死神の目に負けず

Les premières photographies de ce billet sont prises un jour de pluie où il fallait inévitablement sortir le parapluie. Sous un pont ferroviaire près de la station d’Ebisu, les graffitis sont sans cesse effacés mais réapparaissent rapidement sous d’autres formes et couleurs. Celui de la deuxième photographie est intéressant car on a l’impression qu’il a été à moitié effacé. C’est certainement le cas mais je préfère imaginer que cette coupure franche est volontaire et participe au design du graphisme mural. A Daikanyama, j’ai remarqué depuis plusieurs semaines une affiche publicitaire géante pour le magazine féminin Spur. La personne qui pose sur cette photo ressemble étrangement à Michelle Zauner du groupe Japanese Breakfast. J’ai d’abord eu un doute car le groupe n’est pas, à ma connaissance, particulièrement connu au Japon, mais une recherche rapide m’a vite confirmé qu’il s’agissait bien d’elle. De Japanese Breakfast, je ne connais qu’un album, le deuxième intitulé Soft sounds from Another Planet que j’avais beaucoup écouté pendant l’été 2018. Le groupe a sorti un nouvel album intitulé Jubilee sorti il a tout juste un an, mais je ne l’ai pas encore écouté. Il faudrait que j’y jette une oreille curieuse. Michelle Zauner n’a pas une voix fabuleuse mais l’ambiance des morceaux que compose le groupe est souvent assez profonde pour me plaire. En ce moment, j’ai quelques doutes sur la qualité des photos que je peux prendre, mais j’aimerais en prendre plus dans l’esprit de la quatrième montrant des affiches mouillées par la pluie avec des perruques blondes qui interrogent. Les photos suivantes reviennent vers les quartiers proches du pont Rainbow Bridge avec notamment une autre vue de la tour Yokoso dont j’avais déjà parlé.

