the streets #6

Je continue tranquillement ma série the streets, redémarrée récemment par les épisodes #4 et #5. La plupart des photographies de ce sixième épisode ont été prises avec mon objectif 40mm pendant une même journée légèrement pluvieuse dans la rue Cat Street, avant l’ouverture de la plupart des magasins. Cette rue quasiment piétonne est coupée en deux par la grande avenue d’Omotesando qui voyait ce jour là un défilé de policières percussionnistes. À part ce défilé, je montre peu de personnes dans les rues, à part celles qui décident soudainement de se dévoiler au détour d’un immeuble et celles de moi-même quand j’autorise mon image à se refléter contre les baies vitrées (ici avec mon magnifiquement simple t-shirt de Daoko acheté lors du concert de Shibuya).

Le premier étage de la Lurf Gallery à Daikanyama est à la fois utilisé comme café et comme espace d’exposition. J’y jette régulièrement un coup d’œil pour voir si on y montre des choses intéressantes. On y exposait cette fois-ci une série de 13 illustrations de l’artiste Masanori Ushiki intitulée « Easy Telepathy II ». Je découvre cet artiste, que je ne connaissais pas. Je suis attiré par les motifs parfois étranges mélangés aux couleurs fortes des personnages qu’il dessine, qui les rendent tout à fait unique.

Cö Shu Nie vient de sortir son nouvel album intitulé 7 Deadly Guilt le 4 Septembre 2024. Je connaissais déjà deux titres sorti en avance, Artificial Vampire et Burn The Fire, dont J’avais déjà parlé dans des billets précédents. Je continue mon écoute de ce nouvel album en choisissant les morceaux qui m’intéressent le plus. J’y découvre ceux intitulés Where I Belong et I want it all. On y retrouve toute l’instabilité mélodique caractéristique de Cö Shu Nie, notamment dans le chant fantastique de Miku Nakamura (中村未来) quand il ne s’accorde pas sur des compositions classiques. Elle a une vision tout à fait unique de l’harmonie et ces deux morceaux en sont de bons exemples. La composition rock qui accompagne Miku est comme d’habitude pleine d’inattendu et souvent proche du match rock. Le compositrice et chanteuse o.j.o est pour sûr à suivre de très près. J’avais parlé et été épaté par son premier single Bah! sorti il y a quelques mois. Elle sort son deuxième single intitulé PEOPLE DEMON qui est excellent. Il faut rappeler que la jeune tokyoïte o.j.o est vraiment très jeune car elle est collégienne et n’a que 13 ans (?!). C’est tout à fait étonnant vu la qualité de ses compositions musicales, qui n’ont rien de classique comme sur son précédent single. Elle a suivi des cours de piano et de danse dès le plus jeune âge, et sa manière non-conventionnelle de danser est également un des points intéressants de la vidéo accompagnant le morceau. On peut lui prédire que des bonnes choses à l’avenir, vu qu’elle vient déjà d’être repérée par la chaîne YouTube The First Take que lui a donné l’opportunité de chanter 60 secondes de ses deux morceaux Bah! et PEOPLE DEMON. On se demande quand même pourquoi The First Take ne diffuse pas l’intégralité de sa performance.

La sortie d’un nouveau single de Tricot est une bonne nouvelle. Si je ne me trompe pas, le groupe n’avait rien sorti de nouveau depuis leur album Fudeki (不出来) datant de Décembre 2022. Avec Tricot, on sait toujours à peu près à quoi s’attendre et je ne suis en général jamais déçu. Le nouveau single Call (おとずれ) est sorti le 5 Octobre 2024 et je me suis tout de suite précipité pour l’écouter. Les premiers accords de guitare de Motifour Kida (キダ モティフォ) et la voix d’Ikkyu Nakajima (中嶋イッキュウ) nous ramènent tout de suite vers l’ambiance rock de Tricot que j’aime tant. Retrouver les accords très précisément agencés de Kida et la puissance de la batterie de Yosuke Yoshida (吉田雄介) quand il se lance franchement au milieu du morceau est un vrai plaisir. Je trouve que le chant d’Ikkyu arrive toujours à garder cette fraicheur des premiers albums, dont on ne se lasse pas. Je ne sais pas si la bassiste Hiromi (ヒロミ・ヒロヒロ) a participé à ce nouveau single, car elle est censée être en congé maternité. Tricot continue pourtant a tourner avec un bassiste d’appoint. Un point intéressant est que Hitsuji Bungaku (羊文学) est depuis quelques mois sans batteur car Hiroa Fukuda (フクダヒロア) est en repos prolongé, mais le groupe continuant à tourner assez intensément dans divers festivals et pour leur tournée 2024, un batteur de support rejoint régulièrement le groupe. Pour l’émission télévisée CDTV de la chaîne TBS le lundi 30 Septembre 2024, Hitsuji Bungaku a fait appel à Yosuke Yoshida pour être batteur d’appoint. Sachant que Yoshida jouait sur la tournée récente de Daoko, je me dis qu’il contribue à créer des liens entre les formations musicales que j’aime et que j’ai vu en live. Je me dis aussi que Hitsuji Bungaku a fait un petit bout de chemin depuis que je les ai vu la dernière fois. Leur tournée 2024 soft soul, prickly eyes en treize dates dans tout le Japon terminait par deux concerts au Tokyo Garden Theater qui a une capacité de 8000 personnes. En comparaison, la tournée 2023 if i were an angel à laquelle j’ai assisté se terminait par deux dates au Zepp Haneda qui ne fait que 3000 places. Si les nouvelles sorties côté Tricot restent assez éparses, ce n’est pas le cas pour Ikkyu Nakajima qui sort déjà son deuxième EP en solo. Après DEAD sorti en Mai 2024, voici LOVE qui vient juste de sortir le 25 Septembre 2024. Kentarō Nakao (中尾憲太郎), le bassiste de NUMBER GIRL, produit et joue de la basse sur les deux morceaux que je préfère du EP: EFFECT et By my side. Kentarō Nakao avait déjà produit des morceaux de Tricot et même participé à l’émission spéciale de 24h non-stop du groupe, donc sa présence auprès d’Ikkyu ne m’étonne pas beaucoup. Je suis par contre moins familier du musicien Cwondo (近藤大彗) de No Buses qui contribue aux deux morceaux LOVE et Ana (あな). La guitariste de Tricot, Motifour Kida, joue sur le dernier morceau Minority (未成年) accompagnée d’Emi Nishino (西野恵未) au piano. Sur ce morceau, les sons du piano et de la guitare se mélangent avec un équilibre bancal par moment assez bizarre. Le EP contient de nombreuses petites irrégularités harmoniques de ce genre et les incursions électroniques sont également fréquentes. C’est un EP réussi, même si je le trouve inégal, qui part vers d’autres horizons, plus intimes certainement, que ce qu’on peut entendre chez Tricot.

椎名さんのお耳に届くなら一層頑張りたい

Dans une interview sur le site web musical Mikiki de Tower Records au sujet de son nouvel EP LOVE, Ikkyu nous fait part du fait que sa collaboration avec Sheena Ringo sur le morceau Chirinuru wo (ちりぬるを) de son dernier album Hōjōya (放生会) avait en quelque sorte eu une influence sur son nouvel EP. Sheena Ringo lui avait dit qu’elle avait écouté et apprécié son EP précédent DEAD. Ikkyu a donc créé son nouvel EP en imaginant que Ringo l’écouterait peut-être et elle nous dit que ça l’a en quelque sorte poussé à s’appliquer. Je retranscris ci-dessous la partie de l’interview provenant du site Mikiki évoquant ce point en particulier. Cela me donne l’occasion d’utiliser l’open AI ChatGpt pour voir comment l’outil a évolué au niveau de la traduction de textes. Je pense qu’il se débrouille plutôt bien même s’il faut toujours lire le résultat avec attention (par exemple, ChatGpt traduit « 放生会 » en « Hōjōkai » plutôt que le correct « Hōjōya »).


