the whole is greater than the sum of its parts

Je fais le tour des photographies datant d’il y a un ou deux mois que je n’ai pas encore montrées sur ce blog et je tombe sur les trois premières prises dans le quartier d’Ikegami dans l’arrondissement d’Ōta. J’aime beaucoup ce quartier autour de l’immense temple Ikegami Honmonji (池上本門寺) posé sur une colline boisée et entouré en grande partie par des cimetières. Comme j’aime bien me le rappeler, les japonais naissent shintoïstes et meurent bouddhistes. Au pied de cette colline, on trouve une longue série de temples bordant une rue étroite. Celui de la deuxième photographie, par exemple, se nomme Kakugen-in (池上覚源院). Il s’agit d’un temple du courant Nichiren, tout comme Ikegami Honmonji, fondé en 1393 puis déplacé à son emplacement actuel en 1690 après plusieurs incendies. Un peu plus loin, on entre à l’intérieur d’un complexe lié au temple Daibō Hongyōji (池上大坊本行寺). J’aime beaucoup la pagode avec son toit angulaire inhabituel, situé à côté de la tombe du réalisateur de films Kenji Mizoguchi (溝口健二). Ça m’avait amusé quand le compte Instagram spécialisé en architecture de l’Autrichien Ken Ulrich, que je suis depuis longtemps sur Instagram sans l’avoir rencontré, montrait une photo de cette pagode sans aucunes indications de lieu. Je l’avais tout de suite reconnu et mentionné en commentaire à sa grande surprise. J’avais également reconnu une autre maison aux airs quelconques mais couvertes de verdure qu’il montrait sur un autre de ses comptes Instagram. Plus récemment, il montrait une autre maison étrange que j’avais également pris en photo il y a trois ans près du parc Inokashira. Je me suis retenu à lui laisser un commentaire indiquant je reconnaissais également cette maison, car j’ai eu peur de passer pour un maniaque de l’architecture qui reconnaît tous les endroits à chaque fois. Mais en écrivant ce texte maintenant, je me suis finalement convaincu à commenter sur sa photo. Je n’oublie pas la première photographie du billet. Je me suis demandé en prenant la photo si les gentils minions étaient seulement concentrés près de la fenêtre de ce petit immeuble d’appartements. Réflexion faite, je pense plutôt que l’appartement lui-même est rempli à raz-bord de minions, auquel cas il faudra éviter d’ouvrir la porte ou les fenêtres. Le spectacle imaginaire d’une effusion de minions m’a fait sourire quelques instants.

Je reviens ensuite vers le petit temple Saihōji (西方寺) que l’on trouve à Kōhoku (港北) dans la banlieue de Yokohama, celui où poussait un gigantesque arbre à mimosa. L’entrée principale du temple se compose d’une petite allée piétonne bordée d’un côté par des cerisiers. Nous sommes ce jour là bien avant le pic de floraison du début du mois d’Avril. L’ambiance de fin de journée et la tranquillité des lieux donnent l’impression, en regardant ces photographies maintenant, d’un petit monde à part. Le calme ambiant me donne l’impression que le temps s’est soudainement arrêté ici, dès qu’on a franchi la grande porte du temple. Nous ne sommes pas restés assez longtemps pour constater une courbure de la ligne de temps, mais je suis persuadé que si je m’étais assis sur le petit banc placé devant la grande porte, à regarder longuement les courbures de la toiture de chaume, le temps se serait ralenti mécaniquement. L’ennui est la seule manière de faire ralentir le temps qui passe. Je ne m’ennuie malheureusement jamais, car j’ai toujours des choses à faire ou à découvrir et le temps passe donc beaucoup trop vite pour moi. Je souhaiterais parfois que le temps s’arrête complètement pendant une journée entière pour me laisser assez de temps pour écrire, dessiner ou reprendre mes petits morceaux électroniques.