J’ai beaucoup réfléchi sur l’utilisation de cette dernière photographie prise il y a plusieurs mois dans un des immeubles de la galerie TERRADA près de Toyosu. Cet espace se trouve au dernier étage. Il y a plusieurs espaces pouvant être utilisés comme des galeries mais seulement une était occupée. L’ascenseur qui amène à cet étage est lent et peu pratique car il ne s’arrête qu’à un seul étage à la fois. Il s’agit plutôt d’un monte-charge reconverti en ascenseur pour les besoins de cet ensemble de galeries d’art. Cet immeuble était initialement un entrepôt, ce qui explique cette configuration. J’étais seul à m’aventurer jusqu’à ce dernier étage, un jour de semaine alors que j’avais pris une journée de congé. Cet étage n’était en fait pas ouvert à la visite mais je n’ai vu qu’après le petit écriteau en japonais qui l’indiquait. En arrivant à cet étage quasiment vide, j’ai d’abord pensé faire demi-tour mais les lumières dans une des pièces parfaitement agencée ont tout de suite attiré mon regard et ma curiosité. Les autres pièces délimitées par des baies vitrées étaient vides. Ce vide était même oppressant au point où je ne pouvais détourner mon regard de la pièce lumineuse agrémentée de meubles soigneusement choisis. Je m’imagine tout de suite assis sur ce long fauteuil éclairé par la lumière tamisée du gigantesque soleil placé en orbite au milieu de la pièce. Le silence donne de la consistance au bruit de mes pas alors que je m’approche de cette pièce. La porte vitrée doit être fermée. Il suffirait de la pousser pour vérifier, mais elle est certainement restée fermée pour une bonne raison. J’observe d’abord à travers le vitrage s’il y a une ou des personnes à l’intérieur. La pièce est vide tout comme l’immense espace ouvert où je me trouve. Je ressens une étrange sensation en regardant l’intérieur de la pièce comme si le temps s’y était arrêté. Tout est parfaitement immobile, rien ne bouge sauf une vapeur diffuse s’échappant d’une petite tasse blanche posée sur la table basse. Si on se fit à la couleur du liquide qui remplit cette tasse, je dirais qu’il s’agit d’un café encore chaud. Je ne remarque que maintenant qu’un petit mot est posé sur cette table juste à côté de la tasse. On peut lire en gros caractère le mot anglais « Welcome ». Une ou deux phrases sont écrites en plus petit dessous ce mot de bienvenue mais je n’arrive pas à les lire d’où je me trouve. Est ce que ce message et cette tasse de café me sont destinés, j’en doute fortement mais la disposition de l’ensemble m’invite à rentrer et à m’asseoir. Je pourrais toujours dire que j’ai pensé que cette tasse m’était destinée si on me surprend soudainement assis sur le long fauteuil. Je réfléchis à ce que je dois faire, mais je me persuade rapidement de rentrer à l’intérieur car cette pièce m’a intrigué dès que je l’ai vu à la sortie de l’ascenseur. Je pousse doucement la porte vitrée en évitant de faire le moindre bruit. Elle n’est bien sûr pas fermée. J’en étais sûr. Pourquoi aurait elle été fermée si un message de bienvenue nous invite clairement à entrer. L’intérieur de la pièce me semble encore plus silencieux que l’espace ouvert à l’extérieur. L’air y est sec et un peu frais, mais pas assez pour avoir froid. Un tableau de Tomoo Gokita est posé sur un des murs de la pièce, devant le fauteuil. Comme souvent, les peintures de Gokita représentent des personnages sans visage en noir et blanc. Celui-ci, rempli de couleurs noires, ressemble étrangement à un visage que je connais mais je ne parviens pas à l’identifier de manière claire. Le petit message posé sur la table est écrit en petits caractères à l’encre noire. On peut y lire la phrase suivante 「どうぞ、アームチェアに座って、コーヒーを飲んで、想像力を駆使してください」qui recommande de s’assoir sur le fauteuil, de boire un peu de café et de laisser aller son imagination. Il est également écrit en plus petit comme une signature: 「パラレル東京観測委員会」, le Comité d’observation du Tokyo parallèle. Mon visage, si quelqu’un pouvait le voir, doit certainement trahir l’appréhension certaine qui me saisit à la lecture de cette signature. Je la reconnais, c’est la même que celle de l’oeil de Shinjuku et du télescope d’Aoyama. Je regarde autour de moi mais rien n’attire mon attention à part cette lampe en forme de soleil en orbite et le tableau noir de Gokita. Il y a bien un petit télescope posé derrière le fauteuil mais, pointé vers le mur, il ressemble plus à un objet de décoration. Je décide de m’asseoir quelques instants pour remettre mes idées en ordre. Boire une gorgée de café est tentant mais je ne sais pas d’où il provient. Je regarde plutôt vers le tableau de Gokita. Les couleurs noires sont fascinantes. A qui peut bien me faire penser ce visage. Les cheveux sont mi-longs avec quelques mèches rebelles. On dirait un visage de femme mais je n’en suis pas certain, car son visage est entièrement noir, sans aucuns traits. Il est d’une teinte aussi noire que le café dans la tasse que je saisis sans réfléchir. En boire inconsciemment une gorgée me plonge tout d’un coup dans les ténèbres de ce visage. D’abord d’un noir profond, des lueurs infimes s’y dessinent progressivement. Un décor sombre prend place sur ce visage. Il se fait de plus en plus précis mais ses contours restent flous. On dirait une scène de spectacle. Une foule est devant moi debout entassé dans un espace compact. On devine une chaleur intense et des cris qui restent pourtant inaudibles. La scène qui prend place devant moi à l’intérieur du visage noir de la peinture de Gokita est un concert que je vois à la première personne, à travers mes propres yeux. Je suis moi-même debout derrière un groupe de musiciens. Un des membres tient une guitare des deux mains et se déplace sur la scène de manière saccadée. Ses mouvements incessants m’empêchent d’observer attentivement la foule devant moi. Je reconnais pourtant un visage dans cette foule, derriere ces mouvements confus qui me gênent. Je m’approche doucement en me concentrant sur ce visage. La coupe de cheveux mi-longue avec quelques mèches rebelles me rappellent maintenant le visage de Kei, dont je raconte l’histoire depuis quelques années déjà. Cette scène m’est maintenant familière. Je suis sur la scène de la salle de concert Loft à Kabukichō que je décrivais dans un des épisodes de mon histoire. Pourquoi ces images soudaines apparaissent devant moi? J’en ai strictement aucune idée et il me faut le découvrir. Kei, peux tu me donner des réponses? Alors que je m’approche encore un peu plus, accroché à ma tasse de café, les yeux rivés sur cette toile, Kei tourne le regard dans ma direction. Elle me fixe maintenant intensément. Je ne peux me détacher de ses yeux noirs. Son visage se rapproche mais son regard est fixe. Il occupe maintenant la totalité du visage noir de la toile de Gokita. Cette superposition lui donne une réalité inattendue. Le regard de Kei est accusateur. Ces yeux me font penser à deux dagues lancées à l’attaque pour terrasser un ennemi, comme les yeux du Dieu de la Mort. Cette intensité me met mal à l’aise et j’ai du mal à retenir mes forces. Je pose la tasse brusquement et me retient avec mon autre main sur le bord du fauteuil. Qu’est ce qui m’arrive? Les yeux de Kei m’hypnotise et je ne peux pas m’en échapper. Ils me traversent le cerveau et me font perdre l’équilibre en tombant à la renverse la tête la première sur le fauteuil. De l’autre côté du tableau, Kei tombe dans les pommes parmi la foule dans la salle de concert. Son amie Rikako qui l’accompagnait n’est déjà plus dans la salle.