Cette transcription sur ChatGpt m’a poussé à utiliser un peu plus l’outil en lui posant des questions très précises. J’ai pris le thème de cette collaboration passée entre Sheena Ringo et Ikkyu Nakajima pour l’interroger un peu plus. Connaissant déjà les réponses, cela m’a permis de vérifier où l’outil en est en terme d’auto-apprentissage sur des sujets très spécifiques, mais largement couverts sur internet. Il s’avère que l’outil a une base de données plus actuelle qu’auparavant mais fait de très nombreuses erreurs, en les annonçant parfois avec un aplomb qui nous forcerait presqu’à le croire. Je montre ci-dessous des captures d’écrans de ChatGpt pour illustrer le niveau de justesse de l’outil, et il reste pour moi très peu fiable et je dirais même à éviter.






L’avantage de l’intelligence artificielle serait pour moi de répondre à des sujets spécifiques qui ne sont pas immédiatement disponibles sur un site internet. Je vois qu’on en est encore loin. Je me contenterais peut-être de l’outil pour des traductions, qui me semblent à priori meilleures que sur Google Traduction.

the mountain and the sea

Les quelques scènes prises au bord de l’océan près de Numazu dans la préfecture de Shizuoka datent déjà de plusieurs mois. Le ciel est couvert mais on aperçoit tout de même le Mont Fuji au loin depuis le Mont Kanuki (香貫山). La plage bordée par une forêt de mille pins (千本松原) est toujours synonyme pour moi de vents forts. Le temps était pourtant calme et reposant aujourd’hui. Il y a quelques pêcheurs au bord de l’océan qui ne semble pas être destinée à la baignade car personne ne s’y aventure. La plage n’est pas nettoyée, couverte de toutes sortes d’objets rejetés par la mer qu’ils soient naturels ou non. J’envie les cyclistes qui roulent sur le terre-plein bordant la plage dont on ne voit pas la limite. On doit pouvoir se vider de tout lorsqu’on parcourt cette longue ligne droite accompagnant l’océan. Tout paraît infime devant cette immensité. Le midi, nous voulions déjeuner dans un des restaurants de la chaîne Sawayaka (炭焼きレストランさわやか) spécialisée dans les Hamburgers et présente seulement dans la préfecture de Shizuoka. Nous savions que cette chaîne de restaurants était très populaire mais on ne s’attendait pas aux 300 minutes d’attente que nous annonçait le ticket de réservation à l’entrée. On a même pris la peine de confirmer qu’il ne s’agissait pas d’une erreur, 30 minutes peut-être, mais non, l’attente est bien de 5 heures. Nous viendrons donc y dîner plutôt que déjeuner. Le principe semble être que l’on prend son ticket pour revenir ensuite plus tard. Le repas était certes très bon mais ne justifie en rien cinq heures d’attente.

L’email du fan club Ringohan du Lundi 27 Mai 2024 a été une vraie surprise. Sheena Ringo aime les dates anniversaire et elle a choisi les 26 ans de la sortie de son premier single Kōfukuron (幸福論) pour annoncer un nouvel album et une tournée nationale cette année. On pouvait s’attendre à la sortie d’un nouvel album solo, car Tokyo Jihen est malheureusement au point mort depuis quelques temps, mais pas aussi tôt, la sortie étant prévue deux jours plus tard le 29 Mai 2024. Ce type d’annonce soudaine est plutôt inhabituelle mais pour être très honnête, j’avais cette date en tête depuis plus d’un mois car une rumeur avait annoncé la sortie d’un nouvel album ce jour là suite à une mauvaise manipulation d’un site de vente en ligne l’ayant annoncé avant l’heure. Ce nouvel album s’intitule Hōjōya (放生会), faisant référence directe à un festival organisé chaque année du 12 au 18 Septembre dans un sanctuaire nommé Hakozaki à Hakata dans la ville de Fukuoka, d’où Sheena Ringo est originaire. On dit que le morceau plus ancien Omatsuri Sawagi (御祭騒ぎ) de Tokyo Jihen sur l’album Kyōiku (教育) faisait aussi référence à ce festival. Outre l’album, l’autre bonne nouvelle est l’annonce d’une tournée nationale de type Ringo Expo, c’est à dire dans des grandes salles de type Arena, du 5 Octobre au 15 Décembre 2024, avec des dates à Aomori, Niigata, Osaka (2), Shizuoka, Saitama Super Arena (3), Fukui et un final à Fukuoka. La tournée prendra le nom de Ringo Expo’ 24 – Keiki no kaifuku – ((生)林檎博’24-景気の回復-). J’avais un peu hésité à renouveler ma souscription au fan club Ringohan vu le peu de sortie et de nouveautés ces derniers mois, mais je vois que j’ai bien fait de mettre à jour ma souscription.

