street remixed

#11: mika scape. Shibuya.

#12: kusama dots. Harajuku.

#13: driving riding. Jingumae.

#14: bonjour girl. Jingumae.

#15: passing drawings. Omotesando.

Les marques vestimentaires de luxe redoublent d’astuces pour essayer d’attirer le passant étourdi dans ses filets profitant de quelques secondes d’inattention de sa part. Je remarque qu’un magasin temporaire Louis Vuitton s’est installé discrètement (ou à peine) près de la gare de Harajuku avec toujours les motifs en forme de poids colorés de Kusama Yayoi. Je devine à l’intérieur une statue de l’artiste en très grand format et je ne peux résister à l’idée d’entrer à l’intérieur pour la voir de plus près. Un peu plus loin à Omotesando et sur la dernière photographie de ce billet, les personnages de l’illustrateur Yoshitomo Nara viennent agrémenter les créations vestimentaires de Stella McCartney. On dirait que chaque marque essaie de s’attirer son artiste attitré. Loewe s’était emparé pendant quelques temps de certains personnages du monde de Ghibli, en premier lieu Totoro que la marque de luxe avait réussi à sortir de son sommeil. Sur la deuxième photographie du billet, un personnage haut en couleurs par l’illustratrice Mika Pikazo est affiché sur une grande baie vitrée d’un immeuble d’Udagawachō. Ce n’est pas la première fois que je fais le tour d’une exposition de cette illustratrice à Shibuya. La fois précédente devait être en Septembre 2019 dans un espace ouvert sur la rue près de l’ancien cinéma Rise, désormais reconverti en une live house nommée WWW WWWX. Je ne suis jamais entré à l’intérieur mais il faudrait que je trouve une occasion pour admirer l’architecture d’Atsushi Kitagawara tout en y appréciant un concert, par exemple. Je passe très souvent près de la galerie d’art Design Festa pour vérifier si les illustrations sur les murs ont été modifiées. Je ne pense pas avoir déjà vu ce petit personnage coloré uniformément de rose. Il y a certains endroits à Tokyo, comme ici ou sur les murs extérieurs d’un magasin de disques hip-hop à Udagawachō, où les fresques sont très souvent mises à jour. Ce genre de remix urbain satisfait forcément beaucoup le photographe amateur que je suis.

Je viens d’acheter au Tower Records de Shibuya l’album remix de morceaux de Sheena Ringo intitulé Hyakuyakunochō (百薬の長) sorti le 11 Janvier 2023. Il est sous-titré en allemand « das Allheilmittel für alle Übel », ce qui voudrait dire « le remède à tous les maux ». Il s’agit à mon avis d’une correspondance avec le EP Ze-Chyō Syū (絶頂集, SR/ZCS) sorti en Septembre 2000 qui reprenait également l’imagerie de la boîte de médicaments. La version initiale de la pochette de Hyakuyakunochō avait même un logo « Sheener » ressemblant à celui de Pfizer mais il n’a (heureusement) pas été conservé. Je me suis procuré la version standard sans les objets additionnels (les goods) fournis avec la version deluxe, car le problème d’utilisation du logo de La Croix Rouge m’a fait comprendre que Sheena Ringo n’avait en fait aucune implication dans le choix de leur design. Les albums de remix sont en général le fait des maisons de disques sans forcément un apport de l’auteur initial de la musique remixée. C’est du moins ce que la maison de disques Sony Universal Japan a annoncé suite au problème reporté dans les médias, très certainement pour protéger l’artiste. Une chose est sûre, je remarque maintenant les ‘Help Mark‘ (ヘルプマーク) marquées sur fond rouge du cœur blanc et du logo de La Croix Rouge, et j’en vois beaucoup dans les rues ou dans les couloirs du métro alors que je les voyais à peine avant. Merci donc Sheena Ringo de m’avoir sensibilisé sur ce sujet. Mais le véritable problème de ce genre de goods est qu’on a tendance à ne volontairement pas les utiliser pour ne pas les abîmer et ils finissent oubliés au fond d’un tiroir.

L’exercice du remix est assez compliqué et même périlleux. On a souvent plusieurs cas de figures. Le remixeur ne prend parfois pas de risques et n’ajoutent que des petites touches musicales sans modifier la trame initiale du morceau. On peut aller vers des propositions à l’opposé où l’empreinte du remixeur est tellement forte qu’on peine à reconnaître le morceau original sur lequel il est basé. C’est un parti pris d’essayer de conserver l’atmosphère originale d’un morceau pour ne pas choquer les fans ou de partir vers des pistes complètement différentes. Il est à mon avis très difficile pour un remix d’égaler un morceau original car ça demande à l’auditeur d’oublier en quelque sorte ce qu’il connaît d’une musique mainte fois écoutée et d’accepter quelque chose de nouveau. Il est assez rare qu’un morceau remixé vienne dépasser et transcender sa version originale. Il y a pourtant des remixes qui amènent des morceaux vers d’autres rythmes et d’autres ambiances, qui ajoutent une épice qui ne manquait pas forcément à l’original mais qui devient indispensable une fois qu’on l’a ajouté. Certains remixes arrivent à sublimer un morceau tandis que d’autres ne font que l’alourdir et le déséquilibrer. C’est une chimie compliquée qui peut très bien fonctionner ou échouer lamentablement. Il y a un peu de tout cela dans ce premier album remix de Sheena Ringo.

