclamer que le lac Sai est formidable (西湖は最高だね!), ce qui correspond à un jeu de mots de bas niveau en japonais. Notre dernière étape est de retrouver le grand lac Kawaguchi, en faisant une pause à Fuji Oishi Hana Terrace. C’est un ensemble récent et moderne de petites boutiques et cafés situé à proximité du lac. A tout moment lorsqu’on l’aperçoit, on est envouté par la magnificence du Mont Fuji qui attire toute notre attention. Lorsqu’on ne le voit plus, caché par des forêts ou des montagnes, on le recherche. Lorsqu’on l’aperçoit devant soi, il est difficile de détourner le regard.

Une partie de la route qui nous a amené vers les lacs Motosu et Shoji traverse une partie de la mer forestière d’Aokigahara (青木ヶ原樹海) appelée Aokigahara Jukai. On qualifie cette forêt avec le mot Jukai (樹海) pour signifier qu’il s’agit d’une mer d’arbres. J’imagine très bien le mouvement des cimes d’arbres poussées de manière uniforme par le vent, formant comme des vagues d’un océan. Cette forêt a la triste réputation historique d’abriter des fantômes yūrei (幽霊), et depuis les années 1950, elle est connue pour le nombre important de personnes qui s’y suicident. Cette forêt est par endroits très dense et accidentée, formée suite à une large coulée de lave il y a 1200 ans (en 864). Cette lave poreuse absorberait apparemment les sons et contribuerait à un sentiment de solitude. Cette forêt d’Aokigahara me ramène tout d’un coup vers la musique de NECRONOMIDOL car la vidéo du morceau Psychopomp sur leur album VOIDHYMN y a été tournée. Dans la mythologie japonaise, les Shinigami (死神) sont des dieux psychopompes, des personnifications de la mort qui ont la tâche d’escorter les âmes récemment décédées vers l’autre monde.

Je ne suis pas sûr que ce soient des dieux psychopompes Shinigami que l’artiste Takato Yamamoto (山本タカト) représente sur les deux superbes illustrations ci-dessus, mais ils y ressemblent très fortement. Takato Yamamoto est peintre de formation, originaire de la préfecture d’Akita et diplômé du Département des Beaux-Arts de l’Université Zokei de Tokyo. Dans les années 1980, il travaille principalement sur des illustrations pour des publicités d’entreprise, mais à partir du début des années 1990, il commence à illustrer des romans sous l’influence de l’art de la fin du XIXe siècle et de l’Ukiyo-e. Il crée des œuvres d’ambiance fantastique, comme celles montrées ci-dessus qui me fascinent complètement, dans un style qu’on qualifie d’Esthétique Heisei. Il a déjà publié plusieurs livres d’illustrations mais je ne pense pas en avoir trouvé en librairie pour le moment. Certaines de ses créations peuvent être proches du style Ero-guro (érotisme grotesque) mais ne perdent pas pour autant une finesse déconcertante. La beauté de cette noirceur, parfois vampirique et pleine d’un romantisme d’une autre époque, est fascinante. Ces deux peintures ci-dessus à l’acrylique sur papier font partie d’une série intitulée Yokagami (夜鏡), qu’on peut traduire par le miroir de la nuit, datant de 2021. L’auteur donne également à cette série le sous-titre « In the Terrible Depth of Night ». Takato Yamamoto montre un grand nombre de ces peintures sur son compte Instagram, qu’il faut regarder sans être effrayé.

