Je suis passé très souvent devant le musée de Tarō Okamoto à Aoyama et j’ai très souvent eu l’idée d’y entrer mais l’opportunité ne s’est concrétisée que maintenant. Le Tarō Okamoto Memorial Museum était en fait la demeure de l’artiste. Tarō Okamoto (岡本 太郎) y a vécu de 1954 jusqu’à sa mort en 1996 à 84 ans, soit un peu plus de quarante ans. Il a développé ici les idées de toutes les œuvres qui ont fait sa renommée comme l’imposante Tour du Soleil (太陽の塔, Tower of the Sun) de l’exposition universelle d’Osaka en 1970. Cette maison faite de blocs de béton a été conçue par l’architecte Junzo Sakakura, connu pour être un des disciplines japonais de Le Corbusier. Le design du toit en formes convexes comme une lentille optique est très intéressant. En passant devant le bâtiment, j’ai toujours pensé y voir une aile d’avion découpée, qui me rappelle un peu le design de Paul Andreu pour les toitures des terminaux A et B de l’aéroport Charles de Gaulle. A l’intérieur, on peut visiter plusieurs pièces remplies des œuvres immédiatement reconnaissables de Tarō Okamoto. Certaines sont des modèles de sculptures que l’on retrouve à Tokyo, comme celle appelée L’Arbre des Enfants (こどもの樹) devant le hall Kokomo no Shiro (こどもの城), ou un peu partout dans le Japon. Au rez-de-chaussée, après une pièce ressemblant à un salon avec accès sur le jardin, on peut entrer dans une partie de l’atelier. L’espace semble être resté en l’état comme si Tarō Okamoto venait de quitter la pièce après avoir terminé une peinture. J’aime beaucoup voir ces espaces de travail et de création. Enfin, j’imagine que les structures colorées en forme de créatures fantastiques au milieu de la pièce ont été ajoutées et n’étaient pas à cet endroit au moment où il créait. Le musée est assez petit, sur deux étages mais les œuvres sont nombreuses et débordent même sur le jardin. Le jardin ressemble à une petite jungle impénétrable avec des plantes exotiques. Des statues sortent leur tête tout d’un coup à travers les feuillages. Et lorsqu’on lève les yeux pour admirer la structure de sa maison, une autre créature ressemblant à la tour du soleil nous observe gentiment les mains sur la balustrade.
J’ai un attachement plus particulier pour sa grande fresque murale intitulée Le Mythe de demain (明日の神話) que l’on trouve maintenant dans la gare de Shibuya, car nous l’avions vu exposée avant son déménagement dans la gare. Mais à part les sculptures et peintures vues dans Tokyo, je n’ai pas une vaste connaissance de son œuvre. En fait, le numéro de Juin 2021 du magazine Casa Brutus m’a donné l’idée d’aller voir sa maison à Aoyama. Le numéro s’intitule Taro & Aimyon (岡本太郎とあいみょん). La compositrice et interprète Aimyon nous montre à travers les pages du magazine un nombre important d’oeuvres de Tarō Okamoto à Osaka à l’intérieur de la Tour du Soleil qui fourmillent de créatures, dans la maison d’Aoyama que je viens de visiter et au musée de Kawasaki qui sera certainement ma prochaine visite. On peut y voir des photos de pièces de la maison à Aoyama, notamment le Living room, qui ne sont pas accessibles à la visite. Aimyon pose presque chaque fois sur les photos mais comme elle n’est pas modèle, je trouve que ça sonne particulièrement juste. Ces photographies prises par Takemi Yabuki sont, je trouve, très réussies car on y trouve un soupçon de fantaisie dans les postures d’Aimyon qui convient bien, sans en faire trop car il n’est de toute façon pas imaginable d’égaler la folie créative de Tarō Okamoto. Du coup, je me suis mis à écouter la musique d’Aimyon, le morceau Ai o shiru made ha (愛を知るまでは) en particulier. Sans forcément plonger plus en avant dans sa discographie pour l’instant, j’aime beaucoup la dynamique de son chant. Il y a quelque chose de particulier, d’atypique.
Les journées pluvieuses nous poussent à rester à l’intérieur. On dirait que nous sommes entrés dans une deuxième saison des pluies. Tokyo est ceci dit relativement épargné par rapport aux zones Ouest du Japon. J’étais de toute façon cloué au lit pendant une journée entière avec 38.5 de fièvre, suite à la deuxième piqûre du vaccin Moderna. C’était un mauvais moment à passer mais une bonne chose de faite. La fièvre m’a fatigué mais ne m’a pas empêché de regarder des films sur Netflix. Je me suis remis en tête de regarder des films japonais et j’en parlerais certainement dans un prochain numéro. Mais la pluie a quand même l’avantage de m’accorder un peu plus de temps que d’habitude pour écrire. Mais écrire pour qui, pour quoi? La question est peut-être écrire pour quand.