Côté musique, je reviens avec un grand plaisir vers la pop électronique hyper dynamique de KAF (花譜) avec un nouveau single intitulé Gestalt (ゲシュタルト) tiré du EP de trois titres GSA, pour Gestalt Swimmer From Apocalypse, sorti le 22 Mai 2024. Ce dynamisme est à chaque fois contagieux, car la voix de KAF arrive toujours à nous interpeller. En écoutant ce morceau, et en me rappelant que KAF avait chanté le générique de fin de la nouvelle série animée Ramu, je me dis que KAF pourrait très bien être le pendant artistique de Ramu, tant on reconnaît cette même tension électrique qui joue au chaud et au froid entre ‘kawaiisme’ et agressivité exacerbée. Ce survoltage vocal et musical est cependant tout à fait contrôlé car le chant de KAF défile au millimètre accompagné d’une composition musicale électro particulièrement aiguisée et efficace.

言葉以上・現実以上

Le retour au rythme tokyoïte sur Made in Tokyo n’est pas aussi facile que je l’imaginais. Le sentiment de fatigue post-Covid m’a poursuivi plusieurs semaines et j’ai par conséquent eu un manque de volonté et d’énergie pour me lancer dans l’écriture de longs billets comme j‘ai pu en écrire jusqu’à présent avant nos vacances en France ou comme je le fais maintenant. Et pourtant, le niveau de fréquentation particulièrement haut du blog pendant le mois d’Août aurait dû me motiver un peu plus. La chaleur estivale infernale avec ces 35 degrés tous les jours de la semaine est peut propice aux promenades photographiques, mais j’ai tout de même marcher près du gymnase de Yoyogi, où des danses Yosakoi (よさこい) ont attiré mon attention. Le Yosakoi est une interprétation moderne de la danse traditionnelle Awa-Odori que l’on peut souvent voir dans les festivals d’été. Plusieurs groupes habillés de tenues différentes dansaient les uns après les autres, d’une manière très dynamique caractéristique du genre, le long de la large allée piétonne séparant le Hall de la NHK du gymnase de Yoyogi. La musique qui accompagne les danses a un côté un peu kitsch mais l’énergie communicative des danseurs et danseuses faisaient plaisir à voir. Ils m’ont en quelque sorte transmis un peu de leur énergie. Bien que je n’ai pas publié de billets pendant ces vacances françaises, ça ne m’a pas empêché de réfléchir à la direction que je devrais donner à ce blog. Je me suis dit que ça n’avait pas beaucoup de sens de montrer des photos de choses et d’endroits que j’ai déjà maintes fois montré et qu’il faudrait que j’y apporte une touche un peu plus personnelle et spécifique à mon style visuel. Il faudrait aussi que je travaille un peu plus la sensibilité des textes qui accompagnent mes photographies pour éviter le descriptif.

Mais cette sensibilité est de toute façon grandement et principalement influencée par la musique que j’écoute. Je me remets lentement mais sûrement à écouter de nouvelles très belles choses musicalement. Quand je me perds dans la direction de ce que je veux écouter, je reviens souvent vers LUNA SEA et cette fois-ci, j’écoute beaucoup l’album Lunacy de 2000. Je l’avais acheté en CD à l’époque et ce n’est pas l’album vers lequel je reviens le plus souvent, ce qui est une erreur car le morceau Gravity est un de leurs meilleurs. J’avais aussi oublié que certains morceaux étaient des collaborations avec DJ KRUSH, comme celui intitulé KISS. Quelques morceaux au milieu de l’album sont particulièrement inspirés, notamment le sublime Virgin Mary. C’est un long morceau de plus de 9 minutes placé exactement au centre de l’album. Ce morceau me rappelle que Ryuchi Kawamura utilise régulièrement des références religieuses, en particulier chrétiennes, dans les paroles de ses morceaux. Il m’est d’ailleurs arrivé plusieurs fois d’être assis à côté de sa femme et de son fils à l’église avec mon grand lorsqu’ils étaient petits dans la même école maternelle. Ryuchi Kawamura ne venait bien évidemment pas. Je n’ai malheureusement jamais pu dire à sa femme toute l’admiration que j’avais pour lui. LUNA SEA est le seul groupe qui fait le lien entre la musique japonaise que j’écoutais en France et celle que j’écoute encore maintenant. Écouter LUNA SEA remet en quelque sorte les pendules à l’heure, pour me permettre de repartir vers d’autres horizons.