Après l’annonce de l’album Hōjōya le Lundi 27 Mai, je suis parti l’acheter le jour d’avant la sortie officielle, le Mardi 28 Mai au Tower Records de Shibuya. L’autre surprise de cet album est qu’il contient beaucoup de duo avec certaines artistes que j’apprécie depuis plus ou moins longtemps. Sur un total de 13 morceaux, 7 sont des duos avec Ikkyu Nakajima (中嶋イッキュウ) de Tricot, la rappeuse mainstream AI, Nocchi (のっち) échappée de Perfume, Utada Hikaru (宇多田ヒカル), Suzuka d’Atarashii Gakko! (新しい学校のリーダーズ), DAOKO et Momo (もも) de Charan Po Rantan (チャラン・ポ・ランタン). A part le morceau avec Utada Hikaru que l’on connaît déjà, ce sont tous des morceaux inédits qui sont d’ailleurs très clairement les plus intéressants de l’album. Par rapport à Sandokushi (三毒史) où les duos étaient tous avec des interprètes masculins, ils sont ici uniquement avec des voix féminines. Sur Sandokushi, les duos étaient alloués aux numéros pairs des morceaux, contrairement à ce nouvel album où les duos sont les titres impairs, comme si ces deux albums venait se compléter. Autres détails tout à fait Ringoesques, les deux albums font 13 morceaux contenant un nombre fixe de 5 caractères (Kanji, Hiragana ou Alphabet) et possèdent tous les deux une inscription en écriture Sanskrit sur la couverture. Les voix sur Sandokushi étaient de chanteurs plus âgés que Ringo, tandis que les chanteuses sur Hōjōya sont plus jeunes qu’elle, comme s’il s’agissait sur ce nouvel album d’une sorte de passage de relais. Outre les duos, les autres morceaux sont pour la grande majorité déjà sortis en single mais apparaîssent sur ce nouvel album dans des versions complètement réorchestrées, souvent pour le meilleur. Comme je le disais plus haut, les duos sont très clairement les morceaux les plus intéressants de l’album et ceux que j’aime réécouter. Depuis le Mardi 28 Mai à minuit, on peut d’ailleurs voir les vidéos de six de ces morceaux en duo. Ces vidéos sont toutes réalisées par Yuichi Kodama dans un décor unique de grand cabaret. C’est d’ailleurs l’ambiance générale de l’album. Une des grandes surprises est d’entendre Nocchi de Perfume chanter sans aucun effet vocoder. De Perfume, j’ai toujours eu une préférence pour la personnalité de Nocchi par rapport aux deux autres membres du groupe, mais je n’ai jamais vraiment écouté ni apprécié la musique de Perfume. Cela a pris apparemment 20 ans à Ringo pour convaincre Nocchi de chanter en solo sur un morceau avec elle. 1RKO (初KO勝ち) est un des meilleurs morceaux de cet album. La vidéo avec gants et match de boxe est particulièrement réussie. Je suis également très agréablement surpris par l’intensité du morceau A procession of the living (生者の行進) avec la rappeuse AI. On ne peut pas dire que j’aime la musique de AI, mais sa voix est puissante et percutante sur ce morceau, de quoi venir défier Ringo qui ne s’efface pourtant pas. On éprouve une jubilation certaine à écouter ce morceau dans une ambiance jazz assurée entre autres par Shun Ishiwaka (石若駿) et Keisuke Torigoe (鳥越 啓介). Ses deux musiciens déjà présents sur la tournée de 2023 jouent sur tous les morceaux. On également le plaisir d’attendre Ichiyō Izawa (伊澤 一葉) de Tokyo Jihen intervenir sur certains morceaux. Je ne cache pas mon plaisir d’entendre Ikkyu Nakajima chanter avec Ringo sur le morceau d’ouverture de l’album Offering sake (ちりぬるを). Ce n’est pas le morceau le plus marquant de l’album à la première écoute mais il est vraiment très beau. La encore, la vidéo est très intéressante pour le mimétisme d’Ikkyu ressemblant volontairement à Ringo. Le petit détail amusant de la vidéo est de montrer côte à côte sur un panneau du grand cabaret les chiffre 193 (pour I・kyu・san) et 417 (pour Shi ・i ・na). Je ne cache pas non plus mon plaisir d’écouter le morceau A grand triumphant return (余裕の凱旋) avec DAOKO. J’avoue que j’aurais préféré la voix rap de Daoko comme sur le remix de Ishiki (意識), mais c’est sa voix kawaii qu’elle utilise sur ce morceau. J’étais de ce fait assez circonspect à la première écoute du morceau en regardant la vidéo sur YouTube, mais il s’avère être un des morceaux que je préfère de l’album. Ringo utilise une voix assez similaire à DAOKO et on a même un peu de mal à les distinguer l’une de l’autre. DAOKO a certaines expressions de voix que j’adore. C’est amusant car j’avais tout récemment parlé de cette similarité entre DAOKO et Ringo dans leur capacité à changer complètement le ton de leurs voix, sans savoir qu’un duo avait déjà été enregistré. Tout comme pour Ikkyu, je pense que j’avais déjà imaginé depuis longtemps un duo de DAOKO avec Ringo. Dans la vidéo du morceau, l’inscription Y-Y World fait référence au thème d’ouverture de la série animée Dr Slump d’Akira Toriyama. Les esprits attentifs ont remarqué que Daiki Tsuneta affiche une image de la petite Arale de Dr Slump sur son entête Twitter. J’imagine que cette correspondance est volontaire et indiquerait peut-être de futurs projets communs. Ce n’est que pure supposition. Toujours est-il que les nouvelles vidéos de Sheena Ringo sont pleine de correspondances avec d’autres vidéos ou émissions passées. On ne peut pas tout citer, mais je reconnais par exemple la robe de la vidéo du morceau avec AI car elle l’avait déjà porté lors de l’émission radio School of Lock avec Ichiyō Izawa. On retrouve aussi les sacs NASA et les gants de boxe déjà vus auparavant. Dans les très bons moments de l’album, on trouve également ce duo presque inattendu avec Suzuka d’Atarashii Gakko! (新しい学校のリーダーズ). Encore une fois, c’est amusant car je parlais du groupe dans un billet récent. Seule Suzuka chante sur ce morceau intitulé FRDP (ドラ 1 独走) mais le reste du groupe est présent et danse autour sur la vidéo. Suzuka s’en sort vraiment très bien car elle a une voix puissante, roulant même légèrement les « r » par moment. Je me souviens très bien d’une scène du dernier Kōhaku où Ringo regardait d’un air amusé mais un peu détaché le groupe chanter et danser sur la scène des studios de la NHK. Ça a peut-être été le déclencheur de ce duo. Le dernier morceau de l’album est un duo de Momo (もも) du groupe Charan Po Rantan (チャラン・ポ・ランタン) intitulé cheers beers (ほぼ水の泡). Ce morceau éloge de la boisson alcoolisée est le plus festif et démesuré de l’album, mais cette atmosphère est communicative. Sur la vidéo, on voit d’ailleurs que Ringo apprécie clairement le duo car elle est tout sourire par moments. Le single The moon and the sun (浪漫と算盤) avec Utada Hikaru est au centre de l’album, comme pour montrer la relation privilégiée entre les deux artistes qui ont déjà chanté plusieurs fois ensemble sur leurs albums respectifs. C’est d’ailleurs le duo Nijikan Dake no Vacances (二時間だけのバカンス) sur l’album Fantôme de 2016 qui m’a fait revenir vers la musique d’Utada Hikaru. La version TYO de The moon and the sun sur le nouvel album est différente de celle originale (la version LDN) présente sur la compilation Newton no Ringo (ニュートンの林檎) sortie en 2019. J’ai une préférence pour cette version basée sur la guitare, qui a tout à fait sa place en position centrale de l’album.

Les autres morceaux sont en comparaison moins intéressants car on les connaît déjà, même si l’orchestration est très différente. Le single Watashi ha Neko no Me (私は猫の目) accueille une orchestration particulièrement dense, qui rend la version originale assez fade mais qui tourne malheureusement à l’excès. C’est une critique que je peux faire régulièrement sur certains morceaux de Sheena Ringo qui tendent vers une certaine forme de maximalisme musical. Quelques cuivres en moins auraient rendu le morceau beaucoup plus équilibré et moins fatiguant. On trouve également As a human (人間として) sorti récemment, qui est un morceau assez beau mais qui peine à m’intéresser. On retrouve l’excès instrumental sur le morceau Open Secret (公然の秘密) déjà sorti sur l’album de compilation Newton no Ringo (ニュートンの林檎). On voudrait lui dire de lâcher un peu les rênes pour alléger le morceau. Ecouté indépendamment, le morceau est tout à fait appréciable, mais je trouve qu’il vient alourdir l’album. Le morceau closed truth (茫然も自失), chanté en espagnol argentin, est en comparaison beaucoup plus apaisé mais peine également à accrocher mon oreille. Et pourtant, la manière atypique de chanter de Ringo est vraiment intéressante, ce qui me fait dire que ce morceau devrait se révéler après plusieurs autres écoutes. La réorchestration du morceau Bye Purity (さらば純情) déjà présent en face B du single Watashi ha Neko no Me est par contre une excellente surprise, tout comme toogood (いとをかし) vers la fin de l’album. J’ai toujours trouvé ce morceau insignifiant mais il prend ici une toute autre forme, moins minimaliste et plus engageante. Il reste un petit moment apaisant avant le final de Ringo et Momo. Je trouve au final l’album assez irrégulier avec d’excellents duos, et d’autres morceaux que je n’écouterais à priori pas très souvent. On peut saluer la grande unité stylistique de l’album, par rapport à Sandokushi qui était beaucoup plus hasardeux, mais l’ensemble est très dense parfois dans des styles un peu similaire à Hi Izuru Tokoro (Sunny). Le premier morceau avec Ikkyu se nomme par exemple Chirinuruwo (ちりぬるを) qui est tiré du poème Iroha (いろは) de Kūkai (空海) tout comme le titre du morceau Irohanihoheto (いろはにほへと) de l’album Hi Izuru Tokoro. La flûte de paon de Chirinuruwo nous rappelle tout de suite certains morceaux de Hi Izuru Tokoro. Cela donne à l’album Hōjōya une atmosphère familière qui n’est en contre partie pas vraiment novatrice. On a souvent le sentiment d’avoir déjà écouté un morceau similaire de Sheena Ringo, mais il faut avouer que la qualité des compositions est bien là. La plupart de ces morceaux n’ont rien de standard. Leur complexité et sophistication nous saisissent à la première écoute. Tout comme sur Sandokushi, les transitions sont impeccables, au centième de millimètres. Je pense que j’apprécie beaucoup toogood pour la manière dont il démarre soudainement juste à la fin du morceau avec DAOKO. Je ne pense pas que ce nouvel album fera changer d’avis ceux qui ont arrêté en cours de route l’écoute des albums de Sheena Ringo, mais il y a suffisamment de pépites pour ne pas laisser indifférent.

