let it vanish under the sun

Sur la série de photographies ci-dessus, j’extrais de Tokyo quelques formes courbes et d’autres angulaires. La première courbe est celle du nouveau YouTube Space Tokyo près de la sortie Sud de la gare de Shibuya. La suivante vient d’une terrasse en hauteur du building Spiral de Fumihiko Maki à Aoyama. Je ne soupçonnais pas la présence d’une terrasse au 5ème étage avec un café fort agréable lorsque les températures sont douces. Au milieu de la partie intérieure du café, on y trouve un dôme qui dépasse à l’extérieur. Je ne fais que rarement le lien entre ce blog et ma page Instagram, mais j’y montre parfois des photos différentes et même de temps en temps plus intéressantes, car le format vertical obligé d’Instagram permet parfois de montrer des choses que le format horizontal ne permet que difficilement (d’autant plus avec un objectif 40mm). Dans le cas présent, la photo que je montre sur Instagram en format vertical montre également les derniers étages du building me faisant penser à une tête de robot par l’agencement des ouvertures. On ne peut pas voir cette partie du building depuis la rue. En parlant d’Instagram, j’y ai maintenant plus de Followers que sur ce blog, car j’atteints de justesse les 400, ce qui ne veut pas dire grand chose j’en conviens. Je ne publie pourtant pas souvent de nouvelles photos sur Instagram et je n’y vais pas non plus très régulièrement, mais le très grand avantage est que les personnes que je suis sur Instagram, étant principalement des amateurs d’architecture, me donnent des idées sur les buildings à voir. Nous descendons ensuite sous terre dans la station de métro Fukutoshin conçue par Tadao Ando. J’ai souvent montré ces formes elliptiques mais je ne me lasse jamais de lsaisir en photo. Les deux dernières photographies sont prises à Roppongi 1-Chōme et Akasaka. Le toit biseauté angulaire d’une des entrées de la tour Roppongi Grand Tower a une forme étrange qui donne l’impression d’être déséquilibrée. J’aime beaucoup les angles de la dernière photographie. Il s’agit de la salle de concert Blitz Akasaka qui a malheureusement fermé ses portes en Septembre 2020. Le concert de Tokyo de la tournée Spa & Treatment de Tokyo Jihen s’y été déroulé en 2007. J’avais assisté à quelques concerts dans cette salle, il y a très longtemps.

Je parlais il y a plusieurs semaines de l’album de rock indé Before Sunrise (夜明け前) de la compositrice et interprète Nana Yamato. En lisant la page bio de l’album sur Bandcamp, il était mentionné qu’elle avait pour habitude d’aller quotidiennement au magasin de disques Big Love Records à Harajuku pour y découvrir les dernières sorties indie rock. Plus spécifiquement, le groupe danois Iceage semble avoir été un déclencheur de sa carrière d’artiste musicale. La musique de Nana Yamato n’a pas grand chose de similaire à la musique de Iceage mais cette anecdote a eu le mérite de me rappeler qu’il fallait que je jette une oreille curieuse à l’univers musical de Iceage. En fait, je connais ce groupe de nom depuis longtemps car tous les albums du groupe ont reçu d’excellentes revues sur Pitchfork et leur dernier album Seek Shelter vient de sortir. Je n’ai pas encore écouté ce dernier album car je préfère commencer par celui d’avant, Beyondness sorti en 2018, tout simplement car je suis plus attiré par l’image de couverture. Je suis également attiré par le fait qu’il y ait un morceau en duo avec Sky Ferreira, intitulé Pain Killer. De Sky Ferreira, j’ai toujours en tête le duo au chant avec Zachary Cole Smith sur le morceau Blue Boredom (Sky’s Song) du deuxième album de DIIV. Sky Ferreira était la compagne du chanteur de DIIV à cette époque là. Iceage a démarré sur ses deux premiers albums sous une influence punk, mais leur univers musical s’est diversifié et a pris de l’ampleur en incluant des cordes et des cuivres. La composition musicale est précise et impeccable mais c’est la voix tendue et incontrôlable de Elias Rønnenfelt qui attire énormément. Même s’il ne force pas sa voix sur la plupart des morceaux, la tension est palpable comme une douleur qu’il essaie d’évacuer. Le troisième morceau Under the sun est un des nombreux sommets de l’album. Son chant lent accentue chaque mot et les guitares viennent appuyer cette accentuation vocale. Il y a quelque chose de brut réminiscent des débuts punk du groupe mais avec une très grande élégance. La vidéo du morceau tournée à Tokyo où le groupe est entouré de fleurs aux couleurs saturées démontre bien cela et donne un côté gothique à la musique du groupe. L’installation florale s’intitule Crazy Garden et est l’oeuvre de l’artiste Makoto Azuma, dont j’avais d’ailleurs déjà parlé pour ses bonsaïs en bocal sur Cat Street. Comme je le dis très souvent, j’aime beaucoup quand mes sujets d’interêt se rejoignent d’une manière ou d’une autre. L’ensemble de l’album est excellent avec quelques cimes comme par exemple le sixième morceau Catch it. Pour les amateurs de sons rock alternatif, il me semble difficile de passer à côté d’un tel album d’autant plus qu’il se révèle un peu plus à chaque écoute. Plutôt que d’écouter Seek Shelter, je ne sais pour quelle raison je préfère continuer avec l’album sorti avant Beyondness. Plowing in the Field of Love est sorti en 2014. Il est tout de suite plus difficile d’approche que Beyondness, car la voix d’Elias Rønnenfelt y est beaucoup plus brute et mouvante. Le premier morceau m’a d’abord surpris par sa manière de chanter comme un électron libre. On retrouve bien cette même manière de chanter sur Beyondness, mais c’est beaucoup moins cadré sur Plowing in the Field of Love. A vrai dire, il s’opère une sorte d’addiction au fur et à mesure qu’on évolue dans l’écoute de l’album, avec des morceaux comme Let it vanish par exemple. Il y a une intensité et une authenticité que j’aime beaucoup. Après avoir écouté cet album, l’idée me revient d’écouter Tostaky et quelques morceaux Live de Dies Irae: La chaleur, A l’arrière des taxis, Le fleuve… Je réécoute souvent les morceaux de Tostaky pour me souvenir de mon adolescence française mais je n’avais pas écouté ces morceaux de Dies Irae depuis plus de 20 ans car le double album doit être resté parmi les trop nombreux CDs que je n’ai pas encore ramené de France.

岡タコ黒18年Flash&Play

Made in Tokyo a maintenant 18 ans. Sa date d’anniversaire est le 22 Mai même si le site web a démarré quelques années auparavant en 1998, un peu avant que je mette les pieds au Japon. J’oublie en général cette date d’anniversaire mais c’est peut-être le fait que ce blog ait atteint la majorité qui me fait m’en souvenir. Je n’ai pas l’intention de faire de bilan de ces 18 années écoulées car je ne serais pas par où commencer et je le fais en fait déjà petit à petit sur ma page « À propos« . Il faudrait d’ailleurs que je mette cette page à jour car je n’y aie pas touché depuis deux ans. Je n’ai pas non plus changé la mise en page générale du blog depuis très longtemps, 4 ans en fait. J’ai fait plusieurs tentatives non concluantes et j’ai bien peur de ne jamais trouver de thème WordPress qui me convienne. J’ai également perdu un peu la main sur les modifications des fichiers CSS, ce qui rend tout changement de fond un peu plus compliqué. En fait, je ne fais pas de bilan car j’aime plutôt, au fur et à mesure, faire des liens vers des billets passés. Je me dis que le fait de parler sans cesse de billets précédents doit être un peu agaçant pour le visiteur, mais je le fais aussi pour maintenir en vie la totalité de ce blog, qui ressemble de manière imagée à un réseau de neurones. Faire un lien sur un ancien billet depuis un billet récent vient en quelque sorte irriguer les parties les plus profondes du blog et les faire sortir de l’oubli. J’ai toujours imaginé ce blog comme un complément mémoire. Il n’est pas indispensable mais bien pratique pour se souvenir de certaines choses et certains endroits où nous sommes allés dans le passé. Il n’est pas rare que je fasse une recherche sur ce blog pour me souvenir d’événements passés que j’avais parfois complètement oublié. Ce blog est également pour moi une occasion d’écrire en français, et c’est peut être bien avant tout la raison pour laquelle je ressens le besoin de continuer.

