コンクリートも詩

Après une première visite en Décembre 2024 avant son ouverture officielle, je reviens déjà voir le Sony Ginza Park car on y montre une autre exposition intéressante que j’ai pourtant failli manquer pensant avoir tout le temps devant moi pour y aller. L’exposition Sony Park Exhibition 2025 (Sony Park展 2025) explore six domaines dans lesquels Sony est engagé dont la Musique, les Semi-conducteurs, la Finance, les Jeux Vidéo, les Technologies de l’Entertainment et le Cinéma, en les associant à six groupes d’artistes. L’exposition se décompose en deux parties distinctes. La première partie que j’ai été voir se déroulait du 26 Janvier au 30 Mars 2025 et la deuxième partie démarrera le 20 Avril pour se terminer le 22 Juin 2025. L’exposition de la première partie se déroulait sur les troisième et quatrième étages et au deuxième sous-sol. L’entrée était gratuite mais il fallait réserver à l’avance, ce qui n’était pas chose aisée, car les disponibilités ne semblaient apparaître qu’au compte-gouttes sur le site web de réservation. Je me suis donc connecté quelques fois et j’ai dû avoir un peu de chance. La première partie faisait participer Vaundy, Yoasobi et Hitsuji Bungaku (羊文学) tandis que la deuxième partie invitera les rappeurs de Creepy Nuts, le groupe de filles coréen Babymonster et le musicien Kensuke Ushio (牛尾憲輔). Il est clair que j’avais un intérêt très prononcé pour la première partie de cette exposition. Même sans billet, on peut se promener à l’intérieur du chef d’oeuvre brutaliste qu’est le Sony Ginza Park. Des affiches colorées des artistes invités sont montrées à différents endroits du building, ainsi que des étranges rubans adhésifs décoratifs reprenant les noms des artistes et des sections de l’exposition les concernant. Les couleurs vives de ces rubans sur le béton apportent un contraste intéressant pour le photographe, et j’accumule les photographies que j’aurais un peu de mal à sélectionner ensuite. Sur certains murs intérieurs, on peut également voir écrit en couleur blanche quelques lignes de poésie du groupe Hitsuji Bungaku s’ondulant comme un cours d’eau.

Je voulais commencer ma visite par l’espace d’exposition dédié à Hitsuji Bungaku au quatrième étage mais le programme était déjà en cours et on me conseille plutôt de descendre d’un étage pour aller voir celui de Yoasobi. Ce programme s’intitule Semiconductors create new realities (半導体は、SFだ。). Les programmes que l’on peut voir ne sont que très vaguement inspirés par les titres qui semblent seulement être là pour rappeler les diverses activités du groupe Sony. Avant d’entrer dans l’espace d’exposition, chacun doit rentrer un prénom ou surnom sur une borne en indiquant son état d’humeur actuel. La borne crée un petit logo animé avec le prénom en inscription qui voyagera sur les écrans immersifs de l’exposition. On entre ensuite dans un espace fermé dans lequel est diffusé le morceau Heart Beat de Yoasobi. Les murs et le sol sur lequel on marche sont recouverts de logos colorés bougeant au rythme de la musique du morceau. Le sol est tactile, utilisant une technologie haptique de Sony R&D, et les petits logos que chaque visiteur a créé réagit à nos mouvements. L’experience musicale est englobante et amusante, mais je reste quand même sur ma faim car le tout reste d’apparence assez simple, connaissant ce que Team Lab peut par exemple créer en comparaison.

Je monte ensuite au quatrième étage pour aller voir l’exposition dédiée à Hitsuji Bungaku, intitulée Finance details life (ファイナンスは、詩だ。). Là encore, le titre n’a strictement rien à voir avec ce que l’on va voir. La salle du quatrième se compose d’un large écran placé devant un bassin d’eau. Le programme intitulé Floating Words se concentre sur les paroles et la musique de deux morceaux du groupe: more than Words et Hikaru Toki (光るとき). Nous sommes assis sur deux rangées dans l’obscurité devant le long écran et le bassin. La voix de Moeka Shiotsuka se fait d’abord entendre dans une courte narration abordant la force des mots. On verra ensuite ces mots tourbillonner au rythme des deux morceaux sur l’écran géant se reflétant sur le bassin. Il s’agit là encore d’une expérience immersive, que j’ai trouvé très réussie car la musique me plaisait beaucoup plus et les motifs de mots se créant sur l’écran nous accaparaient le regard comme un torrent mouvementé dont on essaie de suivre des yeux les moindres virages. Une deuxième partie de cette exposition nous fait marcher sur un sol utilisant encore une fois la technologie haptique pour simuler une fine épaisseur d’eau.

