the streets #8

La couleur jaune domine sur un grand nombre de photographies de ce billet, jusqu’à FKA Twigs que j’aperçois avec surprise sur une affiche publicitaire d’Ura-Harajuku. La coïncidence est intéressant car cette photographie date de la semaine où j’ai découvert son nouveau single Eusexua, que je ne me lasse pas de réécouter en attendant son prochain album qui ne sortira qu’en Janvier 2025. J’espère qu’elle aura la bonne idée de sortir quelques titres avant son album. L’autre couleur jaune provient de la Vella Serena conçue en 1971 par l’architecte Junzo Sakakura (坂倉準三). J’aime beaucoup la manière par laquelle cette couleur vient s’intercaler entre les blocs de l’immeuble, marquant comme une découpe claire et nette. Sur les deux premières photographies, j’avais envie de combiner les formes géométriques de l’architecture de béton de l’église protestante d’Harajuku conçue par Ciel Rouge Création avec l’imprévisibilité des formes organiques d’un vieux cerisier planté pas très loin de là dans le grand cimetière d’Aoyama. Et le papillon vient faire le lien entre tout cela. On le verra dans d’autres billets car mon appareil photo est en ce moment attiré par les papillons et les libellules.

L’album Occult de l’artiste tokyoïte Moe Wakabayashi (若林萌), sorti en Avril 2024, est une très belle surprise. J’ai d’abord découvert le single No Disk qui conclut l’album et j’ai très vite été attiré par l’ambiance néo city pop qui s’en dégage. Je n’ai pas d’attirance particulière pour la city pop, à part certains morceaux et certains albums dont j’ai déjà parlé ici, mais les réinterpretations du genre par des jeunes artistes comme moë (son nom d’artiste) sont souvent intéressantes. J’ai tout de suite accroché à l’ambiance et à sa voix, qui m’ont amené vers un autre single Moon Child au refrain très accrocheur. On trouve dans ses compositions une sorte de romantisme désuet chanté avec une passion certaine qui ne laisse pas indifférent. Je me suis du coup rapidement dirigé vers les autres morceaux de l’album, notamment le morceau Occult qui démarre l’album, In love with Love, Left on Earth et beaucoup d’autres. moë fait tout elle-même, de la composition au chant en passant par la production et le design de son album. Elle envoie apparemment elle-même les CDs qui sont commandés sur sa boutique en ligne, mais on peut tout de même acheter sa musique en digital sur iTunes et Bandcamp.

Les nouvelles découvertes musicales ne manquent pas en ce moment avec beaucoup de jeunes groupes ou artistes que je ne connaissais pas, mais que je découvre grâce aux recommandations de YouTube. Je découvre récemment le groupe rock Aooo (アウー) fondé en 2023. Ce nom de groupe étrange correspond aux signes sanguins des quatre membres. Riko Ishino (石野理子) est au chant. Elle était auparavant idole dans un groupe appelé Idolrenaissance (アイドルネッサンス), puis chanteuse du groupe Akai Kōen (赤い公園) qui était en activité de 2018 à 2021, et qui m’est un peu plus familier. Le groupe se compose également de Surii (すりぃ) à la guitare, Hikaru Yamamoto (やまもとひかる) à la basse et Tsumiki (ツミキ) à la batterie. On compte beaucoup de jeunes groupes rock comme celui-ci au Japon, et ils n’arrivent pas toujours à tirer leur épingle du jeu. Je ne me suis pas encore trop attardé sur la discographie du groupe mais le single Salad Bowl (サラダボウル) que j’écoute en ce moment est en tout cas très convaincant.

