諸行無常~其ノ参~


Et le concert de la tournée nationale Sheena Ringo to Aitsura to Shiru Shogyōmujō (椎名林檎と彼奴等と知る諸行無常) commence finalement un peu après 19h. Je ne vais pas passé tous les morceaux en revue car il y en a beaucoup. La liste du set se compose en tout de 28 morceaux pour pratiquement 2 heures en comptant les rappels et le passage de MC adressé au public. Les 28 morceaux proviennent d’albums variés avec un plus grand nombre tiré des trois derniers albums Sandokushi (三毒史), Hi Izuru Tokoro (日出処) et Sanmon Gossip (三文ゴシップ). Il n’y avait par contre pratiquement pas de morceaux des trois premiers albums, mais plusieurs de Tokyo Jihen. Je ne suis pas vraiment étonné de voir un grand nombre de morceaux provenant de Sandokushi car cet album sorti en 2019 n’avait pas reçu de tournée à l’époque. Un certain nombre de morceaux de cet album étant sortis bien avant l’album en lui-même, comme Nagaku Mijikai Matsuri (長く短い祭) et Kamisama, Hotokesama (神様、仏様), ils ont en fait déjà été joués dans des concerts précédents. Il n’était pas étonnant de ne pas voir Mukai Shutoku (向井秀徳) sur scène. Comme sur d’autres concerts, on n’entendra que sa voix sur le morceau Kamisama, Hotokesama. Il est par contre un peu plus étonnant de ne pas voir Ukigumo sur scène pour Nagaku Mijikai Matsuri, car on avait pris l’habitude de le voir aux côtés de Ringo sur ce morceau. Mais Ukigumo, tout comme Masayuki Hiizumi, ne faisaient malheureusement pas partie de la troupe sur cette tournée. Comme je le mentionnais déjà dans un précédent billet, la configuration de cette tournée était relativement limitée par rapport aux tournées de la série Expo. Elle était plutôt axée rock même si Ringo n’a pris en mains que peu de temps sa guitare, notamment sur le morceau NIPPON à la toute fin du concert. Ce morceau est un classique qui fonctionne mieux en concert que sur CD car il emporte à chaque fois la foule. Le côté rock vient notamment de la présence de Yukio Nagoshi (名越由貴夫) à la guitare électrique. Par rapport à Ukigumo qui est plus sautillant dans son jeu, la guitare de Nagoshi est plus lourde et n’hésite pas à envahir l’espace de distorsions. Outre Nagoshi, on retrouve d’autres habitués sur scène, en particulier Keisuke Torigoe (鳥越啓介) à la basse. Masaki Hayashi (林正樹) aux claviers est aussi un habitué car il a déjà participé à la tournée Tōtaikai (党大会) en 2013 dans l’unique salle Orchard Hall du Bunkamura à Shibuya. Yoshiaki Sato (佐藤芳明) à l’accordéon a quant à lui déjà participé à la tournée Ringo Expo’14. La surprise vient de la présence de Shun Ishiwaka (石若駿) aux percussions, un musicien jazz et premier batteur de King Gnu, avant l’actuel batteur Yū Seki. Shun Ishiwaka est aussi le batteur de Millenium Parade. Sa présence sur scène confirme en quelque sorte les liens artistiques entre Sheena Ringo et Daiki Tsuneta qui se concrétiseront sur le morceau WORK. J’ai lu que Shun Ishiwaka était plutôt un musicien jazz, mais il doit être polyvalent car j’ai été surpris par la puissance de son jeu, qui apporte une pêche énorme aux morceaux. Je dirais que c’est une excellente idée de l’avoir invité sur cette tournée. Ce groupe de musiciens réunis pour cette tournée prend le nom de code « MANGAPHONICS ».

Photographies extraites des pages Instragram et Twitter de DAOKO.

Le concert commence par Anoyo no Mon (あの世の門) qui se trouve être le dernier morceau de l’album Sandokushi, ce qui me fait penser à un passage de relais. La mise en scène est très intéressante. On ne voit pas Sheena sur la scène qui reste sombre mais marquée par deux larges lignes lumineuses se croisant et formant une croix. L’image qui en résulte me fait beaucoup penser à l’église Church of Light conçue par Tadao Ando et construite dans la banlieue d’Osaka. Je n’en ai vu qu’une reconstitution en taille réelle lors de l’exposition TADAO ANDO : ENDEAVORS qui avait lieu en 2017 au musée NACT. Cette nouvelle référence à l’architecture dans l’univers de Sheena Ringo, après l’utilisation du New Sky Building de Yōji Watanabe sur une photo promotionnelle pour l’album Music de Tokyo Jihen, m’interpelle forcément beaucoup. La set list incluait également deux morceaux de l’album de remixes Hyakuyakunochō (百薬の長), à savoir JL005 Bin de (JL005便で ~Flight JL005~) remixé par Yoshinori Sunahara (砂原良徳) et Ishiki (意識 ~Conciously~) de l’album KSK en version remixée par MONDO GROSSO avec DAOKO pour une partie du chant. Il m’avait bien effleuré l’esprit que DAOKO puisse être sur scène, mais ça me paraissait tout de même assez improbable pour un seul morceau. A ma grande surprise, on la voyait bien sur scène mais sur l’écran géant uniquement au moment de son passage rappé sur ce morceau. Ce moment était particulièrement réussi car elle apparaissait en grand en tenue noire avec des oreilles de chat comme enfermée dans une petite boîte grise avec un seul néon biscornu au dessus de la tête. Sa présence occupait toute la hauteur de l’écran géant et l’effet était vraiment très réussi. La composition musicale était bien basée sur le remix de Shinichi Osawa de MONDO GROSSO, mais il m’a paru beaucoup plus agressif et basé sur le son des guitares plutôt que sur des sons électroniques. En comparaison, le remix de JL005 Bin De était plus fidèle à ce qu’on peut entendre sur l’album de remixes. La voix de Sheena Ringo était bien entendu impressionnante. L’effet est très différent de ce qu’on peut entendre des concerts en DVD et Blu-ray. C’est bien entendu la force du live, mais ça m’étonnera toujours de l’entendre pousser autant sa voix sur autant de morceaux à la suite, car les morceaux s’enchaînent assez rapidement les uns après les autres. Jinsei ha Yume Darake (人生は夢だらけ) est bien entendu un incontournable et c’est toujours une démonstration vocale qui mettra tout le monde d’accord.

Illustrations dessinées par Bibi (ビビ) des costumes de Sheena Ringo pendant la tournée Sheena Ringo to Aitsura to Shiru Shogyōmujō (椎名林檎と彼奴等と知る諸行無常).

