de l’impermanence répétée des choses

Cela fait plus de vingt ans que je parcours les rues de Tokyo avec mon appareil photo et je n’y trouve pourtant pas encore de lassitude, peut-être parce que mon regard est sans cesse renouvelé même si j’ai parcouru les mêmes rues des dizaines de fois. J’ai remarqué que ce renouvellement du regard ne s’opère que lorsque j’ai sorti l’appareil photo de mon sac et que je le tiens à la main ou en bandoulière. S’il reste au fond de mon sac, il y a de fortes chances que je passe à côté des choses qui m’entourent. Le fait d’avoir l’appareil immédiatement à disposition déclenche une sorte d’acuité visuelle et un intérêt accru pour ces choses autour de moi. Je me demande si ces choses autour de moi sont éphémères car il me semble souvent les avoir vu pour la première fois alors que je suis pourtant passé par ces lieux de nombreuses fois. Le béton et l’acier de la galerie TOM sur la première photographie se tiennent pourtant immuables au bord d’une rue de Shōtō depuis 1984. Même chose pour Earthtecture Sub-1 de Shin Takamatsu sur la troisième photographie, présente au bord d’une rue de Yoyogi Uehara depuis 1991. Ces architectures très particulières suscitent certainement le besoin de les approcher avec un regard à chaque fois renouvelé pour essayer de comprendre leurs mystères. L’éphémère n’est pas seulement celui des choses qui m’entourent mais également celui de mon regard qui change de points d’interêt et de sensibilité à chaque parcours. Cette impermanence répétée de mon propre regard ajouté au renouvèlement perpétuel de nombreuses parties de cette ville font que je n’en ai pas encore vu le bout, et que je peux entamer un nouveau parcours avec un regard à chaque fois différent. Et pour ajouter un paramètre indispensable à cette équation sensorielle, les lumières conditionnées par les saisons et les nuages qui nous surplombent modifient profondément l’appréhension que l’on peut avoir des choses. Et quand j’ai le sentiment que les choses autour de moi se répètent, je lève les yeux vers le ciel, vers des zones que l’on ne regarde pas forcément de manière spontanée. Une connaissance m’avait dit une fois, il y a de nombreuses années, que regarder mes photographies sur ce blog avait changé sa manière de regarder les rues qu’elle parcourait tous les jours. C’est un commentaire que je garde en tête encore maintenant.

J’avais acheté il y a plusieurs semaines au Disk Union de Shimokitazawa un double DVD du mythique groupe rock Number Girl mené par Shutoku Mukai (向井秀徳). Malgré une réunion éphémère plus récemment, le groupe s’est dissous il y a plus de vingt ans, le 30 Novembre 2002 après un ultime concert à Sapporo, le Sapporo Omoide in My Head Jōtai (サッポロOmoide in My Head状態). Le double DVD éponyme que je me suis procuré à Shimokitazawa est sorti le 23 Mars 2003 et il s’agit de la dernière sortie de la discographie officielle de Number Girl. Je le découvre progressivement en commençant par le premier DVD qui est un long documentaire de deux heures montrant un grand nombre d’images d’archives de leurs premiers concerts à Fukuoka d’où le groupe est originaire, du passage à la Japan Nite du festival SXSW au Texas, des séances d’enregistrements dans les studios de Tarbox Road de Dave Fridmann dans l’état de New York pour les albums Sappukei (2000) et Num-Heavymetallic (2002) et de nombreux autres extraits de concerts au Japon dont leur tout dernier morceau Omoide in My Head interprété lors de leur dernier concert à Sapporo mentionné ci-dessus. Parmi les nombreuses scènes du documentaire, celle intitulée Tokyo Freeze, prise en version acoustique attire mon attention. La vidéo datant de 2001 est très granuleuse et volontairement mal cadrée. Cette scène filmée semble improvisée. Elle a été prise dans une chambre d’hôtel à Sapporo. Elle réunit le groupe sur le tatami de la chambre d’hôtel. L’ambiance semble solennelle mais montre également la fatigue d’une fin de concert, où les membres utiliseraient leurs dernières forces pour un tout dernier morceau. Dans les paroles mi-parlées mi-chantées de Tokyo Freeze, Shutoku Mukai répète plusieurs fois les paroles « Kurikaesareru shogyōmujō, Yomi ga heru seiteki shōdō » (繰返される諸行無常、よみがへる性的衝動) qu’on peut traduire par « Impermanence répétée de toutes choses, Impulsions sexuelles ravivées ». Ces mêmes paroles me sont familières car Shutoku Mukai les prononce également sur le morceau Kamisama, Hotokesama (神様、仏様) de Sheena Ringo, sorti en 2015. Les univers de Shutoku Mukai et de Sheena Ringo se croisent sur ces paroles. Ce terme bouddhiste de l’impermanence Shogyōmujō (諸行無常) était utilisé par Sheena Ringo comme titre pour sa tournée nationale de 2023, Sheena Ringo to Aitsura to Shiru Shogyōmujō (椎名林檎と彼奴等と知る諸行無常). D’un autre côté, le terme Seiteki (性的) que Shutoku Mukai utilise dans ses paroles était présent dans l’univers de Sheena Ringo à ces débuts, notamment dans la série de compilations vidéos Seiteki Healing (性的ヒーリング), qu’on peut traduire par « Guérison sexuelle ». Le terme Shogyōmujō (諸行無常) est un des trois Sceaux du Dharma (Trilakṣaṇā dharmamudrā en sanscrit), ou marques de l’existence, constituant la philosophie fondamentale du bouddhisme, avec les concepts de Non-soi (諸法無我) et de sérénité du nirvana (涅槃寂静). Cette dernière marque est parfois remplacée par l’idée que toute expérience est caractérisée par la souffrance (Duḥkha en sanskrit). Le Shogyōmujō s’interprète comme le fait que toute chose dans ce monde change et répète son destin de naissance et de disparition, que rien ne reste toujours le même et que la vie est éphémère. Sheena Ringo utilise beaucoup les concepts et l’imagerie boudhistes dans ses morceaux et dans ses concerts. C’est également le cas pour sa dernière tournée de 2024, et d’une manière remarquable d’ailleurs. Je me rends compte que Shutoku Mukai utilise en fait très souvent ces paroles « Kurikaesareru shogyōmujō, Yomi ga heru seiteki shōdō » (繰返される諸行無常、よみがへる性的衝動) sur les morceaux de sa formation post-Number Girl, Zazen Boys, mais la première fois que ces paroles ont été utilisées était en 1999 sur le morceau Eight Beater de l’album School Girl Distortional Addict de Number Girl.

