memory leak

Juste à côté de Sekiguchi Bashoan (関口芭蕉庵), l’ancienne maison du poète haïku Matsuo Bashō (松尾芭蕉) que je montrais dans un billet récent, se trouvent les jardins d’Higo Hosokawa (肥後細川庭園). Ces lieux étaient la résidence secondaire du clan Hosokawa, seigneurs du domaine de Kumamoto pendant la période Edo, ensuite devenus la résidence principale de la famille Hosokawa. Ces jardins ouverts au public prenaient auparavant le nom de Parc Shin-Edogawa (新江戸川区公園) mais ils ont été renommés en 2017 suite à d’importants travaux de rénovation. Les jardins sont particulièrement agréables, notamment par le dénivelé qui donne une belle vue d’ensemble du domaine. On peut accéder par l’arrière des jardins à un musée appelé Eisei Bunko (永青文庫) qui regroupe des œuvres d’art de la famille Hosokawa. La porte de pierre ronde permettant le passage des jardins vers le musée est étonnante, comme si elle nous permettait de remonter dans le temps et dans les mémoires.

Les esprits les plus attentifs se souviendront peut-être de mon évocation passionnée de la musique de l’artiste Tomo Akikawabaya sur une compilation sortie en 2016 intitulée The Invitation of the Dead qui regroupait des EPs de l’artiste sortis dans les années 1980. J’avais été complètement fasciné par cette musique obscure et étrange. Lorsque l’artiste annonça la sortie d’un deuxième album intitulé The Castle II regroupant d’autres de ses créations datant de ces mêmes années 1980, je n’avais pu m’empêcher de mentionner mon enthousiasme sur un des billets de son compte Instagram. Cet album The Castle II a une ambiance tellement unique qu’il en est inclassable. L’artiste, de son vrai nom Tomoyasu Hayakawa, m’avait contacté peu de temps après en message privé pour me faire part qu’il avait parcouru Made in Tokyo et apprécié les photographies et les textes que j’avais écrit au sujet de sa musique. Une conversation, certes discontinue, s’est instauré entre nous car il a des liens avec d’autres artistes que j’apprécie, du label Flau notamment. Il me recommande récemment la musique de Caterina Barbieri, artiste électronique italienne basée à Berlin, qui doit d’ailleurs passer prochainement à Tokyo pour une performance organisée par Mutek Japan. J’apprends également qu’elle sera la future directrice artistique musicale de la Biennale de Venise pour les deux années 2025-2026. Tout ceci m’intéresse beaucoup et je me plonge dans l’album Ecstatic Computation que Caterina Barbieri a réédité en 2023 sur son label Light Years. L’album est disponible sur Bandcamp tout comme son suivant intitulé Myuthafoo que je découvre juste après. J’ai été tout de suite très impressionné par l’atmosphère profonde et hypnotique qu’elle crée. J’y ressens une sorte d’instabilité qu’elle arrive à contrôler et, en même temps, à laisser aller comme si la machine avait également son mot à dire dans ses compositions. J’y ressens une harmonie subtile et éphémère qui apparaît pendant les morceaux qui se finissent parfois en crash. Cette musique est dense et complexe mais démarre souvent sur des motifs simples qui se mélangent ensuite pour créer des méandres dans notre cerveau. Cette musique a une très grande force d’évocation notamment le morceau Myuthafoo de l’album du même nom, qui a une profondeur qui me laisse sans voix. Le morceau Fantas long de plus de 10 mins démarrant l’album Ecstatic Computation est également assez fantastique dans sa composition. C’est le genre de morceau qu’on écoute sans bouger, comme si on était paralysé par cette atmosphère musicale et l’émotion forte qui s’en dégage. Le pouvoir d’évocation de cette musique est même parfois tellement puissante qu’elle pousse vers une introspection vers laquelle on ne souhaite pas toujours allé. Ce n’est clairement pas une musique inoffensive.

Je continue mes expériences d’utilisation de ChatGpt en le questionnant cette fois-ci sur moi-même. Si les versions précédentes de l’outil ne reconnaissait heureusement pas mon nom, celle actuelle semble avoir beaucoup d’informations à mon sujet, qui sont, il faut bien le dire, en grande partie fausses. Ça démarre pourtant à peu près bien car l’outil arrive à mettre un lien entre mon nom et le blog Made in Tokyo et parvient à en comprendre les thèmes principaux. Ma présence internet est presque entièrement sur ce blog, donc le fait qu’il l’évoque n’est pas du tout étonnant. Mais ChatGpt s’emballe en mentionnant de nombreuses activités qui me sont complètement étrangères, comme la tenue de conférences et d’ateliers, l’écriture de livres et d’articles dans des magazines. Ce qui est vraiment fascinant est que l’outil donne des informations qui semblent très précises avec des noms de lieux, d’editions, de magazines connus avec des dates. Cette fois-ci, je ne l’ai pas poussé dans ses contradictions car la tâche paraissait trop grande, mais cet outil me paraît en fait dangereux.