Dans ces belles découvertes récentes, il y a le morceau Kikikaikai (器器回回) de Nagisa Kuroki (黒木渚) sorti le 23 Août 2023. Je ne connaissais pas cette compositrice et interprète originaire de la préfecture de Miyazaki dans le Kyūshū. Je la découvre par l’intermédiaire de la photographe et vidéaste Mana Hiraki (平木希奈), que j’ai déjà évoqué plusieurs fois sur ce blog, car elle a réalisé la vidéo de ce morceau. Cette vidéo est très inspirée d’ailleurs, comme peut l’être le morceau. Nagisa Kuroki a fait ses études à Fukuoka, ce qui peut expliquer qu’Hisako Tabuchi (田渕ひさ子) ait joué de la guitare sur certains enregistrements de ses morceaux. Mais Hisako Tabuchi ne joue pas sur le morceau que j’écoute en ce moment. Kikikaikai a une composition brillante, très méthodique avec un flot verbal en escalade. La dynamique du morceau est très prenante et laisse peu de temps au répit sans pourtant être poussive. La dernière minute de Kikikaikai est particulièrement excellente car la densité et la tension vocale deviennent débordantes. C’est un excellent morceau qui se savoure d’autant plus après plusieurs écoutes.

Le morceau asphyxia de Cö shu Nie sur l’album PURE n’est pas récent car il date de 2019, mais l’idée m’est venu de revenir un peu vers la musique de ce groupe après avoir vu plusieurs fois la compositrice et interprète Miku Nakamura (中村未来) sur mon flux Twitter (on dit maintenant X mais je préfère l’ignorer pour l’instant) ou Instagram. Le morceau asphyxia est une sorte d’objet musical non identifié car la voix de Miku et la composition musicale ont toutes les caractéristiques de déconstruction du math rock. On y trouve une grande élégance et inventivité. Le morceau nous trimballe sur différentes voies comme si le train musical déraillait soudainement pour se rattraper de justesse vers une nouvelle direction. Mais le morceau n’en reste pas moins très construit. On peut se demander ce qui passe par la tête de la compositrice pour en arriver à de telles envolées. Sur le même album, j’écoute également Zettai Zetsumei (絶体絶命), car je suis attiré par le titre me rappelant un morceau de Tokyo Jihen. Ce morceau est un peu plus conventionnel et calme qu’asphyxia, mais juste un peu car l’escalade instrumentale est toujours bien présente, pour mon plus grand bonheur, il faut bien le dire. C’est un style musical, un peu comme celui de Ling Toshite Sigure, qui me paraît tout à fait unique au Japon.

L’émission radio du dimanche soir What’s New FUN? de Teppei Hayashi (林哲平) sur InterFm me fait découvrir le rappeur originaire d’Oita Skaai qui y était invité pour une interview. Quelques morceaux de Skaai étaient diffusés, notamment celui intitulé Scene! en collaboration avec Bonbero. Ce morceau de hip-hop en duo est vraiment excellent pour son ambiance sombre et atmosphérique, comme on pourrait en trouver chez DJ KRUSH, et pour les talents vocaux multiples de Skaai. J’adore le hip-hop lorsqu’il part vocalement vers ce genre de terrains mouvants. Je découvre plus tard un autre excellent morceau hip-hop de Skaai intitulé FLOOR IS MINE (featuring BIM, UIN). La voix de Skaai chantant en anglais le refrain me rappelle vaguement un morceau de Red Hot Chili Pepper mais je n’arriverais pas à vraiment dire lequel. Le compte Twitter de Skaai m’indique également une collaboration avec le rappeur coréen nommé 27RING (이칠링) sur un morceau énorme intitulé Brainwashing (세뇌) Ultra Remix tiré de son album 27LIT. Le morceau est énorme car il fait plus de 8 minutes et fait collaborer pas moins de 12 rappeurs prenant la parole les uns à la suite des autres sur une trame commune dense et anxiogène. Je ne connais pas tous ces noms (TAK, Moosoo, DON FVBIO, Ted Park, maddoaeji, Boi B, DAMINI, New Champ, Lee Hyun Jun, Skaai, Asol) qui semblent principalement coréens à part Skaai (qui est en fait moitié coréen, parlant la langue). La puissance de l’ensemble et son agressivité conservant un bon contrôle des phrasés parfois ultra-rapides, m’impressionnent vraiment. Chaque intervention des rappeurs invités est entrecoupée d’exclamations proche du cri de 27RING scandant en coréen dans le texte « Mon cerveau a subi un lavage de cerveau » (세뇌 당했지 나의 뇌). La vidéo très graphique est viscérale et correspond bien à l’ambiance du morceau. Il faut d’ailleurs l’écouter fort dans les écouteurs en regardant la vidéo pour bien s’immerger. Je me sens parfois reconnaissant, envers je ne sais qui ou quoi, de tomber sur ce genre de morceaux qui réveillent mon émerveillement musical.

