it’s so hard to tell

Même si le marché aux poissons ne se trouve plus à Tsukiji depuis longtemps (depuis 2018), l’endroit reste très animé et principalement occupé par les touristes étrangers qui viennent en grand nombre. On observe d’abord de loin puis on vient voir de plus près les prix gonflés du poisson frais en sushi ou autre préparation. Nous étions en fait de passage ici pour montrer l’endroit à un cousin de Yamagata. Il y heureusement à Tsukiji des endroits un peu plus calmes, et des affaires à faire lorsque l’on passe aux horaires de fermeture au tout début de l’après midi. Nous sommes également passés voir les grandes têtes de lion du sanctuaire Namiyoke (波除神社), mais l’un d’entre eux était malheureusement de sortie. Je l’avais en fait vu un peu plus tôt dans les allées de Tsukiji en train de courir avec une délicate élégance, mais j’avais cru qu’il s’agissait d’un mirage. Voir le lion absent de l’enclos du sanctuaire Namiyoke m’a troublé quelques instants, mais je me suis en même temps convaincu que la liberté de mouvement ne devait pas être limitée aux simples humains. Il n’était en tout cas pas parti se cacher dans l’immense terrain vague qui reste désormais à l’endroit où se trouvait le marché. Ici verra le jour en 2032 un grand stadium de 50,000 places qui sera utilisable pour des évènements divers, comme des compétitions sportives mais aussi des concerts. Le re-développement de cette zone est mené par Mitsui Fujisan avec un consortium composé de Yomiuri Shimbun Holdings, Toyota Fudosan, Kajima et Taisei Corporation. En plus du stadium, on y trouvera bien sûr des espaces commerciaux, hôtel, bureaux et résidences. Le design que j’ai pu voir sur internet est élégant, avec une toiture élancée et laissant une part importante aux espaces verts. Sa capacité le fait entrer en compétition directe avec le Tokyo Dome de 55,000 places, et sera plus spacieux que le Saitama Super Arena de 37,000 places. A ce propos, j’ai bien entendu lancé mes demandes de réservation pour le concert Ringo Expo’24 qui aura lieu dans pas moins de cinq mois, mais cette réservation se fait bien entendu par loterie et les résultats ne seront connus qu’un peu plus tard ce mois-ci. Avec trois dates au Saitama Super Arena, ce qui équivaut donc à 111,000 places en tout, j’espère tout de même qu’il y aura une petite place pour moi. Cette taille de niveau arena me changerait des salles de moins de 1000 personnes dans lesquelles j’assiste régulièrement à des concerts. La salle WWW X pour le concert de DAOKO cette semaine ne fait par exemple que 600 places.

Je suis toujours très attentif aux nouveaux singles du groupe Som4li et j’en ai systématiquement parlé sur ce blog tant j’ai été à chaque fois enthousiasmé par ce que j’écoutais. Je ne suis pas déçu par le nouveau single Frozen sorti en avance du nouvel EP du groupe intitulé Chachacha qui sortira le 19 Juin 2024. Ce morceau est composé et écrit par Rio Shimamoto (島本理緒), le guitariste du groupe, et est comme toujours chanté par Mako. Je pense qu’il s’agit du morceau le plus abouti du groupe et très certainement le meilleur. Il est en fait assez différent des morceaux du premier EP Escapism sorti il y a déjà 2 ans, en 2022. Les guitares lentes et pleines d’écho nous transportent dans une ambiance enveloppante, d’abord froide puis se complexifiant et se densifiant dans un final particulièrement réussi. Le morceau a une atmosphère quasiment cinématographique. Espérons que le EP Chachacha, avec un chat en couverture, soit aussi réussi que le single Frozen. En parlant de cette image de couverture, on doit sa composition à Mako et il doit très certainement s’agir de son chat en photo.

gravity so gravity

La lumière sur ces quelques photographies est estivale. Les températures actuelles vers les 28 degrés annoncent un été précoce, mais l’air reste encore frais ce qui rend les marches dans Tokyo particulièrement agréables. La première photographie a été prise près de la station de Yoyogi. Je prends en général cet endroit en photo de l’autre côté de la voie ferrée, sous le tunnel car je suis toujours attiré par le puits de lumière qui s’échappe de l’obscurité du tunnel. Je suis cette fois-ci attiré par les longues roses trémières sauvages que l’on voit pousser en ce moment à différents endroits de la ville. Les photographies qui suivent sur ce billet sont mélangées sans aucune unité de lieu. On passe du centre de Shibuya devant le Department Store PARCO, à un festival vietnamien organisé près du parc de Yoyogi, aux allées etroites autour du petit parc Kitaya, tout ceci sous le regard interrogatif d’une jeune femme en kimono rouge. Je me sens immédiatement le besoin de lui décrire le détail des photographies que je viens de prendre, mais elle reste muette et désintéressée, sans aucune réaction aux mots que j’écris. Une approbation même infime m’aurait suffit, un clignement d’oeil furtif ou un léger mouvement de menton, par exemple. Écouter le Anti EP d’Autechre en écrivant ce court texte me fait divaguer vers des terrains pleins d’une abstraction qui me semble proche mais qui m’échappe et que je n’arrive pas à clairement appréhender. La gravité ramène sans cesse mon esprit vers la terre ferme, et c’est certainement préférable car on ne peut pas se perdre à jamais dans ces vagues atmosphériques attirantes qui se chevauchent, s’entrelacent jusqu’à nous faire perdre la trace de toute réalité.

