Les quelques photographies ci-dessus sont prises entre Ebisu et Shirogane. J’ai en général une attirance pour les tuyauteries compliquées cachées à l’arrière des buildings, mais je ne montre pas toujours ce genre de photographies. A part l’apparition inattendue d’un puit dans une ruelle trop étroite pour les voitures dans un quartier de Shirogane, ces photographies n’engagent pas beaucoup aux commentaires. Il s’agit tout simplement d’un nouveau témoignage photographique de la complexité urbaine tokyoïte qui n’est pas toujours visible si l’on reste sur les grandes artères. Mais ces photographies ont au moins l’intérêt de me rappeler l’existence du blog de Jocelyn Prud’homme basé à Osaka, mais qui n’a plus l’air actif depuis deux ans. Montrer la complexité urbaine dans les moindres détails (les tuyauteries, l’acier, le béton des autoroutes) … est un des sujets de ses photographies et il le faisait très bien. C’était un de ces blogs sur le Japon qui ne ressemblaient pas aux autres et qui ne s’adressaient pas aux voyageurs, mais plutôt aux amateurs de la matière urbaine. C’est toujours dommage de voir un blog s’arrêter et il suffit parfois de peu de choses pour que ça arrive. Pour continuer, il faut se dire qu’avoir des visiteurs est un plus, mais pas une raison d’être. Un blog doit vivre pour lui même ou du moins pour son auteur.
Mais la réalité est que je regarde régulièrement le tableau de bord WordPress de Made in Tokyo pour voir dans les statistiques quels sont les billets les plus regardés. Il s’agit en général des derniers billets publiés sur le blog ainsi qu’un certain nombres de mes billets couvrant l’architecture tokyoïte. J’y vois régulièrement apparaître des billets plus anciens, ce qui m’amène souvent à les relire avec souvent un brin de nostalgie. J’ai toujours pensé que la raison principale pour laquelle je maintenais ce blog était de pouvoir revenir sur mes écrits et photographies plusieurs années après, pour me remémorer l’état d’esprit dans lequel j’étais à l’époque où je les ai écrit. Récemment, un ou plusieurs visiteurs ont consulté un ancien billet de Juillet 2004 sur lequel j’évoquais la musique d’Ajico sur l’album Fukamidori (深緑), sorti quelques années plus tôt en 2001. Je n’ai pas réécouté cet album depuis très longtemps et relire mon billet me donne envie de me replonger dans cette musique rock plutôt mélancolique. Je me souvenais bien qu’Ajico était un projet de UA, mais j’avais un peu oublié que Kenichi Asai (浅井健一) du groupe rock Blankey Jet City faisait également partie du groupe, à la guitare électrique et au chant. En fait, je savais que c’était un bon album mais j’avais oublié à quel point son écoute était prenante. Les accords de guitare purs comme du cristal sur le premier morceau prenant le titre de l’album restent très présents en tête après avoir écouté l’album en entier. Ce premier morceau est marquant mais on aurait tord de s’arrêter là, tant la totalité de l’album est riche en émotions. La voix très typée de UA y est pour beaucoup mais se complémente très bien avec celle de rockeur de Kenichi Asai. C’est également une voix très marquée que je découvre maintenant sous un autre jour et qui me plait vraiment beaucoup. En fait, les morceaux où ils chantent tous les deux en duo fonctionnent très bien comme le cinquième morceau Aoi tori ha itsumo fumange (青い鳥はいつも不満気). Le ton de l’ensemble de l’album est très mélancolique et il faut donc être dans de bonnes conditions pour l’écouter (j’ai l’impression que c’est un commentaire que je fais souvent). Je pense par exemple au deuxième morceau Suteki na Atashi no Yume (すてきなあたしの夢), qui s’avère être un des meilleurs morceaux de l’album. La manière de chanter de UA est particulièrement poignante et on ressent qu’elle vit les morceaux qu’elle interprète. Kenichi Asai a lui une voix plus torturée et je dirais même sauvage par moment. Mais si les voix des interprètes sont un des points d’accroche principaux du groupe Ajico, la qualité de la partition musicale, notamment des guitares n’est pas en reste. J’ai l’impression de redécouvrir cet album comme au premier jour.
