une lumière existe ici

Quelques photographies prises le soir autour de Ebisu et de Kichijoji alors que la lumière naturelle passe la main aux lumières artificielles de la ville. Avant que la nuit tombe, je pars en direction du Tokyo Photographic Art Museum à Yebisu Garden Place. Je n’y étais pas allé depuis sa rénovation intérieure. Je ne pouvais pas manquer l’exposition Architecture x Photography – A light existing only here 建築 × 写真 ここのみに在る光, qui s’y déroule en ce moment et jusqu’au 27 janvier 2019. Comme son nom l’indique, l’exposition nous montre des photographies d’architecture organisées en séries avec un accent prononcé sur l’implication de la lumière.

L’exposition démarre aux origines de la photographie car l’architecture, du fait qu’elle soit statique, était un des objets privilégiés des premiers photographes. La complexité du processus de prise d’image à l’époque ne permettait pas de prendre facilement en photographie des sujets en mouvement. Le début de l’exposition nous montre rapidement quelques daguerréotypes, une superbe vue panoramique de Edo depuis la colline de Atagoyama datant de 1865-66 par Felice Beato et bien sûr des photographies du vieux Paris par Eugène Atget et quelques photographies d’habitations dans l’Amérique profonde de Walker Evans. La partie principale de l’exposition commence ensuite, nous montrant des séries photographiques prises exclusivement par des photographes japonais au Japon mais également dans divers lieux d’Asie et d’Europe. Il s’agit, pour beaucoup, de photographies d’architectures célèbres pour leur histoire ou par leurs architectes, mais on trouve également d’autres lieux, tout aussi remarquables, comme les maisons traditionnelles minka dans le village de Shirakawa-gō par le photographe Yukio Futagawa, ou l’ancienne île minière de Hashima surnommée Gunkanjima photographiée dans les années 50 par Ikko Narahara. Les photographies de villes sombres et condensées, pleines de détails, m’impressionnent. Il en est de même pour l’ancien quartier Kowloon Walled City à Hong Kong, désormais détruit. Sur les photographies prises en 1987 par Ryuji Miyamoto, on y découvre des lieux sombres et insalubres, dans lesquels la vie devait être difficile et les conditions sociales éprouvantes. Dans ces lieux là, la lumière se faufile tout de même entre les murs aux étages supérieurs. L’architecture confrontée à la lumière est le sujet principal de cette exposition. Elle peut être forte comme en Italie sur des photographies de villages perchées sur les collines par Naohisa Hara. Elle joue avec les couleurs imprimées sur les murs de l’architecture de Le Corbusier, notamment sur la superbe série de la Chapelle Nôtre Dame du Haut à Ronchamp par Mikiya Takimoto. Cette lumière catalyse la beauté formelle des architectures traditionnelles japonaises du grand sanctuaire d’Ise Jingu, photographié en 1953 par Yoshio Watanabe ou de la villa impériale Katsura, photographié dans ses détails pleins de géométrie par Yasuhiro Ishimoto. Une série sur l’architecture de Kenzo Tange photographiée par Osamu Mukai, une autre sur la Sagrada Familia de Gaudi par Eiko Hosoe et des photographies prises en Belgique et en Allemagne par Toshio Shibata et Kazuo Kitai viennent compléter cette belle exposition qui ravira les amoureux d’architecture.

Ikko NARAHARA – Gunkanjima, 1954-1957

Ryuji MIYAMOTO – Kowloon Walled City, 1987

Yoshio WATANABE – Ise Jingu Grand Shrine, 1953

Yasuhiro ISHIMOTO – Villa Katsura, 1981-1982

Mikiya TAKIMOTO – Le Corbusier, Chapelle Nôtre Dame du Haut, Ronchamp, 2016-2018.