Je descends ensuite au deuxième sous-sol pour la partie de l’exposition consacrée à Vaundy, intitulée Music comes after a long journey (音楽は、旅だ。). Ce titre correspondait plutôt bien à ce que l’exposition nous proposait. L’espace, de couleur orangée correspondant bien au code couleur de Vaundy, proposait des bornes d’écoute. On nous donne d’abord un casque Sony (ceux qu’on peut voir lors des émissions The First Take sur YouTube) et on se connecte de borne en borne pour écouter des morceaux sélectionnés par l’artiste. Vaundy a sélectionné environ 200 morceaux dont on ne voit que le titre affiché. Il faut se connecter pour découvrir les morceaux, ce qui peut donner d’heureuses découvertes. Certains objets en référence aux morceaux sont tout de même posés sur des étagères faites de grands volumes en carton. Un QR code nous permet de découvrir le nom de l’artiste accompagné du titre du morceau et d’un commentaire succinct de Vaundy. C’est finalement l’endroit où j’ai passé le plus de temps, plus d’une heure, car on se prend au jeu des écoutes. J’y ai fait quelques découvertes mais également volontairement écouté des morceaux que je connaissais déjà, en étant d’ailleurs agréablement surpris de voir deux morceaux de My Bloody Valentine parmi cette immense playlist. Je ne résiste pas à l’envie de garder ci dessous une trace des morceaux que j’ai écouté et que j’ai aimé, pour y revenir plus tard. Je garde aussi en note encadrée le commentaire de Vaundy pour chaque section de l’exposition.

1. betcover!! – Yūrei (幽霊) [なんか、乱舞 – Quelque chose d’une danse sauvage]
2. Joe Hisaishi Ensemble (久石譲 アンサンブル) – Kids Return [なんか、黄昏 – Quelque chose comme le crépuscule]
3. Yura Yura Teikoku (ゆらゆら帝国) – Kūdō Desu (空洞です) [なんか、黄昏 – Quelque chose comme le crépuscule]
4. My Bloody Valentine – only shallow [なんか、哀愁 – Quelque chose de la tristesse]
5. My Bloody Valentine – when you sleep [なんか、哀愁 – Quelque chose de la tristesse]
6. The White Stripes – Seven Nation Army [なんか、乱舞– Quelque chose d’une danse sauvage]
7. David Bowie – Heroes [なんか、希望 – Quelque chose comme l’espoir]
8. Original Love – Seppun (接吻) [なんか、希望 – Quelque chose comme l’espoir]
9. The Flaming Lips – Yoshimi Battles the Pink Robots, Pt.1 [なんか、乱舞 – Quelque chose d’une danse sauvage]
10. Nayutan Seijin (ナユタン星人) – Taiyōkei desuko (太陽系デスコ) [なんか、乱舞 – Quelque chose d’une danse sauvage]
11. Karasu (鴉) – Sudachi (巣立ち) [なんか、情熱 – Quelque chose comme la passion]
12. Blur – Song 2 [なんか、乱舞– Quelque chose d’une danse sauvage]

On écoute chaque morceau et on cherche ensuite rapidement le suivant avec une urgence ressemblant à un manque, comme si on n’avait que dix minutes devant nous pour apprécier une dernière musique avant la fin du monde. Je réutilise là un des messages affichés par Vaundy sur les volumes de cartons (まるで、世界が終わる10分前。). De Vaundy, on ne peut en fait écouter qu’un seul morceau, Odoriko (踊り子) sur une borne spéciale. Sur cette borne là comme sur certaines autres, on peut s’assoir tranquillement en écoutant la musique dans les écouteurs. On entre dans son monde musical tout en regardant les autres visiteurs voyager de borne en borne ou ressentir le rythme de ce qu’ils où elles écoutent. C’est au final l’expérience musicale la plus intéressante de l’exposition.

春休みin沼津and伊豆(petit 4)

