一瞬の光を切り取って

Un des objectifs de ma marche dans les quartiers de l’arrondissement de Meguro était de trouver une maison de béton près de la station de Yūtenji. Elle s’appelle Sky Cave et a été conçue par Ikawaya Architects. Je la montre sur les quatre photographies ci-dessus. Joël me l’avait indiqué par e-mail il y a plusieurs semaines et je me devais d’aller partir à sa recherche. Cette maison contient une clinique au rez-de-chaussée, tandis que les deuxième et troisième étages sont des étages privées pour deux générations d’une même famille. La qualité de cet espace vient en grande partie de la voûte au troisième étage couvrant en partie la terrasse et l’espace intérieur composé du salon et de la salle à manger. Elle surprend lorsqu’on l’aperçoit à travers l’espace urbain alentour. La maison est idéalement placée devant une petite forêt, tandis que la station de Yūtenji est assez proche derrière. La grande et superbe maison de béton des deux dernières photographies se trouve elle à Naka-Meguro. Je l’ai déjà prise en photo il y a longtemps et montré dans un billet de 2010. Je l’ai souvent recherché distraitement jusqu’à ce que je la retrouve volontairement pendant cette marche. J’avais déjà fait deviner qui habite dans cette riche maison de béton dans mon billet précédent et la réponse avait été facilement trouvée.

En reprenant ma route en direction de Kami-Meguro, une jeune fille aux cheveux teints en blond et coupés au carré, portant un carton des deux mains, m’arrête soudainement alors qu’elle descendait la rue que je parcourais en sens inverse. Elle avait l’air pressée mais avait en même temps un petit air enjoué. Il est relativement rare qu’un ou une inconnue m’adresse la parole en pleine rue, et ça m’a d’abord surpris. Elle m’explique qu’elle est maraîchère en me faisant un signe de la main en arrière pour m’indiquer vaguement d’où elle vient, et essaie de vendre un surplus de clémentines. La démarche m’étonne un peu surtout qu’il ne s’agit pas ici d’une rue commerçante mais plutôt d’une rue résidentielle quasiment déserte. Elle semble en fait descendre vers la station, certainement pour aller les vendre là bas et elle a vu en moi un éventuel client. Je devais avoir la tête de quelqu’un qui allait lui acheter des clémentines et, pris dans l’action, je ne pouvais que difficilement lui refuser. Elle me demande d’abord si j’aime les clémentines et m’indique que celles-ci sont très bonnes car elles viennent de Nagasaki. Il y avait une quinzaine de clémentines dans son carton, mais je ne me voyais pas en manger autant donc on se met d’accord sur cinq. En voyant mon appareil photo en bandoulière, elle me demande si je suis photographe. Et peu après, elle reprend sa route au pas de course et disparaît comme une fille éclair (閃光少女) dans le coin d’une rue.

Je me suis donc acheté comme cadeau de Noël le coffret de Tokyo Jihen composé du best album Sōgō (総合), du Blu-Ray Prime Time et d’une cassette audio incluant deux morceaux remixés. Sōgō contient en tout trente morceaux dont les deux inédits Hotoke Dake Toho (仏だけ徒歩) et Genzai to Fukuin (原罪と福). Plus je l’écoute, plus j’aime le morceau Hotoke Dake Toho écrit et composé par Sheena Ringo. Il n’était pas évident à la première écoute mais c’est un morceau qui se révèle après plusieurs écoutes. Genzai to Fukuin est composé par Seiji Kameda et ça se ressent dès les premières notes. Il n’est pas spécialement mémorable car plus classique. Je n’aime pas beaucoup la première partie mais il monte en intensité émotionnelle dans sa deuxième partie, ce qui rattrape un peu l’ensemble. Le principal problème de cette compilation Sōgō est le nouveau mix par Uni Inoue. Inoue est le mixeur officiel du groupe et est même considéré par certains membres de Tokyo Jihen comme le sixième membre du groupe. Il a eu la désagréable idée de monter beaucoup trop fort les niveaux, notamment de basse et de batterie. Ce boost fonctionne assez bien sur certains morceaux comme OSCA, mais est une catastrophe sur Killer Tune par exemple. La voix de Sheena Ringo sature quand elle monte en puissance et le hi-hat de la batterie est beaucoup trop prononcé. J’ai remarqué ce problème sur plusieurs morceaux et ça passe difficilement pour une écoute avec des écouteurs. J’ai beaucoup de mal à comprendre ce choix de mixage, qui se trouve être moins bon que ce qu’on peut entendre sur les originaux. Le Blu-Ray Prime Time donne une bien meilleure expérience bien qu’il soit sans grande surprise. On retrouve toutes les vidéos musicales du groupe depuis le début. La qualité d’image est plutôt bonne sur les morceaux plus anciens et excellente sur les nouveaux. Je suis toujours épaté par la qualité visuelle de la vidéo du morceau Sora ga Natteiru (空が鳴っている) de l’album Daihakken (大発見), réalisée par Yuichi Kodama comme la plupart des vidéos récentes du groupe. Ma vidéo préféré, comme celle du public, est celle du récent Ryokushu (緑酒) que Tokyo Jihen jouera d’ailleurs à Kōhaku ce 31 Décembre. Il y a quelques bonus sur Prime Time: les courtes vidéo promotionnelles pour l’album Music (音楽) avant sa sortie, une version de Senkō shōjo (閃光少女) de l’album Sports (スポーツ) composée d’extraits vidéos d’autres clips, entre autres. Mais rien de vraiment nouveau, à vrai dire. La plupart des vidéos étaient en fait déjà sortis à ma connaissance sur les DVD/Blu-ray accompagnant chaque album après leur sortie et je les avais déjà. Il y avait également une compilation de vidéos intitulée Golden Time sortie après la séparation de Tokyo Jihen en 2012, qui contenait les morceaux Konya wa karasawagi (今夜はから騒ぎ, Beaucoup de bruit pour rien) et Tadanaranu kankei (ただならぬ関係, And the beat goes on), jamais sorties auparavant en DVD/Blu-ray. Prime Time est beaucoup plus complet, comprenant en tout 28 morceaux dont certains récents jamais sortis en DVD/Blu-ray comme Eien no fuzai shōmei (永遠の不在証明, The Scarlet Alibi), Aka no dōmei (赤の同盟, Alianza de sangre), Ryokushu (緑酒) et bien sûr Hotoke dake toho (仏だけ徒歩, To Nirvana). Au final, redécouvrir sur grand écran et en excellente qualité tous ces morceaux à la suite vaut le détour. Une très bonne surprise du coffret est la mix tape de deux morceaux, Karada (体) (B-side du single Killer Tune) et Zettaizetsumei (絶体絶命), par Yoshinori Sunahara. Le mix donne par exemple beaucoup de sensualité au morceau Karada, et le côté rétro sur Zettaizetsumei fonctionne très bien. Sunahara ajoute beaucoup d’effets supplémentaires mais ça ne surcharge pas à mon avis les morceaux. Je me dis en écoutant cette mix tape, que ça aurait été excellent de laisser Sunahara remixer la totalité de la compilation, ce qui aurait apporter une vraie nouveauté. Yoshinori Sunahara (砂原良徳) est producteur et DJ, ancien membre de Denki Groove et membre actuel du super-groupe Metafive, fondé par Yukihiro Takahashi du YMO. Dans un billet de 2017, j’essayais de trouver des liens entre Sheena Ringo et Yukihiro Takahashi, et je pense que je m’en approche doucement.

Comme je le mentionnais déjà, Tokyo Jihen est très présent ces derniers temps dans les médias pour la promotion du best album. Et peut être un peu trop d’ailleurs car Sheena Ringo en est tombée malade bien qu’on ne sache pas la cause exacte de cette maladie. Elle n’était par conséquent pas présente pour certaines émissions, dont celle Live sur YouTube Hanakin Night Ajito Nau (花金ナイト -ビヨンド- 「アジトなう。」) du 22 Décembre 2021. Kameda menait donc l’émission sans Sheena mais avec les trois autres garçons ce qui était assez drôle car l’émission était du coup décousue. Mais la « cheffe » regardait quand même l’émission depuis chez elle et envoyait par moment des messages SMS pour recentrer la discussion. Pendant cette émission, Izawa nous confirme encore que le groupe avait l’intention initiale de se reformer pour une seule année, mais qu’il avait fait exprès de créer des nouveaux pour que le groupe puisse continuer. Izawa nous a dit plusieurs fois lors d’autres émissions son attachement pour Tokyo Jihen. Ça paraissait d’ailleurs très clair lors de cette émission. Un autre détail amusant est d’entendre Ukigumo se plaindre qu’il n’arrive pas toujours à lire les kanji dans les paroles de certains morceaux écrits par Sheena (on sait qu’elle utilise souvent des kanji compliqués ou anciens). Kameda revient encore sur le fait qu’il avait découvert très tard que le titre du morceau Hotoke Dake Toho était un palindrome. Ces petits moments où ils abordent la personnalité particulière de Sheena étaient assez amusants. L’émission, bien qu’assez désordonnée, était intéressante mais était seulement disponible en Live et n’est plus actuellement disponible sur YouTube. Le mardi 28 Décembre, une autre émission appelée MVP Music Awards avec le groupe et le réalisateur Yuichi Kodama était visible en Live sur le site de Pia pour celles et ceux qui avaient acheté Sōgō et Prime Time. Une loterie sélectionnait 600 personnes pour y assister sur place dans une salle de Yurakuchō, mais je ne faisais malheureusement pas partie des heureux gagnants. Je me suis contenté de la version retransmise en simultané sur internet. MVP Music Awards mimait en fait une cérémonie de remise de prix, genre MTV vidéo music awards, sauf que seul Tokyo Jihen était nominé et la présentation était assurée par Sheena Ringo, qui imitait une présentatrice de spectacle, comme elle sait très bien le faire. L’émission était pleine d’humour mais tout de même assez anecdotique.