Bien que j’ai acheté l’album à Shibuya, je n’ai pu m’empêcher d’aller faire un petit tour rapide au Tower Records de Shinjuku car on pouvait y trouver une installation pour l’album. Un peu plus loin dans les couloirs de la gare de Shinjuku, je savais que plusieurs affiches la montrait pour une publicité pour le whisky AO de la marque Suntory. Sur la vidéo de cette publicité, Ringo chante le morceau en espagnol 茫然も自失 (closed truth) en portant un verre de whisky à la main dans l’ambiance sombre d’un cabaret. Et tout d’un coup, avoir des images accompagnant ce morceau lui donne plus de consistance.

Pour revenir à l’album, il reste encore beaucoup de “mystères” à résoudre. Dans les vidéos des six morceaux avec invitées, le cabaret prend le nom étrange de Turritopsis. Wikipedia m’apprend qu’il s’agit d’une espèce de méduse ayant la ‘particularité d’avoir une capacité d’immortalité biologique, en revenant de façon cyclique, du stade de méduse au stade de polype, par inversion de processus de vieillissement’. J’imagine qu’elle a choisi ce nom en référence au fait qu’elle a choisi des invitées pour les duos qui sont plus jeunes qu’elle et avec qui elle a une certaine correspondance, indiquant d’une certaine manière ce processus de relais aux générations plus jeunes. Dans les titres de ses concerts, je trouve aussi qu’il a régulièrement une référence à la prise d’âge sur laquelle on ne doit pas se résigner. Le sous-titre de Ringo Expo’14 est par exemple 年女の逆襲 qui donne une idée de contre-attaque et celui de Ringo Expo’18 不惑の余裕 donne une idée qu’il reste encore beaucoup de marge, sous-entendu de temps pour faire les choses. Un autre “mystère” est la présence de 7 chats sur la couverture du nouvel album. On reconnait bien sûr Sheena Ringo au centre en chat noir avec une guitare et la coiffe de son dernier concert. On reconnait aussi les quatre chats en haut à droite représentant les quatre filles d’Atarashii Gakko! avec notamment le chat à lunettes pour Suzuka. C’est par contre beaucoup plus difficile de reconnaitre les six autres chats. Où sont Nocchi, Ikkyu, AI, Momo, DAOKO et Hikaru?

Pour référence ultérieure, ci-dessous est la liste des morceaux de l’album Hōjōya (放生会) de Sheena Ringo (椎名林檎):

01. ちりぬるを (offering sake) feat. Ikkyu Nakajima (中嶋イッキュウ) de Tricot et Genie High (ジェニーハイ)
02. 私は猫の目 album ver. (I’m free, Watashi ha Neko no Me)
03. 生者の行進 (a procession of the living) feat. AI
04. 人間として (as a human)
05. 初KO勝ち (1RKO) feat. Nocchi (のっち) de Perfume
06. 公然の秘密 album ver. (open secret)
07. 浪漫と算盤 TYO album ver. (the moon and the sun) feat. Utada Hikaru (宇多田ヒカル)
08. 茫然も自失 (closed truth)
09. ドラ 1 独走 (FRDP) feat. Atarashii Gakko! (新しい学校のリーダーズ)
10. さらば純情 album ver. (bye purity) 
11. 余裕の凱旋 (a triumphant return) feat. DAOKO
12. いとをかし album ver. (toogood) 
13. ほぼ水の泡 (cheers beer) feat. Momo (もも) de Charan Po Rantan (チャラン・ポ・ランタン)

Right Brain / Left Brain

Une fois n’est pas coutume, la salle de concert où je vais ce soir n’est pas située à Shibuya mais dans le quartier de Negishi près d’Ueno. Il s’agit d’une salle nommée Tokyo Kinema Club (東京キネマ倶楽部). La station la plus proche est celle d’Uguisudani sur la ligne Yamanote mais je préfère descendre à la station précédente, celle d’Ueno, pour profiter d’une petite promenade dans le calme du parc avant les effluves de guitares qui vont assaillir mes oreilles. Le concert que je vais voir ce soir, le Vendredi 10 Mai 2024, est celui du groupe rock Tricot mené par Ikkyu Nakajima (中嶋イッキュウ) au chant et à la guitare, avec Motifour Kida (キダ モティフォ) à la guitare et aux chœurs, Hiromi Hirohiro (ヒロミ・ヒロヒロ) à la basse et aux chœurs et Yusuke Yoshida (吉田雄介) à la batterie. Le nom donné à ce concert est Unō Sanō (右脳左脳), Right Brain Left Brain, qui est également le titre d’un des morceaux du groupe sur l’album Makkuro (真っ黒), un de leurs meilleurs albums bien que les albums de Tricot soient difficiles à départager. C’est en fait la troisième fois que je vais voir Tricot en concert. Il faut dire que le groupe se produit assez souvent, même lorsqu’il n’y a aucune sortie d’album ou de single prévue, ce qui était le cas cette fois-ci. Les deux fois précédentes, la première à Toyosu et la deuxième au Liquidroom d’Ebisu, étaient des concerts liés directement à la sortie d’un nouvel album de groupe. J’ai presque inconsciemment pris le rythme de voir sur scène Tricot une fois par an, ce qui me convient très bien tant j’aime la musique du groupe et leur énergie contagieuse lors des concerts. J’ai par contre eu un peu de mal à avoir une place cette fois-ci, n’étant pas membre du fan club. J’en n’ai pas pu avoir de place à la première loterie mais j’ai heureusement été plus chanceux à la deuxième loterie. Ma place était par conséquent plutôt en fond de salle, mais la configuration de celle-ci en largeur et le fait qu’on n’était pas serré comme des sardines malgré que le concert affichait complet, me donnait tout de même une bonne vue sur la scène. Il y a toujours un peu de stratégie à avoir au moment d’entrer en salle, car il faut trouver une position avec devant soi des têtes plus basses que la sienne et un emplacement plutôt vers la droite pour se trouver du côté d’Ikkyu. Une des raisons de la difficulté relative d’avoir des billets était la présence d’une première partie. La mini-tournée Unō Sanō se déroule en fait en deux dates, une ce soir à Tokyo avec le groupe PEDRO en première partie, et une autre date à Osaka avec les rappeuses de Chelmico. J’aime assez le hip-hop cool de Chelmico, mais je ne suis pas mécontent de voir PEDRO à Tokyo et c’est en fait l’annonce de cette première partie qui m’a donné envie de voir les deux groupes PEDRO + Tricot en concert. Vu le nombre important de personnes portant un t-shirt de PEDRO dans le public, on peut comprendre assez rapidement pourquoi les places sont vite parties. Je pense que le rock de Tricot et celui de PEDRO sont un bon match, donc le public a dû s’y retrouver. C’était mon cas. J’ai déjà parlé plusieurs fois du groupe PEDRO sur ce blog. Il s’agit d’un groupe japonais, malgré ce que le nom pourrait laisser penser, composé d’Ayuni D (アユニ・D) au chant et à la basse, d’Hisako Tabuchi (田渕ひさ子) à la guitare et de Yumao (ゆーまお) à la batterie. PEDRO est officiellement le projet solo d’Ayuni qui évoluait dans le groupe d’idoles alternatives BiSH jusqu’à leur dissolution en 2023. Je parle aussi très souvent de la guitariste Hisako Tabuchi sur ce blog. Elle était bien sûr guitariste du groupe Number Girl (ナンバーガール) mené par Shutoku Mukai (向井秀徳), mais faisait également partie d’autres groupes comme bloodthirsty butchers (ブラッドサースティ・ブッチャーズ). Elle joue encore maintenant dans le groupe Toddle (トドル) que je ne connais que de nom. Hisako Tabuchi a aussi joué occasionnellement avec Sheena Ringo, que ça soit au tout début de sa carrière sur Σ en 2000 ou beaucoup plus récemment sur le single Watashi ha Neko no Me (私は猫の目) de 2023. Elle a également joué dans des groupes éphémères de Sheena Ringo, notamment Hatsuiku Status (発育ステータス) pour la tournée Gokiritsu Japon (御起立ジャポン) en Juin et Juillet 2000, et le groupe Elopers qui accompagnait Sheena Ringo et Atsushi Sakurai (櫻井敦司) de Buck-Tick sur le morceau Kakeochisha (駆け落ち者) de l’album Sandokushi (三毒史) sorti en 2019. Mentionner ici le concert Gokiritsu Japon me ramène quelques années en arrière alors que je m’étais donné comme mission d’écrire un rapport sur ce blog de tous les concerts de Sheena Ringo et de Tokyo Jihen. Cette mission est achevée et on reconnaîtra peut-être un jour la qualité de ce travail! Tout ceci pour dire que c’est avec une certaine émotion que je vois et écoute Hisako sur scène ce soir, d’autant plus que son jeu de guitare est irréprochable. J’étais également impatient de voir sur scène Ayuni D, de son vrai nom Ayuko Itō (伊藤亜佑子), car je la suis dans le groupe BiSH depuis ses débuts (elle est arrivée en cours de route en 2016) et sur son projet PEDRO depuis le premier album. Je n’ai certes pas suivi très assidûment tous les albums de PEDRO, au mieux quelques singles de chaque album, et je m’attendais donc à faire des découvertes. La composition du groupe est intéressante car Ayuni est encore jeune à 24, tandis qu’Hisako a le double de son âge (48 ans) et est une vétérante reconnue de la scène rock japonaise. C’était d’ailleurs amusant de voir la guitariste Motifour Kida de Tricot, qui pourrait très bien elle-même devenir une grande figure dans le petit monde des guitaristes japonais, vouer une admiration pour Hisako Tabuchi. Motifour portait même pendant le concert de Tricot, le T-shirt de PEDRO qu’Hisako portait également pendant leur prestation sur scène. Une photo sur Twitter immortalise cette rencontre de guitaristes de haut vol. Bref, tout ceci m’enthousiasme énormément. Un autre petit détail amusant est que le batteur de Tricot, Yusuke Yoshida, est apparemment fan de BiSH et d’Ayuni D comme le révèle Ikkyu lors d’un passage de MC du concert. Ikkyu mentionne également qu’elle ne s’attendait pas à une réponse positive lorsque son groupe a proposé à PEDRO de faire leur première partie à Tokyo. Ikkyu mentionne également avoir été agréablement surprise de recevoir un petit message (en DM sur un réseau social non nommé) d’Ayuni le jour d’avant le concert pour souhaiter que tout se passe bien. La formation d’idole, même alternative, doit certainement former à ce genre de choses entre les personnes. Ikkyu n’avait apparemment pas l’habitude de recevoir ce genre de petit message plein de bonnes intentions, car le monde du rock est forcément impitoyable. Elle a en tout cas beaucoup apprécié car c’est devenu un sujet récurrent des passages MC du concert.