Cela fait un bon moment que les oeuvres musicales de Meitei (冥丁) m’intriguent, ne seraient ce que les couvertures des quelques albums qu’il a sorti jusqu’à maintenant. Meitei, de son vrai nom Daisuke Fujita (藤田大輔), est un artiste japonais vivant à Hiroshima. Il crée de la musique expérimentale principalement de style Ambient se basant sur des sons et des atmosphères anciennes du folklore japonais. Son premier album sorti en 2018 s’intitule Kwaidan (怪談) et, comme ce titre l’indique, il s’agit d’une œuvre basée sur le thème des histoires de fantômes japonaises. Sur cet album, Meitei est directement influencé par l’œuvre littéraire du même titre, Kwaidan ou Histoires et études de choses étranges, de l’écrivain Yakumo Koizumi (小泉八雲), contenant plusieurs kaidan, ou histoires de fantômes japonais. Yakumo Koizumi est en fait un écrivain irlandais, de son vrai nom Lafcadio Hearn. Débarqué au Japon en 1890 où il exerce le journalisme, il se marie en 1896 avec Setsuko Koizumi, fille d’un samouraï, et prend la nationalité japonaise et donc le nom de famille de sa femme. Il rédige des œuvres sur le Japon et la culture japonaise, notamment sur les histoires traditionnelles de fantômes. Il passe le restant de ses jours au Japon et meurt à Tokyo d’un crise cardiaque en 1904. Sa tombe se trouve dans le grand cimetière de Zoshigaya (雑司ヶ谷), endroit paisible que j’ai déjà visité à plusieurs reprises. Sur l’album Kwaidan, on ressent également l’influence du mangaka Shigeru Mizuki (水木しげる), un des fondateurs du manga d’horreur, spécialisé dans les histoires de monstres et de fantômes. Je suis très loin d’être connaisseur de ses manga mais je reconnais tout de même dans un morceau comme Touba (塔婆) ou Jizo (地蔵), un certain humour que Meitei traduit dans les sons de sa voix. Touba est le morceau que je préfère de l’album. On y devine des lieux d’un Japon ancien, rempli de fantômes ou d’êtres étranges que l’on distingue à peine dans l’obscurité mais dont on devine les voix et les mouvements. Meitei joue le rôle du narrateur en racontant une histoire mais sa voix est étrangement proche du hip-hop. Les arrangements musicaux électro-ambiant sont tellement détaillés qu’on est pris par cette ambiance tout simplement envoûtante évoquant un esprit japonais désormais disparu. L’écoute de cet album est certes déconcertante et difficile d’approche, mais l’atmosphère qui s’en dégage grandit petit à petit en soi à chaque écoute. Kwaidan n’évoque pas une atmosphère particulièrement effrayante, mais un univers poétique nostalgique et mélancolique à la finesse subtile. Les morceaux Sankai (山怪) et Sazanami (漣) en sont de très bon exemples. Meitei continue ensuite avec des œuvres musicales dans une trilogie intitulée Kofū (古風). Je pioche pour l’instant quelques morceaux du premier épisode Kofū, sorti en Septembre 2020, en particulier Oiran I (花魁I) et Oiran II (花魁II). Le style musical de de cet album est très différent de Kwaidan, mais maintient cette représentation d’un Japon antique longtemps disparu. On devine des lieux et des espaces, où évoluent et chantent par exemple les courtisanes Oiran évoquées par ces deux titres, mais l’approche électronique faite de samples est encore une fois déconcertante. Elle rend cette atmosphère irréelle et fantastique. Le talent de Meitei est d’arriver à composer avec ces ambiances pour créer un morceau moderne, venant brouiller toute conception temporelle. Ces deux morceaux Oiran sont étonnement extrêmement accrocheurs et sont à mon avis une bonne porte d’entrée vers son univers musical. Sur le troisième volet de la trilogie Kofū, sorti récemment en Décembre 2023 et intitulée tout simplement Kofū III (古風III), je choisis également deux morceaux Yume-jūya (夢十夜) et Heiwa (平和). Ces deux morceaux étaient en fait sorti ensemble et avant l’album sur un EP de deux titres (avec une image de poisson rouge en noir et blanc). Les deux morceaux sont très différents, l’un très agité comme une boîte à musique déréglée et l’autre évoquant une forme de plénitude, peut-être celle d’Onomachi près d’Hiroshima où vit Meitei. Comme de nombreux autres dans la discographie de Meitei, ce morceau Heiwa est beau à en mourir, comme la silhouette du Mont Fuji s’effaçant lentement derrière la pénombre naissante, ou comme cette jeune fille dessinée par Takato Yamamoto attirée par des spectres mortuaires.

もう一度コンティニューしたいよ

Enoshima (江ノ島) est une de nos destinations désormais classiques des débuts ou fins d’année, et j’ai donc montré plusieurs fois des photographies similaires prises à cette même période de l’année. Le Mont Fuji n’a pas daigné se montrer cette fois-ci car le ciel est resté très nuageux, mais nous irons le voir de près un autre jour et j’en montrerais pour sûr quelques photographies. Nous sommes le 3 Janvier 2024 et la foule n’était heureusement pas aussi dense que je l’avais imaginé. Après le déjeuner et un tour du sanctuaire, nous redescendons de la petite montagne formant Enoshima par un chemin de côté en dehors de l’étroite rue principale encombrée. J’aime beaucoup ce chemin piéton tout en escaliers car il zigzague entre les maisons des habitants. J’imagine toujours quelle peut être la vie sur cette île lorsque tous les touristes sont partis et que l’île redevient complètement calme. J’imagine aussi ce que peuvent donner le vent fort et la pluie intense des typhons lorsqu’ils viennent percuter les contours de l’île. En redescendant de l’île, en direction du petit port de plaisance, j’aime repasser dans la rue où se trouve un petit restaurant dans lesquelles ont été tournées des scènes du film Notre petite sœur (海街diary) réalisé par Hirokazu Koreeda. Le film sorti en 2015 raconte l’histoire de trois sœurs Sachi, Yoshino et Chika Kōda (interprétées par Haruka Ayase, Masami Nagasawa et Kaho) vivant dans la maison de leurs grands-parents à Kamakura, et accueillant leur demi-sœur, Suzu Asano (Suzu Hirose). Le film prend son temps dans différents lieux de Kamakura et Enoshima, ce qui me plait vraiment beaucoup. Un site web liste d’ailleurs avec beaucoup de précision les différents lieux de tournage.