Je reviens ensuite vers des terrains rock plus connus en écoutant le nouveau single du groupe Hitsuji Bungaku (羊文学) intitulé More than Words. J’aime la voix de Moeka Shiotsuka (塩塚モエカ) qui a un petit quelque chose de particulier et que je trouve très mature sur ce morceau. Dès les premières notes, le son des guitares est très présent, rempli de réverbération, et le rythme de la batterie est extrêmement soutenu. Je suis toujours surpris par la qualité du son qu’il et elles arrivent à sortir à trois. Le son des guitares est ici très spacieux. Ce single est utilisé comme thème de fin de l’anime à succès Jujutsu Kaisen (呪術廻戦), du mangaka Gege Akutami (芥見下々), pour une série intitulée Shibuya Jihen (渋谷事変), à ne pas confondre avec Tokyo Jihen (東京事変). Le thème d’ouverture de ce même anime est un morceau de King Gnu intitulé Specialz (スペシャルズ) qu’il me faudra écouter un peu plus (en tout cas la vidéo est impressionnante). En ce moment, j’écoute aussi deux EPs de Hitsuji Bungaku, à savoir Kirameki (きらめき) sorti en 2019 et Zawameki (ざわめき) sorti en 2020. Je ne connaissais en fait pas ces EPs en entier. En les écoutant, je me prépare en quelque sorte pour le concert à Tokyo Haneda le mois prochain, en Octobre 2023. J’ai très hâte d’aller les voir en live. Je sais déjà que ça rendra bien, pour les avoir vu et entendu en streaming lors de leur passage au festival Fuji Rock, il y a quelques années.

Shinichi Osawa (大沢伸一) de MONDO GROSSO produit le nouveau morceau d’Hikari Mitsushima (満島ひかり) intitulé Shadow Dance. C’est à ma connaissance la troisième collaboration entre les deux artistes. Ce morceau est très beau. L’élégance naturelle d’Hikari Mitsushima déteint forcément sur ce morceau, qui est très délicat, notamment dans ses moments parlés. Ce morceau fait apparemment référence au court métrage publicitaire Kaguya by Gucci, réalisé par Makoto Nagahisa dans lequel Hikari Mitsushima jouait déjà. Pour les plus attentifs, j’en ai déjà parlé plusieurs fois. La qualité de la production musicale de MONDO GROSSO n’est plus à démontrer et je suis toujours très satisfait qu’il travaille avec des artistes que j’aime, comme Daoko, Sheena Ringo, AiNA entre autres. J’aimerais d’ailleurs beaucoup que Sheena Ringo écrive un morceau pour Hikari Mitsushima. Il y a déjà des liens entre les deux. J’ignore par contre complètement le morceau que Sheena Ringo a écrit et composé récemment pour Sexy Zone. Faisons comme si il n’avait jamais existé car il n’est de toute façon pas brillant. Je suis également assez déçu par le nouveau single d’Utada Hikaru (宇多田ヒカル) intitulé Gold (~また逢う日まで~). Le morceau est loin d’être mauvais mais il n’a absolument rien d’original, par rapport à ses morceaux précédents. Je l’ai bien écouté plusieurs fois, mais j’ai beaucoup de mal à m’en souvenir. Elle aurait besoin d’un nouveau souffle et je ne doute pas qu’elle le trouvera, comme ça avait été le cas pour l’album Fantôme. Cet album ne semble d’ailleurs pas être le préféré des amateurs d’Utada Hikaru. C’est pourtant pour moi un des plus intéressants et celui qui m’a fait revenir vers sa musique. Et pour revenir à MONDO GROSSO, quelle plaisir de voir une collaboration avec KAF (花譜) dont je parle aussi assez souvent sur ces pages. Le morceau qui vient juste de sortir s’intitule My Voice (わたしの声). Il mélange habilement des sons classiques de piano et de cordes avec un rythme électronique particulièrement intéressant et la voix immédiatement reconnaissable de la chanteuse virtuelle KAF (qui est une vraie personne représentée par son avatar). Comme je le disais un peu plus haut, les choix artistiques de Shinichi Osawa m’épatent vraiment car ils sont quasiment en adéquation avec les artistes que j’apprécie.