De Zazen Boys, je ne connaissais que deux morceaux, ceux en collaboration avec Sheena Ringo présents sur la compilation Ukina (浮き名) sortie en Novembre 2013, Crazy Days Crazy Feeling et You make me feel so bad provenant du même album Zazen Boys II sorti en 2004. Je voulais démarrer l’écoute de Zazen Boys par ce deuxième album, qui compte apparemment parmi les plus réputés du groupe, mais je trouve d’abord l’album suivant Zazen Boys III, sorti en 2006, au Disk Union de Shin-Ochanomizu. Ce troisième album est celui qui divise le plus les fans et est réputé pour être le moins accessible. Je ne commence pas par la porte d’accès la plus facile mais je ne suis pas déçu par ce que j’écoute, et ce dès le premier morceau Sugar Man. L’album est très expérimental et assez désorganisé. Shutoku Mukai donne parfois l’impression d’être en roue libre, multipliant les voix bizarres. On note tout de même une inspiration bouddhiste certaine, dans certaines manières de chanter et de parler. Les compositions de Zazen Boys sont proches du math rock, dans le sens où elles sont complexes et imprévisibles. Il faut plusieurs écoutes pour s’imprégner de l’ambiance de l’album, qui devient petit à petit indispensable, car les rythmes de guitare finissent par nous hypnotiser. Le morceau Don’t Beat en est un bon exemple. Je peux comprendre que cet album puisse être déstabilisant car un morceau comme l’instrumental Lemon Heart ressemble à une session de préparation avant de démarrer un véritable morceau, mais les sons de guitare et le rythme complexe de la batterie sont tellement intéressants que ce morceau est pour moi fascinant, notamment pour son final qui décroche complètement. On trouve tout de même sur cet album des morceaux à l’approche plus classique, comme This is NORANEKO, mais il est tout de suite suivi par le morceau METAL FICTION qui démarre d’une manière très étrange par des paroles où Shutoku Mukai prend le ton de voix d’un moine bouddhiste. Sans connaître le reste de la discographie de Zazen Boys, je me place tout de suite du côté des amateurs de cet album, car l’ensemble est assez fabuleux pour sa grande liberté conceptuelle. Du coup, j’ai eu très envie de me procurer l’album Zazen Boys II que je trouve finalement au Disk Union de Shibuya. Au passage, le design en graffiti de la couverture de ce deuxième album du groupe me rappelle un peu un design récent d’un logo de Tokyo Jihen. Sur Zazen Boys II, outre les deuxième et cinquième morceaux, Crazy Days Crazy Feeling et You make me feel so bad, que je connaissais déjà, je ne découvre que maintenant que Sheena Ringo chante également sur un troisième morceau de cet album de 15 titres. Sur ce morceau intitulé Anminbō (安眠棒), Ringo n’intervient que dans les chœurs pour répéter, avec une voix aux accents traditionnels que je ne lui connaissais pas, les paroles « Anminbō de Korosareta » (安眠棒で殺された) qu’on peut traduire par le fait d’avoir été tué par un bâton de sommeil profond. Ces paroles sont bien mystérieuses et j’ai un peu de mal à en comprendre le sens. L’album Zazen Boys II est plus accessible que le troisième opus du groupe, avec certains morceaux proches de l’ambiance sonore de Number Girl, notamment pour le son de guitare très métallique et l’approche vocale agressive. Un grand nombre de morceaux ont cependant une approche math rock distincte. Dans cet esprit, le début du sixième morceau Cold Beat est très intéressant car le rythme rapide de la guitare fait ressembler l’instrument à un beat électronique. Shutoku Mukai y chante avec un phrasé proche du rap qui caractérise également un certain nombre de morceaux du groupe. Un morceau comme Daigakusei me ramène avec un grand plaisir vers les sons dissonants de Sonic Youth. C’est peut-être en raison du nom du groupe, mais j’avais un à priori que les morceaux de Zazen Boys étaient forcément moins intéressants que ceux de Number Girl, mais je me rends en fait compte avec ces deux albums que ce n’est pas du tout le cas.

une échappée sous la lune

J’essaie quelques évolutions du titre du blog, qui était dernièrement écrit en japonais, en katakana pour être précis. Je tente d’y mélanger des blocs d’architecture glanés par-ci par-là dans Tokyo. Le titre restera en principe en noir et blanc, mais celui montré actuellement n’est à priori pas définitif. Lorsque je me lance à créer ce genre de titre, j’ai toujours en tête l’image de ma page À propos que j’avais créé il y a plusieurs années, mélangeant des mots (« Tokyo » en l’occurrence) avec des morceaux d’immeubles et de végétation. Comme une conséquence indirecte de cette recherche graphique, les photographies et compositions de ce billet en deviennent plus abstraites. J’aspire à créer ou à sélectionner un peu plus souvent ce types de photographies plus imagées, mais je me laisse parfois rattraper par l’encombrante réalité.

Je me suis inscris pour une période d’essai d’un mois à la chaine BS WOWOW, afin de pouvoir voir le concert de Sheena Ringo Aitsura to Shiru Shogyōmujō (椎名林檎と彼奴等と知る諸行無常) que j’avais été voir le 9 Mai 2023 au Tokyo International Forum. Le concert filmé et diffusé sur WOWOW le Samedi 9 Septembre 2023 était la dernière représentation, celle du 10 Mai 2023. C’était un vrai plaisir de voir en images avec plans serrés des scènes que je n’avais pu voir que de loin depuis ma place lors du concert. Je n’avais par exemple pas pu profiter de tous les détails de l’étrange chapeau qu’elle portait pendant la dernière partie du concert avant les rappels. Je n’avais pas non plus distingué quel était le sake qu’elle tendait à bout de bras et que je montre ci-dessus. L’excellente surprise était de constater qu’il s’agissait d’un sake Kokuryu (黒滝) originaire de la préfecture de Fukui, sake que j’apprécie particulièrement car on en a acheté plusieurs fois pour le nouvel an, quand on arrive à en trouver. Enfin, il ne s’agissait pas de celui qu’elle montre sur scène, qui est une édition limitée appelée Kokuryu Ishidaya Junmai Daiginjo, forcément très chère. Ce sake se vend à 13,200 Yens la bouteille. On apprend d’ailleurs que ce concert sortira en Blu-ray et DVD le 22 Novembre 2023, en version complète avec bonus, car la version de WOWOW ne contenait pas les rappels.

Je me rends compte que la chaîne WOWOW montre beaucoup de musique, en particulier des concerts très récents. J’en ai profité pour regarder celui de Yoasobi à Saitama Super Arena (さいたまスーパーアリーナ) qui avait lieu le 3 Juin 2023. Ce concert s’appelait Denkōsekka (YOASOBI ARENA TOUR 2023 “電光石火”). Je suis très loin de connaître tous les morceaux du groupe, mais au moins leur dernier succès récent intitulé Idol (アイドル) qui est assez fantastique d’énergie sur scène. Le concert se déroulant dans une salle omnisports de type Arena, la foule présente était impressionnante même en vidéo sur grand écran. Saitama Super Arena a une capacité maximale de 37,000 personnes. Il s’agit d’une des plus grandes salles du monde en cinquième position derrière la Paris La Défense Arena de 40,000 places et le Tokyo Dôme de 55,000 places. La scène rempli de lumières est tellement grande qu’on doit avoir un peu de mal à voir Ikura car elle n’est pas très grande, sauf quand elle monte sur une petite estrade. Ceci étant dit, elle arrive très bien à attraper la foule, et c’est intéressant à regarder même si tous les morceaux ne me plaisent pas forcément. Le spectacle est conçu comme un show qui va plus loin que la musique en elle-même. En concert, j’aurais plutôt tendance à me contenter seulement de la musique même si les petits passages que les artistes adressent à la foule concrétisent en quelque sorte leur réalité physique.