Sheena Ringo a bien entendu changé plusieurs fois de costumes mais il est difficile de les décrire précisément car les images dans ma mémoire se mélangent déjà. Il est d’autant plus difficile de les décrire qu’il n’y a pas encore de photos officielles publiées pour ce concert. Un fan nommé Bibi (ビビ), qui a assisté à un des concerts et qui partage souvent ses illustrations sur Twitter, donne sa version illustrée des costumes. Je me permets de les montrer ci-dessus car ces dessins sont toujours très réussis et collent bien à la réalité. Les costumes sont toujours très classes, mais celui qui m’a le plus intrigué est l’avant dernier pour son chapeau très élaboré. On y reconnaît un chat, peut-être, et d’autres objets. En voyant cette coiffure, je pense à une illustration de Shohei Ōtomo que j’avais évoqué sur un précédent billet, montrant une chanteuse en kimono portant ce genre de coiffure pleine d’objets. Dans ce billet, je pensais d’ailleurs que cette illustration me faisait un peu penser à Sheena Ringo. Cette coiffure me rappelle assez vaguement certaines décorations de sanctuaire regroupant divers objets de manière compacte, comme sur l’avant-dernière photographie de ce billet prise à Yoshiwara, l’ancien quartier des courtisanes de haut rang appelées Oiran à l’époque Edo (que l’on peut voir dans le film Sakuran). Pendant une période plus calme du concert, on voit Sheena habillée d’une sorte de pyjama bleuté. Une porte est posée sur scène. Elle me rappelle la Dokodemo Door de Doraemon, la porte qui nous amène vers des endroits lointains et inattendus lorsqu’on la traverse. Elle chante pendant ce moment là une reprise du standard Eternal Flame des Bangles. Ce morceau a été écrit en 1988 par Susanna Hoffs. Ce choix n’a rien de vraiment étonnant car on sait que Sheena Ringo s’était inspirée de certaines paroles de morceaux de Susanna Hoffs pour des démos, comme LAY DOWN et Rinne Highlight (輪廻ハイライト). Elle ont aussi toutes deux repris le morceau Unconditional Love de Cindy Lauper. J’en parlais en détail dans mon billet sur les démos de Sheena Ringo à ses débuts. Sheena Ringo reprend également sur ce concert trois morceaux qu’elle a écrit pour d’autres artistes. Il y a bien sûr le récent Seishin no Tsuzuki (青春の続き) qu’elle a écrit pour Takahata Mitsuki (高畑充希), mais il y a également deux morceaux écrits pour Megumi Hayashibara (林原めぐみ): Ware ha Kuchinashi (我れは梔子) et Inochi no Ibuki (命の息吹き). Ces deux morceaux m’avaient échappé à l’époque et je les redécouvre en live lors de son concert. Ce sont des très beaux morceaux et d’excellentes surprises. Il est clair que la voix de Sheena Ringo leur apporte une autre dimension. Ce sont des bons candidats pour un troisième volet de la série d’auto-reprises, Reimport (逆輸入). Mais en attendant, je me mets depuis le concert à écouter ces deux morceaux de Megumi Hayashibara, et ils me plaisent vraiment beaucoup.

Un autre très beau moment du concert est l’interpretation du morceau Onaji Yoru (同じ夜) de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム), seule au piano. Elle nous disait dans les émissions radio Etsuraku Patrol au tout début de sa carrière toute l’importance que ce morceau avait pour elle. Savoir cette importance donne une dimension pleine d’émotion à cette interprétation d’autant plus qu’elle est seule sur scène au piano. Ce morceau n’a été ajouté sur la set list qu’à partir du concert d’Osaka, remplaçant la reprise de Wine Red no Kokoro (ワインレッドの心) du chanteur et compositeur Inoue Yōsui (井上陽水) qu’elle avait interprété sur un album hommage. Je ne connais pas les raisons de ce changement mais je ne suis pas mécontent d’avoir assisté à cette interprétation d’Onaji Yoru. C’est un morceau sur lequel j’ai déjà écrit plusieurs fois, notamment lorsque je pensais y voir une allusion sur des morceaux d’autres artistes. DAOKO (encore elle) a par exemple utilisé ce titre pour un de ses très beaux morceaux que j’évoquais dans un billet. Je ne suis pas très surpris d’entendre le morceau de Tokyo Jihen, Hotoke Dake Toho (仏だけ徒歩), parce qu’il est relativement récent et parce qu’elle l’a écrit. Par contre, je trouve qu’il y a plus de morceaux de Tokyo Jihen que ce qu’on a l’habitude d’entendre dans ses tournées solo. Mais il faut bien dire que Ryokushu (緑酒), de l’album Music (音楽), a eu un succès certain et il doit être difficile à éviter. C’est certes un peu dommage que tout le groupe Tokyo Jihen ne soit pas présent ensemble pour l’interpréter devant nous. L’ambiance visuelle du concert était superbe. Lorsqu’il n’y avait pas l’écran géant, le fond de la scène était orné d’un immense soleil rouge avec des rayons ressemblant à un éventail. Ce symbole ressemble beaucoup à celui de la tournée Tōtaikai (党大会) mais placé dans le sens inverse. Suivant les morceaux, les écrans montraient des scènes liées aux vidéos des morceaux comme les pistes d’atterrissage et tableaux de bords d’avion (avec toujours les jeux de morpions) pour JL005 Bin De, les routes qui se croisent sur Hashire wa Number (走れゎナンバー). Le seul morceau qui n’est pas chanté est Niwatori to Hebi to Buta (鶏と蛇と豚). Des extraits de la vidéo sont montrés sur le grand écran pendant que Sheena change de costume. La scène est particulièrement dense pendant tout le concert et Sheena est très active, du moins par rapport à d’autres concerts précédents. Une de ses tenues comprend même des gants de boxe et on la voit faire quelques mouvements. J’aime aussi beaucoup quand elle fait sur scène les mouvements de fantômes avec les bras en l’air sur Kamisama, Hotokesama (神様、仏様). Je me rends d’ailleurs compte que ce terme de l’impermanence, Shogyōmujō (諸行無常), était déjà présent dans les paroles de ce morceau. Kamisama, Hotokesama est en fait important dans sa discographie car il avait également donné la thématique de la parade des monstres Hyakkiyakō (百鬼夜行) à la tournée de 2015. Le thème des religions est aussi assez présent dans son univers, quelle que soit l’origine d’ailleurs, et ça nous ramène à l’image de l’église de lumière de Tadao Ando qui démarrait la représentation. Elle avait évoqué cet intérêt pour les religions en interview il y a quelques années.