À l’achat de l’album Slash & Burn de DAOKO au Tower Records de Shibuya, un petit billet en papier nous était donné pour pouvoir faire dédicacer son album par l’artiste. Cette session de dédicace se déroulait le Dimanche 2 Juin à partir de 17h. Je n’étais pas sûr d’être en mesure d’y aller aux heures indiquées, mais j’ai pu y assister de justesse. je suis arrivé au Tower Records de Shibuya un peu après 17:30 et il y avait une file d’attente s’étendant dans l’escalier entre les troisième et cinquième étages. Il fallait se munir du CD de l’album Slash & Burn car la dédicace se fait uniquement sur la jaquette de couverture. Il me faudra environ 40 minutes d’attente avant de voir DAOKO derrière une table dans un espace temporairement clos du troisième étage du magasin. J’avais donc tout le temps de réfléchir à ce que j’allais lui dire pendant les quelques courtes minutes accordées par personne. À vrai dire, je pense que c’est la première fois que je participe à ce genre de session avec des musiciens (j’ai par contre déjà fait signer des livres). Une fois devant elle, le temps passe plus vite que prévu. Elle saisit rapidement le CD et me demande mon prénom pour signer. Elle prend par contre son temps à styliser son nom d’artiste. J’en profite donc pour lui dire que j’ai beaucoup aimé son nouvel album, que je l’avais acheté en pré-sortie ce qui a l’air de la surprendre un peu, et que j’avais hâte de la voir en concert. Elle était très souriante et sympathique, réagissant à mes paroles mais le temps a forcément passé très vite. Je n’ai même pas eu la présence d’esprit de lui dire que j’avais été très impressionné par sa présence au côté de Sheena Ringo pour le morceau Ishiki (意識) remixé par Shinichi Osawa (大沢伸一) lors du concert Shogyō Mujō (椎名林檎と彼奴等と知る諸行無常) de 2023. Je n’ai pas eu le temps non plus de la féliciter pour son duo très réussi avec Sheena Ringo sur son dernier album Hōjōya (放生会). Bref, elle me remercie alors que je reprends en mains mon CD de Slash & Burn joliment signé. Le suivant attend déjà à la porte, guidé par le personnel du magasin. On ne pouvait à priori pas prendre de photos mais je n’ai pas demandé.

DAOKO disait elle-même qu’elle est OTK de base (普通のOTK) dans l’émission spéciale Snack Kimagure Remote Eigyōchū (スナックきまぐれ~リモート営業中~) sur YouTube, visible seulement le 29 Mai 2024, jour de la sortie de l’album Hōjōya. DAOKO était invitée à cette émission organisée par Sheena Ringo avec Ikkyu Nakajima (中嶋イッキュウ) de Tricot et Momo (もも) de Charan Po Rantan (チャラン・ポ・ランタン). On ne peut pas dire que cette émission était particulièrement intéressante ni mémorable car elles n’ont pratiquement pas évoqué le nouvel album. On sentait, du moins au début, une certaine nervosité chez DAOKO et Ikkyu, mais beaucoup moins chez Momo. Le décor reprenait celui d’un petit bar snack tenu par une Mama. En accord avec cette ambiance, DAOKO était habillée d’une tenue jaune très inhabituelle, qui ne lui allait pas du tout. Ringo avec son costume masculin vert et ses lunettes de soleil réfléchissantes n’était pas non plus sous son meilleur jour. Seule Ikkyu avait une tenue qui lui convenait admirablement. Dans ce décor aux airs désuets, Ikkyu jouait le rôle de la patronne des lieux mais ne se prêtait pas du tout au jeu.