Je continue à faire le curieux sur WOWOW en regardant et en enregistrant le concert d’un groupe que je connais encore moins, BABYMETAL. Je n’ai jamais eu envie d’écouter leur musique car le nom du groupe m’a toujours paru ridicule et certains morceaux comme Gimme Chocolate me paraissait exagérer à l’extrême le contraste entre le côté kawaii des trois chanteuses et le dureté du métal le plus basique. Je me suis tout de même laisser tenter avec ce concert intitulé BABYMETAL RETURNS - THE OTHER ONE -, car l’imagerie est assez fascinante et la curiosité a été plus forte que ma volonté. Ce concert est très récent car il s’agit d’une captation des 28 et 29 Janvier 2023. J’ai été en fait très surpris par la qualité des morceaux que j’ai pu écouter lors de ce concert. Je me suis même surpris à noter quelques noms de morceaux, ceux qui m’intéressaient, pour ensuite les écouter en version studio sur YouTube. Je me rends compte que la grande majorité des morceaux dont j’ai apprécié l’écoute étaient tirés du dernier album intitulé The Other One, sorti le 24 Mars 2023. Les morceaux de cet album ont complètement perdu le côté kawaii des premiers albums, ce qui n’est pas vraiment étonnant car les deux chanteuses de BABYMETAL, Suzuka Nakamoto (au nom de scène Su-metal) et Moa Kikuchi (aussi appelée Moametal), ont respectivement 25 et 24 ans. Elles ont commencé le groupe il y a dix ans et donc à l’age de 14-15 ans. Il semble tout à fait normal que la musique et le chant du groupe aient gagné en maturité. C’est à mon avis tout à fait bienvenu. J’écoute maintenant le nouvel album en entier et le morceau Divine Attack (神撃), qui est vraiment excellent, est déjà mon préféré. Le chant de Su-metal est très affirmé et ne perd pas en force face au rythme forcené de la batterie et les guitares métal envahissantes. Les musiciens métalleux ne plaisantent en général pas avec la qualité de leur son. Le néophyte devrait écouter ce morceau pour se donner une idée. J’aime aussi beaucoup d’autres morceaux comme Light and Darkness, Metal Kingdom et le plus calme, entre guillemets, The Legend, qui conclut l’album. Ce dernier morceau est particulièrement intéressant car il dévie des sonorités typiques du métal en introduisant du saxophone. Peut-être s’agit d’une prochaine orientation pour le groupe d’apporter des instruments nouveaux. La particularité du groupe est de mélanger les sons électroniques aux guitares. Ce rythme électronique est particulièrement marqué sur un morceau comme Metalizm, qui est également un des très bons morceaux de l’album, tout en étant le plus déstructuré. Je lisais dans les revues de cet album qu’il avait perdu le côté fun que l’on pouvait entendre sur les premiers albums. Le concert que je regarde sur WOWOW garde quelques morceaux ayant ce côté ludique. Headbanger!! est un bon exemple de cela. Depuis ce concert, le groupe est repassé à trois chanteuses avec l’arrivée récente de Momoko Okazaki. Ce concert est visuellement impressionnant et très scenarisé avec des interludes entre les morceaux. Là encore, la salle de Makuhari Messe à Chiba est gigantesque, mais les trois filles de BABYMETAL savent bien maîtriser la foule. C’est particulièrement intéressant de voir Su-metal contrôler les mouvements de cette foule de fans, avec un air sérieux ou pince-sans-rire. C’est parfois tout à fait fascinant, et même un peu inquiétant quand une partie du public se met à courir en cercle quasiment sous les ordres des trois filles, ou peut-être est ce plutôt au son des guitares, je ne saurais pas vraiment dire. J’avais déjà remarqué cela il y a quelques temps sur la vidéo live du morceau plus ancien Road of Resistance. Il était également joué pendant ce concert à Makuhari Messe. Je trouve quand même ce morceau un peu trop teinté de sonorités musicales d’idoles à mon goût. On ne retrouve pas ce côté idole kawaii dans le nouvel album, ce qui me plait particulièrement. Mon seul regret est que le groupe n’est pas changé de nom avec l’arrivée de la troisième chanteuse et le revirement stylistique des morceaux.

J’ai déjà écouté une dizaine d’albums de Buck-Tick mais je suis loin d’avoir fait le tour de leur discographie extensive s’étendant sur 35 ans. Le groupe fête donc ses 35 années de carrière et WOWOW diffuse pour l’occasion plusieurs concerts. J’imagine que le néophyte débarquant par hasard sur une retransmission d’un concert de Buck-Tick doit être particulièrement décontenancé. Le regard sombre et perçant du chanteur au style gothique Atsushi Sakurai (櫻井敦司) a de quoi soit effrayer, soit fasciner. Je suis personnellement dans la deuxième catégorie. Sakurai a un charisme et une présence sur scène qui accaparent toute l’attention, mais j’aime aussi la flamboyance certaine du guitariste et compositeur Hisashi Imai (今井 寿). Les membres du groupe approchent maintenant de la soixantaine mais les années n’ont pas l’air d’altérer leur musique. Ce qui m’impressionne c’est que la musique du groupe semble complètement hermétique aux goûts du jour. Buck-Tick poursuit son chemin mais mélange aussi beaucoup les styles, ce qui peut être au premier abord assez déconcertant. Les qualités musicales du groupe et la voix très marquante de Sakurai peuvent en fait tout intégrer, du rock gothique le plus sombre aux sons électroniques les plus accentués en passant soudainement par des moments beaucoup plus pop et accrocheurs avec toujours des restes de Visual-Kei, comme en témoigne la crête du batteur Toll Yagami (ヤガミ・トール). Il y a en fait assez peu de demi-mesure car chaque morceau est mené avec une tension qui est loin de laisser indifférent. Je regarde donc le concert intitulé SHOW AFTER DARK (魅世物小屋が暮れてから) avec beaucoup de passion. Il s’agit d’une captation au Nihon Budokan (日本武道館) le 29 Décembre 2021, quelques mois après la sortie de l’album Abracadabra. Buck-Tick joue bien entendu plusieurs morceaux de cet album comme MOONLIGHT ESCAPE, Villain, Kemonotachi no Yoru (獣たちの夜), Bōkyaku (忘却), Eureka (ユリイカ), entre autres. Je ne connaissais pas l’album Abracadabra et je découvre ces très bons morceaux en regardant le concert. Le groupe reprend aussi certains morceaux plus anciens et particulièrement marquants comme Muma (夢魔 -The Nightmare), Rakuen (楽園) ou BABEL. Ce sont des morceaux envoûtants, et je dirais même hantés, qui nous font redécouvrir tout le génie musical du groupe. Je n’exagère pas ce terme et je pense même que le talent du groupe n’est pas assez reconnu malgré leur longévité hors-norme. Buck-Tick est bien passé sur Music Station un peu plus tôt cette année pour la sortie de leur dernier single et album, mais on ne les sentait pas du tout à leur place sur un plateau de télévision grand public. Le groupe doit s’accommoder de l’ombre et de la fidélité de leur public. J’arrive tout à fait à comprendre que ce public de fans viennent nombreux aux concerts de Buck-Tick. J’aimerais aussi assister à un de leur concert, mais ça semble bien difficile sans faire partie du fan club. En attendant, je regarde les uns à la suite des autres les quelques concerts diffusés sur WOWOW.

諸行無常~其ノ四~

Au moment où j’ai écrit mon long rapport en trois parties sur le concert du 9 Mai 2023 au Tokyo International Forum de la tournée nationale Sheena Ringo to Aitsura to Shiru Shogyōmujō (椎名林檎と彼奴等と知る諸行無常), des photos officielles n’avaient pas encore été publiées. Les sites spécialisés Natalie et Barks ont récemment publié leurs rapports de concert avec un grand nombre de photographies. Je me sens donc obligé d’en faire une sélection et de les montrer ici, car ces photos viennent évidemment complémenter mon texte et parce que je veux garder une trace de ces images fascinantes. On sait que ce concert sera retransmis sur la chaîne câblée WowWow en Septembre 2023 et on peut donc espérer qu’un DVD/Blu-ray sera ensuite disponible peu de temps après cela. Je ne vais pas répéter ici tout ce que j’ai déjà écrit dans le billet précédent mais certaines photographies méritent des commentaires, comme celle ci-dessus qui ouvrait le concert, une image de croix qui rappelle beaucoup l’église Church of Light conçue par Tadao Ando.

