そうだ、東北へ行こう!❹

La pagode de bois de cinq étages du Mont Haguro est classifiée comme Trésor National. On dit que sa construction remonte à l’an 938, mais la version actuelle construite par le grand prêtre Daihoji Masuaji date de 1372. Il s’agit de la plus ancienne tour du Tōhoku. Elle mesure environ 29 mètres de hauteur et est entièrement construite en bois sans utilisation de clous. Sa surface est laissée naturelle ce qui explique peut être cette impression qu’elle se fond dans la forêt tout autour d’elle. Cette structure est magnifique et on a du mal à la lâcher des yeux lorsqu’on en fait le tour. C’est un endroit très spécial et je ne pense pas avoir fait l’experience de lieux similaires. Nous repensons au sanctuaire de Togakushi dans la préfecture de Nagano que nous n’avions pas pu parcourir dans sa totalité, notamment la longue allée naturelle bordée d’arbres car elle était trop enneigée lors de notre passage l’année dernière. On doit certainement y retrouver ce type d’atmosphère et on s’est promis d’y retourner un jour. Je repense aussi à l’ambiance mystique du Mont Hiei couvert de brume lors de notre passage dans la préfecture de Shiga.

Le fait qu’il n’y avait que très peu de visiteurs à notre passage ajoutait à la tranquillité bienvenue des lieux. On s’était en fait décidé à venir voir cette pagode maintenant car elle entrera dans une phase de rénovation de deux années à partir du mois de Mai 2023. Le sanctuaire principal de Dewa Sanzan se trouve au bout du chemin de pierre du Mont Haguro mais est également accessible en voiture par une route. Il était malheureusement déjà entré en partie en phase de rénovation mais on pouvait tout de même entrer à l’intérieur du grand hall juste avant qu’un mariage y soit célébré. Notre visite du Mont Haguro se termine là. En faisant des recherches sur les montagnes sacrées de Dewa Sanzan et sur le Mont Haguro en particulier, je découvre le site internet très bien documenté de Timothy Bunting qui y est intérieurement consacré. Timothy est un yamabushi de Dewa Sanzan depuis plus de 10 ans. Il me semble bien avoir déjà lu à son sujet. Il faut maintenant penser à prendre la route du retour, idéalement avant que la nuit tombe, en direction de la préfecture voisine de Fukushima. On reprend la route sinueuse de montagne dans l’autre sens. Un peu moins de quatre heures de route nous amènerons vers les marécages au pied du Mont Bandai, au Nord de la ville de Aizu Wakamatsu. Nous n’aurons malheureusement pas assez de temps pour nous arrêter dans la ville de Yonezawa, que nous connaissons déjà pour l’avoir visité sous la neige, notamment le sanctuaire Uesugi, il y plus de quinze ans.

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Le lendemain après une bonne nuit de sommeil, nous reprenons la route vers le Nord de la préfecture de Yamagata en direction du domaine de Dewa Sanzan (出羽三山) constitué de trois montagnes sacrées nommées Haguro-san (羽黒山), Gas-san (月山) et Yudono-san (湯殿山). Elles représentent respectivement la naissance, la mort et la renaissance. Le pèlerin les visite normalement dans cet ordre mais nous nous contenterons de visiter le sanctuaire du Mont Haguro qui est le plus facile d’accès en cette saison. Les deux autres montagnes et leurs sanctuaires sont plus difficilement accessibles en raison de la neige. Dewa Sanzan est au centre d’une religion appelée Shugendo, mélangeant Bouddhisme et Shintoïsme, basée sur le culte de la montagne. Les yamabushi pratiquent cette religion Shugendo à travers de long pèlerinages et des entraînements d’endurance dans les montagnes de Dewa Sanzan.

La route de montagne que nous empruntons depuis Kaminoyama Onsen se compose de portions de voie express, celle de Yamagata, et de route nationale, la Gassan road. Cette route sinueuse grimpe sur les hauteurs du Mont Gassan et du Mont Yudono, longe le lac Asahi Gassan, traverse de nombreux tunnels et nous laisse voir de très beaux paysages enneigés. Cette route qui nous amène vers la ville de Tsuruoka, au bord de la Mer du Japon est une attraction en elle-même. On a l’impression en l’empruntant de s’enfoncer de plus en plus dans des lieux reculés voire même inaccessibles. Il nous faudra un peu moins de deux heures pour arriver au pied du Mont Haguro.

Une grand porte rouge appelée Zuishinmon ouvre le chemin de montagne composé de 2446 marches de pierre jusqu’au sanctuaire principal sur les hauteurs de la montagne Haguro. Le chemin est entouré d’immenses cèdres qui ont entre 300 et 500 ans d’âge. Le chemin est très vallonné descendant d’abord vers une rivière appelée Haraigawa qu’il faut traverser sur un pont rouge courbé nommé Shinkyo. La cascade Suganotaki placée derrière un autel nous accueille dans ces lieux qui dégagent une sorte de magie. Le soleil traversant les arbres est fort au niveau de la rivière et éblouit nos appareils photos lorsqu’on essaie de saisir le paysage. Cette manifestation certes tout à fait naturelle nous fait tout de même comprendre l’atmosphère sacrée des lieux. La rivière démarque véritablement les terres sacrés du Mont Haguro. Les pèlerins s’y purifiaient avant d’entamer leur ascension des trois montagnes de Dewa Sanzan. La neige a pratiquement disparu du chemin de pierre mais certaines portions restent encore enneigées. Après une dizaine de minutes de marche, une pagode de cinq étages se révèle progressivement à travers les arbres. On l’apercevoir d’abord derrière le plus grand cèdre de la forêt, faisant 43 mètres et étant âgé de plus de 1000 ans. On confondrait presque la pagode avec les grands cèdres qui l’entourent. Même si on s’attendait à la voir à cet endroit car c’était l’objectif premier de notre passage dans les montagnes de Dewa Sanzan, on est tout de même surpris de voir une structure pareille en plein milieu d’une forêt de cèdres en montagne. On a plutôt l’habitude de voir ce genre de pagodes dans l’enceinte d’un complexe de temples.