Les deux dernières photographies du billet ont été prises au sanctuaire Mitsumine (三峯神社), perdu dans les profondeurs montagneuses de Chichibu dans la préfecture de Saitama. Le sanctuaire est superbe, magnifiquement décoré et implanté dans la forêt en haut d’une montagne. Nous y sommes déjà allés une fois en août 2022. Il faut environ 2h45 de route en voiture pour s’y rendre, ce qui inclut environ 1h20 d’autoroute jusqu’à Yorii à l’entrée de Chichibu puis une autre 1h20 pour traverser Chichibu en longeant par moment la rivière Arakawa (celle qui vient se jeter dans la baie de Tokyo en fin de parcours). La route est très sinueuse et parfois étroite lorsqu’elle traverse un barrage en circulation alternée. Aller jusqu’au sanctuaire de Mitsumine est éprouvant mais vaut clairement le déplacement. Enfin, il faut quand même mieux éviter la période du nouvel an, car nous avons eu la désagréable surprise d’avoir à attendre plus d’une heure avant de pouvoir stationner dans le parking du sanctuaire. Nous avons cette fois-ci participé à une cérémonie de purification Oharai (お祓い). Il s’agit d’un rituel ancien pratiqué par un ou plusieurs prêtres shintō à l’intérieur du haiden (拝殿), une des pièces du sanctuaire situé devant le honden (本殿), bâtiment le plus sacré d’un sanctuaire shinto, exclusivement destiné à l’usage de la divinité vénérée dans le sanctuaire et fermée au public. Nous avons déjà assisté plusieurs fois à ce type de rituel, notamment dans le sanctuaire d’Enoshima, lors des années néfastes qu’on appellent Yakudoshi (厄年). Dans le sanctuaire Mitsumine, je suis assis juste en dessous d’une sculpture de dragon, le signe zodiacal chinois de cette année 2024 et de mon année de naissance. Le rituel dure une trentaine de minutes, c’est un moment précieux dont on se souvient.

Avec l’album Surf Bungaku Kamakura d’Asian Kung-Fu Generation, l’album éponyme de DAOKO (ダヲコ) sorti en 2015 est un de mes albums de chevet en ce moment. De cet album, je ne connaissais en fait que deux morceaux, celui tout simplement intitulé Music (ミュージック) et Suisei (水星). J’avais d’abord découvert la version de Suisei par tofubeats avec Onomatope Daijin (オノマトペ大臣) pour le chant rappé. J’aimais en fait tellement cette version que j’avais porté une attention limitée à la version rappée par DAOKO, présente sur cet album et également composée par tofubeats. C’était une erreur car la version de DAOKO est tout aussi excellente, avec en plus la légèreté et la délicatesse vocale de DAOKO. Ce sentiment d’élégance me reste en tête en écoutant la totalité de l’album. La voix de DAOKO est très présente, tantôt à la limite du kawaii et d’autre fois plus affirmée, mais son rap ne force pas le trait. Il vient en quelque sorte nous effleurer les oreilles. S’il fallait donner un nom de style improbable à cet album, je dirais qu’il s’agit d’ASMR rap. C’est le morceau Ichibanhoshi (一番星) qui m’a d’abord amené vers cet album et je me suis rapidement rendu compte de toutes ses qualités dès la première écoute. L’électronique n’y est pas particulièrement dense ou compliquée mais elle touche juste. L’album fait intervenir plusieurs musiciens qui se partagent la composition des morceaux, à savoir Hideya Kojima (小島英也) aka ORESAMA, PARKGOLF, Kikuo (きくお) et tofubeats comme je le mentionnais ci-dessus. On trouve dans ces compositions tout le charme de l’électronique indé, un brin expérimentale car elle ne donne pas le sentiment d’être surproduite, au contraire des albums qui suivront mais c’est une progression naturelle. Un morceau comme le huitième intitulé Iya (嫌) me donne à chaque fois ce sentiment. Dès le début du morceau, j’adore l’atmosphère sonore légèrement mélancolique que produit PARKGOLF. Il y a également le dernier morceau intitulé Takai Kabe ni ha Ikusen no Door (高い壁には幾千のドア) composé par un Akito Bros (Akito Katayose & 5ive from cos/mes) et qui est assez sublime. Je suis du coup retombé sous le charme de la musique de DAOKO.