Le sanctuaire Moroguchi (諸口神社) est situé sur le cap de Mihama à proximité du village de pêcheurs d’Heda (戸田). Heda fait partie de la ville de Numazu mais il faut une quarantaine de minutes en voiture depuis le centre ville pour s’y rendre. La route passe par les montagnes et est faite de zigzags incessants qui me rappellent un peu les routes de Kumano et de Wakayama. Ce sanctuaire était un des objectifs de nos petites vacances car on voulait voir la grande porte rouge torii s’ouvrir sur l’océan. Cette porte est en fait dirigée vers la petite baie et le port d’Heda, mais pas vers le grand océan. Une avancée de béton, certainement utilisée comme quai pour certains petits bateaux, permet une vue sur le torii au bord de la forêt dans lequel se trouve le sanctuaire et sur le Mont Fuji au loin. Il fait un vent très fort qui pourrait facilement nous emporter, et il faut s’accrocher pour rester debout sur la bande de béton. A l’ouverture de la baie sur l’océan, l’eau y est très clair donnant un petit côté paradisiaque à l’endroit. On peut très rapidement faire le tour du cap pour apercevoir un peu mieux le Mont Fuji dont la base est désormais brouillée par les nuages et la brume. On a l’impression qu’il s’élève au dessus de l’océan comme par magie. Il n’y avait personne dans le petit sanctuaire de Moroguchi. Des goshuin y sont disponibles mais il faut se servir soi-même et laisser trois cents yens derrière soi. Il faut également écrire la date du jour soi-même ce qui est plutôt rare. Après cette visite, nous rejoignons le port d’Heda vers midi pour un déjeuner de poissons frais. Nous avions manger des sushis le jour d’avant. On se concentre donc sur les spécialités locales, ce qu’on n’arrive pas toujours à bien faire lors de nos petits voyages au Japon.

AAAMYYY vient enfin de sortir un nouvel EP, intitulé Thanks. Il est sorti le 26 Mars 2025 et, si je ne me trompe pas, son dernier EP Echo Chamber datait de Juillet 2022. C’est amusant de voir qu’Ano (あの) qui participait à un des morceaux de cet EP, That Smile (あの笑み) – une contraction subtile de leurs deux prénoms, était relativement méconnue du grand public à cette époque là alors qu’elle passe maintenant sur toutes les chaînes de télévision. Un peu comme sur le concert Option C, le EP Thanks se base sur des collaborations et c’est un vrai bonheur. Du EP, je connaissais en fait déjà quelques morceaux comme le dernier Dearest Living Things avec le groupe Zatta, qu’elle avait interprété pour la première fois lors d’Option C. Ce morceau était également sorti en single, et je l’avais déjà évoqué, tout comme la collaboration avec MONJOE, Wataru Sugimoto (杉本亘) de son vrai nom, intitulé Savior (救世主) et sorti en Février 2023. AAAMYYY a clairement pris son temps pour sortir ce nouvel EP car elle était à priori beaucoup plus impliquée ces derniers temps sur l’album et les concerts du groupe Tempalay. Le morceau qui démarre le EP s’intitule HAPPY et donne une bonne idée de l’ambiance générale du EP. La bonne surprise est qu’il s’agit d’un duo avec les rappeuses Rachel et Mamiko de Chelmico – une contraction subtile de leurs deux prénoms. Le morceau est tout simplement excellent, et avec celui qui suit intitulé Relux, sont mes préférés du EP. Relux est une autre collaboration hip-hop avec Chinza Dopeness (鎮座DOPENESS) dont j’ai déjà plusieurs fois parlé sur ce blog. Ce morceau est génial, et ce dès le premier couplet où AAAMYYY chante avec une association particulière de tons qui lui est tout à fait unique, avec cette fluidité nonchalante qui lui est caractéristique. Je réécoute parfois seulement ce premier couplet car il me fascine complètement. Et la voix rappée de Chinza Dopeness est également tout à fait unique, avec un brin d’humour qui n’est peut-être pas volontaire. L’association des deux voix est assez fantastique. Du EP, je ne connaissais pas le morceau Masaka avec Pecori et Yohji Igarashi, qui est plus rythmé et également très réussi. Bref, ça valait donc la peine d’attendre trois ans. Quand on aime la voix et la manière de chanter d’AAAMYYY, on n’est pas déçu par ce nouvel épisode musical, d’autant plus que sa voix fonctionne très bien en duo.

Hitsuji Bungaku (羊文学) sort des nouveaux singles à un rythme assez soutenu ces derniers temps, et le dernier en date s’intitule Map of the Future 2025 (未来地図2025). Il s’agit d’une collaboration pour l’ouverture d’une partie du centre Takanawa Gateway (高輪ゲートウェイ) que je n’ai pas encore été voir. Ça me rappelle qu’il y a quelques années lors de l’annonce initiale du projet, l’humoriste originaire de Fukuoka Robert Akiyama (ロバート秋山) avait commenté que ce nom ne pouvait avoir été imaginé que par Sheena Ringo. Il faut être particulièrement averti pour comprendre son commentaire, mais j’y avais été sensible d’autant plus que ce comédien me fait beaucoup rire. Le single Map of the Future 2025 est un peu différent des morceaux habituels du groupe car il démarre par des percussions électroniques. Il devient très vite typique du groupe car la voix de Moeka Shiotsuka a une sonorité tout à fait unique. Pendant notre voyage alors qu’on écoutait un morceau du groupe, Mari nous annonce tout d’un coup que Moeka doit être une fille intelligente car elle sort d’un très bon lycée pour filles. J’acquiesce en précisant qu’elle est diplômée de la grande université Keio (tout comme Haru Nemuri d’ailleurs). Au final, Map of the Future 2025 est un excellent morceau comme le groupe arrive si bien à les composer. J’ai en tout cas hâte de les voir une nouvelle fois en concert dans un peu plus d’un mois.

