shibuyaaamyyycream

Ça fait maintenant dix ans que la station de Shibuya et ses alentours sont en phase d’importants re-développements, qui sont encore loin d’être terminés. En recherchant le premier billet intitulé Shibuya changing que j’avais écrit sur le sujet, je suis moi-même surpris que dix années se sont déjà écoulées. Le building Hikarie était un des premiers bâtiments construits dans ce vaste re-développement urbain et j’aime bien de temps en temps grimper les étages jusqu’au 11ème pour avoir une vue d’ensemble. Une annexe de la marie de Shibuya fournissant des services administratifs est en fait placée au huitième étage de ce building. Aller y chercher un certificat ou autre papier d’importance est toujours une occasion de passer quelques minutes devant les grandes baies vitrées pour admirer de loin la foule qui s’agite en cadence. Je me suis d’ailleurs amusé à prendre cette vue le soir en time-lapse avec mon iPhone et je montre cette vidéo sur YouTube (et ci-dessous). Prendre un peu plus de quinze minutes de vidéo donne environ trente secondes avec l’accéléré du time-lapse. L’accélération du time-lapse rend bien compte de cette impression de cadence chorégraphiée de la foule à Shibuya.

Je savais que Kengo Kuma et SANAA intervenaient sur certaines parties de ce développement urbain du centre de Shibuya autour de la station, mais je ne savais pas qu’Hiroshi Naito faisait partie de la supervision de l’ensemble. Il est notamment en charge du Comité de Design et membre du Comité de Coordination du ce développement. C’est Takaaki qui m’apprend cela lors d’un déjeuner dans le restaurant de ramen au yuzu Afuri à Ebisu (adresse fortement recommandée). On ne s’était pas vu depuis longtemps et on parle beaucoup d’architecture japonaise, sujet d’interêt que nous avons en commun. Il regarde de temps en temps Made in Tokyo mais se contente des photos car il ne lis pas le français. Ce souci de la langue d’écriture m’interpelle de temps en temps, et me revient en tête dans ce genre de moments. Si l’intelligence artificielle pouvait m’être utile, ça serait de pouvoir traduire de manière rapide et naturelle mes textes en français sur Made in Tokyo dans différentes langues. On n’en est pas encore là mais ça va arrivé très vite, j’en suis sûr. On parle des endroits que l’on a aimé visiter ces derniers temps et qu’on se conseille, de l’architecture de Shin Takamatsu, entre autres. C’est étonnant de voir qu’on a souvent été voir les mêmes expositions photographiques, celle de Masahisa Fukase par exemple à Yebisu Garden Place. En ce promenant dans Ebisu, nous arrivons devant la petite libraire-galerie POST books, qu’il fréquente régulièrement. Je la connaissais déjà, car la propriétaire est une amie de Mari, mais je n’étais en fait, assez bizarrement, jamais entré à l’intérieur. J’y vois un livre de photos qui m’intéresse de l’anglais Stephen Gill. Je l’avais noté dans mes bookmarks d’Instagram il y a quelques temps. Le livre s’intitule Magnificent Failure et montre des superpositions de photographies, qu’il a d’abord construit par erreur. On le feuillette avec beaucoup d’interêt avec les explications de la jeune gérante de la librairie. Elle est très renseignée et n’hésite pas à donner de son temps pour répondre à nos questions sur les livres en stock et sur la série d’œuvres montrées dans la petite galerie. C’est assez rare pour le noter. J’aurais dû acheter le livre de Stephen Gill. Mais comme souvent, il me faut un long temps de réflexion avant d’acheter des livres d’art ou de photographies, car la place manque sur nos étagères à la maison.