Sheena Ringo change bien entendu plusieurs fois de tenues de scène mais la voir avec des dreadlocks doit être une première. En fond de scène, le symbole rouge rond avec des rayons me rappelle celui utilisé pour la tournée Tōtaikai (党大会) en 2013 dans l’unique salle Orchard Hall du Bunkamura à Shibuya. Il disparaît puis réapparaît plusieurs fois pendant le concert comme un fil rouge. Ce lien avec la tournée Tōtaikai me fait maintenant comprendre pourquoi cette présente tournée Shogyōmujō passe par la salle Orchard Hall. Un autre point intéressant est que WowWow diffusera deux autres concerts de Sheena Ringo avant Shogyōmujō, le concert de la tournée Tōtaikai de 2013 et de la tournée Hyakkiyakō (百鬼夜行) de 2015. Ces trois concerts semblent donc liés. J’avais également vu un lien entre Hyakkiyakō et Shogyōmujō à travers le morceau Kamisama, Hotokesama (神様、仏様).

La photographie ci-dessus a été prise pendant le morceau Hashire wa Number (走れゎナンバー). On reconnaît les voitures qui passent en fond d’écran.

Une des surprises de ce concert était la présence en vidéo grand format de DAOKO pour le morceau Ishiki (意識 ~Conciously~) dans sa version remixée par MONDO GROSSO, le projet de Shinichi Osawa. Il était lui-même dans la salle comme spectateur pour la finale, le 10 Mai 2023.

Sheena Ringo est seule sur scène au piano pour le morceau Onaji Yoru (同じ夜) tiré de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム). C’était un des très beaux moments du concert pour une version de ce morceau complètement remaniée.

Keisuke Torigoe (鳥越啓介) à la basse (toutes sortes de basse) est un grand habitué des concerts de Sheena Ringo et des sessions d’enregistrement.

Le soleil rouge refait son apparition. Sheena à des gants dans les mains, ce qui nous rappelle la prestation du morceau Blue ID (青のID) de Tokyo Jihen à l’émission Music Station du 25 Décembre 2020. Si je ne me trompe pas, les photos ci-dessus sont prises au moment du morceau Jinsei ha Yume Darake (人生は夢だらけ).

Yoshiaki Sato (佐藤芳明) à l’accordéon et Shun Ishiwaka (石若駿) aux percussions. Shun Ishiwaka fait partie du groupe Millenium Parade de Daiki Tsuneta. La collaboration récente de Millenium Parade et Sheena Ringo sur le single WORK nous fait comprendre les raisons de sa présence sur cette tournée, pour le meilleur.

Yukio Nagoshi (名越由貴夫) à la guitare électrique. C’est également un des musiciens habitués des tournées de Sheena Ringo.

Masaki Hayashi (林正樹) aux claviers devant des extraits vidéo de Niwatori to Hebi to Buta (鶏と蛇と豚) et Sheena Ringo dans un pyjama bleu qu’elle gardera pour quelques morceaux dont la reprise de Eternal Flame des Bangles.

Cette coiffure-chapeau en a intrigué beaucoup. On y voit un chat Maneki Neko au milieu d’autres objets traditionnels. Voir maintenant de près cette étrange et remarquable coiffure me rappelle vraiment beaucoup certaines décorations de sanctuaire comme celle du sanctuaire Ōtori que je mentionnais dans mon précédent billet, vues dans le quartier de Yoshiwara. Sheena saisit la guitare, une Gibson RD, sur le morceau NIPPON à la toute fin du concert avant les rappels.

Après le passage de MC, Sheena Ringo et son groupe interprètent les deux derniers morceaux pendant les rappels. Les danseuses SIS apparaissent ensuite à l’écran devant une console Nintendo Famicom. La cassette insérée, après avoir soufflé sur le circuit imprimé pour enlever la poussière, révélera la séquence finale en animation et en sons 8bits.

諸行無常~其ノ参~


Et le concert de la tournée nationale Sheena Ringo to Aitsura to Shiru Shogyōmujō (椎名林檎と彼奴等と知る諸行無常) commence finalement un peu après 19h. Je ne vais pas passé tous les morceaux en revue car il y en a beaucoup. La liste du set se compose en tout de 28 morceaux pour pratiquement 2 heures en comptant les rappels et le passage de MC adressé au public. Les 28 morceaux proviennent d’albums variés avec un plus grand nombre tiré des trois derniers albums Sandokushi (三毒史), Hi Izuru Tokoro (日出処) et Sanmon Gossip (三文ゴシップ). Il n’y avait par contre pratiquement pas de morceaux des trois premiers albums, mais plusieurs de Tokyo Jihen. Je ne suis pas vraiment étonné de voir un grand nombre de morceaux provenant de Sandokushi car cet album sorti en 2019 n’avait pas reçu de tournée à l’époque. Un certain nombre de morceaux de cet album étant sortis bien avant l’album en lui-même, comme Nagaku Mijikai Matsuri (長く短い祭) et Kamisama, Hotokesama (神様、仏様), ils ont en fait déjà été joués dans des concerts précédents. Il n’était pas étonnant de ne pas voir Mukai Shutoku (向井秀徳) sur scène. Comme sur d’autres concerts, on n’entendra que sa voix sur le morceau Kamisama, Hotokesama. Il est par contre un peu plus étonnant de ne pas voir Ukigumo sur scène pour Nagaku Mijikai Matsuri, car on avait pris l’habitude de le voir aux côtés de Ringo sur ce morceau. Mais Ukigumo, tout comme Masayuki Hiizumi, ne faisaient malheureusement pas partie de la troupe sur cette tournée. Comme je le mentionnais déjà dans un précédent billet, la configuration de cette tournée était relativement limitée par rapport aux tournées de la série Expo. Elle était plutôt axée rock même si Ringo n’a pris en mains que peu de temps sa guitare, notamment sur le morceau NIPPON à la toute fin du concert. Ce morceau est un classique qui fonctionne mieux en concert que sur CD car il emporte à chaque fois la foule. Le côté rock vient notamment de la présence de Yukio Nagoshi (名越由貴夫) à la guitare électrique. Par rapport à Ukigumo qui est plus sautillant dans son jeu, la guitare de Nagoshi est plus lourde et n’hésite pas à envahir l’espace de distorsions. Outre Nagoshi, on retrouve d’autres habitués sur scène, en particulier Keisuke Torigoe (鳥越啓介) à la basse. Masaki Hayashi (林正樹) aux claviers est aussi un habitué car il a déjà participé à la tournée Tōtaikai (党大会) en 2013 dans l’unique salle Orchard Hall du Bunkamura à Shibuya. Yoshiaki Sato (佐藤芳明) à l’accordéon a quant à lui déjà participé à la tournée Ringo Expo’14. La surprise vient de la présence de Shun Ishiwaka (石若駿) aux percussions, un musicien jazz et premier batteur de King Gnu, avant l’actuel batteur Yū Seki. Shun Ishiwaka est aussi le batteur de Millenium Parade. Sa présence sur scène confirme en quelque sorte les liens artistiques entre Sheena Ringo et Daiki Tsuneta qui se concrétiseront sur le morceau WORK. J’ai lu que Shun Ishiwaka était plutôt un musicien jazz, mais il doit être polyvalent car j’ai été surpris par la puissance de son jeu, qui apporte une pêche énorme aux morceaux. Je dirais que c’est une excellente idée de l’avoir invité sur cette tournée. Ce groupe de musiciens réunis pour cette tournée prend le nom de code « MANGAPHONICS ».