J’ai beaucoup plus aimé l’émission radio Wow Music sur J-Wave le 18 Décembre car elle était présentée par Seiji Kameda et avait Sheena Ringo comme invitée. Kameda lui posait des questions sur ses influences comme s’il ne les connaissait pas déjà. En fait, il s’avère que Kameda a une très mauvaise mémoire car il oublie beaucoup de détails sur l’histoire du groupe. Il dit même que les fans doivent être beaucoup plus informés sur le groupe qu’il l’est lui-même. Sheena nous parle de sa méthode de création musicale. Elle nous dit qu’elle démarre en général d’un visuel, en imaginant par exemple des scènes de la vie quotidienne. Elle évoque également la difficulté qu’elle peut avoir à écrire les paroles sur des morceaux composés par les autres membres du groupe. Vers la fin de l’émission radio, Kameda demande à Sheena quel est l’artiste qu’elle a apprécié en concert et elle mentionne James Blake qu’elle aurait vu lors d’un concert au festival Fuji Rock. Tokyo Jihen ne s’est à priori pas produit en même temps que James Blake lors de ce festival. Kameda passe le morceau Voyeur de l’album Overgrown sorti en 2013. J’avais beaucoup aimé et écouté quelques morceaux de James Blake sur ses premiers EPs Klavierwerke et CMYK puis sur son premier album éponyme sorti en 2011 (The Wilhelm Scream est fabuleux), mais je n’avais pas suivi sa carrière. Je ne découvre donc que maintenant l’album Overgrown que je cours acheter au Disk Union d’Ochanomizu (pour la modique somme de 300 yens). Le morceau Voyeur passé pendant l’émission Wow Music m’avait beaucoup impressionné (cette nappe sonore unie qui couvre une partie du morceau) et je découvre que l’album dans sa totalité est assez fabuleux, notamment les morceaux Retrograde, Digital Lion en collaboration avec Brian Eno, To the Last. J’avais oublié la grâce de la voix de James Blake, tout en nuances. Musicalement, l’atmosphère ne respire pas la joie de vivre, mais on y trouve quand même une chaleur humaine certaine dans le froid hivernal qu’il nous montre sur la pochette de l’album. En fait, je suis assez surpris que Sheena Ringo mentionne James Blake, mais je suis en même temps bien content d’avoir découvert cet album.

今すぐ笑って

Les visiteurs les plus attentifs remarqueront peut-être les légers changements dans le traitement de l’image sur les photographies ci-dessus prises à Shibuya. Comme sur une série précédente prise à Ginza, je joue cette fois-ci un peu plus sur les niveaux de vibrance et de saturation des couleurs, en essayant de neutraliser l’effet de l’un sur l’autre. L’apparence très sombre des rebords bétonnés de la rivière de Shibuya à l’approche du building Stream n’est pourtant pas vraiment accentuée par le traitement de l’image. Je ne me souvenais pas que le béton était aussi sombre. Ces formes fuyantes s’accordent bien avec celles de la photographie suivante montrant les lignes de la voix ferrée nouvellement recouverte et la passerelle reliant le building Shibuya Scramble Square lié à la gare de Shibuya au building Hikarie de l’autre côté de l’avenue Meiji. Au grand carrefour de Shibuya, les grands écrans digitaux se multiplient. Celui légèrement incurvé au dessus d’un vieux building, qui diffuse régulièrement des publicités pour Yakult, est un des plus impressionnants car il montre souvent des visages en gros plan. Sur cette photographie, MISIA nous regarde de loin avec un air grave. On préfère quand même la voir sourire même de manière forcée. Ce visage m’inspire le titre du billet. En réalité, ce titre m’est également vaguement inspiré par la phrase 無理やり笑って お願い笑って (Forces toi à rire, s’il te plaît, ries) extraite des paroles d’un morceau du groupe rock japonais Quruli.

Après avoir écouté deux albums de Quruli (くるり), Zukan (図鑑) et Team Rock, sortis respectivement en Janvier 2000 et en Février 2001, j’avais bien l’intention de continuer mon écoute de la musique du groupe. Je continue donc avec l’album Sayonara Stranger (さよならストレンジャー) sorti en Avril 1999. C’est clairement un album que j’aurais aimé découvrir à mon arrivée à Tokyo en Février de cette même année 1999. J’y repense soudainement maintenant en écoutant une des émissions Etsuraku Patrol de Sheena Ringo de l’année 1999. Dans une des rubriques de son émission, elle mentionne cet album de Quruli en nous disant qu’elle l’aime tellement que Quruli vient même remplacer Blankey Jet City dans ses obsessions musicales actuelles. Il faut dire qu’elle expliquait juste avant dans cette même émission qu’elle essayait de mettre une halte à son obsession, jusqu’à la rendre malade, de Kenichi Asai et Blankey Jet City. Quruli semblait être un remède. Dans l’émission, elle n’explique pas vraiment clairement les raisons pour lesquelles elle aime tant cet album et dit même aux auditeurs que ce serait plus simple et rapide qu’ils écoutent eux-mêmes l’album pour se faire une idée. Elle passe pourtant à l’antenne deux morceaux, Kasa (傘) qui est le morceau le plus expérimental de l’album (et dont est tiré mon titre de billet) et le single Tokyo (東京) sorti l’année d’avant en 1998 mais intégré dans cet album Sayonara Stranger. Elle nous dit même qu’elle pleure à chaque fois qu’elle écoute ce morceau Tokyo, à un moment particulier vers la fin quand Shigeru Kishida chante でもすごくつらくなるんだろうな (mais ça va devenir extrêmement pénible). Quruli étant originaire de Kyoto et le titre de ce morceau étant Tokyo, je pense que les paroles écrites par Kishida abordent sa “montée” vers Tokyo (上京) pour y vivre, en laissant derrière lui une petite amie qu’il oubliera petit à petit, dont le souvenir réapparaîtra soudainement après quelques verres, mais avec qui il finira par avoir du mal à parler lorsqu’il l’appellera au téléphone. Je pense que ces paroles de Kishida parlaient à Sheena à cette époque car elle était pareillement “montée” vers Tokyo depuis sa ville de Fukuoka en laissant son petit ami de l’époque. Tokyo est certainement un des plus beaux morceaux de l’album mais ce n’est pas le seul.

L’ensemble de l’album est résolument rock avec une forte influence, dans le son des guitares, du rock alternatif américain du début des années 1990, celui qui a bercé une bonne partie de mon adolescence. Par exemple, sur le morceau Sayonara Stranger, qui donne son titre à l’album, une des sonorités de guitare me rappelle celle pleine d’écho qu’on peut trouver sur un morceau du premier album Gish des Smashing Pumpkins. Il n’y a par contre aucune ressemblance avec la musique des Smashing Pumpkins en tant que telle, car la voix de Kishida est beaucoup moins typée et forte que celle de Billy Corgan. Il y a une relative simplicité dans les paroles des morceaux, accentuées par la prononciation très distincte de Kishida, qui leur donnent une approche poétique. Il y a beaucoup de morceaux qui accrochent immédiatement par leur énergie rock comme le deuxième morceau Niji (虹) ou le suivant Old Timer (オールドタイマー). Sur ce dernier morceau, la manière de chanter plus agressive de Kishida me rappelle un peu celle Mukai Shutoku sur les morceaux de Number Girl. Le refrain se distingue ensuite assez vite du style de Number Girl, mais on remarque sur ce premier album majeur de Quruli, différentes influences rock. Sur des commentaires que j’ai pu lire au sujet de cet album, certains lui reprochaient un manque d’originalité. Moi, je trouve qu’il présage bien des albums qui vont suivre en mélangeant des passages plus folk, d’autres plus expérimentaux avec une atmosphère rock rapidement accrocheuse. Cet album est proche de l’ambiance rock que j’aimais tant avant mon arrivée à Tokyo et c’est par conséquent l’album que j’écoute le plus souvent parmi les trois que je connais de Quruli et celui vers lequel j’ai envie de revenir régulièrement. Au final, je ne regrette pas d’avoir écouté les conseils de Sheena sur son émission et son avis influence certainement un peu mon appréciation. La sortie de cette album l’année de ma « montée » personnelle vers Tokyo et le fait que j’ai le même âge que Kishida doivent également jouer sur le lien que je tisse avec cet album. J’aurais aimé le découvrir cette année là, plutôt que 22 ans plus tard.

Dans ses recommandations musicales, Sheena Ringo diffuse également dans son émission Etsuraku Patrol, des morceaux de Radiohead et de Beck. De Radiohead, elle nous dit beaucoup aimé le morceau Creep qu’elle a d’ailleurs déjà repris sur scène en concert (Kyoei Buranko 虚栄ブランコ le 30 Novembre 1999), mais elle diffuse plutôt un autre morceau, Anyone can play guitar, également sur le premier album du groupe, Pablo Honey, sorti en 1993. Elle évoque aussi l’album Odelay de Beck, en diffusant dans l’émission le morceau Where it’s at. Elle décrit Odelay comme étant l’album avec un gros chien poilu sautant sur la pochette. C’est vrai que ce chien était tout à fait remarquable et représente bien toute la bizarrerie de la musique de Beck de cette époque. Je me suis remis à écouter Beck. Je connaissais depuis de nombreuses années son album Mellow Gold, avec le single immanquable Loser, mais j’avais fait beaucoup plus récemment (il y a quelques années) une fixation sur sa musique en écoutant presque tous ses albums les uns après les autres. Mellow Gold et Odelay sont certainement les meilleurs albums de Beck, mais j’apprécie également énormément l’album Sea Change sorti en 2002 qui marquait un tournant folk dans sa carrière. Le folk a toujours été présent dans la musique de Beck mais trituré par des samples, tandis que sur Sea Change, l’approche est beaucoup plus apaisée et contemplative. J’avais trouvé dans cet album un compagnon idéal à mes promenades urbaines. Je me souviens d’ailleurs très bien des lieux près de Shinagawa que je parcourais dans le froid en écoutant cette musique. Le morceau Round the Bend reste par exemple gravé dans ma mémoire comme étant associé à ces lieux. J’hésiterais même à l’écouter dans d’autres circonstances pour éviter d’altérer ce souvenir. Mais je l’écoute quand même récemment dans la voiture, jusqu’à ce que Mari me conseille de changer de disques car je risquerais de m’endormir au volant. Le morceau Round the Bend passait justement à ce moment. J’étais très loin de m’endormir au volant, mais c’est vrai que cette musique est tellement apaisée qu’elle pourrait nous accompagner jusqu’au sommeil (Il ne s’agit pas là d’une critique). Beck cite la rupture avec sa compagne comme étant l’influence principale de cet album et il en ressort une plénitude réparatrice plutôt qu’une agressivité vaine.