Le Department Store PARCO a ouvert ses portes en 1973 et fête donc cette année l’anniversaire de ses 50 ans. Cette célébration démarrait le Vendredi soir 17 Novembre au PARCO de Shibuya avec des artistes invités jouant à chaque étage du grand magasin utilisant l’espace des boutiques. Je n’avais pas eu vent de cet événement mais mahl m’en a gentiment fait part car AAAMYYY y faisait une session de DJ. La session commençant à 18h le vendredi, c’était trop tôt pour arriver à l’heure mais je réussis tout de même à m’y rendre une quinzaine de minutes avant la fin de son set. Il m’aurait été très difficile d’y aller un autre jour de la semaine que le Vendredi ou le week-end. J’étais tout de même très satisfait de pouvoir la voir en action derrière les platines, même si elle n’a pas chanté ni ne s’est adressée aux personnes venues la voir dans le magasin de lunettes qui lui servait de lieu de performance. A la sortie du bureau avec mon sac à dos, je me suis senti un peu en désaccord, au niveau du code vestimentaire, avec la plupart des autres personnes présentes dans le magasin. Il s’agit de PARCO et les personnes soignant leur style étaient nombreuses, mais passaient souvent leur temps à se déplacer sans vraiment porter attention à la musique. Ça ne m’a de toute façon pas trop préoccupé. Pendant son set, AAAMYYY a passé un morceau de Maika Loubté, ce qui était en quelque sorte un habile renvoi d’ascenseur car elle était invitée sur scène le jour d’avant pour chanter à son concert dans la salle WWW X située à quelques mètres seulement du PARCO. AAAMYYY est ensuite restée à côté dans le magasin à discuter avec des personnes qui semblaient être de son staff ou des connaissances. Je n’ai pas senti un moment propice pour aller lui dire bonjour et toute l’admiration que j’ai pour sa musique. Pendant ce temps là, le musicien électronique Miru Shinoda avait pris la relève et j’ai beaucoup aimé le début de son set. Je n’ai malheureusement pas pu resté très longtemps. On revoit un peu AAAMYYY dans les médias ces derniers temps car elle était invitée de l‘émission musicale KanJam la semaine dernière, le dimanche 12 Novembre. Espérons que ça présage l’arrivée d’un nouvel album ou EP.

Le week-end dernier, je suis passé par hasard à vélo devant le parc Kitaya de Shibuya. Depuis que j’y ai vu jouer Miyuna (みゆな) en mini-concert gratuit, ce parc me donne l’impression qu’il doit s’y passer plein de choses intéressantes. Ce qui n’est apparemment pas faux car on y montrait cette fois-ci un film en plein air, et il s’agissait d’un film dont j’ai déjà parlé sans pourtant l’avoir vu. Le film s’intitule Ice Cream Fever (アイスクリームフィーバー), réalisé par Tetsuya Chihara (千原徹也) et tiré d’un roman de Mieko Kawakami (川上未映子). Le réalisateur était assis à l’arrière sur une petite chaise de camping. Je le suis sur Instagram depuis ce film et il est facilement reconnaissable, portant toujours le même chapeau. De ce film, je ne connais en fait que le thème musical intitulé Kōrigashi (氷菓子), interprété par Kayoko Yoshizawa (吉澤嘉代子). J’aime vraiment beaucoup ce morceau que j’écoute toujours assez régulièrement. Kayoko Yoshizawa joue également dans ce film avec Riho Yoshioka (吉岡里帆), Marika Matsumoto (松本まりか), Serina Motola (モトーラ世理奈) et Utaha (詩羽) de Wednesday Campanella. Je gare rapidement mon vélo pour pouvoir regarder quelques minutes du film, debout derrière les chaises prévues pour le visionnage. On pouvait voir le film assis en achetant une place à 1000 yens. Le film était déjà commencé quand je suis arrivé et je ne pouvais pas rester très longtemps. J’ai tout de même pu prendre mon temps pour suivre quelques scènes du film d’une manière certes un peu distraite. Il faudra maintenant que je vois ce film dans de bonnes conditions.