J’ai souvent chercher sans les trouver les albums de DAOKO au Disk Union de Shibuya. Je me suis rappelé qu’il y avait en fait un autre magasin Disk Union spécialisé en hip-hop à quelques dizaines de mètres. Je me suis en fait rappelé que les disques de DAOKO sont classifiés dans la catégorie hip-hop car il s’agit de son genre musical principal, bien qu’elle évolue dans des styles très variés. J’y trouve avec une joie certaine son deuxième album intitulé Gravity, sorti en Décembre 2013 pendant sa période indépendante. On ressent tout de suite ce son indé avec une production qui n’est pas aussi évoluée que sur ses albums plus récents. J’aime cette imperfection car elle nous amène vers des sons plus bruts et parfois bizarres, mais assez souvent très inspirés. Certains morceaux tiennent à mon avis moins bien la route, mais le morceau titre Gravity est vraiment superbe, que ça soit pour ses sons électroniques de néons vaporeux ou pour le rap de Jinmenusagi. Il y a une sorte de beauté mélancolique contemplative assez difficile à décrire mais qui est très belle et qui me touche beaucoup sur ce morceau. Je suis agréablement surpris de retrouver aussi vite ce rappeur après l’avoir entendu sur l’album Saisei de DJ KRUSH. J’adore le rap de DAOKO sur le morceau qui suit Heigai (弊害) et l’ambiance du morceau Negative Monster (ネガティブモンスター). Ce morceau compte aussi parmi les meilleurs de l’album, assez caractéristique du rap de DAOKO à la fois rapide et quasiment chuchoté. Ce déséquilibre fait tout la particularité de son flot, surtout quand il est accompagné de sons décalés. Dès les premières notes du motif électronique se répétant sur le premier morceau de l’album, ISLAND, on se laisse emporter dans un monde instable. On y perd volontairement l’équilibre et on se laisse emporter par la gravité. Comme sur ses autres albums, DAOKO fait appel a plusieurs producteurs. Je reconnais le nom DJ 6月qui intervient également sur son nouvel album. Il produit le deuxième morceau BOY à l’approche plus pop et le onzième morceau TWINS où DAOKO utilise sa voix plus kawaii. Je me surprends moi-même à apprécier le rythme répétitif du refrain qui a quelque chose d’innocent. Il fonctionne particulièrement bien car DAOKO défile son flot rap sans discontinuer et faiblir, se reliant parfaitement avec les enchaînements du refrain. Les productions de COASARU sont assez chaotiques sur les morceaux Zureteru (ずれてる) et Megitsune (メギツネ). Ce dernier fait intervenir les rappeurs Page et Gomess mais le style brut de certains voix laissent interrogatifs car le morceau ressemble à une météorite attrapée par la gravité terrestre qui n’aurait très certainement pas dû arriver sur terre. Le morceau Romantic Delinquency (浪漫非行) également produit par DJ 6月 fait aussi figure d’ovni qu’on n’entendrait certainement pas sur l’album d’une major, mais c’est ce genre de compositions qui me font énormément apprécier les albums de jeunesse d’une période indépendante.

el cóndor pasa por aquí


Il n’aura fallu qu’un petit geste d’inattention pour me permettre d’ouvrir la porte grillagée. Un nouveau monde s’ouvre à moi derrière cette porte. Je l’ai certes longtemps observé en tournant en rond dans l’espace réduit qui m’était accordé, mais cette fois-ci, il est bien là devant moi, ce monde ouvert et intimidant. Partir vers l’inconnu veut aussi dire aller à la rencontre de divers dangers. Est-ce que ça en vaut vraiment la peine? Ce n’est même plus sujet à discussion car l’évidence s’impose à moi sans avoir besoin d’y réfléchir pour se décider. L’occasion ne se représentera sans doute jamais. Il ne reste plus qu’à s’élancer, fermer les yeux en traversant le seuil vers le grand vide, mais en les ouvrant aussi vite pour ne rien manquer du spectacle. Ces premières images de liberté vont certainement rester graver dans ma mémoire pour toujours. Je vois d’abord mon objectif, la porte vitrée à moitié ouverte car les beaux jours sont déjà de retour, puis la frontière du balcon, puis la rue étroite qui serpente entre des maisons de bas étages, puis enfin la grande avenue qui me donne enfin cette impression de liberté tant attendue. Il fait bon virevolter près des lignes de chemins de fer en se laissant aspirer puis repousser par le souffle des trains qui filent à toute vitesse. On peut piquer pour frôler les parois des buildings et s’approcher ensuite au plus près des objets du décor urbain. On ne se lasse pas du spectacle.

Le nouvel album de DJ KRUSH a quelque chose d’aérien qui m’inspire en partie le texte ci-dessus, surtout le deuxième morceau Shoushouka (想翔花) et Ringeki (凛撃) concluant l’album, qui sont à la fois sombres et planants comme un condor majestueux volant lentement entre d’immenses buildings labyrinthiques. Le billet de mahl m’avait conduit jusqu’à cet album que j’aurais sinon très certainement manqué. J’aime pourtant les compositions hip-hop et électroniques de DJ KRUSH mais j’avais perdu de vue sa musique depuis de très nombreuses années (depuis son album Code 4109 sorti en 2000). Je me suis donc lancé dans l’écoute de cet album intitulé Saisei (再生), sorti le 21 Février 2024, sans attente particulière mais avec une curiosité certaine. Le billet de mahl m’avait d’abord amené à écouter le morceau Hamaya (破魔矢) avec le rappeur Jinmenusagi, qui s’avère être un des meilleurs morceaux de l’album, notamment pour un passage au flot particulièrement fluide au milieu du morceau. Ce passage ressemblant à un chant religieux bouddhiste accéléré s’accorde vraiment bien avec les nappes musicales apportées par DJ KRUSH qui constituent une sorte de sas d’énergie permettant à Jinmenusagi de s’exprimer avec une dextérité semblant décuplée (un peu comme un coup spécial final dans un jeu vidéo de combat). Il y a comme un alignement de planètes à ce moment particulier du morceau. Et Hamaya est excellemment bien entouré par l’atmosphérique Meiryukyou (命流響) et le quelque peu oppressant Himeibu (飛明舞). On y devine des ambiances nocturnes et un brin spirituelles. J’ai vu à ce propos que DJ KRUSH utilise parfois des décors de temples pour se produire, ce qui est d’ailleurs le cas du morceau Hamaya que je mentionnais plus haut. C’était également le cas pour un long set joué dans le temple Daichuji (大中寺) dans la ville de Numazu dans la préfecture de Shizuoka lors d’un évènement appelé Muso Culture Festival en 2021 (je vois d’ailleurs qu’Ermhoi y chantait). On trouve dans l’album Saisei une ambiance à la fois urbaine et industrielle, car on y entend toutes sortes de sons d’objets métalliques, de sirènes soudaines comme sur l’excellent Kimei (奇迷) nous faisant évoluer dans un milieu inhospitalier. On trouve assez clairement dans cet album un sentiment d’urgence, ce qui fait plaisir à entendre pour un artiste chevronné qui pourrait souhaiter aller vers des terrains plus apaisés. Je trouve quelques morceaux un peu plus faibles (quoique) mais l’ensemble est très prenant, surtout la deuxième partie de l’album. J’ai plaisir à retrouver le rap de Chinza DOPENESS (鎮座DOPENESS) sur le huitième morceau Gouryu (合流) qui compte également parmi ceux que je préfère de l’album. Comme sur d’autres morceaux impliquant Chinza DOPENESS dont j’ai déjà parlé dans des billets précédents, je trouve à chaque fois un aspect très ludique à sa voix rappée, qui vient donner un peu de souffle au milieu de l’album avant de repartir vers des terrains plus sombres. La grande majorité des morceaux sont instrumentaux et DJ KRUSH vient souvent incruster des motifs électroniques lumineux sur cet environnement sonore des plus obscurs. Le morceau Shien (志遠) est un bon exemple de cela. Même s’il y a quelques morceaux que j’aime moins comme Yugure (遊暮) rappé par un certain D.O, l’ensemble de l’album s’écoutant d’une traite a une grande consistance et on se laisse entraîner dans cette écoute sans décrocher une seconde.