Je ne sais pas si Sheena est à l’origine de la sélection des musiciens en charge des remixes mais je dirais que probablement non, vu qu’il s’agit d’une initiative de la maison de disques. Il y a beaucoup de noms réputés japonais mais aussi quelques étrangers. Certains noms me sont cependant complètement inconnus. Comme je le mentionnais auparavant, la coréenne Miso prend en charge le morceau Marunouchi Sadistic (丸ノ内サディスティック), ce qui n’est pas une mince affaire vu que c’est son morceau le plus populaire. Elle s’en sort très bien et laisse même clairement son empreinte en ajoutant sa voix sur la fin du morceau pour le compléter. Cet apport de voix est très bien vu, et Miso n’est pas la seule à le faire sur cette compilation de remixes. Le morceau Ishiki (意識 ~Conciously~) remixé par Shinichi Osawa, dont je parle régulièrement ici pour son projet MONDO GROSSO, est particulièrement réussi et cerise sur le gateau, DAOKO vient ajouter sa voix rappée sur la fin du morceau. J’adore le ton de voix immédiatement reconnaissable de DAOKO et sa manière d’accentuer certaines syllabes pour donner de la force à son phrasé. La version par moment forte en basse de Shinichi Osawa donne un souffle complètement différent à ce morceau. Le remix de Yokushitsu (浴室 ~la salle de bain~) par une des figures importantes de la musique électronique japonaise, Takkyu Ishino (石野卓球), est tout à fait enthousiasmant. Il conserve toute la force de la voix de Sheena Ringo et arrive à faire décoller le morceau, notamment dans sa deuxième partie. Yokushitsu, Marunouchi Sadistic et Ishiki sont des morceaux qui ont déjà eu des versions alternatives (notamment en anglais) sur des albums ou live de Sheena Ringo. On est donc d’une certaine manière habitué à ce que ces morceaux ne soient pas figés dans leurs formes originales, mais les versions qui nous sont proposés ici ont tout de même un style bien différent et très marqué électro.

Le morceau JL005 Bin de (JL005便で ~Flight JL005~) est remixé par Yoshinori Sunahara (砂原良徳) qui était intervenu sur deux morceaux de Tokyo Jihen enregistrés sur une cassette accompagnant la version spéciale du best album Sōgō (総合) sorti en Décembre 2021. J’avais beaucoup aimé les deux morceaux qu’il avait remixé: Karada (体) et Zettaizetsumei (絶体絶命). Je ne suis pas déçu par cette nouvelle version de JL005 Bin de qui démarre sur des prises de sons d’aéroport. Il y a une élégance typique des remixes de Yoshinori Sunahara, enfin de ceux que je connais jusqu’à présent. On retrouve cette même élégance dans la vidéo tournée pour ce morceau par Yuichi Kodama (évidemment). SAYA, de la formation Elevenplay que l’on retrouve régulièrement dans les concerts de Sheena Ringo, joue le rôle principal en hôtesse de l’air. J’aime beaucoup ces images et notamment le petit nuage qui vient s’incruster dans le paysage urbain (j’utilise régulièrement les interventions nuageuses dans mes compositions photographiques). Et on découvrira dans la vidéo qu’un jeu de morpion tourne en rond sur le tableau de bord et les écrans de contrôle de l’avion certainement pendant le pilotage automatique (mais y-a t’il un pilote dans l’avion? de demanderait Leslie Nielsen). Je laisserais les spécialistes en aéronautique préciser la réalité de ce genre de situation. Le sous-titre de ce morceau est B747-246, un avion Boeing donc de la compagnie JAL effectuant le vol de l’aéroport JFK à New York jusqu’à Tokyo Haneda (le vol JL005).

Les morceaux Anoyo no Mon (あの世の門 ~Gate of Hades~) et Chichinpuipui (ちちんぷいぷい ~Manipulate the time~) remixés respectivement par Telefon Tel Aviv et Gilles Peterson sont d’excellentes surprises, car ils s’écartent complètement de la version originale au point où on la reconnaît à peine. Remplacer l’ambiance euphorique de Chichinpuipui par une atmosphère Dark Jazz est assez singulière. On a l’impression d’entendre des nouveaux morceaux où la voix de Sheena est défigurée. Le morceau Adult Code (おとなの掟) remixé par object blue est par contre assez déplaisante. Le morceau d’origine est loin d’être le meilleur de Sheena Ringo et le remix crachotant semble être en permanence décorrélé des paroles. L’écoute en est assez désagréable malheureusement. Les remixes de Nagaku Migikai Matsuri (長く短い祭 ~In Summer, Night~) par Yasuyuki Okamura (岡村靖幸) et de Carnation (カーネーション ~L’œillet~) par Ovall sont agréables sans forcément apporter des propositions nouvelles ou prendre de risques. Ils n’en deviennent donc pas indispensables, même si ces versions restent belles. Je suis un peu dessus de la version par STUTS de Onnanoko ha Daredemo (女の子は誰でも ~Fly Me To Heaven~). Là encore, le remix n’est pas désagréable mais n’apporte pas grand chose de plus à l’original. On peut même se demander s’il y a une différence. L’excellente surprise est de trouver KID FRESINO sur l’avant dernier morceau Niwatori to Hebi to Buta (鶏と蛇と豚 ~Gate of Living~) car il y apporte sa voix hip-hop ce qui change complètement la dynamique du morceau. C’est une belle réussite même si le morceau reste trop court (c’était le cas de l’original). Je trouve une satisfaction certaine d’entendre la voix rap si particulière de KID FRESINO interagir avec l’univers de Sheena Ringo. Le dernier titre, une reprise du morceau le plus récent de Sheena Ringo, Ito wo Kashi (いとをかし ~toogood~) par Ajino Namero (鯵野滑郎) est une curiosité. Il s’agit d’une version en sons 8bits sortis tout droit d’une Famicom (qui serait quand même poussée dans ses derniers retranchements). Les sons primaires prennent étonnement de l’ampleur au fur et à mesure que le morceau se déroule, lui donnant même une dimension épique. J’ai grandi avec ses sons 8bits donc j’adore forcément ce morceau de conclusion, laissé instrumental. Au final, j’adore le début (trois premiers morceaux) et la deuxième partie (des morceaux 8 à 12) mais je trouve qu’il y a un passage à vide au milieu de la compilation (les morceaux 4, 5, 6 et 7). Je trouve le résultat final inégal mais n’en vaut pas moins le détour et j’y reviens très souvent ces derniers jours. Et je me dis qu’il faut absolument que Shinichi Osawa compose un morceau pour DAOKO.