Le cheminement qui m’amène vers cet album de DAOKO est intéressant. Ma liste de suivi sur Twitter inclut le compte Pretty Vacant Jap. Je n’aime pas beaucoup le nom mais il me fait régulièrement découvrir des choses intéressantes de l’histoire de la pop culture japonaise sous la forme de photographies ou de courtes vidéos. Je suis loin de regarder toutes les vidéos qui y sont montrées, mais je suis attiré par celle-ci montrant une chanteuse dansant inlassablement d’une manière naturelle. Il s’agit de Chisato Moritaka (森高千里) interprétant Yoru no Entotsu (夜の煙突) avec le groupe Carnation, morceau présent sur son quatrième album Hijitsuryokuha Sengen (非実力派宣言) sorti en Juillet 1989. J’avais aperçu Chisato Moritaka par hasard dans un supermarché d’Ebisu il y a 15 ou 20 ans. Je ne l’aurais reconnu seul et Mari m’a indiqué qui c’était. Son nom m’est resté en mémoire pendant tout ce temps sans que je m’intéresse vraiment à sa musique, qui était principalement populaire dans les années 80. Ce petit extrait vidéo sur Twitter m’amène à regarder la vidéo entière sur YouTube qui finit par me fasciner. Il y a une énergie communicative qui se dégage dans son chant et ses mouvements semblant infatigables. Chisato Moritaka ne chante pas très bien, et elle le sait car ses défauts en tant qu’idole sont même les sujets abordés sur certains morceaux de l’album Hijitsuryokuha Sengen, qu’on peut traduire comme « déclaration de non-qualification ». L’empreinte année 80 des morceaux de cet album est vraiment très présente avec parfois des excès de synthétiseurs, mais c’est ce son là en particulier qui m’attire pour une raison qui m’échappe un peu et m’amène à acheter l’album au Disk Union de Shibuya. Il faut aussi dire que j’aime beaucoup la photographie et le design de sa couverture, avec son côté rétro-futuriste. Au Disk Union de Shibuya, je ne peux m’empêcher de penser que le jeune vendeur me regarde d’un air insistant et interrogateur, comme s’il avait un commentaire à faire sur mon achat. Il n’en est rien bien sûr, mais les vendeurs ont en général une attitude plus neutre que le jeune homme que j’ai devant moi. En fait, je pense que si j’étais vendeur chez Disk Union, je ne pourrais m’empêcher de faire des commentaires sur les achats des clients devant moi, en particulier quand il s’agit de bons albums que j’aurais conseillé si on m’avait demandé mon avis non-qualifié. Finalement, de cet album, je n’aime vraiment que quatre ou cinq morceaux dont ceux intitulés Korekkiri Bye Bye (これっきりバイバ), Kondo Watashi Doko ka Tsurete itte Kudasai yo (今度私どこか連れていって下さいよ), Hijitsuryokuha Sengen (非実力派宣), Yoru no Entotsu (夜の煙突) et quelques autres. A part Yoru no Entotsu qui est plutôt rock, mes préférences vont vers les morceaux qui sont denses en sons électroniques très typés années 80. Et dans les morceaux d’autres albums, j’aime beaucoup le morceau The Mi-ha (ザ・ミーハー) et surtout The Stress (ザ・ストレス) et sa vidéo aux airs parodiques dans un restaurant de ramen dans lequel Moritaka est serveuse. Dans le morceau The Mi-ha, elle répète sans arrêt avec plein d’auto-dérision qu’elle n’est pas une lady et qu’elle est juste une Mi-ha (お嬢様じゃないの わたしただのミーハー!). Le mot Mi-ha est un terme argot faisant référence aux jeunes personnes en général peu éduquées qui sont obsédées par des modes et des tendances vulgaires. Ces deux morceaux sont en fait des versions remaniées présentes sur un album intitulé The Moritaka (ザ・森高) sorti en Juillet 1991, avec une couverture un peu dans l’esprit de Hijitsuryokuha Sengen. Je n’irais pas jusqu’à acheter l’album The Moritaka car il n’y a vraiment que ces deux morceaux qui me plaisent. Chisato Moritaka a arrêté sa carrière en 1999 suite à son mariage avec l’acteur Yōsuke Eguchi (江口 洋介). Elle fait tout de même quelques apparitions télévisées et des concerts liés à des événements particuliers, et en 2013, elle collabore avec le DJ Tofubeats en chantant sur le single Don’t Stop The Music. Je me souviens avoir écouté plusieurs fois ce single à l’époque de sa sortie au moment même où j’écoutais le morceau Suisei. Écouter maintenant ces morceaux de Chisato Moritaka, m’a en fait rappelé à Tofubeats et au morceau Suisei, qui m’a ensuite incité à réécouter la version de DAOKO et de fil en aiguille fait découvrir tout son album. Et j’ai maintenant une envie irrésistible d’écouter tous les albums de DAOKO, car je ne connais en fait que des morceaux éparpillés sur plusieurs d’entre eux.

continue

Le redémarrage du blog au tout début de l’année est toujours difficile et, comme chaque année à cette période en particulier, l’idée m’a effleuré l’esprit de tout simplement arrêter, pensant ne plus avoir beaucoup de choses nouvelles à y partager. Mais je continue bien sûr à prendre des photographies que je développe numériquement sur l’ordinateur et l’envie de les montrer de manière organisée dans un billet est toujours plus forte que toute volonté que je pourrais avoir d’arrêter. Ce sont parfois les photographies que j’ai pris qui me donnent envie de continuer ce blog, ou d’autres fois, l’envie d’écrire sur mes sujets de prédilection à savoir l’architecture et la musique japonaise, et ceci est conditionné par les découvertes que je peux faire, qui sont en général le résultat d’un effort de recherche. Je ne ressens pas le sentiment d’une obligation de publier à tout prix sur ce blog, mais cette période de réflexion du début de l’année reflète également mon questionnement sur les contraintes que je m’impose sur le contenu de chaque billet. Au fur et à mesure des années, ces billets sont devenus de plus en plus denses et sont la plupart du temps le fruit de recherches qui n’interpellent souvent que mon propre otakuisme et mon auto-satisfaction. A l’avenir, il ne faut pas que j’oublie de garder une approche simple et légère. « Don’t get heavy, keep it light and keep it moving » comme l’écrit Radiohead sur le morceau Present Tense de l’album A Moon Shaped Pool. Ma réflexion me pousse également à me demander si je dois continuer à mélanger les sujets dans un même billet comme je le fais actuellement, à savoir par exemple faire correspondre des photographies de Tokyo avec la musique que j’écoute à ce moment là. Je finis toujours par me convaincre de ne pas séparer ces sujets dans des billets indépendants et de continuer à les intégrer dans une unité car c’est ce qui fait la particularité de ce blog qui n’est pas un magazine web d’architecture, ni un photoblog, ni une revue musicale amateur. Mon plaisir est de nouer des liens entre ces sujets, et je pense réussir parfois. Sur la série de photographies ci-dessus prises depuis différents sanctuaires de Tokyo et d’ailleurs, l’approche volontairement modifiée et triturée de l’image correspond par exemple assez bien aux altérations sonores que l’on trouve dans la musique qui suit.

