Après notre pause déjeuner, nous revoici au pied du château pour le visiter. Je ne résiste pas à l’envie de le prendre en photo sous tous les angles tellement il est beau avec son contraste de noir et de blanc. On peut visiter la tour principale appelée Dai-Tenshu. Vue de l’extérieur, on imagine qu’elle se compose de cinq étages, mais il y en a en fait six. Le troisième étage, bas de plafond et sans ouvertures, est un étage caché servant à l’époque d’entrepôt et d’abri pendant les guerres. La tour principale Dai-Tenshu, la tour plus petite sur la droite appelée Inui Kotenshu et le passage qui les relie appelé Watariyagura ont été construits sous les ordres de Ieyasu Tokugawa vers la fin de la période guerrière de Sengoku. On y trouve donc de nombreuses ouvertures sur lesquelles pouvaient être placés des canons. La structure sur la gauche avec deux tours appelées Tatsumi Tsukeyagura et Tsukimi Yagura (tour pour regarder la lune) a été construite 40 années plus tard au début de la période Edo, en temps de paix. Cette partie du château n’a pas été construite comme une structure de défense contre l’ennemi. La combinaison de deux structures, l’une conçue en temps de guerre et l’autre en temps de paix, est une des caractéristiques uniques du château de Matsumoto. Le château a heureusement échappé aux destructions des fortifications féodales qui avaient lieu pendant la période de la Restauration Meiji, sauvé par une figure influente locale et par la population de Matsumoto.
Catégorie : Nagano
petit voyage de printemps (2)
Le sanctuaire Yohashira (四柱神社) envahi de pigeons se trouve au bout le la petite rue commerçante Nawate que je montrais sur les dernières photographies du billet précédent. Ce sanctuaire fut construit pendant la période Meiji. Son entrée donne sur la petite rivière Metoba que nous traversons pour rejoindre la rue Nakamachi (中町). Pendant la période Edo, cette rue se trouvait au centre de la ville de Matsumoto. L’ancienne route Zenkō-ji Kaido, connectant le temple Zenkō-ji et les villes de Nagoya puis Kyoto, passait à cet endroit, ce qui explique la présence de nombreux commerces. Un grand nombre de bâtiments de cette rue sont anciens et reconvertis en magasins d’artisanat, en cafés ou restaurants. Nous avons déjeuné au restaurant Chikufūdō (竹風堂) situé sur cette rue. Sa spécialité est le riz aux châtaignes qui était délicieux. Le restaurant donne sur un jardin tout en longueur que je montre sur l’avant dernière photographie. Sur la rue principale qui nous ramène ensuite vers la château, on remarque forcément un personnage de manga dessiné sur une palissade blanche temporaire. Celle-ci délimite la zone de construction du futur musée de la ville de Matsumoto qui verra le jour en 2023. Le personnage est dessiné par le mangaka Hiroshi Takahashi (高橋ヒロシ) connu par sa série Crows, adaptée en films par Takashi Miike (entre autres). Le message qui accompagne le dessin à été rédigé par le club de calligraphie d’un lycée de Matsumoto. On nous dit ici: “たまにはがんばらないことも大事だぜ” qu’on pourrait traduire par “Il est parfois important de ne pas faire de son mieux”. D’après le site du mangaka, il y avait de nombreux autres dessins et calligraphies, mais il ne restait que celle-ci à notre passage. Nous nous rapprochons maintenant du château. Il n’y a dans pas grand monde dans les rues de Matsumoto, ce qui confère à cette ville un petit air paisible qui me convenait très bien pour des petites vacances en dehors de Tokyo.