街の声は届かない

Hatsune Miku (初音ミク) observe le carrefour de Shibuya avec ses grands yeux mais n’entend pas la foule qui grouille à travers les vitrages du magasin Tsutaya où elle se trouve prisonnière. J’aime me promener régulièrement dans les rues encombrées de Shibuya car on y voit régulièrement ce genre de grandes affiches prenant d’assaut toute notre attention visuelle. La photographie que je préfère de ce billet est la dernière montrant un étrange halo lumineux. Il m’a d’abord surpris avant que je comprenne de quoi il s’agissait. J’ai bien sûr tout de suite pensé à la présence d’un esprit qui aurait voulu communiquer avec moi de manière visuelle, mais je me suis rendu compte qu’il s’agissait tout simplement de la réflection de la lumière du soleil dans un miroir routier de forme arrondie. Ce petit effet de lumière inattendu contribue en tout cas à la poésie urbaine que je recherche en marchant sans cesse dans les rues de Tokyo.

Hitsuji Bungaku (羊文学) vient de sortir un excellent nouveau single intitulé Koe (声), qui confirme encore une fois tout le bien et le respect que j’ai envers ce groupe, qui continue à tracer sa route en poursuivant son style sans se faire perturber par les influences du moment. Le morceau commence doucement par des accords de guitare acoustique accompagnés par la voix de Moeka Shiotsuka (塩塚モエカ) qui transmet comme toujours une tension palpable. La vidéo où l’on voit Moeka assise dans l’habitacle fermé d’une voiture étrangère est très belle. Elle transmet un sentiment d’isolation où les voix de la ville qui l’entoure sont inaudibles. Cette voiture est une superbe Mustang noire, ce qui m’a beaucoup surpris et même un peu amusé car j’avais justement eu l’idée d’utiliser une Mustang noire pour les images de la série photographique imaginaire entourant le groupe Lunar Waves dans mon billet « dans une réalité parallèle proche du chaos« . A noter que j’avais créé ces images avec la Mustang noire et publié ce billet avant la sortie de la vidéo du single Koe de Hitsuji Bungaku, ce qui constitue une coïncidence très intéressante voire un peu troublante. Hitsuji Bingaku a annoncé il y a quelques jours un nouveau concert au début du mois de Mai 2025 dans la salle Toyosu Pit avec le groupe Ging Nang Boyz (銀杏BOYZ), dont j’ai déjà parlé plusieurs fois sur ce blog. Ce concert s’intitule Japon Vol.1 Hitsuji Bungaku x Ging Nang Boyz (じゃぽんVol.1 羊文学x銀杏BOYZ) et fête l’anniversaire des dix ans de la salle, que je connais d’ailleurs déjà pour y avoir vu le groupe Tricot pour la première fois. J’ai tenté ma chance pour obtenir un billet mais il me faudra attendre le résultat de la loterie qui devrait tomber dans quelques jours. J’ai fait ma demande de billet dans les dix minutes qui suivaient l’ouverture de la billetterie, mais j’imagine que les places vont être difficiles à obtenir vu le succès de Hitsuji Bungaku. Le single Koe se trouve par exemple en deuxième position du classement hebdomadaire Tokio Hot 100, et sert de thème pour un drama télévisé intitulé 119 Emergency Call (119エマージェンシーコール). Bien qu’ils soient pleinement rock, la perspective de voir des groupes aussi opposés que Hitsuji Bingaku et Ging Nang Boyz m’attire en tout cas beaucoup.

Je découvre ensuite le groupe downy (ダウニー), qui n’a rien à voir avec une marque de shampoing, car il s’agit d’un groupe post-rock japonais. La formation se compose de six membres: Robin Aoki (青木ロビン) au chant et à la guitare, Yutaka Aoki (青木裕) également à la guitare, Kazuhiro Nakamata (仲俣和宏) à la basse, Takahiko Akiyama (秋山隆彦) à la batterie, SUNNOVA (サンノバ) aux claviers et samplers et finalement le producteur d’images et VJ Zakuro (柘榴). Le morceau intitulé Eclipse (日蝕), que je découvre, ressemble à une longue complainte. Robin Aoki répète les mots Hazeru yōna Rasen (爆ぜる様な螺旋), signifiant « Spirale explosive », d’une manière obsessionnelle comme s’il était possédé par cette spirale à laquelle il fait référence. La vidéo contribue au sentiment très étrange qui entoure ce morceau tout à fait fascinant. J’apprends que le groupe apporte beaucoup d’importance aux images, ce que l’on comprend bien par la présence permanente d’un producteur d’images au sein du groupe. Celles-ci ont été construites avec l’assistance de intelligence artificielle, ce qui se remarque très vite car les transformations d’images ne sont pas naturelles. Je comprends tout à fait l’intérêt de l’intelligence artificielle quand il s’agit de concevoir des vidéos que l’on aurait beaucoup de mal à créer de manière « artisanale ». Il faut une évidente inspiration pour pouvoir guider l’IA vers ce genre de compositions d’images. Je pense que les débats sur l’utilisation de l’IA ne se posent plus vraiment lorsqu’on crée ce genre d’images qu’on ne pas l’habitude de voir.