Je n’ai pas encore parlé du Blu-ray du concert News Flash de Tokyo Jihen que j’ai acheté à sa sortie au Tower Records de Shibuya. Je ne vais pas m’étendre sur le contenu car je l’avais déjà évoqué en longueur au moment de la diffusion en streaming l’année dernière. C’était évidemment un plaisir renouvelé de revoir ce concert avec la qualité du Blu-ray en plus. La principale différence vient de la qualité sonore qui est excellente sur le Blu-ray par rapport à la version streaming que je connaissais. Voir ce concert avait enclenché mon envie de voir tous les concerts de Tokyo Jihen les uns après les autres et de les commenter ici. Il est difficile et pas forcément nécessaire de faire un classement mais Ultra C et Dynamite Out restent mes préférés. Ce dernier News Flash est tout de même à mon avis dans le peloton de tête, même s’il n’y avait pas de public dans la salle. Des morceaux comme OSCA fonctionnent mieux quand il y a une foule qui réagit. Je ne me souvenais plus que ce morceau, qui demande beaucoup l’énergie, se trouvait vers la fin du concert. Je me souvenais pas contre très bien que la performance était impeccable. Au milieu du concert, Superstar est le plus beau morceau qu’ils interprètent et il m’a même donné les larmes aux yeux tout seul devant mon écran. Allez savoir pourquoi. Senkō Shōjo est le morceau le plus épuisant du concert pour Kameda, ce qui est assez amusant car c’est lui-même qui en a écrit la musique. Ce concert me rappelle aussi que Hata Toshiki est fantastique à la batterie. Je me le dis à chaque fois, mais cette impression est plus présente lors de ce concert. Son jeu est extrêmement sophistiqué et j’aime beaucoup le voir souffrir avec le sourire quand Sheena le regarde. Le seul bémol à mentionner est la vue supplémentaire donnée pour certains morceaux sous le format Academic view. Il s’agit d’une vue fixe comme si on était au milieu de la salle. Je trouve l’image de qualité moyenne et cette vue ne remplace en rien les caméras rapprochées de la version filmée originale. J’aurais préféré qu’ils ajoutent des images backstage ou des préparatifs, comme le groupe l’a souvent fait sur des DVDs précédents plutôt que cette vue académique très dispensable. On peut également regretter que la couverture du DVD/Blu-ray soit aussi ressemblante à celle du EP News de 2020. Le détail amusant tout de même est l’heure mentionné sur la photo de couverture. Il est 20:20 sur le EP News, et le DVD/Blu-ray démarre une minute après à 20:21, ce qui correspond bien entendu aux années de sortie. Il n’empêche que le concert est excellent et me pousse à relire mes commentaires passés en le revoyant maintenant.

De tous les DVDs et Blu-ray officiels des concerts de Tokyo Jihen, Chin Play Kō Play (珍プレー好プレー) est le seul qu’il me restait à mentionner ici. Je l’ai dans ma collection depuis de nombreux mois mais je voulais le voir en dernier car il s’agit d’une compilation de concerts. Chin Play Kō Play est sorti le 29 Août 2012, en même temps que la compilation de B-side Shin’ya Waku (深夜枠). C’était l’année de la dissolution du groupe. Chin Play Kō Play est une compilation live tentant de réunir les meilleurs moments des concerts de Tokyo Jihen, de la formation en phase 1 en 2004 jusqu’au dernier concert de la tournée Bon Voyage le 29 Février 2012. Elle compile 3 ou 4 morceaux par concerts et inclut également des versions écourtées de morceaux joués lors de festivals comme le Rising Sun Rock Festival à Ezo (Hokkaido), le Fuji Rock Festival à Naeba, les concerts Countdown avant le passage à la nouvelle année dans l’immense hall de Makuhari à Chiba, ou encore le festival EMI Rocks au Saitama Super Arena. C’est une idée étrange que de donner seulement des extraits des morceaux joués dans les festivals, mais je remarque que les morceaux sont pratiquement joués en entier au fur et à mesure qu’on avance dans la playlist du DVD. Je connaissais quelques morceaux pour les avoir déjà entendu sur YouTube ou sur une autre plateforme vidéo, comme ceux interprétés sur le deuxième volume des concerts Society of the Citizens, invitant plusieurs autres groupes. La plupart des morceaux en festivals étaient tout de même nouveaux pour moi, et c’est très intéressant de voir le groupe évoluer dans un environnement un peu différent des concerts qui leur sont uniquement dédiés. Il y a pas de différence vraiment notable dans la qualité des interprétations mais je n’ai pas vraiment noté de morceau qui était meilleur en festivals par rapport à leur version en concert. J’aime quand même beaucoup l’interprétation du morceau Gaman lors de Countdown Japan 09/10 le 30 Décembre 2009.

La partie principale de Chin Play Kō Play se concentre sur les 7 tournées officielles de Tokyo Jihen dont 6 sont sortis en DVD/Blu-ray. Il s’agit des tournées Dynamite en 2005, Domestic! Just Can’t Help It! en 2006, Spa & Treatment en 2007, Ultra C en 2010, Discovery en 2011 et Bon Voyage en 2012. J’en ai déjà parlé assez longuement dans des billets séparés. La nouveauté, si on peut dire, sur Chin Play Kō Play, c’est qu’il comprend également un ancien concert jamais édité en DVD, Domestic! Virgin Line, qui s’est déroulé en Février 2006, quelques mois seulement avant la tournée suivante Just Can’t Help It! Il y avait seulement deux dates pour cette tournée, le 19 Février à Tokyo au Nippon Bundokan et le 21 Février au Osaka-jō Hall. Une partie du concert au Nippon Budokan était diffusé sur Fuji TV. Un des objectifs du concert était de présenter Ukigumo et Izawa Ichiyō, qui venaient remplacer respectivement Hirama Mikio et H Zett M. Sheena Ringo connaissait déjà Ukigumo de longue date et Ie nom d’Izawa avait été proposé par H Zett M pour son propre remplacement. C’était en quelque sorte un concert de chauffe venant tester l’accueil du public. Quatre morceaux de Domestic! Virgin Line sont inclus sur Chin Play Kō Play, à savoir Sōretsu, Kyogenshō, Bokoku Jōcho et Rakujitsu. Sōretsu est une reprise du morceau du 3ème album Kalk Samen Kuri no Hana (加爾基 精液 栗ノ花) de Sheena Ringo. Son interprétation est sombre et touchante. Le morceau se termine par un chœur de voix d’enfants, ceux du Suginami Junior Chorus (杉並児童合唱団). Le fait que le morceau soit très sombre est compensé par les oreilles de lapin portées par les enfants qui donnent une petite touche décalée. Kyogenshō est également un morceau repris de la carrière solo de Sheena, car il est présent sur Shōso Strip. Les interprétations de Bokoku Jōcho et Rakujitsu sont amusante pour la première et très belle pour la deuxième, mais n’arrivent pas à la hauteur de l’émotion qui se dégage de Sōretsu. Ce morceau n’est pas inédit, par rapport aux trois autres, car on le trouvait déjà dans cette émission de Fuji TV qui reprenait seulement une partie des morceaux du concert entier. Il vaut en tout cas le détour. C’est dommage d’ailleurs que ce concert n’existe pas en entier en DVD, car les morceaux qu’on peut entendre et voir dans cette émission de Fuji TV sont pour la plupart excellents. Je note notamment Kabuki car Ukigumo y fait son show en solo guitare comme s’il avait quelque chose à prouver pour ses débuts dans le groupe, la mise en scène sur Service, Keshō Naoshi car on y trouve des percussions supplémentaires accompagnant Hata Toshiki et les nombreuses variations de guitare, parfois subtiles, introduites sur les morceaux.

On peut trouver cette émission en entier quelque part sur internet mais la qualité visuelle et sonore de la version que j’ai vu était assez moyenne. Les morceaux de cette tournée présents sur Chin Play Kō Play sont de bien meilleure qualité. L’émission de Fuji TV est également entrecoupée d’interviews des membres du groupe évoquant leur entrée dans Tokyo Jihen, leurs impressions sur les autres membres du groupe. Je retiens ce petit passage qui m’a amusé où Ukigumo évoque la manière de chanter de Sheena:

あんな人いないですようね、他に。なんか、何でも出来るし、全部本気で出来てるみたいな、ね。。。ニャーニャー声からロッカーな声から、オペラみたいな声からエレベーターの女の人みたいな声出すし。。。

Il n’y a personne d’autre comme elle. Elle arrive à tout faire, toujours très sérieusement, du miaulement de chat à la voix de rocker, de la voix d’opéra à celle des hôtesses d’ascenseurs…

Il y a également des scènes montrant les répétitions, toujours très instructives pour comprendre comment le groupe fonctionne. Sheena semblait avoir une parole forte à cette période, certainement car le groupe démarrait sous cette nouvelle formation Phase 2. J’espère qu’on aura l’occasion un jour de voir cette émission dans un format de bonne qualité.