Je me réveille un peu plus tard, allongé sur le fauteuil. La lumière de la lampe en soleil a perdu de son intensité et est désormais beaucoup plus sombre. Je ne reconnais d’abord pas les lieux mais je me rends vite compte que je suis toujours dans la même galerie vide. La tasse et le message ont été enlevé de la table. Est ce un rêve ? Est ce que je me suis simplement assoupi sur ce canapé après avoir longtemps marché dans les rues de Tokyo. Le regard de Kei ne s’imprime plus sur le tableau mais il reste très présent dans mon esprit. Est ce que son regard accusateur me reproche de lui faire subir les histoires que j’écris. Je comprends très bien qu’elle voudrait être une personne normale mais je n’ai pas les pouvoirs de changer son histoire. J’espère qu’elle pourra comprendre que j’essaie simplement de l’aider. Mes jambes sont engourdies mais je parviens tout de même à me lever. En sortant de la pièce, je jette un dernier regard au tableau de Tomoo Gokita qui reste impassible. Il ne reste aucune trace de mon passage. L’ascenseur arrive lentement à mon étage. En appuyant sur le bouton du rez-de-chaussée, je remarque qu’un petit écriteau indique que l’étage où je me trouve est interdit au public. Je regarde ma montre, il est tard, j’ai passé presque cinq heures dans cette galerie. Avant de sortir de l’ascenseur, je repense à Kei. J’espère que tu m’en veux pas…

(Quelques références pour le texte ci-dessus: des oeuvres de Tomoo Gokita, le texte de l’histoire de Kei, Du songe à la lumière, en cours d’écriture, et les deux autres textes de la série Tokyo Parallèle liés à celui-ci: l’oeil de Shinjuku et le télescope d’Aoyama).

De haut en bas, deux images extraites respectivement des vidéos sur YouTube des morceaux Shinigami Eyes de Grimes et de Iro Iro d’Aya Gloomy.

Je n’écoutais plus beaucoup Grimes depuis la sortie de son dernier album et je n’avais pas eu vraiment envie d’écouter ces deux derniers singles car le personnage qu’elle s’est construit ces derniers temps avait fini par m’agacer. Mais je ne sais pour quelle raison je me suis mis à écouter son dernier morceau Shinigami Eyes (les yeux du Dieu de la Mort), une recommandation YouTube peut-être ou peut-être était ce le fait de voir Yeule et Grimes ensemble sur une photo sur Twitter. J’aurais eu tord de ne pas l’écouter car le morceau est assez fantastique, tout comme la vidéo d’ailleurs. L’esthétique est étrange mais a quelque chose d’assez fascinant. Cette esthétique est par moments japonisante, mais semble plutôt mélanger toutes sortes de cultures virtuelles. A noter également l’inclusion d’un brin de K-pop avec la présence dans la vidéo de Jennie Kim du groupe Blackpink aux côtés de Grimes sur un camion japonais Dekotora futuriste. Tout se mélange mais ce n’est pas très grave. Certains parlaient d’appropriation culturelle mais je trouve ce genre de commentaire un peu ridicule. Le morceau a un rythme particulièrement marqué et accrocheur, mélangé aux ambiances sonores et vocales plus éthérées que l’on connaît bien de Grimes. Ça me plaît en fait beaucoup de revenir vers la musique de Grimes et m’inspire même quelques passages du texte que j’ai écrit ci-dessus. Je reviens également vers la musique d’Aya Gloomy car elle vient juste de sortir un nouveau single intitulé Iro Iro, qui est excellent. C’est un autre genre, mais Aya Gloomy évolue dans un monde à part, tout comme Grimes. J’ai beaucoup de mal à décrire ce que j’aime dans la musique et la voix d’Aya Gloomy. L’ambiance lente y est mystérieuse et contient à chaque fois quelque de nostalgique. Les sonorités minimalistes de synthétiser rétro jouent en ce sens, mais c’est aussi le cas de la vidéo du morceau. Aya s’y amuse avec des navettes spatiales d’un jardin pour enfants. On peut très facilement imaginer ce genre d’endroits, qu’on croirait laissé à l’abandon, quelque part au Japon. Je me suis rendu compte du coup que je n’avais pas écouté en entier son dernier album Tokyo Hakai. Je me rattrape en écoutant quelques autres morceaux de cet album comme Saisei(楽) et Turn Off. Cette ambiance musicale est vraiment unique et aux limites de la réalité.

valiant girl

音楽を聴いているから邪魔しないで。La jeune fille en kimono rouge qu’il ne faut pas déranger car elle écoute de la musique s’appelle Valiant Girl. Il s’agit d’une illustration de l’artiste répondant au nom de code Backside works (バックサイドワークス), vu dans une vitrine d’immeuble à Azabu Jūban. Cette illustration est apparemment évaluée à 2.5M Yens (quand même). La plupart des autres photographies de ce billet ont été prises à Daikanyama et Ebisu, dans des lieux vus et revus de nombreuses fois. Les habitués de ce blog se rappelleront peut-être de ces deux visages féminins de couleur orangée sur une fresque murale, sur la dernière photographie.