Après avoir lu toutes ces « informations » énoncées avec un certain aplomb, on en viendrait presque à douter de soi-même, comme si cette version de ma vie était celle que j’aurais dû avoir. C’est comme si l’outil déduisait automatiquement que la masse d’information que j’écris sur Tokyo et son architecture voulait forcément dire que je l’ai exposé dans des conférences et des ateliers, et non « gratuitement » dans un blog. On pourrait presque se convaincre d’avoir fait toutes ces choses, et d’avoir en quelque sorte perdu la memoire. Je me demande quels sont les gardes-fous pour ce genre de choses. J’ai essayé des questions similaires sur Gemini, l’outil AI de Google, et il est heureusement beaucoup plus mesuré dans ses réponses en rappelant régulièrement qu’une recherche directe sur internet permet d’avoir des informations plus précises. Parmi les réponses de ChatGpt, j’ai cherché à savoir si les livres mentionnés existaient bien aux éditions données, en pensant que mon nom y avait été associé par erreur, mais je n’en ai trouvé aucune trace. ChatGpt invente donc toutes ces fausses informations. Je n’ai pas essayé Grok, l’outil AI de la plateforme X, car je n’y ai pas accès. Je ne publie de toute façon plus beaucoup sur X Twitter. Il y a quelques jours, mon article sur le building Arimaston avait reçu beaucoup de visites depuis Twitter, car une ou deux personnes avaient posté un lien vers mon article dans les réponses à un Tweet au sujet de cette maison publié par un autre français à Tokyo. En lisant les réponses souvent violentes au Tweet en question, on peut se demander si le monde n’est pas devenu fou (plusieurs personnes clament qu’il faut tout simplement raser cette maison). La leçon de l’histoire est qu’il ne faut jamais lire les réponses aux Tweets sous peine d’entrer dans un tourbillon de violence verbale qu’on ne préférait pas voir. Je me dis que ce blog est un petit havre de paix et j’espère qu’il le restera ainsi.

aux portes du mystérieux manoir de Sekiguchi

Je marche sous le ciel gris et le temps pluvieux en direction de Waseda avec l’idée de visiter une ancienne maison dans laquelle a vécu le poète haïku Matsuo Bashō (松尾芭蕉) pendant trois années à partir de 1677, pendant la période Edo. Bashō y a séjourné alors qu’il participait aux travaux de rénovation de l’usine hydraulique de Kanda. Cette maison a ensuite été renommée Sekiguchi Bashoan (関口芭蕉庵). Elle est située au bord de la rivière Kanda dans le quartier de Sekiguchi de l’arrondissement de Bunkyo, au pied des jardins de Chinzanso (椿山荘) où se trouve l’hôtel du même nom. Je suis en fait venu une première fois en Septembre mais l’entrée était malheureusement fermée, ce qui ne m’a pas empêché de prendre quelques photographies des alentours, notamment de la cathédrale Sainte Marie de Tokyo, un des chef d’oeuvre de Kenzo Tange, que je montrerais dans un autre billet. Un mariage y avait lieu et les photographies étaient par conséquent interdites à l’intérieur. Je suis finalement revenu vers Sekiguchi Bashoan plus d’un mois plus tard pour retenter ma chance. La porte coulissante en bois n’est toujours pas ouverte mais il n’y a pas de petit écriteau indiquant une fermeture. Un groupe de dames sortent au moment même où je m’interrogeais si l’entrée est possible. Je reconfirme avec elles qu’il n’est à priori pas impossible de rentrer à l’intérieur, même si elles ne sont pas les gardiennes des lieux. Le fait qu’elles soient rentrées me permet à priori d’entrer à l’intérieur à mon tour. On ne peut malheureusement pas pénétrer à l’intérieur de la maison de Matsuo Bashō. On peut seulement parcourir le jardin composé d’un étang et on a vite fait le tour des lieux. Ça tombe bien car le gardien vient me prévenir que le jardin va fermer dans cinq minutes. Son insistance par sa présence près de la porte coulissante d’entrée fait que je ne traîne pas en route. Une des raisons pour lesquelles je suis venu jusqu’ici est que j’espérais apercevoir le domaine du manoir Shōuen (蕉雨園) qui est adjacent à Sekiguchi Bashoan. Ce manoir très spacieux n’est malheureusement pas visible depuis la maison de Bashō, mais seulement depuis une étroite rue piétonne en pente nommée Munatsuki (胸突坂). Il a été construit en 1897 et était la propriété du comte Mitsuaki Tanaka (田中光顕), ministre de la Maison Impériale à l’époque Meiji. L’entrée est fermée et un haut mur de pierre ne permet d’entrevoir qu’une partie des dépendances du domaine qu’on imagine vaste. On devine une grande demeure au milieu du terrain, derrière les arbres. Les lieux sont actuellement la propriété de la maison d’édition Kōdansha (株式会社講談社). En 1919, Mitsuaki Tanaka donna ce manoir à Jiemon Watanabe (渡辺治右衛門), président de la banque du même nom qui fit faillite pendant la dépression de Showa. Le fondateur de Kōdansha, Seiji Noma (野間清治), acheta ensuite ce manoir et le terrain de 6000 tsubo (environ 2 hectares) en 1932. Kōdansha n’ouvre malheureusement pas les portes du domaine Shōuen au public. Il est seulement utilisé pour des événements spécifiques ou des tournages de drama.