De gauche à droite, les albums Fukamidori (深緑) d’Ajico (2001), Jet CD de PUFFY (1998) et C.B.Jim de Blankey Jet City (1993).
Le nom de Kenichi Asai m’est familier depuis un petit moment déjà. Lorsque j’ai fait en octobre 1999 sur mon site web Okaeri (l’avant Made in Tokyo) une petite liste sur la musique japonaise que je préfère, j’y avais inscris le groupe PUFFY et leur album le plus connu, Jet CD sorti en 1998, dont le titre est inspiré du nom du groupe de Kenichi Asai. Blankey Jet City est mentionné comme influence du côté rock d’Ami et Yumi sur PUFFY. Je ne réécoute pas très souvent Jet CD mais j’y reviens quand même de temps pour la bonne humeur qui s’en dégage (カニ食べ行こう🎶). On ne perçoit pas trop l’influence du son de Blankey Jet City sur la musique de PUFFY, mais parmi la multitude de morceaux pop, on y trouve tout de même un esprit rock, avec même des sons de guitares très lourds et sombres, comme sur Shoubijin (小美人) qui est le morceau que j’aime réécouter le plus souvent. En relisant cette page écrite en Octobre 1999 sur mes artistes japonais préférés, je me rappelle en lisant ce que j’écrivais sur PUFFY, qu’on avait même eu dans l’idée avec mon copain SeB d’écrire un morceau pour le groupe. Il faudrait que je retrouve une trace des paroles qu’on avait écrit à cette époque bien que je suis certain que ça ne devait pas être très brillant et hautement improbable. En réécoutant ces morceaux de PUFFY, me reviennent ces souvenirs d’il y a plus de vingt ans. Dans cette liste d’Octobre 1999, il y a des artistes que j’écoute encore maintenant comme Sheena Ringo (il me semble avoir déjà parlé de cette artiste récemment), Utada Hikaru ou LUNA SEA, avec une ferveur identique à celle d’il y a vingt ans, mais d’autres pour lesquels mon intérêt a complètement disparu. Je mentionnais par exemple L’Arc~en~ciel, Spitz ou Mr Children que j’écoutais beaucoup à l’époque mais que j’ai beaucoup de mal à ré-apprécier maintenant. Comme j’aime bien identifier les liens entre les artistes que j’apprécie et pour revenir à PUFFY, rappelons nous que Sheena Ringo a écrit un morceau pour le duo en 2009. Ce morceau intitulé Hiyori Hime (日和姫) est sorti en single et été ré-interprété par Sheena sur la première compilation Reimport, Gyakuyunyū: Kōwankyoku. J’aime d’ailleurs beaucoup la photo de la pochette de ce single de PUFFY car Ami et Yumi sont représentées comme des poupées Hina en kimono avec chacune une mèche blonde sur le côté. Je trouve dans cette image un lien certain avec l’univers de Sheena Ringo, notamment dans l’imagerie utilisée sur ces compilations de la série Reimport.
En fait, le nom de Kenichi Asai m’était surtout familier car il est mentionné dans les paroles de Marunouchi Sadistic, mais sous son surnom « Benji ». Dans les paroles de ㋚, Sheena nous dit que Benji la frappe avec sa guitare Gretsch (そしたらベンジー、あたしをグレッチで殴って). On imagine qu’il s’agit d’une expression imagée et qu’elle est plutôt frappée dans son fort intérieur par le son de la guitare de Kenichi Asai. Ils ne doivent pas être en mauvais termes, car ils ont interprété ensemble le morceau Kiken sugiru (危険すぎる) sur Ukina, morceau principalement interprété par Kenichi Asai mais sur lequel Sheena fait des interventions très contenues dans les chœurs. Tout comme Number Girl, je pense que Blankey Jet City a joué une influence sur l’approche agressive des morceaux rock de ses débuts. Ma curiosité grandissante m’a amené à découvrir la musique de Blankey Jet City en commençant par l’album C.B.Jim sorti en Février 1993. Je ne suis pas déçu. On y trouve une énergie rock assez folle et immédiate avec des guitares rapides et incessantes, techniquement très pointues. La manière de chanter de Kenichi Asai, ponctuant certains mots avec insistance, y est très incisive à la limite entre le punk rock et le rockabilly. Il y a un côté assez jubilatoire à écouter ses paroles nous parlant d’histoires de mauvais garçon. Je pense continuer encore un peu l’écoute d’autres albums du groupe, mais le choix semble difficile car ils ont sortis plus d’une dizaine d’albums. Je n’aime en général pas beaucoup les albums best off car c’est souvent en dehors des singles que je trouve les morceaux que je préfère, mais je vais peut être faire une exception cette fois-ci en écoutant la compilation Complete Single Collection, l’album avec un chat noir en couverture.
