La maison individuelle Plastic House par Kengo Kuma n’est pas récente car elle date de 2002. On ne remarque qu’à peine ses presque vingt années d’existence car elle a été complètement repeinte en blanc récemment avant sa mise en location. Son apparence est d’ailleurs assez différente de ce que l’on a pu voir dans les magazines d’architecture. Comme le nom de la maison l’indique, Kengo Kuma a utilisé de nombreuses matières plastiques pour les façades de cette maison. Cette matière plastique avait initialement une apparence jaunâtre ou verdâtre qu’elle a perdu suite au passage de peinture blanche. Seul un bloc sur le toit, qui doit contenir les airs conditionnés, a été maintenu dans sa matière et couleur d’origine. D’après une photographie prise par Jérémie Souteyrat en Octobre 2012 dans son livre Tokyo no ie, on peut voir que les propriétaires de la maison à l’époque possédaient même une voiture de couleur jaunâtre qui s’assortissait parfaitement avec la couleur d’origine de cette maison. A vrai dire, même si la peinture nouvellement appliquée a grandement dénaturé le concept plastique d’origine, ce blanc immaculé donne une allure élégante à cette maison. Ce mélange de grands vitrages légèrement teintés de vert et de murs blancs est assez commun dans les quartiers résidentiels de Tokyo. Pour exemple, la dernière photographie de ce billet montre un autre bâtiment proche dans le même quartier résidentiel de Meguro. Le souci avec ces couleurs blanches est qu’elles se salissent très rapidement avec le climat humide japonais à certains moments de d’années. Le projet initial de Kengo Kuma était beaucoup plus ouvert sur la rue. Les grandes baies vitrées au rez-de-chaussée et à l’étage n’étaient pas couvertes d’un filtre opacifiant comme maintenant. Le matériau plastique FRP (fiber-reinforced plastic) de 4mm d’épaisseur utilisé n’est pas complètement opaque et laissait traverser la lumière. On le remarque notamment sur les photographies prises de nuit où la totalité de la maison semble illuminée lorsqu’on la regarde de l’extérieur. J’imagine que la nouvelle couverture de peinture blanche a dû effacer cet effet de lumière. Ce plastique ressemblait un peu au bois ou au bambou, et l’idée de Kengo Kuma dans l’utilisation de ce matériau non traditionnel était d’évoquer les constructions de bois de l’époque Edo. La maison actuelle perd cette qualité particulière mais reste tout de même originale, notamment par l’utilisation de ce cadre sur-dimensionné autour de la grande ouverture à l’étage. Cette résidence privée est très différente du style actuel de Kengo Kuma utilisant très souvent le bois en lamelles.
Étiquette : 目黒
色々ウォーク❹
La plupart des photographies de ce billet proviennent du quartier de Meguro lors d’une promenade il y a plus d’un mois. Elles sont toutes prises avec le même objectif Canon 40mm, en fin d’après-midi avant le soleil couchant. Ce sont des photographies que j’hésitais à publier dans un billet, mais je me décide finalement à les montrer ici pour conclure cette petite série en quatre épisodes. Cette série n’a pas de sujet bien précis ni de particularité d’où une certaine difficulté à les lier entre elles, à part par le fait qu’elles soient prises dans un même lieu. En fait les deux dernières photos ont été prises dans des lieux différents, l’avant dernière à Daikanyama et la dernière à Shimokitazawa lors d’une promenade à vélo. Le set de photographies prises à Meguro contenait initialement le double de photos que j’avais présélectionnées et groupées dans un billet en brouillon. Je fonctionne souvent de cette manière en créant un billet en brouillon regroupant une série de photos, mais il arrive que certains billets en brouillon, comme c’est le cas pour celui-ci, prennent plusieurs mois avant d’être écrit. J’ai mis la moitié des photos de côté pour ne garder que celles-ci.