Parler de musique dans les temples me rappelle que nous avons récemment été écouter des groupes ou formations musicales dans deux temples différents de Tokyo. Les hasards du calendrier ont voulu que ça soit deux week-ends de suite. Le style était certes très différent des sons électroniques et hip-hop de DJ KRUSH, car il s’agissait de jazz mélangé à du théâtre Kyōgen (狂言) au temple Tengenji (天現寺) près d’Hiroo et d’un quintuor de violoncelles au temple Shōrinji (勝林寺) à Matsubara dans l’arrondissement de Setagaya. Les quelques photos ci-dessus sont prises à l’intérieur du hall du temple Tengenji qui n’est normalement pas ouvert aux visites publiques.

FRUiTS, Sweet Heart & Kabuki

Ces photographies des grands magasins HARAKADO et LaForet sont en fait antérieures à celles montrées dans mon billet intitulé FRUiTS, Stripes & Burn. J’étais passé devant et n’étais pas entré à l’intérieur faute de temps. Je marchais en direction de Shinjuku pour aller voir une exposition dans la galerie de Tokyo Opera City. En voyant les photographies du magazine FRUiTS que l’on voit sur la devanture du LaForet qui montrait des styles vestimentaires parfois très décalés, je me remémore soudainement l’extravagance du Visual Kei qu’on pouvait parfois observer dans les rues de ces quartiers là. Me reviennent maintenant en tête les images d’un groupe d’appartenance Visual Kei (V系) nommé SHAZNA et en particulier son chanteur prenant le nom d’IZAM. Je n’écoutais pas la musique du groupe à l’époque, à la toute fin des années 1990, mais j’ai un souvenir assez net d’IZAM pour son apparence androgyne voire féminine très prononcée. À mon arrivée à Tokyo, je regardais volontiers les émissions musicales du soir, comme Hey! Hey! Hey! Music Champ sur Fuji TV, Utaban (うたばん) sur TBS ou Music Station (Mステ) sur TV Asahi, car c’était les seules que j’arrivais à peu près à comprendre, mon japonais étant plus que rudimentaire. Pendant les premiers mois de l’année 1999, je regardais aussi les émissions du matin mélangeant news et divertissement, mais je me tournais plutôt vers celles de la deuxième catégorie pour me réveiller en douceur. IZAM passait à l’époque tous les matins dans une émission intitulée saku saku MORNING CALL (サクサク モーニングコール) sur la chaîne TVK, qui doit être une chaîne de Kanagawa que l’on reçoit tout de même à Tokyo. Il faisait suite à Puffy comme présentateur principal de l’émission du mois d’Avril à Décembre 1999. Son personnage m’intriguait mais je regardais cette émission que d’un oeil distrait sur la petite télévision cathodique noire posée devant mon lit, pendant que je me préparais.