J’écoute aussi de nouveau l’album Guero, sorti à la suite de Sea Change mais 3 années plus tard en 2005. Guero reprend un style plus proche de celui d’Odelay sans pour autant être aussi percutant. En réécoutant cet album, je remarque maintenant le morceau Hell Yes, qui était un des singles de l’album. Il y a une voix féminine accompagnant Beck que je crois d’abord être japonaise. Cette voix parle en anglais sans accent particulier mais avec un petit air juvénile et prononce ensuite les mots d’approbation japonais « Hai » qui sonnent vraiment japonais dans le ton et la manière d’aspirer les « h ». Il fallait donc que je fasse des recherches pour savoir qu’elle était cette voix japonaise. A ma grande surprise, il s’agit en fait de la voix de l’actrice américaine Christina Ricci, qui a connu la célébrité mondiale suite à son rôle dans le film The Addams Family en 1991. Il s’avère en fait que mon intuition n’était pas tout à fait incorrecte car Beck a d’abord cherché une voix de fille japonaise pour l’accompagner sur ce morceau. Alors qu’il était en tournée au Japon, Beck s’était mis en tête de trouver une voix de serveuse (les paroles disent des choses comme « please enjoy ») en allant dans divers restaurants japonais, mais sans trouver une voix qui lui convenait. Christina Ricci prit finalement ce rôle et est créditée en tant que “Kurisuti-na” pour garder à peu près des consonances japonaises. Mais, il faut noter que Beck a bien collaboré avec une voix japonaise quelques albums plus tard. C’était une collaboration improbable avec Daoko sur le morceau Up All Night. On ne trouve pas la version avec Daoko sur l’album Colors de 2017, mais en single séparé. Elle a également interprété ce morceau sur scène avec Beck lors du festival Summer Sonic de 2018.

Et en écoutant Beck, je pense maintenant aux Beastie Boys. Le style est différent mais Beck et les Beastie Boys partagent l’utilisation intensive des samples et des mélanges musicaux hétéroclites. Ils ont cette même folie créative et je trouve que certains sons se rejoignent, bien que les tonalités des voix soient très différentes. En fait, je me remets à écouter l’album Hello Nasty des Beastie Boys, sorti en 1998, car je découvre une reprise du morceau Intergalactic de cet album par le groupe de filles Atarashii Gakko! (新しい学校のリーダーズ) dont j’ai parlé récemment. Atarashii Gakko! pousse le mimétisme jusqu’à reprendre le même uniforme que les trois Beastie Boys. Les scènes sont également tournées dans des lieux similaires, comme devant la mairie de Tokyo à Nishi-Shinjuku. J’avais acheté l’album Hello Nasty au moment de sa sortie, peu de temps avant de venir à Tokyo, mais je ne me souviens pas l’avoir autant apprécié que maintenant. Je pense que j’avais eu à l’époque la déception que la version du morceau de Body Movin présente sur l’album était différente de celle du single mixée par Fatboy Slim. Il s’avère que je préfère maintenant la version originale sur l’album. Hello Nasty, dans son ensemble, est percutant. L’urgence et la puissance de leurs voix et l’humour omniprésent qui se dégage de l’album me plait beaucoup. Je n’écoute pas beaucoup de hip-hop, mais j’ai l’impression que le son des Beastie Boys venait à l’époque casser les codes du genre. Je ne me souvenais plus que l’album contenait autant de titres (22) et qu’il était aussi varié. Le quinzième morceau intitulé I Don’t Know semble par exemple avoir été inscrit sur la playlist par erreur. Il vient en quelque sorte apporter une petite bouffée d’air dans l’album, comme une petite promenade en campagne Upstate (si on associe le hip-hop des Beastie Boys à l’univers urbain new-yorkais). Ce morceau assez court est d’ailleurs accompagné par Miho Hatori (羽鳥 美保) du groupe rock alternatif new-yorkais Cibo Matto. Cibo Matto Comme les Beastie Boys ne sont plus actuellement en activité (depuis la mort d’Adam « MCA » Yauch d’un cancer en 2012). Miho Hatori compose toujours et j’aimais d’ailleurs beaucoup son morceau Tokyo Story sur son album sorti au début de l’année Between Isekai and Slice of Life 〜異世界と日常の間に〜.

light waves

Les illuminations de fin d’année sont de retour sur l’avenue Omotesando. Elles avaient été supprimées l’année dernière et on les retrouve maintenant. Elles sont simples mais ce sont certainement les plus belles de Tokyo. Je les préfère aux lumières froides de Roppongi Hills ou de Tokyo Mid-Town. Ce genre d’illuminations ne rend pas très bien en photo, du moins je n’arrive pas à obtenir en photo l’effet qu’on peut avoir en les voyant réellement. Je me décide donc pour le mouvement pour retransmettre une idée de flots de lumières. Ces images retransmettent une sorte d’incandescence électrique qui correspond assez bien à l’image de couverture de la musique qui va suivre. L’année se termine bientôt et il me reste encore beaucoup de photographies de 2021 a montrer ici. Comme c’était le cas l’année dernière, je ne pense pas pouvoir toutes les montrer avant la fin de l’année.

J’écoute vraiment souvent le nouveau morceau de a子 (A-ko) intitulé Drip (どろり), sans m’en lasser une seconde depuis dix jours. Il est sorti le 8 Décembre. Il doit s’agir du morceau que je préfère et il y a pourtant beaucoup de morceaux que j’adore de a子, notamment son avant-dernier single Somewhere. Sur Drip, Il y a un dosage parfait entre une certaine mélancolie et une mélodie pop dans le refrain qui s’accorde parfaitement avec sa voix. J’aime aussi beaucoup la partie solo de guitare pleine d’écho qui intervient dans la dernière partie du morceau. J’aime avant tout l’émotion délicate qui se dégage de cette musique mais en même le morceau est très accrocheur. Il y a un équilibre qui est à mon avis difficile à obtenir mais a子 y parvient très bien sur certains morceaux comme celui-ci. Sa musique, que j’écoute depuis son très bel EP Misty Existence (潜在的MISTY), mériterait d’être beaucoup plus reconnue. Elle sort ses nouveaux morceaux au compte-goutte ces derniers temps et je profite de l’addiction que me procure actuellement Drip pour écouter d’autres morceaux que je ne connais pas encore ou que je connais moins de l’artiste. Il y a notamment le morceau bye sorti au début de l’année, le 4 Janvier, et que j’ai eu tord de manquer lors de sa sortie.

À propos de a子, je le savais déjà car j’en avais déjà parlé dans un billet précédent mais je me rends compte qu’elle adore Sheena Ringo et Tokyo Jihen. On ne voit par contre pas d’influence particulière dans ses compositions musicales ou dans sa voix qui est d’un style très différent de celle de Sheena, je dirais même à l’opposé. Elle poste souvent des Like sur son compte Twitter concernant SR/TJ et en parle même à plusieurs reprises en interview sur le site de revue musicale Mikiki, affilié à Tower Records. Quand on lui demande de citer les dix morceaux qui ont construit sa personnalité (私を作った10曲), elle cite Honnō (本能) de Sheena Ringo et Genjitsu wo Warau (現実を嗤う) de Tokyo Jihen (mais également un morceau de Sakanaction et de Flying Lotus). Je note ci-dessous ce que a子 nous dit à propos de Honnō dans cet article de Mikiki:

椎名林檎と言えばこの曲を真っ先に思い浮かべる方が多いのでは無いでしょうか。
もちろん私もその1人で、サウンド、歌詞、ビジュアル、どこを取っても素晴らしいの一言に尽きます。いつか同じように凄い楽曲を作ることが私の夢です。

Lorsqu’on évoque Sheena Ringo, beaucoup de personnes pensent d’abord à cette chanson (Honnō). Je suis, bien sûr, également une de ces personnes. Le son, les paroles, le visuel, où que vous regardiez, tout est merveilleux. Mon rêve est d’écrire un jour une chanson qui soit pareillement incroyable.

Dans une autre interview sur ce même site musical Mikiki, a子 nous parle de ses influences musicales, tout d’abord internationales. Elle évoque ensuite la musique de Sheena Ringo et l’approche qu’elle en a eu:

――その他に影響を受けたアーティストはいますか?
「日本人だと、椎名林檎さんがものすごく好きで……。実は、林檎さんの楽曲は上京するまでしっかり聴いたことなかったんですよ。ずっと存在は知っていて、〈あ、素晴らしい方がいらっしゃる〉みたいな。恐れ多いのですが、昔から目の端のほうで存在を捉えてはいたのですが、私の第六感が〈いまは聴くのをやめたほうがいいよ〉と言っていて。〈いま聴いたら自分のやりたかったこと全部完璧にしていらっしゃる椎名林檎さんと自分を比べて絶望して、音楽を辞めちゃうのでは〉と少し思っていまして。
でも、上京してから〈でもやっぱり聴きたい〉という思いに負けて、圧倒的なオーラを放っていらっしゃる林檎さんを聴いちゃいましたね。それで、椎名さんが出されているアルバムとかライブDVDとかを片っ端から聴いたり観たりしまして。もうまんまと沼に落ちまして、いまでは大好きなアーティストです」

– Y a-t-il d’autres artistes qui vous ont influencé ?
Pour ce qui est des artistes japonais, j’aime beaucoup Sheena Ringo… En fait, je n’écoutais pas attentivement la musique de Ringo-san avant de venir à Tokyo. Je connais par contre sa musique depuis longtemps, en me disant « Ah, il existe cette personne exceptionnelle ». Par crainte et dans une manière un peu rapide de voir les choses, mon sixième sens me disait « Tu devrais arrêter d’écouter sa musique. Si tu n’arrêtes pas d’écouter maintenant, tu vas irrémédiablement comparer ce que tu veux faire avec tout ce que Sheena Ringo a déjà fait parfaitement, et ça va te décourager à continuer la musique ». Mais après être venu à Tokyo, j’ai succombé à l’envie d’écouter sa musique, et j’ai fini par écouter Ringo-san à l’aura écrasante. J’ai ainsi écouté et regardé tous les albums et les DVDs Live que Ringo-san a sorti. Je ne peux maintenant plus m’en passer et c’est une artiste que j’adore.