Shinichi Osawa a également assisté au concert du Tokyo International Forum et il nous dit que ce concert était merveilleux (昨日行っコンサートとてもとても素晴らしかった。). Il nous dit aussi que c’est peut-être la première fois qu’il voit un tel talent d’expression et qu’il ressent le génie de créer une vision d’un univers unique (生で観てこんなにも圧倒的な表現の才能や、独自の世界観を創る天才性を感じたの初めてかも。). La création d’un univers singulier est en effet très à propos, et je pense même qu’il s’étend aux fans qui jouent également une partie de la partition de cet univers. Le nouveau morceau Watashi ha Neko no Me (私は猫の目) montrait la danseuse Bambi Naka en video sur le grand écran. J’ai hâte de le réécouter car tout passe vraiment très vite pendant le concert et mes souvenirs se font un peu distants. Je me demande même si ma présence dans la salle n’était pas qu’un rêve. Outre Bambi Naka, les deux sœurs danseuses SIS, que l’on connaît depuis l’époque de l’album Music de Tokyo Jihen, ont également fait des apparitions pendant le concert, en particulier dans la séquence finale après les deux morceaux de rappels Bokoku Jōcho (母国情緒) et Ariamaru Tomi (ありあまる富). Cette séquence finale montre SIS devant une console Nintendo Famicom, une cassette à la main. La séquence fait sourire car l’une d’entre elles souffle sur le circuit électronique de la cassette avant de l’insérer dans le lecteur comme pour enlever une poussière éventuelle. C’est évidemment un clin d’œil à Ringo qui faisait exactement la même chose dans une des vidéos de la série Hanakin Night Beyond (東京事変の花金ナイト -ビヨンド-) de 2021, qui n’est malheureusement plus visible sur YouTube. Le générique de fin qui suit est une animation 8bits reprenant la musique de Sid to Hakuchūmu (シドと白昼夢) de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム). Le single toogood (いとをかし) était également retranscrit en version 8bits sur l’album de remixes mais il était interprété en version normale lors de ce concert. Ce générique utilisant les sons 8bits de la Famicom a un côté rétro que l’on retrouve également dans les lunettes 3D cartonnées qui accompagnent l’achat du drapeau. On pouvait utiliser ces lunettes sur le morceau Nagaku Mijikai Matsuri (長く短い祭) et elles transformaient certaines lumières sur scène en des symboles Ying Yang tournoyant. Cela donnait l’impression d’être dans un rêve car ces lumières étaient légèrement floues. On peut se demander d’où peut bien venir cette idée d’utiliser des lunettes 3D d’un autre temps (mais qui fonctionnent très bien, ceci étant dit). J’ai lu quelque part que le réalisateur du concert (avec sa compagnie Vivision) et compagnon de Sheena Ringo, Yuichi Kodama (児玉裕一), aurait tiré cette idée du film Retour vers le futur. Dans les deux premiers films de la série, un des sbires de Biff Tannen porte en effet ces lunettes en permanence. Yuichi Kodama aime tellement les films Retour vers le futur qu’il possède lui-même et conduit une DeLorean, une DMC-12 de la DeLorean Motor Company (DMC). Il ne doit pas passer inaperçu. Et je comprends maintenant d’où vient la DeLorean que l’on pouvait apercevoir dans la vidéo de Hotoke Dake Toho (仏だけ徒歩).

Le concert a passé bien vite. Sheena Ringo ne s’est adressé qu’une seule fois au public au moment des rappels. Son message est comme toujours plein d’humilité alors qu’elle met à chaque fois en scène des représentations fantastiques. Elle nous dit avoir réfléchi à ces dernières années difficiles dans le choix des morceaux du concert. Elle fait également un commentaire sur la durée du concert de 90mins, et une personne du public lui souffle d’étendre jusqu’à 2h. On y était pratiquement en fait, car je suis sorti de la salle vers 21h. Je n’avais d’ailleurs pas très envie de sortir de cette salle, pour essayer de conserver en tête les images que je venais de voir et les sons que je venais d’écouter avec beaucoup d’attention. J’ai maintenant hâte de voir le blu-ray car le concert du 10 Mai a été enregistré en vidéo. Il y a certainement des choses qui m’ont échapper et que la vidéo me rappellera. Je ressors de la salle et du Hall A en prenant mon temps jusqu’à mon vélo stationné près de la gare de Yurakuchō. Le chemin du retour à vélo, avec le superbe morceau TOKYO en tête, me fait passer près de la tour de Tokyo que je ne résiste pas à prendre en photo. Écrire tout le récit de ce concert sera un moyen pour moi de m’en souvenir dans les moindres détails, même ceux qui peuvent paraître inutiles pour le visiteur de Made in Tokyo. (Fin).

Pour référence ultérieure, ci-dessous est la set list de la tournée Aitsura to Shiru Shogyōmujō (椎名林檎と彼奴等と知る諸行無常) pour la date du 9 Mai 2023:

1. Anoyo no Mon (あの世の門), de l’album Sandokushi (三毒史)
2. Ware ha Kuchinashi (我れは梔子), morceau écrit par SR pour Megumi Hayashibara (林原めぐみ) sur le EP Usurahi Shinjū (薄ら氷心中)
3. Donzoko Made (どん底まで), de l’album Sandokushi (三毒史)
4. Karisome Otome (カリソメ乙女) de l’album Sanmon Gossip (三文ゴシップ)
5. Hashire wa Number (走れゎナンバー), de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
6. JL005 Bin de (JL005便で ~Flight JL005~), version remixée par Yoshinori Sunahara (砂原良徳) de l’album de remixes Hyakuyakunochō (百薬の長)
7. Seishin no Tsuzuki (青春の続き), single écrit par SR pour Takahata Mitsuki (高畑充希)
8. Sake to Geko (酒と下戸), de l’album Variety (娯楽) de Tokyo Jihen
9. Ishiki (意識 ~Conciously~), version remixée par MONDO GROSSO avec DAOKO de l’album de remixes Hyakuyakunochō (百薬の長)
10. Kamisama, Hotokesama (神様、仏様), avec la voix de Mukai Shutoku (向井秀徳), de l’album Sandokushi (三毒史)
11. TOKYO, de l’album Sandokushi (三毒史)
12. Tengoku he Yōkoso (天国へようこそ), de l’album Daihakken (大発見) de Tokyo Jihen
13. Niwatori to Hebi to Buta (鶏と蛇と豚), de l’album Sandokushi (三毒史)(vidéo pendant le changement de costume)
14. Onaji Yoru (同じ夜) avec SR seule au piano, de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム)
15. Jinsei ha Yume Darake (人生は夢だらけ) de la compilation Gyakuyunyū ~Koukūkyoku~ vol.2 (逆輸入 ~航空局~; Reimport, Vol. 2 ~Civil Aviation Bureau~)
16. Hotoke Dake Toho (仏だけ徒歩), single de Tokyo Jihen inclu dans le Best Album Sōgō (総合)
17. Watashi ha Neko no Me (私は猫の目), nouveau morceau qui sortira en single le 24 Mai 2023
18. Kōzen no Himitsu (公然の秘密), du Best Album Newton to Ringo (ニュートンの林檎)
19. Onna no Ko ha Daredemo (女の子は誰でも) du 5ème album Daihakken (大発見) de Tokyo Jihen
20. Eternal Flame, reprise du morceau de The Bangles (1988), écrit par Susanna Hoffs
21. Irohanihoheto (いろはにほへと), de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
22. Inochi no Ibuki (命の息吹き), morceau écrit par SR pour Megumi Hayashibara (林原めぐみ) sur le EP Imawa no Shinigami (今際の死神)
23. toogood (いとをかし), single sorti en Avril 2022
24. Nagaku Mijikai Matsuri (長く短い祭), avec la voix d’Ukigumo (浮雲), de l’album Sandokushi (三毒史)
25. Ryokushu (緑酒), de l’album Music (音楽) de Tokyo Jihen
26. NIPPON, de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)