Dans la série des très bons morceaux rock que j’écoute en ce moment, il y a également celui intitulé Alone (ー、人) d’un autre jeune groupe, de quatre filles cette fois-ci, nommé Chakura (ちゃくら). Le groupe est originaire de Hachioji à l’Ouest de Tokyo et a été fondé en 2022 par Taruru Wakita (ワキタルル) qui joue de la basse et chante dans les chœurs. Les autres membres proviennent de la même école professionnelle, Sakura (サクラ) au chant et à la guitare, Mao (まお) à la guitare et Haya (葉弥) à la batterie et aux claviers. Le son rock est relativement simple mais très efficace et n’hésite pas à monter en intensité quand cela devient nécessaire. C’est souvent pour moi un critère d’appréciation, mais j’aime l’émotion et la passion qui se dégage de la voix de la chanteuse Sakura. Ce genre d’intensité rock me parle toujours beaucoup, surtout quand elle est bien exécutée.

the streets #7

C’est assez reposant pour l’esprit de prendre des photos plus abstraites en se basant simplement sur l’impression que nous donne des formes ou des superpositions de matériaux. On saisit les choses qui nous interpellent sans besoin d’expliquer descriptivement ce que l’on a devant nous. Je pourrais certainement préciser le nom des architectes de certaines des architectures montrées ci-dessus mais je les ai déjà montré plusieurs fois sur Made in Tokyo. Les billets intitulés the streets, comme le précédent, ont tendance à partir dans des directions variées, sans avoir de cohérence très précise. Ces photographies parfois énigmatiques et ces textes qui partent dans tous les sens contribuent à cette image de forêt dense dans laquelle on se perdrait, que j’aime donner à ce blog. Quand j’imagine cette forêt dense, me reviennent en tête les photographies de Yoshihiko Ueda dans le recueil intitulé Quinault prenant pour thème la forêt profonde du parc de Quinault près de Seattle aux États Unis. Je parlais de ce livre dans un billet d’Avril 2011 intitulé Structure and Clouds, sur lequel je reviens régulièrement. Sur Made in Tokyo, certains billets sont plus structurant que d’autres, comme des troncs d’arbres dont la cime dépasserait les autres arbres tout autour. Il y a un certain nombre de billets qui ont pour moi une importance toute particulière et cette importance est souvent liée aux discussions qui suivent dans les commentaires qui m’ont amené vers des directions nouvelles ou conforté dans certaines voies.

Je suis allé voir le Samedi 31 Août 2024 la grande exposition dédiée à l’artiste Japonais Keiichi Tanaami (田名網敬一) au National Art Center Tokyo (NACT). Cette exposition intitulée Adventures in Memory (記憶の冒険) a démarré le 7 Août et fermera ses portes le 11 Novembre 2024. J’ai été très impressionné par le densité de ces œuvres, souvent basées sur des collages de multiples éléments tirés de magazines ou illustrés par lui-même. Cette exposition nous montre aussi ces peintures, un grand nombre de sculptures aux formes fantastiques et objets bizarres aux couleurs fortes. On peut également y voir quelques vidéos expérimentales. Keiichi Tanaami est un artiste qui touche à tout, mais son style reste immédiatement reconnaissable. Cette exposition est la première rétrospective majeure de son œuvre, et en soixante ans de carrière, il y a vraiment beaucoup de belles choses à montrer, certaines étant parfois un peu dérangeantes. L’artiste est mort à l’âge de 88 ans le 9 Août 2024, deux jours seulement après l’ouverture de cette grande exposition. Avec l’exposition CLAMP se déroulant en même temps dans d’autres salles, les propositions artistiques axées pop culture du musée NACT sont particulièrement intéressantes en ce moment.

J’adore retrouver la musique hyperpop d’4s4ki lorsqu’elle créé d’excellent morceaux comme celui intitulé ReEnd (再終焉) de son EP Collective Obsession (集合体大好病) sorti le 4 Octobre 2024. Il s’agit d’une collaboration avec le compositeur et DJ NUU$HI et Eijun Suganami (菅波栄純), guitariste du groupe THE BACK HORN. J’aime beaucoup quand le chant rappé légèrement modifié d’4s4ki s’entoure d’une ambiance musicale qui a de l’ampleur comme ici. L’autre morceau intitulé Ganbariyasan dakara ai shite (頑張り屋さんだから愛して) que j’écoute beaucoup est nettement plus détendu, peut-être parce qu’il s’agit d’une nouvelle collaboration avec Rinahamu qui n’est pas vraiment connue pour partir dans les tours. C’est peut-être parce que les voix d’4s4ki et de Rinahamu sont différentes qu’elles se complémentent bien. Leur autre duo était sur le morceau NEXUS sur l’album Your Dreamland d’4s4ki (2020), qui reste un de ceux que je préfère de cet album. Le EP Collective Obsession démarre par une collaboration avec Dé Dé Mouse intitulée Espa Shōgakusei (エスパー小学生) qui, je trouve, va un peu trop loin dans l’agressivité électronique pour vraiment m’accrocher.