Elle continue ensuite avec une remarque que j’avais déjà lu sur son Twitter et que j’avais déjà mentionné dans un billet précédent et une anecdote traduisant bien sa fascination pour l’artiste.

――では、椎名林檎さんはいまのa子さんにとって、心の支えと言っていいくらいに大切なアーティストでしょうか?
「そうなんですよ。自分は音楽をやっていて、〈しんどいな〉と思うときも多いんですよ。それでも東京事変とか椎名林檎さんを聴けば、全部治ります(笑)。
余談ですが、うちのバンドのドラムが『Mステ』にサポートとして出演したんですよ。そのときに椎名林檎さんがいらっしゃって、会釈したらしんですよ。もううらやましくて、憎くて憎くて(笑)。すごくないですか? 会釈されたということは、認知されたということですよ? もうすごすぎて、彼から椎名さんの残り香をすごいもらいました」

– Donc, peut on dire que Sheena Ringo est une artiste si importante pour vous qu’elle vous donne la force de continuer?
C’est tout à fait vrai. J’écris et joue de la musique et je pense très souvent que c’est difficile et douloureux. Et pourtant, si j’écoute Tokyo Jihen ou Sheena Ringo, toutes ses douleurs se guérissent (rires). En aparté, le batteur de mon groupe est passé en support dans l’émission « Music Station ». Sheena Ringo était également présente à l’émission à ce moment-là et lui a apparemment fait un hochet de tête. J’étais tellement jalouse que je l’ai détesté sur le moment (rires). Mais n’est ce pas incroyable? Le fait de recevoir un hochet de tête veut dire qu’on a été reconnu, n’est ce pas? C’était tellement incroyable que j’ai même ressenti de lui les restes de l’odeur de Sheena Ringo.

C’est plutôt amusant de lire ce genre de remarques. J’ai personnellement du mal à mettre des artistes à des niveaux différents car, pour moi, un seul morceau exceptionnel peut valoir tous les albums. a子 est une jeune artiste et n’en est bien sûr qu’au début de sa carrière, ce qui explique certainement cette fascination. Dans un début de reconnaissance, elle notait sur son Twitter que Vaundy avait joué un de ses morceaux dans une playlist de radio. Moi qui adore dresser des liens entre des artistes que j’apprécie, je suis très satisfait de ces découvertes et c’est la raison pour laquelle je les mentionne ci-dessus.

銀ぶら

La foule des jours normaux est de retour dans les rues de Ginza fermées en partie pour les voitures le dimanche. Je me mélange à cette foule en zigzaguant entre des buildings que je connais bien sans pour autant être un grand spécialiste de Ginza. Je cherche en fait des buildings que je ne connais pas, mais le temps qui m’est imparti est trop court pour explorer des rues que je connais moins. Je reste donc dans le centre en entrant à l’intérieur du grand magasin Ginza6 conçu par l’architecte Yoshio Taniguchi. On doit le design intérieur du complexe au français Gwenael Nicolas. L’intérieur est riche et raffiné, agrémenté d’oeuvres d’art comme ce cerf blanc debout sur des nuages réalisé par le sculpteur Kōhei Nawa. On trouve une librairie Tsutaya dans les derniers étages du grand magasin. j’aime y passer lorsque je suis à Ginza car elle comprend également une petite galerie ouverte montrant des créations artistiques pop. Les livres vendus dans cette librairie ne sont pas forcément différents de ce qu’on peut trouver au Tsutaya de Daikanyama, mais les sélections mises en avant couvrent souvent des sujets artistiques. Je marche également en direction de la station de Shimbashi afin de revoir la petite tour Shizuoka Press and Broadcasting Center in Tokyo construite en 1967. Elle est apparemment en cours de rénovation, recouverte d’un filet grillagé. En passant, j’aperçois diverses choses comme cette carte de visite d’un club de Ginza peut être volontairement oubliée sur le trottoir pour ne pas laisser de traces.

De la même manière qu’en Juin cette année à la sortie de leur dernier album Music et dans des proportions similaires, Tokyo Jihen fait quelques sorties dans les médias ces derniers jours, que ça soit à la télévision, à la radio, dans des magazines musicaux ou sur YouTube. Je fais de mon mieux pour suivre tout cela. Je n’avais au départ pas l’intention d’acheter le double All Time Best Album Sōgō (総合) couplé au Blu-ray Prime Time contenant toutes les vidéos du groupe, mais j’ai changé d’avis après avoir écouté une des émissions radio. Il s’avère que les anciens morceaux de Tokyo Jihen ont reçu une révision, un nouveau mix par l’ingénieur du son en chef Uni. Écouter quelques anciens morceaux à la radio sous ce nouveau mix m’a donné envie d’acheter le Best Album. Les morceaux ne sont bien entendu pas fondamentalement différents mais les techniques de mixages actuelles semblent avoir permis de mettre certains sons en valeur. Il ne m’en fallait pas beaucoup plus pour réserver cette compilation sur le site d’Universal Store. On y trouvera également les deux nouveaux morceaux Hotoke Dake Toho (仏だけ徒歩) et Genzai to Fukuin (原罪と福), dont je parlais auparavant et que l’on connaît désormais. Il sort donc le 22 Décembre et ça sera mon cadeau de Noël. J’opte donc pour la version du Best Album Sōgō qui contient également le Blu-ray de toutes les vidéos de Tokyo Jihen et une mystérieuse cassette audio avec des remixes, mais je ne suis pas allé jusqu’à commander la version contenant le lecteur analogique de cassettes audio.

Le numéro de Janvier 2022 du magazine musical Rockin’on Japan met Tokyo Jihen en couverture et inclut une série de photos du groupe en tenues hivernales prêts pour le ski ou pour le réveillon au chaud les pieds sous le kotatsu. On voit plutôt le groupe extrêmement sérieux sur scène ou lors des émissions télévisées, et ça me plait bien de les voir s’amuser en photo sur ce magazine. Ça faisait apparemment neuf ans et neuf mois que Tokyo Jihen n’avait pas fait la couverture de Rockin’on. C’était le numéro d’Avril 2012 intitulé Adieu Tokyo Jihen (さらば、東京事変) couvrant la dernière tournée Domestic Bon Voyage de 2012 avant la séparation du groupe. J’écoute aussi en différé sur Radiko les quelques émissions radio où Sheena Ringo est invitée, accompagnée parfois par Toshiki Hata comme sur Tokio Hot 100 sur J-Wave. Sheena ne cache pas le fait que l’idée de cette compilation est d’abord celle de la maison de disques Universal qui a également sélectionné les morceaux présents. C’est amusant de l’entendre dire qu’elle se plaignait à la maison de disques sur la sélection qu’ils ont fait privilégiant les singles plutôt que les morceaux fétiches des fans. On voit donc qu’elle a influencé la sélection finale car des morceaux comme UruUruUruu (うるうるうるう) se trouve dans la playlist finale du best album. Elle commente également dans les émissions que réécouter les morceaux remixés les a tous fait rire, ce qui surprenait à chaque l’interviewer radio. Le rire des membres portent sur le fait que certains sons semblent plus audibles qu’initialement prévu, ce qui réveilla des anciennes discussions des membres du groupe lors de la construction des morceaux. On croît comprendre que certains morceaux se sont construits dans le douleur car chacun était pointilleux sur le son qu’il voulait transmettre. Ceci ne m’étonne pas beaucoup mais je ne pense pas avoir une cette confirmation auparavant. Enfin, ce genre de discussions semblent être typiques de musiciens perfectionnistes. Un commentaire rigolo de Sheena sur le nouveau morceau Hotoke Dake Toho est que Kameda s’est rendu compte bien après avoir commencé à jouer le morceau lors des répétitions que ce titre était un palindrome. La manière de Sheena d’expliquer qu’elle est parfois incomprise était assez amusant.

Tokyo Jihen est déjà passé dans deux émissions télévisées dont Music Station le 3 Décembre pour jouer le nouveau morceau Hotoke Dake Toho. Les tenues du groupe en kimono avant la représentation étaient assez hallucinantes mais c’est vraiment dommage qu’ils n’aient pas gardé ces tenues sur scène pour jouer le nouveau morceau. Ils sont revenus sur la scène de Music Station habillés de manière plus « classique ». On sait que ce morceau composé par Sheena Ringo est assez difficile à interpréter et je trouve qu’Ukigumo n’était pas au meilleur de sa forme, côté voix. J’ai même l’impression que ça a fait sourire Izawa juste à côté. Sheena rattrapait le coup tant bien que mal, mais je n’ai pas trouvé cette interprétation mémorable. Les prestations sur l’émission FNS du 8 Décembre des morceaux Himitsu (秘密) et Genzai to Fukuin (原罪と福), qu’on a découvert ce soir là étaient beaucoup plus réussis et intéressantes. Sur Genzai to Fukuin (原罪と福), Tokyo Jihen étaient entièrement habillés de rouge dans une ambiance chrétienne qui alterne avec celle bouddhiste de Hotoke Dake Toho. Sur Tokio Hot 100 sur J-Wave, Sheena indiquait qu’elle était intéressée par les religions. Sur cette tenue rouge, Sheena porte des grands ailes qui nous font penser que celles de ces débuts sur Kōfukuron (幸福論) ont bien grandi.