Pour revenir au DVD Chin Play Kō Play, il s’avère une bonne porte d’entrée vers le monde de Tokyo Jihen pour ceux qui n’auraient pas encore vu leurs concerts en vidéo. Je trouve la sélection très bonne, même s’il y a bien sûr de nombreux manques. On y trouve par exemple la superbe reprise de Misora Hibari, Kurumaya-san sur Dynamite Out, la beauté neigeuse de Yukiguni sur Just Can’t Help It!, le sourire de Sheena sur le morceau Himitsu du concert Discovery lorsque Ukigumo se trouve en haut d’escaliers illuminés en son honneur, la puissance viscérale des interprétations d’Ultra C ou encore le grandiose d’un morceau comme Atarashii bunmeikaika dans le Nippon Budokan sur la tournée Bon Voyage. Voir ces bouts de concerts sur Chin Play Kō Play me donne maintenant envie des les re-regarder en entier les uns après les autres. Mais il faudra d’abord que je regarde les quelques concerts solo de sheena Ringo qu’il me reste dans ma liste.

Pour référence, ci-dessous est la liste des morceaux présents sur la compilation live Chin Play Kō Play:

Dynamite! (9 Février 2005 – Nagoya Century Hall)
1. Ringo no Uta (りんごのうた) du 1er album Kyōiku (教育)
2. Kurumaya-san (車屋さん), reprise du morceau de Misora Hibari sorti en Avril 1961 sur le double single Hibari no Dodonpa/Kurumaya-san (ひばりのドドンパ/車屋さん), également présent sur le DVD Tokyo Incidents Vol. 1
3. Koi no Urikomi (恋の売り込み), reprise du morceau I’m Gonna Knock on Your Door de The Isley Brothers

Domestic! Virgin Line (19 Février 2006 – Nippon Budokan)
4. Sōretsu (葬列) du 3ème album Kalk Samen Kuri no Hana (加爾基 精液 栗ノ花) de Sheena Ringo
5. Kyogenshō (虚言症), de l’album Shōso Strip (勝訴ストリップ)
6. Bokoku Jōcho (母国情緒) du 1er album Kyōiku (教育)
7. Rakujitsu (落日), présent en B-side du single Shuraba (修羅場)

Domestic! Just Can’t Help It!(26 Mai 2006 – NHK Hall)
8. Yukiguni (雪国) du 2ème album Adult (大人)
9. Dynamite (ダイナマイト), reprise du morceau de Brenda Lee et présent en B-side sur le single Sōnan (遭難)
10. Kenka Jōtō (喧嘩上等) du 2ème album Adult (大人)

Spa & Treatment(21 Novembre 2007 – Zepp Tokyo)
11. Kingyo no Hako (金魚の箱), du 3ème album Variety (娯楽)
12. Shiseikatsu (私生活), du 3ème album Variety (娯楽)
13. Kuronekodō (黒猫道), du 3ème album Variety (娯楽)

Ultra C(12 Mai 2010 – Tokyo International Forum)
14. Denpa tsūshin (電波通信) du 4ème album Sports (スポーツ)
15. Ikiru (生きる) du 4ème album Sports (スポーツ)
16. Noriki (乗り気) du 4ème album Sports (スポーツ)

Discovery(7 Décembre 2011 – Tokyo International Forum)
17. Sora ga Natteiru (空が鳴っている) du 5ème album Daihakken (大発見)
18. Himitsu (秘密) du 2ème album Adult (大人/アダルト)
19. Konya ha Kara Sawagi (今夜はから騒ぎ) du mini-album Colors

Domestique Bon Voyage(29 Février 2012 – Nippon Budokan)
20. Atarashii bunmeikaika (新しい文明開化) du 5ème album Daihakken (大発見)
21. Nōdōteki Sanpunkan (能動的三分間) du 4ème album Sports (スポーツ)
22. Gunjō Biyori (群青日和) du 1er album Kyōiku (教育)

0724YAMABIKARI(24 Juillet 2004 – Kobe Live House Chicken George)
23. Sono Onna Fushidara ni Tsuki (その淑女ふしだらにつき), reprise du morceau The Lady Is a Tramp écrit et composé par Lorenz Hart et Richard Rodgers, présent en B-side du single Gunjō Biyori (群青日和)

FM802 Meet the World Beat 2004 (25 Juillet 2004/Osaka Expo ’70 Commemorative Park Momijigawa Lawn Plaza)
24. Omatsuri Sawagi (御祭騒ぎ) du 1er album Kyōiku (教育)

Fuji Rock Festival ’04(30 Juillet 2004 – Niigata Yuzawa Naeba Ski Resort)
25. Sōnan (遭難) du 1er album Kyōiku (教育)

Countdown Japan 06/07(30 Décembre 2006 – Makuhari Messe Event Hall)
26. Oiran (花魁) de l’album Heisei Fūzoku (平成風俗) de Sheena Ringo
27. Blackout (ブラックアウト) du 2ème album Adult (大人)

Rising Sun Rock Festival 2008 in Ezo(15 Août 2008 – Hokkaido Ishikari)
28. Senkō shōjo (閃光少女) du 4ème album Sports (スポーツ)

Society of the Citizens Vol. 2(24 Août 2008 – Tokyo Dome City Hall)
29. BB.QUEEN, présent en B-side du single Killer Tune (キラーチューン)
30. Mirrorball (ミラーボール), du 3ème album Variety (娯楽)

Countdown Japan 09/10 (30 Décembre 2009 – Makuhari Messe Event Hall)
31. Gaman (我慢), b-side du single Nōdōteki Sanpunkan (能動的三分間)
32. Ariamaru Tomi (ありあまる富), du 6ème album studio de Sheena Ringo Hi Izuru Tokoro (日出処)

EMI Rocks 2010(6 Novembre 2010 – Saitama Super Arena)
33. Tengoku he Yōkoso (天国へようこそ) du 5ème album Daihakken (大発見)
34. Tōmei Ningen (透明人間), du 2ème album Adult (大人)

EMI Rocks 2012(19 Février 2012 – Saitama Super Arena)
35. sa_i_ta, du mini-album Colors
36. Killer Tune (キラーチューン) du 3ème album Variety (娯楽/バラエティ)

幕の内サディスティック
37. Marunouchi Sadistic (丸ノ内サディスティック), collage du morceau repris de plusieurs concerts

アルキミュージック

Les photographies orientées Architecture de ce billet ont été prises dans des lieux divers et n’ont pas vraiment de liens entre elles. Enfin si, on peut les grouper par deux. Les deux premières photographies prises à Aoyama se concentrent sur le motif et la forme des vitrages. Les deux suivantes ont été prises à Funamachi, quartier proche d’Arakichō dont je parlais récemment. Je suis persuadé d’avoir déjà vu cette maison individuelle blanche dans un magazine d’architecture mais je n’en retrouve malheureusement pas la trace. J’enverrais peut être une bouteille à la mer sur Instagram au cas où quelqu’un reconnaîtrait ce bâtiment, mais il arrive souvent que je retrouve moi-même l’architecte avant qu’on ne me l’indique ou que mes bouteilles se perde en pleine mer pour aboutir au point Nemo. Les deux maisons se trouvant derrière ont également des formes intéressantes, mais la légèreté blanche de la première m’intrigue et m’intéresse beaucoup plus. Sur les deux dernières photographies, je reviens à vélo de Yotsuya vers Shinanomachi. Dans la courbe de l’autoroute intra-muros, un temple s’est installé à l’abris des regards. On ne le devine pas de l’avenue principale et sa découverte était inattendue. La dernière photographie montre la gare JR de Shinanomachi conçue par l’architecte Shinichi Okada. La gigantesque colonne donnant sur l’avenue au coin du building est impressionnante. Je n’ai pas pu la prendre en entier au format horizontal, car je n’avais malheureusement pas assez de recul. Je n’ai pas insisté car ça me donnera l’occasion d’y revenir un peu plus tard.