Photographies extraites des pages Instragram et Twitter de DAOKO.

Le concert commence par Anoyo no Mon (あの世の門) qui se trouve être le dernier morceau de l’album Sandokushi, ce qui me fait penser à un passage de relais. La mise en scène est très intéressante. On ne voit pas Sheena sur la scène qui reste sombre mais marquée par deux larges lignes lumineuses se croisant et formant une croix. L’image qui en résulte me fait beaucoup penser à l’église Church of Light conçue par Tadao Ando et construite dans la banlieue d’Osaka. Je n’en ai vu qu’une reconstitution en taille réelle lors de l’exposition TADAO ANDO : ENDEAVORS qui avait lieu en 2017 au musée NACT. Cette nouvelle référence à l’architecture dans l’univers de Sheena Ringo, après l’utilisation du New Sky Building de Yōji Watanabe sur une photo promotionnelle pour l’album Music de Tokyo Jihen, m’interpelle forcément beaucoup. La set list incluait également deux morceaux de l’album de remixes Hyakuyakunochō (百薬の長), à savoir JL005 Bin de (JL005便で ~Flight JL005~) remixé par Yoshinori Sunahara (砂原良徳) et Ishiki (意識 ~Conciously~) de l’album KSK en version remixée par MONDO GROSSO avec DAOKO pour une partie du chant. Il m’avait bien effleuré l’esprit que DAOKO puisse être sur scène, mais ça me paraissait tout de même assez improbable pour un seul morceau. A ma grande surprise, on la voyait bien sur scène mais sur l’écran géant uniquement au moment de son passage rappé sur ce morceau. Ce moment était particulièrement réussi car elle apparaissait en grand en tenue noire avec des oreilles de chat comme enfermée dans une petite boîte grise avec un seul néon biscornu au dessus de la tête. Sa présence occupait toute la hauteur de l’écran géant et l’effet était vraiment très réussi. La composition musicale était bien basée sur le remix de Shinichi Osawa de MONDO GROSSO, mais il m’a paru beaucoup plus agressif et basé sur le son des guitares plutôt que sur des sons électroniques. En comparaison, le remix de JL005 Bin De était plus fidèle à ce qu’on peut entendre sur l’album de remixes. La voix de Sheena Ringo était bien entendu impressionnante. L’effet est très différent de ce qu’on peut entendre des concerts en DVD et Blu-ray. C’est bien entendu la force du live, mais ça m’étonnera toujours de l’entendre pousser autant sa voix sur autant de morceaux à la suite, car les morceaux s’enchaînent assez rapidement les uns après les autres. Jinsei ha Yume Darake (人生は夢だらけ) est bien entendu un incontournable et c’est toujours une démonstration vocale qui mettra tout le monde d’accord.

Illustrations dessinées par Bibi (ビビ) des costumes de Sheena Ringo pendant la tournée Sheena Ringo to Aitsura to Shiru Shogyōmujō (椎名林檎と彼奴等と知る諸行無常).

Sheena Ringo a bien entendu changé plusieurs fois de costumes mais il est difficile de les décrire précisément car les images dans ma mémoire se mélangent déjà. Il est d’autant plus difficile de les décrire qu’il n’y a pas encore de photos officielles publiées pour ce concert. Un fan nommé Bibi (ビビ), qui a assisté à un des concerts et qui partage souvent ses illustrations sur Twitter, donne sa version illustrée des costumes. Je me permets de les montrer ci-dessus car ces dessins sont toujours très réussis et collent bien à la réalité. Les costumes sont toujours très classes, mais celui qui m’a le plus intrigué est l’avant dernier pour son chapeau très élaboré. On y reconnaît un chat, peut-être, et d’autres objets. En voyant cette coiffure, je pense à une illustration de Shohei Ōtomo que j’avais évoqué sur un précédent billet, montrant une chanteuse en kimono portant ce genre de coiffure pleine d’objets. Dans ce billet, je pensais d’ailleurs que cette illustration me faisait un peu penser à Sheena Ringo. Cette coiffure me rappelle assez vaguement certaines décorations de sanctuaire regroupant divers objets de manière compacte, comme sur l’avant-dernière photographie de ce billet prise à Yoshiwara, l’ancien quartier des courtisanes de haut rang appelées Oiran à l’époque Edo (que l’on peut voir dans le film Sakuran). Pendant une période plus calme du concert, on voit Sheena habillée d’une sorte de pyjama bleuté. Une porte est posée sur scène. Elle me rappelle la Dokodemo Door de Doraemon, la porte qui nous amène vers des endroits lointains et inattendus lorsqu’on la traverse. Elle chante pendant ce moment là une reprise du standard Eternal Flame des Bangles. Ce morceau a été écrit en 1988 par Susanna Hoffs. Ce choix n’a rien de vraiment étonnant car on sait que Sheena Ringo s’était inspirée de certaines paroles de morceaux de Susanna Hoffs pour des démos, comme LAY DOWN et Rinne Highlight (輪廻ハイライト). Elle ont aussi toutes deux repris le morceau Unconditional Love de Cindy Lauper. J’en parlais en détail dans mon billet sur les démos de Sheena Ringo à ses débuts. Sheena Ringo reprend également sur ce concert trois morceaux qu’elle a écrit pour d’autres artistes. Il y a bien sûr le récent Seishin no Tsuzuki (青春の続き) qu’elle a écrit pour Takahata Mitsuki (高畑充希), mais il y a également deux morceaux écrits pour Megumi Hayashibara (林原めぐみ): Ware ha Kuchinashi (我れは梔子) et Inochi no Ibuki (命の息吹き). Ces deux morceaux m’avaient échappé à l’époque et je les redécouvre en live lors de son concert. Ce sont des très beaux morceaux et d’excellentes surprises. Il est clair que la voix de Sheena Ringo leur apporte une autre dimension. Ce sont des bons candidats pour un troisième volet de la série d’auto-reprises, Reimport (逆輸入). Mais en attendant, je me mets depuis le concert à écouter ces deux morceaux de Megumi Hayashibara, et ils me plaisent vraiment beaucoup.