Le concert se déroule au Tokyo Kinema Club, qui est un endroit assez particulier. Il s’agissait initialement d’un grand cabaret construit il y a plus de 40 ans. C’est un endroit où les clients pouvaient discuter avec des hôtesses tout en buvant de l’alcool et payant au final une addition rondelette. Après avoir fermé ses portes, la salle du cabaret est restée non utilisée pendant plusieurs années pour ensuite devenir une salle de spectacle. Elle a conservé son décor de style Showa, avec réception luxueuse d’une autre époque, et son velours sur les meubles. La salle se trouve au cinquième étage du bâtiment et est surmontée de balcons circulaires qui n’étaient pas accessibles. Il était interdit de prendre des photos à l’intérieur mais je me suis, comme d’autres, quand même permis d’en prendre une de la scène. Pour l’appel des numéros de billets avant l’entrée méthodique dans la salle, on nous avait fait attendre dans une pièce au rez-de-chaussée ressemblant à un garage en construction. Les fils électriques dépassaient des murs de béton et le sol carrelé était en grande partie défoncé. Bref, cet endroit fait pleinement partie de l’expérience particulière du concert. L’acoustique dans la salle était heureusement très bonne. La première partie du concert commence sans délai à 19h. Je suis surpris de la ponctualité. PEDRO entre sur scène sous la musique du morceau Kaeru (還る) de leur album récent Omomuku mama ni, i no muku mama ni (赴くままに、胃の向くままに). Une grande majorité des morceaux interprétés ce soir proviennent de cet album et je ne reconnais que deux morceaux dans le set: Shunkashūtō (春夏秋冬) dont j’avais déjà parlé dans un précédent billet et Roman (浪漫) d’un album du même nom sorti en 2020. J’aime beaucoup l’énergie que dégage le groupe sur scène. Les riffs de guitares d’Hisako sont impeccables et accrocheurs. Ayuni se laisse emporter par le flot musical et on la voit souvent pencher la tête en arrière comme si elle se noyait dans sa musique. Je le mentionnais régulièrement lorsque j’évoquais la musique de PEDRO et même de BiSH, la voix particulière d’Ayuni, assez aiguë et imparfaite par moment, peut surprendre, mais c’est cette particularité qui fait un des intérêts et charme de ce groupe surtout quand cette voix se mélange à des mouvements de guitare parfaitement exécutés. Je trouve le public très présent lors de la représentation de PEDRO. Il y a très certainement des fans acharnés. C’est à mon avis un signe que les restes de la crise sanitaire ont complètement disparus. La plupart des morceaux du set me plaisent dès la première écoute live, ce qui me décidera donc à écouter un peu plus tard ce dernier album en entier. Le riff de guitare sur le morceau Kiyoku, Tadashiku (清く、正しく) est par exemple un véritable bonheur en live. La voix d’Ayuni sur Omomuku mama ni (赴くままに) est superbe d’intensité. Le morceau Senshin (洗心) qui se trouve au centre du set de 11 morceaux est peut-être le morceau que je préfère, car je trouve les paroles assez touchantes. Ayuni est toujours très humble dans son approche de la musique, indiquant vouloir faire de son mieux mais admettant qu’elle doit toujours s’améliorer. C’est d’ailleurs assez amusant de la voir sur scène, un peu maladroite hors des morceaux mais complètement imprégnée dès que la musique démarre. Il n’y a qu’un seul passage de MC adressé au public et Ayuni est la seule à parler. Elle sent le besoin de se présenter et d’indiquer qu’elle chantait auparavant dans le groupe BiSH, ce que tout le monde dans la salle doit déjà savoir. C’est dommage qu’Hisako Tabuchi ne prenne pas la parole, mais ceci s’explique sans doute du fait que PEDRO est avant tout un projet solo d’Ayuni D. Ça peut paraître étrange vue la carrière extensive d’Hisako, mais on ressent aucun déséquilibre dans la formation qui a tout de même déjà sorti cinq albums et deux EPs. Je n’imaginais pas à l’écoute du premier album THUMB SUCKER (サム・サッカー) de 2019 que ce projet durerait aussi longtemps et arriverait à trouver aussi bien ses marques. Avec BiSH, Ayuni D a quand même passé de nombreuses fois à la télévision, incluant Kōhaku sur NHK (la 72ème édition), ce qui me fait penser qu’elle doit être la personnalité présente à ce concert la plus connue du grand public. Vers la fin du set, PEDRO revient vers des morceaux de l’album précédent Gojitsu Aratamete Ukagaimashita (後日改めて伺いました), à savoir Mahō (魔法) et Sutte , Haite (吸って、吐いて). Je ne connaissais même pas l’existence de cet album, il faudra le découvrir. Le set de PEDRO est assez long mais passe très vite. Une pause d’une vingtaine de minutes permet de changer les instruments pour le set suivant de Tricot.