Devant l’entrée de l’immeuble Flags de Shinjuku dans lequel on trouve le magasin Tower Records, un petit sapin métallique est installé avec des néons reprenant le logo et les lettrages de Tokyo Jihen. Je n’ai pas pu m’empêcher d’aller y jeter un coup d’oeil. Il y a vraiment un lien particulier entre Sheena Ringo / Tokyo Jihen et cet immeuble contenant Tower Records. Le groupe est d’ailleurs en photo sur la nouvelle affiche “No Music No Life” habillé en noir et blanc comme des médecins. La dernière apparition de Tokyo Jihen sur cette campagne d’affichage de Tower Records date de 2010, il y a donc pratiquement 12 ans. Et pendant ce temps là sur les émissions YouTube Hanakin Night Beyond, Seiji Kameda mange des anguilles unagi après un onsen, Ichiyō Izawa mélange exercices de musculation et gateaux japonais et Toshiki Hata cuisine au bord d’une rivière. Sheena les accompagne souvent et présente à chaque fois faussement sérieusement, toujours dans une tenue différente. Dans ces petites séances YouTube, on en apprend un peu plus sur le groupe et sur les interactions entre les membres. ce sont ces petits moments que je préfère.

every cloud is grey with dreams of yesterday

Ce building Joule A par l’architecte Edward Suzuki à Azabu Jūban ressemble à un nuage gris métallique. Il apporte un peu de poésie à l’environnement urbain hostile composé de jonctions d’autoroutes surélevées. Il faut certes exercer son imagination pour trouver du réconfort dans ce paysage métallique. La surface sur la photographie suivante provient d’un hôtel sans fenêtres à Higashi Azabu. Les pièces de ce building atypique sont éclairées par une ouverture partielle du plafond dans l’espace laissé entre les blocs posés les uns sur les autres avec un décalage. L’ambiance doit quand même y être sombre, mais j’espère quand même qu’on peut voir les nuages, même s’ils sont gris, à travers cette ouverture au plafond. La structure faite de formes simples est très intéressante et sans concession. La dernière photographie montre le motif répétitif d’une résidence près d’Azabu Jūban. Les formes sont triangulaires et me rappellent un peu un autre building plus futuriste, le Sumitomo Fudōsan Azabu Jūban Building, placé à quelques rues de là. Les photographies de ce billet mélange les formes mais restent dans des tons neutres au point où j’aurais pu les montrer en noir et blanc. J’aurais pu également les rendre plus floues ou enfumées pour leur donner une impression de rêve. Mais je n’ai pas beaucoup de temps pour rêver. Je suis venu dans ce quartier d’Azabu à vélo en roulant à toute vitesse et en m’arrêtant brutalement lorsque j’apercevais un building intéressant. Rouler à vélo me permet d’apprécier en accéléré et en distorsion les sons de la rue. J’aimerais retransmettre cette sensation en photographies.

Cette année encore, Ringohan conduit une enquête auprès des membres du fan club. L’enquête a un nom, elle s’appelle OTK no Honkai (OTKノ本懐), ce qu’on pourrait traduire par l’aspiration des Otaku. Dans le langage de Sheena Ringo et ce depuis ses débuts, OTK veut dire Otaku et fait référence aux fans. C’est une manière un peu directe d’appeler les fans, mais ça correspond bien à sa manière directe de parler à ses débuts (elle employait déjà ce terme dans une émission Etsuraku Patrol de 1999). Je pense que cette appellation est due au fait que les fans ont tendance à tout collectionner et à tout savoir sur tout d’un ou d’une artiste. Elle s’était d’ailleurs étonnée plusieurs fois, d’une manière un peu naïve d’ailleurs, de la manière par laquelle les OTK arrivaient à deviner les directions qu’elle allait prendre (le redémarrage de Tokyo Jihen par exemple). Ces enquêtes pour obtenir les avis des OTK ne sont pas conduites tous les ans mais il y avait eu une pour l’année 2020 avec des questions relativement similaires. Cette version 2021 contient par contre plus de questions que celle de l’année dernière, à mon souvenir du moins, et certaines de ces nouvelles questions demandent beaucoup plus d’imagination. Les membres de Ringohan peuvent voir les résultats de l’enquête en temps réel mais ces résultats ne sont pas définitifs et toujours en mouvement jusqu’à la fin de la période de réponse, le 2 Décembre 2021. J’ai moi-même répondu à l’enquête il y a quelques jours.

D’après les résultats que l’on peut voir actuellement, Gunjō Biyori (群青日和) est toujours en première place des morceaux préférés des membres du fan club pour Tokyo Jihen. Il faut dire que bien que ça soit un des premiers morceaux du groupe, ils le jouent très régulièrement, notamment cette année, dans les émissions télévisées auxquelles ils ont participé (et même avec la formation elopers). L’arrivée de Ryokushu (緑酒) en deuxième position n’est pas non plus une surprise. Ce morceau arrive en première place avec une très large avance pour ce qui est des vidéos préférées de Tokyo Jihen. C’était également mon choix car cette vidéo montrant une réunion du groupe a quelque chose de très attachant. Cette vidéo est en quelque sorte représentative de la réunion de Tokyo Jihen après 8 ans d’absence. L’album préféré de Tokyo Jihen reste Sports (スポーツ) suivi du nouveau entrant Music (音楽), et le concert préféré des fans est Bon Voyage. J’ai personnellement listé Ultra C en première position mais le choix est difficile car il y a beaucoup de très bons concerts.

Pour Sheena Ringo en solo, le concert préféré est Hyakkiyakō 2015 en compétition étroite avec Ringo Expo 18. Le morceau préféré est Marunouchi Sadistic (丸ノ内サディスティック) sans aucune surprise. Je suis toujours très embêté pour choisir un seul morceau donc j’ai à chaque fois sélectionné le morceau TOKYO de Sandokushi, qui se trouve d’ailleurs bien placé dans le classement actuel en cinquième position. L’album préféré est Hi Izuru Tokoro (日出処) suivi de Muzai Moratorium (無罪モラトリアム). La vidéo préférée est Nagaku Mijikai Matsuri (長く短い祭 ) mais le score est serré avec d’autres morceaux et peut donc évoluer jusqu’à la fin de l’enquête. Il nous est également demandé d’indiquer le morceau qui a déclenché notre amour pour la musique de Sheena Ringo ou de Tokyo Jihen. Les trois premiers morceaux listés sont tous tirés de Muzai Moratorium, à savoir dans l’ordre Koko de Kiss Shite. (ここでキスして。), Honnō (本能) et Kabukichō no Joō (歌舞伎町の女王). En ce qui me concerne, j’ai d’abord découvert Koko de Kiss Shite. quand le morceau passait en extrait au générique de fin de l’émission de Downtown du Jeudi soir (je pense) mais c’est surtout Kabukichō no Joō qui a déclenché mon amour pour la musique de Sheena Ringo.

La population qui a répondu à l’enquête est aux 2/3 féminine et donc 1/3 masculine (ce qui ne change pas beaucoup depuis l’année dernière). J’ai l’impression qu’il y a quand même une légère augmentation de la proportion masculine. Pour ce qui est des tranches d’âge, les répondants sont, dans l’ordre d’importance, des personnes dans leur vingtaine, puis des trentenaires puis des personnes dans leur quarantaine. C’est intéressant de voir que le groupe et Sheena qui sont tous dans leur quarantaine (à part Kameda Seiji qui est un peu plus âgé) attirent une majorité de personnes d’une vingtaine d’années et que les morceaux les plus reconnus sont ceux que Sheena a sorti lorsqu’elle avait 20 ans. Je pense qu’elle doit être très satisfaite de voir que sa musique et celle du groupe soient toujours pertinentes pour les plus jeunes. Qui ne le serait pas d’ailleurs? Cette longévité doit faire des jaloux. Certainement que sa manière d’être plutôt décalée à l’époque de ses vingt ans est vue maintenant comme un modèle de liberté pour la jeunesse. Le mot Jiyū (自由, liberté) est d’ailleurs souvent utilisé dans les paroles de ses morceaux.

Viennent ensuite les questions sur les collaborations éventuelles. J’avais cité King Gnu et AiNA The End l’année dernière, et je cite toujours Daiki Tsuneta cette fois-ci. Daiki Tsuneta est un musicien avec plein d’idées de projets musicaux en tête (King Gnu d’abord, puis Millenium Parade et Perimetron) et je pense qu’il pourrait y avoir des idées intéressantes dans une collaboration entre Tsuneta et Sheena. Je cite également RöE comme jeune compositrice et interprète pour laquelle Sheena pourrait composer un morceau. Pour une interview croisée, j’avais mentionné le nom d’Ichiro Yamaguchi (de Sakanaction) la dernière fois mais en y réfléchissant bien, ça parait peu probable car je ne connais pas de liens, même lointains, entre les deux. Utada Hikaru avait été largement mentionné l’année dernière, ce qui parait complètement logique si on considère les quelques morceaux qu’elles ont interprété en duo dans le passé. J’ai cette fois-ci pensé à UA comme partenaire d’interview, parce qu’il y a un lien en la personne de Kenichi Asai, membre entre autres du groupe Ajico dont fait partie UA et qui a repris du service cette année. Comme elles sont de la même génération (UA est un peu plus âgée) et ont des connaissances en commun, les possibilités d’une interview croisée me paraissent plus probables.

On nous demande également quels produits dérivés on voudrait voir sur la boutique en ligne. Comme les lecteurs de vinyles et de cassettes sont déjà sortis ou sur le point de sortir, je pense qu’il serait temps de penser à un lecteur de CDs portable aux couleurs de Tokyo Jihen (pour rester vintage tout en étant utile). Vu le nombre de CDs qu’on a à la maison, j’aimerais ré-utiliser ce genre de lecteur portable, sans la compression des MP3. Il y a ensuite des questions plus étranges demandant un peu plus d’imagination, par exemple, quelle boutique serait au goût d’Ukigumo, quel onsen pourrait on recommander à Kameda, quel plat voudrions-nous cuisiner avec Hata, quel événement olympique conviendrait à Izawa et que dirait-on à Sheena Ringo si on travaillait dans un café et qu’elle arrivait soudainement. Une autre question qui m’intéressait était de donner le nom d’un artiste ou créatif qu’on recommanderait. J’avais mentionné l’illustrateur Shohei Otomo l’année dernière et je mentionne cette année Yasuto Sasada, un autre illustrateur et peintre, ayant notamment collaboré avec Yohji Yamamoto. Dans le portfolio de cet artiste que je suis depuis plusieurs années, il y a une illustration de paon (孔雀) et le mentionner est donc devenu une soudaine évidence. Tokyo Jihen reprend quelques épisodes de sa série Hanakin Night sur YouTube, suite aux épisodes sortis en Juin 2021, avec un premier épisode le Vendredi 26 Novembre 2021 (avec Hata). Une question nous demande ce qu’on voudrait voir dans ces vidéos YouTube. J’aimerais personnellement voir une vidéo du groupe pendant des répétitions ou en pleine exploration musicale pour composer un nouveau morceau. Ce genre de scènes qu’on pouvait voir accompagnant certains DVD/Blu-ray me manquent. Certaines de mes prédictions de l’année dernière étaient devenues réalité, mais je suis quand même un peu moins confiant pour l’enquête de cette année. Seul l’avenir nous le confirmera.