Je m’intéresse à ce manoir car il a été utilisé pour une fantastique série de photographies de Sheena Ringo pour le magazine Sony Gb d’Avril 2003, publié peu de temps après la sortie de son album Kalk Samen Kuri-no-Hana (加爾基 精液 栗ノ花) le 23 Février 2003. J’aurais adoré visiter cette demeure dont on peut voir dans le magazine certaines salles et le jardin pris en photo par Yasuhide Kuge (久家靖秀). Ce numéro de Gb contient une interview de Sheena Ringo qui revient principalement sur l’album KSK, mais ce sont surtout ces photographies qui sont marquantes. Ringo est habillé d’un kimono noir en adéquation avec le dernier morceau de l’album Sōretsu (葬列) pour cortège funèbre et le titre de ce magazine Sōrei (葬礼) pour funérailles. Ce magazine contient une des plus belles séries de photos de Sheena Ringo que je connaisses mais il faut bien se faire une raison, il n’y a que peu de chance que le manoir Shōuen soit ouvert un jour au public. Je me contenterais donc des quelques photographies du magazine.

Ce magazine Gb d’Avril 2003 était précédé d’un autre très beau numéro datant de Mars 2003. Celui-ci s’appelle Shūgen (祝言) pour félicitations. Les photographies sont également de Yasuhide Kuge (久家靖秀) mais je ne suis pas certain qu’elles aient été prises au même endroit que l’épisode du mois d’Avril. Les photographies se concentrent sur le kimono que porte Ringo et sur son visage. Sur certaines des photographies, elle est accompagnée par un homme en kimono, ce qui laisse penser à une mise en scène de mariage. Cet homme est Kazuhiro Momo (百々和宏), guitariste et chanteur du groupe MO’SOME TONEBENDER (モーサム・トーンベンダー), originaire de Fukuoka comme Ringo. Au sein du groupe Bakeneko Killer (化猫キラー) créé pour l’occasion, Kazuhiro Momo jouait de la guitare sur le premier morceau Shūkyō (宗教) et le onzième et dernier morceau Sōretsu (葬列) de l’album Kalk Samen Kuri-no-Hana (KSK). Tout en me promenant autour de la demeure, j’écoute bien entendu cet album pour me mettre dans l’ambiance de ces séries de photographies que je garde très clairement en mémoire. Je feuillette régulièrement ces deux magazines que je m’étais procuré il y a quelques années. Le numéro de Mars 2003 est consacré au single STEM (茎) et au film Hyaku Iro Megane (百色眼鏡) réalisé par Shuichi Bamba (番場秀一) qui précédaient l’album KSK. Je ne dirais pas que j’ai appris beaucoup de nouvelles choses en parcourant l’interview de ce magazine, mais il m’a en tout cas donné envie de revoir le film. Il y est noté que la pièce principale dans laquelle apparait Sheena Ringo est parfaitement symétrique, comme peuvent l’être l’agencement des titres sur l’album ou la durée totale de l’album (44:44). J’ai également été surpris de lire qu’une des scènes, celle dans un cinéma, a été tourné au Tokyo Kinema Club (東京キネマ倶楽部) près de la station d’Uguisudani. Je connais cet endroit très particulier et d’une autre époque, car le concert Unō Sanō (右脳左脳) de Tricot et de PEDRO auquel j’ai assisté le 10 Mai 2024 s’y déroulait. C’est une coïncidence intéressante. J’ai également cherché à savoir où se trouvait la maison de style occidental de l’actrice Kaede Katsuragi, interprétée par Koyuki. On ne trouve aucune information dans les crédits du film, mais quelques recherches sur Internet et sur Google Maps m’ont permis de découvrir cette demeure située dans le quartier d’Horiuchi (堀内) à Hayama dans la préfecture de Kanagawa. Il s’agissait à l’époque d’une résidence privée, mais cette vieille maison est maintenant utilisée comme restaurant pour des fêtes de mariage, sous le nom de R・CASA (リ・カーサ). Je connais Hayama pour y être allé de nombreuses fois, mais je ne pense pas avoir déjà vu cette maison. En tout cas, le concert Ringo Expo’24 un peu plus tard ce mois-ci me donne envie de ma replonger vers des éléments de l’univers de Sheena Ringo que je n’avais pas encore fouillé. C’est un petit plaisir d’OTK dont je ne me lasse définitivement pas.