J’avais parlé du groupe Hakubi dans un billet récent et c’est un vrai plaisir de les retrouver sur un autre très bon single intitulé Another World (もう一つの世界) (Alt ver.). Le morceau Another World a une composition rock puissante en guitare assez classique, mais immédiatement convaincante. On y retrouve toujours cette passion que la chanteuse Katagiri (片桐) arrive merveilleusement bien à nous transmettre par son chant. Elle s’engage complètement dans son interprétation et ce genre d’implication sans retenue me plait toujours beaucoup. La vidéo remplie de neige est de saison car les tempêtes de neige sont annoncées sur une bonne partie du Japon. La vidéo a été tournée à Shibetsu (士別) à Hokkaido sur une colline appelée Hitsuji to Kumo no Oka (羊と雲の丘). Je me dis que cet endroit aurait été également idéal pour une vidéo de Hitsuji Bungaku.

Le morceau Spica par Suichu Spica (水中スピカ) est une autre belle découverte rock. Suichu Spica est un groupe de math rock originaire de Kyoto mais actuellement basé à Tokyo. Il se compose de quatre membres: Chiai (千愛) au chant et à la guitare, Takehisa Noguchi (野口岳寿) à la guitare, Jun Uchida (内田潤) à la basse et Ryoichi Ohashi (大橋諒一) à la batterie. Ce long morceau, sorti en Décembre 2024, nous transporte pendant plus de 7 minutes vers d’autres horizons. L’approche très mélodique du chant de Chiai se mélange vraiment bien avec l’instrumentation math rock. Cette association un peu typique d’une mouvance pop avec un morceau qui pourrait très bien être instrumental est vraiment exquise. C’est un morceau superbe en touts points, tout comme peut l’être la vidéo tournée dans une forêt profonde. Pour terminer, je retrouve le groupe Yuragi (揺らぎ) dont j’ai souvent parlé sur ces pages et qui est pour moi une valeur dans le petit monde du rock japonais à tendance Dream pop et Shoegaze. Miraco chante en anglais sur le morceau Our, extrait de leur troisième album In Your Languages. Le rythme de la batterie et des guitares est très marqué donnant une certaine tension qui est contrebalancée par la voix de Miraco qui dégage une mélancolie touchante. Et quand le rythme s’apaise, on est accompagné par une guitare acoustique qui nous apporte un peu de répit avant un déchaînement de guitares proche des sons alternatifs américains des 90s. Que de superbes morceaux dans cette série musicale rock!

the streets #6

Je continue tranquillement ma série the streets, redémarrée récemment par les épisodes #4 et #5. La plupart des photographies de ce sixième épisode ont été prises avec mon objectif 40mm pendant une même journée légèrement pluvieuse dans la rue Cat Street, avant l’ouverture de la plupart des magasins. Cette rue quasiment piétonne est coupée en deux par la grande avenue d’Omotesando qui voyait ce jour là un défilé de policières percussionnistes. À part ce défilé, je montre peu de personnes dans les rues, à part celles qui décident soudainement de se dévoiler au détour d’un immeuble et celles de moi-même quand j’autorise mon image à se refléter contre les baies vitrées (ici avec mon magnifiquement simple t-shirt de Daoko acheté lors du concert de Shibuya).

Le premier étage de la Lurf Gallery à Daikanyama est à la fois utilisé comme café et comme espace d’exposition. J’y jette régulièrement un coup d’œil pour voir si on y montre des choses intéressantes. On y exposait cette fois-ci une série de 13 illustrations de l’artiste Masanori Ushiki intitulée « Easy Telepathy II ». Je découvre cet artiste, que je ne connaissais pas. Je suis attiré par les motifs parfois étranges mélangés aux couleurs fortes des personnages qu’il dessine, qui les rendent tout à fait unique.