Toujours dans le même musée de la photographie à Ebisu, je parcours également une autre exposition se déroulant au deuxième étage jusqu’au 25 Novembre et intitulée I know something about love 愛について. Je l’ai parcouru plus rapidement car l’exposition m’attirait moins que celle d’architecture pour laquelle j’avais fait le déplacement. Il s’agit ici d’une exposition d’un groupe de femmes photographes provenant de divers pays d’Asie. On y découvre principalement des portraits intimes, des photographies de famille et même des auto-portraits. Insook Kim nous montre des photographies de sa famille coréenne Zainichi vivant à Osaka, tandis que la coréenne Oksun Kim montre des photographies de couples inter-raciaux. Sans parler de la superbe qualité des images, cette dernière série me paraît évidemment très banale. La série de la photographe chinoise Zhe Chen couvrant le thème de l’auto-mutilation met mal à l’aise. Même la photo de l’affiche de l’exposition, pleine de non-dits, fait froid dans le dos. comme une photo volée, la photographie représente une silhouette rouge, féminine peut-être, debout au dessus d’un toit prête à commettre l’irréparable. J’ai bien aimé la série d’auto-portaits de Sudo Ayano se représentant elle-même en personnages idéalisés. Bien que ces photographies ressemblent à des photos d’idoles de magazine, il y a quelque chose d’irréel dans ces photographies, quelque chose d’éteint, qui est assez intéressant.

like surging waves

Je plonge Tokyo dans les ténèbres dans cette série de compositions photographiques, mais ces vagues de noirceur se laissent submerger elles-mêmes par des éclats de lumière. Je mets en scène ici les buildings de verre de divers lieux à Tokyo, que ça soit à Shinagawa, Ebisu, Aoyama, Shinjuku ou ailleurs. J’aime mettre ces formes lisses à la symétrie parfaite à l’épreuve des intempéries que j’invente virtuellement. Cet environnement sombre n’est pas accueillant, mais derrière la froideur de ces lieux des lumières chaudes transpercent l’image.

Je n’écoute pas très souvent de musique datant d’avant 1991 (« The Year Punk Broke »), année charnière, celle de mes quinze ans où j’ai commencé à écouter et apprécier les musiques indépendantes et alternatives. J’ai toujours un peu de mal à apprécier les musiques de la génération avant la mienne, mais je fais de temps en temps quelques exceptions quand les musiques plus anciennes sont en avance sur leur temps, ou sont des charnières importantes vers des mouvements musicaux que j’apprécierais plus tard (par exemple, les premiers albums de Sonic Youth ou ceux de The Cure). Je fais une autre exception en écoutant depuis quelques temps le premier album de Jun Togawa 戸川純, Tama Hime Sama 玉姫様, sorti en 1984. Cet un objet musical d’avant-garde vraiment bizarre mais complètement fascinant. Dès le premier morceau Doto no Renai 怒濤の恋愛, on sent tout de suite qu’il ne s’agira pas d’une musique qui laisse indifférent. On peut être tout de suite rebuté par ce premier morceau, auquel cas il faut mieux arrêter tout de suite. Mais c’est loin d’être mon cas. Le deuxième morceau Teinen Pushiganga 諦念プシガンガ est plus facilement abordable. Il commence par des coups puissants de tambours dans une ambiance folk. La voix de Togawa est tout aussi puissante et pénétrante que les percussions. C’est certainement un des meilleurs morceaux de l’album. La voix de Togawa est sûre et transperçante et même parfois excessive. A vrai dire, j’ai du mal à écrire ce texte tout en écoutant ces morceaux car la voix de Togawa est tellement absorbante, qu’on a du mal à faire autre chose en écoutant ces morceaux. On ne peut pas dire qu’elle chante d’une manière conventionnelle, et même assez hystérique sur certains morceaux comme le difficilement écoutable avant-dernier morceau Odorenai 踊れない. C’est le morceau qui me pose le plus de problèmes à l’écoute. L’album n’est pas facile d’approche car on peut être très facilement rebuter par certains sons et effets marqués des années 80 sur certains des morceaux, comme le troisième morceau Konchugun 昆虫軍. Mais cette voix au phrasé militaire sur ce morceau est fascinante au point que je ne cesse d’y revenir. J’écoute en fait cet album tous les jours depuis deux semaines. Le quatrième morceau Yuumon no Giga 憂悶の戯画 me fait penser à une scène de film inquiétant, ou plutôt une scène théâtrale car il y a une dimension scénique à cette musique. Togawa porte toutes sortes de costumes sur scène comme celui d’un insecte qu’on retrouve sur la pochette de Tamahimesama. Il y beaucoup d’excellents morceaux qui accrochent tout de suite l’oreille comme Tonari no Indojin 隣りの印度人 ou le sublime dernier morceau Mushi no Onna 蛹化の女 où Togawa chante sur le canon de Pachelbel. Le morceau donne des frissons. L’album ne dure que trente minutes mais couvre beaucoup de sensations différentes, par notamment la palette vocale entendue de Jun Togawa, la multiplicité des émotions qui s’en dégagent et cette musique parfois étrange et envoûtante. Jun Togawa a un statut de légende musicale avant-garde et je comprends un peu mieux pourquoi avec cet album. Je continuerai bientôt avec l’album suivant sorti en 1985.