the streets #13

La série que je n’arrive pas à terminer continue encore un peu avec un treizième épisode. En marchant au hasard des rues de Yoyogi vers Setagaya, je retrouve Hironaka House conçu par l’architecte Ken Yokogawa. Je l’ai déjà pris en photo plusieurs fois, mais je n’hésite pas à faire un petit détour pour passer une nouvelle fois devant. Les deux photographies suivantes doivent avoir été prises quelque part en direction de Hatsudai, mais je ne me souviens plus exactement du lieu. La troisième photo d’une coccinelle mécanique a très certainement été influencée par la musique de Petrolz que je devais écouter en marchant à ce moment là, peut-être s’agissait t’il de l’excellent morceau Holloway (ホロウェイ) du EP Idol de 2010, que j’écoute en complément de l’album Renaissance dont je parlais dans mon billet précédent. Les quatrième et cinquième photographies nous amènent dans le quartier de Kanda Sudachō. Je n’avais pas fait de déplacement volontaire pour voir un bâtiment spécifique depuis longtemps. Mes idées de déplacement sont assez souvent liées à ce que je peux voir d’intéressant niveau architecture sur mon flux d’images sur Instagram. Je les garde en bookmark et y revient plus tard lorsque je cherche un endroit vers où aller marcher. Ce nouveau bâtiment à Kanda Sudachō se nomme 12 KANDA et a été conçu par sinato et l’atelier NANJO en 2023. Il contient des espaces commerciaux et de bureaux partagés. L’aspect extérieur et sa complexité visuelle me rappellent beaucoup Sauna Reset Pint, de l’architecte Akihisa Hirata, situé à Asakusa, mais les escaliers arrondis de métal me ramènent vers le petit hôtel Siro conçu par Mount Fuji Architects Studio dans un quartier d’Ikebukuro. On ressent assez clairement ces influences sur ce nouveau building encastré parmi d’autres de tailles similaires. Je ne suis pas certain de l’utilisation effective des escaliers extérieurs car on préférera toujours les ascenseurs, surtout par temps de pluie, mais l’impact visuel est marquant. Les deux photographies suivantes, les deux dernières du billet, ont été prises le long de la rue semi-piétonne Cat Street. La Porsche 968 Roadster installée dans un des bâtiments de béton de la petite galerie The Mass est une version re-dessinée par Arthur Kar, fondateur du label de mode parisien L’Art de l’Automobile. Cette voiture avait apparemment déjà été exposée à Paris dans Le Marais il y a quelques années. Cette exposition me rappelle que j’avais déjà vu une Porsche verte vintage il y a deux ans au même endroit, et une autre Porsche de couleur bronze devant une maison individuelle d’un quartier d’Aoyama. Cette dernière était érodée, avec une carrosserie rouillée à certains endroits. Je me souviens m’être demandé si cette dégradation était volontaire, ce qui ne peut être que le cas car le reste de la voiture de sport restait en bon état, à part la carrosserie. En y repensant maintenant, il s’agissait peut-être d’une création de l’artiste Daniel Arsham, qui a conçu des Porsche ayant subi l’épreuve de l’érosion. Je ne suis cependant pas en mesure de trouver une confirmation de ce que j’avance. En continuant toujours un peu sur Cat Street, je me dirige ensuite vers la galerie Design Festa pour voir si les illustrations des murs ont changé, ce qui était le cas. J’avais auparavant toujours un peu de mal à trouver son emplacement et, encore maintenant, je pense que j’y accède en faisant un détour. Ça ne me déplaît pas non plus, car ça me donne l’impression que la galerie est cachée dans une sorte de labyrinthe. On n’est pas très loin de la réalité. Bien que j’aime voir la galerie de l’extérieur, j’y rentre rarement car on y trouve plutôt des œuvres de jeunesse qui ne me passionnent en général pas beaucoup.

De haut en bas: Extraits des vidéos de Tokyo High Heels (とうきょうハイヒール) par Tsukimi (つきみ), The Sign (彗星) par Mei Watanabe (ワタナベ・メイ) avec une production de Shinichi Osawa et Sunny Girl (晴れ女) par Koyoi Matsuda (松田今宵).