J’ai quelques souvenirs des morceaux qu’IZAM chantait avec son groupe, mais celui que j’aime écouter en ce moment s’intitule Sweet Heart Memory, sorti en Janvier 1998. Ce groupe me revient en tête maintenant car il a repris ses activités récemment. En l’écoutant, le morceau Sweet Heart Memory me donne une nostalgie certaine de mes premières années à Tokyo. J’écoutais beaucoup l’album Heart de L’Arc~en~Ciel sorti cette même année 1998. On y retrouve le même romantisme attaché au Visual Kei. Le single Loreley de cet album a une beauté saisissante. Il faut bien sûr adhérer au style de chant très maniéré de Hyde. Le morceau que je préfère du groupe reste Ibara no Namida (いばらの涙) sorti sur l’album suivant Ark sorti en 1999, qui est assez sublime de bout en bout avec notamment un solo de guitare inspiré comme on en fait peu maintenant dans la musique rock. La fiche Wikipedia décrivant le style Visual Kei mentionne une influence du théâtre Kabuki. Ça ne m’était pas venu à l’idée, mais c’est vrai qu’on y retrouve une même utilisation démesurée du maquillage, un port de vêtements élaborés et flamboyants, et cette même représentation féminine par des hommes.

Je n’avais pas encore mentionné sur ce blog l’exposition de l’illustrateur Uno Aquirax que j’ai été voir à la galerie d’art de Tokyo Opera City le même jour que l’exposition de Junji Itō (qui remonte quand même au 27 Avril 2024). Je connaissais Uno Aquirax pour certaines de ses illustrations sur l’album Razzle Dazzle de Buck-Tick sorti en Octobre 2010 et sur l’album compilation de collaborations diverses Ukina (浮き名) et l’album de morceaux choisis en live Mitsugetsushō (蜜月抄) de Sheena Ringo, tous les deux sortis en 2013. Les deux illustrations ci-dessus sont les dessins originaux de Mitsugetsushō (à gauche) et Ukina (à droite) avant leurs versions colorées utilisées sur ces deux albums. Uno Aquirax, de son vrai nom Akira Uno (宇野亜喜良) est un illustrateur, artiste graphiste et peintre, né en 1934 et ayant fait partie dans les années 1960-70 de la scène artistique underground japonaise aux côtés de Shūji Terayama avec qui il a plusieurs fois collaboré. Son style est immédiatement reconnaissable, composé en grande partie de portraits fantaisistes de femmes aux formes sensuelles mélangeant souvent les couleurs vives aux traits en noir et blanc. L’exposition montre un grand nombre d’affiches, posées pour certaines d’entre elles sur un des immenses murs des salles de la galerie. Parmi ces affiches, je suis surpris de voir celle de la pièce de théâtre kabuki Sannin Kichisa (三人吉三). Sheena Ringo avait écrit les musiques de cette pièces, en particulier le superbe morceau Tamatebako (玉手箱) datant de 2007 dont j’ai déjà parlé. Les liens entre Uno et Ringo semblent donc assez nombreux.

the mountain and the sea

Les quelques scènes prises au bord de l’océan près de Numazu dans la préfecture de Shizuoka datent déjà de plusieurs mois. Le ciel est couvert mais on aperçoit tout de même le Mont Fuji au loin depuis le Mont Kanuki (香貫山). La plage bordée par une forêt de mille pins (千本松原) est toujours synonyme pour moi de vents forts. Le temps était pourtant calme et reposant aujourd’hui. Il y a quelques pêcheurs au bord de l’océan qui ne semble pas être destinée à la baignade car personne ne s’y aventure. La plage n’est pas nettoyée, couverte de toutes sortes d’objets rejetés par la mer qu’ils soient naturels ou non. J’envie les cyclistes qui roulent sur le terre-plein bordant la plage dont on ne voit pas la limite. On doit pouvoir se vider de tout lorsqu’on parcourt cette longue ligne droite accompagnant l’océan. Tout paraît infime devant cette immensité. Le midi, nous voulions déjeuner dans un des restaurants de la chaîne Sawayaka (炭焼きレストランさわやか) spécialisée dans les Hamburgers et présente seulement dans la préfecture de Shizuoka. Nous savions que cette chaîne de restaurants était très populaire mais on ne s’attendait pas aux 300 minutes d’attente que nous annonçait le ticket de réservation à l’entrée. On a même pris la peine de confirmer qu’il ne s’agissait pas d’une erreur, 30 minutes peut-être, mais non, l’attente est bien de 5 heures. Nous viendrons donc y dîner plutôt que déjeuner. Le principe semble être que l’on prend son ticket pour revenir ensuite plus tard. Le repas était certes très bon mais ne justifie en rien cinq heures d’attente.

L’email du fan club Ringohan du Lundi 27 Mai 2024 a été une vraie surprise. Sheena Ringo aime les dates anniversaire et elle a choisi les 26 ans de la sortie de son premier single Kōfukuron (幸福論) pour annoncer un nouvel album et une tournée nationale cette année. On pouvait s’attendre à la sortie d’un nouvel album solo, car Tokyo Jihen est malheureusement au point mort depuis quelques temps, mais pas aussi tôt, la sortie étant prévue deux jours plus tard le 29 Mai 2024. Ce type d’annonce soudaine est plutôt inhabituelle mais pour être très honnête, j’avais cette date en tête depuis plus d’un mois car une rumeur avait annoncé la sortie d’un nouvel album ce jour là suite à une mauvaise manipulation d’un site de vente en ligne l’ayant annoncé avant l’heure. Ce nouvel album s’intitule Hōjōya (放生会), faisant référence directe à un festival organisé chaque année du 12 au 18 Septembre dans un sanctuaire nommé Hakozaki à Hakata dans la ville de Fukuoka, d’où Sheena Ringo est originaire. On dit que le morceau plus ancien Omatsuri Sawagi (御祭騒ぎ) de Tokyo Jihen sur l’album Kyōiku (教育) faisait aussi référence à ce festival. Outre l’album, l’autre bonne nouvelle est l’annonce d’une tournée nationale de type Ringo Expo, c’est à dire dans des grandes salles de type Arena, du 5 Octobre au 15 Décembre 2024, avec des dates à Aomori, Niigata, Osaka (2), Shizuoka, Saitama Super Arena (3), Fukui et un final à Fukuoka. La tournée prendra le nom de Ringo Expo’ 24 – Keiki no kaifuku – ((生)林檎博’24-景気の回復-). J’avais un peu hésité à renouveler ma souscription au fan club Ringohan vu le peu de sortie et de nouveautés ces derniers mois, mais je vois que j’ai bien fait de mettre à jour ma souscription.