夜に溶けきれず星を飲んでる

La pleine lune majestueuse a refait son apparition ces dernières nuits au dessus de nos têtes dans le ciel de Tokyo. Celle-ci est irréelle car il s’agit d’une installation créée par l’artiste anglais Luke Jerram près de la gare de Shimo-Kitazawa. Je l’avais déjà montré l’année dernière à la même période mais en pleine journée. J’ai l’impression qu’elle va refaire son apparition tous les ans à la même période de l’année. Pendant ce temps là, la vraie lune était également majestueuse quand elle voulait bien se dévoiler en se dégageant des nuages omniprésents. Mari me dit qu’il est de bonne augure de boire un verre de saké sur le balcon en regardant la lune. Ça tombe bien, il en reste justement un peu au frais dans le frigo. Je prends un verre un peu plus grand que d’habitude pour faire durer ce moment sous le lune. L’alcool aidant un peu, je finis même par m’y perdre à force de la regarder fixement. J’aurais très bien pu m’endormir sur le balcon à côté du petit olivier en pot, comme ça m’est déjà arrivé quelques fois. J’ai hâte que le temps se rafraîchisse pour pouvoir profiter un peu plus du balcon, pour, par exemple, y écrire des billets pour ce blog avec le vieil iPad en mains. Je garde d’ailleurs un souvenir assez précis des textes que j’ai écris dehors sur le balcon. Pour chaque billet écrit, peut-être devrais-je annoter tous ces éléments participant à l’environnement d’écriture, comme le lieu et l’heure où j’ai écris le billet, la musique que j’écoutais au moment de l’écriture, bien qu’il s’agisse souvent de la musique dont je parle dans le même billet. C’est le cas cette fois-ci.

Le nom du musicien Ohzora Kimishima (君島大空) m’était familier depuis quelques temps, mais je n’avais jamais écouté sa musique jusqu’à maintenant. Son deuxième album no public sounds sorti il y a quelques jours, le 27 Septembre 2023, est pour moi un des meilleurs albums de l’année (avec celui de Cero). Je me suis rappelé à écouter sa musique après un tweet que j’avais écrit pour un billet consacré en partie à l’exposition de la photographe Mana Hiraki (平木希奈) que je n’avais malheureusement pas pu voir. J’avais été très surpris de voir qu’il avait aimé ce tweet et je me suis rendu compte après coup que Mana Hiraki avait créé pour Ohzora Kimishima une courte bande annonce pour son deuxième album. Je découvre un peu plus tard le single intitulé c r a z y qui me plait immédiatement pour l’émotion qui s’en dégage et une grande liberté de style avec un son de batterie très présent contrastant avec la voix délicate de Kimishima. Ce sentiment de liberté stylistique se dégage sur tout l’album qui mélange les sons pour former des ensembles souvent hétéroclites mais qui fonctionnent étrangement bien par la magie de son compositeur. Ce type de compositions me rappelle un peu KSK de Sheena Ringo, dans le sens où l’album de Ohzora Kimishima est à fleur d’émotion et joue avec les ambiances jusqu’à l’expérimental. Bien que musicalement différent, certains moments particuliers de l’album comme le dernier passage en larsens du superbe cinquième morceau Eiga (映画) me ramènent à certaines sonorités de KSK, sans pourtant être en mesure de pointer du doigt de quel morceau il s’agit. Je pense que ça doit être le mélange d’instruments, en particulier de guitare et de violon aux sonorités languissantes. Ce morceau est tout simplement magnifique. On s’accroche sans bouger à la voix calme et parfois tremblotante du chant de Kimishima, aux notes de piano pleines de réverbération et par moments dissonantes et en suspension. On y trouve une ambiance mélancolique mais les notes du piano sont tout de même très lumineuses. Ce n’est pas facile d’arriver à transmettre ce genre de sensibilité et j’aime particulièrement quand cette sensibilité se dégage au dessus d’un univers musical à l’apparence chaotique. Le quatrième morceau Arashi (˖嵐₊˚ˑ༄) est un très bon exemple du mélange de musicalité qui ponctue régulièrement l’album, car le morceau mélange sons de guitares électriques et sons électroniques. Ce type d’association est relativement fréquent sauf quand le beat électronique nous surprend en prenant tout l’espace et l’attention, en devenant très marqué et même dansant. Mais toute cette excitation rythmique soudaine est ensuite balayée par un passage expérimental chaotique comme une onde électrique venant perturber tous les instruments de musique. Ohzora Kimishima le chante d’ailleurs dans le morceau dans l’unique refrain (ここは嵐), en annonçant l’arrivée de cette bourrasque, celle annoncée également dans le titre du morceau. L’album avait pourtant démarré sur une ambiance très différente avec une guitare particulièrement active qui pouvait laisser deviner une dynamique soutenu pendant tout l’album, mais celle-ci bifurque ensuite vers un chant beaucoup plus pop et accrocheur qui me fait d’ailleurs un peu penser aux Beatles. Les pistes se brouillent régulièrement et on a de ce fait du mal à s’ennuyer à l’écoute de l’album. Certains morceaux comme 16:28 sont tout de même plus classiques dans leur approche musicale, mais la complexité musicale est toujours là, latente, prête à prendre le dessus si on la laisse faire. De ce fait, la beauté de l’album se révèle un peu plus à chaque écoute, et les préférences changent. On écrivant ces lignes, je me dis maintenant que le neuvième morceau – – nps – – (pour no public sounds) est le plus sensible. Il me donne même des frissons lorsque je l’écoute. Un grand nombre des morceaux de l’album possèdent une ambiance intimiste comme celui-ci. C’est une atmosphère très belle et délicate, mais en même temps dense et complexe.