Deux images extraites de la vidéo du morceau Niji (虹) de AiNA The End (アイナ・ジ・エンド) sorti le 3 Décembre 2020.
Sur le site web Ringohan, une enquête est lancée depuis le 3 Décembre auprès des fans, comme l’année dernière, pour connaître notamment quels sont les morceaux ou les albums préférés de Sheena Ringo et Tokyo Jihen. J’y participe cette fois-ci, un peu par curiosité pour voir quels types de questions sont posées. Les résultats pour certaines questions sont mis à jour en temps réel. On apprend donc sans grande surprise que Marunouchi Sadistic (丸ノ内サディスティック) et Gunjō Biyori (群青日和) sont les morceaux préférés des fans pour SR et TJ respectivement. Dans les statistiques, je remarque également qu’il y a une majorité de participation féminine à cette enquête (de 60% à 70%), ce qui doit à mon avis représenter la proportion réelle des fans et ce qui ne m’étonne en fait pas beaucoup. Parmi les questions, Sheena demande aux fans leur avis sur les futurs collaborations qu’ils ou elles voudraient voir avec d’autres artistes, quels sont les artistes qui montent et ce qu’on a fait de particulier ou de différent pendant cette période de pandémie. Je ne vais pas donner toutes les réponses que j’ai personnellement donné à chaque question. Pour l’artiste en voie de reconnaissance, j’ai mentionné Shohei Otomo, dont j’ai déjà parlé plusieurs fois ici, car je serais très curieux de voir une illustration de sa part adaptée à l’univers de Sheena Ringo. J’y vois une certaine comptabilité car elle a déjà utilisé des illustrations pour des couvertures d’albums (sur Ukina par exemple). Il y a également une question demandant notre avis sur l’artiste pour lequel ou laquelle on voudrait que Sheena compose un morceau. J’ai mentionné AiNA The End (アイナ・ジ・エンド) car je pense qu’elle a la capacité vocale adéquate pour chanter des morceaux à la structure complexe que pourrait lui créer Sheena. J’y pense aussi car AiNA a déjà fait une reprise assez convaincante de Tsumi to Batsu (罪と罰). Elle a d’ailleurs sorti un nouveau morceau en solo intitulé Niji (虹) qui sera inclus dans son futur album The End qui sortira le 3 Février 2021. Je trouve ce morceau, comme la vidéo d’ailleurs, impressionnant. Le morceau est très satisfaisant car il correspond exactement au style non-apaisé que je voulais entendre de sa part. Connaissant Wack, qui reste derrière cette entreprise solo, il est très possible que l’ensemble du futur album parte dans des directions très différentes, comme sur les albums de BiSH, mais on peut penser que ça restera résolument rock. AiNA joue bien les rôles tourmentés, comme on peut le voir dans la vidéo et l’entendre dans les paroles. J’imagine qu’elle signe les paroles et la chorégraphie, qui là encore reste bien dans la ligne de ce qu’elle montrait pour BiSH. Ce futur album est très prometteur mais il va falloir attendre presque deux mois avant de le voir arriver. J’imagine qu’il y aura d’autres singles en attendant. Quand à mes prédictions sur l’enquête SR/TJ, on verra bien si elles se concrétisent un jour. Je trouve en tout cas assez intéressant qu’un artiste demande l’avis aux fans sur ce genre de choses. Je pense que ça doit aider à la réflexion.