Étiquette : 早稲田
RAY in the morning
Tous les ans à la même période de fin décembre, je me rends au sanctuaire Ana-Hachimangu près de l’université de Waseda pour y acheter des talismans qui nous protégeront pendant toute la nouvelle année. C’est une sorte de tradition dans la famille d’y aller tous les ans et depuis plusieurs années, je me porte volontaire pour aller les acheter le premier jour où ils sont disponibles au sanctuaire. Comme beaucoup d’autres personnes comme moi, je m’y rends même dès l’ouverture à 5h du matin, ce qui veut dire un réveil à 3h du matin environ pour prendre le premier train JR à 4h30 environ. J’arrive sur les lieux du sanctuaire un peu après 5h du matin et il y a déjà foule dans la file d’attente qui s’étend dans une des rues entourant l’enceinte de Ana-hachimangu. En fait, je suis arrivé en retard de quelques dizaines de minutes par rapport à l’heure d’ouverture et la foule s’était déjà pas mal regroupée sur le trottoir. Il me semble qu’il y a plus de monde que l’année dernière à la même heure car nous sommes un dimanche et la météo annonce de la pluie au milieu de la journée. Il faudra attendre environ 2h30 dans la nuit et le froid avant de pouvoir approcher un des comptoirs du sanctuaire pour acheter les talismans pour une partie de la famille. Je m’étais bien couvert pour éviter le rhume qui pouvait facilement me gagner vu que l’on fait du surplace dans cette file d’attente. En fait, j’aime bien cette expérience tous les ans qui devient un rituel, d’autant plus qu’un sanctuaire n’est pas l’endroit le plus désagréable pour attendre. Je vois même cela comme un exercice pour vérifier que je suis toujours capable d’attendre calmement sans rien faire, à part écouter de la musique à l’iPod. Cela deviendrait presqu’une expérience revivifiante de tester sa patience pendant des heures, mais je ne serais quand même pas prêt à renouveler cette expérience tous les mois. Après avoir récupéré les fameux talismans, je fais un petit tour en photographies du sanctuaire. Comme pour un matsuri, les vendeurs de toutes sortes de choses, souvent à manger, sont bien présents dès tôt le matin. En redescendant les escaliers du sanctuaire alors que le soleil s’est déjà levé, je constate que la foule n’a pas diminué et qu’elle s’est en fait intensifiée. La police a même fermé une des routes autour du sanctuaire pour créer des files d’attente plus larges. C’est la première fois que je vois autant de monde et la police appelée en renfort pour réguler le flux de personnes. Ça ne s’applique bien sûr pas à tous, mais les japonais n’ont en général pas peur d’attendre longtemps et ça m’a toujours intrigué voire impressionné. Je quitte les lieux vers 8h30 du matin et c’est comme si une nouvelle journée commençait avec les rayons de soleil du matin.
Images extraites des vidéos sur YouTube des morceaux Butterfly Effect (バタフライエフェクト) et Meteor du groupe RAY sur leur EP Blue sorti le 31 Octobre 2019.
Les recommandations de YouTube fonctionnent assez bien car elles me font souvent découvrir de belles choses musicales. Cette fois-ci, ce sont deux morceaux de shoegazing du groupe japonais RAY, intitulés Butterfly Effect (バタフライエフェクト) et Meteor sur le EP Blue. RAY est en fait un groupe d’idoles alternatives accompagnées de musiciens différents sur chaque morceau. Ces morceaux et ce groupe continuent un peu plus à brouiller les pistes, car cette musique rock noyée dans les guitares avec un brin de nostalgie ne correspond pas du tout à l’image classique de la musique d’idoles japonaises qu’on a l’habitude d’entendre dans les médias japonais. Avec des groupes comme BiSH proche du rock alternatif et NECRONOMIDOL proche du métal, je savais déjà cela mais ça fait plaisir de découvrir d’autres ambiances, notamment celles atmosphériques du shoegaze. Le morceau Butterfly Effect est écrit par Azusa Suga (aka 夏bot) du groupe For Tracy Hyde. L’ambiance musicale est d’ailleurs très proche de ce qu’on peut entendre sur leur dernier album New Young City, sorti un peu plus tôt cette année. La vidéo du morceau pleine d’effets de lumière colorés façon vintage est également dans le style de For Tracy Hyde. C’est un très bon morceau, j’aime beaucoup cette ambiance, mais j’ai une petite préférence pour le morceau Meteor, qui est lui une association avec un certain Elliott Frazier du groupe shoegaze américain d’Austin Ringo Deathstarr. J’adore l’atmosphère du morceau lorsque démarre le magma de guitares duquel les voix de RAY se détachent à peine. C’est du shoegaze classique mais poignant, plus sombre et atmosphérique que Butterfly Effect. En fait, le contraste entre ces deux morceaux est assez fort lorsque l’on compare leurs vidéos, entre le flou comme un rêve sur Butterfly Effect et l’extrême netteté de la vidéo de Meteor. Cette dernière vidéo fonctionne comme un guide de Tokyo où on suit les pas d’une des membres du groupe, Kai Marino 甲斐莉乃. Les mouvements rapides de caméra et cette netteté de l’image presque surréaliste finissent par donner le vertige. La caméra bouge vite, ralentit et revient parfois en arrière dans différents quartiers de Tokyo la nuit, à Shinjuku, Shibuya, Ueno ou encore Asakusa. Et on se dit que la musique shoegaze va si bien au teint de cette ville.
avant la fin de l’année (1)
Quelques dernières photographies pour terminer l’année en une petite série de deux épisodes, ici autour de Shinagawa et de Waseda. Cette année 2017 a été relativement plus productive que les années précédentes en terme de billets publiés sur ce blog. J’ai publié environ 90 billets cette année, alors qu’en 2016, j’en étais plutôt à 35 billets publiés (et 44 en 2015, 55 en 2014, 61 en 2013). Les textes ont également pris une place plus importante cette année dans les billets, notamment dû au fait que je les écris d’abord sur un carnet avant de les retranscrire sur le blog. Je ne suis pas certain de continuer ce rythme ou cette façon de faire, mais on verra bien. J’ai fini par comprendre que je n’arriverais pas à mettre fin à ce blog, mais je vais peut être essayer de le regarder d’un peu plus loin pour essayer de réfléchir un peu mieux à ce qu’il pourrait devenir en 2018. L’air de rien, le contenu s’est transformé petit à petit selon les envies au fur et à mesure des années, que cela soit l’introduction des compositions graphiques il y a quelques années (les mégastructures, l’urbano-végétal…), les compositions musicales plus récemment ou les formes dessinées. Et les textes plus étoffés cette année. Je crois toujours que tout cet ensemble peut devenir une unité.