Je n’écoute pas souvent la musique de Seiko Ōmori (大森靖子) mais je reste toujours attentif aux nouveaux albums qu’elle sort. Son dernier s’intitule, dans un anglais un peu approximatif, THIS IS JAPANESE GIRL et il est sorti le 18 Septembre 2024. En survolant les morceaux de l’album, je retiens le cinquième Momoiro Danchi (桃色団地). Mon oreille est certainement attirée par le fait qu’il s’agit d’un duo avec Shūtoku Mukai (向井秀徳) et par le son très appuyé de synthétiseur vintage démarrant le morceau. Il faut aimer la façon très maniérée de chanter de Seiko Ōmori, mais il faut dire que la voix de Shūtoku Mukai est également assez particulière et quand les deux chantent en même temps, on atteint une sorte d’harmonie inattendue. Cette collaboration m’a fait me demander si Seiko Ōmori avait déjà chanté en duo avec Kazunobu Mineta (峯田和伸) de Ging Nang Boyz, une autre figure du rock indé japonais. Je me suis rappelé du single Re: Re: Love, sorti en 2019 dont la vidéo était un véritable petit drama avec les joie, chagrin et dispute d’un couple. Il y a une densité émotionnelle, à chaque fois prête à éclater, dans les morceaux de Seiko Ōmori qui ne laisse pas indifférent, même si personnellement, je n’accroche vraiment que sur certains morceaux, comme les deux mentionnés ci-dessus ou l’album TOKYO BLACK HOLE dont j’avais déjà parlé sur Made in Tokyo et vers lequel je reviens régulièrement.

the streets #6

Je continue tranquillement ma série the streets, redémarrée récemment par les épisodes #4 et #5. La plupart des photographies de ce sixième épisode ont été prises avec mon objectif 40mm pendant une même journée légèrement pluvieuse dans la rue Cat Street, avant l’ouverture de la plupart des magasins. Cette rue quasiment piétonne est coupée en deux par la grande avenue d’Omotesando qui voyait ce jour là un défilé de policières percussionnistes. À part ce défilé, je montre peu de personnes dans les rues, à part celles qui décident soudainement de se dévoiler au détour d’un immeuble et celles de moi-même quand j’autorise mon image à se refléter contre les baies vitrées (ici avec mon magnifiquement simple t-shirt de Daoko acheté lors du concert de Shibuya).

Le premier étage de la Lurf Gallery à Daikanyama est à la fois utilisé comme café et comme espace d’exposition. J’y jette régulièrement un coup d’œil pour voir si on y montre des choses intéressantes. On y exposait cette fois-ci une série de 13 illustrations de l’artiste Masanori Ushiki intitulée « Easy Telepathy II ». Je découvre cet artiste, que je ne connaissais pas. Je suis attiré par les motifs parfois étranges mélangés aux couleurs fortes des personnages qu’il dessine, qui les rendent tout à fait unique.

Cö Shu Nie vient de sortir son nouvel album intitulé 7 Deadly Guilt le 4 Septembre 2024. Je connaissais déjà deux titres sorti en avance, Artificial Vampire et Burn The Fire, dont J’avais déjà parlé dans des billets précédents. Je continue mon écoute de ce nouvel album en choisissant les morceaux qui m’intéressent le plus. J’y découvre ceux intitulés Where I Belong et I want it all. On y retrouve toute l’instabilité mélodique caractéristique de Cö Shu Nie, notamment dans le chant fantastique de Miku Nakamura (中村未来) quand il ne s’accorde pas sur des compositions classiques. Elle a une vision tout à fait unique de l’harmonie et ces deux morceaux en sont de bons exemples. La composition rock qui accompagne Miku est comme d’habitude pleine d’inattendu et souvent proche du match rock. Le compositrice et chanteuse o.j.o est pour sûr à suivre de très près. J’avais parlé et été épaté par son premier single Bah! sorti il y a quelques mois. Elle sort son deuxième single intitulé PEOPLE DEMON qui est excellent. Il faut rappeler que la jeune tokyoïte o.j.o est vraiment très jeune car elle est collégienne et n’a que 13 ans (?!). C’est tout à fait étonnant vu la qualité de ses compositions musicales, qui n’ont rien de classique comme sur son précédent single. Elle a suivi des cours de piano et de danse dès le plus jeune âge, et sa manière non-conventionnelle de danser est également un des points intéressants de la vidéo accompagnant le morceau. On peut lui prédire que des bonnes choses à l’avenir, vu qu’elle vient déjà d’être repérée par la chaîne YouTube The First Take que lui a donné l’opportunité de chanter 60 secondes de ses deux morceaux Bah! et PEOPLE DEMON. On se demande quand même pourquoi The First Take ne diffuse pas l’intégralité de sa performance.

