Ces photographies datent d’il y a exactement 1 an. Elles sont prises à Ōfuna dans la préfecture de Kanagawa, tout près de Kamakura, juste avant le déménagement de la mère de Mari. Je gardais ces photographies dans un billet en brouillon pendant tout ce temps et je me demande maintenant pourquoi. Les photos en elles-mêmes n’ont très certainement rien de vraiment intéressant pour le visiteur, mais le sont pour moi et je les regarde maintenant avec une nostalgie certaine. Je me rends compte qu’on arrive aux limites du blog, quand j’en viens à montrer des photos qui n’intéressent à priori que moi-même. Dans ce cas là, pourquoi les montrer sur Internet et ne pas les garder plutôt dans un dossier du disque dur de mon ordinateur? Pendant environ 18 ans, j’ai pris beaucoup de photos dans les quartiers de Kamakura et cette série ci-dessus vient conclure cet épisode. Cette conclusion visuelle m’est nécessaire, notamment parce qu’elle me rappelle la conversation que j’ai eu avec mon fils lorsque l’on marchait une dernière fois le long de la rivière montrée sur la quatrième photographie. Le petit sanctuaire en haut de la colline sur la première photo me rappelle les cérémonies du premier de l’an lorsqu’on s’y rendait après minuit le premier jour de chaque année, après avoir regardé l’emission Kōhaku. Cette photographie n’a pas de qualité particulière et ne parlera qu’à moi-même. Je les publie sur le blog car j’ai envie de tomber dessus par hasard, dans quelques années peut-être, lorsque je parcourais une nouvelle fois ces pages. Il m’arrive régulièrement de choisir un mois au hasard dans les 18 années d’archives de ce blog, et de relire ce que j’écrivais à l’époque. Pouvoir me relire des années après est une des raisons qui me font continuer mais la motivation est parfois en berne. Je prends beaucoup moins de photos en ce moment le week-end et l’envie d’en prendre est au plus bas, notamment car j’ai de plus en plus l’impression de me répéter. C’est un sentiment étrange car cela fait des années maintenant que je me répète dans mes photographies, mais ma motivation pour écrire au sujet de ces photos s’est atténuée ces derniers temps. Je pense que c’est dû au fait qu’on ne bouge pas beaucoup de chez nous ces dernières semaines à cause de la situation sanitaire et les recommandations de rester chez soi. Je regarde du coup beaucoup plus Netflix et notamment la série Lupin avec Omar Sy qui commence vraiment très bien. Mais je connais ces baisses de régime occasionnelles et la machine repart plus tard comme si de rien n’était. L’envie d’écrire sur la musique que j’aime est de toute façon plus forte que mes doutes sur l’utilité de ce blog.
Étiquette : 大船
une semaine en mars (1ère)
Je n’ai pas pris de congés depuis plusieurs mois donc ceux de cette fin mars sont les bienvenus. Zoa commence aussi ses vacances du printemps avant la rentrée des classes au tout début du mois d’avril. Ces petites vacances commencent par un long week-end car le lundi 21 mars est férié au Japon. Nous partons pour Ofuna chez la mère de Mari. Ofuna se trouve juste à côté de Kamakura. Depuis Tokyo, la ville s’étend sans interruptions notables jusqu’à Yokohama, puis Totsuka, Ofuna, Fujisawa… jusqu’au bord de l’océan pacifique. Nous nous y rendons en voiture comme d’habitude en empruntant l’autoroute Daisan Keihin depuis la route Kanpachi puis l’autoroute Yokohama Shindō. Week-end de trois jours oblige, il y a pas mal de traffic sur ces autoroutes.
