Je ne pensais pas que l’enceinte du temple Naritasan Shinshōji (成田山新勝寺) était aussi vaste. Elle contient même un large parc abondamment boisé. De Naritasan, j’avais seulement l’image de la grande pagode de la paix (平和大塔) datant de 1984, que je montre sur la cinquième photographie du billet, et j’imaginais donc un ensemble de constructions récentes. En réalité, les époques se mélangent. La grande porte d’entrée Sōmon (総門) que je montre une nouvelle fois sur la dernière photo du billet date de 2008. Le grand hall principal de la première photo date lui de 1968, mais la pagode de trois étages (三重塔) placée juste devant ce hall est beaucoup plus ancienne car elle date de 1712. Parmi les bâtiments les anciens, on compte également le hall Kōmyō-dō (光明堂) de 1701 sur la quatrième photo et le Gaku-dō (額堂) de 1861 sur l’avant-dernière photographie. On navigue donc entre les époques en empruntant les larges allées quasiment désertes. Nous allons souvent à Chiba ces derniers temps, en général le dimanche. Le grand ne nous suit plus depuis longtemps et nous demande à chaque fois pourquoi nous allons si souvent à Chiba. C’est une préfecture que je pense assez peu connaître même si nous y sommes déjà allés de nombreuses fois. J’ai l’impression qu’il nous reste encore beaucoup de choses à y découvrir, notamment les bords de l’océan pacifique.
Étiquette : 成田山新勝寺
depuis la route sinueuse menant à Naritasan (1)
Ces photographies datent du tout début du mois d’Août. Je pense que tous les ans en été, je prends beaucoup de retard pour montrer sur Made in Tokyo toutes les photos que j’ai pris, au point où j’en oublierais presque de les montrer. J’ai tout de même la discipline personnelle de travailler et de sélectionner mes photographies peu de temps après les avoir prises, ce qui me permet de tout de même de garder le fil. Nous sommes ici au grand ensemble de temples Naritasan Shinshōji (成田山新勝寺) dans la préfecture de Chiba. Naritasan est situé à une vingtaine de kilomètres de l’aéroport international de Narita. Nous avons souvent parlé d’aller voir ce temple, qui compte parmi les plus important de la région du Kanto, mais c’était en fait la première que nous nous y rendions. Je ne pensais pas trouver près du temple une rue en partie préservée. Naritasan est un temple bouddhiste de la branche Shingon, fondé en l’an 940. Le restaurant d’anguille grillée (うなぎ) nommé Kawatoyo (川豊) dans lequel nous avons déjeuné n’est pas aussi ancien que le temple de Narita, mais a tout de même plus de 100 ans, puisqu’il a ouvert ses portes en 1910. Il s’agit du plus d’ancien restaurant d’unagi de la ville. Les anguilles qui sont une spécialité de Narita sont attrapées dans le lac Inbanuma et dans les rivières proches de Tone et Naganuma. On s’assoit au deuxième étage du restaurant sur le tatami sur lequel est posé des tables basses. Les clients sont nombreux mais le service est bien huilé. Les touristes y affluent. L’endroit doit être noté dans les guides. Nous serons un peu plus tranquille à l’étage, d’autant plus qu’on y a une vue sur la rue zigzaguante menant à la grande porte d’entrée de Naritasan. Assis sur le tatami, nous sommes à l’abri de la lumière forte du plein été. Lorsque j’habitais en France, Unagi (うなぎ) était pour moi avant tout un film de Shōhei Imamura (今村昌平) primé de la palme d’or ex-æquo au Festival de Cannes de 1997. Je n’ai pas vu le film mais il m’a pourtant beaucoup marqué. Comment est ce possible? Certains films laissent des traces dans notre imaginaire avant même qu’on les voit et on a même peur de les voir par crainte de ne pas y trouver ce qu’on y recherche. Il faudra quand même que je rattrape le coup très vite en le regardant. Unagi est maintenant ce repas délicieux dont on raffole mais qu’on ne se permet que de temps en temps. C’est également le plat qui a certainement le plus mauvais rapport prix et durée de dégustation, car il nous faut seulement quelques minutes pour terminer notre bento que nous avons pourtant attendu pendant plus dizaines de minutes. Le ventre plein, on pourrait très facilement s’endormir sur les petits coussins posés sur le tatami, mais il ne faut pas qu’on oublie la raison pour laquelle nous sommes venu jusqu’ici. Une fois franchi la grande porte de Naritasan, nous progressons doucement en recherchant les points d’ombre.