Je fais le tour des photographies datant d’il y a un ou deux mois que je n’ai pas encore montrées sur ce blog et je tombe sur les trois premières prises dans le quartier d’Ikegami dans l’arrondissement d’Ōta. J’aime beaucoup ce quartier autour de l’immense temple Ikegami Honmonji (池上本門寺) posé sur une colline boisée et entouré en grande partie par des cimetières. Comme j’aime bien me le rappeler, les japonais naissent shintoïstes et meurent bouddhistes. Au pied de cette colline, on trouve une longue série de temples bordant une rue étroite. Celui de la deuxième photographie, par exemple, se nomme Kakugen-in (池上覚源院). Il s’agit d’un temple du courant Nichiren, tout comme Ikegami Honmonji, fondé en 1393 puis déplacé à son emplacement actuel en 1690 après plusieurs incendies. Un peu plus loin, on entre à l’intérieur d’un complexe lié au temple Daibō Hongyōji (池上大坊本行寺). J’aime beaucoup la pagode avec son toit angulaire inhabituel, situé à côté de la tombe du réalisateur de films Kenji Mizoguchi (溝口健二). Ça m’avait amusé quand le compte Instagram spécialisé en architecture de l’Autrichien Ken Ulrich, que je suis depuis longtemps sur Instagram sans l’avoir rencontré, montrait une photo de cette pagode sans aucunes indications de lieu. Je l’avais tout de suite reconnu et mentionné en commentaire à sa grande surprise. J’avais également reconnu une autre maison aux airs quelconques mais couvertes de verdure qu’il montrait sur un autre de ses comptes Instagram. Plus récemment, il montrait une autre maison étrange que j’avais également pris en photo il y a trois ans près du parc Inokashira. Je me suis retenu à lui laisser un commentaire indiquant je reconnaissais également cette maison, car j’ai eu peur de passer pour un maniaque de l’architecture qui reconnaît tous les endroits à chaque fois. Mais en écrivant ce texte maintenant, je me suis finalement convaincu à commenter sur sa photo. Je n’oublie pas la première photographie du billet. Je me suis demandé en prenant la photo si les gentils minions étaient seulement concentrés près de la fenêtre de ce petit immeuble d’appartements. Réflexion faite, je pense plutôt que l’appartement lui-même est rempli à raz-bord de minions, auquel cas il faudra éviter d’ouvrir la porte ou les fenêtres. Le spectacle imaginaire d’une effusion de minions m’a fait sourire quelques instants.
Je reviens ensuite vers le petit temple Saihōji (西方寺) que l’on trouve à Kōhoku (港北) dans la banlieue de Yokohama, celui où poussait un gigantesque arbre à mimosa. L’entrée principale du temple se compose d’une petite allée piétonne bordée d’un côté par des cerisiers. Nous sommes ce jour là bien avant le pic de floraison du début du mois d’Avril. L’ambiance de fin de journée et la tranquillité des lieux donnent l’impression, en regardant ces photographies maintenant, d’un petit monde à part. Le calme ambiant me donne l’impression que le temps s’est soudainement arrêté ici, dès qu’on a franchi la grande porte du temple. Nous ne sommes pas restés assez longtemps pour constater une courbure de la ligne de temps, mais je suis persuadé que si je m’étais assis sur le petit banc placé devant la grande porte, à regarder longuement les courbures de la toiture de chaume, le temps se serait ralenti mécaniquement. L’ennui est la seule manière de faire ralentir le temps qui passe. Je ne m’ennuie malheureusement jamais, car j’ai toujours des choses à faire ou à découvrir et le temps passe donc beaucoup trop vite pour moi. Je souhaiterais parfois que le temps s’arrête complètement pendant une journée entière pour me laisser assez de temps pour écrire, dessiner ou reprendre mes petits morceaux électroniques.
Côté musique, je reviens avec un grand plaisir vers la pop électronique hyper dynamique de KAF (花譜) avec un nouveau single intitulé Gestalt (ゲシュタルト) tiré du EP de trois titres GSA, pour Gestalt Swimmer From Apocalypse, sorti le 22 Mai 2024. Ce dynamisme est à chaque fois contagieux, car la voix de KAF arrive toujours à nous interpeller. En écoutant ce morceau, et en me rappelant que KAF avait chanté le générique de fin de la nouvelle série animée Ramu, je me dis que KAF pourrait très bien être le pendant artistique de Ramu, tant on reconnaît cette même tension électrique qui joue au chaud et au froid entre ‘kawaiisme’ et agressivité exacerbée. Ce survoltage vocal et musical est cependant tout à fait contrôlé car le chant de KAF défile au millimètre accompagné d’une composition musicale électro particulièrement aiguisée et efficace.