une étrange photographie nocturne

Dans les rues à l’arrière d’Harajuku en direction de Killer Street, une étrange photographie nocturne est scotchée de manière hâtive sur un poteau électrique, avec une inscription « RECALL LIGHT » qui ne nous éclaire malheureusement pas beaucoup. J’ai d’abord pensé qu’il s’agissait d’un repérage pour un éventuel film ou drama, mais rien autour ne m’a permis de comprendre de quoi il s’agissait vraiment. Cette photographie restera un mystère. Je suis même, en quelque sorte, reconnaissant envers la personne qui a introduit ce mystère dans le paysage urbain. Le but était peut-être seulement d’attiser la curiosité de personnes comme moi qui s’attachent sur ce genre de détails. Je suis repassé volontairement à cet endroit aujourd’hui et la photo n’y était plus. Prise dans le même quartier, la photographie suivante d’une maison individuelle encerclée par une végétation dense me rappelle mes propres compositions urbano-végétales que je n’ai pas pratiqué depuis bien longtemps. Aurais-je perdu la main, ou l’envie peut-être? La dernière photo du billet est prise au pied du building Carrot à Sangenjaya. J’ai repéré plusieurs affiches publicitaires similaires à différents endroits de Tokyo pour le nouveau single Color (色彩) de yama. La photographie utilisée pour ce single a été prise par Toshio Ohno (大野隼男) dont je parlais récemment pour ses photos affichées au dessus de la sortie Sud de la grande gare de Shinjuku. J’aime beaucoup cette photo de yama. Avec Ado et ACAね de ZuttoMayo (ずっと真夜中でいいのに。), yama est de ces artistes qui ne montrent par leur visage. Je savais qu’elle avait démarré sa carrière solo dans la mouvance Vocaloid mais je ne savais pas qu’elle faisait partie d’un groupe dès 2019, l’année après sa première apparition sur YouTube. Ce groupe appelé BIN a sorti un premier album intitulé Colony l’année dernière. Le single Color (色彩) est sorti le 2 Octobre 2022. Il s’agit du thème de fin de la série animée SPYxFAMILY que je regarde tranquillement depuis quelques semaines et qui m’amuse beaucoup. J’aime beaucoup ce morceau de yama pour son énergie pop et pour sa voix qui est remarquable.

J’écoute aussi en ce moment le morceau intitulé Seishun no Tsuzuki (青春の続き) de l’actrice Mitsuki Takahata (高畑充希). Le morceau a été écrit et composé par Sheena Ringo à la demande de Mitsuki Takahata pour sa performance dans la pièce de théâtre Hōshoku Tokei (宝飾時計) de Muneko Nemoto qui se jouera en Janvier et Février 2023. Le morceau est sorti le 16 Novembre 2022. Même s’il n’est pas chanté par Sheena Ringo, on reconnaît immédiatement son style. Mitsuki Takahata a une belle voix mais je ne peux m’empêcher d’imaginer ce même morceau chanté par Ringo dans un futur album d’auto-reprise Reimport. Le morceau n’est pas particulièrement original mais il reste très beau et j’aime l’interposer entre mes écoutes d’albums aux ambiances rock. Ce n’est pas le premier morceau que Sheena Ringo écrit pour Mitsuki Takahata. Il y avait d’abord Jinsei ha Yume darake (人生は夢だらけ) que Sheena Ringo a réinterprété ensuite sur son album Reimport 2 (逆輸入 〜航空局〜) en 2018. Ce morceau interprété par Sheena Ringo est fabuleux et le nouveau Seishun no Tsuzuki n’atteint pas les mêmes sommets. Je pense que ce nouveau morceau va de pair avec un autre morceau de 2014, Seishun no Mabataki (青春の瞬き) sorti sur le premier album de reprises (逆輸入 〜港湾局〜). Elle avait initialement écrit ce morceau pour l’actrice (et chanteuse) Chiaki Kuriyama (栗山千明). Ce n’est pas le seul morceau ayant ce genre de correspondance. L’album remix Hyakuyaku no Chō (百薬の長) que je mentionnais il y a quelques semaines est disponible en digital depuis le 30 Novembre 2022, mais je ne l’ai pas encore écouté à part le remix de Marunouchi Sadistic par Miso que je trouve d’ailleurs très réussi. Le format physique en CD ne sortira que le 11 Janvier 2023, repoussé en raison des problèmes sur l’utilisation réservée du symbole de la Croix Rouge. Je me retiens d’écouter ces nouveaux remixés en digital dès maintenant car j’ai déjà commandé le CD depuis longtemps et je l’attends pour la première écoute. Et il y a la tournée annoncée en 2023. J’attendais une tournée de Tokyo Jihen mais ce sera une tournée solo de Sheena Ringo. Je ne suis pas certain de pouvoir acheter des places car ça fait 5 ans qu’elle n’a pas fait de tournée solo et j’imagine qu’il y aura foule pour tenter d’acheter des billets, mais je vais bien entendu tenter ma chance. Après une année 2022 très calme, j’espère que 2023 sera une année aussi active que 2021.