how are youth

Daikanyama est un quartier que j’aime et que je connais bien, pour y avoir marcher plusieurs dizaines de fois avec un appareil photo en mains. En fait, je m’attends toujours à trouver du changement dans ce quartier, comme par exemple un nouveau bâtiment au design intéressant ou des décorations murales qui attirent l’œil. C’est le cas sur quelques-unes des photographies que je montre ci-dessus. Le quartier avait subit une transformation assez importante au moment de la mise sous terre de la ligne de train Toyoko, libérant de l’espace pour des nouveaux commerces. La petite gare construite sur une pente a un certain charme. Elle reste inchangée mais les vieux bâtiments autour par contre disparaissent petit à petit. J’intercale ces photographies de rues à Daikanyama avec des images de différents styles extraites des murs d’une même rue. La dernière photographie s’éloigne un peu de Daikanyama pour rejoindre Yebisu Garden Place. Devant le château français reconstitué, un marché de fruits et légumes s’est installé de manière temporaire. Juste à côté, on construit déjà le chandelier géant Baccarat contenu dans un bloc de verre, qui s’illuminera le soir à l’approche des fêtes de fin d’année. Nous sommes presque déjà à cette période.

Je continue l’écoute de la musique rock du group japonais Supercar スーパーカー avec un autre album intitulé Highvision. Par rapport au premier album Three Out Change, cet autre album sorti quatre ans après en 2002 prend des accents plus électroniques. J’étais en fait prévenu de ce changement de direction musicale entrepris par le groupe, et je ne suis en fait pas déçu. L’électronique n’est parfois qu’un élément musical qui vient s’ajouter parmi les guitares, mais prend nettement le dessus sur certains morceaux comme Strobolights, qui doit être le morceau que je préfère pour sa composition en répétition de mots courts et pour la manière dont Miki Furukawa chante les mots « – sunset ». Ça peut paraître être un détail mais j’aime souvent des morceaux pour ce genre de détails dans les manières de chanter, dans les distortions inattendues de la musique, quand le chant ou la musique placent soudainement une note un ton au dessous de ce qu’on attendrait, faussant une apparente fluidité d’un morceau. Les morceaux de l’album, alternant toujours les voix entre Nakamura et Furukawa, sont souvent très accrocheurs, comme Aoharu Youth, ou Yumegiwa last boy prenant une approche plus pop. Comme le disait mahl dans les commentaires du billet précédent, ce sont certainement des morceaux vers lesquels je reviendrais régulièrement.

walking like a ghost

Des personnes marchent et d’autres observent. En ce qui me concerne, j’aime faire les deux en même temps, observer dans le mouvement tout en marchant dans les rues interminables de Tokyo. Les occasions de marcher dehors se sont faites assez rares malheureusement pendant un mois de Septembre très pluvieux, sans parler des typhons qui nous empêchent de dormir tranquillement quand ils décident de passer nous voir pendant la nuit. Ils frappent sans relâche les arbres devant la résidence, au point qu’on se demande s’il ne va pas y avoir de la casse. La première photographie est prise, une nouvelle fois, à Shinagawa et il s’agit d’une partie de l’immeuble à l’aspect monolithique noir de NTT Data. Cette partie de l’immeuble est comme une anomalie, une protubérance qui se dégage de l’immeuble de manière asymétrique. Cette partie de l’immeuble semble être la partie publique donnant accès à des centres de conférences. J’aime ces coloris de vitrages verdâtres, comme on peut le voir également sur le petit immeuble de la deuxième photographie près de la gare d’Ebisu. Le design des grandes surfaces vitrées en forme de ruches d’abeilles est intéressant. Si on n’entrevoyait pas l’intérieur, on aurait l’impression qu’il s’agit d’un gigantesque aquarium. La troisième photographie est celle d’un coin de rue à Ebisu. Le bâtiment noir à droite était celui du Club Milk, un des clubs les plus connus à Ebisu mais qui a fermé ses portes il y a plus de dix ans, en 2007 pour être précis. Comme la façade noire si particulière n’a pas changé depuis ce temps là, je pensais même que Milk était toujours ouvert. Je me souviens y être allé à l’époque de mes vingt ans, mais je ne souviens plus du tout à quoi ressemblait l’intérieur. Ma mémoire me fait défaut et les téléphones portables i-mode de l’époque ne permettaient pas facilement d’immortaliser tous ces moments.