Sur Made in Tokyo, je construis principalement quatre types de billets différents. Il y a d’abord les billets comme celui-ci dont les photographies sont prises exclusivement à Tokyo. Ils ne couvrent pas un thème spécifique mais plutôt ce qui se trouve devant mes yeux à mon passage. Ces billets sont presque systématiquement accompagnés d’une découverte musicale ou d’un sujet musical. Il y a ensuite les billets couvrant exclusivement un lieu spécifique, souvent en dehors de Tokyo lors d’une excursion d’une journée ou plus, ou lors d’une visite d’une exposition. Ils peuvent se décomposer en une série de plusieurs billets. Une troisième catégorie comprend les billets traitant uniquement d’architecture, en montrant un bâtiment en particulier et en essayant d’expliquer ses particularités. Sur ces deux dernières catégories, je ne couple pratiquement jamais les billets avec des liens musicaux. Il y a finalement les billets où je m’essaie à écrire une fiction. Ce sont les moins fréquents car l’inspiration ne se commande pas et les conditions ne sont pas souvent adaptées pour que je me lance à écrire. Ce sont également les billets qui me demandent le plus grand investissement personnel. Les billets de la première catégorie, lors de promenades au hasard dans les rues de Tokyo, dont ceux qui me donnent le plus de liberté et se sont les plus fréquents. La manière d’alterner les catégories de billets sur Made in Tokyo est assez clairement définie et suis en général un rythme imposé. Par exemple, en ce moment, j’applique le rythme de deux billets de catégorie 1 et un billet de catégorie 2 ou 3. Le rythme varie en fonction des périodes. L’interêt de créer d’abord mes billets en brouillon est que ça me permet de définir le rythme à l’avance pour les billets qui suivent. Il arrive parfois qu’un billet ne rentre pas dans le rythme et se trouve donc repoussé plusieurs semaines en arrière. C’est le cas des quelques photographies de ce billet que j’hésitais à faire entrer dans cette série de quatre épisodes.
Quant aux titres des billets, les règles sont moins précises mais j’aime beaucoup mélanger les titres en français, ceux en anglais et en japonais. Pour les titres en japonais, j’aime beaucoup les composer de deux kanji suivis de plusieurs katakana, pour une raison qui n’échappera pas aux visiteurs réguliers de ce blog. Les titres en français ou en anglais dépendent la plupart du temps des photographies que je montre. Je suis plutôt tenté par une approche plus ‘poétique‘ en utilisant le français et peut-être plus ‘agressive‘ en anglais. Les titres en anglais et en japonais sont aussi très souvent inspirés directement de paroles de morceaux que j’écoute à ce moment-là. C’est beaucoup plus rare pour les titres en français car je n’écoute que peu de musique française, et ceci depuis toujours. Je m’impose quand même la règle pour les titres de ne jamais les démarrer par une majuscule (sauf quand c’est un nom de lieu ou de personne). Mon idée est que chaque billet s’inscrit dans une continuité et qu’une majuscule au début du titre viendrait couper cette forme continue. Mon plaisir dans tout cela est de me construire des zones de liberté à l’intérieur de ce cadre, et de temps en temps de casser ces règles pour en créer de nouvelles que j’essaierais de maintenir pendant quelque temps. Mon autre plaisir est de créer petit à petit un blog parallèle avec des liens cachés sur certains billets. Ce réseau n’est pas encore très développé mais se construit doucement quand l’humeur du moment m’invite à aller explorer les petites rues qui se cachent à l’arrière des grandes avenues de ce blog.
Après l’excellent morceau Nenashigusa (根無草) sorti sur le mini-album Yadorigi (宿木) le 25 Novembre 2020 (tiens, cette date me dit quelque chose), je continue à découvrir un peu plus la musique de Samayuzame, jeune compositrice et interprète d’un peu plus de vingt ans. Je ne trouve pas beaucoup d’information sur son parcours, à part qu’elle a fait ses premiers pas dans la mouvance Vocaloid avant de s’en éloigner en 2018 et qu’elle est étudiante au département Musique de l’École des Beaux-arts de Tokyo (ou peut-être a t’elle déjà terminé). Je continue donc la découverte de sa musique avec trois autres morceaux très différents de ceux du mini-album, disponibles en avance de son prochain album Plantoid qui sortira le 28 Juillet. Je suis épaté par l’ambiance qui se dégage de sa musique pleine d’étrangeté délicate et d’élégance discrète. On ressent notamment cette étrangeté à travers les nombreux parasitages sonores volontaires qui nous donnent l’impression d’être entré dans une réalité alternative. Cela reste très subtil et n’interrompt pas la limpidité du flot sonore et la clarté de sa voix évoluant dans un univers pourtant plutôt sombre. J’écoute d’abord le morceau Rui Rui (累累) sous-titré en anglais avec le titre Colors, puis Lotus Farm et finalement Boku no Wakusei (僕の惑星) sous-titré en My Planet. On y ressent une sorte de tranquillité envoûtante. Sa voix nous emmène dans son monde et ne nous lâche pas. Je suis très curieux d’écouter le reste de ce nouvel album.