Continuons en musique avec quelques morceaux de groupes et artistes que je ne connaissais pas jusqu’à leur découverte au hasard des recommandations de YouTube ou Instagram. Il y a d’abord le morceau intitulé Tokyo High Heels (とうきょうハイヒール) d’un groupe rock nommé Tsukimi (つきみ), originaire d’Iwaki dans la préfecture de Fukushima. Tsukimi est un trio de filles composé de Nini-chan (ににちゃん) à la guitare et au chant, Shuka (しゅか) à la batterie et aux chœurs et Ri-tan (りーたん) à la basse et aux chœurs. Tokyo High Heels est leur dixième single présent sur leur troisième EP Even Strong Angels Roar Loudly (強い天使も超吠える) sorti le 16 Octobre 2024. Je suis toujours attiré par les morceaux rock évoquant Tokyo, non sans une certaine mélancolie. On trouve ici le sentiment de solitude des grandes villes et j’aime beaucoup la manière posée avec laquelle la chanteuse Nini-chan aborde ce morceau, contrastant avec le reste du EP beaucoup plus virulent. Une autre belle surprise est le single Sunny Girl (晴れ女) de la compositrice et interprète Koyoi Matsuda (松田今宵), sorti le 28 Août 2024. On trouve dans ce morceau aux ambiances folk à la guitare acoustique une proximité, comme si on était assis dans son petit salon près de la baie vitrée à apprécier la lumière qu’elle attire de son chant. Ce morceau aux apparences simples est tout à fait marquant. Je n’étais pas correct en mentionnant que je n’évoquerais dans ce billet que des morceaux de groupes que je ne connaissais pas, car je reviens vers le groupe rock Chilli Beans avec le superbe single yesterday, sorti le 9 Octobre 2024. On ressent une grande sensibilité et fragilité dans le chant pour un morceau qui a pourtant une dynamique pop. J’écoute aussi beaucoup le morceau All Night Radio (アールナイトレディオ) de la compositrice et interprète N・FENI (ん・フェニ) qui se faisait appeler auparavant Yoneko (ヨネコ) et qui a fait partie du groupe d’idoles alternatives Migma Shelter (ミグマシェルター). On ressent une certaine influence de la musique d’idoles dans le chant et l’immédiateté de la mélodie, qui nous accroche donc tout de suite, mais l’approche reste résolument rock. Je termine cette petite sélection avec la voix fantastique de Mei Watanabe (ワタナベ・メイ) sur un morceau intitulé The Sign (彗星), produit par Shinichi Osawa. Je suis toujours attentif aux nouvelles productions de Shinichi Osawa, notamment sur ses albums sous le nom MONDO GROSSO, surtout lorsqu’il s’agit de collaborations avec d’autres artistes. Mei Watanabe à un petit quelque chose d’Utada Hikaru dans la voix, mais je trouve que son amplitude de chant est plus vaste. Cela donne un morceau superbe, d’autant plus quand il est mis en musique par Shinichi Osawa.

the streets #12

Je continue avec un nouvel épisode de ma série the streets car ça faisait bizarre de terminer sur un épisode 11, bien que le numéro 11 puisse représenter un niveau optimal, au-dessus du niveau 10 comme ça peut l’être par exemple sur les amplificateurs de guitares Marshall (If we need that extra push over the cliff). Je continue donc avec un épisode 12 qui sera peut-être suivi d’autres car c’est tellement plus simple d’avoir des titres prédéfinis à l’avance plutôt que de se faire à chaque fois des noeuds au cerveau pour trouver des titres originaux que peu de personnes seront en mesure d’en déceler l’origine. Ces photographies sont prises à Daikanyama, Naka-Meguro et Shinjuku. Une fois n’est pas coutume, elles sont peuplées d’habitants soigneusement choisis. Il est assez difficile pour moi de saisir des personnes en photo. Elles s’échappent toujours au dernier moment derrière un mur ou un coin de rue. Il faudrait idéalement qu’elles restent figées pendant une trentaine de secondes, voire un peu moins, pour me laisser assez de temps pour me décider à appuyer sur le bouton de l’obturateur. Mon manque de spontanéité fait que la lumière issue de la scène ne contient déjà plus personne au moment où elle traverse finalement l’objectif pour être captée par le dispositif numérique de mon appareil photo. Le problème peut être inversé lorsqu’une personne forcément mal intentionnée vient traverser mon champ de vision pour y laisser son empreinte. Je m’accommode finalement de ces différents cas de figures, car la photographie dépend aussi des hasards bienvenus, même quand ceux-ci sont tout de même un peu préparés à l’avance. Mon intention était par exemple de prendre en photo les blocs de béton aux murs obliques sur la quatrième photo du billet, mais mon doigt posé sur le bouton de l’obturateur a cru bon attendre une demi-seconde de plus pour voir comment un passant à casquette pourrait venir remplir le cadre. J’aurais pu utiliser une allusion à l’obliquité dans le titre de mon billet car la deuxième photo est assez réussie à ce niveau là. Sur cette photographie, j’ai pendant un moment pensé à saisir le livreur de Sagawa poussant son petit chariot rempli de paquets, mais son service de livraison était tellement rapide qu’il m’a échappé, de peu il faut dire. Je ne me sentais pas dans l’idée de faire attendre le client de la livraison pour qu’il pose quelques secondes en plein action devant mon appareil photo. C’est finalement une bonne chose car le véritable intérêt de cette photo ne vient pas du livreur mais des paquets. La disposition de ces paquets à l’oblique venait s’accorder parfaitement avec l’angle du bâtiment de béton placé juste derrière et avec l’angle du panneau de signalisation. Je me demande maintenant si l’angle du panneau de signalisation est volontaire car, s’il avait été bousculé par une voiture, son angle aurait dû être à l’opposé vu le sens unique de circulation de cette toute petite rue. Je n’avais jusqu’à présent jamais remarqué la petite affichette de style manga au nom de Wackozaki (わこ崎), que je montre sur la première photographie du billet. Wackozaki est un illustrateur et graffeur, mais je n’ai trouvé que peu d’information sur cet artiste de rue. Il semble lié au créateur de la collégienne Alpha Uyu, qui se trouve justement au dessus de son illustration sur le poteau de cette rue très fréquentée de Daikanyama. Le choix de montrer ensuite une voiture vintage dans la sélection de photographies de ce billet n’est pas par hazard et vient dresser un lien subtil avec la musique qui va suivre.