Je ne vous obligerais pas à me suivre sur le dernier morceau sélectionné sur cette petite playlist de fin d’été, car la voix d’Ayuni D n’est pas la plus évidente à apprécier. Mais le nouveau morceau Tondeyuke (飛んでゆけ) de son groupe PEDRO qu’elle forme avec Hisako Tabuchi est vraiment enthousiasmant. En fait, j’aime beaucoup l’ambiance bucolique de la vidéo accompagnant le morceau, et le sentiment de nonchalance estivale qui l’accompagne. La manière de chanter d’Ayuni sur ce morceau, en chuchotant presque la fin de chaque phrase, me plait aussi beaucoup. Et il y a un petit passage de guitare vers la fin du morceau où les sons que dégage Hisako me rappellent Sonic Youth. Ce single et la musique de PEDRO ont apparemment un certain succès. J’étais plutôt surpris d’entendre que Tondeyuke était placé à la 54ème place du classement hebdomadaire Tokio Hot 100 de la radio J-Wave, que j’écoute très régulièrement le dimanche après-midi (de 13h à 17h) lorsque nous sommes en voiture. Après la dissolution de BISH, ça fait plaisir de voir chacune des anciennes membres trouver une nouvelle voix. C’est aussi le cas de CENTCHiHiRO CHiTTiii qui s’est lancé dans une carrière solo sous le diminutif de CENT. Son nouveau single Kesshin (決心) est un rock plutôt classique et j’étais assez surpris de voir que la musique a été composée par Kazunobu Mineta (峯田和伸) de Ging Nang Boyz (銀杏BOYZ).

AiNA The End a une carrière musicale pour l’instant très dense et on pourra la voir bientôt au cinéma sur le nouveau film du réalisateur Shunji Iwai (岩井俊二), Kyrie no Uta (キリエのうた). J’ai très récemment trouvé au Disk Union de Shimokitazawa le CD de la bande originale du film All About Lily Chou Chou (リリイ・シュシュのすべて) sorti en 2001, du même Shunji Iwai. J’avais déjà parlé sur ce blog de la musique du film chantée par Salyu. Le premier morceau intitulé Arabesque (アラベスク), qui accompagne les premières images du film dans les herbes hautes près d’Ashikaga (足利駅) dans la préfecture de Tochigi, est tellement sublime que je le compte volontiers dans la liste des morceaux que je préfère. La force d’évocation émotionnelle de cette musique et de la voix extrêmement sensible de Salyu me donnent à chaque fois des frissons. C’est proche du divin, sans trop exagérer. J’ai du coup revu le film qui m’avait beaucoup marqué la première fois que je l’avais vu. Je suis très curieux des films de Shunji Iwai mais ils ne sont pas disponibles sur Netflix ou Amazon Prime. J’ai quand même vu récemment le film Last Letter (ラストレター) sorti en 2020 basé sur un roman qu’il à écrit lui-même. Beaucoup d’actrices et d’acteurs reconnus jouent dans ce film, comme Takako Matsu, Suzu Hirose, Nana Mori et Masaharu Fukuyama entre autres. La surprise était de voir le réalisateur Hideaki Anno (de Neon Genesis Evangelion) joué un second rôle, celui du mari du personnage joué par Takako Matsu. Que ça soit sur des films ou des drama télévisés, je croise souvent la route de Takako Matsu (松たか子) en ce moment. La dernière fois était sur le drama Quartet (カルテット), dans lequel jouait également Hikari Mitsushima. Tout finit par se reboucler dans mes billets.