Je parlais dans un billet précédent du nouveau morceau de Tokyo Jihen, Hotoke dake Toho (仏だけ徒歩) qui est sorti le lundi 22 Novembre et dont la vidéo est diffusée sur YouTube depuis le 23 Novembre à 22h. J’ai bien sûr regardé la vidéo lors de la première, tout comme plusieurs milliers de personnes. Je ne l’avais pas remarqué au premier abord, mais le titre du morceau est un palindrome (回文). C’est à ma connaissance le seul titre de morceau composé d’un palindrome. Dans son émission radio sur Cross FM Etsuraku Patrol, Sheena Ringo incluait une rubrique intitulée Le sentier du palindrome (回文の小道) dans laquelle elle lisait des palindromes proposés par des auditeurs inspirés. C’est amusant d’en trouver un soudainement dans un titre de morceau. Un autre point à noter est la durée du morceau faisant 3:33 minutes, ce qui est forcément voulu et est soit un palindrome numérique ou une symétrie. Si on regarde bien, la durée de chacun des morceaux de l’album Kyōiku (教育) était également symétrique (ou faite d’un palindrome). Le premier single de Tokyo Jihen, Gunjō Biyori, fait d’ailleurs également 3:33 minutes. Ce nouveau morceau Hotoke dake Toho m’a d’abord déconcerté à la première écoute, notamment par la manière dissonante par moment de chanter de Sheena et Ukigumo. J’aime en général les dissonances volontaires, mais j’ai mis un peu de temps à m’y faire. D’abord déconcerté, je suis maintenant enthousiasmé par ce morceau dont les paroles et la musique sont écrites par Sheena. Il s’agit donc d’un duo avec Ukigumo et la mélodie, tout d’abord non-évidente, fait petit à petit son chemin dans notre cerveau pour finalement devenir particulièrement efficace au point d’avoir l’envie pressante d’y revenir. Le petit air oriental et l’abondance des guitares jouent également en faveur de cette lente addiction. Vient ensuite la vidéo que je trouve excellente. Le titre en anglais du morceau est To Nirvana. Est ce que ça signifie atteindre un état d’être proche du nirvâna bouddhiste ou est ce plutôt un hommage direct au groupe Nirvana ? Il doit y avoir un peu des deux. Les cinq membres du groupe portent les iconiques lunettes colorées au large bord que portait Kurt Cobain. Hata avec ses faux longs cheveux blonds ressemble d’ailleurs beaucoup à Kurt Cobain dans la vidéo. Ils sont tous les cinq dans un pavillon de banlieue américaine, à jouer le morceau dans des conditions plutôt dépravées et enfumées qui pourraient être grunge. Sheena fume et on la voit assise sur le sol de la cuisine entourée de bouteilles vides avec une bière Corona à la main (à noter qu’elle ne boit plus d’alcool, quoique la dernière vidéo Hanakin prouve le contraire). L’ambiance visuelle change complètement vers la fin du morceau lorsque Sheena traverse le mur de hauts parleurs qu’on voit sur la pochette du futur best album. Elle est allongée sur le sol comme pourrait être le Bouddha couché du temple Nanzoin à Fukuoka ou celui doré plus connu en Thaïlande. Une fleur de lotus complète ce tableau et nous fait à nouveau hésiter sur la signification du titre du morceau. Un autre point intéressant porte sur les guitares de Sheena sur cette vidéo. Elle porte d’abord la fameuse Duesenberg Starplayer II Surf Green que l’on pouvait voir sur la pochette de son premier single Kōfukuron. Dans la deuxième et dernière partie de la vidéo, on la voit jouer avec la guitare Rickenbacker 620 qu’elle avait déjà sur le morceau Gibs. Cette version a un autocollant Hi-lite qui est (ou était) sa marque de cigarettes depuis toujours (et dont le design du packaging est signé Makoto Wada). En continuant à chercher un peu plus sur internet, je vois que la vidéo du morceau a été tournée dans un studio appelé Palms 22 dans la ville de Futtsu à Chiba. Une maison californienne des années 1950 de style Butterfly Roof y est reconstituée avec des meubles et fournitures de l’époque, ceux qu’on voit dans la vidéo. Ce qui m’intrigue le plus dans cette vidéo, c’est Izawa plongé en apnée dans sa baignoire et le fait qu’il écrive « The End » sur sa machine à écrire. J’espère qu’il ne s’agit pas d’un mauvais présage sur l’avenir du groupe. Certains ont d’ailleurs cette crainte depuis l’annonce de la sortie du All Time Best Album. Je n’en suis pas convaincu car ils viennent juste de redémarrer et ils n’ont pas encore tourné pour l’album Music.

Je n’avais pas écrit de billets sur les concerts en vidéo de Sheena Ringo (椎名林檎) et Tokyo Jihen depuis plusieurs mois. Le dernier billet sur la compilation Chin Play Kō Play (珍プレー好プレー) de Tokyo Jihen date de Mai 2021, tandis que le dernier billet couvrant un concert de Sheena Ringo date du mois de Février 2021. C’était pour le concert Ringo Expo 18 (林檎博’18). Je pense m’être moi-même un peu traumatisé par la longueur des billets que je finissais par écrire et notamment par la quantité de détails que j’y apportais demandant forcément beaucoup de recherches sur internet. Je vais donc essayer de faire plus concis sans passer en revue chaque morceau pour les quelques concerts officiels qu’il me reste à couvrir. Le prochain sur la liste est Hyakkiyakō 2015 dont j’ai le Blu-ray depuis plusieurs mois déjà. Cette tournée de concerts, dont le nom complet est Sheena Ringo to Kyatsura ga yuku Hyakkiyakō 2015 (椎名林檎と彼奴等がゆく 百鬼夜行2015), s’est déroulée en 18 dates dans tout le Japon du 14 Octobre au 20 Décembre 2015. Le DVD/Blu-ray est par contre sorti beaucoup plus tard, le 31 Mai 2017, en raison des préparatifs de la cérémonie de passage de drapeaux aux Jeux Olympiques de Rio en 2016 sur laquelle Sheena était impliquée. La tournée Hyakkiyakō 2015 démarrait par Tokyo, passait par Osaka, Nagoya, Miyagi, Fukuoka, Hokkaido, Hiroshima, entre autres. La captation vidéo est celle du concert du 9 Décembre 2015 à Yokohama au Kanagawa Kenritsu Kenmin Hall (神奈川県立県民ホール) dans la grande salle contenant 2493 places. Ce concert n’étant pas de la série Expo, ce sont des salles de concert plus petites qui sont utilisées. Ça peut se comprendre car cette tournée ne correspond pas à la sortie d’un album. Elle faisait également suite à l’important concert Ringo Expo 14 se déroulant à Saitama Super Arena, une année auparavant, et couvrant la sorti de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処). Le DVD/Blu-ray de Hyakkiyakō 2015 contient en fait deux disques, le premier étant le concert en lui-même composé de 29 morceaux et le deuxième disque est un enregistrement d’une session live de 10 morceaux dans le même hall de Yokohama mais sans public.

Je savais déjà ou plutôt j’avais l’impression que Hyakkiyakō 2015 était un grand cru car il est régulièrement cité dans les meilleurs concerts dans les enquêtes sur Ringohan comme je le mentionnais ci-dessus. Je ne suis pas déçu, ne serait ce que pour l’esthétique générale, notamment les costumes de scène que porte Sheena pendant la représentation. L’ambiance du concert est inspirée par le morceau Kamisama, Hotokesama (神様、仏様) qui est inédit en concert à l’époque car il n’est pas encore sorti sur un album (il sortira plus tard sur Sandokushi). Hyakkiyakō fait référence à la parade des monstres dans le folklore japonais, qui est représentée de manière imaginée dans la vidéo de Kamisama, Hotokesama. Le design du packaging du DVD/Blu-ray reprend également cette imagerie.

Le morceau Bonsai Hada (凡才肌) de l’album Sanmon Gossip démarre le set. Autant j’aimais moyennement le morceau sur Sanmon Gossip, certainement à cause de l’accordéon que j’ai toujours un peu de mal à apprécier, autant la version ici est exceptionnelle et démarre avec beaucoup d’intensité le concert. Le morceau demande cette intensité émotionnelle que Sheena retransmet comme une plainte sur scène. On la devine sur scène en kimono recouverte d’un écran sombre montrant un champ de pierres cosmiques tournant autour d’elle. Le rideau tombe ensuite pour laisser place à la lumière alors que démarre le morceau Yasashii Tetsugaku (やさしい哲学) sorti sur de l’album Ukina (collaboration avec Tomita Lab). La lumière nous permet d’apprécier beaucoup mieux le kimono que porte Sheena. Elle est très belle habillée de ce kimono, marqué subtilement du logo Kuronekodō, aux couleurs rouges et aux manches longues dessinées d’oiseaux japonais. Elle a une coupe de cheveux au carré et un maquillage forçant le trait au niveau des yeux comme des ailes d’oiseau. Le large chapeau de papier blanc qu’elle porte est très particulier et contribue à donner une apparence unique et iconique. Je ne sais pas par contre de quelle tradition provient cette forme de chapeau de papier, mais il semble très fragile et délicat. Les lumières soudaines nous font également découvrir les visages du groupe, nommé Mangarama (マンガラマ) pour l’occasion, accompagnant Sheena sur cette tournée. Ce sont des visages connus, une fine équipe d’habitués dirais-je. Au piano, quel plaisir de retrouver une nouvelle fois Hiizumi Masayuki (ヒイズミマサユ機 ou H Zett M). Ukigumo (浮雲) est également présent à la guitare et au chant (en commençant sur ce morceau). On a l’impression de retrouver une partie de Tokyo Jihen sur scène mais il ne s’agit pas de Kameda à la basse, car Torigoe Keisuke (鳥越 啓介) prend ce rôle. Il est très souvent présent aux côtés de Sheena Ringo pour des sessions d’enregistrement ou des concerts. Il y a un deuxième guitariste sur le set, Nagoshi Yukio (名越 由貴夫). C’est aussi un habitué des sessions d’enregistrement et des concerts. Avec ses cheveux longs lui couvrant le visage et même une partie du buste, il donne l’image d’un musicien stoïque, inébranlable par ce qui se passe sur scène. Les autres membres de Mangarama sont également familiers: Tamada Tomu (玉田 豊夢) à la batterie, Murata Yoichi (村田陽一) au trombone, Nishimura Kōji (西村浩二) à la trompette et Yamamoto Takuo (山本 拓夫) au saxophone, à la flûte traversière et à la clarinette.