La sortie d’un nouveau single de Tricot est une bonne nouvelle. Si je ne me trompe pas, le groupe n’avait rien sorti de nouveau depuis leur album Fudeki (不出来) datant de Décembre 2022. Avec Tricot, on sait toujours à peu près à quoi s’attendre et je ne suis en général jamais déçu. Le nouveau single Call (おとずれ) est sorti le 5 Octobre 2024 et je me suis tout de suite précipité pour l’écouter. Les premiers accords de guitare de Motifour Kida (キダ モティフォ) et la voix d’Ikkyu Nakajima (中嶋イッキュウ) nous ramènent tout de suite vers l’ambiance rock de Tricot que j’aime tant. Retrouver les accords très précisément agencés de Kida et la puissance de la batterie de Yosuke Yoshida (吉田雄介) quand il se lance franchement au milieu du morceau est un vrai plaisir. Je trouve que le chant d’Ikkyu arrive toujours à garder cette fraicheur des premiers albums, dont on ne se lasse pas. Je ne sais pas si la bassiste Hiromi (ヒロミ・ヒロヒロ) a participé à ce nouveau single, car elle est censée être en congé maternité. Tricot continue pourtant a tourner avec un bassiste d’appoint. Un point intéressant est que Hitsuji Bungaku (羊文学) est depuis quelques mois sans batteur car Hiroa Fukuda (フクダヒロア) est en repos prolongé, mais le groupe continuant à tourner assez intensément dans divers festivals et pour leur tournée 2024, un batteur de support rejoint régulièrement le groupe. Pour l’émission télévisée CDTV de la chaîne TBS le lundi 30 Septembre 2024, Hitsuji Bungaku a fait appel à Yosuke Yoshida pour être batteur d’appoint. Sachant que Yoshida jouait sur la tournée récente de Daoko, je me dis qu’il contribue à créer des liens entre les formations musicales que j’aime et que j’ai vu en live. Je me dis aussi que Hitsuji Bungaku a fait un petit bout de chemin depuis que je les ai vu la dernière fois. Leur tournée 2024 soft soul, prickly eyes en treize dates dans tout le Japon terminait par deux concerts au Tokyo Garden Theater qui a une capacité de 8000 personnes. En comparaison, la tournée 2023 if i were an angel à laquelle j’ai assisté se terminait par deux dates au Zepp Haneda qui ne fait que 3000 places. Si les nouvelles sorties côté Tricot restent assez éparses, ce n’est pas le cas pour Ikkyu Nakajima qui sort déjà son deuxième EP en solo. Après DEAD sorti en Mai 2024, voici LOVE qui vient juste de sortir le 25 Septembre 2024. Kentarō Nakao (中尾憲太郎), le bassiste de NUMBER GIRL, produit et joue de la basse sur les deux morceaux que je préfère du EP: EFFECT et By my side. Kentarō Nakao avait déjà produit des morceaux de Tricot et même participé à l’émission spéciale de 24h non-stop du groupe, donc sa présence auprès d’Ikkyu ne m’étonne pas beaucoup. Je suis par contre moins familier du musicien Cwondo (近藤大彗) de No Buses qui contribue aux deux morceaux LOVE et Ana (あな). La guitariste de Tricot, Motifour Kida, joue sur le dernier morceau Minority (未成年) accompagnée d’Emi Nishino (西野恵未) au piano. Sur ce morceau, les sons du piano et de la guitare se mélangent avec un équilibre bancal par moment assez bizarre. Le EP contient de nombreuses petites irrégularités harmoniques de ce genre et les incursions électroniques sont également fréquentes. C’est un EP réussi, même si je le trouve inégal, qui part vers d’autres horizons, plus intimes certainement, que ce qu’on peut entendre chez Tricot.