C’est en quelque sorte une tradition de regarder l’émission musicale de la NHK Kōhaku Uta Gassen NHK紅白歌合戦 pour le réveillon du 31 décembre et nous n’y dérogeons pas cette année. Avec les années, j’ai même appris à apprécier cette émission au point de ne pas vouloir la manquer. Elle permet de faire un tour d’horizon de tous les artistes et groupes qui ont bien marché commercialement pendant l’année. L’émission comporte bien sûr son lot d’artistes d’un autre âge chantant toujours les mêmes morceaux tous les ans, du Enka par exemple, Matsuda Seiko qui chante encore et toujours les chansons de ses débuts, ou des vieux tubes légèrement mis à jour, ainsi que tous les groupes de l’agence d’idoles masculines Johnny’s Entertainment qui brillent par la répétition des mêmes formules mièvres et sans intérêt.
Malgré cela, la rétrospective du mainstream japonais est assez bien représentée, donc donne un très bon aperçu culturel de ce qui a compté cette année pour le « meilleur » comme ce morceau Lemon de Kenshi Yonezu 米津玄師 aux 250 millions de vues sur YouTube ou le « pire » comme le morceau U.S.A. du groupe DA PUMP reprenant des rythmes eurobeat revisités. Le « pire » car ce morceau de DA PUMP tombe dans les profondeurs abyssales du non-intérêt musical, mais est tout de même repris à toutes sauces dans les médias et même à un moment du spectacle comique que nous avons vu à Ginza. Le « meilleur » car on ne reste pas indifférent à la qualité de composition et aux capacités vocales de Kenshi Yonezu sur ce morceau Lemon. Ce n’est pas un style de J-POP que j’écoute habituellement mais je ressens quand même le besoin d’écouter ce genre de morceaux de temps en temps, pour changer un peu de la musique alternative que j’écoute d’habitude et parce que c’est une musique qui semble idéale pour accompagner nos petits voyages en voiture. Kenshi Yonezu est assez discret et n’affectionne apparemment pas les apparitions télévisées. On dit qu’il avait d’abord refusé cette apparition sur la scène du hall de la NHK à Shibuya pour Kōhaku, pour finalement accepter à la condition qu’il interprète son morceau dans sa ville natale de Tokushima à Shikoku. La mise en scène dans le musée d’art Otsuka à Tokushima donnait une ambiance magnifique faite de pénombre et de lumière.
Kōhaku joue en quelque sorte le rôle d’une séance de rattrapage sur des morceaux dont je n’ai volontairement pas porté attention car en dehors de mon spectre d’intérêt musical, mais qui s’avère intéressant après une écoute plus attentive en se forçant à éliminer tout apriori. J’ai été par exemple agréablement surpris par le morceau et les mouvements de danse de Daichi Miura 三浦大知 sur le morceau Be myself. Je ne pensais pas que je pourrais aimer un morceau de Daichi Miura, mais ce rythme était accrocheur. Un peu plus tard dans la soirée, la performance de Sheena Ringo 椎名林檎 avec Hiroji Miyamoto 宮本浩次 (du groupe Elephant Kashimashi) sur le nouveau morceau Kemono yuku Hosomichi 獣ゆく細道 était vraiment particulière et poignante surtout pour la voix et la chorégraphie de Miyamoto. Sheena Ringo était un peu trop statique comme d’habitude. Je n’aimais pas trop le morceau quand il est sorti il y a quelques mois, mais il faut avouer que la performance était impressionnante. Je suis par défaut fan de Sheena Ringo, mais j’essaie de garder un avis critique sur la musique qu’elle crée et qui m’intéresse un peu moins ces derniers temps. Mais, force est de constater qu’après avoir vu quelques fois la performance scénique du morceau, je finis par retenir et apprécier cet air.