stairways to heaven and hell

Je reviens avec la première photographie sur la maison de béton Experience in Material 45, également nommée House in Jingumae (pour faire plus simple), par l’architecte Ryoji Suzuki. Je la prends en photographie sous un angle mettant en valeur les mystérieux escaliers semblant monter vers le ciel. À chaque fois que je vois ce bâtiment, je me pose la question de l’organisation intérieure car on ne voit aucune ouverture qui pourrait nous donner quelques pistes. La dernière photographie nous donne par contre l’impression d’une descente dans les bas-fonds. Il s’agit d’un passage souterrain de la station Yotsuya Sanchōme reliant deux quais de la ligne de métro Marunouchi. Cette tuyauterie exagérée est vraiment étonnante et on se demande si tous ces tuyaux sont bien fonctionnels. Cette imagerie de tuyauterie me rappelle la manga Akira, qui m’a beaucoup inspiré pour mes formes futuro-organiques. Je ne suis pas sûr de l’avoir déjà mentionné ici, mais ces formes futuro-organiques que j’ai tant dessiné m’ont en fait été initialement inspirées par le graphisme du mangaka Masakatsu Katsura pour la couverture du premier volume du manga Vidéo Girl Ai (電影少女). J’avais lu assidûment ce manga à l’époque de sa sortie en France de 1994 à 1997 aux éditions Tonkam. J’avais même dessiné une version modifiée en très grand format de cette couverture. Cette illustration m’avait pris beaucoup de temps, mais je me souviens encore bien de ces précieux moments passés à dessiner devant une grande feuille cartonnée en écoutant de la musique. Comme toutes les illustrations que j’ai dessiné à cette époque, j’ai dû écrire au dos du dessin le nom des albums que j’écoutais au moment où je dessinais. J’ai toujours aimé garder une trace de ce que j’écoutais en dessinant et je me rends compte maintenant que je fais exactement la même chose sur ce blog. J’ai également ce besoin de documenter les photographies que je prends avec la musique que j’écoute. La construction de mes billets sur ce blog mélangeant photographies et présentations musicales n’est en fait qu’une retranscription de cela. Je viens de m’en rendre compte en écrivant ces lignes. Pour revenir à ces tuyaux de la station Yotsuya Sanchōme, j’en montre d’autres photos sur mon compte Instagram. Et entre ces escaliers qui semblent monter vers le paradis pour l’un et vers l’enfer pour l’autre, j’en montre d’autres disposés au dessus de voies ferrées près de la station d’Ebisu. Cette passerelle pour piétons que je montre sur la quatrième photographie a l’air ancienne et usée. J’apprends qu’elle va bientôt disparaître dans sa forme actuelle pour être remplacée par une autre à quelques mètres de là. Je ne sais pas pour quelle raison, mais cette passerelle a souvent été utilisée comme lieu de tournage pour des publicités, dramas ou vidéos musicales. Je parlais d’ailleurs récemment d’une vidéo de Tricot tournée à cet endroit pour le morceau Right Brain Left Brain (右脳左脳). Et sur la troisième photographie qui donne l’impression d’être prise à la dérobée, il s’agit de l’actrice et personnalité de télévision Haruna Kawaguchi. J’aime en ce moment prendre en photo les affiches des abribus. Allez savoir pourquoi…

J’ai regardé le Blu-Ray du concert Air Pocket de 2018 depuis déjà plusieurs semaines, mais je n’avais jusqu’à maintenant pas trouvé le temps et le courage d’en écrire un résumé. Je sais qu’écrire sur ces concerts me prend en général beaucoup de temps car l’enthousiasme me fait toujours trop écrire. Je vais essayer de contenir (un peu) mes phrases cette fois-ci. Outre ce concert, il me restera plus tard à évoquer Ringo Expo’14 et j’aurais couvert sur ce blog tous les concerts de Sheena Ringo et Tokyo Jihen officiellement sortis en DVD/Blu-ray. Ce concert intitulé Sheena Ringo to Aitsura no iru Shinkū Chitai (椎名林檎と彼奴等の居る真空地帯), plus communément appelé Air Pocket, est sorti le 20 Octobre 2018. Il est tiré d’une tournée nationale en 23 dates couvrant tout le Japon du 2 Mars au 27 Mai 2018. Cette tournée prenant le nom de Hyotto shite Reko Hatsu 2018 (ひょっとしてレコ発2018) accompagne la sortie de l’album de reprises de ses propres morceaux Gyakuyunyū ~Koukūkyoku~ vol.2 (逆輸入 ~航空局~; Reimport, Vol. 2 ~Civil Aviation Bureau~) le 2 Mars 2018 (la date du premier concert de cette tournée). Il faut noter que cette année 2018 était particulièrement chargée pour Sheena Ringo car la tournée Ringo Expo’18 était également programmée plus tard dans l’année en Novembre 2018. La vidéo que l’on peut voir en DVD ou Blu-ray de ce concert Air Pocket à été tournée vers la fin de la tournée, le 17 Mai 2018 au NHK Hall de Tokyo.

