Dans les rues à l’arrière d’Harajuku en direction de Killer Street, une étrange photographie nocturne est scotchée de manière hâtive sur un poteau électrique, avec une inscription « RECALL LIGHT » qui ne nous éclaire malheureusement pas beaucoup. J’ai d’abord pensé qu’il s’agissait d’un repérage pour un éventuel film ou drama, mais rien autour ne m’a permis de comprendre de quoi il s’agissait vraiment. Cette photographie restera un mystère. Je suis même, en quelque sorte, reconnaissant envers la personne qui a introduit ce mystère dans le paysage urbain. Le but était peut-être seulement d’attiser la curiosité de personnes comme moi qui s’attachent sur ce genre de détails. Je suis repassé volontairement à cet endroit aujourd’hui et la photo n’y était plus. Prise dans le même quartier, la photographie suivante d’une maison individuelle encerclée par une végétation dense me rappelle mes propres compositions urbano-végétales que je n’ai pas pratiqué depuis bien longtemps. Aurais-je perdu la main, ou l’envie peut-être? La dernière photo du billet est prise au pied du building Carrot à Sangenjaya. J’ai repéré plusieurs affiches publicitaires similaires à différents endroits de Tokyo pour le nouveau single Color (色彩) de yama. La photographie utilisée pour ce single a été prise par Toshio Ohno (大野隼男) dont je parlais récemment pour ses photos affichées au dessus de la sortie Sud de la grande gare de Shinjuku. J’aime beaucoup cette photo de yama. Avec Ado et ACAね de ZuttoMayo (ずっと真夜中でいいのに。), yama est de ces artistes qui ne montrent par leur visage. Je savais qu’elle avait démarré sa carrière solo dans la mouvance Vocaloid mais je ne savais pas qu’elle faisait partie d’un groupe dès 2019, l’année après sa première apparition sur YouTube. Ce groupe appelé BIN a sorti un premier album intitulé Colony l’année dernière. Le single Color (色彩) est sorti le 2 Octobre 2022. Il s’agit du thème de fin de la série animée SPYxFAMILY que je regarde tranquillement depuis quelques semaines et qui m’amuse beaucoup. J’aime beaucoup ce morceau de yama pour son énergie pop et pour sa voix qui est remarquable.
J’écoute aussi en ce moment le morceau intitulé Seishun no Tsuzuki (青春の続き) de l’actrice Mitsuki Takahata (高畑充希). Le morceau a été écrit et composé par Sheena Ringo à la demande de Mitsuki Takahata pour sa performance dans la pièce de théâtre Hōshoku Tokei (宝飾時計) de Muneko Nemoto qui se jouera en Janvier et Février 2023. Le morceau est sorti le 16 Novembre 2022. Même s’il n’est pas chanté par Sheena Ringo, on reconnaît immédiatement son style. Mitsuki Takahata a une belle voix mais je ne peux m’empêcher d’imaginer ce même morceau chanté par Ringo dans un futur album d’auto-reprise Reimport. Le morceau n’est pas particulièrement original mais il reste très beau et j’aime l’interposer entre mes écoutes d’albums aux ambiances rock. Ce n’est pas le premier morceau que Sheena Ringo écrit pour Mitsuki Takahata. Il y avait d’abord Jinsei ha Yume darake (人生は夢だらけ) que Sheena Ringo a réinterprété ensuite sur son album Reimport 2 (逆輸入 〜航空局〜) en 2018. Ce morceau interprété par Sheena Ringo est fabuleux et le nouveau Seishun no Tsuzuki n’atteint pas les mêmes sommets. Je pense que ce nouveau morceau va de pair avec un autre morceau de 2014, Seishun no Mabataki (青春の瞬き) sorti sur le premier album de reprises (逆輸入 〜港湾局〜). Elle avait initialement écrit ce morceau pour l’actrice (et chanteuse) Chiaki Kuriyama (栗山千明). Ce n’est pas le seul morceau ayant ce genre de correspondance. L’album remix Hyakuyaku no Chō (百薬の長) que je mentionnais il y a quelques semaines est disponible en digital depuis le 30 Novembre 2022, mais je ne l’ai pas encore écouté à part le remix de Marunouchi Sadistic par Miso que je trouve d’ailleurs très réussi. Le format physique en CD ne sortira que le 11 Janvier 2023, repoussé en raison des problèmes sur l’utilisation réservée du symbole de la Croix Rouge. Je me retiens d’écouter ces nouveaux remixés en digital dès maintenant car j’ai déjà commandé le CD depuis longtemps et je l’attends pour la première écoute. Et il y a la tournée annoncée en 2023. J’attendais une tournée de Tokyo Jihen mais ce sera une tournée solo de Sheena Ringo. Je ne suis pas certain de pouvoir acheter des places car ça fait 5 ans qu’elle n’a pas fait de tournée solo et j’imagine qu’il y aura foule pour tenter d’acheter des billets, mais je vais bien entendu tenter ma chance. Après une année 2022 très calme, j’espère que 2023 sera une année aussi active que 2021.
