チャイナアドバイス

Notre dernier passage dans le quartier chinois (中華街) de Yokohama date de Février 2021. Comme la dernière fois, nous y sommes allés à l’occasion du Nouvel An chinois. Nous y allons à chaque fois une semaine après l’événement pour éviter la foule mais elle était particulièrement présente cette année par rapport à la dernière fois. La crise sanitaire se fait petit à petit oublier mais ce réajustement à la normale prend décidément beaucoup de temps au Japon. Je ne suis pas en mesure de juger pour l’instant si c’est de bonne augure ou pas. Les rues du quartier sont décorées et prennent des couleurs alors que la nuit commence à tomber tranquillement. Il y a des spectacles de rue mais les files d’attente nécessaires pour y assister nous obligent à passer notre chemin. Nous passons visiter les deux temples extrêmement décorés du quartier chinois. Une fois n’est pas pas coutume, nous rentrons même cette fois-ci à l’intérieur après avoir déposé des tiges d’encens. On ne peut pas venir à Chinatown sans avoir déjeuné ou dîné dans un des nombreux restaurants. Celui où nous entrons a l’air de rien en apparence extérieure mais est très bon et même réputé. Nous l’avions sélectionné à l’avance mais nous avons hésité quelques instants avant d’y pénétrer car son entrée se situait dans une rue très étroite qui nous a fait douter sur le moment. Et le titre de ce billet m’est directement inspiré par un morceau que j’aime beaucoup du groupe SōTaisei Riron (相対性理論) intitulé China Advice (チャイナアドバイス) sur l’album Synchroniciteen. J’aime toujours beaucoup la manière avec laquelle Etsuko Yakushimaru vient faire jouer les mots les uns avec les autres. Ce morceau a été souvent repris et je connais notamment la version sous-titrée China Advice (blackboard version) de -RöE- (ロイ) où elle chante accompagnée de pandas musiciens particulièrement habiles.

Sur le blog, j’ai continué cette dernière semaine à simplifier l’entête en ne conservant que quelques liens vers les pages statiques les plus visitées à savoir celles des archives et celle de présentation générale intitulée A propos. Les liens sociaux et les autres pages statiques ont été regroupées sous un nouvelle page nommée En savoir plus. Ce nom de page ne me convient pas tout à fait, mais je n’ai rien trouvé de mieux pour l’instant. J’aimerais à l’avenir améliorer un peu ma page d’archives mais je n’ai pour l’instant qu’ajouté une photographie d’entête (plutôt ancienne d’ailleurs). Il n’y a donc plus que trois liens visibles sur l’entête de la page principale. Je ne suis habitué à ce nouveau titre encadré en japonais et c’est même ce nouveau titrage qui m’a obligé à aller vers plus de simplicité.

passage au temple Sojiji

J’ai en ce moment un peu de mal à tenir mon rythme de publication car j’ai beaucoup plus de photos en attente que de textes écrits pour former des billets. Mon appétit pour l’écriture était relativement en berne ces derniers jours. Malgré l’envie d’écrire, la fatigue accumulée m’a éloigné de la plume.

Ces quelques photographies ont été prises le mois dernier près de Kawasaki dans le grand temple bouddhiste de Sojiji. Ce n’est pas un endroit particulièrement touristique mais il vaut le détour pour la grandeur de ses temples. L’enceinte de Sojiji est vaste, comptabilisant en tout 500,000 m2. Un cimetière occupe une partie de l’enceinte, derrière le vaste parc dans lequel sont disposés plusieurs halls. On y trouve aussi une école avec université, lycée, collège et maternelle. Il devait y avoir une journée portes-ouvertes car les jeunes étudiants accompagnés de leurs parents étaient nombreux à attendre sagement devant l’entrée. Les origines du temple Sojiji remontent à l’an 1321, il y a donc environ 700 ans. Le temple fondé par Keizan Zenji se trouvait initialement sur la péninsule de Noto dans la préfecture d’Ichikawa. En 1898, un incendie entraîna le déménagement du temple. Il s’installa à Tsurumi près de Kawasaki en 1911. On y pratique et enseigne le Sōtō Zen, qui est la plus importante des écoles zen du Japon avec plus de 14,000 temples. Sojiji, qui veut dire temple dans lequel sont préservés les enseignement de Bouddha, en est le temple principal au Japon.