Le billet précédent a provoqué une fois de plus une réflexion intérieure sur le sens et l’existence de ce blog et m’a fait revenir dans le passé en repensant aux blogs que je suivais à l’époque des débuts de Made in Tokyo. La plupart de ces blogs n’existent plus ou ne sont plus mis à jour depuis très longtemps. Parmi ceux-ci, il y avait celui de MP qui est un des seuls bloggers photographes tokyoïtes que je connais personnellement. On commentait régulièrement nos photos sur nos blogs respectifs et on avait même fait une série croisée appelée Call Me sur laquelle des épisodes étaient chez MP et un épisode chez moi. Son blog n’est plus mis à jour depuis des années. Une rencontre avec des photoblogers tokyoïtes avait eu lieu à cette époque à Ueno si mes souvenirs sont bons. Ça avait été une belle occasion de parler avec d’autres photographes amateurs, et de montrer mon premier photobook créé sur Blurb. Je sentais par contre que mon approche était différente car je créais à cette époque beaucoup plus de compositions d’images que maintenant. Une personne de ce groupe, un anglais, me l’avait fait ressentir plus tard lors d’une autre rencontre, d’une manière à peine courtoise. La majorité de ces photoblogers n’ont plus l’air d’être actifs (ils le sont peut-être sur Instagram) sauf Toshiya Watanabe qui était à l’époque très sérieux sur son approche et sa vision. Certains de ces photographes amateurs s’étaient regroupés pour faire une exposition à la galerie Place M à Shinjuku que j’avais été voir avec MP. Parmi eux, on retrouvait Toshiya Watanabe et Thomas Orand, entre autres. Je me souviens que Thomas aimait beaucoup mes photos et j’appréciais également son approche singulière, que l’on ne peut voir maintenant qu’en petit format sur Instagram. Côtoyer brièvement ces photographes amateurs avait suscité beaucoup d’interrogations et de remises en question sur mon approche mais au final, je semble être le seul à toujours montrer régulièrement des photographies sur un site web. La plupart utilisait Flickr qui créait une sorte de communauté de photographes (dont une appelée Tokyo Ga) mais cette plateforme a perdu depuis longtemps son attrait et la plupart des pages que je connaissais ont été supprimées. Je me souviens assez vaguement que derrière ces photographes amateurs, il y avait la figure de Tommy Oshima que certains estimaient beaucoup. Il montre toujours des photos sur Instagram mais semble s’orienter vers d’autres projets. Avant de démarrer Made in Tokyo en 2003, je me souviens avoir suivi avec beaucoup d’attention le blog d’Olivier Théreaux, appelé 2 Neurones et 1 Camera. Il n’habite plus au Japon depuis longtemps mais je me retrouve maintenant à regarder les photographies qu’il avait pris en 2002. Elles m’avaient inspiré à cette époque. Celles de Karl Dubost également qui continue à publier des photographies prises à Tokyo et dans le Shonan avec le brin de poésie qui lui est caractéristique. Je ne vais pas assez souvent voir ses pages, construites en dehors des systèmes de blog classiques, mais je devrais y aller plus souvent. Son approche photographique n’a pas changé, s’accordant souvent sur les détails et j’y retrouve là une porte vers un monde immuable.

Cycling Lightning (止まれ)