Nous écoutons Suiyōbi no Campanella 水曜日のカンパネラ (anglicisé en Wednesday Campanella) pour prendre notre mal en patience. Depuis leur concert au Nippon Budokan, on voit assez régulièrement ces derniers jours la chanteuse KOM_I コムアイ sur les plateaux de télévision japonaise. J’étais d’abord assez intrigué par la musique de ce groupe par les bribes de morceaux entendus à la télévision, et je me suis soudainement décidé à explorer cette musique à travers les vidéos Youtube du groupe (et elles sont nombreuses). Le groupe se compose de KOM_I au chant et à la performance artistique, de Hidefumi Kenmochi pour la composition musicale, et de Dir.F pour la production, la video, etc. En réalité, KOM_I est la seule membre visible du groupe. Le style musical de Suiyōbi no Campanella (abréviation en Suikan スイカン) est électronique avec beaucoup de rythmes, mais l’intérêt et la nouveauté, ce sont les paroles rappées, souvent pleine de non-sens et d’humour. Il s’agit souvent d’une accumulation de phrases sans liens directs entre elles mais en rapport avec un thème décrit dans le titre du morceau. Par exemple, le morceau intitulé Jeanne D’Arc ジャンヌダルク reprend des messages d’information que pourrait donné un accompagnateur de bus lors d’un voyage organisé. Mais dans le cas de cette chanson, la compagnie de bus s’appelle D’Arc Inc, le guide s’appelle Jeanne et le voyage semble avoir Orléans pour destination (bien qu’il parte du terminal de bus de Shinjuku). Il y a certaines allusions à l’histoire de Jeanne d’Arc dans le morceau mais tout ça est mélangé avec des références à Tokyo, ce qui donne un ensemble irréel, qui est vraiment intéressant à écouter (en plus d’apprécier la musique). Cela peut paraître bizarre, expliqué comme ça, mais la mise en musique et le rythme donné par KOM_I à ces phrases chantées donnent quelque chose de très frais et nouveau, avec l’approche décalée d’ artistes expérimentaux. Beaucoup de morceaux prennent comme thèmes et titres des noms de personnages illustres comme Marie Antoinette マリー・アントワネット, avec une accumulation de mots et expressions françaises prononcées à la japonaise, dans un environnement très japonais, celui de Asakusa dans la vidéo du morceau. Pour donner d’autres exemples, citons Rah ラー dans un décor doré de pyramides, Ikkyū San 一休さん pour une évocation du moine bouddhiste mais dans un décor de boîte de nuit, Aladin アラジン sur une piste de bowling… Le morceau le plus amusant que j’ai pu écouter est certainement l’histoire de Momotaro 桃太郎, inspiré d’un ancien conte populaire. Il vit chez ses grands parents et passe son temps à jouer à la PC Engine en ignorant ses devoirs. Momotaro (le garçon pêche) finit par se faire renvoyer de la maison avec seulement un kibi dango en poche, en se demandant s’il va pouvoir exterminer les démons de l’île aux démons 鬼ヶ島. La mise en chanson très contemporaine d’une vieille légende du folklore japonais est vraiment excellente. Certains morceaux du groupe peuvent être plus expériemtaux dans la musique et la vidéo, comme le très beau Baku バク, dont la vidéo avec ces formes organiques colorées en continuelles mutations est un chef d’oeuvre d’art visuel.
Je pioche différents morceaux par ci par là, dans la discographie déjà assez étendue de Suiyōbi no Campanella (malgré la jeunesse de la formation), entre les mini-albums et le dernier opus intitulé Superman, pour former une compilation que l’on écoute dans la voiture, en route pour Ofuna.
nouveau moment
Une nouvelle année s’ouvre derrière les rideaux des temples et sanctuaires. Comme tous les ans, nous avons passé les premiers jours de la nouvelle année à Ofuna, près de Kamakura, d’une manière assez classique en regardant d’abord l’émission musicale « Kōhaku Uta Gassen NHK紅白歌合戦 » sur NHK le soir du réveillon jusqu’à un peu avant minuit. Regarder Kōhaku, c’est une tradition à laquelle on n’échappe pas. J’aime de toute façon regarder cette émission, car elle donne une bonne rétrospective de ce qui s’est passé musicalement au Japon pendant l’année écoulée. Il y a évidemment beaucoup et principalement de la musique populaire et commerciale mélangée avec des chansons plus anciennes dans le style Enka, pour plaire à tous les publics. Cela reste une chaîne publique, les écarts sont rarement permis, mais on peut y voir et étendre des choses intéressantes.