Par curiosité, je regarde la page dédiée à cet album sur le site web de Ohzora Kimishima et je suis très agréablement surpris d’y lire à la suite des commentaires donnés par des artistes que j’apprécie. Il y a d’abord un commentaire du réalisateur de films Shunji Iwai (岩井俊二), dont je parle décidément très régulièrement sur ces pages ces derniers temps, un autre de Moeka Shiotsuka (塩塚モエカ) du groupe Hitsuji Bungaku (羊文学) que j’aime aussi beaucoup (on finira par le savoir) et de Kayoko Yoshizawa (吉澤嘉代子) que j’ai découvert plus récemment avec son très bel album Akaboshi Aoboshi (赤星青星) et son dernier single Kōrigashi (氷菓子). Ohzora Kimishima joue en fait de la guitare sur ce morceau. Il a même composé certains morceaux de Akaboshi Aoboshi et il y a également joué de la guitare. Quand aux liens avec le groupe Hitsuji Bungaku, Ohzora Kimishima et Moeka Shiotsuka ont interprété ensemble l’année dernière le morceau Hikaru Toki (光るとき) pour la chaîne YouTube The First Take. Cette version en duo, très différente de la version originale de Hitsuji Bungaku, est d’ailleurs superbe. Ohzora Kimishima et Hitsuji Bungaku ont également partagé une affiche de concert un peu plus tôt cette année, et ont même participé à une interview croisée. Bref, j’avais des raisons évidentes de trouver sa musique sur mon chemin. Et alors que j’écris ces quelques lignes, je me rends compte qu’il accompagnait également AiNA The End (アイナ・ジ・エンド) et Aoi Yamada (ヤマダアオイ) sur un festival intitulé Tokyo Chemistry qui avait lieu le 30 Septembre 2023. En parlant d’AiNA The End, je ne peux m’empêcher d’évoquer son dernier single intitulé Awaremi no Sanka (憐れみの讃歌) tiré du film Kyrie no Uta (キリエのうた) de Shunji Iwai. Sans grande surprise, ce morceau écrit et composé par Takeshi Kobayashi (小林武史), est vraiment très beau. Takeshi Kobayashi est un habitué des films de Shunji Iwai car il avait également composé les morceaux de l’album accompagnant le film All About Lily Chou-Chou. Un point intéressant est qu’AiNA interprète ce morceau, et le futur album DEBUT accompagnant le film, sous le nom de Kyrie (キリエ) qui est le nom de son personnage dans le film, tout comme c’était le cas de Salyu prenant le nom de Lily Chou-Chou sur l’album du film.