Tokyo Jihen nous annonce par un petit email envoyé à 4h du matin par l’intermédiaire du fan club Ringohan que le nouvel album que l’on attend impatiemment arrivera plus vite que prévu. Je pensais qu’il sortirait pendant l’été 2021, mais on apprend avec joie qu’il est déjà terminé et qu’il sortira le 9 Juin 2021. Le nouvel et premier album complet depuis la reformation du groupe le 1er Janvier 2020 s’intitulera tout simplement Music (ミュージック) mais s’écrira en kanji 音楽 (Ongaku, c’est à dire musique). Ce n’est pas inhabituel qu’un album de Tokyo Jihen ait un titre en kanji et en anglais écrit en katakana. C’était le cas notamment de Adult (大人) et de Variety (娯楽). On sait que chaque album prend pour nom un type de chaine de télévision: Discovery, News, Education, Adult, Sports, Variety et Color Bars reprenant l’image de la mire de télévision. Le nouvel album prend donc le nom d’une hypothétique chaine télévisée musicale. Si on ne tient pas compte des mini-albums News et Color Bars, c’est le premier album complet de Tokyo Jihen depuis Daihakken sorti il y a exactement 10 ans en Juin 2011. On sait que l’album comprendra 13 morceaux et qu’on en connait déjà 5 sortis en singles (Inochi no Tobari, Ao no ID, Yaminaru Shiro et Ryokushu) ou maxi-single (Aka no Dōmei). Il y a donc 8 nouveaux morceaux qui nous attendent. On apprend aussi que le groupe travaille sur cet album depuis deux ans, c’est à dire qu’ils ont commencé à écrire les morceaux avant la reformation du groupe. Alors que toutes les paroles des morceaux sont écrites par Sheena Ringo, la composition est par contre distribuée entre les membres du groupe, sauf Toshiki Hata sans surprise. Sans surprise non plus, Ichiyō Izawa est la force créative de cet album car il en compose exactement la moitié, c’est à dire 6.5 morceaux, suivi par Sheena qui compose 2.5 morceaux puis Ukigumo et Kameda avec 2 morceaux chacun. Je ne suis pas surpris de cette distribution car la quasi totalité des singles déjà sortis sont composés par Izawa. Sans surprise également, on retrouve une symétrie parfaite dans les titres et leurs emplacements dans la playlist. C’est le cas par exemple des titres composés de plusieurs mots reliés avec un “no” (の). Il y aura une version limitée première presse qui contiendra en plus du CD, le maxi-single Aka no Dōmei (赤の同盟) déjà sorti l’année dernière seulement en digital et un livret de 40 pages intitulé Shigotochū (仕事中) qui devrait montrer des photos du groupe en plein travail. La photo utilisée pour la couverture de l’album, montrant une table de mixage, le laisse en tout cas penser. C’est cette version limitée que je viens de commander sur Tower Records. J’étais également très surpris par la photographie promotionnelle montrant le groupe sur le toit du Sky Building No. 3 (ou New Sky Building). On l’appelle également encore GUNKAN Higashi Shinjuku car il ressemble à un cuirassé. Ce building brutaliste de béton fut conçu par Yōji Watanabe en 1970 en suivant l’inspiration du mouvement architectural des Métabolistes. Je suis allé le voir de près il y a 14 ans en Juin 2007, et il était en mauvais état. Ça avait été une expérience assez marquante car l’immeuble est tout simplement unique. Il a été rénové depuis et les peintures verdâtres recouvrant les blocs d’habitation sur les façades ne sont pas du meilleur goût. Je me souviens avoir vu des photos de l’intérieur, qui semblait lugubre, mais les appartements ont apparemment été complètement rénovés. Le toit sur lequel la photographie de Tokyo Jihen a été prise n’est pas accessible au public (du moins c’était le cas à l’époque où j’y suis allé). En regardant cette photo, j’apprécie le contraste entre la massivité de la tête du building et légèreté apparente du groupe. Je parle de la légèreté des tenues et une certaine légèreté humoristique dans le fait qu’ils sont tous affublés d’un instrument à vent n’ayant pas grand chose à voir avec leurs instruments de prédilection. Le sens de tout ça m’échappe, mais j’y vois quand même une image de paix où la musique vient envahir les vieux navires. En tout cas, je garde en tête que cette photo vient faire un lien bienvenu entre deux des sujets principaux de Made in Tokyo, l’architecture tokyoïte et la musique de Sheena Ringo et Tokyo Jihen.

La liste des morceaux annoncés pour le nouvel album Music (音楽) est la suivante:

1. 孔雀 (Kujaku) (Paroles: Sheena Ringo, Composition: Ukigumo, Sheena Ringo)

2. 毒味 (Dokumi) (Paroles: Sheena Ringo, Composition: Kameda Seiji)

3. 紫電 (Shiden) (Paroles: Sheena Ringo, Composition: Izawa Ichiyō)

4. 命の帳 (Inochi no Tobari) (Paroles: Sheena Ringo, Composition: Izawa Ichiyō)
5. 黄金比 (Kōgonhi) (Paroles: Sheena Ringo, Composition: Ukigumo)

6. 青のID (Ao no ID) (Paroles & Composition: Sheena Ringo)
7. 闇なる白 (Yaminaru Shiro) (Paroles: Sheena Ringo, Composition: Izawa Ichiyō)
8. 赤の同盟 (Aka no Dōmei) (Paroles: Sheena Ringo, Composition: Izawa Ichiyō)
9. 銀河民 (Gingamin) (Paroles: Sheena Ringo, Composition: Ukigumo, Izawa Ichiyō)
10. 獣の理 (Kemono no Kotowari) (Paroles: Sheena Ringo, Composition: Kameda Seiji)
11. 緑酒 (Ryokushu) (Paroles: Sheena Ringo, Composition: Izawa Ichiyō)
12. 薬漬 (Kusurizuke) (Paroles: Sheena Ringo, Composition: Izawa Ichiyō)

13. 一服 (Ippuku) (Paroles & Composition: Sheena Ringo)

Les formes du bâtiment de la gare JR Shinanomachi sur la dernière photographie me rappellent l’image ci-dessus présente dans la bibliothèque Radiohead Public Library. Cette image d’architecture de l’époque de l’album In Rainbows attire tout de suite mon attention pour sa symétrie et son traitement en noir et blanc, et j’ai envie de l’associer aux blocs ascendants de la gare de Shinanomachi. Je connais cette librairie d’archives du groupe Radiohead depuis un petit moment, mais ne sachant pas par où commencer, je ne l’avais jamais vraiment exploré. Je me rends compte maintenant que l’on peut y voir des concerts entiers comme celui de Coachella le 14 Avril 2012 que je me suis mis à regarder en le choisissant au hasard. Ce concert se place chronologiquement après la sortie de The King of Limbs et de son album de remixes TKOL RMX 1234567 sortis respectivement en Février et en Septembre 2011. Je ne suis pas certain d’avoir déjà vu en vidéo un concert entier de Radiohead, seulement des extraits. Voir ce concert me rappelle à certains morceaux du groupe que j’avais un peu oublié mais qui me reviennent immédiatement dès les premières secondes d’écoute. Les interprétations sur scène sont plutôt fidèles aux versions des albums, mais c’est surtout la présence de Thom Yorke qui impressionne. Il se laisse complètement emporté dans son interprétation et envahit la scène avec des danses qui semblent improvisées. Sa manière de danser atypique ressemble même à un combat. Entre les morceaux, Thom laisse s’échapper quelques petites phrases et commentaires pince sans rire. Par exemple, en réponse à quelques personnes dans la foule qui lui crient leur amour, il nous dit « I love you then… Possibly not quite as you hope ». Au sujet d’un nouveau morceau que le groupe interprète pendant ce concert, il nous dit « We play new songs to be sure we are still alive… We are in fact still alive ». Il me semble qu’il y a de nombreux concerts disponibles en streaming gratuit dans la librairie d’archives web du groupe. Je vais piocher par ci par là, pour me replonger dans l’univers de Radiohead, ce qui est pour moi un exercice récurrent. Et puis, je prends un malin plaisir à parler volontairement de Radiohead sur un billet évoquant Tokyo Jihen, car Sheena Ringo a déjà fait des reprises de Radiohead en particulier Creep dans un des ses premiers concerts, puis elle était signée chez EMI tout comme Radiohead, et également parce que j’avais déjà parlé auparavant des deux groupes dans un seul billet abordant le souci donné au livret et au packaging accompagnant le CD d’un album. J’adore tout particulièrement la direction artistique des albums de Radiohead et en particulier celle de l’album The King of Limbs.