Le titre du single Continue de 4s4ki correspond assez bien au thème du texte ci-dessus et je le réutilise par conséquent comme titre de billet. Ce single est sorti le 29 Novembre 2023 mais je ne l’ai écouté pour la première fois qu’à la toute fin de Décembre 2023, car il m’est apparu soudainement en extrait parmi d’autres vidéos non-sollicitées sur Instagram. J’écoute la plupart du temps les quelques secondes des musiques que me propose Instagram et je pense que l’algorithme de l’outil a dû comprendre qu’il y avait là pour moi un intérêt. La vidéo de Continue montre des images de concerts que je pense récents, et ça me donne envie d’aller la voir cette année si l’occasion se présente, bien que je sois loin de connaître toute sa discographie. Ça fait au moins plusieurs années que je suis et apprécie sa musique qui évolue dans un style qui lui reste bien spécifique. Comme très souvent, son chant est modifié mais ne perd pas sa dimension et sa chaleur humaine. Il ne se laisse pas noyer par la composition électronique pourtant très dense. Dans sa manière rapide de chanter à la limite du rap, elle me donne toujours le sentiment d’avancer rapidement sans détours, de tracer en quelque sorte son sillon sans compromis. Dans le paysage musical japonais, 4s4ki a clairement un style qui lui est propre et que je pense précurseur.

On m’avait conseillé dans les commentaires d’un précédent billet de jeter un œil et une oreille au site musical web Spincoaster. Je connais ce site web depuis longtemps sans pourtant l’avoir consulté pour y faire des découvertes musicales. Un petit tour à la fin de l’année me fait découvrir le morceau Envy par Yamada Gal Zingu (山田ギャル神宮). Je sais peu de choses sur ce rapper à part le fait qu’il a démarré son activité musicale récemment au début de la pandémie et qu’il s’associe régulièrement avec d’autres rappers qui me sont aussi inconnus. Son approche rap est intense dans le sens où son flot verbal, à la voix légèrement modifiée, est rapide et presqu’ininterrompu pendant les presque trois minutes du morceau Envy. La composition musicale est rock et contribue assez largement à l’agressivité générale qui se dégage du morceau.

初詣2◯24


あけおめ
ことよろ
二◯二四

Une fois n’est pas coutume pour le premier jour de l’année, nous nous sommes levés très tôt pour aller observer le premier levé de soleil de l’année. Le soleil se levant à 6h50 du matin, nous avons dû tous nous lever vers 5h30, direction Odaiba, faute d’avoir le temps d’aller jusqu’aux bords de l’océan à Chiba, Oarai ou Enoshima. La vue en elle-même n’était pas magnifique mais nous avons pu voir le soleil se lever doucement, formant une boule de feu nous éblouissant de ses premières lumières de l’année pendant plusieurs minutes. Fort de cette énergie, nous avons ensuite pris la route pour Chiba et le grand sanctuaire de Katori que nous avions déjà visité. Nous y sommes arrivés vers 8h du matin. C’était une horaire idéale pour Hatsumōde (初詣), car ceux qui y sont venus après minuit sont déjà couchés et ceux qui viendront dans la matinée ne sont pas encore levés. Nous n’attendons pas beaucoup devant le sanctuaire, ce qui est vraiment appréciable. Il y a pourtant foule dans l’allée principale avec de nombreux stands vendant toutes sortes de choses, à manger ou à boire sur place. Je profite bien entendu de l’amazake avant de reprendre tranquillement la route. Dans l’après-midi, nous retournons au sanctuaire Hikawa (氷川神社) que nous avions visité le soir du réveillon juste après minuit et j’irais ensuite seul au sanctuatire Konnō Hachimangu (金王八幡宮). A pieds sur le chemin du retour, je n’ai pas ressenti les tremblements qui ont secoué l’Ouest du Japon à Ishikawa et Niigata, car ils restaient à un niveau relativement faible à Tokyo. Ce début d’année ne démarre pas sous les meilleurs augures pour la population affectée par ce grand tremblement de terre.