Le titre de ce billet composé de photographies prises autour de Yoyogi et de Shibuya m’est inspiré par le titre du morceau Crying Lightning du groupe de rock anglais de Sheffield Arctic Monkeys. Ce morceau est inclus dans leur troisième album Humbug sorti en Août 2009. Écouter cet album me vient en tête suite à la série de trois émissions de Very Good Trip de Michka Assayas sur France Inter dédiées à Arctic Monkeys. J’écoute cette émission très régulièrement en podcast. Cette très bonne série, surtout le troisième épisode avec une interview du leader du groupe Alex Turner, était diffusée à l’occasion de la sortie du troisième album du groupe, The Car sorti le 18 Octobre 2022. D’après les quelques morceaux que j’ai pu écouter pendant l’émission, ce nouvel album a l’air très intéressant, à l’ambiance très différente de l’esprit très rock de l’album Humbug que j’écoute en ce moment. Je ne connais pas très bien Arctic Monkeys mais j’aime la voix d’Alex Turner et sa manière rapide de chanter proche du rap. Le morceau Crying Lightning a en fait pour moi une signification particulière car il m’a donné envie de découvrir de manière active des nouvelles musiques. En Septembre 2009, je découvrais ce morceau grâce aux blogs musicaux qui étaient très actifs à cette époque et c’était une nouvelle porte qui s’ouvrait pour moi à cette époque vers des styles musicaux qui m’étaient moins familiers. Au même moment, je découvrais le très novateur Merriweather Post Pavilion du groupe de pop expérimentale Animal Collective, l’album Veckatimest du groupe américain Grizzly Bear et de très nombreux autres morceaux que je commençais à évoquer petit à petit sur ce blog. C’est également à cette époque que je découvre le site Pitchfork qui est ensuite devenu pour moi une référence pendant de nombreuses années (plus vraiment maintenant ceci étant dit). Cette période 2009-2010 était riche en découverte musicale, et écouter le morceau Crying Lightning m’y ramène avec une certaine nostalgie.

J’écoute Humbug avant de me lancer dans un futur proche dans l’écoute de leur nouvel album. Je ne connaissais en fait que quelques morceaux et j’ai acheté l’album il y a quelques jours au Disk Union de Shinjuku, en même temps que Ten no Mikaku (てんのみかく) de Yū (ゆう) dont je parlais récemment. Je me dis aussi qu’il faut que j’approfondisse un peu plus la discographie de GO!GO!7188, avec peut-être leur album de 2001, Gyotaku (魚磔). Peut-être devrais je également partir à la découverte des albums de l’autre groupe de Yū, Chirinuruwowaka (チリヌルヲワカ), qu’elle a créé en 2005 en parallèle de GO!GO!7188, afin de compléter son expérience solo pour faire suite à son premier album Ten no Mikaku. J’ai d’ailleurs toujours trouvé ce nom de groupe, Chirinuruwowaka, exagérément compliqué, et je comprends maintenant que ces mots sont tirés des deux et troisième vers (ちりぬるをわかよたれそ) d’un poème japonais nommé Iroha (いろは) attribué au moine Bouddhiste Kūkai. Sheena Ringo a d’ailleurs utilisé le premier vers de ce même poème comme titre du single Irohanihoheto (いろはにほへと) sur son album Hi Izuru Tokoro (日出処) sorti en 2014. Sur ce morceau, et sur beaucoup d’autres de Sheena Ringo, Yukio Nagoshi (名越由貴夫) joue de la guitare. J’étais assez amusé, et satisfait, de découvrir que Yukio Nagoshi était à la guitare sur de nombreux morceaux de Ten no Mikaku de Yū. Sur son groupe Chirinuruwowaka, un certain Eikichi Iwai (岩井英吉) joue de la basse. Son nom m’était familier car il jouait de la basse sur la tournée Manabiya Ecstasy (学舎エクスタシー) de Sheena Ringo en 1999 et sur des morceaux que Sheena a écrit pour Rie Tomosaka sur son EP Shōjo Robot (少女ロボット). Ces chassé-croisés révèlent les liens qu’il y a entre ces deux artistes, et ces liens là me passionnent bien entendu énormément.

play with (the) street (and buildings sometimes).

Cette série démarre par Yoyogi-Uehara pour revenir ensuite vers le centre de Shibuya et se terminer le soir dans les rues de Shinjuku à la frontière de Kabukichō. La petite maison de béton de la première photographie se trouve à Nishihara, un quartier proche de la station de Yoyogi-Uehara. Elle s’appelle Nishihara Wall et a été conçue en 2013 par l’atelier d’architecture Sabaoarch. Elle est placée sur un petit terrain de 40m2, pour une surface habitable de 78m2 arrangée sur trois étages, subdivisés avec des niveaux intermédiaires. Elle est étroite, entre 2.6m et 3.5 mètres de large pour environ 12m de long, et entourée de trois routes. Le vis-à-vis est évité par des ouvertures restant étroites lorsqu’elles donnent directement sur la rue, et des ouvertures beaucoup plus large aux étages, fournissant la lumière à l’ensemble. Depuis Yoyogi-Uehara, je rejoins ensuite la station de Yoyogi-Hachiman en empruntant volontairement des petites rues que je ne connais pas, longeant de loin la voie ferrée. Marcher dans les rues d’Okushibu (les quartiers à l’arrière de Shibuya) m’amène ensuite vers Kamiyamachō, puis Udagawachō qui conserve encore maintenant un certain désordre visuel.