Le groupe electro-pop Perfume est également habitué de Kōhaku depuis quelques années et comme d’habitude les effets spéciaux des morceaux de Perfume sont toujours beaucoup plus impressionnants que les morceaux eux mêmes qui se font complètement oublier. J’aimerais apprécier un morceau du groupe mais je n’ai pas encore trouvé, ou peut être seulement le morceau Fusion sur le dernier album Future Pop, car il est assez différent de la pop électronique ultra sucrée qu’on peut entendre en général de Perfume. De Kōhaku, je retiendrais également DAOKO, car c’était sa première apparition dans l’émission. Une représentation dans l’émission est une consécration pour un/une artiste, une reconnaissance de la profession. Le formalisme de la NHK doit jouer sur l’importance d’apparaître dans cette émission pour les artistes. En fait, c’est ce formalisme que j’aime également observer car l’émission est en direct et il y a forcément des couacs. Je me souviens d’une année où le leader du groupe Kishidan, Show Ayanocozey, sous le nom de DJ OZMA avec sa troupe du moment étaient apparus sur scène avec des t-shirts représentant d’une manière très réaliste des seins de femme. Il a été depuis banni de l’émission, bien que je ne pense pas que ça ait joué sur sa carrière. Le côté subversif lui a peut être été bénéfique d’ailleurs. Pour revenir à DAOKO, que je suis de loin mais dont j’apprécie quelques morceaux comme ShibuyaK sorti en 2015, elle reprenait sur la scène de Kōhaku un morceau de l’année dernière Uchiage Hanabi 打ち上げ花火. C’est un peu bizarre car elle aurait pu choisir un morceau plus récent de son nouvel album Shiteki Ryoko 私的旅行 sorti cette année, comme le single Owaranai Sekai de 終わらない世界で, que j’aime assez, ou Bokura no Network 僕らのネットワーク, en collaboration avec Yasutaka Nakata 中田 ヤスタカ mais moins intéressant. On peut comprendre qu’elle ait choisi le morceau qui l’a fait connaître du grand public l’année dernière. Alors qu’elle chantait Uchiage Hanabi en duo avec Kenshi Yonezu, dont je parlais plus haut, en 2017, elle interprète une version en solo de ce morceau à Kōhaku. C’est aussi la version présente sur son album.
Aimyon あいみょん est une jeune chanteuse, une des révélations de cette année 2018 avec le morceau Marigold マリーゴールド. On dit qu’elle a une belle voix et que les paroles de ses chansons sont des compositions intéressantes de mots, mais j’ai du mal à accrocher à ce style, car il est trop universel. Ce morceau me fait penser à ce que pourrait chanter le groupe Spitz. C’est une musique qui se laisse écouter facilement, sans efforts, mais qui pour moi, ne monopolise pas toute mon attention et je finis vite par m’ennuyer en court de morceau. Yoshiki, la force motrice du groupe mythique X JAPAN, est également habitué de Kōhaku depuis plusieurs années et interprète cette fois deux morceaux à la batterie ou au piano, dont un morceau intitulé Red Swan avec d’autres membres d’actes majeurs du feu rock flamboyant visual kei à savoir Hyde, le chanteur de L’arc~en~ciel et Sugizo, guitariste de LUNA SEA. Je ne me souviens déjà plus du morceau qu’ils interprétaient ensemble, car j’étais en fait plus intrigué de les voir jouer ensemble. A mon arrivée à Tokyo en 1999, j’écoutais beaucoup d’albums de L’arc~en~ciel, mais j’ai du mal à les réécouter maintenant à part quelques morceaux de l’album Heart sorti en 1998. J’aime bien revenir vers LUNA SEA par contre, en particulier l’album Mother sorti en 1994, qui est leur chef-d’œuvre et que je place personnellement de ma liste des meilleurs albums rock japonais. Par contre, je ne suis pas vraiment leurs dernières créations musicales, le groupe étant encore actif à présent. Sugizo prête régulièrement main forte à X JAPAN sur leurs concerts, il est donc habitué d’être aux côtés de Yoshiki. Le reste des membres de X JAPAN n’étaient pas présents cette année. Peut être que Toshi, le chanteur du groupe, est trop occupé à vendre son image au plus offrant sans se soucier de sa dégradation, car on le voit maintenant intervenir dans des émissions de variétés, comme des quizz. Il garde sa veste de cuir cloutée mais apparaît maintenant comme une mascotte un peu ridicule. Yoshiki apparaît également dans des émissions de variétés ces dernières années mais arrive plus ou moins à garder son aura. La force persuasive télévisuelle au Japon est en général destructrice de l’art musical.