Le soir du réveillon, nous avons bien entendu regardé l’incontournable émission Kōhaku Uta Gassen sur NHK (NHK紅白歌合戦), mais je n’en garde pas un souvenir mémorable. Il y avait beaucoup de medley, même Sheena Ringo s’y est mis avec ㋚〜さすがに諸行無常篇〜 (MANGAPHONICS conscious) et c’était malheureusement assez peu convainquant. J’aurais tellement aimé la voir avec Daiki Tsuneta et Millenium Parade interpréter le morceau W●RK qui a quand même eu beaucoup de succès cette année. Il n’y avait pas pour moi beaucoup de moments mémorables à part les passages d’Ado qui interprétait son dernier single Show (唱) à Kyoto, celui de YOASOBI interprétant Idol entouré justement de la plupart des idoles féminines ou masculines présentes à l’émission, et Hiroko Yakushimaru (薬師丸ひろ子) chantant son morceau le plus connu tiré du film Sailor Fuku to Kikanjū (セーラー服と機関銃) que j’ai déjà évoqué plusieurs fois sur ce blog.

J’avais décidé avant le début de la nouvelle année que je la démarrerais avec l’album Surf Bungaku Kamakura (サーフ ブンガク カマクラ) d’Asian Kung-Fu Generation (AKFG ou Ajikan), qui a en effet été la première musique que j’ai écouté le premier jour de cette année. Je connais la musique d’Ajikan depuis presque vingt ans et c’est écouter le dernier single solo Stateless du chanteur et guitariste du groupe Masafumi « Gotch » Gotoh qui m’a donné envie de revenir vers le groupe dont je ne connais en fait que deux albums. Surf Bungaku Kamakura est le cinquième album du groupe sorti en 2008, mais Ajikan en a sorti une version augmentée en Juillet 2023. J’écoute pour le moment la version originale de 2008. L’album suit en fait un concept, celui d’utiliser des titres et un thème liés à la ligne de train Enoden qui parcourt une partie de Kamakura et de Fujisawa dans la longue région côtière du Shonan. Chacun des titres reprend le nom d’une station de la ligne Enoden, par exemple Shichirigahama Skywalk (七里ヶ浜スカイウォーク) pour la station de la plage Shichirigahama, avec toujours la même composition du nom de lieu en kanji accompagné d’un mot en katakana (ce qui me rappelle beaucoup les titres utilisés par Sheena Ringo). La ligne Enoden comprenant 15 stations, l’album de 2008 réutilise seulement les noms et lieux des stations les plus connus de la ligne Enoden, tandis que la nouvelle version Surf Bungaku Kamakura Complete de Juillet 2023 vient ajouter cinq morceaux pour compléter la ligne Enoden. Certains morceaux de cet album ont des sonorités de guitares qui me rappellent un peu le rock californien de Weezer, de l’époque de l’album bleu de 1994 que j’avais énormément écouté à l’époque. Ce son est peut-être volontaire pour comparer le Shonan à la Californie. Mais la voix de Gotch nous rappelle tout de suite qu’il s’agit clairement d’un album d’Ajikan.

ゆく年くる年

La fin d’année est toujours l’occasion de regarder les statistiques de Made in Tokyo. Le nombre de visites cette année a été bien supérieur à l’année dernière. Avec plus de 19000 visites sur l’année entière, soit environ 50 visites par jour, le blog retrouve un niveau similaire à celui de 2016. Ce n’est pourtant pas dû à un nombre croisant de billets publiés car j’en ai écrit environ 130 cette année par rapport aux 155 de l’année dernière et aux 166 de 2021. Si on compare à l’année 2016, je n’écrivais à l’époque que 35 billets par an pour un total d’environ 13000 mots. J’écris dix fois plus cette année avec plus de 127000 mots sur la totalité des billets. Je me répète beaucoup ceci étant dit, les visiteurs réguliers l’auront peut-être remarqué. Made in Tokyo compte en tout 2336 billets, depuis sa création en 2003, et il fêtait cette année ses vingt ans. Il y a en tout 4943 commentaires, qui doivent tout de même inclure mes réponses. Je me demande par quelle magie WordPress arrive à gérer autant de billets et de commentaires, et je m’attends à ce que la machine casse un jour ou l’autre. Je prierais sans doute demain au sanctuaire pour que ça n’arrive pas. Atteindre les 5000 commentaires sera peut-être le déclencheur d’un détraquage de la machine, donc je conseille aux visiteurs de ne pas trop commenter.

La deuxième photographie du billet a été prise à Azabudai Hills, le tout nouveau complexe de Mori Building. Nous y sommes allés le soir pour voir le marché de Noël, mais il fallait s’inscrire à l’avance et il y avait foule. Azabudai Hills n’est en fait pas complètement ouvert et notre petit tour a été plus court que prévu. Je voulais également voir les installations appelées « Hello Again » consacrées aux capsules de la tour Nakagin de Kisho Kurokawa au Department Store Ginza6. Une capsule était posée à l’entrée du grand magasin. On pouvait voir l’intérieur à travers le hublot. Deux chaises étaient disposées à l’intérieur avec une série de disques vinyles de musique de Noël. Je me demande si Merry Christmas Mr Lawrence de Ryuichi Sakamoto, que l’on aperçoit à l’intérieur, se qualifie bien comme une musique de Noël. Sur le toit de Ginza6, une patinoire était installée temporairement avec une étrange installation inspirée par la tour Nakagin. Cette installation assez kitsch ressemblait à un vulgaire assemblage en carton et ne valait pas le déplacement. En voyant ces démonstrations d’appréciation et d’admiration envers la tour Nakagin, je me dis qu’il aurait été préférable d’essayer de la conserver en la renforçant ou en remplaçant la structure de base en enlevant les capsules, pour les rénover et les replacer ensuite. La tour aurait pu par exemple devenir un magnifique et emblématique espace de galeries d’art. Le Japon a parfois un peu de mal à reconnaître ses propres trésors.