白黒になる東京 (1)
Un léger flou sur les photographies en noir et blanc essaie de traduire l’humidité ambiante de la ville alors que la saison des pluies n’a pas encore officiellement commencé. Je continue à marcher sans but précis dans les rues de Tokyo avec mon objectif 40mm qui a l’avantage d’être très léger et donc facile à transporter. Comme je le mentionnais dans mon avant-dernier billet, je me pose souvent la question de montrer mes photos en noir et blanc plutôt qu’en couleur. Je me décide souvent au final à garder la version en couleur, car j’ai l’impression, lorsque je les passe en noir et blanc, de perdre une partie de l’atmosphère que j’ai vécu des lieux au moment de prendre ses photos. Les photos en noir et blanc rendent le paysage urbain intemporel et même parfois symbolique. Elles s’éloignent ainsi de la réalité vécue. La couleur, surtout celle qui est vive et déborde de l’image, m’est nécessaire mais le noir et blanc s’impose de temps en temps car il me donne l’impression de remettre les compteurs à zéro et de repartir sur une nouvelle base, de faire une pause dans la réalité actuelle pour profiter d’une accalmie. Montrer des images en noir et blanc devient ensuite une sorte d’évidence qui me donne envie de ne plus utiliser la couleur. J’aimerais parfois avoir la volonté nécessaire de ne montrer que des images faites de noirs et de blancs granuleux, car j’aime beaucoup ce côté intemporel. Je n’affiche d’ailleurs jamais la date de publication des billets sur la page principale de Made in Tokyo, et j’essaie d’évoquer le moins possible l’actualité du moment, sauf celle qui est musicale ou architecturale.
L’actualité musicale du moment est bien entendu la sortie du nouvel album de Tokyo Jihen, Music (音楽) le 9 Juin. Comme j’avais commandé la version limitée il y a longtemps sur le site de Tower Records, je l’ai reçu le jour d’avant la sortie officielle, le 8 Juin donc. C’est ce qu’on appelle Furage (フラゲ) en japonais, qui est le diminutif de Flying Get qui veut dire recevoir un CD, un jeu ou un DVD par exemple, une journée avant la sortie officielle. La version limitée consiste en un boîtier solide comprenant le CD de l’album, un livret montrant des photos d’une session d’enregistrement et le EP de Aka no Dōmei. C’est un bel objet et je suis content de voir que l’album est numéro un des ventes chez Tower Records. J’écoute l’album tranquillement en évitant de regarder les réseaux sociaux. J’avais pris la mauvaise habitude d’aller regarder et lire un peu trop souvent les commentaires des forums anglophones dédiées à SR/TJ sur Facebook et Discord, mais ça m’a beaucoup fatigué, notamment un ou deux commentateurs qui se plaignent sans cesse et qui essaient en général de mobiliser toute l’attention au détriment de ceux et celles qui apprécient. Je ne suis pas sûr d’écrire une revue entière de l’album mais plutôt l’évoquer petit à petit, car il faut laisser mûrir plutôt que se précipiter. Je peux juste dire que je trouve l’album excellent, ce qui ne m’a pas trop étonné car les singles déjà sortis étaient déjà excellents, bien meilleurs que les morceaux du EP News, que j’ai tout de même appris à apprécier depuis. Il y a beaucoup de morceaux en duo sur le dernier album. Ukigumo intervient souvent au chant au côté de Sheena, ce qui fonctionne très bien. Ukigumo apporte même beaucoup sur les refrains de certains morceaux, comme un élan inattendu. C’est le cas par exemple sur le neuvième morceau 銀河民 (Gingamin) composé par Ukigumo et Izawa, que le groupe jouera d’ailleurs sur Music Station la semaine prochaine, le Vendredi 18 Juin. Izawa fait de belles choses au piano avec un son plein de réverbération. Certaines partitions de piano font s’envoler les morceaux. Kameda écrit les musiques de deux morceaux de l’album. On