En flottant dans les airs, on se libère des rues et des chemins tout tracés. On utilise les voies d’eau comme nouvel espace de circulation. On évolue à d’autres niveaux. On prend de la hauteur et on change de perspective. On voit tout de loin. On repère les choses inhabituelles. Le regard est affûté et guette tous les dangers et toutes les opportunités. On peut se laisser porter et divaguer en contemplant simplement le monde qui nous entoure, sans le toucher mais en l’effleurant juste. Et en se laissant guider par un brin de voix flottant dans les airs, nous entraînant dans des lieux inattendus. This could be anywhere in the city but this is nowhere else.
Images extraites des vidéos de deux morceaux de Shōjoskip 少女スキップ intitulés Glory of the snow et Faba Beans Thought To Be Abstract en version live.
Ça n’arrête pas, je fais encore une très belle découverte musicale avec l’album Cosodorokitsune du groupe rock indépendant japonais Shōjoskip 少女スキップ. C’est l’unique album du groupe sorti en 2012, après une série de deux EPs. A vrai dire, je ne sais que peu de choses sur ce groupe originaire de Tokyo que j’ai découvert une fois de plus dans mes recommandations YouTube (qui ont l’air d’assez bien fonctionner apparemment). Le groupe alterne les longs morceaux post-rock comme le premier morceau Reciting Dawn After The Bonfire ou le troisième morceau Kamome, et des morceaux beaucoup plus pop-rock comme l’excellent Glory of the snow, ou Calmly plus loin sur l’album. Ce pop rock a des goûts de shoegazing par la voix de la chanteuse légèrement voilée et l’omniprésence des guitares qui essaient de prendre le dessus. J’aime beaucoup la dynamique de ce morceau qui reste assez joyeux dans l’ensemble. Pour chaque morceau, les mélodies sont belles et accrocheuses. Elles sont extrêmement bien exécutées. Les morceaux post rock prennent parfois leur temps à s’installer en progression d’intensité jusqu’à ce que des voix finissent par apparaître. Ça peut être un peu perturbant en fait car il y a un contraste assez grand entre la dynamique rapide des quelques morceaux pop-rock et la relative lenteur des morceaux post rock. Mais l’unité d’ensemble est maintenue car l’atmosphère reste résolument proche du shoegazing. En fait, je suis surpris par la qualité générale de cet album, dans sa totalité. Le dernier morceau Faba Beans Thought To Be Abstract purement instrumental toujours aux limites du bruit donne la chair de poule tant il se déroule d’une manière fluide et puissante. Je ne sais pour quelle raison, mais une sorte d’évidence ce dégage pour moi dans cette musique, peut être parce qu’elle n’est pas si éloignée musicalement de la musique rock indé que j’apprécie depuis le début des années 90. Mais la musique de Shōjoskip garde son originalité dans le contraste des dynamiques et le ton pop qui se marie particulièrement bien avec le ton en général mélancolique des morceaux post rock.