La soirée passe très vite. Plus les années passent, plus le temps passe vite et nous arrivons très vite à la fin de l’emission vers 23h40. Pendant les vingt dernières minutes de l’année, NHK nous montre toujours des images de sanctuaires dans la nuit, filmés sous un éclairage bien étudié mettant toujours en valeur l’architecture du lieu. On nous montre les premières personnes rejoignant le sanctuaire dans la nuit et dans le froid pour la première prière de la nouvelle année. J’attends toujours qu’on nous montre un sanctuaire en montagne sous un mètre de neige, mais ce n’était pas le cas cette fois-ci. En regardant ces images, nous nous préparons également mentalement à sortir dans le froid vers le sanctuaire de Aoki juste à côté. J’aime ce moment dans le froid et la nuit. Il y a déjà du monde dans le petit sanctuaire mais il règne une tranquillité admirable. Ce n’est pas le silence, mais presque. Les gens parlent normalement pourtant, mais une grande sérénité règne en ce lieu. Un feu de camp est allumé sur la petite place devant le sanctuaire et on vient s’y réchauffer avec un verre de amazake offert généreusement par le personnel ou les volontaires du sanctuaire. On ne reste pas très longtemps mais assez pour s’imprégner de l’ambiance. Je bois mon verre de amazake lentement exprès pour faire durer un peu plus ce moment dans la pénombre, éclairé par quelques lanternes et par le feu de camp.
Nous retournerons au sanctuaire le lendemain matin, en empruntant l’entrée principale s’ouvrant sur un escalier de plus de cent marches donnant accès à l’unique bâtiment du sanctuaire en haut de la colline. Pour 200 yens, nous nous procurons un mikuji qui nous indiquera notre bonne fortune pour l’année qui démarre. Il s’agit de folklore, bien entendu, mais Zoa y croit très fort et est particulièrement content quand il décroche un « Daikichi », une grande chance, pour la nouvelle année. En ce qui me concerne, je n’aurais qu’une demi-chance Hankichi cette année, mais je n’ai de toute façon pas le souvenir d’avoir eu un Daikichi ces dernières années.
Le premier de l’an est comme toujours une journée très calme à ne pas faire grand chose à part manger les plats froids Osechi, accompagnés cette fois-ci d’un sake de Kobe dont l’étiquette dorée représente un sanglier, le symbole de cette nouvelle année. Nous nous déplaçons le deuxième jour de l’année en direction de Chigasaki, mais plus près des montagnes à Isehara. En haut de la petite montagne de Ōyama se trouve un sanctuaire nommé Ōyama Afuri Jinja 大山阿夫利神社. On interprète également le nom de cette montagne où se trouve le sanctuaire par d’autres kanji 雨降山, qui veulent dire la montagne où la pluie tombe. Il ne pleuvait pas le jour de notre visite mais le ciel était étrangement couvert au dessus de la montagne. Ōyama est une des montagnes de la chaîne Tanzawa et elle culmine à 1252 mètres d’altitude. Le sanctuaire n’est pas tout à fait situé au sommet de la montagne mais dans les hauteurs. On y accède en empruntant un train à traction par câble qui monte à l’oblique sur le flanc de la montagne. Le wagon unique du train est également construit à l’oblique, dans un style similaire à celui de Hakone, et a reçu le prix Good Design en 2016. Je pense que le wagon a été renouvelé récemment car ce train à traction par câble est plus ancien que 2016. Pour accéder à la station de train, il faut marcher pendant 25 minutes depuis le parking dans le centre de la bourgade.
Avant de monter, nous déjeunons dans un bel endroit, une vieille maison faisant musée d’art moderne à l’étage et restaurant de tofu au rez-de-chaussée. Il n’y a pratiquement que des restaurants de tofu dans la bourgade de Ōyama, c’est une spécialité. Le restaurant qui fait musée s’appelle Mushin Tei. En attendant nos plats, je monte à l’étage par l’escalier en bois. Les trois pièces du musée sont couvertes de tatami et séparées de portes coulissantes. On y montrait des peintures et des sculptures de l’artiste Yu Seino. Dans la salle à manger du restaurant, un grand piano à queue est installé dans un coin. Personne n’en joue ce jour là, mais j’imagine qu’on doit parfois y jouer le soir à certaines occasions.