Aoyama & Spa

Sur les deux premières photographies du billet, on aperçoit en partie l’immeuble Prada dessiné par Herzog & De Meuron. C’est un landmark distingué du quartier et il n’a pas pris une ride même s’il a maintenant presque 20 ans. Il a été construit en 2003, pour être précis. Je passe assez régulièrement devant, sans le prendre en photo car il représente tellement l’évidence photographique que j’ai l’impression que ça ne m’apportera rien de le photographier une nouvelle fois. En passant devant le building voisin désormais occupé par Audi, l’envie me vient tout de même de le saisir en composition avec cet autre building. L’immeuble Prada a, en lui-même, tellement d’attrait qu’on ne pense pas forcément à l’inscrire, en photo, dans son environnement urbain. Un peu plus loin dans la même rue, je passe ensuite devant la boutique Comme des Garçons de Kawakubo Rei. J’aime beaucoup sa devanture en verre, courbe et oblique. L’intérieur m’intrigue toujours, pas particulièrement pour les vêtements qu’on y vend mais plutôt pour les tenues vestimentaires des vendeuses et vendeurs qui y travaillent. Ils et elles suivent tous à la lettre le style et le design à base de noir et blanc de Rei Kawakubo. Je ne pense pas qu’on les oblige, mais qu’ils et elles admirent profondément ce style vestimentaire. Ce style qui refuse les couleurs n’est pas chose rare à Tokyo et m’intéresse visuellement car il y a quelque chose d’assez fort qui s’en dégage. Personnellement, j’aurais par contre du mal à le suivre religieusement tous les jours. J’admire cette dedication à un genre sans en dévier. Je vois aussi un style un peu similaire chez Yohji Yamamoto, bien que plus masculin. J’aime personnellement beaucoup Y3, le croisement de la marque avec Adidas, mais les prix me font attendre les soldes, tout en hésitant encore. Un peu plus loin dans le quartier d’Aoyama, dans les rues à l’arrière où personne ne va, je découvre un autre endroit qui m‘intrigue. Je me laisse facilement intriguer dans les rues de Tokyo, ce qui fait que je ne me lasse pas encore de photographier cette ville. Il s’agit d’un étroit building de quelques étages, en béton sans ouvertures à part une porte d’acier accessible grâce à un petit escalier. Ce building à Minami Aoyama se nomme CAP, du nom du collectif artistique qui l’occupe. Une galerie appelée Rocket se trouve au sous-sol. Elle est surnommée « Gallery of the Night » en raison de son manque d’ouverture vers l’extérieur. Je ne sais pas si elle était ouverte à mon passage mais si la porte reste en permanence fermée, il doit être très difficile d’y pénétrer sans avoir l’impression désagréable de gêner. Toujours est-il que ce genre d’architecture de béton sans compromis attire mon œil photographique. Ce petit immeuble était par contre difficile à saisir dans son intégralité depuis la petite rue qui le dessert.

J’essaie de passer le moins de temps possible sur Twitter car je trouve ce réseau social en grande partie nocif, mais j’y trouve parfois des petites choses interessantes qui me font sourire et qui me donnent tout de même envie d’y revenir de temps en temps. A vrai dire, je ne tombe pas directement sur le tweet ci-dessous d’Utada Hikaru datant d’il y a plus de dix ans, mais à travers d’autres liens internet qui m’y amènent. L’anecdote et réflexion d’Utada sur son nom est assez amusante.

Le passe-temps de ma mère était apparemment de me trouver des prénoms qui auraient pu être « Ichigo » (fraise) ou « Melon » ou « Suika » (pastèque). Je suis bien contente qu’elle m’ait choisi le prénom « Hikaru ». Pourquoi est ce que Sheena Ringo sonne cool alors que Utada Suika sonnerait vraiment très ringard?

Tout est question d’habitude et on aurait très bien pu s’habituer à Utada Suika, sans que ça impacte vraiment sa carrière. Ce côté décalé aurait d’ailleurs plutôt bien collé à sa personnalité plutôt atypique. Il suffit de voir à ce propos son compte Instagram qui montre principalement une collection d’objets trouvés dans les rues de Londres (où elle habite toujours à ma connaissance) ou ailleurs. C’est plutôt inhabituel pour une star de sa renommée mais ça me rassure aussi de voir qu’elle suive ainsi ses passions les plus inattendues et anecdotiques sans vraiment se soucier de ce qu’on peut en penser. Elle avait d’ailleurs participé à l’émission Matsuko no Shiranai Sekai (マツコの知らない世界) pour présenter cette passion sous les yeux particulièrement étonnés de Matsuko Deluxe, qui a pourtant vu passer beaucoup de personnes particulières dans son émission. Nous regardons d’ailleurs cette émission très régulièrement et j’aurais très certainement l’occasion d’en reparler plus tard.

Pour revenir à ce commentaire d’Utada Hikaru évoquant Sheena Ringo, la vidéo de leur dernier morceau en duo, Roman to Soroban (浪漫と算盤) me revient en tête. C’est intéressant comme les crédits à la fin de cette vidéo viennent justement brouiller les pistes sur l’appellation de Sheena Ringo. On sait que son nom réel est Shiina Yumiko, Shiina étant son nom de famille et Yumiko étant son prénom changé dès le début de sa carrière en Ringo. La transformation de son nom de Shiina en Sheena (il y a eu une étape intermédiaire en Shéna) vient faire ressembler son nom de famille à un prénom (le prénom Sheena serait d’origine écossaise apparemment). La disposition des noms à la fin de la vidéo de Roman to Soroban, avec le prénom en premier pour Utada Hikaru laisse penser que le prénom de Sheena Ringo est Sheena plutôt que Ringo. C’est d’autant plus mis en évidence que le nom entier de Utada Hikaru se dit en général avec le nom de famille en premier, ce qui n’est très bizarrement pas le cas ici. Tout ceci reste tout à fait anecdotique, mais m’intrigue depuis très longtemps. Je suis donc assez content de trouver ce genre de pistes, même si je ne sais pas dans quelle mesure c’est volontaire. Enfin, j’ai bien appris que rien n’était jamais vraiment laissé au hasard chez Sheena Ringo.

Sur un thème similaire, un autre tweet m’interpelle. Il est plus récent et écrit par la compositrice interprète Ako (a子), que je suis sur Twitter depuis la sortie de son premier EP Misty Existence (潜在的MISTY), que j’avais d’ailleurs beaucoup aimé. Elle répondait par le commentaire ci-dessous sur la présence d’un de ses morceaux sur une playlist Spotify sur laquelle se trouvait également des morceaux de Sheena Ringo et Tokyo Jihen.

Quand la vie devient difficile, ça va mieux en regardant un live de Ringo san ou de Jihen.

J’ai eu exactement la même réflexion il y a quelques temps en me posant la question du pourquoi je ressentais le besoin de regarder en DVD ou Blu-ray tous ces concerts de Sheena Ringo et de Tokyo Jihen. Je pense qu’il y a un lien avec cette crise sanitaire qui nous épuise le cerveau à petit feu. J’éprouve en quelque sorte ce besoin de laisser s’échapper mon esprit dans quelque chose qui me réchauffe le cœur et le cerveau. Il n’y a bien sûr pas que des choses négatives dans cette crise, et même de nombreuses choses positives, mais l’accumulation de news anxiogènes finit par peser sur notre moral. Je pense que cette crise nous a tous obligé à trouver des échappatoires, qu’on peut poursuivre en général sans sortir de chez soi. Mais voir ces concerts en vidéo me donne énormément l’envie de refaire l’experience du live. Il faudra juste prendre son mal en patience pour une période indéterminée pour l’instant.

Je n’avais d’ailleurs pas parlé ici des concerts de Sheena Ringo et Tokyo Jihen depuis ma revue de Ringo Expo 18, peut être parce que cette dernière revue détaillée m’avait demandé beaucoup de temps et d’efforts, et que c’est forcément difficile de continuer sur ce rythme. Une petite pause était nécessaire mais l’envie de revenir vers ces concerts se faisait trop forte. La sortie du Blu-ray de la dernière tournée News Flash, que je viens d’acheter après réservation au Tower Records de Shibuya, me donne envie de revoir un nouveau concert. Je ne vais pas revoir tout de suite News Flash, mais me tourne plutôt vers un concert plus ancien de Tokyo Jihen, Spa & Treatment (スパ・アンド・トリートメント). Ce DVD couvre la tournée Tokyo Jihen live tour 2007 Spa & Treatment qui se déroulait en 14 dates dans tout le Japon du 18 Octobre au 21 Novembre 2007, juste après la sortie le 26 Septembre 2007 de Variety, le troisième album du groupe. La tournée commença à Yokohama, pour ensuite aller à Nagoya, Osaka, Fukuoka, puis Tokyo, Sendai, Sapporo et reviendra une dernière fois pour deux dates à Tokyo. La particularité de cette tournée est qu’elle se déroule dans des Live House, des salles de concerts plus petites plutôt orientées rock dans leur ambiance intérieure sombre et épurée. Il s’agissait, dans chacune des villes, des salles de concert Zepp opérées par Sony Music Entertainment Japan, sauf à Yokohama où il s’agissait du Blitz. Le Blitz de Yokohama a fermé ses portes en Octobre 2013. Il y avait également une salle Blitz à Akasaka tenue par les studios de télévision TBS juste à côté, mais elle a également fermé, en Septembre 2020. J’avais vu Sonic Youth dans cette salle de concert le 20 Février 2001, à l’époque de la sortie de A thousand Leaves que je ne connaissais pourtant qu’assez peu à ce moment là. Ou peut-être était-ce le concert du 17 Février 2003, ma mémoire me fait défaut.