Je suis toujours avec une certaine attention le parcours de Sheena Ringo 椎名林檎 au cas elle sortirait des morceaux comme A Life Supreme 至上の人生, qui était vraiment excellent, ou dans le style rock des premiers albums. Elle chante maintenant régulièrement dans cette émission de la NHK depuis quelques années. Cette fois-ci, elle ne chantait pas dans les studios de la NHK, mais à l’extérieur dans le froid devant la mairie de Tokyo à Nishi Shinjuku, un morceau intitulé « Seishun no Mabataki 青春の瞬き » avec comme sous-titre « FROM NEO TOKYO 2016 ». Je suis assez intrigué par ce sous-titre qui me ferait plutôt penser au Neo-Tokyo de 2020 dans Akira. Dans Akira, 2020 était l’année prévue pour les Jeux Olympiques de Tokyo et Sheena Ringo a déjà composé dans le passé un morceau pour un événement sportif intitulé NIPPON et elle a participé aux musiques du passage de baton entre Rio et Tokyo à la cérémonie de cloture des Jeux de 2016. Cette association d’idées nous indique peut être qu’elle écrira ou interprétera le thème des futurs jeux de Tokyo. A suivre. Cette chanson interprétée à Kōhaku s’appelle également avec un nom en français (allez savoir pourquoi): Le Moment, sorti en 2014 sur l’album Reimport: Ports and Harbours Bureau 逆輸入 ~港湾局~. Ce morceau fut initialement écrit par Sheena Ringo pour Chiaki Kuriyama (également actrice, elle était Takako Chigusa dans Battle Royale et Gogo Yubari dans Kill Bill vol.1). A la fin de l’émission, Utada Hikaru chantait également pour la première fois dans cette émission. J’espérais qu’elle interpréterait avec Sheena Ringo le morceau 二時間だけのバカンス (des vacances de deux heures seulement), mais ce n’était pas le cas malheureusement. Cela aurait été assez compliqué à organiser de toute façon vu que Utada Hikaru habite à Londres depuis des années et qu’elle interprétait en duplex. Il s’agissait d’un autre morceau, moins intéressant que les autres morceaux de son dernier album Fantôme (un titre en français, encore une fois), que l’on écoute beaucoup à la maison (ou dans la voiture plutôt).
Il y avait une curiosité quand même dans cette 67ème édition de Kōhaku, c’était le duo entre la star pop Seiko Matsuda (54 ans mais qui étonnamment ne vieillit plus depuis plusieurs années) et Yoshiki, le leader de X Japan, également batteur et pianiste du groupe de rock mythique japonais. Après ce morceau au piano que l’on oubliera vite, le groupe X Japan au complet jouera un ancien single intitulé « Kurenai » de l’album « Blue Blood » sorti en 1989. A vrai dire, je ne trouvais pas d’intérêt particulier pour X Japan, sachant qu’il s’agit de rock plutôt old school oscillant entre le speed métal et le rock progressif. C’est par contre un groupe culte au Japon et les fans sont nombreux. On dit qu’il y a un avant et après X Japan dans l’histoire du rock japonais et qu’ils ont lancé le style Visual Kei (mélange de glam gothique post-punk alternatif), qui sera ensuite repris par beaucoup d’autres groupes à cette époque des années 90. Dans ce style de rock, je m’étais plus attaché à Luna Sea, groupe rock mené par Ryuchi Kawamura, se rapprochant du Visual Kei, mais avec un rock plus alternatif et « contemporain » que X Japan. J’ai toujours questionné la part d’authenticité de la démarche Visual Kei, notamment les contraintes commerciales qui gangrènent la créativité rock alternative au Japon me semble t’il. Un article sorti récemment sur Pitchfork viendra bousculer mes à priori sur X Japan et attisé mon intérêt. On peut tout d’abord se demander pourquoi on parle d’un groupe de rock japonais sur un site comme Pitchfork et j’en étais agréablement surpris. La raison est qu’un documentaire américain intitulé « We Are X » par Stephen Kijak est sorti en 2016 et présenté au festival du film de Sundance. Je n’ai pas vu le documentaire mais les explications sur la page Pitchfork et ce que j’ai pu lire sur wikipedia nous parle d’un groupe au destin tragique (plusieurs morts chez les membres dont Hide, toujours membre à titre posthume, lavage de cerveau du chanteur par une secte conduisant le groupe à faire une longue trêve depuis 1997) et d’un leader fascinant, tête pensante du groupe, maîtrisant aussi bien la batterie que le piano, et acharné jusqu’à en perdre contrôle. Bref, rien à voir avec les groupes fabriqués de toutes pièces par les studios de production.