Le billet précédent a provoqué une fois de plus une réflexion intérieure sur le sens et l’existence de ce blog et m’a fait revenir dans le passé en repensant aux blogs que je suivais à l’époque des débuts de Made in Tokyo. La plupart de ces blogs n’existent plus ou ne sont plus mis à jour depuis très longtemps. Parmi ceux-ci, il y avait celui de MP qui est un des seuls bloggers photographes tokyoïtes que je connais personnellement. On commentait régulièrement nos photos sur nos blogs respectifs et on avait même fait une série croisée appelée Call Me sur laquelle des épisodes étaient chez MP et un épisode chez moi. Son blog n’est plus mis à jour depuis des années. Une rencontre avec des photoblogers tokyoïtes avait eu lieu à cette époque à Ueno si mes souvenirs sont bons. Ça avait été une belle occasion de parler avec d’autres photographes amateurs, et de montrer mon premier photobook créé sur Blurb. Je sentais par contre que mon approche était différente car je créais à cette époque beaucoup plus de compositions d’images que maintenant. Une personne de ce groupe, un anglais, me l’avait fait ressentir plus tard lors d’une autre rencontre, d’une manière à peine courtoise. La majorité de ces photoblogers n’ont plus l’air d’être actifs (ils le sont peut-être sur Instagram) sauf Toshiya Watanabe qui était à l’époque très sérieux sur son approche et sa vision. Certains de ces photographes amateurs s’étaient regroupés pour faire une exposition à la galerie Place M à Shinjuku que j’avais été voir avec MP. Parmi eux, on retrouvait Toshiya Watanabe et Thomas Orand, entre autres. Je me souviens que Thomas aimait beaucoup mes photos et j’appréciais également son approche singulière, que l’on ne peut voir maintenant qu’en petit format sur Instagram. Côtoyer brièvement ces photographes amateurs avait suscité beaucoup d’interrogations et de remises en question sur mon approche mais au final, je semble être le seul à toujours montrer régulièrement des photographies sur un site web. La plupart utilisait Flickr qui créait une sorte de communauté de photographes (dont une appelée Tokyo Ga) mais cette plateforme a perdu depuis longtemps son attrait et la plupart des pages que je connaissais ont été supprimées. Je me souviens assez vaguement que derrière ces photographes amateurs, il y avait la figure de Tommy Oshima que certains estimaient beaucoup. Il montre toujours des photos sur Instagram mais semble s’orienter vers d’autres projets. Avant de démarrer Made in Tokyo en 2003, je me souviens avoir suivi avec beaucoup d’attention le blog d’Olivier Théreaux, appelé 2 Neurones et 1 Camera. Il n’habite plus au Japon depuis longtemps mais je me retrouve maintenant à regarder les photographies qu’il avait pris en 2002. Elles m’avaient inspiré à cette époque. Celles de Karl Dubost également qui continue à publier des photographies prises à Tokyo et dans le Shonan avec le brin de poésie qui lui est caractéristique. Je ne vais pas assez souvent voir ses pages, construites en dehors des systèmes de blog classiques, mais je devrais y aller plus souvent. Son approche photographique n’a pas changé, s’accordant souvent sur les détails et j’y retrouve là une porte vers un monde immuable.