真夏.8

(ヤ) Gaien (外苑): Fine couches de végétation sur les étages du nouveau stade olympique par Kengo Kuma. (ユ) Higashi (東): Fine couche de végétation au dessus du bloc rouge des toilettes publiques de Higashi 3-chōme par Nao Tamura. (ヨ) Ebisu (恵比寿): Fine couches de végétation sur EBISU SA BUILDING par C+A Coelacanth and Associates (Kazuhiro Kojima et Kazuko Akamatsu). (+) Accompagnement musical: deux morceaux de Sōtaisei Riron, 地獄先生 et 品川ナンバー sur leur album Hi-Fi Anatomia sorti en Janvier 2009.

真夏.5

(ナ) Shibuya (渋谷): Foule du carrefour de Shibuya portant des masques devant l’ancien Department Store Tokyu et la nouvelle tour Shibuya Scramble Square. (ニ) Gaien (外苑): Hôtel aux ouvertures serties de bois en imitation des lignes boisées du nouveau stade olympique qui lui fait face. (ヌ) Marunouchi (丸の内): Glace pilée au goût matcha pour faire oublier la chaleur même si on la déguste en terrasse en plein après-midi. (ネ) Harumi (晴海): Détails d’un escalier exagérément compliqué dans une dépendance voisine du CLT Park Harumi. (ノ) Ebisu (恵比寿): Nouvelle trajectoire aérienne au dessus de Tokyo pour rejoindre l’aéroport de Haneda. (+) Accompagnement musical: deux morceaux dont 横須賀線ストーリー de Momoe Yamaguchi et 木綿のハンカチーフ de Hiromi Ōta sortis respectivement en Juin 1976 et en Décembre 1975.

dans le vert de la rue

La rue est quelque part à Ebisu mais aussi quelque part près de Daikanyama. Celle près d’Ebisu a la particularité de ne pas ressembler à ce qu’on imagine de la propreté des rues tokyoïtes, surtout en plein centre ville. Les rues tokyoïtes peuvent aussi être désordonnées et mal entretenues. En fait, l’envahissement de la végétation qui sort du goudron des trottoirs est assez commun, et est d’autant plus présente pendant la saison des pluies.

幽霊たちがやって来たらどうしょう

Je n’avais pas construit de compositions photographiques depuis un petit moment mais je me suis laissé inspirer sur ce billet par la musique qui va suivre. J’écoute cette musique en concevant ces images et je construis ces images en écoutant cette musique. Une relation invisible se crée. Si cette relation ne se manifeste pas directement dans ces images, je la vois et la mémorise dans l’acte de création de telle sorte que ces images deviennent indissociables de cette musique. Ces compositions sont principalement des superpositions d’images venant donner une nouvelle dimension fantastique à des décors urbains maintes fois fréquentés. Nous sommes ici dans les rues de Shibuya, Aoyama et Ebisu, mais la plupart des compositions se basent sur des photographies prises à l’arrière des buildings, là où on ne va pas toujours et où se produisent pourtant des choses fantastiques, à l’abri des regards des passants. Quand je publie des billets comme celui-ci, l’utilisation du noir et blanc me paraît tellement être une évidence qu’il me vient toujours l’envie de ne publier mes prochains billets que dans ce format. Je me ravise toujours plus tard car Made in Tokyo ne devrait pas se renfermer dans la rigidité des formes.

Toujours dans la liste des meilleurs albums japonais de la décennie passée, que je mentionnais dans un billet précédent, je découvre maintenant une autre pépite musicale, l’album Yūrei Tachi (幽霊たち) de Moe and Ghosts. C’est un album de hip hop expérimental vraiment excellent. Je n’ai pas l’habitude d’écouter beaucoup de hip hop, mais l’ambiance de cet album est exceptionnelle. La voix de Moe est par moment tellement rapide qu’on a du mal à distinguer ses mots. Elle change aussi souvent de tons de voix. L’ambiance sonore plutôt sombre introduisant parfois des sons mécaniques post-industriels apporte beaucoup à la qualité de l’album, mais c’est cette voix, et sa dynamique, qui impressionne tout de suite dès la première écoute. L’album est disponible sur iTunes mais je l’ai écouté en entier sur YouTube avant de l’acheter. Ça vaut le coup de jeter une oreille à cette musique car elle est vraiment différente. L’album a une grande unité de style et s’écoute donc d’un bloc. Il fait un peu plus d’une heure pour 21 morceaux, mais certains sont des interludes très courts mais toujours avec de belles ambiances comme le dixième Yuki Ga Furu Maeni (雪が降るまえに – avant que la neige tombe). Chaque morceau a sa petite particularité et son point d’accroche mais fait partie d’un tout. Certains morceaux sortent tout de même du lot comme Ginga, qui commence par une voix nue avant que la dynamique tranchante du morceau se mette en place, ou la reprise de Scarborough Fair de Simon and Garfunkel. Cette version est très particulière, fantomatique comme le reste de l’album. Je n’aime en général pas beaucoup les reprises, mais là, le morceau prend une toute nouvelle forme, très bizarre et inspirée. Le titre de l’album et de certains morceaux nous parlent de fantômes (yūrei) et l’imagerie qui accompagne le groupe, dont on ne sait que peu de choses, est également pleine de mystères. Il s’agit d’un album conceptuel immersif. En écoutant cette musique en marchant dans les rues de Tokyo en noir et blanc, j’ai l’impression de voir apparaître des formes fantomatiques derrière les buildings. L’album n’est pas récent car il date du mois d’août 2012, ce qui me fait d’ailleurs penser qu’il y a encore beaucoup de pierres précieuses dans la musique indépendante japonaise dont je suis loin de soupçonner l’existence. Il ne faut jamais abandonner ses recherches dans les méandres musicales loin d’un mainstream.