À Udagawachō, les stickers s’amoncellent sur les vieilles cabines téléphoniques n’ayant plus grande utilité et les figures inquiétantes d’un groupe de filles appelé Tokyo Psychopath (東京サイコパス) m’intriguent un peu. En regardant par hasard quelques vidéos du groupe, leur musique n’a rien de vraiment transcendant ou d’original. Le morceau I’m a Kuzu Ningen (I’m a クズ人間) me plait en fait assez. Le fait que la vidéo soit tournée en partie à Udagawachō devant la Live house avec leur affiche et dans la cabine téléphonique que j’ai pris en photo est en tout cas une coïncidence intéressante. En revenant vers la longue avenue Meiji entre Shibuya et Ebisu, j’ai le plaisir de voir cette grande affiche montrant les personnages dessinées représentant Sheena Ringo et d’Ado pour le single Missing dont j’ai déjà longuement parlé. Le pont pour piétons sur la photographie suivante va bientôt disparaître, à priori avant la fin de l’année. J’y reviens donc avant qu’il ne disparaisse et en me disant qu’il faudrait que je cherche si quelqu’un a déjà eu l’idée de lister toutes les scènes de drama, vidéo musicales ou publicités qui ont tournées sur cette passerelle de métal. Un marquage écrit en blanc a fait son apparition et j’imagine qu’ils vont se multiplier avant que la passerelle soit démolie. Et pour prendre les deux dernières photographies, j’ai fait le déplacement à vélo jusqu’à Shinjuku, au pied de la nouvelle grande tour Tokyu Kabukicho Tower qui contiendra deux hôtels (Bellustar Tokyo et Hotel Groove Shinjuku), des salles de cinéma (109 Cinemas Premium Shinjuku), un théâtre (Milano-Za) et une salle de concerts (Zepp Shinjuku) sur un total de 47 étages et 4 sous-sols.

Les plus attentifs auront peut-être trouvé la pomme ajoutée sur une des photographies de ce billet. Je fais de temps en temps ce genre de clins d’oeil, mais ils sont apparemment tellement bien cachés que personne ne les trouve. Il fallait bien que je finisse pas donner quelques pistes. J’avais par exemple également laissé 3 pommes cachées dans les photos du billet 渋やああああっぷる (Juin 2019) ou 3 fantômes cachés dans le texte du billet 幽霊たちがやって来たらどうしょう (Mars 2020). J’ai également créé ces trois dernières années une dizaine de billets cachés que l’on peut accéder à partir des billets suivants dans l’ordre du plus récent au plus ancien: δАrэ чoὖ drivэ мy Ϛrαshed cаг (Octobre 2022), wolves crying at the giant moon (Octobre 2022), between the skies (Mai 2022), derrière une forêt d’immeubles (Mars 2022), every cloud is grey with dreams of yesterday (Novembre 2021), 閏年エンディング ~其ノ七~ (Décembre 2020), 閏年エンディング ~其ノ四~ (Décembre 2020), there is a distance in you (Mars 2020), feeling it in my scars (Mars 2020) et crawling in my skin (Mars 2020). Je laisse maintenant aux visiteurs motivés la mission de trouver ces pages cachées, comme dans une chasse aux trésors, et de me laisser un commentaire si la mission a été accomplie.

Les peintures ci-dessus sont de Teppei Takeda, montrées à la galerie Maho Kubota située à proximité de la rue Killer Street. Elle se déroulait jusqu’au 1er Octobre 2022 et j’ai sauté sur mon vélo ce jour là en me rendant compte que c’était le dernier jour d’exposition. L’artiste base ses portraits déstructurés sur des peintures de portraits qu’il a auparavant exécuté. Il déstructure ensuite les visages sur une nouvelle peinture qui correspond à l’oeuvre finale exposée. La puissance et l’impact de ces portraits sont indéniables. Il y a quelque chose d’organique, et même de viscéral, dans ces visages qui ne sont plus reconnaissables. Ces peintures m’impressionnent vraiment, elles m’hypnotisent même. Je connaissais déjà ces portraits mais je n’ai plus le souvenir d’où j’avais bien pu les voir. Maho Kubota Gallery est une petite galerie perdue dans une rue perpendiculaire à Killer Street. On ne la trouve pas par hasard car elle n’est pas visible depuis la rue principale. Le flux de visiteurs était cependant continu. Je pense que ce genre de peintures ne laissent pas indifférent, mais aimer pourrait facilement se transformer en une sorte d’addiction visuelle.

Je me suis rappelé à moi-même d’écouter l’album solo intitulé Ten no Mikaku (てんのみかく) de Yumi Nakashima (中島優美) qu’elle signe sous son surnom Yū (ゆう). Ce n’est pas un album récent car sorti le 25 Février 2004, mais je l’avais depuis quelques temps dans ma liste mentale d’albums à écouter un jour ou l’autre en attendant que ça soit le bon moment. Et c’est maintenant le bon moment. En fait, je connais la musique de Yū depuis longtemps car elle chante et joue de la guitare dans le groupe de rock alternatif GO!GO!7188 dont j’ai déjà parlé sur ce blog pour l’album Tategami (鬣) sorti le 26 Février 2003, soit trois jours après Kalk Samen Kuri no Hana (加爾基 精液 栗ノ花) de Sheena Ringo sur la même maison de disques Toshiba EMI. Je prends KSK comme référence car l’album solo de Yuu, sorti un an après, le 1er Mars 2004, lui ressemble par certains aspects, notamment dans le melange d’instruments traditionnels et de guitares. Par rapport aux morceaux très axés rock de GO!GO!7188, ceux de Ten no Mikaku prennent parfois des ambiances différentes, comme le jazz qui me rappelle également ce que Sheena Ringo pourrait composer. Les comparaisons s‘arrêtent là car la voix, également très marquée de Yū, est très différente de celle de Sheena Ringo. De ce fait, on ne pense pas à une imitation, mais à des artistes évoluant dans des mouvances rock japonisantes assez similaires. Je trouve la voix de Yū assez proche du chant Enka et cette manière de chanter conjuguée à la force des guitares rend un ensemble assez sublime par moment. On n’atteint pas les grandeurs de KSK, mais l’album s’avère tout de même excellent. Un morceau comme le quatrième intitulé Mitsugetsu (蜜月) est particulièrement brillant, avec la voix tout en complainte de Yū et des sons aux ambiances indiennes. Elle utilise également des instruments chinois sur certains morceaux, dont le premier intitulé Lotus (蓮). On entend également du Sanshin, un instrument d’Okinawa, aux détours d’un morceau. Les morceaux les plus rocks ressemblent beaucoup à ceux qu’on pourrait trouver sur un album de GO!GO!7188, mais avec à chaque fois une touche qui me semble plus personnelle. Alors que j’avais découvert l’album Tategami de GO!GO!7188 en 2003 à sa sortie, alors que je tentais de trouver des groupes ou artistes dans le style de Sheena Ringo, j’aurais aimé découvrir l’album de Yū à cette époque. L’écouter maintenant me ramène inconsciemment à cette époque désormais bien lointaine. J’avais récemment redécouvert l’album Tategami de GO!GO!7188 et parlé de Yū pour sa participation à la guitare au groupe eLopers monté par Sheena Ringo, avec AiNA The End au chant, pour une reprise de Gunjō Biyori (群青日和) lors d’une émission de Music Station. Comme quoi les boucles finissent toujours par se reboucler.