いけないリボンロック

Lors de ma visite récente de l’exposition du What Museum à Toyosu, j’avais repéré le flyer d’une autre exposition, celle du photographe Itaru Hirama (平間至). Son exposition intitulée Photo Songs (写真のうた) se déroule du 8 Juillet au 23 Août 2023 dans le Hall B au neuvième étage de la tour Hikarie à Shibuya (渋谷ヒカリエ9F ヒカリエホール ホールB), dans un espace apparemment affilié à Bunkamura. La photographie du flyer montre le musicien rock Kiyoshiro Imawano (忌野清志郎) penché excessivement en avant sur son micro. La dynamique de cette photographie et l’accoutrement fantaisiste d’Imawano m’ont attiré. Il était leader du groupe RC Succession (RC voulant dire Remainders of the Clover, car Clover était le nom du premier groupe d’Imawano), mort d’un cancer en 2009. Je ne connais pas très bien ce groupe et ce musicien qui sont pourtant légendaires au Japon. Même sans connaître la musique du groupe RC Succession, à part peut-être quelques morceaux très renommés, je reconnais tout de même très facilement la voix tellement particulièrement de Kiyoshiro Imawano. En fait, je connais tout de même le morceau Ikenai Rouge Magic (い・け・な・いルージュマジック) qui est une collaboration de Kiyoshiro Imawano avec Ryuchi Sakamoto, et qui est repassée quelques fois à la radio à la mort de Ryuchi Sakamoto.

Itaru Hirama est principalement connu pour ses photographies de musiciens et de groupes japonais, particulièrement lorsqu’ils ont une tendance et un esprit rock. Il a hérité de son père le studio photo familial installé à Shiogama, dans la prefecture de Miyagi, mais les poses fixes de gens que l’on prend en général en photo dans ce genre de studio photo ne l’intéressait pas beaucoup et il s’est attaché à explorer la capture du mouvement dans ses photographies. Il entend opérer dans son approche photographique un rapprochement avec l’excitation et l’esprit de libération que l’on peut retrouver dans la musique punk rock. On ressent particulièrement bien ce rapprochement lorsqu’Itaru Hirama photographie des groupes comme The blue hearts, Ging Nang Boyz (銀杏BOYZ) et son leader Kazunobu Mineta (峯田和伸), Kenichi Asai (浅井健一) et Blankey Jet City, ou encore l’acteur Tadanobu Asano (浅野忠信) dont les cheveux longs hirsutes de l’époque lui donnait un look sauvage. Cette exposition était pour moi d’autant plus intéressante qu’elle aborde un sujet qui me tient à cœur, celui de la manière dont la musique vient s’infiltrer dans le style photographique. La relation musicale dans mes photographies est une idée que j’ai en tête depuis de très nombreuses années, à mon simple niveau amateur. Dans cette exposition, j’ai aussi énormément apprécié le fait qu’Itaru Hirama photographie de nombreux groupes et artistes que j’apprécie, avec parfois des associations étonnantes. Le groupe Clammbon (クラムボン) est par exemple pris en photo avec Ling toshite sigure (凛として時雨). Le groupe Ling toshite sigure apparaît également seul sur d’autres photographies, tout comme la chanteuse Ikuko Harada (原田郁子) de Clammbon. Un grand nombre des photographies montrées lors de l’exposition ont été réutilisées pour les campagnes publicitaires de Tower Records, No Music No Life, dont je parle assez régulièrement sur ce blog, mais également pour des magazines musicaux japonais et quelques fois pour le gratuit Kaze to Rock (風とロック) au sujet duquel j’avais été voir une exposition dernièrement dans la galerie du Department Store PARCO. Entre cette exposition récente à PARCO et celle du photographe Itaru Hirama, c’est intéressant de voir cet engouement récent à montrer ces années rock du début 2000. On ne pouvait pas prendre de photos à l’intérieur de la plupart des salles d’exposition, ce qui assez dommage. Je me contente donc de montrer certaines affiches pour Tower Records regroupées au début de l’exposition. Itaru Hirama a pris en photo à plusieurs reprises le groupes Yellow Magic Orchestra et ses trois illustres membres à savoir Haruomi Hosono (細野晴臣), Ryuichi Sakamoto (坂本龍一) et Yukihiro Takahashi (高橋幸宏). Après la disparition récente cette année de Ryuichi Sakamoto et de Yukihiro Takahashi, ces quelques photos, dont certaines assez humoristiques, prennent une valeur toute particulière. Je vois aussi que la photo, pour la campagne No Music No Life, montrant Jane Birkin avec le chanteur et compositeur Yōsui Inoue (井上陽水), dont je parlais très récemment, a été prise par Itaru Hirama. L’exposition nous montre une autre photo des deux artistes. J’aime aussi ces photos montrant Quruli et son leader Shigeru Kishida (岸田繁), Aimyon, les idoles de Speed et UA, entre autres. Itaru Hirama a également pris beaucoup de photographies de couvertures d’albums et de singles. Deux murs de l’exposition montraient des CDs. J’étais particulièrement attiré par celui montrant les singles en CD 8cm au format en long. Je vois notamment que le photographe a pris Rie Tomosaka (ともさかりえ) en photo pour le single Cappuccino (celui écrit et composé par Sheena RIngo). La dernière partie de l’exposition montre des photographies d’inconnus prises dans son studio. La mise en scène y est souvent intéressante mais je pense que les visiteurs étaient plutôt là pour voir des photographies d’artistes. Celle de Kiyoshiro Imawano reprise sur le poster de l’exposition reste une des plus réussies.

