petit voyage de printemps (8)

La dernière journée de notre séjour à Nagano se déroule à Zenkō-ji (善光寺). Il s’agit d’un immense complexe de temples bouddhistes dont les premières fondations remontent au 7ème siècle. On y vient en pèlerinage, notamment lors d’une cérémonie particulière appelée Gokaichō qui a lieu tous les six ans. Elle aurait dû avoir lieu l’année dernière mais a été repoussée cette année en raison de la crise sanitaire. Nous n’avions pas choisi notre passage au Nagano pour assister à cette cérémonie, mais disons qu’il s’agissait plutôt d’un heureux hasard. Le père de Mari y avait assisté il y a 13 où 14 ans et avait ramené d’étranges petites statuettes de bois ornées d’une inscription et d’un cordon de couleur. Elles sont posées dans une vitrine à la maison et je les ai toujours regardé d’un air interrogatif. Une statue similaire en forme de pilier de bois est posée au milieu du complexe de temples et est couverte d’un tissu blanc. Elle sera découverte un peu plus tard dans la journée. La cérémonie commence en fait le jour d’après notre passage, à partir du 3 Avril. Zenkō-ji abrite une statue de Bouddha que l’on dit être la première à avoir été amenée au Japon. Cette statue appelée Hibutsu est maintenue secrète et n’est pas montrée au public. Une réplique appelée Maedachi Honzon est cependant montrée tous les six ans pendant la cérémonie Gokaichō. Nous avons pu tout de même assister à certains préparatifs de la cérémonie, en fin d’après-midi jusqu’à 17h, notamment la découverture du pilier en bois. Cette série de photos et les trois suivantes montrent tout cela en longueur.

petit voyage de printemps (7)

Une des destinations de notre petit voyage était de visiter le sanctuaire Togakushi (戸隠神社) situé sur la montagne du même nom. Il faut 30 ou 40 minutes en voiture pour atteindre le sanctuaire depuis le centre de la ville de Nagano situé en contrebas. La route de montagne de la Bird Line est très sinueuse par moments. Le sanctuaire est composé de plusieurs parties parsemées dans la montagne. Nous ne visiterons pas la partie basse nommée Hōkō-sha, mais plutôt le sanctuaire central appelé Chū-sha que je montre sur les deux premières photographies. On n’imaginait en fait pas qu’il resterait autant de neige au 1er Avril, et on apprend que la partie haute du sanctuaire cachée au fond de la forêt, le Oku-sha, est fermée pendant l’hiver. C’est bien dommage car je me faisais une joie de pouvoir marcher au milieu des grands cèdres de l’allée naturelle qui y mène. Je montre l’entrée ci-dessus sur les cinquième et sixième photographies. Les cèdres sont apparemment beaucoup plus éloignés dans la forêt et il faut marcher environ 2kms dans la forêt avant d’arriver au sanctuaire Oku-sha. On peut quand même marcher dans la neige mais on n’avait malheureusement pas prévu de chaussures adaptées. Nous y reviendrons pour sûr pendant une autre saison. J’ai quand même trouvé au sanctuaire Chū-sha un carnet Goshuinchō orné d’un dragon (mon signe dans l’horoscope chinois), car je viens de terminer mon premier carnet. Nous mangerons ensuite des soba dans un restaurant perdu dans les montagnes enneigées. Notre destination pour la nuit est la petite ville d’Obuse réputée pour ses châtaignes.

petit voyage de printemps (6)

Outre le temple Kitamuki Kannon, Anrakuji est un des autres temples à voir à Bessho Onsen (別所温泉), notamment pour sa pagode en bois de forme octogonale. Il s’agit de la seule pagode octogonale en bois restante dans tout le Japon et elle a été désignée comme Trésor National. Le temple Anrakuji (安楽寺) a des formes très élégantes et le jardin est bien entretenu. On peut accéder à la pagode octogonale par un escalier longeant un petit étang aux eaux troubles. J’imagine qu’il s’agit d’une source chaude. La pagode se trouve au milieu du cimetière. Une petit allée grimpant la montagne nous permet d’avoir une vue d’ensemble, mais on nous dit que cette tour de bois doit se regarder depuis sa base pour bien apprécier les structures de sa toiture. Cette pagode est bien mystérieuse car elle n’a pas d’ouvertures ou de portes apparentes. Je me demande bien si on peut entrer à l’intérieur. Nous redescendons de l’escalier du cimetière sans avoir résolu ce mystère. Une heure de route environ nous attend en direction du centre ville de Nagano. Mais avant d’aller explorer le temple Zenkō-ji, nous irons dans les montagnes vers le sanctuaire Togakushi.

petit voyage de printemps (5)