椎名さんのお耳に届くなら一層頑張りたい

Dans une interview sur le site web musical Mikiki de Tower Records au sujet de son nouvel EP LOVE, Ikkyu nous fait part du fait que sa collaboration avec Sheena Ringo sur le morceau Chirinuru wo (ちりぬるを) de son dernier album Hōjōya (放生会) avait en quelque sorte eu une influence sur son nouvel EP. Sheena Ringo lui avait dit qu’elle avait écouté et apprécié son EP précédent DEAD. Ikkyu a donc créé son nouvel EP en imaginant que Ringo l’écouterait peut-être et elle nous dit que ça l’a en quelque sorte poussé à s’appliquer. Je retranscris ci-dessous la partie de l’interview provenant du site Mikiki évoquant ce point en particulier. Cela me donne l’occasion d’utiliser l’open AI ChatGpt pour voir comment l’outil a évolué au niveau de la traduction de textes. Je pense qu’il se débrouille plutôt bien même s’il faut toujours lire le résultat avec attention (par exemple, ChatGpt traduit « 放生会 » en « Hōjōkai » plutôt que le correct « Hōjōya »).


Cette transcription sur ChatGpt m’a poussé à utiliser un peu plus l’outil en lui posant des questions très précises. J’ai pris le thème de cette collaboration passée entre Sheena Ringo et Ikkyu Nakajima pour l’interroger un peu plus. Connaissant déjà les réponses, cela m’a permis de vérifier où l’outil en est en terme d’auto-apprentissage sur des sujets très spécifiques, mais largement couverts sur internet. Il s’avère que l’outil a une base de données plus actuelle qu’auparavant mais fait de très nombreuses erreurs, en les annonçant parfois avec un aplomb qui nous forcerait presqu’à le croire. Je montre ci-dessous des captures d’écrans de ChatGpt pour illustrer le niveau de justesse de l’outil, et il reste pour moi très peu fiable et je dirais même à éviter.






L’avantage de l’intelligence artificielle serait pour moi de répondre à des sujets spécifiques qui ne sont pas immédiatement disponibles sur un site internet. Je vois qu’on en est encore loin. Je me contenterais peut-être de l’outil pour des traductions, qui me semblent à priori meilleures que sur Google Traduction.

the streets #5

J’aime revenir vers mon petit objectif Canon 40mm car il est très léger et discret. Il me permet surtout d’avoir une autre perspective sur mon environnement. Le cadrage serré fait qu’on est obligé de se concentrer sur une proportion très réduite du paysage urbain qui se montre devant nous. Ça me permet de partir vers des photographies plus abstraites, se concentrant sur des parties spécifiques d’objets souvent tronqués car difficile à cadrer dans leur totalité, des textures ou des photographies d’ensemble obstruées par d’autres objets proches comme sur la première photographie de ce billet. Cet objectif me permet de regarder des détails auxquels je n’aurais sinon peut-être pas fait attention. Pour faire écho à un commentaire d’un billet récent de mahl, je me pose aussi régulièrement la question sur l’utilité et le besoin d’expliquer ma démarche photographique. Je le fais la plupart du temps car j’imagine que le visiteur ne prendra pas le temps de poser la question. Les réseaux sociaux nous ont appris à passer vite sur les choses sans s’attarder. Les blogs demandent une disponibilité aux visiteurs qu’ils n’ont en général plus depuis longtemps. Je repense tout d’un coup au billet intitulé don’t wanna come down just let me fly sur le nouveau building Sony de style brutaliste à Ginza. Je n’avais volontairement pas indiqué la manière par laquelle j’avais procédé pour la création des images de ce billet. Je l’explique maintenant brièvement. Chacune des photographies du billet est digitale prise par mon appareil photo et objectif typiques. J’ai d’abord imprimé ces photos sur papier A4, puis je les ai chiffonné à l’excès à la main au point d’en faire des boules de papier. Je les ai ensuite remis à plat sous le poids de plusieurs gros bouquins pendant plusieurs dizaines de minutes. L’étape suivante était de scanner ces photos papier pour les repasser en version numérique sur l’ordinateur. Les versions finales de ces photographies ont finalement subi quelques réglages numériques, notamment une dé-saturation des couleurs pour donner un aspect plus froid et brut. Cette méthode vient en quelque sorte donner un traitement brut à une architecture déjà brute de forme.