reconnaît d’ailleurs tout de suite sa touche musicale sur le dixième morceau, 獣の理 (Kemono no Kotowari), qui a une certaine légèreté pop que l’on retrouve sur d’autres morceaux de Kameda sur les albums précédents de Tokyo Jihen. Il y a un morceau vraiment poignant sur l’album, l’avant dernier 薬漬 (Kusurizuke), qui commence doucement mais fait intervenir la force des guitares à la fin comme un cri de douleur. Dans une émission de radio sur Tokyo FM le 9 Juin, l’animatrice LOVE, de son vrai nom Nakamura Fukiko (également compositrice et interprète) évoquait pour ce morceau une analogie avec les perturbations météorologiques, comme une tempête soudaine suivie d’une accalmie. Elle évoquait également cet album comme pouvant devenir la bande son de notre propre vie (自分の人生のBGM), reconnaissant dans l’agencement des morceaux un cheminement d’étapes de la vie. Sheena nous disait également dans d’autres interviews que la première partie de l’album évoquait plutôt des sujets proche de la jeunesse, par rapport à une deuxième partie plus mature.
Tokyo Jihen multiplie les apparitions média, ce qui est assez inhabituel à ma connaissance, et je pense les avoir toutes vu ou écouté jusqu’à maintenant. Lundi, Sheena Ringo passait seule dans l’émission radio Dear Friends animée par Miu Sakamoto, fille de Ryuichi Sakamoto et Akiko Yano. L’émission passant à 11h du matin, je n’ai pas pu l’écouter en direct mais un peu plus tard dans la journée sur Radiko. On a l’impression qu’elles se connaissent déjà bien, Miu Sakamoto étant également chanteuse, ce qui n’a rien d’étonnant. Dans les anecdotes que ce genre d’émissions peut contenir, on apprend que le premier disque que Sheena achète à l’âge de 14 ans est un album de Marvin Gaye, car son frère Junpei voulait bien lui prêter ses disques de Soul R&B mais il fallait lui rendre aussitôt une fois écoutés. Elle voulait posséder ce disque pour pouvoir l’écouter autant qu’elle le voulait. Dans un tout autre style, Sheena mentionne un peu plus tard avoir apprécié Pearl Jam, à l’époque. L’anecdote amusante est que Miu écoutait Marylin Manson en cachette, imaginant que ses parents n’auraient pas approuvé. Elle nous parle également avoir écouté Buck-Tick. Elle a d’ailleurs interprété un titre sur l’album tribute Parade III ~Respective Tracks of Buck-Tick~, tout comme Sheena (j’en parlais dans un billet précédent). En écoutant, souvent en différé sur Radiko, ces émissions radio de la semaine, une question est récurrente portant sur le titre de l’album. Miu Sakamoto nous dit qu’un titre pareil peut nous faire penser qu’il s’agit du premier ou du dernier album du groupe, mais Sheena nous rassure en confirmant qu’ils étaient plutôt contraints à utiliser un nom de chaîne télévisée, pour rester dans l’esprit des noms des albums précédents. Il se trouve que le titre le plus évident pour un album, Music, n’avait pas encore été utilisé.
Les émissions que j’ai vu ou écouté sont plus ou moins intéressantes et s’adressaient à des publics parfois très différents. L’émission du soir School of Lock de Tokyo FM, diffusée le jour de la sortie de l’album s’adresse plutôt à un public de mois de vingt ans. Quelques auditeurs de l’émission avait l’opportunité de poser des questions à Sheena et Izawa, qui étaient les seuls présents dans les studios de radio. J’étais assez surpris d’entendre des fans du groupe ayant moins de vingt ans montrant autant d’émotion dans la voix au moment de parler à Sheena. Ceci me rappelle qu’Izawa a le même âge que moi, tout comme Hata Toshiki, tandis que Sheena et Ukigumo ont deux ans de moins. Une des jeunes auditrices évoquait que la musique du groupe était comme une compagne pour l’oreille (お耳の恋人), expression tirée des paroles du dernier morceau de l’album. Je trouve cette image très jolie.