Un autre très beau moment du concert est l’interpretation du morceau Onaji Yoru (同じ夜) de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム), seule au piano. Elle nous disait dans les émissions radio Etsuraku Patrol au tout début de sa carrière toute l’importance que ce morceau avait pour elle. Savoir cette importance donne une dimension pleine d’émotion à cette interprétation d’autant plus qu’elle est seule sur scène au piano. Ce morceau n’a été ajouté sur la set list qu’à partir du concert d’Osaka, remplaçant la reprise de Wine Red no Kokoro (ワインレッドの心) du chanteur et compositeur Inoue Yōsui (井上陽水) qu’elle avait interprété sur un album hommage. Je ne connais pas les raisons de ce changement mais je ne suis pas mécontent d’avoir assisté à cette interprétation d’Onaji Yoru. C’est un morceau sur lequel j’ai déjà écrit plusieurs fois, notamment lorsque je pensais y voir une allusion sur des morceaux d’autres artistes. DAOKO (encore elle) a par exemple utilisé ce titre pour un de ses très beaux morceaux que j’évoquais dans un billet. Je ne suis pas très surpris d’entendre le morceau de Tokyo Jihen, Hotoke Dake Toho (仏だけ徒歩), parce qu’il est relativement récent et parce qu’elle l’a écrit. Par contre, je trouve qu’il y a plus de morceaux de Tokyo Jihen que ce qu’on a l’habitude d’entendre dans ses tournées solo. Mais il faut bien dire que Ryokushu (緑酒), de l’album Music (音楽), a eu un succès certain et il doit être difficile à éviter. C’est certes un peu dommage que tout le groupe Tokyo Jihen ne soit pas présent ensemble pour l’interpréter devant nous. L’ambiance visuelle du concert était superbe. Lorsqu’il n’y avait pas l’écran géant, le fond de la scène était orné d’un immense soleil rouge avec des rayons ressemblant à un éventail. Ce symbole ressemble beaucoup à celui de la tournée Tōtaikai (党大会) mais placé dans le sens inverse. Suivant les morceaux, les écrans montraient des scènes liées aux vidéos des morceaux comme les pistes d’atterrissage et tableaux de bords d’avion (avec toujours les jeux de morpions) pour JL005 Bin De, les routes qui se croisent sur Hashire wa Number (走れゎナンバー). Le seul morceau qui n’est pas chanté est Niwatori to Hebi to Buta (鶏と蛇と豚). Des extraits de la vidéo sont montrés sur le grand écran pendant que Sheena change de costume. La scène est particulièrement dense pendant tout le concert et Sheena est très active, du moins par rapport à d’autres concerts précédents. Une de ses tenues comprend même des gants de boxe et on la voit faire quelques mouvements. J’aime aussi beaucoup quand elle fait sur scène les mouvements de fantômes avec les bras en l’air sur Kamisama, Hotokesama (神様、仏様). Je me rends d’ailleurs compte que ce terme de l’impermanence, Shogyōmujō (諸行無常), était déjà présent dans les paroles de ce morceau. Kamisama, Hotokesama est en fait important dans sa discographie car il avait également donné la thématique de la parade des monstres Hyakkiyakō (百鬼夜行) à la tournée de 2015. Le thème des religions est aussi assez présent dans son univers, quelle que soit l’origine d’ailleurs, et ça nous ramène à l’image de l’église de lumière de Tadao Ando qui démarrait la représentation. Elle avait évoqué cet intérêt pour les religions en interview il y a quelques années.

Shinichi Osawa a également assisté au concert du Tokyo International Forum et il nous dit que ce concert était merveilleux (昨日行っコンサートとてもとても素晴らしかった。). Il nous dit aussi que c’est peut-être la première fois qu’il voit un tel talent d’expression et qu’il ressent le génie de créer une vision d’un univers unique (生で観てこんなにも圧倒的な表現の才能や、独自の世界観を創る天才性を感じたの初めてかも。). La création d’un univers singulier est en effet très à propos, et je pense même qu’il s’étend aux fans qui jouent également une partie de la partition de cet univers. Le nouveau morceau Watashi ha Neko no Me (私は猫の目) montrait la danseuse Bambi Naka en video sur le grand écran. J’ai hâte de le réécouter car tout passe vraiment très vite pendant le concert et mes souvenirs se font un peu distants. Je me demande même si ma présence dans la salle n’était pas qu’un rêve. Outre Bambi Naka, les deux sœurs danseuses SIS, que l’on connaît depuis l’époque de l’album Music de Tokyo Jihen, ont également fait des apparitions pendant le concert, en particulier dans la séquence finale après les deux morceaux de rappels Bokoku Jōcho (母国情緒) et Ariamaru Tomi (ありあまる富). Cette séquence finale montre SIS devant une console Nintendo Famicom, une cassette à la main. La séquence fait sourire car l’une d’entre elles souffle sur le circuit électronique de la cassette avant de l’insérer dans le lecteur comme pour enlever une poussière éventuelle. C’est évidemment un clin d’œil à Ringo qui faisait exactement la même chose dans une des vidéos de la série Hanakin Night Beyond (東京事変の花金ナイト -ビヨンド-) de 2021, qui n’est malheureusement plus visible sur YouTube. Le générique de fin qui suit est une animation 8bits reprenant la musique de Sid to Hakuchūmu (シドと白昼夢) de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム). Le single toogood (いとをかし) était également retranscrit en version 8bits sur l’album de remixes mais il était interprété en version normale lors de ce concert. Ce générique utilisant les sons 8bits de la Famicom a un côté rétro que l’on retrouve également dans les lunettes 3D cartonnées qui accompagnent l’achat du drapeau. On pouvait utiliser ces lunettes sur le morceau Nagaku Mijikai Matsuri (長く短い祭) et elles transformaient certaines lumières sur scène en des symboles Ying Yang tournoyant. Cela donnait l’impression d’être dans un rêve car ces lumières étaient légèrement floues. On peut se demander d’où peut bien venir cette idée d’utiliser des lunettes 3D d’un autre temps (mais qui fonctionnent très bien, ceci étant dit). J’ai lu quelque part que le réalisateur du concert (avec sa compagnie Vivision) et compagnon de Sheena Ringo, Yuichi Kodama (児玉裕一), aurait tiré cette idée du film Retour vers le futur. Dans les deux premiers films de la série, un des sbires de Biff Tannen porte en effet ces lunettes en permanence. Yuichi Kodama aime tellement les films Retour vers le futur qu’il possède lui-même et conduit une DeLorean, une DMC-12 de la DeLorean Motor Company (DMC). Il ne doit pas passer inaperçu. Et je comprends maintenant d’où vient la DeLorean que l’on pouvait apercevoir dans la vidéo de Hotoke Dake Toho (仏だけ徒歩).

Le concert a passé bien vite. Sheena Ringo ne s’est adressé qu’une seule fois au public au moment des rappels. Son message est comme toujours plein d’humilité alors qu’elle met à chaque fois en scène des représentations fantastiques. Elle nous dit avoir réfléchi à ces dernières années difficiles dans le choix des morceaux du concert. Elle fait également un commentaire sur la durée du concert de 90mins, et une personne du public lui souffle d’étendre jusqu’à 2h. On y était pratiquement en fait, car je suis sorti de la salle vers 21h. Je n’avais d’ailleurs pas très envie de sortir de cette salle, pour essayer de conserver en tête les images que je venais de voir et les sons que je venais d’écouter avec beaucoup d’attention. J’ai maintenant hâte de voir le blu-ray car le concert du 10 Mai a été enregistré en vidéo. Il y a certainement des choses qui m’ont échapper et que la vidéo me rappellera. Je ressors de la salle et du Hall A en prenant mon temps jusqu’à mon vélo stationné près de la gare de Yurakuchō. Le chemin du retour à vélo, avec le superbe morceau TOKYO en tête, me fait passer près de la tour de Tokyo que je ne résiste pas à prendre en photo. Écrire tout le récit de ce concert sera un moyen pour moi de m’en souvenir dans les moindres détails, même ceux qui peuvent paraître inutiles pour le visiteur de Made in Tokyo. (Fin).