Cö Shu Nie vient de sortir son nouvel album intitulé 7 Deadly Guilt le 4 Septembre 2024. Je connaissais déjà deux titres sorti en avance, Artificial Vampire et Burn The Fire, dont J’avais déjà parlé dans des billets précédents. Je continue mon écoute de ce nouvel album en choisissant les morceaux qui m’intéressent le plus. J’y découvre ceux intitulés Where I Belong et I want it all. On y retrouve toute l’instabilité mélodique caractéristique de Cö Shu Nie, notamment dans le chant fantastique de Miku Nakamura (中村未来) quand il ne s’accorde pas sur des compositions classiques. Elle a une vision tout à fait unique de l’harmonie et ces deux morceaux en sont de bons exemples. La composition rock qui accompagne Miku est comme d’habitude pleine d’inattendu et souvent proche du match rock. Le compositrice et chanteuse o.j.o est pour sûr à suivre de très près. J’avais parlé et été épaté par son premier single Bah! sorti il y a quelques mois. Elle sort son deuxième single intitulé PEOPLE DEMON qui est excellent. Il faut rappeler que la jeune tokyoïte o.j.o est vraiment très jeune car elle est collégienne et n’a que 13 ans (?!). C’est tout à fait étonnant vu la qualité de ses compositions musicales, qui n’ont rien de classique comme sur son précédent single. Elle a suivi des cours de piano et de danse dès le plus jeune âge, et sa manière non-conventionnelle de danser est également un des points intéressants de la vidéo accompagnant le morceau. On peut lui prédire que des bonnes choses à l’avenir, vu qu’elle vient déjà d’être repérée par la chaîne YouTube The First Take que lui a donné l’opportunité de chanter 60 secondes de ses deux morceaux Bah! et PEOPLE DEMON. On se demande quand même pourquoi The First Take ne diffuse pas l’intégralité de sa performance.

La sortie d’un nouveau single de Tricot est une bonne nouvelle. Si je ne me trompe pas, le groupe n’avait rien sorti de nouveau depuis leur album Fudeki (不出来) datant de Décembre 2022. Avec Tricot, on sait toujours à peu près à quoi s’attendre et je ne suis en général jamais déçu. Le nouveau single Call (おとずれ) est sorti le 5 Octobre 2024 et je me suis tout de suite précipité pour l’écouter. Les premiers accords de guitare de Motifour Kida (キダ モティフォ) et la voix d’Ikkyu Nakajima (中嶋イッキュウ) nous ramènent tout de suite vers l’ambiance rock de Tricot que j’aime tant. Retrouver les accords très précisément agencés de Kida et la puissance de la batterie de Yosuke Yoshida (吉田雄介) quand il se lance franchement au milieu du morceau est un vrai plaisir. Je trouve que le chant d’Ikkyu arrive toujours à garder cette fraicheur des premiers albums, dont on ne se lasse pas. Je ne sais pas si la bassiste Hiromi (ヒロミ・ヒロヒロ) a participé à ce nouveau single, car elle est censée être en congé maternité. Tricot continue pourtant a tourner avec un bassiste d’appoint. Un point intéressant est que Hitsuji Bungaku (羊文学) est depuis quelques mois sans batteur car Hiroa Fukuda (フクダヒロア) est en repos prolongé, mais le groupe continuant à tourner assez intensément dans divers festivals et pour leur tournée 2024, un batteur de support rejoint régulièrement le groupe. Pour l’émission télévisée CDTV de la chaîne TBS le lundi 30 Septembre 2024, Hitsuji Bungaku a fait appel à Yosuke Yoshida pour être batteur d’appoint. Sachant que Yoshida jouait sur la tournée récente de Daoko, je me dis qu’il contribue à créer des liens entre les formations musicales que j’aime et que j’ai vu en live. Je me dis aussi que Hitsuji Bungaku a fait un petit bout de chemin depuis que je les ai vu la dernière fois. Leur tournée 2024 soft soul, prickly eyes en treize dates dans tout le Japon terminait par deux concerts au Tokyo Garden Theater qui a une capacité de 8000 personnes. En comparaison, la tournée 2023 if i were an angel à laquelle j’ai assisté se terminait par deux dates au Zepp Haneda qui ne fait que 3000 places. Si les nouvelles sorties côté Tricot restent assez éparses, ce n’est pas le cas pour Ikkyu Nakajima qui sort déjà son deuxième EP en solo. Après DEAD sorti en Mai 2024, voici LOVE qui vient juste de sortir le 25 Septembre 2024. Kentarō Nakao (中尾憲太郎), le bassiste de NUMBER GIRL, produit et joue de la basse sur les deux morceaux que je préfère du EP: EFFECT et By my side. Kentarō Nakao avait déjà produit des morceaux de Tricot et même participé à l’émission spéciale de 24h non-stop du groupe, donc sa présence auprès d’Ikkyu ne m’étonne pas beaucoup. Je suis par contre moins familier du musicien Cwondo (近藤大彗) de No Buses qui contribue aux deux morceaux LOVE et Ana (あな). La guitariste de Tricot, Motifour Kida, joue sur le dernier morceau Minority (未成年) accompagnée d’Emi Nishino (西野恵未) au piano. Sur ce morceau, les sons du piano et de la guitare se mélangent avec un équilibre bancal par moment assez bizarre. Le EP contient de nombreuses petites irrégularités harmoniques de ce genre et les incursions électroniques sont également fréquentes. C’est un EP réussi, même si je le trouve inégal, qui part vers d’autres horizons, plus intimes certainement, que ce qu’on peut entendre chez Tricot.