Comme pour le concert de 2015 (椎名林檎と彼奴等がゆく 百鬼夜行2015), le groupe accompagnant Sheena Ringo se nomme Mangarama, mais les membres sont un peu différents. Midorin (みどりん) de SOIL& »PIMP »SESSIONS prend cette fois-ci le relai à la batterie. C’est un habitué des concerts de Sheena Ringo. Ukigumo (浮雲) n’est pas présent cette fois-ci. Masayuki Hiizumi (ヒイズミマサユ機), aka H Zett M, est présent aux claviers comme sur la tournée 2015 et chante également occasionnellement en accompagnement. On retrouve les autres habitués Yukio Nagoshi (名越由貴夫) à la guitare, Keisuke Torigoe (鳥越啓介) à la basse, Yoichi Murata (村田陽一) au trombone, Kōji Nishimura (西村浩二) à la trompette et Takuo Yamamoto (山本拓夫) au saxophone et à la flûte. Cette formation est relativement classique pour un concert de Sheena Ringo. Le concert en lui-même l’est également. Mais un concert de facture « classique » pour Sheena Ringo a un niveau d’excellence qu’il est difficile d’égaler. Sa performance sur scène avec son groupe est toujours impeccable et la qualité de la mise en scène, en particulier les costumes de scène, est comme toujours excellente. Au fur et à mesure des concerts de Sheena Ringo, cette qualité générale est même devenue comme un acquis et j’imagine donc la pression qu’elle doit se mettre sur les épaules pour ne pas décevoir le public qui n’en attend pas moins. Ceci étant dit, il ne s’agit pas là d’un concert gigantesque comme ceux de la série Expo joué au Saitama Super Arena. L’organisation sur scène pour Air Pocket est beaucoup plus mesurée et se concentre donc sur l’interprétation. Cette interprétation est extrêmement solide, mais on n’y trouvera par contre qu’assez peu de moments de tension vocale comme on a pu en voir sur d’autres concerts de Sheena Ringo ou de Tokyo Jihen. Certains morceaux, comme celui qui termine le set avant les rappels, sont cependant remplis d’une puissance vocale qui nous hypnotise devant notre écran. Il ne s’agit pas là de son meilleur concert mais tout fan ou amateur de Sheena Ringo ne devrait pas passer à côté.

On trouve sur Air Pocket un grand nombre de morceaux extraits du dernier album Reimport vol.2, mais également de nombreux autres piochés dans l’ensemble de sa discographie. Le concert démarre sur un écran vidéo montrant un compte à rebours de 3 mins. Le Ringo Hyoreco Space Center, qui prend clairement la NASA comme inspiration, s’apprête à lancer une navette spatiale pour mettre en orbite dans l’espace le nouvel album Gyakuyunyū ~Koukūkyoku~ vol.2 (逆輸入 ~航空局~) ou Reimport, Vol. 2 ~Civil Aviation Bureau~. On a l’impression que la livraison de ce nouvel album se fera par voie spatiale pour les acheteurs qui l’ont commandé. Sheena apparaît à ce moment sur scène vêtue d’une robe bleutée, d’une couronne et d’éléments semblant tirés d’une armure. Le reste du groupe est habillé de tenues dont je ne sais l’origine. Peut-être s’agit il de tenues mongoles? Le set démarre par le morceau Jinsei ha Omoidōri qui n’apparait sur aucun album car il s’agit d’une B-side du single Carnation. Le concert ne démarre pas vraiment avec les morceaux que je préfère mais je suis tout de même surpris d’apprécier cette fois-ci le morceau Oishii Kisetsu. Sheena ne mettra pas très longtemps pour se saisir de sa guitare, pour le quatrième morceau du set, Gibs. Nagoshi y effectue des arrangements à la guitare un peu différents de ce que l’on connaissait jusque là. Des années après l’écriture de ce morceau et après de très nombreuses interprétations, Sheena est toujours aussi convaincante. La sauce prend vraiment pour moi à partir de ce quatrième morceau du set. Le morceau Ishiki suit ensuite dans une interprétation sans instruments classiques et en version strictement rock qui gagne en puissance au fur et à mesure que le morceau avance. L’ambiance générale du concert est résolument rock. La présence de Midorin aux percussions, plutôt habitué aux ambiances jazz, m’avait d’abord un peu étonné.

Il n’y a qu’une seule reprise d’un autre artiste sur ce concert. Il s’agit du morceau Nature Boy par Nat King Cole. H Zett M l’interprète en solo au début, pendant que Sheena se change une première fois pour un long kimono. Cette reprise de Nature Boy est courte et sert de transition rapide vers le morceau JAL005, qui est un des morceaux que j’ai tout de suite aimé sur l’album Hi Izuru Tokoro. Le groupe joue devant un écran géant montrant des images de nuages et d’océan, des images planantes comme ce vol de la compagnie JAL reliant Tokyo à New York. Reimport vol.2 comprend le morceau Shōjo Robot initialement écrit pour Rie Tomosaka. J’en parlais longtemps dans un billet récent. Je le rappelle pour les quelques visiteurs discrets qui ne l’auraient pas encore lu. Cette version en concert est très différente de celle de Rie Tomosaka, plus jazz par l’intervention aux claviers de H Zett M. J’ai quand même une préférence pour la version originale sur le EP de Rie Tomosaka.