林檎齧って空ばかりを見てる

La chaleur estivale bat déjà son plein dans les rues de Shirogane où je me promène rapidement cette fois-ci. Cette fin du mois de Juin et ce début Juillet sont particulièrement occupés et je manque par conséquent de l’énergie nécessaire pour prendre suffisamment de photographies qui alimenteront ce blog. Je repasse vers des endroits déjà empruntés et photographiés dans le passé. Il y a d’abord Oyagi House par Ryue Nishizawa (2018), puis le temple Zuishōji à Shirogane dont les nouvelles dépendances de bois ont été conçues par Kengo Kuma et finalement le fameux building verdâtre de cuivre oxydé nommé Nani Nani (1989) par Philippe Starck en collaboration avec Makoto Nozawa de GETT. Bref, rien de vraiment très neuf sous le soleil tokyoïte. J’ai ouvert un compte sur Threads, la nouvelle application liée à Instagram venant concurrencer directement et frontalement Twitter. J’étais assez motivé pour l’utiliser à la place de Twitter dans les premiers jours, mais l’excitation du moment est déjà retombée. L’interêt par rapport à Instagram est plutôt limité. J’utilise principalement Twitter pour suivre l’activité des artistes et groupes que j’apprécie, et je ne suis pas prêt à passer du temps pour vérifier s’ils et elles ont un compte sur Threads. L’application sans publicité pour l’instant est pourtant agréable, très axée photographies du fait de son lien direct avec Instagram.

Je suis toujours sous l’emprise irrésistible de Yuki sur les albums de Judy and Mary que je continue de découvrir. Mais, j’ai également envie de changer quelque peu d’ambiance avec quelques excellents morceaux d’une jeune compositrice et interprète appelée Rinne Amano (天野凛音) que je ne connaissais pas. Je la découvre vraiment par hasard au milieu de story Instagram. Ce personnage aux cheveux décolorés surgit soudainement avec un morceau intitulé Orange like the Chuo Line (中央線のオレンジ), qui me rappelle un peu l’ambiance musicale de Hidefumi Kenmochi pour Wednesday Campanella. Mais c’est seulement au début du morceau, car il part ensuite vers une atmosphère plus contemplative. Rinne Amano mélange les passages de hip-hop avec d’autres moments plus chantés. Ce morceau est très inspiré tout comme celui intitulé There was a Landlord (家主がいた) que j’écoute ensuite et que j’aime vraiment beaucoup. Il y a une certaine fluidité et un automatisme dans son chant qui rendent ce morceau particulièrement évident. On se laisse attraper par son flot très assuré, mais qui ne surjoue pourtant pas les émotions. Il y a une certaine joie mélancolique dans ses morceaux qui me plait beaucoup. Le fait que le morceau dure assez longtemps, environ 4 mins 30, me plait aussi beaucoup car on se sent bien dans ce refrain qui se répète. Ces deux morceaux sont sortis respectivement en Octobre et en Décembre 2022. Rinne Amano n’a pas encore sorti de EP ni d’album, mais seulement quelques morceaux très prometteurs. Le plus récent sorti en Janvier 2023 intitulé Chiki-Po, est assez différent, partant vers des ambiances beaucoup plus électroniques. Elle y chuchote sur des nappes sonores, mais le rythme est tout de même très présent. Ces quelques morceaux sont une belle découverte et sa musique est déjà très prometteuse. Et en parlant d’Hidefumi Kenmochi (ケンモチヒデフミ) qui est très présent dans le paysage musical électronique japonais en ce moment, il a récemment collaboré avec KAF (花譜) sur un très joli morceau intitulé Shuge-Hai!!! (しゅげーハイ!!!). On ne reconnaît pas immédiatement le style d’Hidefumi Kenmochi, ce qui est assez inhabituel. Le phrasé rapide de la mystérieuse KAF est toujours excellent, surtout quand le rythme s’emballe gentiment vers la fin du morceau.

running モンスター

L’édition 2023 du marathon de Tokyo avait lieu le dimanche 5 Mars. Je suis allé faire le curieux parmi les spectateurs, à défaut de courir avec les milliers de personnes participant à cette longue course d’endurance. Le public était bien présent sur le parcours le long des barricades. L’année dernière, j’avais pris quelques photos près du parc Shiba dans les environs de la Tour de Tokyo. Cette fois-ci, je me suis déplacé à Monzen Nakachō (門前仲町) où le parcours du marathon fait une boucle. Le public m’intéresse tout autant que les coureurs car nombreux sont ceux venus déguisés. Il y a des chasseurs de monstres sortis de Kimetsu no Yaiba (鬼滅の刃) dans la foule, mais également un étrange panda coureur dans la compétition. Il devrait à priori avoir un air sympathique, mais ce panda ne m’inspire pas confiance. Je ne cours pas cette journée, mais je marche pendant longtemps jusqu’à Ginza en traversant au passage la rivière Sumida.