Rappels (アンコール) et passage de MC
27. Bokoku Jōcho (母国情緒), de l’album Kyōiku (教育) de Tokyo Jihen
28. Ariamaru Tomi (ありあまる富), de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
29. Vidéo de crédits de fin: Shogyōmujō wo Te ni Ireta! dans le style Famicom de Nintendo (しょぎょうむじょうをてにいれた!ファミリーコンピュータ風)reprenant le morceau Sid to Hakuchūmu (シドと白昼夢) de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム)

諸行無常~其ノ弐~

Musicalement parlant, je suis passé exclusivement en mode Ringo depuis le début de la semaine en réécoutant exclusivement les albums et certains concerts (Ultra C en particulier) de Sheena Ringo et de Tokyo Jihen, pour essayer de conserver la rémanence (余韻) des moments vécus du concert. Mais plus les jours vont passer et plus ces souvenirs deviendront lointains, en attendant que des photos officielles soient enfin publiées de cette tournée Sheena Ringo to Aitsura to Shiru Shogyōmujō (椎名林檎と彼奴等と知る諸行無常). Je suis surpris de voir qu’aucune photo et très peu d’informations ont pu filtrer pendant les trois mois de cette tournée. Les fans sont certes protecteurs, ce n’est pas nouveau, mais je me suis même demandé s’il était explicitement demandé au public pendant les concerts de ne pas révéler d’informations sur son déroulement pour ne pas gâcher le plaisir des spectateurs des dates suivantes. Ce n’était pas le cas mais l’idée m’a tout de même effleurée.

Il est désormais presque 17h ce mardi 9 Mai 2023 et j’ai déjà fait le tour plusieurs fois des alentours du Hall A. Dans un coin de l’entrée, des bouquets de fleurs sont déposés. Certains sont offerts par des chaînes et émissions musicales télévisées, comme celle de la NHK, FNS, Music Station ou encore CDTV de la chaîne TBS. Le bouquet qui a le plus de succès est celui offert par Ado. A l’étage du grand Hall A, on peut également prendre des photos et se faire prendre en photo devant les grands panneaux marqués du nom de la tournée et couverts d’objets pixelisés qui sont des symboles souvent utilisés dans l’univers de Sheena Ringo. La plaque d’immatriculation わ417 fait par exemple référence au morceau Hashire wa Number (走れゎナンバー) de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処) et au nom Shiina retranscrit en chiffre (Shi-i-na = 4-1-7). Le skate board est un objet recurrent que l’on revoit sur certains clips vidéo et concerts (un skate board avec une glace dessinée). Je ne suis pas certain de la raison exacte de l’utilisation du skate board et je ne pense pas que Ringo sache réellement en faire, mais le skate board me ramène personnellement à la musique rock alternative américaine de ma période adolescente, qu’elle appréciait également à cette époque. Elle continue et évolue encore maintenant, mais l’imagerie du skate board est à mon avis très ancrée à cette culture américaine des années 90. Cette culture me parle et m’intéresse car la musique qui y est attachée me plaisait beaucoup à cette époque là (et encore maintenant). L’avion pixelisé fait évidemment référence au morceau JL005 Bin de (JL005便で ~Flight JL005~). Le bateau de croisière me rappelle l’imagerie de la tournée Bon Voyage de Tokyo Jihen. Le symbole de la moto est par contre nouveau et mystérieux. Sheena conduisait bien un gros scooter Honda Fusion dans la vidéo du morceau WORK avec Millenium Parade, mais cette image est très différente. En fait, cette moto semble être associée au nouveau single Watashi ha Neko no Me (私は猫の目) qui sortira le 24 Mai 2023, avec Hisako Tabuchi (田渕ひさ子) de Number Girl à la guitare. La photographie promotionnelle de ce futur single montre en effet Sheena Ringo chevauchant une moto Yamaha la nuit devant la Tour de Tokyo illuminée. Inutile de préciser le modèle de cette moto Yamaha. Il s’agit bien entendu du modèle SR. Et cette tour de Tokyo illuminée en rouge en pleine nuit est aussi une image récurrente des vidéos réalisées par Yuichi Kodama pour Tokyo Jihen et Sheena Ringo. La tour joue souvent le rôle de trait d’union entre différentes vidéos pour créer un univers visuel cohérent. Le mystérieux symbole chimique utilisé comme logo sur les petits drapeaux et les grandes affiches du concert fait référence à un acide appelé acide malique. On peut d’abord se demander le pourquoi de l’utilisation de ce symbole chimique mais on apprendra très vite que l’acide malique se trouve naturellement dans les pommes et que son nom japonais n’est autre que Ringo-san (リンゴ酸 ou 林檎酸). Je le dis souvent, mais rien n’est laissé au hasard. Deux personnes du staff étaient présents devant les grands panneaux pour prendre les spectateurs en photo. Je me suis également fait prendre en photo pour garder un souvenir de ce moment mais je n’oserais pas montrer ces photos là sur ce blog.