à la dérobée maintenant
J’ai beaucoup marché dans le quartier de Meguro, d’où proviennent la plupart des photographies de ce billet (sauf l’avant dernière prise dans le centre de Roppongi), avec le très vague objectif de retrouver une maison de béton aperçue et prise en photo il y a longtemps. Je ne me souviens plus exactement du lieu et je ne l’ai malheureusement pas retrouvé. Ce n’était en fait qu’un prétexte pour marcher tout en écoutant les albums compilations de Blankey Jet City que je mentionnais dans le billet précédent. Il y a quelque chose de stimulant dans la musique du groupe (un morceau comme I Love Tokyo par exemple), qui a pour effet de me pousser à continuer à marcher, simplement pour pouvoir écouter les morceaux suivants. J’ai marché plus de deux heures sans pourtant terminer l’écoute en entier. J’essaie d’emprunter des rues que je ne connais pas, celles plus calmes à l’écart de la grande artère Yamate passant devant la gare de Naka-Meguro. J’y trouve souvent des maisons particulières comme celles de la première et de la dernière photographie, sans forcément reconnaître leurs architectes. C’est en ce moment la saison de floraison des hortensias. Elles sont nombreuses et égayent les rues de Tokyo. En les prenant en photo, je me demande toujours si je ne devrais pas les prendre en noir et blanc. Je pense que le noir et blanc me manque et il faudrait que j’y revienne bientôt. J’ai d’ailleurs toujours une pellicule argentique en cours sur l’appareil photo EOS1 qu’il faudrait que je termine. Je ne me souviens d’ailleurs plus de quand datent les photos déjà prises. Le développement argentique (que je ne fais pas moi-même) à cet avantage de procurer un effet de surprise lorsque l’on voit les photographies pour la première fois.
Il ne reste plus que quelques jours à attendre avant la sortie du nouvel album Music (音楽) de Tokyo Jihen. Pour nous faire gentiment attendre, le groupe nous conviait à une émission en direct sur YouTube destinée à presenter morceau après morceau le nouvel album. L’émission était intitulée Tokyo Jihen no Hanakin Night Ajito Nau (東京事変の花金ナイト 「アジトなう。」) et se déroulait le vendredi 4 Juin à 9h du soir pour un peu plus d’une heure. C’était une première pour Tokyo Jihen de se montrer en direct dans ce genre de situation. Plus de 50,000 personnes s’étaient connectées sur YouTube et je ne pouvais pas manquer cet événement. En fait, j’étais très curieux de voir quelle allait être la dynamique de ce talk-show autour de la présentation de l’album. Le décor ressemblait à celui d’un bar et les cinq membres du groupe étaient disposés en rond. D’après les crédits à la fin de l’émission, le lieu serait le rez-de-chaussée du nouvel hôtel Aloft à Ginza. Ils portaient tous des tenues colorées assez surprenantes au premier abord. Le thème des costumes était plus ou moins inspiré par une imagerie de commando avec des faux fusils placés dans le décor. Ils n’ont pas expliqué le pourquoi de ces tenues, mais les explications superflues ne sont de toute façon pas forcément nécessaires. Sheena avait un casque en plastique sur la tête, ce qui lui donnait un air charmant car plutôt déplacé par rapport à la tenue qu’elle portait.
L’ambiance était détendue, assez loin des interviews télévisées très formatées. Sheena menait principalement la discussion mais Kameda et Izawa étaient également assez bavards, surtout par rapport à Ukigumo et Hata qui sont moins à l’aise sur ce genre d’exercice. Le fait que l’émission était un peu flottante par moment la rendait intéressante et même accueillante, car elle n’était pas orientée marketing même si un des buts était de présenter le nouvel album. En fait, ils semblaient tous les cinq très humbles sur le travail accompli, sans utiliser les superlatifs exagérés qu’on entend souvent dans les exercices de promotion. C’est certainement dû au fait qu’ils n’étaient que tous les cinq devant les caméras, sans intervention d’un interviewer extérieur au groupe. L’album entier passait en fond et chaque membre du groupe donnait quelques anecdotes à leur propos. On pouvait donc entendre les nouveaux morceaux mais c’était pour moi difficile de se concentrer pour écouter leur conversation tout en essayant d’écouter le morceau. Comme ils ne faisaient pas de pause pour nous laisser écouter, je n’ai pas pu vraiment me faire un avis sur les nouveaux morceaux, mais les courts passages qu’on pouvait entendre me semblaient très intéressants. C’est amusant car Ukigumo fait la remarque au début de l’émission, en se demandant s’il ne faut pas mieux se taire et laisser jouer les morceaux.