Pour référence ultérieure, ci-dessous est la set list de la tournée Aitsura to Shiru Shogyōmujō (椎名林檎と彼奴等と知る諸行無常) pour la date du 9 Mai 2023:

1. Anoyo no Mon (あの世の門), de l’album Sandokushi (三毒史)
2. Ware ha Kuchinashi (我れは梔子), morceau écrit par SR pour Megumi Hayashibara (林原めぐみ) sur le EP Usurahi Shinjū (薄ら氷心中)
3. Donzoko Made (どん底まで), de l’album Sandokushi (三毒史)
4. Karisome Otome (カリソメ乙女) de l’album Sanmon Gossip (三文ゴシップ)
5. Hashire wa Number (走れゎナンバー), de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
6. JL005 Bin de (JL005便で ~Flight JL005~), version remixée par Yoshinori Sunahara (砂原良徳) de l’album de remixes Hyakuyakunochō (百薬の長)
7. Seishin no Tsuzuki (青春の続き), single écrit par SR pour Takahata Mitsuki (高畑充希)
8. Sake to Geko (酒と下戸), de l’album Variety (娯楽) de Tokyo Jihen
9. Ishiki (意識 ~Conciously~), version remixée par MONDO GROSSO avec DAOKO de l’album de remixes Hyakuyakunochō (百薬の長)
10. Kamisama, Hotokesama (神様、仏様), avec la voix de Mukai Shutoku (向井秀徳), de l’album Sandokushi (三毒史)
11. TOKYO, de l’album Sandokushi (三毒史)
12. Tengoku he Yōkoso (天国へようこそ), de l’album Daihakken (大発見) de Tokyo Jihen
13. Niwatori to Hebi to Buta (鶏と蛇と豚), de l’album Sandokushi (三毒史)(vidéo pendant le changement de costume)
14. Onaji Yoru (同じ夜) avec SR seule au piano, de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム)
15. Jinsei ha Yume Darake (人生は夢だらけ) de la compilation Gyakuyunyū ~Koukūkyoku~ vol.2 (逆輸入 ~航空局~; Reimport, Vol. 2 ~Civil Aviation Bureau~)
16. Hotoke Dake Toho (仏だけ徒歩), single de Tokyo Jihen inclu dans le Best Album Sōgō (総合)
17. Watashi ha Neko no Me (私は猫の目), nouveau morceau qui sortira en single le 24 Mai 2023
18. Kōzen no Himitsu (公然の秘密), du Best Album Newton to Ringo (ニュートンの林檎)
19. Onna no Ko ha Daredemo (女の子は誰でも) du 5ème album Daihakken (大発見) de Tokyo Jihen
20. Eternal Flame, reprise du morceau de The Bangles (1988), écrit par Susanna Hoffs
21. Irohanihoheto (いろはにほへと), de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
22. Inochi no Ibuki (命の息吹き), morceau écrit par SR pour Megumi Hayashibara (林原めぐみ) sur le EP Imawa no Shinigami (今際の死神)
23. toogood (いとをかし), single sorti en Avril 2022
24. Nagaku Mijikai Matsuri (長く短い祭), avec la voix d’Ukigumo (浮雲), de l’album Sandokushi (三毒史)
25. Ryokushu (緑酒), de l’album Music (音楽) de Tokyo Jihen
26. NIPPON, de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)

Rappels (アンコール) et passage de MC
27. Bokoku Jōcho (母国情緒), de l’album Kyōiku (教育) de Tokyo Jihen
28. Ariamaru Tomi (ありあまる富), de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処)
29. Vidéo de crédits de fin: Shogyōmujō wo Te ni Ireta! dans le style Famicom de Nintendo (しょぎょうむじょうをてにいれた!ファミリーコンピュータ風)reprenant le morceau Sid to Hakuchūmu (シドと白昼夢) de l’album Muzai Moratorium (無罪モラトリアム)

諸行無常~其ノ弐~

Musicalement parlant, je suis passé exclusivement en mode Ringo depuis le début de la semaine en réécoutant exclusivement les albums et certains concerts (Ultra C en particulier) de Sheena Ringo et de Tokyo Jihen, pour essayer de conserver la rémanence (余韻) des moments vécus du concert. Mais plus les jours vont passer et plus ces souvenirs deviendront lointains, en attendant que des photos officielles soient enfin publiées de cette tournée Sheena Ringo to Aitsura to Shiru Shogyōmujō (椎名林檎と彼奴等と知る諸行無常). Je suis surpris de voir qu’aucune photo et très peu d’informations ont pu filtrer pendant les trois mois de cette tournée. Les fans sont certes protecteurs, ce n’est pas nouveau, mais je me suis même demandé s’il était explicitement demandé au public pendant les concerts de ne pas révéler d’informations sur son déroulement pour ne pas gâcher le plaisir des spectateurs des dates suivantes. Ce n’était pas le cas mais l’idée m’a tout de même effleurée.

Il est désormais presque 17h ce mardi 9 Mai 2023 et j’ai déjà fait le tour plusieurs fois des alentours du Hall A. Dans un coin de l’entrée, des bouquets de fleurs sont déposés. Certains sont offerts par des chaînes et émissions musicales télévisées, comme celle de la NHK, FNS, Music Station ou encore CDTV de la chaîne TBS. Le bouquet qui a le plus de succès est celui offert par Ado. A l’étage du grand Hall A, on peut également prendre des photos et se faire prendre en photo devant les grands panneaux marqués du nom de la tournée et couverts d’objets pixelisés qui sont des symboles souvent utilisés dans l’univers de Sheena Ringo. La plaque d’immatriculation わ417 fait par exemple référence au morceau Hashire wa Number (走れゎナンバー) de l’album Hi Izuru Tokoro (日出処) et au nom Shiina retranscrit en chiffre (Shi-i-na = 4-1-7). Le skate board est un objet recurrent que l’on revoit sur certains clips vidéo et concerts (un skate board avec une glace dessinée). Je ne suis pas certain de la raison exacte de l’utilisation du skate board et je ne pense pas que Ringo sache réellement en faire, mais le skate board me ramène personnellement à la musique rock alternative américaine de ma période adolescente, qu’elle appréciait également à cette époque. Elle continue et évolue encore maintenant, mais l’imagerie du skate board est à mon avis très ancrée à cette culture américaine des années 90. Cette culture me parle et m’intéresse car la musique qui y est attachée me plaisait beaucoup à cette époque là (et encore maintenant). L’avion pixelisé fait évidemment référence au morceau JL005 Bin de (JL005便で ~Flight JL005~). Le bateau de croisière me rappelle l’imagerie de la tournée Bon Voyage de Tokyo Jihen. Le symbole de la moto est par contre nouveau et mystérieux. Sheena conduisait bien un gros scooter Honda Fusion dans la vidéo du morceau WORK avec Millenium Parade, mais cette image est très différente. En fait, cette moto semble être associée au nouveau single Watashi ha Neko no Me (私は猫の目) qui sortira le 24 Mai 2023, avec Hisako Tabuchi (田渕ひさ子) de Number Girl à la guitare. La photographie promotionnelle de ce futur single montre en effet Sheena Ringo chevauchant une moto Yamaha la nuit devant la Tour de Tokyo illuminée. Inutile de préciser le modèle de cette moto Yamaha. Il s’agit bien entendu du modèle SR. Et cette tour de Tokyo illuminée en rouge en pleine nuit est aussi une image récurrente des vidéos réalisées par Yuichi Kodama pour Tokyo Jihen et Sheena Ringo. La tour joue souvent le rôle de trait d’union entre différentes vidéos pour créer un univers visuel cohérent. Le mystérieux symbole chimique utilisé comme logo sur les petits drapeaux et les grandes affiches du concert fait référence à un acide appelé acide malique. On peut d’abord se demander le pourquoi de l’utilisation de ce symbole chimique mais on apprendra très vite que l’acide malique se trouve naturellement dans les pommes et que son nom japonais n’est autre que Ringo-san (リンゴ酸 ou 林檎酸). Je le dis souvent, mais rien n’est laissé au hasard. Deux personnes du staff étaient présents devant les grands panneaux pour prendre les spectateurs en photo. Je me suis également fait prendre en photo pour garder un souvenir de ce moment mais je n’oserais pas montrer ces photos là sur ce blog.