Tout va ensuite très vite car on approche des 18h, l’heure d’ouverture de la salle. On doit former une file d’attente à l’extérieur mais personne ne sait vraiment où celle-ci doit commencer. D’autres personnes du staff indiquent soudainement que la file d’attente commencera au niveau de la dizaine de personnes placées devant moi. Rentrer rapidement dans la salle n’a pas beaucoup d’importance car les billets sont de toute façon déjà attribués à des places précises. Mais j’avais un intérêt à entrer rapidement car il me fallait acheter avant la rupture de stock le petit drapeau qui me manquait pour l’avoir oublié à la maison avec les lunettes 3D cartonnées qui l’accompagnent. La file d’attente d’une largeur de quatre personnes s’élargit ensuite à l’endroit où s’effectue le contrôle des billets, qui sont seulement électroniques. Pour mes concerts précédents, j’ai toujours préféré retirer un billet papier au convenience store près de chez moi pour garder un souvenir physique du concert, mais cette possibilité n’est pas offerte pour les concerts de Sheena Ringo et Tokyo Jihen. On nous demande de préparer son smartphone avec le billet électronique ouvert, prêt à être poinçonné électroniquement à notre entrée. Mais il nous faut attendre au moins 20 minutes en file indienne, c’est assez de temps pour s’imaginer toute sorte d’inquiétude. Et si mon billet électronique n’était pas reconnu par la machine? Rien de tout cela n’arrivera heureusement. J’aime d’ailleurs beaucoup le poinçon ajouté sur le billet électronique car il reprend le personnage de l’infirmière, image faite de caractères informatiques que l’on avait pu voir dès l’annonce de cette tournée. Ceci me rappelle de mentionner que j’ai aperçu au moins deux fans habillées en infirmières comme dans la vidéo du morceau emblématique Honnō (本能). A l’entrée, est donné à chacun un fyer au format A4 nous faisant part de la sortie du nouveau single Watashi ha Neko no Me (私は猫の目) comme je le mentionnais ci-dessus. L’arène s’ouvre désormais devant moi et je monte assez rapidement les escaliers jusqu’à la boutique de goods placée à l’étage. Mon intention était de seulement acheter le petit drapeau qui me manquait, mais je me fais piéger comme un débutant et me retrouve à acheter d’autres choses: la planche de stickers reprenant le titre et les symboles de cette tournée, le carnet goshuinchō avec son pochon et un t-shirt portant la désormais fameuse moto Yamaha SR pixelisée en surimpression. Tous ces achats sont bien entendu volontaires mais n’étaient pas initialement prévus. J’aime beaucoup le t-shirt, étant un ancien motard intrépide, car le nom de l’artiste n’y est pas clairement mentionné. Seuls ceux qui savent reconnaîtront. Quand au goshuinchō, je l’utiliserais volontiers quand mon carnet actuel sera terminé. Je ne suis bien sûr pas mécontent de ces achats. Après avoir grimper quelques autres escaliers, je rentre ensuite dans la grande salle du Hall A, le cœur léger et le petit drapeau dans mon sac. J’y rentre environ une heure avant le début alors qu’elle est encore pratiquement vide. Ce n’est pas la première fois que j’assiste à un concert dans cette salle. Je me souviens que l’acoustique y est bonne. Mes souvenirs s’effritent mais je me souviens avoir assisté à un concert classique dans cette salle une journée d’hiver alors qu’il neigeait sur Tokyo. On avait aussi assisté à un concert du groupe DISH à l’époque où ils débutaient et étaient loin d’être aussi connus que maintenant. Nous y étions allés car c’était aussi l’époque où Zoa faisait partie de cette même agence Stardust Promotion, qu’il a depuis quitté par manque d’intérêt.

Assis dans la salle au premier étage, j’observe les spectateurs qui la remplissent petit à petit, tout en dérangeant Nicolas sur la messagerie de mon smartphone. C’est devenu une habitude pour moi que de lui faire part en direct de mes impressions avant chaque concert. Pour un concert de Sheena Ringo, je n’ai pas pu m’en empêcher. La salle devient assez vite comble car l’heure du début du concert approche très vite. Vu qu’il était difficile d’obtenir des places pour ce concert, même en étant membre du fan club, je me dis qu’il n’y aura aucune place vide dans la salle. Une place à côté de moi est pourtant libre jusqu’à maintenant. Je pense que la grande majorité des places de cette tournée ont été vendues aux membres du fan club et les différents concerts ont été très vite complets. Une connaissance de Twitter, un anglais de passage au Japon exprès au moment des dates de Tokyo, me faisait par de l’impossibilité d’acheter des places, ayant été malchanceux au moment de la vente initiale des billets et n’ayant pas pu acheter un billet sur le système de revente. Le système de revente est très strict et encadré pour éviter le marché noir et la revente des billets à des prix excessifs. C’est une très bonne chose même si ça limite les possibilités d’acheter un billet. L’histoire de cette connaissance me fait un peu de peine car il a redoublé d’efforts pour essayer d’obtenir un billet à travers ce système. Un minimum de chance et une adhésion au fan club semblent faire partie des conditions nécessaires pour espérer obtenir un billet. En regardant autour de moi dans la salle qui se remplit vite et dans le hall auparavant, je pense d’ailleurs être le seul étranger dans la salle, ce qui m’étonne un peu. Enfin, il y a certainement des personnes venues d’Asie dans la salle. Alors que je me perds dans mes réflexions, ma voisine arrive finalement à sa place, un peu essoufflée. Nous discutons un peu avant que le concert ne commence. Elle me dit qu’elle vient du Kansai. J’imagine tout de suite qu’elle vient juste de sortir du Shinkansen à la gare de Tokyo et de courir jusqu’au Hall A du Forum. Elle me dit aussi que c’est la cinquième fois qu’elle assiste à un concert de cette tournée après Osaka, Fukuoka, entre autres. Je suis tout de suite impressionné et je lui en fais part. Voilà une fan ’hardcore’ qui n’hésite pas à parcourir tout le pays pour assister aux concerts de Sheena Ringo. Elle a pu acheter des billets grâce aux systèmes de revente de billets que je mentionnais juste avant. Elle est certainement très chanceuse, mais elle n’est pas la seule à assister à plusieurs concerts sur cette tournée, comme je peux le témoigner à travers le file Twitter des quelques fans que je suis attentivement. Il s’agit là d’un niveau de dédication qui dépasse de loin le mien, mais je respecte tout à fait cette obsession. Je la comprends même très bien. Ma voisine me dit aussi qu’elle a assisté a plusieurs autres tournées dont Hyakkiyakō 2015 (百鬼夜行) ou Bon Voyage de Tokyo Jihen, et de nombreuses autres. Elle s’excuse aussi par avance d’être émotive et par conséquent qu’elle sera très certainement en pleurs pour certains morceaux. J’ai pu noter en effet qu’elle portait de temps en temps ses mains au visage avec un mouchoir mais la voix de Sheena Ringo et le son grand format des instruments ne permettaient de tout façon pas d’entendre des sons éventuels de pleurs. Cette fan assise à côté de moi était en tout cas très sympathique et même si on ne se connaissait pas, j’avais le sentiment de bien la comprendre sur le sujet qui nous concernait pendant cette soirée là (A suivre).