Je n’ai pas d’accroche particulière pour le groupe de hip-hop japonais m-flo, fondé par Verbal et Taku Takahashi (高橋拓) à la fin des années 1990, mais je reste tout de même attentif à certaines de leurs collaborations. J’avais par exemple aimé le morceau RUN AWAYS sorti en 2020 en collaboration avec les rappeuses de chelmico, sous le nom m-flo ♡ chelmico, car il était très ludique à l’écoute, surtout dans les accélérations vocales. Je découvre maintenant le single Hypernova avec une chanteuse nommée Maya, sous le nom d’unité m-flo loves Maya. Le chant de Maya est très beau et assez inhabituel car elle a parfois des trémolos dans la voix. La composition est très bien maîtrisée et la production vraiment impeccable. On pourrait seulement reprocher au morceau qui fait seulement 2mins 50s d’être un peu trop court. Sans forcément écouter intensément m-flo, je connais Verbal pour sa participation au super-groupe Teriyaki Boyz avec Ilmari et Ryo-Z de Rip Slyme, Wise et Nigo de (B)ape Sounds, et leur succès international avec le morceau Tokyo Drift pour le film du même nom de la série Fast & Furious. J’avais déjà parlé de ce morceau car il avait été beaucoup repris en version freestyle par différents artistes, notamment Valknee, pendant la première période de confinement de la pandémie au Japon. On ne présente plus Nigo qui est le fondateur de la marque de streetwear A Bathing Ape (Bape), mais Verbal est également fondateur d’une marque, Ambush, avec son épouse Yoon Ahn. Ambush a notamment créé en collaboration avec Nike, la très remarquable tenue de Naomi Osaka pour l’US Open cette année.

Toujours en hip-hop, je me suis laissé agréablement surprendre par un duo de Nene, du Yurufuwa Gang, avec Thelma Aoyama (青山テルマ). Thelma est une chanteuse de R&B devenue depuis quelques temps une personnalité du monde télévisuel. Je ne soupçonnais pas cette possible association de Thelma Aoyama avec Nene pour un morceau de hip-hop, qui est assez éloigné du style qu’on lui connaît. Le single Otsu (乙) est clairement plus proche du son de Yurufawa Gang que du R&B. J’aime beaucoup ce son underground contrastant avec la légèreté un peu insolente du refrain. J’ai l’impression de souvent revenir vers le hip-hop ces derniers temps, car j’y trouve beaucoup de bonnes choses qui me font sortir de mes zones de prédilection rocks. Mais il faudra bien que j’y revienne bientôt.