Tout va ensuite très vite car on approche des 18h, l’heure d’ouverture de la salle. On doit former une file d’attente à l’extérieur mais personne ne sait vraiment où celle-ci doit commencer. D’autres personnes du staff indiquent soudainement que la file d’attente commencera au niveau de la dizaine de personnes placées devant moi. Rentrer rapidement dans la salle n’a pas beaucoup d’importance car les billets sont de toute façon déjà attribués à des places précises. Mais j’avais un intérêt à entrer rapidement car il me fallait acheter avant la rupture de stock le petit drapeau qui me manquait pour l’avoir oublié à la maison avec les lunettes 3D cartonnées qui l’accompagnent. La file d’attente d’une largeur de quatre personnes s’élargit ensuite à l’endroit où s’effectue le contrôle des billets, qui sont seulement électroniques. Pour mes concerts précédents, j’ai toujours préféré retirer un billet papier au convenience store près de chez moi pour garder un souvenir physique du concert, mais cette possibilité n’est pas offerte pour les concerts de Sheena Ringo et Tokyo Jihen. On nous demande de préparer son smartphone avec le billet électronique ouvert, prêt à être poinçonné électroniquement à notre entrée. Mais il nous faut attendre au moins 20 minutes en file indienne, c’est assez de temps pour s’imaginer toute sorte d’inquiétude. Et si mon billet électronique n’était pas reconnu par la machine? Rien de tout cela n’arrivera heureusement. J’aime d’ailleurs beaucoup le poinçon ajouté sur le billet électronique car il reprend le personnage de l’infirmière, image faite de caractères informatiques que l’on avait pu voir dès l’annonce de cette tournée. Ceci me rappelle de mentionner que j’ai aperçu au moins deux fans habillées en infirmières comme dans la vidéo du morceau emblématique Honnō (本能). A l’entrée, est donné à chacun un fyer au format A4 nous faisant part de la sortie du nouveau single Watashi ha Neko no Me (私は猫の目) comme je le mentionnais ci-dessus. L’arène s’ouvre désormais devant moi et je monte assez rapidement les escaliers jusqu’à la boutique de goods placée à l’étage. Mon intention était de seulement acheter le petit drapeau qui me manquait, mais je me fais piéger comme un débutant et me retrouve à acheter d’autres choses: la planche de stickers reprenant le titre et les symboles de cette tournée, le carnet goshuinchō avec son pochon et un t-shirt portant la désormais fameuse moto Yamaha SR pixelisée en surimpression. Tous ces achats sont bien entendu volontaires mais n’étaient pas initialement prévus. J’aime beaucoup le t-shirt, étant un ancien motard intrépide, car le nom de l’artiste n’y est pas clairement mentionné. Seuls ceux qui savent reconnaîtront. Quand au goshuinchō, je l’utiliserais volontiers quand mon carnet actuel sera terminé. Je ne suis bien sûr pas mécontent de ces achats. Après avoir grimper quelques autres escaliers, je rentre ensuite dans la grande salle du Hall A, le cœur léger et le petit drapeau dans mon sac. J’y rentre environ une heure avant le début alors qu’elle est encore pratiquement vide. Ce n’est pas la première fois que j’assiste à un concert dans cette salle. Je me souviens que l’acoustique y est bonne. Mes souvenirs s’effritent mais je me souviens avoir assisté à un concert classique dans cette salle une journée d’hiver alors qu’il neigeait sur Tokyo. On avait aussi assisté à un concert du groupe DISH à l’époque où ils débutaient et étaient loin d’être aussi connus que maintenant. Nous y étions allés car c’était aussi l’époque où Zoa faisait partie de cette même agence Stardust Promotion, qu’il a depuis quitté par manque d’intérêt.

Assis dans la salle au premier étage, j’observe les spectateurs qui la remplissent petit à petit, tout en dérangeant Nicolas sur la messagerie de mon smartphone. C’est devenu une habitude pour moi que de lui faire part en direct de mes impressions avant chaque concert. Pour un concert de Sheena Ringo, je n’ai pas pu m’en empêcher. La salle devient assez vite comble car l’heure du début du concert approche très vite. Vu qu’il était difficile d’obtenir des places pour ce concert, même en étant membre du fan club, je me dis qu’il n’y aura aucune place vide dans la salle. Une place à côté de moi est pourtant libre jusqu’à maintenant. Je pense que la grande majorité des places de cette tournée ont été vendues aux membres du fan club et les différents concerts ont été très vite complets. Une connaissance de Twitter, un anglais de passage au Japon exprès au moment des dates de Tokyo, me faisait par de l’impossibilité d’acheter des places, ayant été malchanceux au moment de la vente initiale des billets et n’ayant pas pu acheter un billet sur le système de revente. Le système de revente est très strict et encadré pour éviter le marché noir et la revente des billets à des prix excessifs. C’est une très bonne chose même si ça limite les possibilités d’acheter un billet. L’histoire de cette connaissance me fait un peu de peine car il a redoublé d’efforts pour essayer d’obtenir un billet à travers ce système. Un minimum de chance et une adhésion au fan club semblent faire partie des conditions nécessaires pour espérer obtenir un billet. En regardant autour de moi dans la salle qui se remplit vite et dans le hall auparavant, je pense d’ailleurs être le seul étranger dans la salle, ce qui m’étonne un peu. Enfin, il y a certainement des personnes venues d’Asie dans la salle. Alors que je me perds dans mes réflexions, ma voisine arrive finalement à sa place, un peu essoufflée. Nous discutons un peu avant que le concert ne commence. Elle me dit qu’elle vient du Kansai. J’imagine tout de suite qu’elle vient juste de sortir du Shinkansen à la gare de Tokyo et de courir jusqu’au Hall A du Forum. Elle me dit aussi que c’est la cinquième fois qu’elle assiste à un concert de cette tournée après Osaka, Fukuoka, entre autres. Je suis tout de suite impressionné et je lui en fais part. Voilà une fan ’hardcore’ qui n’hésite pas à parcourir tout le pays pour assister aux concerts de Sheena Ringo. Elle a pu acheter des billets grâce aux systèmes de revente de billets que je mentionnais juste avant. Elle est certainement très chanceuse, mais elle n’est pas la seule à assister à plusieurs concerts sur cette tournée, comme je peux le témoigner à travers le file Twitter des quelques fans que je suis attentivement. Il s’agit là d’un niveau de dédication qui dépasse de loin le mien, mais je respecte tout à fait cette obsession. Je la comprends même très bien. Ma voisine me dit aussi qu’elle a assisté a plusieurs autres tournées dont Hyakkiyakō 2015 (百鬼夜行) ou Bon Voyage de Tokyo Jihen, et de nombreuses autres. Elle s’excuse aussi par avance d’être émotive et par conséquent qu’elle sera très certainement en pleurs pour certains morceaux. J’ai pu noter en effet qu’elle portait de temps en temps ses mains au visage avec un mouchoir mais la voix de Sheena Ringo et le son grand format des instruments ne permettaient de tout façon pas d’entendre des sons éventuels de pleurs. Cette fan assise à côté de moi était en tout cas très sympathique et même si on ne se connaissait pas, j’avais le sentiment de bien la comprendre sur le sujet qui nous concernait pendant cette soirée là (A suivre).