Ma curiosité m’amène donc vers un album du groupe, le 4ème intitulé « Art of Life ». La particularité de cet album est qu’il n’est composé que d’un seul morceau long de 29 minutes, mélangeant guitares rapides, orchestrations et passage au piano, avec une mélodie chantée qui revient comme un refrain sous plusieurs formes. Il faut passé le cap de la voix de Toshi et je suis assez peu habitué à ce style de rock progressif. Mais le morceau fascine et s’enchaine avec beaucoup de maîtrise. Je me surprends à vouloir écouter encore et encore ce long morceau, sans que le temps paraisse long tant il se renouvelle sans cesse. Je vous invite à en lire plus sur un article revue du morceau de sputnik music. Je continue maintenant à défricher un peu plus les albums du groupe avec d’abord « Jealousy » et « Blue Blood ».
Mon premier point d’attache avec la musique rock japonaise était Luna Sea, que je découvrais alors que j’étais encore en France à la fin des années 1990 (peu être grâce au feu magazine-fanzine Tsunami). Alors que l’on parle de Visual Kei et de rock lourd en guitares, me reviennent en tête des morceaux de Luna Sea, notamment sur leur meilleur album « Mother », sorti en 1994. Je me remets à écouter leur discographie complète, enfin plutôt les premiers albums. Là encore, il faut une certaine période d’adaptation au style de chant emprunt de romantisme, mais les qualités de la voix du chanteur, la technique et l’inventivité musicale, ainsi que la personnalité singulière des morceaux sont accrocheurs.
Mais revenons à cette soirée de la nouvelle année. Quelques dizaines de minutes avant le passage au nouvel an, NHK nous montre en direct en images le hatsumōde (初詣), la première visite au sanctuaire Shintō, dans un sanctuaire quelque part au Japon. J’aime quand ils choisissent un sanctuaire enneigé entouré de forêts ou de montagnes, mais ça ne sera pas le cas cette année. Un peu avant minuit, les foules se déplacent vers les sanctuaires et depuis quelques années, nous faisons de même au sanctuaire Aoki, dans un des quartiers de Ofuna. C’est un petit sanctuaire en haut d’une colline. Il faut monter un escalier étroit de 100 marches environ pour y accéder. Et il y a foule à minuit. On résiste au froid autour du feu devant le sanctuaire et avec un verre de amazake chaud à la mains. J’aime beaucoup cette boisson non-alcolisé (malgré ce que le nom pourrait laisser penser) qui réchauffe dans les allées froides des sanctuaires. En revenant à la maison et après le bain chaud, on se cache sous le futon jusqu’au petit matin. On n’aura pas le courage de se réveiller pour voir le premier levé de soleil (comme on l’avait fait à Atami, il y a quelques jours, j’y reviendrais). Le matin, je me réveille toujours avant tout le monde dans la maison. J’aime ce moment alors que tout le monde dort encore. Ce matin là, je reste un peu plus longtemps sous le futon pour écouter un peu de musique sur l’ipod, l’album « In colour » de Jamie xx, sorti en 2015. Je découvre cet album sur le tard alors que The xx, dont fait partie Jamie xx (on pouvait deviner), sort un nouveau morceau « On-hold » que j’écoute beaucoup en ce moment, et qui sera sur la track list de leur futur album « I see you ». Il y a d’ailleurs un long article sur Pitchfork. Après l’écoute de « In colour », je reconnais d’ailleurs une influence plus forte de Jamie xx sur le nouveau morceau de The xx, dans la composition, par rapport au style plus minimaliste de leur premier album (je ne connais pas le deuxième album de The xx). J’aime beaucoup « In colour » pour son inventivité et par le rythme des morceaux électroniques. C’est aussi assez intéressant de retrouver les voix de Romy et de Oliver Sim, les deux collègues de The xx, sur certains morceaux de « In colour ». L’album forme un ensemble continu qui se tient bien.