Comme je l’indiquais dans mon billet précédent, j’écoute maintenant le dernier album Akaboshi Aoboshi (赤星青星) de Kayoko Yoshizawa (吉澤嘉代子), sorti en 2021. J’évoquais déjà la photographie de couverture de l’album réalisée par le directeur artistique Hitoki Naruo (鳴尾仁希). Les morceaux de cet album s’accordent bien à la délicatesse de cette image qui n’est pourtant pas absente d’une certaine force. Le chant de Kayoko Yoshizawa est très maîtrisé et sa voix très complète. On a très souvent envie de revenir vers des morceaux de l’album pour certains effets de voix et certaines manières de chanter qu’elle utilise, comme par exemple sur le morceau Jelly no Koibito (ゼリーの恋人). L’ensemble de l’album est plutôt apaisé, même si les guitares pointent régulièrement leur cordes dans les détours. Elles sont particulièrement présentes sur le troisième morceau morceau intitulé Gumi (グミ), qui est également un de mes préférés. C’est un morceau très accrocheur tout comme celui intitulé Service Area (サービスエリア) qui le précède. Il y a un morceau aux ambiances rétro que j’ai tout de suite beaucoup aimé, le septième intitulé Redial (リダイヤル), d’autres plus pop comme celui intitulé Oni (鬼). Mes préférés restent ceux qui possèdent une délicatesse musicale certaine comme Ryūsei (流星). Cet album s’éloigne de la musique rock que j’écoutais ces derniers temps et ça fait du bien de divaguer vers d’autres horizons un peu plus inhabituelles.

fleurs imposées

Le thème central des photographies de ce billet est celui des fleurs qui agrémentent de différentes manières les rues que je parcours ce jour là. Je n’ai pas spécifiquement choisi de prendre des photos suivant cette thématique mais elles se sont imposées à moi de manière tout à fait inconsciente et sans une volonté forte de ma part. C’est un sujet de réflexion intéressant de se demander si les photographies s’imposent à nous ou si on agit de notre propre gré. La plupart des photographies que je prends et montre sur ce blog s’imposent à moi, car je pars souvent marcher dans les rues de Tokyo sans avoir une idée précise en tête des photographies que je vais prendre, à part quand mon but est de prendre un bâtiment particulier en photo. Les photographies ci-dessus sont principalement prises dans les environs de Nishi-Azabu, sauf la dernière photographie montrant une illustration murale de Shun Sudo. Elle est cachée, car le mur sur lequel elle est dessinée n’est pas visible depuis le grand axe de l’avenue Meiji reliant Shibuya à Shinjuku.