Après l’annonce de l’album Hōjōya le Lundi 27 Mai, je suis parti l’acheter le jour d’avant la sortie officielle, le Mardi 28 Mai au Tower Records de Shibuya. L’autre surprise de cet album est qu’il contient beaucoup de duo avec certaines artistes que j’apprécie depuis plus ou moins longtemps. Sur un total de 13 morceaux, 7 sont des duos avec Ikkyu Nakajima (中嶋イッキュウ) de Tricot, la rappeuse mainstream AI, Nocchi (のっち) échappée de Perfume, Utada Hikaru (宇多田ヒカル), Suzuka d’Atarashii Gakko! (新しい学校のリーダーズ), DAOKO et Momo (もも) de Charan Po Rantan (チャラン・ポ・ランタン). A part le morceau avec Utada Hikaru que l’on connaît déjà, ce sont tous des morceaux inédits qui sont d’ailleurs très clairement les plus intéressants de l’album. Par rapport à Sandokushi (三毒史) où les duos étaient tous avec des interprètes masculins, ils sont ici uniquement avec des voix féminines. Sur Sandokushi, les duos étaient alloués aux numéros pairs des morceaux, contrairement à ce nouvel album où les duos sont les titres impairs, comme si ces deux albums venait se compléter. Autres détails tout à fait Ringoesques, les deux albums font 13 morceaux contenant un nombre fixe de 5 caractères (Kanji, Hiragana ou Alphabet) et possèdent tous les deux une inscription en écriture Sanskrit sur la couverture. Les voix sur Sandokushi étaient de chanteurs plus âgés que Ringo, tandis que les chanteuses sur Hōjōya sont plus jeunes qu’elle, comme s’il s’agissait sur ce nouvel album d’une sorte de passage de relais. Outre les duos, les autres morceaux sont pour la grande majorité déjà sortis en single mais apparaîssent sur ce nouvel album dans des versions complètement réorchestrées, souvent pour le meilleur. Comme je le disais plus haut, les duos sont très clairement les morceaux les plus intéressants de l’album et ceux que j’aime réécouter. Depuis le Mardi 28 Mai à minuit, on peut d’ailleurs voir les vidéos de six de ces morceaux en duo. Ces vidéos sont toutes réalisées par Yuichi Kodama dans un décor unique de grand cabaret. C’est d’ailleurs l’ambiance générale de l’album. Une des grandes surprises est d’entendre Nocchi de Perfume chanter sans aucun effet vocoder. De Perfume, j’ai toujours eu une préférence pour la personnalité de Nocchi par rapport aux deux autres membres du groupe, mais je n’ai jamais vraiment écouté ni apprécié la musique de Perfume. Cela a pris apparemment 20 ans à Ringo pour convaincre Nocchi de chanter en solo sur un morceau avec elle. 1RKO (初KO勝ち) est un des meilleurs morceaux de cet album. La vidéo avec gants et match de boxe est particulièrement réussie. Je suis également très agréablement surpris par l’intensité du morceau A procession of the living (生者の行進) avec la rappeuse AI. On ne peut pas dire que j’aime la musique de AI, mais sa voix est puissante et percutante sur ce morceau, de quoi venir défier Ringo qui ne s’efface pourtant pas. On éprouve une jubilation certaine à écouter ce morceau dans une ambiance jazz assurée entre autres par Shun Ishiwaka (石若駿) et Keisuke Torigoe (鳥越 啓介). Ses deux musiciens déjà présents sur la tournée de 2023 jouent sur tous les morceaux. On également le plaisir d’attendre Ichiyō Izawa (伊澤 一葉) de Tokyo Jihen intervenir sur certains morceaux. Je ne cache pas mon plaisir d’entendre Ikkyu Nakajima chanter avec Ringo sur le morceau d’ouverture de l’album Offering sake (ちりぬるを). Ce n’est pas le morceau le plus marquant de l’album à la première écoute mais il est vraiment très beau. La encore, la vidéo est très intéressante pour le mimétisme d’Ikkyu ressemblant volontairement à Ringo. Le petit détail amusant de la vidéo est de montrer côte à côte sur un panneau du grand cabaret les chiffre 193 (pour I・kyu・san) et 417 (pour Shi ・i ・na). Je ne cache pas non plus mon plaisir d’écouter le morceau A grand triumphant return (余裕の凱旋) avec DAOKO. J’avoue que j’aurais préféré la voix rap de Daoko comme sur le remix de Ishiki (意識), mais c’est sa voix kawaii qu’elle utilise sur ce morceau. J’étais de ce fait assez circonspect à la première écoute du morceau en regardant la vidéo sur YouTube, mais il s’avère être un des morceaux que je préfère de l’album. Ringo utilise une voix assez similaire à DAOKO et on a même un peu de mal à les distinguer l’une de l’autre. DAOKO a certaines expressions de voix que j’adore. C’est amusant car j’avais tout récemment parlé de cette similarité entre DAOKO et Ringo dans leur capacité à changer complètement le ton de leurs voix, sans savoir qu’un duo avait déjà été enregistré. Tout comme pour Ikkyu, je pense que j’avais déjà imaginé depuis longtemps un duo de DAOKO avec Ringo. Dans la vidéo du morceau, l’inscription Y-Y World fait référence au thème d’ouverture de la série animée Dr Slump d’Akira Toriyama. Les esprits attentifs ont remarqué que Daiki Tsuneta affiche une image de la petite Arale de Dr Slump sur son entête Twitter. J’imagine que cette correspondance est volontaire et indiquerait peut-être de futurs projets communs. Ce n’est que pure supposition. Toujours est-il que les nouvelles vidéos de Sheena Ringo sont pleine de correspondances avec d’autres vidéos ou émissions passées. On ne peut pas tout citer, mais je reconnais par exemple la robe de la vidéo du morceau avec AI car elle l’avait déjà porté lors de l’émission radio School of Lock avec Ichiyō Izawa. On retrouve aussi les sacs NASA et les gants de boxe déjà vus auparavant. Dans les très bons moments de l’album, on trouve également ce duo presque inattendu avec Suzuka d’Atarashii Gakko! (新しい学校のリーダーズ). Encore une fois, c’est amusant car je parlais du groupe dans un billet récent. Seule Suzuka chante sur ce morceau intitulé FRDP (ドラ 1 独走) mais le reste du groupe est présent et danse autour sur la vidéo. Suzuka s’en sort vraiment très bien car elle a une voix puissante, roulant même légèrement les « r » par moment. Je me souviens très bien d’une scène du dernier Kōhaku où Ringo regardait d’un air amusé mais un peu détaché le groupe chanter et danser sur la scène des studios de la NHK. Ça a peut-être été le déclencheur de ce duo. Le dernier morceau de l’album est un duo de Momo (もも) du groupe Charan Po Rantan (チャラン・ポ・ランタン) intitulé cheers beers (ほぼ水の泡). Ce morceau éloge de la boisson alcoolisée est le plus festif et démesuré de l’album, mais cette atmosphère est communicative. Sur la vidéo, on voit d’ailleurs que Ringo apprécie clairement le duo car elle est tout sourire par moments. Le single The moon and the sun (浪漫と算盤) avec Utada Hikaru est au centre de l’album, comme pour montrer la relation privilégiée entre les deux artistes qui ont déjà chanté plusieurs fois ensemble sur leurs albums respectifs. C’est d’ailleurs le duo Nijikan Dake no Vacances (二時間だけのバカンス) sur l’album Fantôme de 2016 qui m’a fait revenir vers la musique d’Utada Hikaru. La version TYO de The moon and the sun sur le nouvel album est différente de celle originale (la version LDN) présente sur la compilation Newton no Ringo (ニュートンの林檎) sortie en 2019. J’ai une préférence pour cette version basée sur la guitare, qui a tout à fait sa place en position centrale de l’album.