Toujours sous le futon et après avoir fini l’écoute de « In colour », personne n’est encore réveillé dans la maison. Je me mets dans l’idée de revoir l’épisode 4 de Star Wars, « A New Hope« , le premier épisode de la série de Georges Lucas. J’avais revu tous les épisodes l’année dernière après avoir vu l’épisode 7 « The Force Awakens » au cinéma. Je suis en fait aller voir Rogue One la dernière semaine de l’année 2016 au Toho de Roppongi Hills. Cet épisode indépendant de la trame Skywalker a reçu de bonnes critiques dans l’ensemble et je ne vais pas dépareiller. je me demande d’ailleurs si je ne préfère pas cet épisode à l’épisode 7, un peu trop teinté de nostalgie et d’analogie avec « A New Hope ». Certaines critiques nous disent que l’action et le rythme de Rogue One apporte un contraste trop fort avec l’épisode 4 qui le suit directement dans la chronologie Star Wars, mais on ne peut pas reprocher à ce nouvel épisode d’utiliser les techniques modernes de son temps. On apprécie en tout cas une histoire originale, même si on connaît le scénario depuis longtemps car annoncé dans le générique en défilement de l’épisode 4. L’environnement de cet épisode est très travaillé, notamment la ville forteresse de Jedha. On apprécie de se replonger dans cet univers extraordinaire et je ne résiste pas, comme pour « The Force Awakens » à me procurer le livre « The Art of Rogue One » qui nous montre les illustrations de préparation du film par l’équipe d’illustrateurs et designers de Lucasfilm, menés par les deux co-production designers Doug Chiang et Neil Lamont ainsi que par le réalisateur de cet épisode Gareth Edwards. On y découvre beaucoup de prototypes et de d’essais de personnages qui ne verront finalement pas le jour dans le film final. J’ai quand même très hâte de découvrir l’épisode 8 de la série à la fin de l’année (avec les dernières images posthumes de la princesse Princess Leia Organa / Carrie Fisher).
Alors que tout le monde se réveille enfin dans la maison, il est temps de commencer les Osechi avec un ou plusieurs verres de sake. Pour le nouvel an, nous avons pris l’habitude de commander du sake Kokuryu, provenant des montagnes de Fukui. La premier journée de l’année est en général très calme. Après un passage au sanctuaire Aoki juste à côté, nous décidons pour une fois d’aller rendre visite à la grande statue Kannon près de la station de Ofuna. La statue blanche est gigantesque et on ne peut pas la manquer. On trouve un temple bouddhiste au pied de la statue construite dans les années 1960. A l’intérieur, il y a un espace de prière où quatre moines commencent des chants. Je suis surpris par la puissance des voix des moines. On s’assoit quelques instants sur les bancs pour écouter. Dans une petite pièce à côté, des centaines de statues miniatures sont alignées. Elles sont certainement faites mains car elles sont toutes différentes.
Le 2 Janvier, nous allons comme tous les ans au sanctuaire de Enoshima. Nous le savions très bien mais il y a foule pour grimper jusqu’au sanctuaire par la rue étroite bordée d’échoppes. On avance doucement avec en point de mire la porte du sanctuaire, où il faut ensuite prendre son mal en patience dans les escaliers. En ce qui nous concerne, comme je suis dans mes années de yakudoshi, nous avons participé à la cérémonie de purification yakubarai, qui nous permet par la même occasion de passer par une file rapide. Après cette étape de rituel très commune au Japon, précisons-le, espérons que cette nouvelle année se présente sous de beaux jours.
Quand la nuit tombe sur Enoshima, à partir de 5h en hiver, les jardins s’illuminent. Les palmiers verts illuminés ont un petit air de Californie. Aux portes du sanctuaire, les lampes s’allument également et il est temps de rentrer, de reprendre le monorail suspendu qui nous ramènera vers Ofuna. Le soir, il faut terminer les Osechi qui restaient du 1er janvier.
Les 2 et 3 janvier, se déroule la course Hakone Ekiden entre Tokyo et Hakone. Nous la regardons avec beaucoup d’attention depuis 6 ans car l’école de Zoa, Aoyama Gakuin, y participe, du moins l’université de l’école. Aogaku a remporté la première place de cette course allé-retour deux fois de suite (en 2016 et 2015) et est en bonne place pour terminer premier cette année également. Comme tous les ans, nous nous postons aux bords de la route nationale 1 qui verra passer les coureurs, munis de petits drapeaux aux couleurs de l’école. Aogaku a dominé pratiquement toute la course et les coureurs défileront même dans Shibuya dans quelques jours pour fêter cette victoire ininterrompue. On aurait presque souhaité un peu plus de suspense, mais on ne va pas s’en plaindre.