Images extraites des vidéos de deux morceaux de Oyasumi Hologram おやすみホログラム intitulées Emerald et Ghost Rider.

J’écoute assez régulièrement deux morceaux du groupe d’idoles alternatives Oyasumi Hologram dont je parlais déjà il y a plusieurs mois après avoir écouté un de leurs EPs, le EP15. J’écoute d’abord un ancien morceau intitulé Emerald en association avec un autre jeune groupe appelé Have a nice day!, après avoir vu une version live sur YouTube. J’aime l’énergie qui se dégage de ce morceau et la force de la partition électronique, certes simple et poussive, qui tourne sans relâche pendant toute la longueur du morceau. J’aime regarder cette version live prise en salle de concert car elle montre une version un peu foutraque du morceau entre problème de micro, sauts dans la foule de spectateurs admirateurs des deux filles, cris inattendus dans le micro … folie et excentricité de cette jeunesse là. La vidéo officielle ne manque pas non plus de brouillages avec mouvements excessifs de caméras et parasitages de l’image. L’autre morceau que j’écoute est plus récent car il s’agit du dernier single du groupe, intitulé Ghost Rider. La vidéo est beaucoup plus posée et se déroule au volant d’une Porsche blanche conduite par August 八月ちゃん, tandis que Kanamil カナミル regarde dans tous les sens dans les rues traversant, entre beaucoup d’autres, des quartiers de Shibuya. Ghost Rider est très différent des morceaux beaucoup plus riches en guitares du EP15. Les voix de ce morceau sont beaucoup plus maîtrisées que ce que je connaissais du groupe, ce qui me fait dire qu’elles savent également chanter de manière claire et fluide. Le morceau est très attachant et on y revient volontiers, même s’il est beaucoup plus mature et mainstream que les autres morceaux que je connais de OYSM.

Le fil twitter de OYSM me surprend avec cette photo de Shutoku Mukai et Hisako Tabuchi du groupe Number Girl. La photo a été prise au festival rock 夏の魔物2018 in TOKYO (Summer Demon) à Aomi. Oyasumi Hologram se produisait sur scène pour ce festival accompagné de Ahito Inazawa, également du feu groupe Number Girl. D’après le programme, Mukai et Tabuchi y jouaient le même jour, mais séparément. Les hasards de twitter me font découvrir une autre photo au même festival, toujours avec Mukai mais cette foi-ci avec Ano, idole alternative du groupe au nom bizarre ゆるめるモ! (You’ll melt more!). C’est une association photographique assez étonnante. Je n’ai pas beaucoup d’intérêt pour ce groupe en particulier, mais j’avais beaucoup aimé le morceau de Towa Tei avec Ano sur le morceau REM de l’album EMO. Et Ano n’a pas l’air comme ça, mais elle est complètement barrée et on a du mal à bien percevoir s’il s’agit de comédie. Pour revenir à Number Girl, j’ai eu une période récente de ré-écoute des quatre albums du groupe en me disant que c’est bien dommage qu’ils aient arrêté. Il y avait quelque chose de puissant et d’authentique dans ce rock là. Number Girl a influencé beaucoup de suiveurs de la scène rock japonaise, et ont eu de nombreux fans. Sheena Ringo en faisait d’ailleurs partie. En espérant qu’elle puisse repartir un peu vers cette source rock là, car son dernier single 獣ゆく細道 (The narrow way) avec Miyamoto Hiroji n’est malheureusement pas très enthousiasmant.