Benkai Debussy, morceau tiré du deuxième album Shōso Strip, détonne ensuite. H Zett M se rapproche du devant de la scène et accompagne Sheena au chant. Cette interprétation est assez géniale. Elle le fait assez souvent, mais j’adore à chaque fois la manière dont Sheena Ringo vient faire traîner son mediator de haut en bas puis de bas en haut sur les cordes de sa guitare, comme si elle y prenait un plaisir sadique (on appellerait cela Itazura en japonais). Le morceau est immédiatement suivi par Yokushitsu ponctué par une forte basse électronique et par des larsens à la guitare de Nagoshi. Sheena tient dans la main un paravant et elle effectue à certains moments des mouvements rapides qui font écho à la scène de découpe de pomme lors du concert Ringo EXPO 08. Elle a heureusement eu la bonne idée de ne pas utiliser un couteau cette fois-ci. Le piano de H Zett M apporte beaucoup sur ce morceau. Sheena lache ensuite son kimono et reste en tenue légère de couleur verte-pomme pour interpréter des morceaux de Reimport Vol2, Usurahishinjū et Anya no Shinjū tate. Elle se laisse emporter par le premier morceau jusqu’à tomber au sol. On voit là quelques similitudes avec des scènes du concert de 2015, Hyakkiyakō 2015 (百鬼夜行). Le deuxième morceau, Anya no Shinjū tate, prend des accents Enka et son interprétation est très convaincante. La reprise des Feuilles Mortes de Jacques Prévert est également un classique des concerts de Sheena Ringo, sauf que son interprétation ne me convainc jamais vraiment car son accent français n’est pas très bon ce qui rend les mots de la chanson très rugueux. Mais il s’agit d’une version courte du morceau qui agit en quelque sorte comme un interlude.

Sheena s’est changée une nouvelle fois pour porter maintenant un large et chaud blouson aux mêmes motifs que ceux du reste du groupe. Ce blouson porte aussi des motifs de léopard. Avec un pantalon en cuir et des chaussures noires à talons hauts, les cheveux courts, c’est une de ses tenues de scènes les plus cool que j’ai pu voir jusqu’à maintenant. Elle chante maintenant Memai, qui est une B-side d’un de ses premiers singles, Koko de Kiss shite. Je n’avais jamais fait trop attention au morceau Otona no Okite, mais il s’avère très bon, notamment quand les cuivres viennent accentuer l’ensemble. Le morceau qui suit, Jūkinzokusei no Onna, dégage beaucoup d’énergie. Sheena a laissé le blouson et se trouve maintenant en t-shirt avec une guitare entres les mains. Des chants bouddhistes précèdent la composition très rock de ce morceau. « Heavy metallic am I », nous chante elle pendant ce morceau qui s’appelait initialement The Heavy Metalic Girl. Sheena Ringo l’avait écrit pour la bande originale intitulée Doku Ichigo de la pièce de théâtre Egg de Noda Map. Comme je l’expliquais en détails dans un précédent billet, la version originale du morceau était chanté en japonais, tandis que la version sur Reimport vol.2 interprétée lors de ce concert est en anglais.

On approche maintenant du dernier tiers du concert. Sheena et le groupe Mangarama interprètent tout de même 24 morceaux lors de ce concert. Le morceau suivant, Shizuka Naru Gyakushū, voit Sheena jouer de la guitare acoustique, ce qui est plutôt rare. Il s’agit d’un morceau sorti officiellement sur l’album Hi Izuru Tokoro, mais qu’elle a écrit il y a très longtemps à ses debuts sous le titre Kudamono no Heya (果物の部屋). Sur Kareinaru gyakushū (c’est la série des counterback), l’ambiance devient plus pop et les petits drapeaux distribués aux spectateurs sont de sortie. Sheena est particulièrement souriante en entraînant le public avec elle sur des mouvements de drapeaux exagérément amples. L’ambiance se détend toujours un peu lorsqu’on approche de la fin des concerts, comme si la pression commençait à tomber progressivement. Sur Kodoku no Akatsuki, j’aime bien la manière dont la voix de Sheena pousse vers des pointes aiguës. Elle reste à la guitare sur le morceau suivant Jiyū e Michizure, mais la vitesse du morceau semble plus rapide que la normale. Nagoshi est très rapide à la guitare et Sheena pousse le rythme en chantant rapidement avec beaucoup d’énergie. Ce morceau fonctionne excellemment bien. On arrive au morceau final, Jinsei ha Yume darake, qui est un morceau que j’adore et qui révèle tout son talent d’écriture musicale. Il s’agit du single principal de l’album Reimport vol.2 et il est forcément très attendu. Sheena donne beaucoup de force dans sa voix, ce qui donne des frissons. Le public est très réceptif et nous fait entendre son appréciation. Il s’agit à mon avis d’un des grands moments du concert!