Les autres morceaux sont en comparaison moins intéressants car on les connaît déjà, même si l’orchestration est très différente. Le single Watashi ha Neko no Me (私は猫の目) accueille une orchestration particulièrement dense, qui rend la version originale assez fade mais qui tourne malheureusement à l’excès. C’est une critique que je peux faire régulièrement sur certains morceaux de Sheena Ringo qui tendent vers une certaine forme de maximalisme musical. Quelques cuivres en moins auraient rendu le morceau beaucoup plus équilibré et moins fatiguant. On trouve également As a human (人間として) sorti récemment, qui est un morceau assez beau mais qui peine à m’intéresser. On retrouve l’excès instrumental sur le morceau Open Secret (公然の秘密) déjà sorti sur l’album de compilation Newton no Ringo (ニュートンの林檎). On voudrait lui dire de lâcher un peu les rênes pour alléger le morceau. Ecouté indépendamment, le morceau est tout à fait appréciable, mais je trouve qu’il vient alourdir l’album. Le morceau closed truth (茫然も自失), chanté en espagnol argentin, est en comparaison beaucoup plus apaisé mais peine également à accrocher mon oreille. Et pourtant, la manière atypique de chanter de Ringo est vraiment intéressante, ce qui me fait dire que ce morceau devrait se révéler après plusieurs autres écoutes. La réorchestration du morceau Bye Purity (さらば純情) déjà présent en face B du single Watashi ha Neko no Me est par contre une excellente surprise, tout comme toogood (いとをかし) vers la fin de l’album. J’ai toujours trouvé ce morceau insignifiant mais il prend ici une toute autre forme, moins minimaliste et plus engageante. Il reste un petit moment apaisant avant le final de Ringo et Momo. Je trouve au final l’album assez irrégulier avec d’excellents duos, et d’autres morceaux que je n’écouterais à priori pas très souvent. On peut saluer la grande unité stylistique de l’album, par rapport à Sandokushi qui était beaucoup plus hasardeux, mais l’ensemble est très dense parfois dans des styles un peu similaire à Hi Izuru Tokoro (Sunny). Le premier morceau avec Ikkyu se nomme par exemple Chirinuruwo (ちりぬるを) qui est tiré du poème Iroha (いろは) de Kūkai (空海) tout comme le titre du morceau Irohanihoheto (いろはにほへと) de l’album Hi Izuru Tokoro. La flûte de paon de Chirinuruwo nous rappelle tout de suite certains morceaux de Hi Izuru Tokoro. Cela donne à l’album Hōjōya une atmosphère familière qui n’est en contre partie pas vraiment novatrice. On a souvent le sentiment d’avoir déjà écouté un morceau similaire de Sheena Ringo, mais il faut avouer que la qualité des compositions est bien là. La plupart de ces morceaux n’ont rien de standard. Leur complexité et sophistication nous saisissent à la première écoute. Tout comme sur Sandokushi, les transitions sont impeccables, au centième de millimètres. Je pense que j’apprécie beaucoup toogood pour la manière dont il démarre soudainement juste à la fin du morceau avec DAOKO. Je ne pense pas que ce nouvel album fera changer d’avis ceux qui ont arrêté en cours de route l’écoute des albums de Sheena Ringo, mais il y a suffisamment de pépites pour ne pas laisser indifférent.