Le DVD Spa & Treatment est une captation vidéo du dernier concert de la tournée, le 21 Novembre 2007, au Zepp Tokyo, mais il est sorti beaucoup plus tard le 26 Mars 2010, date qui correspond au début de la tournée suivante Ultra C couvrant le quatrième album Sports. Le DVD Spa & Treatment n’était en fait pas vendu dans le commerce mais seulement pendant la tournée Ultra C du 26 Mars au 25 Août 2010 et sur le site du fan club Ringohan. Ceci explique que ce DVD est un peu plus difficile à trouver que les autres concerts vendus dans le commerce en version neuve. Spa & Treatment est seulement disponible d’occasion à des prix parfois élevés. Je le vois régulièrement sur Mercari à 14,000 Yens. J’ai eu la chance de le trouver à un prix raisonnable de 4,500 Yens au Disk Union de Shinjuku dans une version quasi-neuve. Le prix raisonnable typique de ce DVD est plutôt aux alentours de 6,500 Yens, ce qui est plus élevé que le prix de vente de l’époque (3,800 Yens). Shinjuku est décidément le meilleur endroit pour trouver des CD/DVD ou Blu-ray de SR/TJ.

Tous les titres de l’album Variety (娯楽) sont interprétés sur Spa & Treatment, ainsi que quelques B-sides des singles de cet album et quelques morceaux seulement des deux premiers albums de Tokyo Jihen à savoir Kyōiku (教育) et Adult (大人). Il n’y a pas de reprise de morceaux sur cette tournée à part Marunouchi Sadistic de la carrière solo de Sheena Ringo. La tournée est vraiment concentrée sur l’album Variety, qui reste l’album le moins populaire du groupe. Sur le dernier sondage du fan club Ringohan, l’album Variety se trouvait en dernière position des albums préférés du groupe (sans compter les mini-albums comme Color Bars ou News, et les compilations). En ce qui me concerne, j’aime cet album même s’il n’est pas très consistant, notamment parce qu’il contient des morceaux qui sont clés dans la discographie du groupe comme OSCA ou Killer Tune, que j’avais beaucoup apprécié à sa sortie notamment pour sa vidéo. Il y a bien entendu sur ce DVD de nombreux morceaux qui ne sont présents sur aucun autre DVD ou Blu-ray de concerts, ce qui le rend forcément indispensable.

Le concert commence par le morceau Fukushū à l’ambiance très rock. Sheena y chante en anglais en poussant et exagérant sa voix, jusqu’à l’excellente partie solo à la guitare de Ukigumo qui termine le morceau en larsen. Le morceau s’enchaîne directement avec Sake to Geko dans une ambiance rouge sur scène, mais les couleurs sont changeantes. Sur ce morceau, c’est plutôt le piano d’Ichiyō Izawa qui est mis en avant. La voix de Sheena se fait aussi changeante en prenant parfois cet air ressemblant au kabuki. L’ambiance générale est très sombre comme dans un concert de rock underground, mais les tenues de scène en satin beige contrastent assez franchement avec cette ambiance. Le morceau finit aussi en larsen et dans un brouhaha de batterie qui nous amène très rapidement sur l’excellent Kabuki où chaque membre du groupe fait une petite démonstration de son instrument. Sheena prend le mégaphone sur ce morceau et le gardera pour OSCA qui s’enchaîne également directement et sans aucun arrêt. Le set n’a pour le moment fait aucune pause. C’est chronologiquement le premier concert, à ma connaissance, où OSCA est interprété. Sheena défile sur scène avec son mégaphone devant un public qui semble très proche. Elle prend un air volontairement hautain comme pour narguer les spectateurs, mais tout en leur faisant un signe de la main. On retrouve dès ce concert la scène habituelle de OSCA où elle retourne le mégaphone vers le public pour obtenir que leur voix soit amplifiée vers la scène. Le solo de basse de Seiji Kameda est également un classique, qui marque un petit répit avant la reprise rapide finale du morceau où chaque membre du groupe se donne à fond. Ce n’est pas la version la plus agressive que je connaisse de OSCA, mais elle n’en est pas moins très bonne.

Le rythme non-stop des premiers morceaux fait une pause avec un premier message de Sheena vers le public. Comme on pouvait s’en douter, le message se contente de remerciements et est très court. Elle semble chercher ses mots et conclut rapidement en demandant au public de faire attention à ne pas se blesser car la salle est bien remplie. On sait que la spontanéité lorsqu’elle s’adresse verbalement au public n’est pas son fort, et cette configuration de salle ne fait pas exception. Je le dis certainement à chaque fois mais je suis toujours énormément intrigué par ce contraste entre ces messages qui s’embrouillent et l’extrême aisance avec laquelle elle interprète les morceaux sur scène. Je pense que quand elle interprète ses morceaux, elle devient un personnage et est très préparée pour être sûre de ne pas décevoir. Tandis que les messages au public demandent à ce qu’on se dévoile beaucoup plus, au delà du personnage sur scène. Il s’agit là seulement de mon interprétation en tant qu’observateur très lointain, mais le contraste est également très frappant lors des scènes de préparation ou d’enregistrement de morceaux qui sont parfois incluses sur les DVDs de concerts. Ces scènes en comité restreint (les membres du groupe et les ingénieurs du son) montrent Sheena d’une manière assez différente, plaisantant et rigolant sans arrêt, attitude très éloignée de celle sur scène lors des messages. Encore une fois, devant un public aussi important, elle est peut être seulement prise par l’émotion et a, à chaque fois, du mal à trouver ses mots pour traduire cette émotion. Le morceau Ramp poursuit le set. Hata est hilare et Sheena sourie également en réponse, car le public apprécie le morceau en réagissant lorsque Sheena fait des pauses dans son chant. Tous ces sourires sont assez charmants, tout comme la coupe de cheveux très courte de Sheena. Ça contraste d’ailleurs beaucoup avec la coupe hirsute de Ukigumo. Ramp s’enchaîne directement avec Mirrorball. La mise en scène du concert est relativement simple avec une caméra qui bouge beaucoup et s’approche souvent au plus près du groupe. On s’immerge aussi souvent dans la foule, ce qui nous fait parfois voir le groupe derrière les mains tendues du public. Mirrorball a un son que je trouve très typique de Variety. Comme je le disais plus haut et comme son nom l’indique, l’album Variety part dans plusieurs directions et c’est aussi ce que j’aime.

Sheena prend ensuite sa guitare fétiche sur Kingyo no Hako, mais seulement pour quelques riffs. Ukigumo a également en mains sa guitare fétiche Vox Phantom. J’aime beaucoup observer Ukigumo sur scène, car il a parfois des mouvements brusques de la main comme s’il loupait une corde. Il n’en est rien, bien entendu, car son jeu est parfait voire même meilleur que sur l’album, mais ses mouvements semblent parfois peu naturels. Pendant Kingyo no Hako par exemple, il avance soudainement vers le devant de la scène d’une manière directe, un peu maladroite, que je trouve assez caractéristique. Il joue ensuite à côté de Sheena en la regardant jouer par dessus l’épaule, presque comme un professeur qui vérifie les progrès de son élève. Sheena n’a clairement pas le même niveau en guitare que Ukigumo et elle dit elle-même qu’elle s’est progressivement perfectionnée à la guitare grâce aux leads guitaristes de ses groupes (et de son ex-mari également, j’imagine). Le morceau Kingyo no Hako se termine sur un regard perçant de Sheena sur les dernières paroles, puis ce regard semble ensuite se perdre au loin. Elle garde la guitare pour Gunjō Biyori, qui est tout de suite acclamé par la foule, ce qui fait plaisir à Kameda. Ukigumo change de guitare pour une autre Vox Phantom verte pomme. Le morceau est superbe, mais les morceaux rock vont de toute façon si bien au chant de Sheena. Ukigumo reste stoïque en toute circonstance, Izawa est polyvalent et le rejoint à la guitare, Kameda est tout sourire, Sheena est sérieuse et théâtrale avec sa guitare et Hata se déchaîne encore une fois à la batterie. Il semble infatigable et c’est lui qui donne tout le rythme au morceau. Pinocchio, une B-side du single OSCA, ralentit ensuite un peu la cadence. La foule est un peu dissipée pendant ce morceau car on entend des personnes parlées dans la salle, ce qui reste rare sur les DVD/Blu-ray du groupe. J’aime beaucoup ce morceau dont le chant fait des vagues. Il aurait très bien pu être sur l’album. On sent l’émotion monter lorsque Sheena pousse sa voix parfois très haut. Ceux qui aiment la voix de Sheena Ringo pourront trouver une certaine addiction dans ce morceau. J’aime énormément quand elle pousse sa voix à la limite.