Sheena quite ensuite la scène mais reviendra, habillée d’un kimono très formel de couleur verte, pour les rappels avec 3 morceaux. Le détail amusant est que les membres du groupe reviennent scène avec des noms modifiés. Yukio Nagoshi devient ainsi 754 (l’interprétation en chiffre de son nom, syllabe par syllabe: Na = 7, Go = 5 et Shi = 4). Sheena devient bien entendu 417, mais le nouveau nom de Masayuki Hiizumi en Zumori a une origine qui est pour moi beaucoup plus floue. Hiizumi annonce lui-même le démarrage des rappels avec une pointe d’humour dans le ton de sa voix. On le voit toujours sérieux et très concentré derrière ses claviers, donc ça fait plaisir de le voir plus décontracté comme à la (grande) époque de Tokyo Jihen Phase 1 (sur le concert Dynamite Out bien entendu). Le premier morceau des rappels est une version très arrangée de Marunouchi Sadistic chantée en anglais. Ça doit être le morceau de Sheena Ringo qui a eu le plus de versions et d’arrangements différents. Il est désormais trop classique pour étonner mais j’aime quand même beaucoup les petits pas de danse que Sheena ajoute au morceau. Elle reprend ensuite la guitare pour un autre grand classique de Hi Izuru Tokoro, à savoir Nippon. Ce morceau, initialement créé à la demande de la NHK pour supporter l’équipe de football japonaise, est mal-aimé des fans internationaux qui y voient des paroles nationalistes. J’ai toujours pensé que c’était une extrapolation incorrecte de ses intentions, car le langage sportif nous parle en général de bataille et d’un désir de voir son pays remporter la victoire. Adopter ce langage dans les paroles d’un morceau censé supporter l’équipe japonaise n’a rien de vraiment déplacé. Bref, ce morceau n’est certainement pas mon préféré mais le solo de guitare de Sheena penchée en arrière en kimono vaut de toute façon cent fois le détour. Le concert se termine sur un morceau plus calme mais à l’ambiance très rock. Yasei no Dōmei est un des très beaux morceaux de Reimport vol.2. À la toute fin du morceau, Sheena se courbe en avant très formellement pour faire un dernier remerciement au public pendant que Nagoshi nous envahit de ses sons de guitare. Elle montre à chaque fois un grand respect pour le public qui est venu la voir. J’ai toujours l’impression qu’elle remercie le public comme si c’était la dernière fois qu’elle montait sur scène. Mais on sait heureusement que ce concert n’était pas le dernier.

Je note ci-dessous pour référence ultérieure la liste des morceaux du concert Air Pocket (椎名林檎と彼奴等の居る真空地帯) de 2018:

1. Jinsei ha Omoidōri (人生は思い通り), B-side du single Carnation (カーネーション)
2. Oishii Kisetsu (おいしい季節) de la compilation Gyakuyunyū ~Koukūkyoku~ vol.2 (逆輸入 ~航空局~; Reimport, Vol. 2 ~Civil Aviation Bureau~)
3. Irokoizata (色恋沙汰) de l’album Sanmon Gossip (三文ゴシップ)
4. Gibs (ギブス) de l’album Shōso Strip (勝訴ストリップ)
5. Ishiki (意識) de l’album Kalk Samen Kuri no Hana (加爾基 精液 栗ノ花)
6. Nature Boy (真理の人), reprise d’un morceau de Nat King Cole sorti en 1948
7. JL005-bin de (JL005便で) de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
8. Shōjo Robot (少女ロボット) de la compilation Gyakuyunyū ~Koukūkyoku~ vol.2 (逆輸入 ~航空局~; Reimport, Vol. 2 ~Civil Aviation Bureau~)
9. Benkai Debussy (弁解ドビュッシー), de l’album Shōso Strip (勝訴ストリップ)
10. Yokushitsu (浴室) de l’album Shōso Strip (勝訴ストリップ)
11. Usurahishinjū (薄ら氷心中) de la compilation Gyakuyunyū ~Koukūkyoku~ vol.2 (逆輸入 ~航空局~; Reimport, Vol. 2 ~Civil Aviation Bureau~)
12. Anya no Shinjū tate (暗夜の心中立て) de la compilation Gyakuyunyū ~Koukūkyoku~ vol.2 (逆輸入 ~航空局~; Reimport, Vol. 2 ~Civil Aviation Bureau~)
13. Kareha (枯葉), reprise du morceau Les feuilles mortes écrit par Jacques Prévert et composé par Joseph Kosma, présent sur l’album Utaite Myōri: Sono Ichi (唄ひ手冥利 ~其ノ壱~)
14. Memai (眩暈), B-side du single Koko de Kiss Shite. (ここでキスして。)
15. Otona no Okite (おとなの掟) de la compilation Gyakuyunyū ~Koukūkyoku~ vol.2 (逆輸入 ~航空局~; Reimport, Vol. 2 ~Civil Aviation Bureau~)
16. Jūkinzokusei no Onna (重金属製の女) de la compilation Gyakuyunyū ~Koukūkyoku~ vol.2 (逆輸入 ~航空局~; Reimport, Vol. 2 ~Civil Aviation Bureau~)
17. Shizuka Naru Gyakushū (静かなる逆襲) de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
18. Kareinaru gyakushū (華麗なる逆襲) de la compilation Gyakuyunyū ~Koukūkyoku~ vol.2 (逆輸入 ~航空局~; Reimport, Vol. 2 ~Civil Aviation Bureau~)
19. Kodoku no Akatsuki (孤独のあかつき) de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
20. Jiyū e Michizure (自由へ道連れ) de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
21. Jinsei ha Yume darake (人生は夢だらけ) de la compilation Gyakuyunyū ~Koukūkyoku~ vol.2 (逆輸入 ~航空局~; Reimport, Vol. 2 ~Civil Aviation Bureau~)
22. Marunouchi Sadistic (丸ノ内サディスティック), version largement modifiée et en anglais du morceau de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム)
23. NIPPON de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
24. Yasei no Dōmei (野性の同盟) de la compilation Gyakuyunyū ~Koukūkyoku~ vol.2 (逆輸入 ~航空局~; Reimport, Vol. 2 ~Civil Aviation Bureau~)