Ryōsuke Nagaoka (長岡亮介), alias Ukigumo, du groupe Tokyo Jihen est un fervent amateur de voitures anciennes, même s’il a apparemment une préférence pour les françaises de type Citroën. Je ne vais par contre pas parler de Tokyo Jihen dans la suite de ce billet car il n’y a malheureusement aucune actualité concernant le groupe. Évoquons plutôt l’autre groupe de Nagaoka, Petrolz (ペトロールズ) que je finis par découvrir suite à des pressions extérieures que je ne nommerais pas mais qui avaient bien raison d’insister. La raison pour laquelle je ne m’étais pas encore penché sur Petrolz m’échappe un peu, mais je pense que la difficulté de se procurer la musique du groupe a certainement joué. La plupart des albums ne sont bizarrement pas disponibles sur iTunes ou Bandcamp, et les CDs des quelques albums sont difficilement trouvables chez les disquaires, ou à des prix excessifs en occasion. En fait, je pense également que j’ai toujours eu inconsciemment l’idée que la force créatrice qui me parlait vraiment dans Tokyo Jihen était celle de Sheena Ringo. A vrai dire, je n’ai aucune idée du pourquoi j’avais cette impression car Ukigumo a créé plusieurs morceaux emblématiques de Tokyo Jihen, dont l’insaisissable OSCA, qui reste pour moi un des sommets créatifs du groupe. Peut-être est ce plutôt dû au fait que Ryōsuke Nagaoka est le guitariste d’appoint du groupe accompagnant la musique sympathique d’Hoshino Gen. À chaque fois que je le vois sur scène à la télévision avec Hoshino Gen, je me demande toujours s’il ne perd pas un peu son temps sachant toutes les qualités de guitariste qu’on lui connaît et qu’il a maintes fois démontré que ce soit sur des albums ou en concerts. En fait, je pense que j’ai toujours eu un peu de mal à cerner sa personnalité et son approche artistique car il reste très discret (malgré son émission radio toutes les semaines intitulée Fourgonnette, sponsorisée par Citroën). En même temps, il me donne l’image d’un électron libre, insaisissable comme son morceau OSCA et comme son jeu de guitare qui ne ressemble pas beaucoup à celui des autres guitaristes que je connais. J’imagine d’ailleurs très bien la vision que Ringo a dû avoir du personnage lorsqu’elle lui a donné le surnom de nuage mouvant (pour Ukigumo). Bref, tout cela pour dire que je ne savais pas trop à quoi m’attendre avant d’écouter l’album Renaissance, qu’on m’avait vivement conseillé.

Renaissance est le premier album studio du groupe. Il est sorti en 2015 et, à cette époque, Tokyo Jihen avait cessé ses activités depuis 2012. Petrolz a cependant été fondé bien avant cela, en 2005, la même année où Ukigumo a rejoint la Phase 2 de Tokyo Jihen. Ce double démarrage pour Ryōsuke Nagaoka / Ukigumo explique certainement le fait que Petrolz ne sortit son premier EP et des singles qu’à partir de l’année 2008. Après la dissolution de Tokyo Jihen en 2012, la sortie de ce premier album en 2015 sous la bannière Petrolz était peut-être comme une renaissance pour Ryōsuke Nagaoka. Petrolz est en fait un trio. Ryōsuke Nagaoka y joue bien sûr de la guitare et chante. Il est accompagné par Jungo Miura (三浦淳悟) à la basse et par Toshihide Kawamura (河村俊秀) à la batterie. On comprend tout de suite l’origine du nom du groupe, Nagaoka étant amateur d’automobiles. Renaissance se compose de 11 titres pour un peu plus de 50 minutes. On reconnaît sur chacun des morceaux le style aérien d’Ukigumo dans les riffs de guitare, mais sa voix claire et mélodieuse me donne également cette même impression. Le style est différent mais les compositions assez atypiques de chaque morceau de l’album me rappellent un peu Cero sur leur album e o. On y trouve une grande liberté stylistique même si on reste sur du rock à tendance alternative. J’ai toujours le sentiment qu’Ukigimo joue avec aisance, sans faire d’efforts et que ces sons si bien agencés lui viennent naturellement sans qu’il se fasse violence. Ce qui est particulièrement épatant sur une bonne partie des morceaux est la qualité des chœurs accompagnant les compositions. On y trouve quelque chose de ludique, que ça soit dans ses chœurs très chantant ou dans les choix d’accords de guitare. Je me dis par moment qu’on n’est pas très loin de Tokyo Jihen, et je m’attendrais presque à ce que Sheena Ringo et Ichiyō Izawa viennent apporter soudainement leurs voix au détour d’un couplet. Et quand la guitare se réveille pour des petits solo, c’est un vrai régal. L’ensemble de l’album est excellent dès le premier morceau Tight! (タイト!) et le suivant On your side, mais j’adore particulièrement l’enchainement de trois morceaux au milieu de l’album Talassa, Fuel et Profile. C’est assez exceptionnel, que ça soit au niveau de la composition musicale particulièrement inventive que du chant plein d’ampleur et de superpositions. Un morceau comme Talassa me fait en fait penser à e o de Cero. Ces morceaux sont vraiment très inspirés et ça accentue d’autant plus mon incompréhension de constater que cet album n’est pas disponible sur iTunes ou en CD au Tower Records du coin. Renaissance se révèle après plusieurs écoutes, et ne donnera pas tout son potentiel dès la première fois. Il faut s’asseoir tranquillement et lui laisser un peu temps pour diffuser son parfum. Je me surprends à avoir des mélodies me revenant en tête soudainement et avoir ensuite l’envie irrésistible d’écouter le morceau en question. Je trouve en plus qu’on se sent bien en écoutant cet album, une ambiance cool mais qui ne s’endort pas non plus sur ses amplis. Donc oui, j’avais tord de ne pas avoir écouté cet album beaucoup plus tôt, mais je n’ai que 9 ans de retard. On me le pardonnera certainement.