Les fleurs sont également un motif que l’on retrouve dans l’art de Makoto Egashira (江頭誠). Je suis allé voir une petite exposition de l’artiste, intitulée Shikakui Hanazono (四角い花園), qui se déroulait à la galerie d’art HPGRP Gallery Tokyo à Minami Aoyama du 16 Juin au 17 Juillet 2023. L’artiste était présent à mon passage. Il découpait dans des grandes couvertures fleuries des motifs qu’il ajoutera ensuite à son œuvre unique présente dans la galerie, un corbillard japonais entièrement recouvert de ses motifs. Ces couvertures florales de style occidental sont assez courantes dans les foyers japonais même si elles sont maintenant démodés depuis longtemps. Elles ont l’avantage d’être très chaudes, placées au dessus du futon. Dans le Japon d’après-guerre, ce produit de literie aux motifs de roses de style rococo avait apparemment une image de luxe. Makoto Egashira les découpe soigneusement et colle les motifs floraux sur divers objets. Ici, il s’agit d’un corbillard japonais basé sur une Lincoln Continental. On ne voit plus depuis longtemps à Tokyo ce genre de corbillard combinant une base de voiture américaine avec une partie arrière ressemblant à un hall de temple. J’imagine qu’on doit toujours trouver ce genre de voitures funéraires dans les campagnes japonaises reculées. Ce n’est pas la première fois que je voyais des œuvres d’art de Makoto Egashira. On retrouvait par exemple cette même voiture dans le court film Kaguya by Gucci à l’esthétique remarquable. Ce film, dont j’ai déjà parlé, a été réalisé par Makoto Nagahisa avec Hikari Mitsushima, Aoi Yamada et Eita Nagayama. On retrouvait également certains objets de l’artiste dans la vidéo du morceau My Lovely Ghost de YUKI, dont j’avais également déjà parlé sur ce blog.

Continuons en musique avec un très beau morceau de Kayoko Yoshizawa (吉澤嘉代子) intitulé Kōrigashi (氷菓子) qui est le thème musical du film Ice Cream Fever (アイスクリームフィーバー), réalisé par Tetsuya Chihara (千原 徹也). Le film est sorti le 14 Juillet 2023. Il est tiré d’un roman de Mieko Kawakami (川上未映子) intitulé Ice Cream Fever (アイスクリーム熱) et publié en 2011. Savoir que ce film est tiré d’un livre de Mieko Kawakami m’a fait chercher dans ma petite bibliothèque car je pensais l’avoir déjà lu. En fait, j’avais lu un autre de ses romans sorti quelques années plus tard en 2013, qui s’intitule Ms Ice Sandwich (ミス・アイスサンドイッチ). A l’affiche du film, on pourra voir Riho Yoshioka (吉岡里帆), Marika Matsumoto (松本まりか), Serina Motola (モトーラ世理奈) et Utaha (詩羽) de Wednesday Campanella, ce qui m’a légèrement surpris. En fait, j’avais vu la vidéo de Kōrigashi avant de savoir que ce morceau était le thème d’un film et j’ai été surpris d’y voir jouer Riho Yoshioka et Utaha. Les images de la vidéo, également réalisée par Tetsuya Chihara, doivent être en grande partie empruntées au film. La qualité de ce morceau m’a poussé à commencer l’écoute de son dernier album Akaboshi Aoboshi (赤星青星) sorti en 2021. Au moment de la sortie de cet album, j’avais été attiré par la beauté de sa couverture réalisée par le directeur artistique Hitoki Naruo (鳴尾仁希), mais je n’avais pas été jusqu’à l’écoute. Je me rattrape seulement maintenant.