the streets #4

Je reprends une série de photographies de rues commencée il y a longtemps. Le troisième épisode a été publié en Mai 2019 et je continue maintenant avec le quatrième épisode, et quelques autres plus tard, après plus de cinq ans. Il faudrait que je dresse une cartographie de toutes les séries démarrées et en cours sur Made un Tokyo car je les ai pour la plupart déjà perdu de vue. Celle intitulée the streets m’est soudainement revenue en tête car j’y dû y faire allusion dans un billet récent. Pour cet épisode, on commence par le nouveau complexe de buildings gigantesques entourant la gare Yamanote de Takanawa Gateway (高輪ゲートウェイ). Ces nouveaux immeubles ont poussé comme une immense muraille. La taille monstrueuse, bien que relativement élégante, de ce nouveau complexe interroge. A t’on vraiment besoin d’autant d’espaces de bureaux et de zones commerciales? Fallait il renforcer la barrière d’immeubles qui vient couper un peu plus les vents provenant de la baie de Tokyo pour ne faire qu’aggraver le phénomène de « heat island » dans le centre ville? Ces nouveaux buildings vont certainement en détruire d’autres dans un autre lieu de Tokyo pour faire perdurer les cycles perpétuels de renouvellement urbain. Les canaux au delà de la grande station de Shinagawa semblent par contre être préservés des manipulations d’urbanisme. Certains bateaux appelés yakatabune nous amènent pour des petites croisières sur la baie. Je me déplace une nouvelle fois à vélo et ma destination était cette fois le centre de galleries d’art Terrada. Mais une fois arrivé sur place, l’envie de rentrer à l’intérieur des anciens hangars reconvertis de Terrada m’a passé. Je préfère continuer à vélo pour rejoindre les bords des canaux longeant Tennozu Isle. On peut rouler le long du canal sans interruption et je continue pour voir jusqu’où il m’amène. Je pense avoir parcouru la promenade du canal de Takahama jusqu’au niveau de la gare de Takanawa Gateway. L’avant dernière photo est prise dans un tout autre lieu, au centre de Shibuya près du disquaire Disk Union. Je ne pensais pas que les sanctuaires portatifs mikoshi passaient en plein centre de Shibuya, dans le quartier de Center-gai.

Le groupe de hip-hop expérimental Dos Monos est pour moi une sacrée découverte, aussi imprévue que passionnante. A la fin de son concert, Haru Nemuri nous avait prévenu qu’elle retournerait sur cette même scène du WWW X de Shibuya pour un nouveau concert en deux parties avec Dos Monos. Le nom m’était déjà familier mais il m’aura fallu cette annonce pour y jeter une oreille de curieux. Je ne pensais pas recevoir aussi directement un uppercut dans les gencives dès l’écoute du premier morceau HAROU de leur dernier album Dos Atomos, sorti le 30 Mai 2024. J’écoute en fait deux albums du groupe, leur premier intitulé Dos City sorti 2019 et Dos Atomos. Le premier album Dos City a une approche plutôt jazz bourrée de samples, tandis que Dos Atomos est beaucoup plus percutant en introduisant plutôt des sonorités rocks pleines de guitares agressives. Dans tous les cas, leur approche musicale basée sur le hip-hop est complètement imprévisible et expérimentale. Le morceau Hi No Tori, un de ceux que je préfère de Dos Atomos, est d’une liberté de forme vraiment épatante, mélangeant les effets de voix, les pistes vocales et les ambiances qui ne sont pas sans une petite pointe d’humour. Il faut être préparé pour ce genre de sons, car on peut être par moments un peu décontenancé et malmené par les changements soudains de rythmes et de trames. Le cinquième morceau de Dos Atomos, intitulé QUE GI, est une association avec le musicien multi-instrumentaliste Yoshihide Otomo (大友良英). Ce musicien a le statut de légende mais je ne connais qu’un seul de ses albums de free jazz intitulé Dreams du Otomo Yoshihide’s New Jazz Ensemble avec Jun Togawa (戸川純) et Phew, qui est également d’une liberté vraiment déconcertante. Tout comme sur Dos City, Dos Atomos doit également être composé de samples, mais je serais bien incapable de les reconnaître. Un passage particulier du morceau BON me fait pourtant beaucoup penser au morceau Atlas de Battles, et je crois reconnaître sur COJO certaines sonorités électroniques de Gantz Graf d’Autechre lorsque la machine vit ses dernières minutes. Dos Atomos s’écoute comme une expérience fusionnant de nombreux styles pour créer quelque chose de novateur. Dos City est peut-être moins percutant mais il n’en demeure pas moins original et des morceaux comme in 20XX et Clean Ya Nerves comptent parmi les excellents morceaux de cet album. Je dirais qu’il faut commencer l’écoute de la musique de Dos Monos avec des morceaux comme Mountain D et in 20XX pour voir si ça passe ou ça casse. Et si ça passe de justesse en frôlant la carrosserie, ces albums deviennent très vite de vraies pépites regorgeants de matières brutes qui se révèlent, au fur et à mesure des écoutes, être des trésors d’inventivités.