J’étais très agréablement surpris de voir des œuvres de Shigeki Matsuyama (松山しげき) présentées dans la galerie d’art Foam Contemporary liée au magasin Tsutaya présent au même étage. J’avais vu les portraits de sa série Portrait of Dazzle dans la petite galerie Night Out à Shibuya, et on retrouvait quelques uns de ces portraits dans la galerie de Ginza6. Cette exposition intitulée Is this human being? (これは人間ですか?) s’y déroulait du 9 au 26 Décembre 2023. Le titre de cette exposition est inspiré par les questions que l’on peut voir régulièrement sur les sites web pour confirmer qu’on est bien une personne réelle et pas un robot BOT qui agit comme un être humain. Une des thématiques de cette exposition est de questionner la manière dont on appréhende les technologies de l’information, notamment la propagation des fausses nouvelles. L’oeuvre que je montre sur la photo de droite fait partie d’une nouvelle série intitulée Clipping qui vient s’inscrire dans ce thème des BOT. L’inspiration de cette œuvre a été construite par Shigeki Matsuyama à partir d’une conversation avec l’OpenAI ChatGPT en l’interrogeant comme point de départ sur le thème des fausses nouvelles qui peuvent influencer des événements politiques et sociaux. En évoquant les peintures montrant des scènes historiques à portée politique ou sociale, ChatGPT évoque quelques exemples comme la peinture El tres de mayo de 1808 en Madrid (1814) du peintre espagnol Francisco de Goya. De fil en aiguille et après consultations itératives de ChatGPT, Matsuyama décide d’utiliser une partie de cette œuvre de Francisco de Goya en se concentrant uniquement sur le peloton d’exécution. Cette fusillade représentant les horreurs de la guerre trace en quelque sorte un parallèle à la guerre moderne de l’information. La retransmission écrite complète de la discussion de l’artiste avec ChatGPT était disponible sur papier, ce qui m’a permis d’y revenir avec beaucoup d’interêt à tête reposée.