Toshiki Hata prend maintenant la parole et demande à chaque membre du groupe de donner un petit message improvisé aux fans de tout le pays, sous un petit air de batterie. Mais Ukigumo se défile avec une excuse (« Gomen nasai ») et Izawa s’en tire avec un mot qui ne veut rien dire. Seul Kameda (bien sûr) fait un remerciement en bonne et due forme. Sheena échappe à ce petit exercice assez peu concluant en arrivant sur scène un peu après. Je ne doute pas que c’était volontaire. Nous sommes maintenant à la moitié du concert et Bōtomin démarre avec Izawa et Ukigumo assurant d’abord les voix. Sheena complète ensuite la formation sur ce morceau qui me semble un peu plus lent et tranquille qu’à l’habitude. Sheena a revêtu une nouvelle tenue jaune comme une chemise trop grande pour elle. Elle laissera tomber cette chemise sur le morceau suivant, Tsukigime Hime, pour ne garder sur scène qu’une tenue plus légère de couleur violette. Le violet a l’air d’être la couleur de la tournée car tout le groupe porte au moins un vêtement de cette couleur. Souvenons-nous que le vert était la couleur de la tournée Dynamite. J’ai toujours beaucoup aimé ce morceau sur l’album, notamment quand Ukigumo chante en français les mots « la princesse ». Sur ce morceau, Sheena reprend par intermittence cette voix de kabuki qu’elle complète même avec un petit mouvement de tête. L’ambiance est plus cool sur le morceau qui suit, Metro, chanté à plusieurs voix. On est là dans un moment plus calme du concert, peut être un peu trop calme d’ailleurs et le morceau Kaban no Nakami qui démarre ensuite reste également assez détendu. Ce ne sont pas forcément les morceaux qui fonctionnent le mieux en concert. Ce sont plutôt les sourires du groupe que je remarque dans ces morceaux, notamment Sheena lorsqu’elle joue du tambourin en regardant Hata à la batterie pendant que Ukigumo fait son solo sur sa guitare Vox. Kameda lui gardera toujours sa même vieille basse qui a certainement beaucoup vécu.

Marunouchi Sadistic est la partie obligée de chaque concert et la version ici est proche de celle qu’on connaît sur Sanmon Gossip, qui sortira deux années plus tard en 2009. On commence à bien connaître cette version et il n’a plus vraiment maintenant l’effet de surprise qu’il pouvait y avoir à l’époque. Mais le morceau est souvent l’occasion pour les membres du groupe de se connecter avec le public, ce qu’ils font bien ici. Sheena fait des mouvements de bras pendant pratiquement tout le morceau en défilant. Comme je le disais un peu plus haut, je trouve qu’elle est de manière générale beaucoup plus souriante sur ce concert. Le concert s’interrompt ensuite très brièvement comme si un morceau avait été coupé. Sheena reprend sa chemise jaune trop grande, ce qui est assez bizarre et qui ressemble à une coupure au montage. Mais on regardant la liste des titres joués pendant le concert, il n’y pourtant aucune omission sur le DVD. Le morceau suivant Senkō Shōjo est excellent, notamment pour le solo de guitare final. C’est un grand classique des concerts de Tokyo Jihen et il s’agit en fait d’un morceau inédit en concert à l’époque car il sortira plus tard sur l’album Sports. Sur Shiseikatsu, Sheena chante dans des rayons de lumière comme si elle était seule sur scène. C’est un morceau qu’on ne retrouvera pas sur d’autres concerts mais qui fonctionne pourtant très bien en live pour l’émotion qui se dégage de sa voix et l’imprégnation qu’elle y met. Le public applaudit. Suit un autre grand classique, Shuraba de l’album Adult, en version très rythmée car je trouve la batterie de Hata très présente sans pour autant être aggressive. J’aime beaucoup le petit passage au piano de Izawa sur ce morceau comme une deuxième voix quand il vient se conjuguer avec celle de Sheena. Kuronekodō démarre par un long passage de batterie sous les applaudissements. Le morceau est court mais au chant très rapide comme un chat qui s’échappe lorsqu’on l’a aperçu. Le fond d’écran derrière le groupe montre d’ailleurs un petit chat qui court. Sheena crie même « Nya » à un moment des paroles comme pour imiter le cri d’un chat. Ce morceau a une construction bizarre et atypique comme peut l’être Variety.

Toshiki Hata reprend une dernière fois la parole pour le dernier morceau du set, Killer Tune. L’interprétation de ce morceau apprécié du public est bonne mais pas forcément la meilleure que j’ai pu entendre. Les mouvements de mains sont nombreux et Sheena conclut le morceau par un message vers le public avant de sortir de scène en premier. Mais il y a quand même les rappels. Hata revient sur scène en premier en courant et vient se prendre en photo en selfie avec le public. Il n’est décidément jamais à court d’énergie. Tout le monde s’est changé pour une tenue plus relax. Le morceau B-side du single Killer Tune, Karada, chanté en anglais démarre les rappels dans une ambiance posée et tamisée et me donnerait envie de l’écouter en buvant un verre de whisky (en consommant bien sûr avec modération). L’accent est mis sur le clavier de Izawa, qui accompagne aussi à la voix avec Ukigumo par moments. Le maquillage de Sheena est joli avec des petites pastilles argentées au coin des yeux ce qui lui changent beaucoup le visage. Pendant une pause entre deux morceaux, des personnes dans le public lui crie des félicitations mais je ne comprends malheureusement pas à quoi ils font référence. Sheena répond « thanks » en anglais d’une manière presque inaudible, mais qui n’échappe pas à la capture du DVD. SSAW est ensuite chanté à deux voix avec Izawa. Ce morceau ressemble à une ancienne chanson japonaise Kayōkyoku et il est très beau morceau. Sheena sort ensuite de scène pour la vraie fin du concert. En fait non. Ils reviennent tous une dernière fois, Hata courant toujours sur scène devant les autres. C’est Tōmei Ningen, également un classique, qui conclura le set. Sheena chante en position de côté avec le petit drapeau rouge qui n’avait pas fait encore fait son apparition jusqu’à maintenant. Elle accentue le chant un peu enfantin sous le regard satisfait de Kameda. Il est souriant car c’est un morceau qu’il a composé. On le voit même s’empresser à venir sur le devant de la scène avec Ukigumo dans la deuxième partie du morceau. A la fin de ce dernier morceau du concert, Sheena sort en sautillant mais le reste du groupe prend son temps. Izawa reste volontairement le dernier sur scène pour imiter l’air de rien le comique Dandy Sakano (ダンディ坂野) avec son mouvement un peu ringard « Gets » (ゲッツ), mais les autres membres du groupe ne sont déjà plus là pour le voir. Le concert se termine sur ce petit geste comique presque dissimulé, comme si Izawa avait insisté pour le faire contre l’avis général.

Deux morceaux supplémentaires sont inclus en bonus sur le DVD. Ils proviennent du concert Countdown Japan 09/10 à Makuhari Messe. Il s’agit de Nōdōteki Sanpunkan (能動的三分間) de l’album Sports, qui est en fait un montage vidéo de ce live. Sheena a les cheveux très courts, ce qui lui va très bien, et porte une robe rayée horizontalement noire et blanche avec les épaules découvertes. Toshiki Hata a les cheveux rouges à cette époque et les membres du groupe ont des tenues de scène originales. Le deuxième morceau est encore une fois Tōmei Ningen. La salle de Makuhari Messe est gigantesque, ce qui donne une impression très différente du concert à Zepp Tokyo sur Spa & Treatment. Je me demande si ce concert est visible en entier car il me semble avoir également vu Killer Tune sur YouTube, ou peut être est-il disponible sur le DVD de compilation live de 2012, Chin Play Kō Play (珍プレー好プレー que je n’ai pas encore regardé.