諸行無常~其ノ壱~

Quelle drôle d’impression d’avoir enfin pu voir et écouter Sheena Ringo en concert. La place était réservée depuis plusieurs mois depuis la mise en vente des billets pour les membres du fan club Ringohan. La loterie m’avait permis d’acheter un billet pour le Mardi 9 Mai 2023, l’avant dernier jour de la tournée Sheena Ringo to Aitsura to Shiru Shogyōmujō (椎名林檎と彼奴等と知る諸行無常) qu’on pourrait traduire par Sheena Ringo et l’impermanence de toutes choses. Ce titrage correspond bien au nom qu’elle avait donné à ses deux tournées précédentes en 2018 et 2015, hors tournée du type Expo. En fait, comme il s’agit de la tournée de ses 25 ans de carrière, on aurait pu s’attendre à une tournée de type Expo (comme Expo 18), mais elle a préféré des salles plus petites et une tournée nationale dans tout le Japon, plutôt que des grands rassemblements dans des lieux de type Arena. Quand je mentionne des salles plus petites, c’est une façon de parler car ce sont des salles de 5000 personnes comme au Tokyo International Forum. La tournée a démarré le Vendredi 24 Février à Kawaguchi dans la préfecture de Saitama pour se terminer les 9 et 10 Mai 2023 au Tokyo International Forum (2 dates), en passant par Fukuoka (2 dates), Sendai (2 dates), pour revenir à Tokyo au Bunkamura à Shibuya (3 dates), et répartir pour Sapporo (2 dates), Osaka (2 dates), Hiroshima (2 dates), Nagoya (2 dates), Kobe (2 dates) et Kanagawa (2 dates). La dernière journée de spectacle qu’on appelle Senshūraku (千秋楽) se déroulait donc au Tokyo International Forum le 10 Mai 2023. Il s’agissait donc d’une longue tournée de 22 dates pour 11 salles différentes aux quatre coins du pays, durant pratiquement 3 mois. Cela faisait 5 ans qu’elle n’avait pas fait de tournée en solo, après la tournée News Flash de Tokyo Jihen en 2020, en partie annulée en raison de la crise sanitaire naissante. Cette année là, j’avais malheureusement annulé ma place pour une des premières dates à Tokyo car les incertitudes de cette crise étaient particulièrement anxiogènes à cette époque. Ce concert du 9 Mai 2023 était donc la première fois pour moi (初生林檎).

Ma principale crainte était de tomber malade pendant les jours précédents le concert et de ne pas être en mesure d’y assister. Ce ne fut heureusement pas le cas. Il faut dire que j’attendais ce concert avec une impatience certaine depuis plusieurs années. J’avais d’ailleurs pris une journée de congé et, ayant un peu de temps le matin, je me suis demandé comment j’allais me préparer mentalement (façon de parler) à cet événement musical. Je me suis décidé à aller faire un tour sur le lieu du tournage de la vidéo d’un de ses premiers singles Koko de kiss shite (ここでキスして。), par lequel j’ai découvert la musique de Sheena Ringo en 1999. Il s’agit en fait du lieu du tournage de la version alternative de la vidéo de Koko de kiss shite qui est présente sur le DVD Seiteki Healing Sono Ichi (性的ヒーリング~其ノ壱~). Sur un billet de Février 2021 où j’étais allé sur les lieux du tournage de Kabukichō no Jōo (歌舞伎町の女王), je m’étais demandé à l’époque dans quelle banlieue de Tokyo cette vidéo alternative avait été tournée. Je n’ai trouvé ma réponse que récemment grâce à un compte Twitter que je suis depuis quelques temps. Il s’agit du complexe d’appartements Hamune (はむね団地) situé entre la station Kokuryō (国領), près de Chōfu, et la rivière Tamagawa. On y reconnaît une grande tour servant de château d’eau près d’un parc avec des balançoires et d’autres jeux pour enfants. A quelques dizaines de mètres seulement de ce parc, se trouve un collège et son terrain de sport que Sheena Ringo longe pendant une partie de la vidéo. J’avais encore assez clairement les images de cette vidéo en tête mais je la regarde une nouvelle fois sur place, assis sur un banc du parc vide, pour essayer de faire correspondre au mieux mes photos avec les scènes de la vidéo. Je suis content de retrouver la balançoire devant un petit muret de briques qui apparaît plusieurs fois dans la vidéo. La partie principale de la vidéo Koko de kiss shite et de sa version alternative où Sheena joue avec son groupe devant une haie verte ponctuée de roses rouges n’a par contre pas été tournée à cet endroit. Il me reste encore beaucoup de lieux de tournage à découvrir autour de Tokyo, comme la forêt de bambous de la ferme de Wakayama (若竹の杜 若山農場), dans la préfecture de Tochigi, utilisée dans la vidéo de Irohanihoheto (いろはにほへと).

A mon retour de Kokuryō, il ne me reste que peu de temps pour me mettre en route vers le Tokyo International Forum. Je me suis décidé d’y aller en vélo. Mari me demande de passer par le sanctuaire d’Atago qui est sur le chemin, pour y récupérer le sceau goshuin, car cette journée là du 9 Mai est une journée faste. Je ne pose pas beaucoup de questions car ça me paraît de toute façon de bonne augure d’avoir un goshuin correspondant au jour du concert. Rappelons que dans les goods de certaines tournées de Sheena Ringo, on trouve des carnets goshuinchō vierges, et c’est notamment le cas de cette tournée. C’est une idée très particulière et assez unique, je pense. J’imagine bien qu’elle doit elle-même collectionner les sceaux des sanctuaires et temples. Dans ma précipitation, je ne retrouve plus le grand escalier du sanctuaire d’Atago, car je l’imaginais entre les deux tours du complexe Mori composé d’une tour de bureaux et d’une tour d’habitation, modèle en quelque sorte précurseur d’autres complexes comme celui de Roppongi Hills. L’escalier se trouve en fait à quelques mètres à côté du complexe. Le sanctuaire d’Atago est vraiment agréable, car il est perché en haut d’une colline boisée avec un petit étang. Il ne faudra que quelques minutes pour qu’on me prépare le goshuin. Il s’agit peut-être du plus simple visuellement que j’ai dans mes carnets. J’ai d’abord l’impression que la date du jour n’est pas indiquée mais le mois de Mai est en fait mentionné avec le kanji Satsuki (皐月) qui est le nom employé dans le calendrier lunaire. Une des théories sur l’emploi de ce nom pour le mois de Mai est qu’il a été abrégé de ’Sanaetsuki’ (早苗月) qui correspond au mois de la plantation du riz.