Bien que j’ai acheté l’album à Shibuya, je n’ai pu m’empêcher d’aller faire un petit tour rapide au Tower Records de Shinjuku car on pouvait y trouver une installation pour l’album. Un peu plus loin dans les couloirs de la gare de Shinjuku, je savais que plusieurs affiches la montrait pour une publicité pour le whisky AO de la marque Suntory. Sur la vidéo de cette publicité, Ringo chante le morceau en espagnol 茫然も自失 (closed truth) en portant un verre de whisky à la main dans l’ambiance sombre d’un cabaret. Et tout d’un coup, avoir des images accompagnant ce morceau lui donne plus de consistance.

Pour revenir à l’album, il reste encore beaucoup de “mystères” à résoudre. Dans les vidéos des six morceaux avec invitées, le cabaret prend le nom étrange de Turritopsis. Wikipedia m’apprend qu’il s’agit d’une espèce de méduse ayant la ‘particularité d’avoir une capacité d’immortalité biologique, en revenant de façon cyclique, du stade de méduse au stade de polype, par inversion de processus de vieillissement’. J’imagine qu’elle a choisi ce nom en référence au fait qu’elle a choisi des invitées pour les duos qui sont plus jeunes qu’elle et avec qui elle a une certaine correspondance, indiquant d’une certaine manière ce processus de relais aux générations plus jeunes. Dans les titres de ses concerts, je trouve aussi qu’il a régulièrement une référence à la prise d’âge sur laquelle on ne doit pas se résigner. Le sous-titre de Ringo Expo’14 est par exemple 年女の逆襲 qui donne une idée de contre-attaque et celui de Ringo Expo’18 不惑の余裕 donne une idée qu’il reste encore beaucoup de marge, sous-entendu de temps pour faire les choses. Un autre “mystère” est la présence de 7 chats sur la couverture du nouvel album. On reconnait bien sûr Sheena Ringo au centre en chat noir avec une guitare et la coiffe de son dernier concert. On reconnait aussi les quatre chats en haut à droite représentant les quatre filles d’Atarashii Gakko! avec notamment le chat à lunettes pour Suzuka. C’est par contre beaucoup plus difficile de reconnaitre les six autres chats. Où sont Nocchi, Ikkyu, AI, Momo, DAOKO et Hikaru?

Pour référence ultérieure, ci-dessous est la liste des morceaux de l’album Hōjōya (放生会) de Sheena Ringo (椎名林檎):

01. ちりぬるを (offering sake) feat. Ikkyu Nakajima (中嶋イッキュウ) de Tricot et Genie High (ジェニーハイ)
02. 私は猫の目 album ver. (I’m free, Watashi ha Neko no Me)
03. 生者の行進 (a procession of the living) feat. AI
04. 人間として (as a human)
05. 初KO勝ち (1RKO) feat. Nocchi (のっち) de Perfume
06. 公然の秘密 album ver. (open secret)
07. 浪漫と算盤 TYO album ver. (the moon and the sun) feat. Utada Hikaru (宇多田ヒカル)
08. 茫然も自失 (closed truth)
09. ドラ 1 独走 (FRDP) feat. Atarashii Gakko! (新しい学校のリーダーズ)
10. さらば純情 album ver. (bye purity) 
11. 余裕の凱旋 (a triumphant return) feat. DAOKO
12. いとをかし album ver. (toogood) 
13. ほぼ水の泡 (cheers beer) feat. Momo (もも) de Charan Po Rantan (チャラン・ポ・ランタン)