Une petite route de montagne nous amène de Matsumoto vers la ville d’Ueda (上田市) à proximité de la rivière Chikuma. Notre destination est la petite station thermale de Bessho Onsen (別所温泉), se trouvant en pleine campagne au bord des montagnes dans la lointaine périphérie de la ville d’Ueda. Une petite ligne de train à un seul wagon, la Bessho Line, relie Ueda à la station de Bessho Onsen, datant de 1921 mais renouvelée en 1950. Nous avons beaucoup cherché et hésité dans le choix du lieu où nous allions passer cette première nuit de notre voyage. Nous avons d’abord pensé revenir sur nos pas vers le lac Suwa, mais ça nous éloignait ensuite de notre destination du lendemain, à savoir la ville de Nagano et le temple Zenkō-ji. En recherchant un hôtel ou ryokan, je trouve ce petit village à flanc de montagne qu’on nous annonce comme étant le Kamakura du Shinshū (l’ancien nom de la province correspondant à l’actuelle préfecture de Nagano). Bessho Onsen tient cette appellation car elle servait de quartier général au gouverneur de la province de Shinshū pendant la période de Kamakura s’étendant de 1192 à 1333. Des temples y furent construits et cette petite ville de montagne connue la prospérité. Elle fut reconnue comme un centre de culture et de religion dans la région. On se rendra compte quand même que cette appellation s’avère un peu exagéré. On trouve plusieurs sources chaudes onsen ouvertes au public, dont les trois que je montre en photos dans ce billet (celle appelée Oyu sur la première photographie, Daishiyu sur la quatrième et Ishiyu sur la septième). Les ryokan, dont celui où nous avons passé la nuit, comprennent également leur propres bains onsen, mais je n’ai pas pu m’empêcher d’en essayer un à l’extérieur (Oyu de le première photo). Nous sommes arrivés avant le coucher du soleil, ce qui nous a permis de faire le tour de la petite ville à pieds. Cette ville ressemble plus à un gros village et on a assez vite fait le tour. Il y a très peu de touristes et nous avons même l’impression d’être les seuls sur place. Le temple Kitamuki Kannon (北向観音) se trouve dans le centre du village dont il surplombe une partie. Son nom vient du fait qu’il est tourné vers le Nord en direction de Zenkō-ji. Une étroite rue commerçante le dessert. Cette petite ville a un charme désuet qui me plaît bien. Elle est tellement calme qu’on a l’impression d’être sur une autre ligne de temps et ça m’inspire. De la chambre du ryokan, on a une vue sur une petite rue la plupart du temps déserte (celle des deux dernières photos). Le matin après le réveil, ouvrir les fenêtres et les portes coulissantes shoji nous montrent les montagnes couvertes d’une fine épaisseur de neige ou de givre. M’asseoir à cette fenêtre m’a inspiré l’écriture du septième chapitre de l’histoire de Kei, Du songe à la lumière. J’ai écrit la quasi-totalité de ce chapitre dans cette chambre du ryokan, assis devant cette fenêtre, et cela reste pour moi un moment privilégié de ce voyage. Je reprends certains éléments de cette petite ville dans mon histoire mais cela reste bien entendu une fiction. Je n’avais pas écrit de nouveaux épisodes depuis un an. Je me rends même compte que je n’ai écrit qu’à peu près un chapitre par an, car j’ai démarré en Octobre 2017. Je laisse l’inspiration venir sans forcer, mais il faudrait que j’essaie de la déclencher un peu plus souvent, sinon finir cette histoire va me prendre plus de 10 ans.

petit voyage de printemps (4)

Après notre visite de l’intérieur du château, nous faisons maintenant le tour des douves tout en appréciant l’architecture du château. Les lumières du jour se reflétant sur les façades noires lui donnent parfois des couleurs argentées du plus bel effet. Les cerisiers ne sont malheureusement pas encore en fleurs en ce dernier jour du mois de Mars. Nous les manquons de peu car les bourgeons sont sur le point d’éclore. Tout en écrivant ces quelques billets sur la ville de Matsumoto, je retrouve ci-dessous quelques photos que j’avais pris à mon premier passage en Février 2000.

Nous étions partis à 7 en voiture de location depuis Tokyo en se relayant pour la conduite. Notre première étape était le château de Matsumoto puis nous avions ensuite filé jusqu’à Hida Takayama pour passer la nuit dans un ryokan. Il neigeait et je me souviens très bien du froid dans le ryokan. Notre étape suivante était le village de Shirakawa-go, superbe sous la neige, et beaucoup moins touristique qu’il l’est devenu après. J’avais scanné il y a quelques temps les photos argentiques que j’avais pris pendant ce voyage. Je réfléchis à en montrer quelques unes sur ce blog en les plaçant chronologiquement au mois de Février 2000. En attendant, je montre trois photos ci-dessus qui me font remarquer que j’avais déjà la mauvaise habitude de prendre des photos légèrement penchées. Je prends souvent involontairement des photos légèrement obliques et je les réajuste la plupart du temps avant de les montrer sur ce blog. Ça me rend même fou parfois car je pense que certaines photos que j’ai pris sont légèrement obliques alors qu’elles sont correctement nivelées. Je suis assis sur la droite d’une des photos ci-dessus. J’avais déjà pris l’habitude de faire ce signe si distinctif de la main quand on se fait photographier. J’étais bien jeune et insouciant à cette époque là.

La dernière photographie montre l’ancienne école Kaichi (旧開智学校), se trouvant à quelques centaines de mètres au Nord du château. Ce collège fut construit entre les années 1873 et 1876. C’est une des dernières écoles survivantes du début de l’ère Meiji. Elle a été transformée en musée mais n’était malheureusement pas visitable à notre passage pour cause de rénovation. Nous reprenons ensuite tranquillement la route vers les montagnes avant que la nuit tombe. Nous passerons la nuit dans la petite ville thermale de Bessho Onsen, située dans la périphérie de la ville d’Ueda.