Ce temps de préparation semble assez long car le public avait été réchauffé par la prestation de PEDRO et la tension tombe un peu. La chaleur est par contre bien présente et une personne aura même un malaise au début du set de Tricot. Le groupe joue 13 morceaux incluant un rappel. Il n’y a malheureusement aucun nouveau morceau, mais une sélection provenant des albums existants avec une plus grande proportion venant de l’album Makkuro (真っ黒). Par rapport à PEDRO, je suis en terrain connu avec Tricot car j’ai tous les albums et déjà entendus certains morceaux plusieurs fois en live. C’est par exemple le cas du morceau Himitsu (秘密) de l’album Makkuro, qui est un grand classique des concerts de Tricot et un des morceaux les plus remarquables du groupe. La playlist du concert a cette fois-ci été entièrement pensée par la bassiste Hiromi. C’est un privilège qui lui est donné cette fois-ci, car elle va bientôt faire une pause en attente d’un heureux événement. Elle l’avait en fait déjà annoncé sur les réseaux sociaux quelques jours auparavant et il n’y avait pas de grande surprise dans le public. Ça a été l’occasion de la féliciter en direct. Pendant tout le set, je n’ai pu m’empêcher d’être un peu perturbé par la question de savoir si c’est bien bon pour son futur bébé d’entendre des sons aussi forts, car les sets des deux groupes sont particulièrement riches en guitares et les batteurs nous font ressentir leurs percussions jusqu’à notre colonne vertébrale. Ikkyu pose finalement la question à Hiromi qui n’a pas l’air de trop s’inquiéter car elle part en pause assez tôt. Son dernier concert sera celui d’Osaka pour cette tournée. Tricot ne s’arrêtera pas pour autant, et Hiromi indiquait devant les questions insistantes d’Ikkyu qu’elle reviendra après son congé maternité. Ikkyu nous fait ensuite part de son idée saugrenue d’engager Ayuni D comme bassiste pour Tricot pendant la période d’absence d’Hiromi. Les membres de Tricot semblent tout à fait satisfait de ce remplacement à l’amiable, et déclarent que c’est un marché conclu, sans en avoir parlé au préalable avec l’intéressée. Ce petit passage fait bien rire le public, car Ikkyu imagine déjà tout haut le mécontentement possible d’Ayuni face à cette décision prise à son insu. Tout ceci n’est bien sûr qu’une plaisanterie. Les échanges de musiciens dans le petit monde du rock sont relativement fréquents et je viens d’apprendre juste après le concert que Yusuke Yoshida de Tricot sera derrière la batterie du prochain concert de DAOKO au mois de Juin 2024. Ça sera normalement le prochain concert que j’irais voir et ça sera amusant de voir Yoshida kun accompagné DAOKO plutôt qu’Ikkyu. J’imagine que cette « infidélité » était d’un commun accord entre les deux, qui sont à priori des bonnes amies si on en croit les réseaux sociaux. Le set commence par le morceau Noradrenaline de l’album A N D, qui se trouve être le premier morceau du premier album de Tricot que j’ai écouté. De l’album Makkuro, Tricot interprète forcément le morceau Unō Sanō (右脳左脳), car c’est le titre du concert. J’aime beaucoup ce morceau notamment pour l’ambiance de sa vidéo que se déroule en partie sur une passerelle pour piétons à Ebisu que je connais très bien pour l’avoir souvent prise en photo. L’ambiance est fidèle aux précédents concerts du groupe auxquels j’ai pu assister. Je trouve qu’elles se sont un peu plus amusées dans les introductions et certains morceaux étaient l’occasion de partir vers des étendues bruitistes, qui sont restées tout de même assez bien maîtrisées. La guitariste Motifour Kida aime toujours se déplacer au moins une fois du côté d’Ikkyu pour essayer de l’embêter et lui piquer la vedette. Mais la véritable vedette de ce concert est Hiromi, qui parle même pendant un des passages de MC. Ikkyu s’étonne de cette intervention et nous fait part du fait que c’est chose rare qu’Hiromi s’adresse au public. C’est peut-être même la première fois. C’est vrai que je n’ai pas le souvenir de l’avoir entendu parler en concert. Tout comme Yusuke Yoshida, elle est relativement discrète, surtout par rapport à Ikkyu et Kida qui mènent souvent la discussion. Le groupe couvre étonnamment assez peu de morceaux des derniers albums car un seul est tiré du dernier Fudeki (不出来), le morceau titre justement, et aucun de l’album d’avant Jōdeki (上出来). J’étais surpris de ne pas voir Ochansensu-Su (おちゃんせんすぅす) de l’album THE dans la setlist car c’est aussi un grand classique qui permet au groupe de s’amuser en le triturant à l’excès. L’excellent WARP de l’album 10 faisait par contre partie du concert, tout comme Naka (なか) de l’album Makkuro. Ces morceaux ont la particularité d’avoir des passages rappés par Ikkyu, ce qui me fait d’ailleurs penser que la combinaison avec Chelmico pour la date d’Osaka n’est pas du tout incongrue. Il y a parfois cet esprit hip-hop dans les morceaux de Tricot, ce qui sort clairement le groupe de son étiquette de groupe de math rock. Je sentais Tricot jouer sans pression, même si on ne voit jamais aucune pression transparaître d’Ikkyu qui a l’air toujours très cool en toute occasion. C’est peut-être une impression que j’ai en raison de sa manière de parler un peu nonchalante. Je ne serais pas loin de croire qu’elle est originaire de Nagano, mais en fait non, elle est originaire de la préfecture de Shiga. Comme pour PEDRO, le public est très engagé et il me semble un peu plus vocal que d’habitude. Ça fait plaisir de ressentir cette ambiance. Je pense que Tricot aime d’ailleurs partager l’affiche de cette manière. Ça sera également le cas pour leur prochain concert au Liquidroom qui aura lieu en Septembre 2024, à priori sans Hiromi.

Pour le morceau de rappel, Hiromi donne au public un choix de trois morceaux qu’on choisira grâce au volume sonore des applaudissements. Plusieurs crient bien sûr qu’ils veulent écouter les trois morceaux à la suite. Ce sera finalement le morceau Melon Soda (メロンソーダ) de l’album 3 qui conclura le set de Tricot. Une petite photo de famille sera ensuite prise avec Tricot et Ayuni D de PEDRO. Au final, le concert s’achève vers 9:30, ce qui fait un peu plus de deux heures de live, en comptant l’entracte, pour un total de 24 morceaux joués. Pour un peu plus de 5000 Yens la place, c’est quand même assez avantageux. Tous les concerts auxquels j’assiste sont dans ces prix à part celui de Sheena Ringo qui était au double. Les lumières se rallument après les remerciements et on nous demande gentiment de ne pas prendre de photos de la scène, ce qui est plutôt étonnant. J’ai toujours un peu de mal à vouloir sortir. Une fois dehors, les oreilles sonnent. Plus de deux heures de guitares et de batterie virulentes laissent un petit souvenir qu’on gardera en tête pendant plusieurs heures. Je ne commence pas l’écriture de ce billet dans la foulée, mais je me surprends moi-même d’avoir autant le courage d’écrire sur les concerts que je vais voir. C’est en quelque sorte mon message de remerciements aux groupes.