椎名さんのお耳に届くなら一層頑張りたい

Dans une interview sur le site web musical Mikiki de Tower Records au sujet de son nouvel EP LOVE, Ikkyu nous fait part du fait que sa collaboration avec Sheena Ringo sur le morceau Chirinuru wo (ちりぬるを) de son dernier album Hōjōya (放生会) avait en quelque sorte eu une influence sur son nouvel EP. Sheena Ringo lui avait dit qu’elle avait écouté et apprécié son EP précédent DEAD. Ikkyu a donc créé son nouvel EP en imaginant que Ringo l’écouterait peut-être et elle nous dit que ça l’a en quelque sorte poussé à s’appliquer. Je retranscris ci-dessous la partie de l’interview provenant du site Mikiki évoquant ce point en particulier. Cela me donne l’occasion d’utiliser l’open AI ChatGpt pour voir comment l’outil a évolué au niveau de la traduction de textes. Je pense qu’il se débrouille plutôt bien même s’il faut toujours lire le résultat avec attention (par exemple, ChatGpt traduit « 放生会 » en « Hōjōkai » plutôt que le correct « Hōjōya »).


Cette transcription sur ChatGpt m’a poussé à utiliser un peu plus l’outil en lui posant des questions très précises. J’ai pris le thème de cette collaboration passée entre Sheena Ringo et Ikkyu Nakajima pour l’interroger un peu plus. Connaissant déjà les réponses, cela m’a permis de vérifier où l’outil en est en terme d’auto-apprentissage sur des sujets très spécifiques, mais largement couverts sur internet. Il s’avère que l’outil a une base de données plus actuelle qu’auparavant mais fait de très nombreuses erreurs, en les annonçant parfois avec un aplomb qui nous forcerait presqu’à le croire. Je montre ci-dessous des captures d’écrans de ChatGpt pour illustrer le niveau de justesse de l’outil, et il reste pour moi très peu fiable et je dirais même à éviter.






L’avantage de l’intelligence artificielle serait pour moi de répondre à des sujets spécifiques qui ne sont pas immédiatement disponibles sur un site internet. Je vois qu’on en est encore loin. Je me contenterais peut-être de l’outil pour des traductions, qui me semblent à priori meilleures que sur Google Traduction.

덧붙여 대는 세공

Je fais beaucoup de nouvelles découvertes musicales en ce moment et j’ai un peu de mal à trouver le temps nécessaire pour écrire des billets spécifiques pour chacune d’entre elles. Je regroupe donc dans ce billet un certain nombre de ses nouvelles musiques qui sont pour moi à chaque fois passionnantes. On commence tout d’abord par le morceau Summer Anthem (サマーアンセム) de Mononoke. Comme son titre le suggère, ce morceau a été emblématique de mon été car il a accompagné avec beaucoup d’autres notre voyage en voiture vers la péninsule de Kii. Ce morceau a un petit quelque chose d’estival qui me convient très bien pour cette deuxième partie et toute fin d’été. La musique pop rock de ce jeune compositeur et interprète de 19 ans originaire de la ville d’Akashi dans la préfecture de Hyogo n’a bien entendu pas de lien particulier avec la princesse de l’univers Ghibli. Mononoke assure par lui-même la composition, l’écriture, les arrangements et la production de ses morceaux et les chante avec une voix à la fois forte et très mélodieuse. C’est quand même assez impressionnant à ce jeune âge et très prometteur. J’ai découvert ce morceau grâce à la playlist RADAR: Early Noise de Spotify, que je découvre un peu par hasard en consultant les playlists de l’application de streaming que je n’utilise pourtant pas d’ordinaire. Cette même playlist contient un autre excellent morceau de style rock indé intitulé Kid Blue par le groupe Enfants, sur leur 3ème EP D. sorti le 31 Juillet 2024. Ce nom de groupe en français est apparemment un diminutif du nom « Les enfants dans la lune », mais je n’ai pas réussi à obtenir plus d’information, car des recherches internet sur ce nom ne m’amènent bien sûr pas vers les pages du groupe.