L’émission était de toute façon orientée sur la discussion plutôt qu’une écoute concentrée du nouvel album. On apprend que certains morceaux datent d’il y a trois ans. A cette époque, Tokyo Jihen se réunissait en cachette car c’était avant l’annonce de leur réformation. Izawa, qui est souvent appelé par son surnom Watchi (わっち ) pendant l’émission, nous apprend que la première réunion a eu lieu en Juin 2017 où ils ont commencé à réfléchir au fait de se réunir. Sheena nous dit que certains fans avaient décelé des indices de la réformation de Tokyo Jihen dès son dernier album solo Sandokushi, car il y aurait un lien entre les symboles des trois poisons utilisés dans Sandokushi et le paon, symbole de Tokyo Jihen. Sur la petite table à côté de Sheena pendant l’émission, on trouve d’ailleurs des figurines en porcelaine Herend représentant un cochon, un serpent et un poulet, les symboles qu’on pouvait voir dans Sandokushi notamment sur le premier morceau Niwatori to Hebi to Buta (鶏と蛇と豚), accompagné d’un paon. Ces animaux en porcelaine posés sur la table font en quelque sorte le lien entre le dernier album solo de Sheena et le redémarrage de Tokyo Jihen. C’est un clin d’oeil bien vu. La discussion pendant l’émission se concentre beaucoup sur les morceaux, mais donnent quelques anecdotes, notamment le fait que Sheena ne boit plus d’alcool depuis 10 ans ou que son fils aîné apprend la batterie avec Hata. Kameda mentionne également le fait qu’il change sa raie de côté quand il fait partie de Tokyo Jihen, ce qui fait dire à Sheena que, pendant Jihen, chaque membre du groupe prend un autre visage (事変の時、事変の顔). C’est amusant comme Sheena continue à appeler Kameda, Shishō (maître), mais c’était la première fois que j’entendais Kameda appeler Sheena, Rin-chan, car on l’appelle plutôt Ringo-chan dans le groupe.
On apprend aussi qu’Izawa et Hata ont besoin de beaucoup de temps pour s’entrainer sur chaque morceau et que la partition de piano sur Ao no ID (青のID) composée par Sheena était particulièrement difficile à maîtriser. Le groupe évoque aussi le morceau Inochi no Tobari (命の帳) qui a demandé beaucoup de travail, avec de nombreux changements en cours de route, notamment la partition de piano. Pour le morceau Yaminaru Shiro (闇なる白), Ukigumo évoque l’approche disruptive d’Izawa dans sa composition musicale ce qui rend le chant en duo avec Sheena assez complexe. Il compare le chant à deux sur ce morceau à une course de voitures qui roulent en s’entrechoquant les unes aux autres pour se dépasser l’une l’autre. Je n’avais pas remarqué que les trois morceaux centraux du nouvel album avaient des titres faisant référence à une couleur, comme l’explique Sheena. Ao no ID (青のID), puis Yaminaru Shiro (闇なる白) et Aka no Dōmei (赤の同盟) nous donnent les couleurs Bleu-Blanc-Rouge (Tiens donc, un petit clin d’oeil français?). Ukigumo n’est clairement pas super à l’aise devant la caméra, et peu bavard, mais il nous fait quand même part d’un épisode au moment du tournage de Ryokushu (緑酒) où il recherchait un restaurant de tempura sans succès. Sa manière de l’évoquer pousse à sourire car il est pince-sans-rire. On le remarque aussi au moment où il fait exprès de poser une question plus profonde sur l’album alors que l’ambiance générale de la discussion est plutôt légère.