Je ne m’attarde pas beaucoup plus car il faut maintenant rejoindre le Tokyo International Forum (東京国際フォーラム) après avoir stationné le vélo près de la gare de Yurakuchō. Je suis loin d’être en retard car j’arrive sur les lieux vers 16h soit deux heures avant l’ouverture des portes. Le concert démarre lui à 19h. Je voulais arriver tôt pour voir à quoi ressemblait les fans. Plus j’approche de l’entrée du Hall A où se déroulera le concert, plus je vois de personnes portant des t-shirts, et autres vêtements ou casquettes estampillées des logos de Sheena Ringo et Tokyo Jihen. De très nombreux goods ont été créés et mis en vente au fur et à mesure des tournées des 25 années de carrière de Sheena Ringo. Certaines et certains ont un talent véritable pour s’habiller de manière remarquable aux couleurs de l’artiste et du groupe. Je me doutais bien que je verrais de nombreux fans particulièrement inspirés, comme une certaine Hitomi que je suis sur Twitter depuis quelques temps et qu’on remarque tout de suite dans le Hall A. Elle n’est pas la seule en kimono ou yutaka, mais je remarque qu’elle est particulièrement inventive dans son style vestimentaire en partie fait maison, jusqu’au bout des ongles (elle est apparemment nailiste à Utsunomiya, ceci expliquant cela). C’est un vrai plaisir de voir tous ces fans et ça nous met en condition avant le début du concert. Je suis personnellement resté sobre, avec seulement mon pins Ringhan de troisième année épinglé au col, mais je suis heureusement loin d’être le seul. Les petits drapeaux avec le logo de la tournée sont aussi de sortie. J’ai acheté le mien sur internet il y a quelques semaines mais je me rends compte seulement maintenant que je viens de l’oublier à la maison. Je râle souvent sur mon fiston de ses oublis nombreux mais je sais très bien de qui il tient. Le drapeau est un accessoire indispensable pour le concert, peut-être pourrais-je en acheter un autre avant le début du concert. Les portes de la boutique de goods sont bien ouvertes mais on me dit que c’est réservé aux personnes qui ont commandé à l’avance par internet. Cette boutique sera ouverte à tous à partir de 18h. Attendons encore un peu et ouvrons grands les yeux en attendant (A suivre).

Shibuya za rock

Les deuxième et troisième photographies de ce billet sont prises depuis un des derniers étages du Department Store PARCO de Shibuya. La troisième photographie montre une vue en contre-plongée de l’ancien Cinéma Rise reconverti en salles de concert WWW et WWWX. J’ai toujours aimé ce petit bâtiment atypique conçu par l’architecte Atsushi Kitagawara et je suis particulièrement satisfait de voir qu’il a pu trouver une seconde vie après la fermeture du cinéma. Tokyo est en général sans pitié pour les vieux buildings qui faiblissent même s’ils ont été créés par des architectes reconnus. Je suis en fait venu au PARCO pour voir une petite exposition consacrée au magazine mensuel gratuit Kaze to Rock (風とロック). L’exposition intitulée Kaze to Rock to PARCO: Minna Waratteru (風とロックとPARCO:みんな笑ってる) se déroulait du 28 Avril au 8 Mai 2023 au PARCO Museum Tokyo situé au quatrième étage de PARCO. Je pensais d’abord que cette galerie se trouvait au dernier étage d’où le petit détour qui m’a permis de prendre les photographies ci-dessus. La galerie est en fait perdue au milieu des boutiques du grand magasin. J’avais déjà très brièvement évoqué le magazine Kaze to Rock après avoir acheté le livres de photographies de Mika Ninagawa car on y montrait une photographie de Sheena Ringo accompagnée des acteurs Shun Oguri, Lily Franky et Kenichi Matsuyama. Cette photographie était en fait tirée d’une édition spéciale du magazine Kaze to Rock sortie en Novembre 2006 et intitulée Kaze to Rock to United Arrows (風とロックとユナイテッドアローズ).

Le magazine Kaze to Rock a été créé en 2005 par le directeur créatif Michihiko Yanai (箭内道彦). Michihiko Yanai est originaire de Koriyama dans la prefecture de Fukushima. Après des études de design à l’Université des Beaux-arts de Tokyo, il travaille d’abord pour la grande agence publicitaire Hakuhodo et devient ensuite indépendant en 2003, créant sa propre agence Kaze to Rock Co. Limited qui est toujours active. Ce nom n’est pas choisi par hasard car en plus d’être professeur à l’Université des Beaux-arts de Tokyo, il est également guitariste dans un groupe de rock, animateur d’émissions radio, organisateur d’évènements musicaux, entre autres. On lui doit notamment la fameuse campagne publicitaire au long court « No Music No Life » pour Tower Records. Il n’y a pas de doutes que Michihiko Yanai vit et respire pour cette musique rock, et c’est dans ce contexte là qu’il a créé le magazine mensuel Kaze to Rock en 2005, sans but lucratif et même à perte car il s’agit d’un magazine gratuit. A vrai dire, je ne sais pas où il est distribué car je ne l’ai jamais vu disponible, au Tower Records par exemple, mais il y a en tout 100 numéros publiés. Vu le nombre de numéros, la publication n’est certainement pas régulière. En tant que rédacteur en chef du magazine, Michihiko Yanai semble choisir sans contrainte les artistes et groupes dont il veut parler sur ses pages. On reconnaît tout de suite cette liberté créative dans le format du magazine donnant une grande place aux photographies. L’exposition permet de feuilleter un grand nombre de numéros du magazine et je remarque que les pages de photos consacrés au groupe ou à l’artiste en couverture sont très importantes, de quarante a cinquante pages environ suivant le numéro. Cela fait ressembler ce magazine à un véritable livre d’art plutôt qu’à un magazine classique que l’on trouverait en librairie. Outre la possibilité de feuilleter ces magazines, l’exposition montre de nombreuses photographies sur écrans géants dans plusieurs pièces avec des éléments d’explication et de chronologie.

Une des raisons pour laquelle j’ai fait le déplacement était de voir deux numéros du magazine consacrés à Sheena Ringo et à Tokyo Jihen, car je savais qu’ils étaient visibles parmi les magazines présentés à l’exposition. J’ai pris mon temps pour les feuilleter pendant l’exposition. On ne pouvait malheureusement (ou heureusement) pas les prendre en photo. J’ai tout de suite été interpellé par la qualité des photographies qu’on y montrait. Beaucoup de photos se ressemblent, comme des versions différentes d’une même situation, mais sont prises sous des angles différents et avec des expressions du visage semblant être prises sur le vif. Certaines photographies font des plans resserrés sur des objets ou des parties du corps. Ce ne sont clairement pas des photos qu’on trouverait dans un magazine musical traditionnel. J’ai eu forcément très envie de me procurer ces numéros que j’ai trouvé assez facilement sur Mercari pour pas très chers. La plupart des photographies des deux magazines m’étaient inconnues et je les feuillette tranquillement et avec beaucoup d’attention comme des petits trésors. Le numéro avec Tokyo Jihen est celui du 1er Septembre 2007, ce qui correspond à la sortie de l’album Variety (娯楽). Les photographies sont prises par Kazunari Tajima (田島一成) qui a déjà capturer le groupe pour le numéro de Mars 2010 du magazine Switch. Kazunari Tajima a également photographié Sheena Ringo pour le numéro de Février 2003 de Rockin On Japan à l’occasion de la sortie de son troisième album KSK. C’est également un magazine que j’ai dans ma petite collection. Le numéro de Kaze to Rock consacré à Sheena Ringo est celui du 1er Juin 2009. Ce numéro correspond à la période où elle revenait vers sa carrière solo en sortant l’album Sanmon Gossip (三文ゴシップ). Les photographies sont également superbes, notamment celles en plan serré dont une est utilisée en couverture du magazine. Elles sont du photographe Jin Ohashi (大橋仁), qui a également pris en photo Sheena Ringo pour le magazine Switch du mois d’Avril 2000 sur une série intitulée In the Room. Sur ces deux magazines, j’aime aussi beaucoup le titrage avec une police de caractère très stylisée. L’organisation même du magazine me fait penser à un fanzine et je pense que c’est le souhait de son créateur car il a fait le choix de ne parler que des artistes qu’il aime. Feuilleter ces magazines me relance dans l’idée de faire ce genre de fanzine, si j’en avais le temps, le courage et surtout l’inspiration.