A part les photos du début du billet, les autres sont glanées sur les compte Twitter de PEDRO et de Tricot. Ci-dessous les setlists de deux groupes pour référence ultérieures:

Unō Sanō (右脳左脳) – 10 Mai 2024 – PEDRO Setlist:

1. (intro) Kaeru (還る) de l’album Omomuku mama ni, i no muku mama ni (赴くままに、胃の向くままに)
2. Shunkashūtō (春夏秋冬) de l’album Omomuku mama ni, i no muku mama ni (赴くままに、胃の向くままに)
3. Green Heights (グリーンハイツ) de l’album Omomuku mama ni, i no muku mama ni (赴くままに、胃の向くままに)
4. Music (音楽) de l’album Omomuku mama ni, i no muku mama ni (赴くままに、胃の向くままに)
5. Roman (浪漫) de l’album Roman (浪漫)
6. Senshin (洗心) de l’album Omomuku mama ni, i no muku mama ni (赴くままに、胃の向くままに)
7. Omomuku mama ni (赴くままに) de l’album Omomuku mama ni, i no muku mama ni (赴くままに、胃の向くままに)
8. Kiyoku, Tadashiku (清く、正しく) de l’album Omomuku mama ni, i no muku mama ni (赴くままに、胃の向くままに)
9. Mahō (魔法) de l’album Gojitsu Aratamete Ukagaimashita (後日改めて伺いました)
10. Sutte , Haite (吸って、吐いて) de l’album Gojitsu Aratamete Ukagaimashita (後日改めて伺いました)
11. Yosei (余生) de l’album Omomuku mama ni, i no muku mama ni (赴くままに、胃の向くままに)

Unō Sanō (右脳左脳) – 10 Mai 2024 – Tricot Setlist:

1. Noradrenaline de l’album A N D
2. Omotenashi (おもてなし) de l’album T H E
3. Himitsu (秘密) de l’album Makkuro (真っ黒)
4. Anamein (アナメイン) du mini-album Bakuretsu Toriko-san (爆裂トリコさん)
5. Echo (エコー) de l’album 3
6. WARP de l’album 10
7. E de l’album A N D
8. Unō Sanō (右脳左脳) de l’album Makkuro (真っ黒)
9. Naka (なか) de l’album Makkuro (真っ黒)
10. Boom ni Notte (ブームに乗って) de l’album Makkuro (真っ黒)
11. Shokutaku (食卓) de l’album A N D
12. Fudeki (不出来) de l’album Fudeki (不出来)
13. (Rappels) Melon Soda (メロンソーダ) de l’album 3

sous les lumières d’un matin d’hiver

En continuant ma marche depuis Waseda, je découvre des belles choses d’un point de vue architectural. L’étrange pavillon situé avant le yuzu dans les photographies ci-dessus est rattaché au temple bouddhiste Tōchōji (東長寺) de la branche Soto Zen. L’histoire du temple remonte à l’année 1594 lorsqu’il a ouvert ses portes, mais le bâtiment actuel est beaucoup plus récent, datant de 1989. J’aurais dû aller voir le bâtiment principal du temple car il a reçu le prix Good Design Award en 2018. Je me suis en fait concentré sur le pavillon, appelé Tōchōji Bunyukaku (東長寺文由閣), car il a des formes vraiment particulières. Il est constitué de deux blocs dont le principal a pour base un polygone coiffé d’une plaque carrée. Le deuxième bloc est légèrement oblique et torsadé avec un escalier extérieur tournant autour. Des passerelles extérieures relient les deux blocs à plusieurs étages. Le rez-de-chaussée du bloc principal et le dernier étage sont composés de grandes baies vitrées. Je ne suis pas rentré à l’intérieur, car il était tôt le matin, mais je ne suis pas sûr qu’on puisse y entrer librement. Ce pavillon, conçu par Tetsuo Kobori Architects (小堀哲夫建築設計事務所), serait le premier bâtiment de temple à recevoir une certification Bâtiment Basse Consommation (PHI Low Energy Building certification). J’approche ensuite doucement du grand stadium olympique. Juste à côté, on peut apprécier les couleurs de la résidence Brillia ist Sendagaya, conçue en 2015 par IOA Takeda Architects Associates. Je ne connaissais pas IOA mais je vois qu’ils conçoivent beaucoup de résidences et des buildings de bureaux relativement classiques. Certains bâtiments comme celui-ci aux balcons colorés sortent du lot. Des mêmes architectes, j’avais d’ailleurs déjà remarqué la résidence Park Homes Nakameguro pour ses formes obliques de béton et de métal noir. Cette résidence a également reçu le prix Good Design Award en 2020. En explorant le site web de l’architecte, je suis surpris de voir à l’intérieur de cette résidence une installation de l’artiste Shinji Ohmaki (大巻伸嗣), dont j’avais vu une de ses installations récemment au musée NACT de Nogizaka. Une photographie du grand stadium olympique vient terminer cette petite série. Les lumières matinales viennent embellir l’immense structure ovale de Kengo Kuma, qui est déjà remarquable de tous points de vue.

Je connaissais le nom et quelques morceaux de Chanmina (ちゃんみな) depuis quelques temps, mais je n’avais pas vraiment accroché jusqu’à ce nouveau single intitulé Biscuit. J’adore l’intensité du morceau, les passages rappées et le final où elle pousse sa voix. Le morceau a d’entrée de jeu un rythme extrêmement accrocheur, qui ne peut laisser indifférent. Chanmina est japano-coréenne, et elle chante ce morceau en coréen et en anglais. Il s’agit apparemment de son troisième morceau chanté en coréen. La vidéo a été tournée en plein centre de Shibuya au scramble crossing. Il faut noter qu’il s’agit d’une prise de vue réelle à Shibuya. De nombreuses vidéos ces derniers temps sont plutôt prises dans la version répliquée du croisement reconstituée dans la préfecture de Tochigi au Ashikaga Scramble City Studio, construit en 2019 par la compagnie Nouvelle Vague Co. Ce n’est pas le cas ici et la vidéo a été filmée récemment car je reconnais les publicités et le Tsutaya y est déjà fermé pour rénovation. La prise de vue a dû se faire tôt le matin car Chanmina est relativement connue et sa présence est quand même facilement remarquable, même si les cheveux bleus ne sont pas inhabituels à Shibuya.

L’exposition Damage (堕冥慈) de l’artiste Wataboku se déroulait au Shibuya PARCO Art Museum jusqu’au 25 Décembre 2023. Il s’agit de la troisième exposition que je vais voir de l’artiste qui met toujours en scène son personnage fétiche nommé SAI inspiré par la même modèle Aopi. Je suis à chaque fois impressionné par les expressions du visage de SAI, et elles me donnent toujours envie de les voir lors des expositions de Wataboku. Cette exposition solo au musée de PARCO avait une envergure plus importante que celles que j’avais vu précédemment, ce qui témoigne d’une reconnaissance méritée. Ce qui est nouveau sur la série présentée cette fois-ci, c’est que les illustrations de Wataboku dépassent du cadre comme par exemple ces poissons et pommes rouges illustrés au premier plan. Certains tableaux étaient augmentés de parties lumineuses faisant apparaître le squelette de SAI derrière l’illustration classique de son corps et de son visage. Cette représentation hospitalière est un des thèmes de la série au musée PARCO, faisant apparemment écho à un séjour hospitalier de son auteur. La salle d’exposition mettait en scène ce thème avec une chaise roulante avec perfusion et des béquilles placées à différents endroits. Un espace au centre d’une des pièces était fermé par un fin rideau blanc. On pouvait voir à l’intérieur quelques croquis et photos de préparation des illustrations finales.

En parlant un peu plus haut de Chanmina, je repense au single Kyashana Lip (華奢なリップ) de Genie High (ジェニーハイ) sur lequel elle chantait en invitée avec Ikkyu Nakajima (中嶋イッキュウ). Je redécouvre maintenant ce morceau avec une nouvelle oreille. On me l’avait fait découvrir il y a quelques temps mais j’avais à l’époque préféré un autre single de Genie High, Fuben na Kawaige (不便な可愛げ) sur lequel AiNA The End accompagnait Ikkyu au chant. En parlant d’Ikkyu, nous n’avons malheureusement pas de nouvel album de Tricot à se mettre entre les oreilles cet hiver. Tricot nous avait habitué ces dernières années à sortir un nouvel album à la fin de l’année, mais ça n’est malheureusement pas le cas cette année. Tricot tourne, notamment en Angleterre récemment, donc elles et il sont loin d’être inactifs. Il y a quelques semaines, j’étais surpris de voir une tête familière dans un des espaces d’exposition du Tsutaya de Daikanyama. Je parle de Wicket, le chien d’Ikkyu Nakajima, qui est une sorte de symbole du groupe car il apparaissait sur la pochette d’un des derniers albums de Tricot. En plus d’apparaitre sur des vêtements, il y aussi une peluche violette à son effigie se faisant appeler Nuef. Je vois au Tsutaya une bande dessinée intitulée Gluten Comics (グルテンCOMICS) avec Nuef et deux autres personnages. Je ne sais en fait pas s’il s’agit d’une véritable bande dessinée complète ou seulement de sa couverture. Gluten (グルテン) est en tout cas un projet artistique de trois artistes: FUSE (illustrateur originaire de Saitama), Matthew mallow (également illustrateur mais originaire de la préfecture d’Aichi) et Ikkyu Nakajima. Outre le chien Wicket, l’espace d’exposition vendait d’autres articles de la collection SUSU d’Ikkyu dont les t-shirts à manches longues Dead, mais pas ceux avec le message Love Me Tricot (お布施Tシャツ) qui n’est de toute façon pas des plus faciles à porter. Et faute de nouvel album de Tricot, je me remets à écouter les anciens en démarrant par Jōdeki (上出来) puis en poursuivant avec A N D.