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Nous visitons ensuite le château de Kaminoyama. Le château original fut construit en 1535 et abritait le siège du domaine de Kaminoyama sous le contrôle du clan Tendo. Du château original, il ne reste que le mur de pierre et les douves car la version actuelle date de 1982. L’intérieur du château a été transformé en musée après sa reconstruction. Depuis les hauteurs du donjon, on peut apprécier une vue dégagée sur le Mont Zao, célèbre pour ses monstres de neige, des arbres recouvert de neige donnant l’impression de monstres. Il est malheureusement déjà un peu tard dans l’année pour les voir et nous ne ferons pas le déplacement jusqu’au Mont Zao. Il est par contre un peu tôt pour la floraison des cerisiers à Yamagata, mais certains autour du château étaient heureusement déjà très fleuris. Les châteaux et les cerisiers seront une des thématiques de notre petit voyage. Nous sommes un Dimanche mais les visiteurs sont assez peu nombreux. Cette zone n’est pas très touristique mais je pensais quand même y trouver des visiteurs étrangers de passage. Notre journée était longue mais n’était bizarrement pas épuisante malgré les cinq heures de route. Je pense que voir des cerisiers tout au long de l’autoroute pendant le trajet m’a donné un entrain qui m’a fait oublier la fatigue. On appréciera tout de même beaucoup les eaux chaudes du Onsen à l’extérieur du ryokan où nous passerons le nuit. Le lendemain après un petit déjeuner japonais, nous nous enfoncerons un peu plus encore dans les terres de la province de Dewa.

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Nos courtes vacances de printemps nous amènent cette fois-ci vers le Nord-Est de Tokyo dans la région du Tōhoku (東北地方) dans les préfectures de Yamagata et de Fukushima. Nous connaissons assez peu ces préfectures pour n’y être allés qu’une seule fois jusqu’à maintenant. Nous nous y rendons en voiture plutôt qu’en shinkansen car on veut garder la possibilité de se déplacer librement, nos plans de visite changeant souvent au dernier moment. Notre séjour de trois jours nous fera en tout parcourir 1,000kms, sans aucun embouteillage et avec la possibilité de rouler à 120km/h sur l’autoroute de Tōhoku ce qui est très appréciable. J’ai surtout aimé la conduite dans les routes sinueuses de montagnes aux paysages magnifiques partiellement enneigés à Yamagata. Il était par contre assez compliqué de prendre des photos tout en conduisant et je me suis donc abstenu. Il nous a fallu environ cinq heures pour atteindre notre première destination au delà de Yonezawa, en faisant une halte dans une aire d’autoroute faisant office de Michi no Eki, ces stations de route proposant des produits de la région et quelques restaurants de spécialités locales.

Notre premier arrêt était la station thermale de Kaminoyama Onsen, se trouvant à proximité de la ville de Yamagata et à l’entrée du Mont Zao. Elle s’est développée à partir de 1458 pendant l’ère Muromachi. Le moine voyageur Gesshu y aurait fait un arrêt et aurait décidé avec l’aide des villageois de développer cette station thermale après avoir vu une grue blessée chercher du réconfort dans les eaux chaudes du Onsen. La première photographie du billet montre cet endroit, appelé Tsuru-Hagi no Yu, à partir duquel l’activité thermale du village a commencé. Le ryokan où nous avons passé la nuit se trouve juste en face. Kaminoyama se trouvait autrefois dans la province de Dewa qui regroupait les actuelles préfectures de Yamagata et d’Akita. Il s’agissait également d’une petite ville féodale avec un château sous le shogunat Tokugawa à la période d’Edo. Kaminoyama Onsen était également une zone de passage, se trouvant sur l’ancienne route Ushū Kaido reliant Fukushima à Aomori. J’imagine que la ville était particulièrement prospère à cette époque.

À côté du château actuel reconstruit, une rue de l’ancien district des samouraïs à été préservée. On y trouve quatre grandes maisons, mais seule la résidence Miwake est visitable. J’en montre plusieurs photographies sur ce billet. Un guide nous explique l’histoire de la maison, construite avec un plafond volontairement bas pour éviter qu’on puisse y utiliser les sabres. Ces maisons étaient des zones de vie mais étaient également conçues pour faire face à des attaques ennemies éventuelles. Certaines parties de la maison ont été modifiées et ajoutées au fur et à mesure des années comme la partie avancée entourée de vitrage. C’est la partie la plus agréable de la maison et on aurait envie de s’y asseoir pendant quelques dizaines de minutes. Nous sommes au tout début du mois d’Avril et le festival Hina Matsuri devrait déjà être terminé depuis la fin du mois de Mars mais les poupées sont toujours de sortie et agrémentent plusieurs pièces de cette maison. Après cette visite, nous gagnons le château.