Je regarde beaucoup de films et drama japonais sur Netflix en ce moment, et j’ai particulièrement aimé Brush Up Life (ブラッシュアップライフ) qui était en fait d’abord diffusé sur la chaîne Nippon TV au début de cette année, du 8 Janvier au 12 Mars 2023 (et en rediffusion il y a quelques jours). Le comédien Bakarhythm (バカリズム), Hidetomo Masuno (升野英知) de son vrai nom, a écrit le scénario de cette histoire où l’actrice Sakura Ando (安藤サクラ) joue le rôle principal, entourée de Kaho (夏帆), Haruka Kinami (木南晴夏) et Haru Kuroki (黒木華), entre autres. Sakura Ando joue le rôle d’Asami Kondo (surnommée Ah-chin), une employée de bureau dans la ville de Kumagaya à Saitama, entourée de ses amies proches qu’elle a connu à l’école, Natsuki Kadokura (Nacchi) jouée par Kaho et Miho Yonekawa (Miipon) jouée par Haruka Kinami. Elle mène une vie tout à fait ordinaire qui semble lui satisfaire, jusqu’à un accident. Elle se fait reverser par un camion après une réunion avec ses amies, et on la voit ensuite juste après sa mort dans une salle toute blanche dans laquelle se trouve seulement une réception où se tient un homme (joué par Bakarhythm). Asami comprend alors qu’elle vient de mourir et l’homme de la réception lui fait part de ce qu’elle va devenir dans sa prochaine vie. Elle devra se réincarner en fourmilier géant, mais comme ce choix ne semble pas lui convenir, elle a également la possibilité de revivre la vie qu’elle vient de mener, et ce dès sa naissance. Toute la comédie de la situation démarre à ce moment, car elle garde en mémoire toute sa vie précédente. J’aime beaucoup l’actrice Sakura Ando et c’était une des raisons qui m’ont poussé à me lancer dans ce drama, en plus du fait de savoir que l’humour parfois surréaliste de Bakarhythm serait de la partie. J’aime beaucoup le naturel avec lequel se déroulent les situations, notamment les discussions entre les trois amies, et les enchevêtrements progressifs du scénario qui sont très bien amenés. J’étais même assez chagriné de me séparer des personnages à la fin de le série. Dans les drama, j’ai aussi regardé 30 Made ni to Urusakute (30までにとうるさくて) qui suit un groupe d’amies célibataires ayant 29 ans et qui subissent la pression du mariage qu’elles se donnent à elles-mêmes. Je connaissais deux des actrices: Hirona Yamazaki (山崎紘菜) et surtout Honami Satō (さとうほなみ) qui est le personnage principal de cette histoire. Honami Satō prend aussi le nom de Hona Ikoka (ほな・いこか) lorsqu’elle joue de la batterie dans le groupe Gesu no Kiwami Otome (ゲスの極み乙女) d’Enon Kawatani (川谷 絵音) ou dans le groupe éphémère Elopers de Sheena Ringo. La série aborde de nombreux sujets actuels comme l’égalité homme-femme au travail ou la diversité des identités sexuelles, d’une manière naturelle et sans forcer le trait. J’avoue que l’émotion m’a pris à plusieurs moments. J’ai aussi beaucoup aimé le film Ano Ko ha Kizoku (あのこは貴族), traduit en anglais en Aristocrats, réalisé par Yukiko Sode (岨手由貴子) et sorti en 2021. Le thème de départ du film est un peu similaire à la série mentionnée précédemment dans le sens où la protagoniste principale de l’histoire, Hanako interprétée par Mugi Kadowaki (門脇麦) a presque 30 ans et est toujours célibataire. Sa famille riche, d’une noblesse traditionnelle, cherche à la marier au plus vite. Sa famille lui arrange des rencontres avec des prétendants du même milieu social. Alors qu’elle pense avoir trouver l’homme de sa vie, Koichiro interprété par Kengo Kora (高良健吾), une deuxième femme entre en scène. Miki, interprétée par Kiko Mizuhara (水原希子), est d’une toute autre classe sociale, née d’une famille modeste de province. Elle est hôtesse et entretient une relation des plus ambiguës avec Koichiro qu’elle connaît depuis l’université. Le film montre ces milieux qui se croisent mais ne se mélangent pas, mais Hanako est un peu différente du milieu dans lequel elle vit et voudra rencontrer Miki. Je trouve l’interprétation de Mugi Kadowaki brillante, pleine de retenue et de nuances. Dans un style tout à fait différent, j’ai aussi apprécié le film Saigo Made Iku (最後まで行く) réalisé par Michihito Fujii (藤井 道人) et sorti en salle en Mai 2023. Il s’agit en fait de la version japonaise d’un film policier coréen intitulé Hard Day, sorti en 2014 et réalisé par Kim Seong-hoon. Yūji Kudō (工藤祐司) est un commissaire de police corrompu, interprété par Junichi Okada (岡田准一), acteur et membre du groupe V6, qui se trouve impliqué dans un accident alors qu’il se rend aux funérailles de sa mère. Il renverse un piéton qui s’avère être un criminel recherché par un collègue policier interprété par Gō Ayano (綾野剛). Le film se concentre sur la confrontation des deux hommes sur fond de corruption mafieuse. L’histoire est bien montée et l’atmosphère sombre est prenante. J’étais en fait curieux de voir le jeu des acteurs et je pense que Junichi Okada est meilleur acteur que chanteur, comme ses interventions télévisées me le laissaient présager. Malgré la noirceur, il y a tout de même un certain sens comique qu’Okada transmet assez naturellement. Il faut dire que les emmerdes s’accumulent tout d’un coup sur lui et il faut une imagination et un sang froid certain pour s’en sortir. En listant cette petite sélection, je me dis que je ne regardes pas assez de films et il faudra y remédier pour l’année qui démarre bientôt même si c’est au détriment du blog.

Je ne pouvais pas terminer ce billet sans une sélection musicale des morceaux que j’écoute en ce moment en boucle dans ma playlist. Le morceau Stateless de Gotch, accompagné par YonYon, au chant est une très agréable surprise. Le véritable nom de Gotch est Masafumi Gotoh et c’est le chanteur et guitariste du groupe Asian Kung-fu Generation, qu’on appelle également Ajikan (アジカン) en version courte. J’aime beaucoup leur albums Sol-fa (ソルファ) de 2004 et Fanclub (ファンクラブ) de 2006, mais je n’ai pas encore prolongé la découverte des autres albums du groupe. Il y avait également un single (触れたい 確かめたい) qu’Ajikan avait interprété en collaboration avec Moeka Shiotsuka dont j’avais déjà parlé ici. Le single solo Stateless a un rythme plus cool que ce que produit en général le groupe. Il y a une ambiance tranquille et des ondes positives dans la vidéo tournée à Jakarta en Indonésie, qui font plaisir à voir et à entendre.

Je n’ai pas encore acheté l’album Replica de Vaundy mais on l’écoute souvent dans la voiture sur Spotify grâce au compte du fiston. Les talents de composition musicale de Vaundy ne sont plus à démontrer et le nombre de singles qu’on trouve dans ce nouvel album est très important. Le dernier single en date s’intitule Carnival (カーニバル) et on peut le compter dans les meilleurs morceaux de cet album. La voix de Vaundy dans le refrain du morceau est assez exceptionnelle et vraiment marquante. Carnival sert en fait de thème musical à la série sur NetFlix Mitaraika Enjō suru (御手洗家、炎上する) avec Mei Nagano (永野芽郁), que j’ai justement commencé à regarder sans pour l’instant être très convaincu. La vidéo qui accompagne le morceau n’est apparemment pas directement liée à la série Netflix, mais c’est bien Mei Nagano que l’on voit dans cette vidéo.