La collaboration de Hitsuji Bungaku (羊文学) avec le Department Store Seibu de Shibuya se terminait le 25 Décembre. J’y suis allé plusieurs fois et c’est agréable, même surprenant, d’entendre des morceaux du groupe en marchant dans les couloirs. Dans les derniers jours, deux affiches signées par le groupe étaient mises en exposition à l’intérieur de la passerelle au cinquième étage reliant les annexes A et B. C’était pour sûr une année importante pour le groupe et je suis bien content d’avoir pu allé les voir cette année. L’année 2023 a été pour moi assez riche en concerts, car je suis allé en voir cinq: celui de Sheena Ringo au Tokyo International Forum bien sûr, le concert final de For Tracy Hyde au Shibuya WWWX, celui de Tricot au Liquid Room d’Ebisu, Hitsuji Bungaku au Zepp Haneda et le premier live solo d’a子 au WWW de Shibuya. Aller voir un concert tous les deux ou trois mois est un rythme qui me convient en espérant le conserver l’année prochaine, qui démarrera par AAAMYYY en Mars. En parlant d’a子, il a beaucoup de nouveautés ces derniers jours car elle vient de signer sur une major (Pony Canyon), sortira son premier album l’année prochaine accompagné par deux dates de concerts, dont une à Tokyo au Liquid Room qui est une assez grande salle d’une capacité de 1000 personnes. La salle WWW où j’avais été la voir avec son groupe cette année n’avait une capacité que de 500 personnes.

running モンスター

L’édition 2023 du marathon de Tokyo avait lieu le dimanche 5 Mars. Je suis allé faire le curieux parmi les spectateurs, à défaut de courir avec les milliers de personnes participant à cette longue course d’endurance. Le public était bien présent sur le parcours le long des barricades. L’année dernière, j’avais pris quelques photos près du parc Shiba dans les environs de la Tour de Tokyo. Cette fois-ci, je me suis déplacé à Monzen Nakachō (門前仲町) où le parcours du marathon fait une boucle. Le public m’intéresse tout autant que les coureurs car nombreux sont ceux venus déguisés. Il y a des chasseurs de monstres sortis de Kimetsu no Yaiba (鬼滅の刃) dans la foule, mais également un étrange panda coureur dans la compétition. Il devrait à priori avoir un air sympathique, mais ce panda ne m’inspire pas confiance. Je ne cours pas cette journée, mais je marche pendant longtemps jusqu’à Ginza en traversant au passage la rivière Sumida.

J’écoute beaucoup de nouvelles musiques en ce moment et je crains ne pas avoir le courage et le temps de parler de tous les albums et singles que je découvre et qui me plaisent beaucoup. Comme mes goûts musicaux ont tendance à doucement s’élargir et que la production musicale japonaise est pleine de pépites, passées ou récentes, que je n’ai pas encore découvert, je pense que le sujet musical sera encore présent pendant longtemps sur ce blog. Je n’ai jamais cherché à découvrir en intégralité les albums de Genie High (ジェニーハイ), car je ne sais pour quelle raison mais je n’aime pas trop Enon Kawatani (川谷絵音) et la composition improbable de ce groupe avec deux comédiens. Je suis par contre attentivement le compte Instagram d’Ikkyu Nakajima (中嶋イッキュウ) et elle nous y rappelle régulièrement qu’elle chante dans ce groupe. La collaboration que je remarque avec la compositrice et interprète au visage cachée Yama m’a tout de suite interpellé. En fait, depuis le morceau Fubenna Kawaige (不便な可愛げ) de Genie High avec AiNA The End, je me suis dit que j’écouterais au moins les morceaux avec des collaborations d’artistes que j’apprécie. Sur ce nouveau morceau Monster (モンスター), j’aime beaucoup la voix de Yama et l’association avec la voix d’Ikkyu fonctionne vraiment très bien. Le morceau n’est pas particulièrement original mais est très bien construit et a une dynamique imparable, jusqu’au petit final au piano pour l’outro. On ne peut nier les qualités de compositeur d’Enon Kawatani. Ce morceau pop me semble très bien adaptée pour ma playlist autoroutière.

Le morceau que j’écoute également beaucoup ces derniers jours a un rythme très différent et beaucoup plus apaisé. Il s’agit d’une collaboration du compositeur et pianiste Tetsuya Hirahata (平畑徹也) avec Miyuna (みゆな) sur un morceau intitulé Shades of Night (よるのとばり) sur son album AMNJK sorti le 22 Mars 2023. L’approche assez académique dès les premières notes de piano et le chant quasiment à capella de Miyuna me plaisent vraiment beaucoup. Miyuna ne me déçoit jamais. L’ambiance de ce morceau est pourtant très différente de ce qu’elle crée sur ses propres albums. Je dirais même que cette musique a des vertus réparatrices après des journées difficiles. On a envie de se poser dans le calme à ne penser à rien en écoutant sa voix et ce piano.

Je joue vraiment sur les contrastes dans cette petite playlist car le nouveau morceau Made in Me (メイドインあたし) de KAF (花譜) en collaboration avec Tokyo GeGeGei (東京ゲゲゲイ) est beaucoup plus agressif pour les oreilles, parce que la virtual singer KAF peut aller assez loin dans les aiguës. La construction est particulièrement décousue avec un refrain soudainement hyper dynamique, une coupure abrupte à la fin et des incursions rappées de Tokyo GeGeGei. Tokyo GeGeGei est un collectif d’artistes créé par Mikey, qui semble d’ailleurs être actuellement le seul membre. Les esprits attentifs se souviendront peut-être que Mikey avait participé en tant que danseur avec Aya Satō à la vidéo du morceau Kōzen no Himitsu (公然の秘密) de Sheena Ringo. La composition de ce nouveau morceau de KAF est particulièrement originale et j’aime toujours beaucoup les variations du chant de KAF. Il faut bien entendu apprécier sa voix assez haut perchée, mais sa particularité est vraiment intéressante. Son troisième album Kyōsō (狂想) est également sorti récemment, le 7 Mars. Le morceau Turn into the Sea (海に化ける) en particulier me plaît beaucoup et semble contenir dans les paroles un clin d’oeil au morceau Eat the Past (過去を喰らう) de son album précédent.

Pour terminer, partons vers la Corée du Sud. Le nouveau morceau électro de la coréenne Yaeji intitulé For Granted m’a tout de suite accroché lorsque je l’ai entendu pour la première fois un soir de week-end en voiture de retour de Yokohama au niveau du parc Yamashita (c’est très précis). Ce morceau est présent sur son premier album With a Hammer qui sortira bientôt, le 7 Avril 2023. J’avais perdu de vue Yaeji depuis 2017 lorsque j’avais découvert ses deux premiers EPs intitulés tout simplement EP et EP2. Je ne sais pas pourquoi je n’avais pas parlé sur ce blog de Yaeji et de ces deux EPs à l’époque, car son morceau raingurl sur EP2 est contagieux et difficile à oublier (un banger comme on dit). On dirait que Yaeji a un sens inné pour trouver des manières de chanter et des sons qui deviennent indispensables dès la première écoute.