Après le déjeuner, nous commençons notre « ascension » vers la station du train à câble. Ce n’est pas un chemin de terre dans la forêt qui nous y amène, mais une étroite rue piétonne en escaliers bordée de petits magasins d’un autre âge et de restaurants. La rue est couverte d’une toiture de tôle à certains endroits qui ressemblent à des points étapes à notre ascension. Il y a du monde à monter ces marches mais ça reste très acceptable, par rapport à ce que l’on peut voir à Enoshima par exemple où l’on doit marcher au pas. Il faut dire que Ōyama est plus difficile d’accès. Il y a bien un bus qui monte jusqu’ici depuis Isehara mais pas de station de train. Il faut plutôt se déplacer en voiture. L’endroit est pittoresque et la marche est agréable. Le train nous amène rapidement en quelques minutes dans les hauteurs de la montagne jusqu’au sanctuaire de Ōyama Afuri. A notre arrivée, la vue est dégagée et on peut voir l’océan pacifique au loin derrière la ville de Chigasaki. Il faut attendre un peu en file indienne en bas du sanctuaire mais l’attente se fait plus courte que ce que je pressentais pour un tout début d’année. En s’approchant du bâtiment principal du sanctuaire, on remarque tout de suite les décorations du toit comportant des épis appelés chigi aux extrémités du toit et de courts rondins décoratifs katsuogi. On retrouve par exemple ce type d’ornements sur les sanctuaires de Ise-Jingu. La lumière de fin d’après midi met particulièrement en valeur les dorures des chigi. Nous redescendons ensuite du sanctuaire en reprenant le train oblique. On peut également redescendre par un chemin de montagne mais il est déjà 16h passé et le soleil se couche dans à peine une heure en plein hiver.
Pendant les congés de début d’année, nous ne manquons jamais la course à pieds des universités Hakone Ekiden 箱根駅伝 qui relie en deux jours Tokyo, Ōtemachi pour être précis, jusqu’à Hakone pour ensuite revenir vers Tokyo. La course se fait en 5 étapes à l’aller et 5 étapes au retour, avec donc 10 coureurs différents par école se passant le relais d’étape en étape. Nous supportons l’école de Zoa tous les ans au même endroit sur la route nationale 1 juste avant l’étape de Totsuka sur la partie retour de la course. Nous nous postons au grand croisement de Harajuku. Rien à voir avec le Harajuku de Tokyo, bien que les kanji soient les mêmes. La course sera pleine de suspense cette année. Alors que Aoyama Gakuin a gagné 4 fois de suite et se préparait pour une cinquième victoire, la partie a été plus difficile que prévue. L’université de Tokai a finalement fini premier à l’arrivée à Ōtemachi, devant Aoyama Gakuin. L’université de Toyo finit troisième, alors que l’équipe avait dominé une bonne partie du parcours. Cette course est un événement important du nouvel an et on en parle beaucoup dans les émissions d’information les jours suivants. Le seul problème quand on regarde cette course, c’est que ça monopolise une bonne partie de la journée. Ce n’est pas un gros problème car le concept du nouvel an au Japon est de ne pas faire grand chose, mais les jambes finissent par nous déménager à tourner en rond dans les pièces de la maison.
En fin d’après midi, nous allons voir l’océan pacifique. Nous comptions aller faire un tour du côté de Hayama, un bord de mer que j’aime beaucoup, mais de nombreuses routes à Kamakura sont bloquées à la circulation au nouvel an. C’est par conséquent assez compliqué de se rendre à Hayama. Nous rebroussons finalement chemin vers la plage de Shichirigahama 七里ヶ浜 plus proche. Le soleil est déjà en train de se coucher au moment où nous arrivons. Zoa voulait absolument essayer son petit cerf volant de papier traditionnel Takoage. Il n’y a pas assez d’espace de plage pour faire évoluer le cerf volant donc on essaie dans une rue presque déserte, en pente avec vue sur l’océan. Mais, je ne peux m’empêcher de descendre plus vite que les autres sur la plage pour prendre ce soleil couchant en photographie. Des rayons du soleil couchant transpercent d’abord les nuages. Un dégradé subtil entre le bleu et le rouge se construit ensuite autour du Mont Fuji. L’océan brille de couleurs orangées et argentées. J’essaie de descendre sur le sable entre deux vagues, sans se faire mouiller les pieds. Je me pose quelques instants au pied du rempart de béton délimitant la plage de sable noir. Il y a une zone légèrement surélevée qui permet d’éviter les vagues tout en se trouvant au plus près d’elles. Le rayon de lumière se reflétant sur la surface de l’océan est traversé de temps à autres par un surfeur solitaire qui n’a pas peur du froid. J’essaie de prendre ces scènes en photographie, mais elles ne rendent pas aussi bien sur l’écran qu’en réalité… Nous rentrons le soir sur Tokyo vers 22h30 pour éviter le rush du retour de congé.