J’ai également dans ma playlist le dernier single de Hitsuji Bungaku (羊文学) intitulé Burning. Il sert de thème pour l’anime Oshinoko (推しの子) et on peut d’ailleurs reconnaître le personnage d’Ai Hoshino (星野アイ) sur une de mes photographies en montage ci-dessus. Le morceau est très fort en guitares puissantes et bruyantes dès les premières notes. J’aime bien quand Moeka Shiotsuka joue dans ce registre car ça contraste idéalement avec sa voix et son chant beaucoup plus aérien. Je retrouve ensuite avec beaucoup de plaisir Emaru (エマル) et Asahi (朝日) de macaroom sur leur nouvel album intitulé Burning Chrome sorti le 7 Juillet 2024. La délicatesse vaporeuse du chant d’Emaru sur le sublime morceau Geinin (芸人) m’attire forcément. On a l’impression que sa voix effleure les choses, s’en approche très près sans les toucher, comme une pluie fine qui s’évapore avant de toucher le sol. C’est très beau et touchant. J’aime aussi beaucoup le morceau Burning Chrome reprenant le titre de l’album, dans un registre plus dynamique et moins retenu.

Depuis son single Tamashii (たましい) qui m’a beaucoup plu, je suis resté très curieux d’écouter les nouveaux morceaux d’ELAIZA (池田エライザ) et je découvre maintenant le single FREAK, qui me fait un peu penser à l’ambiance musical de Génie High. Le morceau a pourtant été écrit par Shizuku (雫) du groupe Polkadot Stingray (ポルカドットスティングレイ). Je pense que je vais continuer à la suivre pour son chant et la manière par laquelle elle s’approprie différents styles. A ce propos, Elaiza Ikeda, qui est également actrice, jouait le rôle de la policière d’investigation Kuramochi aux cotés de Lily Franky (リリー・フランキー) dans l’excellente série Les Escrocs de Tokyo (地面師たち ou Tokyo Swindlers) réalisée par Hitoshi One (大根仁) disponible sur NetFlix. Cette série prenant pour thèmes des histoires de fraude foncière à Tokyo est tout simplement passionnante et prenante au point où on a beaucoup de mal à en décrocher. Les acteurs et actrices sont excellents, Go Ayano (綾野剛) et Etsushi Toyokawa (豊川悦司), mais également Eiko Koike (小池栄子) et un certain Pierre Taki (ピエール瀧), la moitié du groupe Denki Groove (電気グルーヴ) avec Takkyu Ishino (石野卓球) qui compose d’ailleurs les musiques de la série. Pour revenir vers le rock indépendant japonais, le morceau on the beach (渚で会いましょう) de Laura day romance est une très belle découverte. Je connaissais le nom de ce groupe depuis un petit moment car il m’intriguait et je ne regrette pas de m’être plongé dans cette ambiance indie folk assez apaisé où on entend par moment le mouvement des vagues de la dite plage du titre. Laura day romance est un jeune groupe tokyoïte formé en 2017 par trois musiciens membres du même club de musique de l’Université de Waseda, Kazuki Inoue (井上花月) au chant, Jin Suzuki (鈴木 迅) à la guitare et Yūta Isomoto (礒本 雄太). Il s’agit là encore d’une affaire à suivre de près.

Dans un style pop rock plus tendu, j’écoute également le très bon morceau NOISE du mystérieux compositeur et interprète WurtS. Ce morceau est le thème du film Blue Period (ブルー・ペリオド) réalisé par Kentarō Hagiwara (萩原健太郎) et tiré d’un manga du même nom par la mangaka Tsubasa Yamaguchi (山口つばさ). On suit l’histoire de Yatora Yaguchi (矢口八虎), interprété par l’acteur Gordon Maeda (眞栄田郷敦), fils de Sonny Chiba, lycéen doué, mais qui s’ennuie, dans son aspiration à devenir artiste en passant le concours d’entrée de l’école des Beaux Arts de Tokyo. Mari m’avait conseillé d’aller voir ce film car elle a elle-même traversé les mêmes étapes pour entrer dans cette école. Regarder le film m’a donné envie de reprendre mes crayons pour revenir vers mes formes futuro-organiques. J’ai d’ailleurs à tout moment un dessin en cours que je reprends quand l’envie me vient.

Et pourquoi le titre coréen du billet? Tout simplement parce qu’il fait écho à un billet similaire dans son approche esthétique et parce que je continue à écouter les nouveaux singles de NewJeans, Supernatural et How Sweet. NewJeans est le seul groupe K-Pop actuel que j’apprécie, peut-être en raison de son approche musicale 90-00s qui me rappelle à une époque où j’étais beaucoup plus jeune.