Pour cette dernière journée des congés de nouvel an, nous reprenons la voiture pour la côte du Shonan. Nous apercevons Enoshima, toujours, au loin alors que l’on mange en terrasse sous le soleil hivernal. Il faisait étonnement doux pour ces premières journées de l’année. Nous terminerons nos visites de temples et sanctuaires par le temple Ryukoji à L’entrée de Enoshima, dans les terres. Le train Enoden, en photographie ci-dessus, passe aux portes du temple, mais nous ne l’emprunterons pas cette fois-ci.
Pour terminer ce long billet par une note sur le blog, contrairement à l’année dernière à la même époque, je ne ressens pas l’envie de faire une pause de blog. D’année en année, le nombre de billets publiés sur Made in Tokyo est en constante diminution (35 billets en 2016 contre 44 en 2015 et 55 en 2014), mais l’envie de continuer pour une quatorzième année est toujours présente. En souhaitant une bonne et heureuse année aux visiteurs de Made in Tokyo.
soleil blanc et fantôme de jupiter
Une boule lumineuse en forme de soleil blanc est posée à plusieurs endroits dans le jardin extérieur du septième étage de la tour Shin-Marunouchi. je n’ai jamais vu la lumière s’échapper de ce soleil mais je l’imagine similaire à celle des petites lunes dans les jardins de Roppongi Hills.
La résidence sur cette photographie prise à Kitazawa est étrange. Elle ressemble à une forteresse avec peu d’ouvertures sur la rue. Un samedi matin, j’y trouve garée une vieille mercedes noire qui ne dépareille pas avec la résidence qui semble sans âge.
Les deux photographies ci-dessus montrent des oeuvres aperçues au musée de Roppongi Hills pour l’exposition « The Universe and Art« . L’oeuvre courbe est de Mariko Mori (fille de Mori, tiens donc) et le robot sexy est de Hajime Sorayama. J’aime toujours les expositions au Mori Art Museum, car on y trouve beaucoup d’installations et on sent qu’il y a des moyens derrière pour créer une exposition d’exception. Cette fois-ci, j’ai particulièrement apprécié les images de soleil de Brilliant Noise par Semiconductor, en immersion sur trois écrans avec des sons fascinants. L’installation immersive par Teamlab intitulée « Crows are Chased and the Chasing Crows are Destined to be Chased as well, Blossoming on Collision » était très prenante. On s’assoie au centre de la pièce pour regarder les traines lumineuses sur un fond cosmique noir. Il faut s’asseoir car on peut perdre l’équilibre parmi ces flux de lumière tourbillonants.
Vendredi et Samedi dernier, je recevais la visite de Frédéric qui faisait une escale de deux jours à Tokyo avant de rejoindre Nouméa pour y vivre. Cela faisait 14 ans qu’on ne s’était pas vu et les discussions de retrouvaille nous ont accompagné pendant de longues marches dans Tokyo, 40 kms à pieds sur 2 jours (les visiteurs de ce blog le savent peut être déjà, j’aime marcher dans les rues de Tokyo). Notre parcours nous fait passer par Asakusa, Ueno, Akihabara et la tour de Tokyo dont on aperçoit une vue sur la photographie ci-dessus.
Le deuxième jour de marche nous amène jusqu’à Meiji Jingu, histoire d’y voir quelques processions de mariages traditionnels en kimono. Je ne vais pas souvent à Meiji Jingu, mais l’endroit est agréable le matin quand il fait chaud et que l’on cherche un peu de fraicheur. Il y a beaucoup de touristes évidemment.
Nous redescendons ensuite de Meiji Jingu vers Harajuku, pour y voir la faune, celle de la rue Takeshita. On remarque que comme en France, les tatouages se répandent de plus en plus, comme sur le dos de la jeune fille de la photographie ci-dessus. Les tatouages sont encore interdits dans de nombreux endroits comme les piscines ou les salles de sport, mais cela va certainement changer avec le temps, j’imagine.