this feeling

Perdue dans la foule infernale, elle ne cherche même plus son chemin, s’abandonnant à son sort en espérant qu’une lumière vienne soudainement la guider à travers la noirceur de la nuit. La voilà qui s’approche, rouge étincelante. Elle lève les yeux mais ne voit pas ses limites. Cette lumière semble à la fois proche et très lointaine derrière des obstacles infranchissables. La foule avançant par vagues en sens inverse la bouscule sans cesse, comme un torrent vient percuter un rocher placé sur son passage, mais elle se tient forte avec ce point de lumière devant elle comme repère fixe au fond d’un long tunnel. Les éléments par moments déchaînés connaissent tout de même quelques accalmies dont elle profite pour avancer avec précaution. Ces accalmies se répètent mais elles restent courtes et imprévisibles. Le danger immédiat est de se laisser emporter en arrière par le courant et ainsi perdre pieds jusqu’à ne plus voir cette lumière rouge mystérieuse.

J’ai parfois le sentiment qu’elle est une matérialisation imagée de Made in Tokyo. Je vois bien la lumière mais la marche me semble encore bien longue avant de l’atteindre. Je suis en mouvement depuis plus de vingt ans avec des obstacles que je m’imagine souvent moi-même.

Le nouveau single eko de la compositrice et chanteuse Yeule, dont je parle ici pour chacune de ses nouvelles sorties, marque un virage pop très interessant et vraiment très réussi. Les nombreux glitches qui sont caractéristiques de sa musique sont toujours très présents et donnent une aspérité certaine à ce morceau pop qui n’en est en fait pas vraiment un, car la noirceur reste inhérente. J’ai l’impression qu’elle arrive à trouver de nouveaux équilibres en s’éloignant petit à petit de ses visions désespérées. Les thèmes ne sont pourtant pas très différents évoquant ses obsessions et la voix qui parle sans cesse dans sa tête et qu’elle nommait Mandy (pour Me and You) sur le dernier morceau, fracassé il faut bien dire, de l’album Glitch Princess. Elle se tourne vers des terrains plus pop, alors que son dernier album softscars marquait lui un tournant rock, ce qui montre une capacité certaine à faire évoluer son approche musicale sans perdre ses particularités et c’est vraiment épatant.

L’artiste Smany sort des nouveaux morceaux au compte-goutte et je ne les manque jamais, car j’y trouve un certain réconfort même si les paroles sur ce dernier Kurai Kurai (暗い暗い) ne respire pas la positivité. Les morceaux de Smany nous amènent à chaque fois dans la pénombre mais ne nous laisse jamais seul, car sa voix dégage une luminosité qui fait qu’on n’est jamais très loin de la surface. On s’aventure volontiers dans cette atmosphère pour y disparaître quelques instants. Smany nous recommande souvent d’écouter ses morceaux le soir lorsqu’il pleut. Ça tombe très bien car la pluie fine est incessante ce soir, alors que j’écris ces quelques lignes. Smany compose la musique et écrit les paroles du morceau, mais il est mixé par l’artiste World’s end girlfriend, don’t j’ai déjà parlé sur ce blog et qui est un fréquent collaborateur de Smany. Ce nouveau morceau est apparemment seulement disponible sur Bandcamp sur le label Virgin Babylon Records.