δАrэ чoὖ drivэ мy Ϛrαshed cаг

La nuit peut donner l’impression d’une ville électrique. Par la photographie, je l’approche sans la toucher sous peine d’électrochoc. L’énergie est palpable de toutes parts et, si on regarde bien, les ondes électriques affleurent sur la surface des choses, prêtes à jaillir dans toutes les directions. Les ondes électriques sont également dans mes écouteurs. L’ensemble du paysage urbain se distord aux sons des guitares qui prennent un malin plaisir à faire danser les lumières de la ville, à créer des déflagrations dans notre vision de la réalité. Le monde se présente ainsi devant nous sous une nouvelle forme. Il faut l’imaginer bien sûr mais il est bien réel devant moi ce soir là. Je m’arrête quelques instants pour ne pas perturber son mouvement perpétuel et saisir doucement en images l’énergie qui s’en dégage. Les couleurs se mélangent et s’additionnent. Les formes convergent et se séparent ensuite. Si on prête bien l’oreille, la partition musicale de la ville se révèle, rythmée sur ces ondes électriques. Elles dansent devant nous zigzaguant entre les êtres sans les toucher, les poursuivant à la trace parfois et donnent la pulsation de cette ville comme un électrocardiogramme.

Je ne suis pas déçu par ce nouveau single d’Ado, Yukue Shirezu (行方知れず), écrit et composé par Sheena Ringo. Il peut paraître chaotique aux premiers abords et il le reste après plusieurs écoutes car le morceau part sur différentes pistes, comme sait si bien le faire sa compositrice. Le chant d’Ado est assez exceptionnel mais on n’en attendait pas moins d’elle. A chaque nouveau morceau, on lui découvre des tons différents. Je pense qu’il s’agit ici de l’influence de Sheena Ringo, qu’on reconnaît beaucoup tout le long du morceau. De Sheena Ringo, on sait qu’Ado respecte sa manière de chanter et de s’exprimer (歌い方や表現の仕方をリスペクトしている). Sheena aurait pu, en fait, chanter ce morceau, mais je ne suis pas sûr qu’elle soit en mesure actuellement d’apporter la violence vocale dont Ado est capable. Ce morceau, dans son agressivité générale, est d’ailleurs dans la lignée du morceau Backlight écrit par Vaundy que je mentionnais auparavant. C’est un morceau exigeant et je ne peux m’empêcher de penser que les compositeurs et compositrices d’Ado cherchent à la pousser dans ses derniers retranchements, comme pour tester ses capacités vocales, notamment sa versatilité. La voix d’Ado, avec ses accentuations et ses nuances, est bien entendu l’attraction principale du morceau mais musicalement, il faut quand même noter que ce morceau fait intervenir des musiciens fidèles à Sheena Ringo, à savoir un certain Ichiyō Izawa (伊澤一葉) de Tokyo Jihen au clavier, Yukio Nagoshi (名越由貴夫) à la guitare, Keisuke Torigoe (鳥越啓介) à la basse et Atsushi Matsushita (松下敦) à la batterie. Atsushi Matsushita fait partie du groupe Zazen Boys (ザゼン・ボーイズ), formé par Shutoku Mukai après Number Girl. Ajoutez à cela le fait qu’il est originaire du Kyushu (de Nagasaki) et on comprend assez bien sa présence dans ce groupe spécialement composé pour ce morceau. Je me demande quel est le nom du groupe car Sheena donne normalement un nom spécifique à chaque formation même temporaire. Dans un message sur son blog sur le site du fan club Ringohan, Sheena mentionnait très brièvement le 5 Juin 2022 (六月五日二〇二二) qu’elle avait fait un enregistrement à Ikejiri Ohashi avec un certain Okayama-zei (岡山勢), c’est à dire le groupe d’Okayama. Quelques recherches m’avaient permis de comprendre que Okayama-zei fait référence à Yukio Nagoshi et Keisuke Torigoe, tous les deux originaires de la préfecture d’Okayama. En y repensant maintenant, il est très possible qu’ils travaillaient avec Sheena sur ce morceau pour Ado. Ils sont tous les deux des habitués des concerts de Sheena Ringo. En y repensant maintenant, je ne suis pas certain que ce morceau soit très adapté à l’émission Kōhaku de NHK, et je fais donc un trait sur ma prédiction de voir Ado à visage découvert avec Sheena sur scène pour chanter ce morceau en duo. Je suis en tout cas très satisfait que Sheena ait toujours cette capacité à créer ce type de morceaux, aux sons incisifs et aux guitares très métalliques.