Nous marchons ensuite vers le centre de Shibuya pour revoir les panneaux lumineux du croisement. Je remarque cette photo de Utada Hikaru, un peu floue et en noir et blanc pour son dernier album à sortir à la fin du mois de septembre. L’utilisation du français me surprend un peu. Sheena Ringo utilise souvent le français pour les sous-titres de ses morceaux (bien que les morceaux soient en japonais voire en anglais) et il y a justement un duo des deux chanteuses sur cet album. Je n’apprécie pas tous les morceaux de Utada Hikaru ou de Sheena Ringo, mais je prête toujours une oreille attentive. J’aime d’ailleurs ce nouveau morceau du duo, intitulé 二時間だけのバカンス (des vacances de deux heures seulement) et notamment la vidéo rétro-futuriste avec Citroen DS volante et passage devant la grande tache rouge de Jupiter.
Pour terminer notre promenade de la journée, nous passons à Shimo-Kitazawa. J’y vais très souvent par la force des choses mais j’apprécie les petites rues encombrées de bric à brac. Les cafés de tous styles se développent beaucoup à Tokyo en ce moment, et on a la chance ce samedi de trouver une petite place sur une terrasse improvisée sur le maigre trottoir de la rue. Les rues sont de toute façon majoritairement piétonnes, pas vraiment en fait mais assez peu de voitures s’aventurent dans ces rues. On observe la foule des passants en buvant tranquillement notre café.
Ces dernières photographies sont prises en dehors de Tokyo, au sanctuaire de Aoki pour le matsuri d’automne. Comme tous les ans, on sort les mikoshi. Zoa participe à procession en portant avec d’autres enfants un mikoshi miniature. On y joue aussi du taiko devant le sanctuaire.
Swirling whirling to the skies of other places
La Golden Week cette année fut active. Nous avons beaucoup marché en famille dans les montagnes de Kamakura, en se perdant un peu parfois pour trouver les entrées des pistes de randonnées. A Kamakura, les zones de villes et de forêts montagneuses se mélangent. Nos parcours partaient de Kita-Kamakura pour arriver vers le centre de Kamakura, non loin de Tsurugaoka Hachimangu. Nous avons démarré une des marches depuis le temple Kenchō-ji à Kita-Kamakura. Il faut d’abord entrer à l’intérieur de l’ensemble de temples que forment Kenchō-ji. Au passage, on remarque une très belle porte dorée, qui vient d’être rénovée récemment à mon souvenir. Nous grimpons la montagne derrière les temples pour rejoindre le tracé de la piste de randonnée. A Kamakura, si on connaît un peu son chemin, on peut accéder à certains temples gratuitement en y accédant par la montagne. Pour le temple Engakuji à Kita-Kamakura, c’est assez facile et il n’y a pas de surveillance, mais pour Kenchō-ji, on veille en haut de la montagne à ce que chaque visiteur venant de la montagne se soit bien acquitté de son billet d’entrée au temple (le contrôle a l’air assez souple cependant). A Kamakura en période de Golden Week, nous ne sommes évidemment pas les seuls à avoir l’idée de se promener dans les montagnes. On ne se bouscule pas quand même, et le parcours est agréable. Sur les hauteurs de Kenchō-ji, à environ 150 mètres (on n’est pas très haut certes), on a une belle vue sur les temples émergeant de la forêt et sur la baie de Sagami au loin. Après quelques heures, nous ressortons de la forêt vers le sanctuaire de Kamakura-gū. Un groupe s’y faisait prendre en photo en kimono, peut être pour une célébration interne au sanctuaire.
Quelques jours auparavant, une autre randonnée dans les montagnes de Kamakura nous avait amené jusqu’au temple Meigetsu-in (réputé pour ses hortensia au mois de juin). Tout près de l’entrée du temple, une maison individuelle attire tout de suite mon attention par son design, notamment la forme angulaire de son toit et les lamelles de bois sur la façade. Je pense tout de suite à une création de Kengo Kuma, ce qui est apparemment le cas (mais j’en ai pas la certitude). J’adore ces découvertes architecturales inattendues, ce qui est d’autant plus rare et difficile à trouver à Kamakura. On peut également faire quelques découvertes inattendues dans certains temples à Kamakura, comme des dessins plutôt contemporains de personnages proches du manga. J’avais pu voir ce type de peintures dans un autre temple à Kamakura il y a quelque temps.
Entre ces deux « périples », nous avons passé une journée à Yokohama, à Minato Mirai, en haut de la tour Lundmark, histoire de re-vérifier que la terre est bien ronde. Mais pour cette vérification, l’objectif Grand angle Fish Eye que j’utilisais aidait beaucoup.