J’ai beaucoup aimé l’ambiance de cette émission car on s’y sentait bien. Kameda regardait de temps en temps la page YouTube pour voir les commentaires, mais c’était tout simplement impossible de suivre le flot incessant de ces commentaires qui défilent à grande vitesse à l’écran. Personnellement, je ne les ai pas regardé car ces commentaires n’apportent en général pas grand chose d’intéressant. Je jetais par contre un œil au nombre de personnes connectées, car plus de 50k, c’est quand même impressionnant et ça fait plaisir à voir. A ce propos, après s’être remémoré en souriant l’episode Heavy Metal sur le morceau Kenka Jōtō (喧嘩上等) sur la tournée Just can’t help it, Sheena évoque l’envie de revoir le public en concert. Il n’y a cependant pas eu d’annonces particulières en ce sens. Il faudra attendre encore un peu. A la toute fin de la vidéo, on pouvait voir pour la première fois un teaser de l’album avec une petite partie du premier morceau 孔雀 (Kujaku) aux airs rappés (une première pour Sheena) et une partie plus longue du dernier morceau 一服 (Ippuku) mélangeant les voix, notamment celle d’Ukigumo. Je ne peux d’ailleurs plus me l’enlever de la tête, ce qui doit être bon signe. La vidéo de ce teaser est disponible sur YouTube. A noter qu’elle contient une DMC Delorean mais le groupe n’y apparait pas, à part Sheena à travers un vieil écran cathodique. La vidéo montre en fait les danseuses Sakra et Chinatsu du groupe SIS d’Osaka. Sheena est bien présente avec elles mais elle est à peine reconnaissable. L’émission sur YouTube était donc diffusée en direct mais elle n’est plus disponible dans les archives de la chaîne YouTube de Tokyo Jihen, ce qui est peu dommage car on ne peut plus la revoir (sur YouTube mais on peut la trouver ailleurs). Elle sera peut-être ajoutée plus tard. C’est en tout cas une excellente idée de faire ce genre d’émission, qui nous rapproche un peu du groupe et nous permet de constater une fois de plus qu’ils sont très complices, vus les sourires fréquents qui ont égayé l’émission. En même temps, ils ont gardé la distance nécessaire par rapport au public, sans se laisser emporter par les commentaires en direct sur YouTube. A la fin de l’émission (qui avait la référence #0), on nous annonce qu’il y en aura d’autres, à partir du 11 Juin à 10h du soir, mais je ne pense pas que ça soit avec le groupe complet. C’est une affaire à suivre, juste après la sortie de l’album le 9 Juin.
eternity through ephemerality
Je vais tous les ans, même très brièvement, voir les cerisiers le long de la rivière Meguro, au niveau de la station de Naka-Meguro. L’endroit a énormément gagné en popularité ces dernières années, et il faut absolument éviter les heures de pointe et les environs de la station. J’y vais en vélo en dévalant les pentes de Aobadai depuis les hauteurs de Daikanyama. J’atterris quelque part entre la station et le grand café Starbucks conçu par Kengo Kuma. Il y a assez peu de monde à cet endroit car les marcheurs partant de la station sont en général rassasiés avant d’arriver jusqu’au point où je me trouve. Nous sommes en fin d’après-midi d’un jour de semaine, il ne s’agit donc pas de la foule qu’on peut voir le week-end. En fait, nous n’avions jamais vraiment marché de l’autre côté de la station en direction de Meguro, où la rivière est plus large. Le jour d’avant, je me suis promené avec Mari le soir le long de la rivière et je me suis décidé d’y revenir le lendemain pour rouler en vélo dessous les tunnels de sakura. Les cerisiers prennent racines au bord de la rivière derrière une voie piétonne et leurs branches viennent plonger dans l’eau de la rivière pour former des arches. Un tunnel vient se construire dans la continuité de ces cerisiers plantés les uns à la suite des autres. La beauté du lieu est dans cette continuité, parfois entrecoupée par les routes et les ponts traversant la rivière. Comme pratiquement tous les ans, le pic de floraison est suivi de pluie en averses qui viennent grandement écourter la vie déjà bien éphémère des fleurs. Deux jours seulement après le pic, beaucoup de pétales sont déjà tombées sur les trottoirs ou dans la rivière pour former un tapis de couleur légèrement rosée.