Le set continue ensuite avec Irohanihoheto (いろはにほへと) qui aura une interprétation sans failles, comme l’ensemble du set d’ailleurs, ce qui n’est pas vraiment étonnant vue la qualité des musiciens sur scène. Le contraste sur scène entre l’ambiance sombre et les jeux de lumières est très beau, notamment quand la caméra vient filmer en gros plan des morceaux de visages recouverts par les manches du kimono, ou des mains de Nagoshi effectuant une des nombreuses parties solo de guitares. Il n’y a pas d’invités sur cette tournée contrairement aux concerts de la série Expo, mais des interventions sur les quatre écrans verticaux derrière le groupe. Le rapper Mummy-D intervient sur la dernière partie du morceau qui suit Togatta Teguchi (尖った手口), comme il le faisait sur l’album Sanmon Gossip. Sheena laisse tomber la coiffe de papier blanc sur le morceau suivant Rōdōsha (労働者) laissant des cheveux un peu ébouriffés. H Zett M est le seul à porter un chapeau et on voit assez peu son visage car il a souvent la tête plongé dans ses claviers. Ce morceau le montre un peu plus dans toute sa dextérité. Comme souvent sur les concerts de Sheena Ringo, le morceau est re-orchestré avec l’intervention de Ukigumo dans les chœurs. Il est très présent dans ce concert au point où on pourrait croire que ce concert est un duo de Sheena Ringo avec Ukigumo. Mais c’est une bonne chose. En regardant Sheena sur scène, je me dis maintenant qu’il doit s’agir de sa plus belle tenue. Ce genre de kimono très coloré lui va beaucoup mieux que les kimonos très formels qu’elle porte de temps en temps, notamment parce qu’elle se situe à une limite subtile entre un esprit rock et un autre beaucoup plus traditionnel japonais. On remarque également sur ce morceau qu’elle porte des geta sur scène, lorsqu’elle se met à taper des pieds.

Hashire wa Number (走れゎナンバー) fait place à la flûte traversière de Yamamoto Takuo. Il s’agit d’un morceau de Hi Izuru Tokoro. Le set est assez partagé entre les différents albums avec quand même une majorité provenant des derniers albums sortis à l’époque, à savoir Hi Izuru Tokoro et Ukina, mais également beaucoup de morceaux un peu plus anciens de Sanmon Gossip. Le septième morceau du set Kamisama, Hotokesama (神様、仏様) fait suite et comme je le disais plus haut donne une cohérence à l’imagerie utilisée sur scène et dans le titrage du concert que l’on voit affiché sur les écrans à la fin du morceau. Sheena a des mouvements très expressifs et marqués pendant ce concert. J’aime beaucoup la manière dont elle pointe du doigt H Zett M sans le regarder pendant son solo de clavier ou quand elle vient l’embêter alors qu’il donne toute son énergie à jouer. « Je veux jouer » (遊びたいのよ) dit les paroles du morceau à ce moment là alors que Sheena tend la main vers H Zett M comme un chat tendrait la pâte pour jouer, mais il reste imperturbable. J’aime aussi beaucoup la chorégraphie, accompagnée par les quatre danseuses d’ELEVENPLAY sur les quatre écrans verticaux, notamment les mouvements de mains en l’air imitant des petits monstres ou des mouvements brusques de tête comme si elle était perturbée par un esprit à l’intérieur d’elle. A noter que MIKIKO signe les chorégraphies du concert. Le morceau se termine par des images du clip vidéo de Kamisama, Hotokesama et sert de présentation des membres de Mangarama, sous les cris du public (c’était permis à l’époque). Nagoshi en kimono sous ses longs cheveux noirs avec un katana entre les mains est je trouve très convaincant. C’est seulement dommage que Mukai Shutoku qui interprète le morceau avec Sheena en version studio ne soit pas présent sur scène. Seules ses paroles apparaissent sur les écrans géants. Il n’était d’ailleurs pas présent non plus sur Ringo Expo 18.

Genjitsu ni Oite (現実に於て) sert d’interlude car il est interprété seul par H Zett M dans le noir pendant que Sheena se change. Ce morceau écrit par H Zett M pour le premier album de Tokyo Jihen me donne à chaque fois la chair de poule. Une flûte traversière qui n’était pas présente sur la version studio du morceau intervient pour faire la transition vers Genjitsu o Warau (現実を嗤う). Sheena apparaît à ce moment là portant maintenant un manteau vert foncé qu’elle ne gardera pas très longtemps. Après le morceau SG ~Superficial Gossip~ plus calme dans la pénombre, on passe au morceau Netsuai Hakkakuchū (熱愛発覚中) de l’album Ukina. Sheena enlève son manteau vert et on la voit maintenant sur scène en costume d’infirmière nous rappelant forcément le morceau Honnō. La danse qu’elle effectue sur scène avec les quatre danseuses sur grands écrans prend des airs parodiques, mais elle garde tout son sérieux. Elle fait des gestes très rapides en pointant les doigts comme des piqûres. Ces mouvements vont bien avec le rythme rapide du morceau. C’est un passage particulier et iconique du concert. Le final tout en guitares est très diffèrent et bien meilleur que la version purement électronique de Yasutaka Nakata que l’on connaissait jusqu’à maintenant. A la fin du morceau, elle enlève cette tenue d’infirmière pour ne garder qu’une tenue très légère rouge assortie à ses chaussures à talons. Elle prend pour la première fois du concert une guitare sèche pour le morceau Torikoshi Kurō (とりこし苦労) de l’album KSK. Encore une fois, l’orchestration est très différente de l’originale sans qu’on ait pour autant l’impression d’écouter un nouveau morceau. Shijō no Jinsei (至上の人生) est par contre relativement fidèle à l’original, peut être parce que c’était à l’époque un des derniers singles sortis. Peut-être aussi parce que Tamada Tomu à la batterie et Nagoshi Yukio à la guitare jouaient déjà lors de l’enregistrement studio. En tous cas, les guitares détonnent tout de suite sur scène. J’aime beaucoup ce morceau et Sheena l’interprète superbement. Les couleurs sur scène sont très belles vers la fin du morceau lorsque des écritures anciennes en kanji viennent s’inscrire en superposition sur son visage et le reste du corps. Il y a quelque de très cinématographique et d’extrêmement sexy dans cette mise en scène.

Plusieurs morceaux de Tokyo Jihen sont joués pendant ce concert et le suivant est Blackout (ブラックアウト) écrit par Sheena Ringo. J’aime bien la manière par laquelle le morceau monte en intensité au fur et à mesure. C’est un morceau très dense musicalement et Sheena y met toute sa force vocale au final jusqu’à la cassure. A ces moments là pendant les parties instrumentales, on la voit sur scène immobile l’air dans le vide ou en tournant le dos au public. Je me dis toujours qu’elle doit s’imprégner de chaque note pour en absorber l’énergie nécessaire pour poursuivre, recharger ses batteries en quelque sorte. Le début en solo à la contrebasse de Torigoe sur Meisai (迷彩) est très différent de l’original et semble même improvisé. Même quand les cuivres démarrent, on a du mal à reconnaître le morceau, et il faut attendre que Sheena apparaisse soudainement sur scène et chante les premiers mots pour finalement le reconnaitre. Sheena chante Meisai à un rythme beaucoup plus rapide que sur l’album, ce qui pousse le groupe à suivre. Le coup d’accélérateur continue jusqu’au solo de trombone de Murata Yoichi. C’est un autre des grands morceaux de ce concert, tout comme Tsumi to Batsu (罪と罰) qui suit. Sheena n’a pas perdu de sa voix et l’intensité qu’elle met dans ce morceau est bluffante. On la voit sur scène marcher péniblement, jusqu’à tomber aux pieds de Nagoshi au moment du solo de guitare. La caméra est aussi tremblante sur ce morceau ce qui rajoute à l’effet de fébrilité émotionnelle. C’est un morceau très prenant émotionnellement et une coupure devient nécessaire. Nous sommes exactement à la moitié du concert et la grande surprise pour moi est d’entendre Ukigumo chanter seul le morceau Yume no Tochū (夢の途中) chanté à l’origine par Hiroko Yakushimaru pour le film Sailor fuku to Kikanjū (セーラー服と機関銃). J’ai parlé plusieurs fois de ce film et de cette chanson sur ce blog, et c’est étonnant comme il me poursuit jusque dans les concerts de Sheena Ringo. Je me pose souvent la question des coïncidences et des liens entre les choses, et ce genre de surprise me le rappelle. Le morceau est brillamment chanté par Ukigumo, ce qui n’est pas, par contre, une surprise car il a e toute façon une belle voix.

Le rythme très apaisé du morceau chanté par Ukigumo change complètement avec l’arrivée de Sheena sur scène pour le morceau Σ. Elle s’empare pour la première fois du mégaphone pour une version très différente de l’original, tout en restant résolument rock. Cette atmosphère continue pour le morceau suivant Keikoku (警告) sur lequel Sheena joue de la guitare électrique dans une ambiance rougeâtre pleine d’urgence. J’ai toujours aimé ce morceau de Muzai Moratorium. Elle l’interprète avec beaucoup de puissance même si on ne retrouve pas tout à fait la hargne de ses débuts. Mayakashi Yasaotoko (マヤカシ優男) ensuite est assez génial pour la partition en solo de H Zett M au piano. Il joue une nouvelle fois les prodiges ce qui fait sourire Sheena jusqu’à la fin du morceau. J’aime beaucoup ce genre de moments dans ces concerts. Un autre petit détail étonnant est de voir Ukigumo à la trompette au tout début du morceau. Le morceau est très rapide et enlevé, très dense mais sans superflu. Naute no Dorobōneko (名うての泥棒猫) qui suit est par contre plus calme et effacé mais le morceau Mayonaka ha Junketsu (真夜中は純潔) reprend un rythme plus soutenu. Toutes les versions live que je connais de ce morceau sont meilleures que l’original. Celle-ci est très bonne notamment pour le solo de cuivre et la force vocale de Sheena, mais n’atteint pas tout à fait l’intensité de la version live sur Electric Mole. Kira Kira Bushi (きらきら武士) suit ensuite. C’est un morceau que Sheena chante normalement avec Rekishi qui a écrit le morceau, mais c’est Ukigumo qui prend le relais sur cette version sous l’appréciation du public. Cela donne le sourire à tout le monde sur scène, sauf H Zett M qui est continuellement concentré sur ses claviers.