between the skies

Le ciel nuageux prend parfois le dessus sur le paysage urbain. Sur cette série photographique, je mélange volontairement ces nuages avec les fils électriques qui tanguent au dessus des petites rues. Il serait bien dommage que ces fils électriques disparaissent complètement du paysage, car ils font part intégrante de l’environment urbain. Au milieu de ces câbles qui font des noeuds, une petite maison aux lignes obliques conçue par l’Atelier Tekuto. J’adore cette maison de béton et ses grandes baies vitrées qui reflètent le ciel se trouvant autour sur les autres photographies. Cette position centrale entre les ciels est volontaire, comme s’il s’agissait d’un centre ouvrant une porte sur un autre monde intérieur. Ces lignes électriques me rappellent aussi l’association que j’en avais fait avec des kanji il y à longtemps. Les traits des kanji se mélangeaient avec les fils électriques et semblaient flotter dans les airs.

Les ciels nuageux des photographies ci-dessus me rappellent celui, certes plus cosmique, de la couverture du dernier album de Minakekke intitulé Memorabilia. Le titre de cet album reprend celui du huitième morceau déjà sorti en single et dont j’avais déjà parlé. Ce single était déjà très bon, mais pas aussi sublime que l’album dans son intégralité et en particulier les cinq premiers morceaux. Minakekke fait évoluer légèrement son style depuis le EP Oblivion mais ses envolées de voix maintiennent un esprit similaire empreint de mélancolie. Je réécoute d’ailleurs cet EP Oblivion en écrivant ces lignes, ce qui me fait dire que Minakekke est vraiment une artiste malheureusement trop méconnue. Comme le morceau Luminous sur le EP Oblivion, le morceau Butterfly sur Memorabilia nous fait tout de suite rentrer dans cet album aux atmosphères sombres. On ressent son chant comme une complainte, mais sans résignation tant elle mène ses morceaux sans temps morts. On ressent une passion qui transparait dans sa voix jusqu’à la faire trembler par moment (sur un morceau comme Bones). L’émotion qui s’en dégage est pour sûr très forte. Musicalement, c’est aussi très dense, avec des ambiances parfois proches du gothique de The Cure. Et je me mets maintenant à réécouter le chef d’oeuvre qu’est Disintegration.

oublier les cerisiers (4)

Les cerisiers en fleurs sont ici ceux du parc Tako à Ebisu et de l’avenue Meiji au niveau du passage surélevé pour piétons de Shibuyabashi. Je prends en photo tous les ans les cerisiers en fleurs de l’avenue Meiji, car c’est un des plus bels endroits de Tokyo. Ils sont particulièrement denses entre Shibuyabashi et Tengenjibashi, et formeraient presque un tunnel si on étirait les branches un peu de chaque côté. Les autres photos de ce billet s’éloignent des sakura, car il faut bien les oublier progressivement, et s’attardent sur ce qui attire mon regard dans les rues encombrées de Shibuya et d’Ebisu: une mosaïque de l’artiste Invader, une affiche d’une statue de Bouddha pour une exposition dédiée à Nara, une moto Kawasaki vintage en rouge et noir, un magasin de disques vinyles appelé Ultra Shibuya avec une enseigne rétro-futuriste en néon et une affiche du groupe Kinoko Hotel (que je n’ai pas encore écouté mais qui m’intrigue depuis quelques temps) posée sur la baie vitrée. J’observe également beaucoup l’évolution des graffitis de rue, et j’aperçois récemment ceux du groupe appelé « Tokyo Zombie Crew« , qui me rappellent un peu le « Tokyo is yours » qu’on a aussi beaucoup vu dans les rues de Tokyo. On ne trouve bien entendu que peu d’informations sur ces grapheurs même si certains sites web essaient de les répertorier.