une calamité

Nous sommes ici, sur la première photographie, à proximité de la station de Ebisu, derrière les immeubles donnant sur la rue principale, la rue Komazawa passant devant la station. Derrière la barrière d’immeubles, se cache un espace urbain à l’écart: un petit jardin public où se sont regroupés quelques adolescents pour s’entrainer à la danse ou pour jouer à voix haute une scène dans l’espoir d’une célébrité future. A côté du parc, un large parking ressemble à un terrain laissé en jachère. Le vaste espace creusé derrière la barrière blanche d’immeubles, les plantes vertes sauvages qui investissent le terrain du parking, mais surtout cette lumière forte attirent mon regard photographique. Un peu plus loin, au croisement de Yarigasaki près de Daikanyama, j’aperçois une succession d’affiches publicitaires qui attirent le regard. C’est fait exprès. Il s’agit d’une publicité pour la marque de vêtements Franco-japonaise Maison Kitsune, qui s’est, à n’en pas douter, inspirée des campagnes d’affichage de la marque New Yorkaise Supreme. On en voit moins en ce moment, mais Supreme avait pris l’habitude d’aligner les affiches publicitaires identiques sur deux ou trois rangées. On voyait sur ces affiches, des personnalités américaines, de Kate Moss à Neil Young. La caractéristique des affiches Supreme est qu’elles étaient toujours un peu déchirées. J’ai d’ailleurs toujours pensé que c’était fait exprès pour représenter une certaine forme d’art urbain. Allez, Maison Kitsune, déchirez un peu vos affiches! La dernière photographie est prise à la station de Shibuya, toujours remplie elle aussi d’affiches publicitaires. Cette fois-ci, c’est l’actrice Suzu Hirose, assise en tenue de collégienne au milieu du croisement de Shibuya, qui occupe l’espace d’affichage stratégique de la station. J’avais vu cette actrice pour la première fois au cinéma dans le très beau film Notre Petite Sœur de Hirokazu Kore-Eda. Le dernier film de Kore-Eda, Manbiki Kazoku, qui a reçu la palme d’or à Cannes cette année, n’est pas encore sorti au cinéma, mais j’ai très envie de le voir. D’ailleurs un peu avant le début du festival de Cannes, j’avais regardé un autre film de Kore-Eda, Nobody Knows. Je voulais le voir depuis longtemps mais l’occasion ne s’était jamais vraiment présentée. Je ne le découvre qu’il y a quelques semaines et c’est un sacré choc. Les jeunes acteurs sont excellents tout comme la mère jouée par YOU. On croit tellement à cette histoire d’abandon que ça nous prend au cœur. C’est tiré d’un fait divers, me semble t’il. J’ai beaucoup pensé à ce film et à cette histoire après l’avoir vu. Le fait d’être parent joue certainement beaucoup sur l’émotion qui se dégage quand on regarde ces images. Derrière l’affiche de Suzu monopolisant tout l’espace du croisement de Shibuya, l’immeuble de Kengo Kuma grandit de plus en plus. Il doit avoir atteint sa taille finale et on s’occupe maintenant des vitrages. Je suis venu exprès devant la station pour voir l’avancement des travaux et surtout pour constater de mes yeux le travail de « deconstruction » d’une des façades, que j’avais pu constater avec beaucoup de surprise sur une maquette à l’exposition de Kengo Kuma à la galerie de la gare de Tokyo, le mois dernier.

Photographies extraites de la video du morceau 災難だわ (Sainan dawa) de Megumi Wata 綿めぐみ disponible sur Youtube.

Je continue mes recherches et découvertes musicales japonaises avec Megumi Wata 綿めぐみ, sur le label indépendant Tokyo Recordings, fondé en 2015 par un certain Nariaki Obukuro 小袋成彬, dont je parlais précédent pour son album Bunriha no Natsu. En fait, de Megumi Wata, je n’ai écouté que ce morceau, sorti en Janvier 2015, intitulé 災難だわ (Sainan dawa) qu’on traduirait par C’est une calamité, qui est génial. Le rythme un peu mécanique de la voix et des mouvements de Megumi Wata sur la vidéo en noir et blanc, et le phrasé rapide qui se construit de répétition de quelques phrases sont vraiment addictifs. Les voix féminines sont souvent trop aiguës pour mon goût mais ça passe bien sur ce morceau (pas sûr pour le reste de ses morceaux par contre). Toujours est il que cette calamité-là est la bienvenue dans mes oreilles. Je l’écoute en boucle avec quelques autres morceaux dont je parlerais certainement plus tard dans un prochain billet.