Une autre partie bonus intitulée Nude: X-2 (ヌード:X-2) est présente sur le DVD. Il s’agit d’un enregistrement vidéo et d’un montage de photos créés par Toshiki Hata. Les photos sont tirées principalement des photographies de promotion de Sports avec Ikiru (le premier morceau de Sports) en fond sonore. Rappelons que le DVD était vendu pendant la tournée de Sports. On y voit aussi des photos prises pendant des sessions d’enregistrement. La vidéo amateur prise par Hata montre des scènes au Studio TERRA à Shinagawa, opéré par une filiale de Toshiba EMI. Ce studio a fermé ses portes le 30 Juin 2010, pendant la tournée Sports. Peut être que cette petite vidéo a été prise en souvenir avant la fermeture des lieux. Je me souviens avoir entendu ce studio mentionné dans d’autres vidéos de concerts de SR/TJ. La vidéo montre principalement Ichiyō Izawa préparant les paroles de FOUL. Sheena est à côté, cigarette à la main et rigole beaucoup avec lui, sur apparemment une histoire d’ovni, entre autres. La vidéo étant centrée sur Izawa, on le voit du coup sous un autre jour car il est en général plutôt réservé sur scène. L’ambiance est détendue et ça fait plaisir à voir. J’aime beaucoup ce genre de scènes, qui me paraissent même indispensable pour saisir l’atmosphère dans laquelle se trouve le groupe.

Pour référence ultérieure, je note ci-dessous les morceaux interprétés sur Spa & Treatment:

1. Fukushū (復讐), du 3ème album Variety (娯楽)
2. Sake to Geko (酒と下戸), du 3ème album Variety (娯楽)
3. Kabuki (歌舞伎), du 2ème album Adult (大人)
4. OSCA, du 3ème album Variety (娯楽)
5. Ramp (ランプ), du 3ème album Variety (娯楽)
6. Mirrorball (ミラーボール), du 3ème album Variety (娯楽)
7. Kingyo no Hako (金魚の箱), du 3ème album Variety (娯楽)
8. Gunjō Biyori (群青日和), du 1er album Kyōiku (教育)
9. Pinocchio (ピノキオ), présent en B-side du single OSCA
10. Bōtomin (某都民), du 3ème album Variety (娯楽)
11. Tsukigime Hime (月極姫), du 3ème album Variety (娯楽)
12. Metro (メトロ), du 3ème album Variety (娯楽)
13. Kaban no Nakami (鞄の中身), présent en B-side du single OSCA
14. Marunouchi Sadistic (丸の内サディスティック), du 1er album de Sheena Ringo Muzai Moratorium (無罪モラトリアム)
15. Senkō Shōjo (閃光少女), du 4ème album Sports (スポーツ)
16. Shiseikatsu (私生活), du 3ème album Variety (娯楽)
17. Shuraba (修羅場), du 2ème album Adult (大人)
18. Kuronekodō (黒猫道), du 3ème album Variety (娯楽)
19. Killer Tune (キラーチューン), du 3ème album Variety (娯楽)
20. (rappel) Karada (体), présent en B-side du single Killer Tune (キラーチューン)
21. (rappel) SSAW, du 3ème album Variety (娯楽)
22. (rappel 2)Tōmei Ningen (透明人間), du 2ème album Adult (大人)

escape in the rain (don’t escape anymore)

Je mentionnais dans le billet précédent être parti marcher sous la pluie en écoutant l’album Windswept Adan d’Aoba Ichiko. Les photographies ci-dessus sont quelques unes de celles que j’ai pris ce matin-là. En fait, je ne suis pas volontairement parti marcher sous la pluie ce matin-là. Je suis sorti profitant d’une accalmie, mais comme c’est assez souvent le cas en ce qui me concerne, il s’est mis à re-pleuvoir intensément dès que j’ai mis les pieds dehors. Je n’ai pas fait demi-tour en pensant que cette pluie revivifiante me remettrait les idées en place. Et écouter la voix d’Aoba Ichiko sous la pluie vaut de toute façon le détour. C’est d’ailleurs inconsciemment une des raisons pour lesquelles je n’ai pas rebroussé chemin. Pendant les accalmies alors que je marche vers le cimetière d’Aoyama, je sors mon appareil photo. Autant les photographies sous la pluie sont difficiles à prendre, autant celles juste après la pluie rendent à mon avis assez bien, car l’humidité vient renforcer les couleurs végétales. Les murs de béton ou ceux des vieilles baraques viennent prendre des motifs différents de l’habitude. Je me dirigeais vers le cimetière d’Aoyama pour vérifier si les cerisiers avaient commencé leur floraison mais c’était encore trop tôt. Un peu plus loin, sur la dernière photographie, je découvre une étrange machine infernale. Les deux tuyaux d’aération derrière un building ont été clairement ajoutés après le bloc d’air conditionné. J’aime beaucoup cette stratégie du contournement optimisé. Il aurait peut être été plus simple et moins coûteux de déplacer le bloc d’air conditionné sur la gauche, mais l’intention ici ne pouvait être qu’artistique. Je ne vois pas d’autres explications logiques. Lorsque je prends ces photos, je remercie à chaque fois intérieurement les concepteurs de ce type de machines à l’arrière des immeubles. Et en parlant de machines, parlons maintenant de Ms.Machine.

J’avais déjà parlé ici de Ms.Machine à l’occasion de la sortie des morceaux Lapin Kulta et Nordlig Ängel, qui sont tous les deux présents sur le premier album éponyme du groupe sorti à la fin du mois de Janvier 2021. Par rapport à la musique que j’écoutais juste avant et que je mentionnais dans le billet précédent, la musique sombre de Ms.Machine est diamétralement opposée mais n’est pas exempte d’une poésie certaine à laquelle je ne suis pas insensible. On retrouve la voix monocorde de SAI accompagnée par la guitare électrique de Mako et la basse de Risako. Le son des guitares y est abrasif mais les morceaux sont souvent accompagnés de nappes ou incursions électroniques qui donnent parfois aux morceaux une dimension cryptique. Je suis épaté par la puissance de cette musique, qui est sans compromis mais reste profondément élégante même dans son agressivité lente. Le premier morceau 2020 est un des meilleurs de l’album et donne tout de suite le ton. La voix semble mécanique et désabusée, peut être pour donner un ressenti de l’année 2020 évoquée dans le titre et la difficulté pour les groupes indépendants de se produire dans les salles de Tokyo. C’est le sujet du morceau Smirnoff sur le EP solo de SAI que j’évoquais auparavant, et je ne peux donc m’empêcher d’y faire un lien. Plusieurs morceaux mettent en avant une atmosphère qui devient hypnotique au fur et à mesure qu’on avance dans l’album, comme Sea of Oblivion (忘却の海), Pale Snow ou Black Sun. Je pense que c’est dû au fait que certains mots et phrases sont souvent répétés et finissent par s’imprégner dans notre cerveau. Il faut clairement écouter l’album dans son intégralité pour se laisser porter par cette atmosphère. Pale Snow est peut-être l’apogée pour l’emotion qui s’en dégage. SAI chante principalement en anglais et en suédois (j’imagine) mais très peu en japonais. Sa voix n’est pas toujours complètement audible mélangée volontairement dans le flot des guitares, souvent très lourdes et incisives comme sur Nordlig Ängel. Ms Machine construit un univers extrêmement sombre mais pas pour autant rebutant. Les voix dans Black Sun ressemblent à des esprits qui nous entourent, nous enveloppent et nous attirent doucement par la main. Je ne sais pour quelle raison mais ce morceau me fait à chaque fois penser à Orphée tentant sans succès de sortir Eurydice des enfers. Je pense aussi à ce mythe grec en écoutant le sublime et long morceau de 18 minutes Requiem For Hell du groupe post-rock Mono. Le premier album de Ms.Machine se termine comme un coup de poing avec le morceau Girls Don’t Cry, Too, titre qui évoque plus clairement l’approche féministe de la musique de Ms.Machine. C’est le morceau le plus rapide, un des plus agressifs et le plus court. La fin abrupte est bien vue car elle donne un sentiment soudain de manque qui nous faire reprendre l’album depuis le début. La vidéo de Girls Don’t Cry, Too nous montre le groupe habillé en robes de mariées. Avec un pistolet à la main (vous me voyez venir), je ne peux m’empêcher d’y voir une allusion à Sheena Ringo. Je ne sais pas si c’est volontaire mais du moins SAI publiait un message sur Instagram à l’occasion de l’anniversaire de Sheena donc je resterais sur cette impression, qui me convient bien de toute façon. Je ne me rends compte que maintenant que l’ambiance musicale de Ms.Machine était une des sources d’inspiration du chapitre 6 de mon histoire en cours Du songe à la lumière.