La découverte musicale suivante est vraiment fascinante. Je ne connaissais pas l’artiste Japano-allemande Nina Utashiro (歌代ニーナ), née à New-York et actuellement basée à Tokyo, que je découvre avec son premier EP intitulé OPERETTA HYSTERIA (オペレッタヒステリア) sorti en Juillet 2022. Nina Utashiro est une artiste touche-à-tout, car, avant de se consacrer à la musique, elle était éditrice de magazine tel que i-D Japan, directrice artistique, styliste, modèle et créatrice visuelle. On constate très clairement dans ses vidéos l’attention apportée au visuel qui s’accorde parfaitement avec l’esprit de ses morceaux, mélangeant le romantisme à des ambiances gothiques voire vampiriques, le glamour aux ambiances horrifiques. Son chant est la plupart du temps rappé avec des paroles souvent percutantes et crues, mais pas sans une once d’humour dans les agencements de mots, les accumulations de choses et de leur contraire sur le morceau ARABESQUE par exemple. Sur le morceau HYMN, qui compte parmi les meilleurs du EP, Nina termine chacun de ses couplets par des Amen qui font ressembler son chant à une drôle de prière. Elle explique en interview que son père allemand versait dans les extrémismes religieux auxquels elle n’adhérait pas et qu’elle a rejeté en bloc en se tournant vers des formes musicales radicales. Les sept morceaux du EP ne nous laissent pas tranquille pendant toute l’écoute car son personnage est insaisissable, mélangeant les voix comme une multitude de personnalités différentes, chantant parfois d’une voix douce puis nous parlant ensuite de manière brutale. Le morceau NOCTURNE est celui que je préfère du EP, car c’est le morceau que je trouve le plus hanté notamment dans ses variations de voix assez géniales. Les vidéos à l’esthétique sombre sont aussi étranges que sa musique. Elles sont réalisées par OSRIN de Perimetron, qui est également membre permanent de Millennium Parade. Cela me fait penser que j’adorerais entendre une collaboration de Nina Utashiro avec Millennium Parade.

Je savais bien qu’il ne fallait pas commencer à écouter de la K-POP car j’ai maintenant du mal à m’en sortir. Enfin, je n’écoute que le groupe aespa. J’écoute tellement le morceau Supernova, dont je parlais dans le billet précédent, que je n’ai pu m’empêcher de vérifier s’il pouvait y avoir d’autres musiques du groupe que je pourrais autant apprécier. Et j’écoute donc leur dernier EP Whiplash sorti tout récemment le 21 Octobre 2024. Le morceau titre Whiplash est tout aussi excellent. J’adore ces sons d’inspiration techno club avec une ligne de basse très présente, d’autant plus que les quatre filles de aespa enchaînent leur partitions vocales avec une confidence qu’on ne voudrait pas contredire et qui est parfaitement représentée dans la vidéo blanche clinique représentant du matériel audio comme des armes de guerre. Bien entendu pour de la K-Pop, l’esthétique générale de cette musique et de sa vidéo utilise la beauté inhérente des quatre membres du groupe, mais il faut bien dire que le design vestimentaire sur ce morceau en particulier est réussi. aespa se compose de quatre membres qui ont toutes des noms de scène et sont plus ou moins mises en avant en fonction des six morceaux du EP. Bien que le groupe soit coréen sous une agence coréenne, sa composition est plus internationale: Karina (카리나), de son vrai nom Yu Ji-min (유지민), est coréenne, Giselle (지젤), de son vrai nom Aeri Uchinaga (内永枝利) est japonaise de mère coréenne, Winter (윈터) de son vrai nom Kim Min-jeong (김민정) est également coréenne, tandis que Ningning (닝닝), de son vrai nom Ning Yizhuo (宁艺卓) est chinoise. Il n’est pas rare de voir des japonais(es) dans les groupes coréens, mais il me semble que l’inverse est moins fréquent (mais je suis loin d’être spécialiste). Ce type de composition est forcément étudié et ne doit pas être complètement dû au hasard des castings, mais le résultat musical n’en reste pas moins très bon, à la grande surprise. Le reste du EP Whiplash n’est certes pas aussi percutant que le morceau titre qui démarre le EP, mais il y plusieurs excellents morceaux qui me plaisent beaucoup, notamment Flight, Not feelings mené par la voix semi-rappé de Gisèle, le plus ludique Pink Hoodie et le très beau Flowers avec un riff de guitare enveloppant et plein d’ampleur. Je ressens une personnalité certaine dans cet EP qui ne semble pas être influencé par les influences du moment. Je ne me rends compte que maintenant que Grimes a remixé le single Supernova. Plus qu’un remix, il s’agit d’un hacking de morceau car elle a créé quelque chose de complètement nouveau reprenant seulement quelques paroles du morceau original et part vers des horizons complètement différents. J’avais ignoré Grimes depuis quelques temps, car elle divaguait vers des concepts d’intelligence artificielle qui me faisaient un peu peur, mais ce genre de création alternative est vraiment intéressant. Il faut dire que Grimes est fan du groupe aespa et les a même interviewé pour le magazine Rolling Stone, ce qui me fait dire que je ne me trompe peut-être pas en appréciant leur musique. Il me reste maintenant à résoudre le mystère de pourquoi Ikkyu Nakajima et Motifour Kida de Tricot sont tellement fan de Kep1er, un autre important groupe de K-POP féminin, mais ça sera pour un autre épisode de Made in Tokyo.