Depuis son retour sur scène, Sheena était habillée d’un haut blanc avec des motifs identiques à ce que porte le reste du groupe, et une robe ample. Elle enlèvera vite le haut pour ne garder qu’un vêtement près du corps bleu. La transformation continue au début du morceau Omatsuri Sawagi (御祭騒ぎ) quand Sheena enlève d’un mouvement rapide comme par magie cette longue robe pour quelque chose de beaucoup plus court. Ce genre de changement sur scène est très classique et fait partie des moments attendus (sans que ça soit vraiment nécessaire à mon avis). La particularité des morceaux dans cette partie du concert est de contenir des parties instrumentales solo. Ici, c’est la batterie puis le piano qui sont mis en valeur. Ukigumo est toujours au chant dans les chœurs dans une ambiance de matsuri représentée par une procession de monstres animées sur les écrans au fond, celle du thème de ce concert. On approche ensuite doucement vers la fin du concert avec Nagaku Mijikai Matsuri (長く短い祭), toujours en duo avec Ukigumo, qui comme je le disais avant est vraiment très présent sur scène. L’interprétation est fidèle à la version originale si ce n’est ce petit supplément piano où H Zett M joue en même temps sur deux claviers de dos. Sheena est très mobile sur scène et son interprétation est impeccable tout comme l’ensemble des morceaux du concert. Il n’y a pas grand à redire non plus sur la sélection des morceaux. Le grand classique de Tokyo Jihen Gunjō Biyori (群青日和) chanté au mégaphone suit ensuite et s’enchaîne sans arrêt avec le morceau NIPPON. Sheena a repris la guitare électrique en cours de morceau et prend un air particulièrement sérieux en jouant. Les remerciements lancés au public nous font comprendre que le concert touche bientôt à sa fin et qu’on est dans les prolongations (langage sportif obligé pour le morceau NIPPON). Beaucoup n’apprécie pas ce morceau mais ce n’est pas mon cas, car je le trouve efficace et le solo de guitare est excellent. Il faut voir Sheena Ringo sur scène penchée en arrière en jouant de la guitare tout en tirant la langue un bref instant.

NIPPON est le dernier morceau du set mais il y a des rappels: Sakasa ni Kazoete (逆さに数えて) qui est une face B de NIPPON puis Kyogenshō (虚言症) de l’album Shōso Strip. Sheena Ringo n’a pas beaucoup parlé au public pendant ce concert mais ce n’était étonnamment pas gênant. Elle se montre presque timide pour adresser les quelques mots de remerciements avant de passer aux deux derniers morceaux. Je me rends compte que je ne connaissais pas le morceau Sakasa ni Kazoete, qui est très bon d’ailleurs, car le single de NIPPON doit être le dernier CD qui me manquait et je ne l’ai acheté que récemment après avoir vu ce concert. Écouter Kyogenshō à la toute fin du concert me redonne envie de regarder le concert de 2000, Gekokujō Xstasy (下剋上エクスタシー). J’adore ce morceau mais je trouve que sa voix est un peu tremblotante sur cette fin de concert. Il n’empêche que ce morceau conclut un des meilleurs concerts que j’ai vu de Sheena Ringo. A noter qu’il est dirigé par Yuichi Kodama et qu’il dure environ deux heures. Et comme si ce n’était pas suffisant, le boîtier DVD/Blu-ray contient un deuxième disque appelé Sheena Ringo to Aitsura ni yoru Ineiraisan 2016 (椎名林檎と彼奴等による 陰翳礼讃2016).

Ce deuxième disque de 40 minutes contient des enregistrements en salle de concert, mais sans public, de 10 autres morceaux. Cette session Live est enregistrée dans la même salle, au Yokohama au Kanagawa Kenritsu Kenmin Hall mais un peu plus tard le 26 Février 2016. La formation reste identique dans une ambiance générale plus sobre. Ce disque seul vaut le détour, ne serait ce que pour l’interprétation de Kabukichō no Joō (歌舞伎町の女王) en version un peu plus lente mais avec une guitare plus lourde que d’habitude. J’aime aussi énormément l’atmosphère de Mittei Monogatari (密偵物語) et Koroshiya Kiki Ippatsu (殺し屋危機一髪), morceau que j’ai beaucoup écouté ces derniers mois. Comme dans une scène de film, elle démarre ce morceau en tirant sur la caméra avec un faux pistolet. Les morceaux s’enchainent rapidement avec une seule pause au milieu pour un changement de tenue. La deuxième partie de cette session Live ne me plaît pas autant car elle contient des morceaux que j’aime beaucoup moins comme Oishii Kisetsu (おいしい季節) ou Onna no Ko ha Daredemo (女の子は誰でも). Shun (旬) est par contre excellent. Le piano de Hiizumi donne des frissons. On ne se lasse pas de voir ses doigts danser sur le clavier. Ce deuxième disque se conclut finalement sur Ariamaru Tomi (ありあまる富) que Sheena chante avec un air grave. Le final nous emporte dans une dernière vague de guitares. Je m’étais dit en commençant l’écriture de ce billet que je n’allais pas évoqué tous les morceaux et que j’allais resté concis, mais force est de constater que je n’ais pas pu m’en empêcher. Il ne me reste maintenant que deux concerts à voir Air Pocket et Ringo Expo 14. Je les ai déjà en Blu-ray dans mes tiroirs mais je vais prendre mon temps.

Pour référence ultérieure, je note ici la playlist du concert Hyakkiyakō 2015:
Sheena Ringo to Kyatsura ga yuku Hyakkiyakō 2015 (椎名林檎と彼奴等がゆく 百鬼夜行2015)

1. Bonsai Hada (凡才肌) de l’album Sanmon Gossip (三文ゴシップ)
2. Yasashii Tetsugaku (やさしい哲学) de l’album Ukina (浮き名)
3. Irohanihoheto (いろはにほへと), de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
4. Togatta Teguchi (尖った手口) de l’album Sanmon Gossip (三文ゴシップ)
5. Rōdōsha (労働者) de l’album Sanmon Gossip (三文ゴシップ)
6. Hashire wa Number (走れゎナンバー) de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
7. Kamisama, Hotokesama (神様、仏様), single qui apparaîtra sur l’album Sandokushi (三毒史)
8. Genjitsu ni Oite (現実に於て) du 1er album Kyōiku (教育) de Tokyo Jihen
9. Genjitsu o Warau (現実を嗤う) du 1er album Kyōiku (教育) de Tokyo Jihen
10. SG ~Superficial Gossip~, morceau en B-side du single Ariamaru Tomi (ありあまる富)
11. Netsuai Hakkakuchū (熱愛発覚中) de l’album Ukina (浮き名)
12. Torikoshi Kurō (とりこし苦労), du 3ème album Kalk Samen Kuri no Hana (加爾基 精液 栗ノ花)
13. Shijō no Jinsei (至上の人生), single qui apparaîtra sur l’album Sandokushi (三毒史)
14. Blackout (ブラックアウト) du 2ème album Adult (大人) de Tokyo Jihen
15. Meisai (迷彩), du 3ème album Kalk Samen Kuri no Hana (加爾基 精液 栗ノ花)
16. Tsumi to Batsu (罪と罰), du 2ème album Shōso Strip (勝訴ストリップ)
17. Yume no Tochū (夢の途中), écrit par Etsuko Kisugi, composé par Takao Kisugi et chanté par Hiroko Yakushimaru pour le film Sailor fuku to Kikanjū (セーラー服と機関銃)
18. Σ, présent en B-side sur le single Gips (ギブス)
19. Keikoku (警告), de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム)
20. Mayakashi Yasaotoko (マヤカシ優男) de l’album Sanmon Gossip (三文ゴシップ)
21. Naute no Dorobōneko (名うての泥棒猫) de l’album Gyakuyunyuu ~Koukuukyoku~ (逆輸入 ~航空局~)
22. Mayonaka ha Junketsu (真夜中は純潔), 6ème single présent sur aucun album
23. Kira Kira Bushi (きらきら武士), morceau écrit par Rekishi (レキシ) et présent sur l’album Ukina (浮き名)
24. Omatsuri Sawagi (御祭騒ぎ) du 1er album Kyōiku (教育) de Tokyo Jihen
25. Nagaku Mijikai Matsuri (長く短い祭), single qui apparaîtra sur l’album Sandokushi (三毒史)
26. Gunjō Biyori (群青日和) du 1er album Kyōiku (教育) de Tokyo Jihen
27. NIPPON de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
28. Sakasa ni Kazoete (逆さに数えて), morceau en B-side du single NIPPON
29. Kyogenshō (虚言症), de l’album Shōso Strip (勝訴ストリップ)

Sheena Ringo to Aitsura ni yoru Ineiraisan 2016 (椎名林檎と彼奴等による 陰翳礼讃2016)

1. Seishun no Mabataki (青春の瞬き), reprise du morceau composé par Sheena Ringo pour Chiaki Kuriyama et inclus dans Gyakuyunyū: Kōwankyoku (逆輸入 ~港湾局~)
2. Kabukichō no Joō (歌舞伎町の女王), de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム)
3. Chichinpuipui (ちちんぷいぷい), de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
4. Mittei Monogatari (密偵物語) de l’album Sanmon Gossip (三文ゴシップ)
5. Koroshiya Kiki Ippatsu (殺し屋危機一髪) de l’album Ukina (浮き名)
6. Karisome Otome (カリソメ乙女) de l’album Sanmon Gossip (三文ゴシップ)
7. Shun (旬), de l’album Sanmon Gossip (三文ゴシップ)
8. Oishii Kisetsu (おいしい季節), reprise du morceau composé pour Chiaki Kuriyama et qui sortira en single en 2017
9. Onna no Ko ha Daredemo (女の子は誰でも) du 5ème album Daihakken (大発見) de Tokyo Jihen
10. Ariamaru Tomi (ありあまる富), de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)