just waiting for the storm to die out

Le titre du billet, tiré des paroles d’un morceau sur le dernier album de DIIV dont je vais parler un peu plus tard, est fort à propos en ce moment alors que Tokyo se prépare à l’arrivée d’un super typhon dont on ignore encore la gravité. Tout comme le typhon numéro 15 il y a trois semaines, celui-ci, le numéro 19, fonce tout droit sur Tokyo sans détour. J’ai hâte que toutes ces précipitations se terminent pour qu’on puisse revenir à notre occupation du moment, à savoir supporter les équipes de rugby française et japonaise, sans ordre de préférence. Les photographies de ce billet sont prises le week-end dernier à différents endroits de Tokyo. L’autocollant avec un poisson aux yeux globuleux m’a fait faire demi-tour après l’avoir aperçu dans une rue de Nishi-Azabu. Il a une forme un peu préhistorique assez amusante. Les deux photographies suivantes sont prises à Ebisu, dans les petites rues près de la gare, avec des bars et restaurants ouvrant seulement la nuit venue. Les petits pompons roses accrochés dans les airs à un poteau électrique apportent un point de poésie à cette rue un peu sombre. Les deux photographies suivantes reviennent vers Nishi-Azabu, au détour d’une rue où une fête de quartier avec mikoshi semblait se terminer. Un peu plus haut, sur la large rue de Roppongi, des affiches d’énormes insectes posées en plusieurs exemplaires sur les portes vitrées d’un atelier d’art attirent mon regard. Il s’agit d’une exposition intitulée « Insects: Models for Design » se déroulant à la galerie de Tokyo Mid-Town, 21_21 DESIGN SIGHT. On y montre apparemment des créations d’artistes, designers, architectes inspirés par le monde des insectes. Le thème est intéressant et vaut certainement le détour. Mais, en cette journée, je me dirigeais plutôt vers Roppongi Hills pour aller voir l’exposition de Chiharu Shiota, qui se termine dans quelques semaines et dont je parlerais dans un prochain billet. En haut de la tour, on pouvait également voir une rétrospective sur Haruomi Hosono, personnage légendaire du groupe Yellow Magic Orchestra. Je connais assez peu son œuvre, seulement quelques collaborations musicales avec des artistes que j’écoute, des morceaux par-ci par-là et l’album emblématique Solid State Survivor du YMO sorti en 1979. L’exposition montre beaucoup des instruments de Hosono et de nombreuses photos depuis sa jeunesse. Parmi les photographies, j’aime beaucoup celle, affichée en grand, montrant une partie de son studio, rempli à ras bord. Après cette visite solitaire à Roppongi Hills, je pars rejoindre Mari à la fanzone de Yurakucho pour soutenir l’équipe de France de Rugby contre le Tonga. Il semblait qu’il y avait beaucoup de supporters du Tonga autour de nous dans la salle. Ça ne nous a pas empêché d’apprécier cette victoire, qui s’est jouée de peu.

La musique rock indépendant de DIIV se trouve clairement dans ma zone de confort musical, car il ne me faut pas faire beaucoup d’effort pour l’apprécier. Bien que leur nouvel album Deceiver est tout récent (il vient de sortir il y a quelques jours), je me trouve plongé, en l’écoutant, dans l’ambiance rock des années 90, celle à laquelle je suis le plus familier. Certains diront qu’il y a un certain rapprochement avec la musique de Smashing Pumpkins de cette époque (le huitième morceau Lorelei par exemple), mais la voix de Zachary Cole Smith est beaucoup plus douce et effacée que celle de Billy Corgan. Par contre, on ressent la même puissance des guitares, mais dans une ambiance plutôt tournée vers le shoegazing, ce qui n’est pas pour me déplaire. Quelques morceaux de cet album emprunte d’ailleurs certaines sonorités de guitares en distorsion qui ont fait les distinctions du genre. Les morceaux sont très mélodiques, le troisième Skin Game en est un très bon exemple. Mais le crachotement des guitares guettent toujours en fin de morceau, jusqu’au noise parfois. Certaines sonorités me rappellent parfois le son assez distinctif des guitares de Sonic Youth (que de références aux rock indé des années 90). Ce nouvel album est, en qualité, équivalent aux deux albums précédents du groupe, Is the Is are ou Oshin. Le titre de ce billet est tiré des paroles du quatrième morceau Between Tides, un des très beaux morceaux de l’album toujours avec des décrochages bruitistes et des mouvements de guitares très construits. La fin de l’album laisse découvrir un de ses plus beaux morceaux, Blankenship, et finit de convaincre qu’il s’agit ici d’un très bel album, même s’il ne réinvente pas les règles du genre. La pureté des guitares crystallines que l’on attend sur certains morceaux me fait toujours revenir vers cette musique.