Uniqlo Park par Sou Fujimoto

Le Uniqlo Park (ユニクロパーク) se trouve dans l’arrondissement de Kanazawa à Yokohama, en bordure du grand espace commercial Mitsui Outlet Park Yokohama Bayside. Ce magasin regroupant en fait les marques Uniqlo et GU aurait pu être d’une conception et d’une apparence tout à fait classique mais l’architecte Sou Fujimoto (藤本壮介) proposa de le transformer en parc pour enfants. Je pense qu’il doit partir du principe qu’il faut bien occuper les enfants pendant que les parents font leurs achats vestimentaires. Le bâtiment entièrement de couleur blanche voit son plafond découpé à l’oblique. On peut y accéder par un grand espace ouvert donnant sur un port de plaisance. Ce toit de building construit à l’oblique se compose de plusieurs étages plateformes séparés par des escaliers, des toboggans et divers parois obliques destinées à être grimpées. Tout en haut du building, on trouve des jeux de cordes permettant aux enfants de grimper encore un peu plus haut. Les entrées à l’intérieur du magasin à chaque niveau se composent de blocs aux vitrages verdâtres. Ils sont très élégants tout comme l’ensemble de cet immeuble – espace de jeux. J’aurais bien essayé tous ces toboggans et cordages d’alpiniste amateur mais je n’étais malheureusement pas en tenue adaptée. C’est bien dommage car ça aurait été l’occasion sur ce blog de faire un article du type « J’ai testé pour vous » pour « valider » (ou pas) cet espace de jeux architectural. Ça sera certainement pour une prochaine fois. L’espace dégagé qui se crée sur ce plan à l’oblique est très agréable car la vue est également dégagée, donnant sur un brin de mer de la baie Negishi où sont amarrés quelques yachts qui n’ont pas l’air de souvent sortir en mer.

près d’un quart de lune

Nous sommes ici à Yokohama dans le quartier de Minato Mirai, au plus près de la baie. Pour être plus précis, nous sommes sur une zone gagnée sur la mer nommée Shinko (新港). On trouve sur cette portion les anciens bâtiments en briques rouges Yokohama Red Brick Warehouse, mais nous étions venus jusque là pour aller jeter un œil rapide au nouveau centre commercial Yokohama Hammer Head (横浜ハンマーヘッド). Ce nom vient de la grande grue de manutention de fabrication anglaise datant de 1914. Elle a été laissée intacte à son emplacement et on la voit sur la deuxième photographie. Elle était utilisée sur cet ancien quai pour la manutention de fret pour les grands navires accostés au port. Elle pouvait transporter jusqu’à 50 tonnes d’acier et d’objets lourds. Nous n’étions pas venus dans ce quartier de Minato Mirai depuis plusieurs années et le décor urbain a changé par endroits. Un téléphérique a par exemple été installé pour desservir deux zones de Minato Mirai, mais nous ne l’avons pas emprunté, préférant marcher dans ces rues en fin d’après-midi pendant une journée de fin Décembre.

dans le musée de Tarō Okamoto

Le numéro Taro & Aimyon (岡本太郎とあいみょん) du magazine Casa Brutus posé en permanence sur la table basse du salon me rappelle à chaque fois que je le vois qu’il faut que je découvre un peu plus les œuvres de Tarō Okamoto (岡本 太郎). Ce n’est pas chose aisée car elles sont éparpillées dans tout le Japon, mais je les découvre au moins en photo en parcourant régulièrement les pages du magazine. Le Tarō Okamoto Museum of Art n’est par contre pas très loin de Tokyo, car il se trouve dans le gigantesque parc de Ikuta Ryokuchi dans la banlieue de Kawasaki (Kawasaki est sa ville de naissance). Le musée montre beaucoup de peintures et de sculptures de Tarō Okamoto, ainsi qu’une exposition temporaire montrant des séries de photographies qu’il a pris au Japon. Le musée est beaucoup plus vaste que le Memorial Museum à Aoyama, que j’ai été voir seul récemment. Nous sommes allés en famille au musée de Kawasaki et je n’ai pas eu beaucoup de mal à convaincre tout le monde d’y aller. Les premières photographies du billet montrent l’imposante sculpture Tower of Mother (母の塔 – Haha no Tō) située à l’entrée du musée. On peut également prendre des photos à l’intérieur assez vaste du musée mais la luminosité me pousse à utiliser seulement l’iPhone.