Continuons encore un petit peu en musique avec un autre album de Blankey Jet City que j’écoute beaucoup en ce moment, Love Flash Fever sorti en 1997. J’ai acheté cet album au Disk Union de Shimo-Kitazawa en même que l’album solo de Kenichi Asai, Red Snake Shock Service, dont je parlais récemment. Vous l’aurez peu être compris, je suis actuellement dans une période rock très pointue allant de Kenichi Asai et ses groupes jusqu’à Buck-Tick que je continue à beaucoup écouter depuis quelques mois. Cette profusion de guitares explique mon besoin de me dégourdir de temps en temps les oreilles avec une musique plus pop, comme celle mentionnée dans le billet précédent. De cet album Love Flash Fever, je connaissais déjà plusieurs morceaux déjà présents sur la compilation Blankey Jet City 1997-2000, à savoir Gazoline no Yurekata (ガソリンの揺れかた), Planetarium (プラネタリウム), Spaghetti Hair et Dennis Hopper (デニスホッパー). Ces morceaux comptent dans les meilleurs de l’album mais celui que je préfère est le deuxième intitulé Pudding. Il n’est étonnement pas présent sur la composition mentionnée ci-dessus. Il s’agit d’un morceau plein de la furie typique du groupe. Il y a une urgence et une frénésie assez géniale, accompagnée par des riffs de guitares particulièrement incisifs et Kenichi Asai accélérant démesurément son phrasé. J’aime aussi beaucoup le quatrième morceau Minagoroshi no Trumpet (皆殺しのトランペット) car il a une composition singulière démarrant par un monologue de Kenichi Asai accompagné par un son de trompette et une basse, pour se transformer dans une deuxième partie vers une composition plus classique. J’aime beaucoup l’atmosphère sombre de ce morceau ponctuée par des cris d’Asai. L’ambiance est très différente du morceau que je mentionnais précédemment, et ils forment à eux deux les pics de cet album. Enfin, il y a beaucoup d’autres très bons morceaux sur cet album, comme le cinquième intitulé Kanjō (感情) toujours avec cette rage naturelle et ses émotions fortes, qui se sont ensuite un peu apaisées plus tard sur ses albums solo. Et il y a ce morceau intitulé Dennis Hopper où le chant de Kenichi Asai n’est pas des plus faciles à apprécier aux premiers abords. Mais la deuxième partie du morceau est assez fantastique et me donne à chaque fois des frissons.

晴れのち夕暮れ

Ces quelques photographies ont été prises entre Shibuya et Shinjuku en fin d’après midi alors que la lumière commençait déjà à baisser. Je ne me souviens déjà plus des circonstances qui m’ont poussé à traverser le sanctuaire Meiji Jingū mais je me souviens au moins que j’écoutais pendant une partie de cette marche l’album Dramatic de Clammbon mentionné auparavant, avant de le trouver un peu plus tard au Disk Union de Shinjuku et de prendre ensuite le train pour Ikebukuro. Je vais assez rarement à Ikebukuro car je me trouve presqu’à chaque fois arrêté en route à Shinjuku. Je note d’ailleurs qu’il faudra que je passe voir la très haute Tokyu Kabukicho Tower qui va bientôt ouvrir ses portes au public. Elle devrait j’imagine contribuer à changer progressivement l’image du quartier, tout comme l’avait commencé le complexe de cinémas Toho à l’entrée centrale de Kabukichō.

Le nouveau single W●RK de Millenium Parade et Sheena Ringo, sorti le 1 Avril 2023, ne déçoit heureusement pas mes attentes, car c’est particulièrement intéressant d’entendre l’ambiance musicale si spécifique et immédiatement reconnaissable de Daiki Tsuneta pour Millenium Parade avec la voix également inimitable de Sheena Ringo. Tsuneta y chante d’ailleurs également avec des paroles rappées dont il a l’habitude. On y trouve une tension et un bouillonnement général que je trouve bienvenus par rapport aux morceaux récents de Sheena Ringo un peu trop posés à mon goût (toogood par exemple). Une photo mystérieuse et très intrigante montrée par Daiki Tsuneta sur son compte Twitter nous laisse penser qu’il y aura une vidéo pour ce morceau mais on ne connaît pas encore sa date de sortie. Peut-être s’agira t’il du 17 Mai car un CD de ce single sera mis en vente avec une deuxième collaboration de Millenium Parade et Sheena Ringo intitulée 2045. La couverture du single montre très naturellement un porte-voix portatif, car Daiki Tsuneta et Sheena Ringo l’utilisent tous les deux régulièrement. J’ai toujours pensé que Tsuneta était influencé par Ringo à ce sujet.

a子 nous fait le plaisir de se produire en live en solo le 28 Juin 2023 pour la première fois (a子 初ワンマンライブ). Ça se déroulera dans la salle de concert WWW, que je connais presque car elle se situe dans le même bâtiment (l’ancien cinéma Rise) où j’avais été voir For Tracy Hyde le 25 Mars. J’écoute et apprécie beaucoup la musique d’a子 depuis la découverte de son premier EP Misty Existence (潜在的MISTY) sorti en Septembre 2020, et je parle très régulièrement de sa musique sur ces pages (pour celles et ceux qui ne l’auraient pas encore remarqué). Je ne voudrais pas manquer son premier concert solo, et j’ai été bien avisé de ne pas trop attendre pour acheter ma place car les billets sont déjà ‘sold out‘ après seulement trois jours de mise en vente. Pour ce live, j’imagine qu’elle sera accompagnée par son groupe habituel avec lequel elle joue régulièrement en direct sur Instagram. Je me rends compte d’ailleurs qu’elle n’a pas encore sorti d’album, mais plusieurs EPs et singles seulement, dont une collaboration avec Chiaki Satō. Et je me demande donc maintenant si Chiaki Satō assistera à ce concert, sachant que son nouvel album Butterfly Effect sortira le même jour. Je me demande toujours comment des artistes relativement connus de la scène musicale japonaise peuvent assister à des concerts d’autres artistes ou groupes sans se faire reconnaître par le reste de la foule. Je repense par exemple à DAOKO qui nous fait part qu’elle a été voir Tricot en concert, ou Kyary qui a été voir Björk lors de son concert à Tokyo le 28 Mars. Je ne pense pas qu’il y ait des espaces vip dans ces salles de concert / live house.