petit voyage de printemps (1)
Je commence là une série de photographies sur nos courtes vacances de printemps à la toute fin du mois de Mars et au début du mois d’Avril. Elles sont courtes car elles n’ont duré que trois jours et deux nuits. Notre objectif premier était d’aller à Matsumoto (松本) pour aller visiter le château, mais nous avons ensuite continué un peu plus loin dans la préfecture de Nagano jusqu’au grand temple Zenkō-ji (善光寺) que je voulais voir depuis très longtemps. J’avais déjà visité le château de Matsumoto il y a 22 ans lors d’une de mes premières années à Tokyo. Il faudrait que je retrouve les photos que j’avais pris à cette époque, en Février 2000 si ma mémoire est bonne. Je montrais déjà quelques photos sur mon site web Okaeri qui existait avant Made in Tokyo. Le château, on pourrait s’en douter, n’a pas beaucoup changé mais mes souvenirs ne sont de toute façon qu’assez peu précis. Il nous a fallu environ trois heures en voiture sur l’autoroute Chuo (l’autoroute que je connais le mieux), sans aucun embouteillage. L’autoroute passe à l’Ouest du lac Suwa (諏訪湖), sur les hauteurs et on peut de ce fait le voir de loin. Je cherche à ce moment là du regard le sanctuaire du film d’animation Kimi no Na Ha (君の名は。), mais je ne le trouve pas. Existe t’il vraiment? En fait, non, le sanctuaire Miyamizu de la famille de Mitsuha dans le film d’animation a été inspiré en partie par le sanctuaire Hie se trouvant à Takayama. Le château de Matsumoto est tellement superbe que je le prends en photo sous tous les angles. Il s’agit d’un château historique dont les origines remontent à l’année 1504. Les tours principales ont été construites plus tard dans les années 1593-1594. On le surnomme “le corbeau” pour sa couleur noire. Mais avant de visiter l’intérieur du château, nous allons faire un tour en ville pour aller déjeuner. Au passage, je remarque un très beau bâtiment de béton conçu par Kiyoshi Sei Takeyama (竹山聖) du groupe Amorphe. Cet immeuble aux formes déstructurées s’appelle Third Millennium Gate et a été construit en 2001. Au même croisement, nous sommes surpris de voir une installation artistique très colorée montrant une grenouille batailleuse. Elle provient de l’école des Beaux Arts de Tokyo et était exhibée pendant une des fêtes de l’école appelées Geisai (芸祭). Nous y sommes allés de nombreuses fois car c’était l’école de Mari et j’ai un très vague souvenir de cette grenouille là. Notre promenade dans les rues de Matsumoto est bien agréable, et je vais la continuer avec d’autres photos dans le prochain épisode.
Yatsugatake Ongakudō
Nous nous sommes déplacés jusqu’à Yatsugatake pour aller voir un concert du sopraniste Tomotaka Okamoto (岡本知高). Le concert se déroulait dans une salle de concert perdue en forêt dans les hauteurs du plateau de Yatsugatake à environ 1600m. Ce hall pour concert s’appelle Yatsugatake Kōgen Ongakudō (八ヶ岳高原音楽堂), conçu par l’architecte Junzō Yoshimura, disciple d’Antonin Raymond à ses débuts et contemporain de Kunio Maekawa et Junzō Sakakura avec qui il a dessiné l’International House of Japan à Roppongi. La salle ronde est petite, toute couverte de bois. La distanciation sociale faisait que seulement la moitié de la salle était occupée, ce qui donnait l’impression d’assister à un concert privé. Derrière le piano, on a une vue sur l’extérieur enneigé. La voix de Tomotaka Okamoto, accompagnée du seul pianiste Toshiaki Iida (飯田俊明) nous impressionne. Je n’écoute en général pas de morceaux d’opéra, donc j’étais en milieu inconnu. Les morceaux qu’il interprétait de sa voix à la fois puissante et délicate étaient tout de même assez connus, même pour un néophyte. Ils avaient l’air, comme nous, satisfaits d’être en ces lieux. En regardant la liste des concerts passés et futurs qui se sont ou vont se dérouler au Yatsugatake Ongakudō, je vois que H Zett M (Hiizumi Masayuki) y est passé récemment. On peut d’ailleurs voir une vidéo en extrait sur YouTube. Il jouait apparemment le soir ce qui donne une toute autre ambiance.
Yatsugatake Natura
J’ai l’impression que nous ne sommes pas sortis de Tokyo depuis une éternité. Aller passer un court séjour dans les montagnes de Yatsugatake à la frontière des préfectures de Nagano et Yamanashi nous a fait beaucoup de bien, d’autant plus qu’il n’y avait pas foule. J’aime la densité de Tokyo, mais le calme, la tranquillité et une certaine lenteur permettent de réinitialiser nos systèmes. Il faisait juste assez froid, proche des zéros degrés, pour que la neige se maintienne, mais les routes qui nous amenaient à Yatsugatake étaient heureusement dégagées. C’est aussi une des seules fois où nous avons voyagé en voiture en dehors de Tokyo sans subir de bouchons à l’allée et surtout au retour. Une certaine sérénité nous a accompagné tout le long de notre séjour jusqu’à notre retour à Tokyo.