Image extraite du documentaire sur Tarō Okamoto réalisé par Jean Rouch en 1973 et intitulé Hommage à Marcel Mauss.

Une partie du musée nous montre l’étendue des domaines artistiques dans lequel Tarō Okamoto intervenait. Une vidéo y est diffusée en français avec sous-titrés en japonais sur un petit écran. Je n’avais pas réalisé que Tarō Okamoto parlait français. Il parlait en fait un français presque parfait avec un léger accent. Il a en fait passé plusieurs années à Paris de 1929 jusqu’au début de la seconde Guerre Mondiale pour étudier l’ethnologie au Musée de l’Homme. Ce document vidéo réalisé par Jean Rouch en 1973 est un film de 17 minutes tourné en 16mm et il est également disponible en libre accès sur le site d’archives vidéo du CNRS. Le documentaire prend pour titre Hommage à Marcel Mauss, car il s’agissait du maître de Tarō Okamoto lorsqu’il étudiait l’ethnologie. Mais le vidéo aborde avant tout l’approche artistique de Tarō Okamoto, touchant à tout et ne se limitant pas dans ses domaines d’intervention. Il se déroule dans sa maison et atelier d’Aoyama qui est désormais le Tarō Okamoto Memorial Museum. Pendant cette interview, Tarō Okamoto nous présente et explique certaines oeuvres. On fait un tour de son jardin rempli à raz bord de sculptures ou plutôt de maquettes de sculptures exposées en grand format dans différents lieux, même apparemment à Paris au Bois de Vincennes. Il donne quelques explications sur la Tour du Soleil (太陽の塔 – Taiyō no Tō) de l’Expo de 70 à Osaka, qu’il nous dit être hors de l’esthétique occidentale et japonaise, car il voulait créer un art résolument nouveau qui n’a jamais été fait ailleurs. Il nous parle aussi de ses chaises qui refusent qu’on s’y assoit et de la Temple Bell-Rejoicing (歓喜の鐘), une cloche de bronze qu’il a réalisé en 1965 et qui se trouve dans le temple Kyūkokuji (久国寺) à Nagoya. Il nous explique la création de cette cloche aux 34 cornes qui évoque un mandala s’ouvrant sur l’univers. Sa forme correspond également très bien à une des citations connues de l’artiste: « L’art, c’est l’explosion » (芸術は爆発だ – Geijutsu ha bakuhatsu da). Selon ses dires, elle sonnerait mieux que n’importe quelle autre cloche de temple. Les visions de Tarō Okamoto peuvent être un peu extrêmes, notamment quand il nous parle de l’artiste comme un être solitaire qui ne doit vivre que pour créer. On entrevoit bien dans ce document vidéo le génie malicieux de l’artiste et son excentricité, ne serait ce que dans son regard.

On a passé un bon moment dans ce musée, qui me conforte dans mon appréciation de ces formes et ses couleurs. J’adorerais avoir à la maison une de ses chaises-tabouret de couleur vive sur lequel on ne peut pas s’asseoir. Elle ne sont bien pas à vendre, et je n’ose même pas imaginer qu’elle pourrait être le prix. On pense tout de même un peu de temps dans la boutique du musée. J’y trouve une tasse de café avec une impression de la tour du Soleil et du Black Sun. Elle accompagnera à partir de maintenant mon écriture sur ce blog les matins de week-end.