Et comme je suis d’un naturel très curieux, je n’ai pu m’empêcher d’essayer d’en savoir un peu plus sur le personnage mystérieux qu’est Ado. Comme sa fiche Wikipedia japonaise l’indique, son nom serait tiré du théâtre japonais Kyōgen (狂言) qui est également le titre de son premier album. Le Kyōgen est exécuté par des acteurs appelés kyōgenkata (狂言方). L’acteur principal s’appelle ‘shite’ (シテ) tandis que les acteurs secondaires s’appellent ‘ado’ (アド). Ado aurait pris connaissance du kyōgen à l’école primaire et aurait été attiré par la sonorité du mot ‘ado’. Elle interpréterait ce nom ‘ado’, se référant donc à un personnage secondaire, au fait qu’elle veuille devenir un rôle secondaire dans la vie des gens en les supportant grâce à ses chansons. On ne connaît d’Ado que sa représentation dessinée, actuellement illustrée par ORIHARA, et son visage reste inconnu. Les rumeurs (qui par définition peuvent être complètement fausses) indiquent qu’Ado aurait fait partie à l’époque du lycée d’un groupe de trois filles appelé Amaru. A, Ma et Ru correspondraient aux premières lettres des prénoms de chaque membre avec Ru pour Ruri (るり) qui serait-il possiblement le prénom d’Ado. Certains sites ou compte Twitter montrent même des photos de ce groupe…

Je parle régulièrement de la compositrice et interprète 4s4ki sur les pages de Made in Tokyo car j’aime beaucoup son approche musicale, que certains qualifient d’hyper pop. Je ne sais pas vraiment ce que ce terme veut réellement signifier mais toujours est-il que j’ai constamment l’impression qu’4s4ki a un temps d’avance sur les autres. On peut certainement comprendre l’utilisation du mot ‘hyper‘ dans l’extrême dynamique et l’approche chaotique qui caractérisent certains de ses morceaux. Je n’ai pas encore écouté entièrement son dernier album Killer in Neverland, car je l’approche tranquillement pour ne pas me brûler les oreilles. Le meilleur morceau que j’ai pu entendre pour l’instant sur l’album est le sixième, paranoia. Il s’agit peut-être tout simplement du morceau que je préfère de l’artiste, peut-être parce qu’il est un peu plus ‘apaisé‘ que les autres. Apaisé n’est pas être pas le meilleur qualitatif car les guitares sont très présentes dans le refrain, se mélangeant avec les sonorités électroniques et la voix légèrement modifiée d’4s4ki. J’aime aussi beaucoup le neuvième morceau Freedom Kingdom en collaboration au chant avec la rappeuse coréenne Swervy. Le morceau est co-écrit avec le musicien électronique Masayoshi Iimori (マサヨシイイモリ) et c’est un des singles de l’album. Le rythme est beaucoup plus accentué sur ce morceau que sur paranoia. 4s4ki alterne régulièrement les ambiances avec certains morceaux principalement à base de guitares comme le cinquième Cross out, et des morceaux plus fidèles à l’image hyper-pop qu’on peut avoir d’4s4ki, comme le deuxième morceau et single Log Out, même s’ils ne vont pas aussi loin que, par exemple, le morceau Hyper Angry Cat (超怒猫仔) qui reste pour moi un de ses morceaux les plus novateurs. Le morceau Log Out ainsi que quelques autres de l’album sont co-écrits avec le musicien et producteur maeshima soshi qui était déjà intervenu sur de nombreux morceaux précédents d’4s4ki. Je cite les noms de ces musiciens, créateurs et producteurs Masayoshi Iimori, maeshima soshi mais aussi Mega Shinnosuke (メガシンノスケ) qui collaborait sur Hyper Angry Cat, car ce sont des noms que je croise de plus en plus souvent dans mes découvertes de la musique électronique japonaise. Et que dire de cette photographie / illustration du visage d’4s4ki sur la pochette de l’album Killer in Neverland. Je ne sais si c’est voulu, mais je lui trouve quelque chose de, comment dirais-je, christique. Je ne suis pas sûr qu’4s4ki soit le nouveau ‘messie‘, mais, à 24 ans, elle représente déjà un modèle pour de nombreux jeunes artistes, comme on pouvait le comprendre dans l’interview qui lui était dédié sur Pitchfork. A noter pour terminer ce billet que la vidéo du morceau Log Out a été tournée en grande partie sur le grand pont piéton de Shibuya, duquel j’ai pris quelques photographies de ce billet, notamment la deuxième photographie de cette voiture aux apparences accidentées qu’on oserait à peine conduire.