J’écoute beaucoup de nouvelles musiques en ce moment et je crains ne pas avoir le courage et le temps de parler de tous les albums et singles que je découvre et qui me plaisent beaucoup. Comme mes goûts musicaux ont tendance à doucement s’élargir et que la production musicale japonaise est pleine de pépites, passées ou récentes, que je n’ai pas encore découvert, je pense que le sujet musical sera encore présent pendant longtemps sur ce blog. Je n’ai jamais cherché à découvrir en intégralité les albums de Genie High (ジェニーハイ), car je ne sais pour quelle raison mais je n’aime pas trop Enon Kawatani (川谷絵音) et la composition improbable de ce groupe avec deux comédiens. Je suis par contre attentivement le compte Instagram d’Ikkyu Nakajima (中嶋イッキュウ) et elle nous y rappelle régulièrement qu’elle chante dans ce groupe. La collaboration que je remarque avec la compositrice et interprète au visage cachée Yama m’a tout de suite interpellé. En fait, depuis le morceau Fubenna Kawaige (不便な可愛げ) de Genie High avec AiNA The End, je me suis dit que j’écouterais au moins les morceaux avec des collaborations d’artistes que j’apprécie. Sur ce nouveau morceau Monster (モンスター), j’aime beaucoup la voix de Yama et l’association avec la voix d’Ikkyu fonctionne vraiment très bien. Le morceau n’est pas particulièrement original mais est très bien construit et a une dynamique imparable, jusqu’au petit final au piano pour l’outro. On ne peut nier les qualités de compositeur d’Enon Kawatani. Ce morceau pop me semble très bien adaptée pour ma playlist autoroutière.

Le morceau que j’écoute également beaucoup ces derniers jours a un rythme très différent et beaucoup plus apaisé. Il s’agit d’une collaboration du compositeur et pianiste Tetsuya Hirahata (平畑徹也) avec Miyuna (みゆな) sur un morceau intitulé Shades of Night (よるのとばり) sur son album AMNJK sorti le 22 Mars 2023. L’approche assez académique dès les premières notes de piano et le chant quasiment à capella de Miyuna me plaisent vraiment beaucoup. Miyuna ne me déçoit jamais. L’ambiance de ce morceau est pourtant très différente de ce qu’elle crée sur ses propres albums. Je dirais même que cette musique a des vertus réparatrices après des journées difficiles. On a envie de se poser dans le calme à ne penser à rien en écoutant sa voix et ce piano.

Je joue vraiment sur les contrastes dans cette petite playlist car le nouveau morceau Made in Me (メイドインあたし) de KAF (花譜) en collaboration avec Tokyo GeGeGei (東京ゲゲゲイ) est beaucoup plus agressif pour les oreilles, parce que la virtual singer KAF peut aller assez loin dans les aiguës. La construction est particulièrement décousue avec un refrain soudainement hyper dynamique, une coupure abrupte à la fin et des incursions rappées de Tokyo GeGeGei. Tokyo GeGeGei est un collectif d’artistes créé par Mikey, qui semble d’ailleurs être actuellement le seul membre. Les esprits attentifs se souviendront peut-être que Mikey avait participé en tant que danseur avec Aya Satō à la vidéo du morceau Kōzen no Himitsu (公然の秘密) de Sheena Ringo. La composition de ce nouveau morceau de KAF est particulièrement originale et j’aime toujours beaucoup les variations du chant de KAF. Il faut bien entendu apprécier sa voix assez haut perchée, mais sa particularité est vraiment intéressante. Son troisième album Kyōsō (狂想) est également sorti récemment, le 7 Mars. Le morceau Turn into the Sea (海に化ける) en particulier me plaît beaucoup et semble contenir dans les paroles un clin d’oeil au morceau Eat the Past (過去を喰らう) de son album précédent.

Pour terminer, partons vers la Corée du Sud. Le nouveau morceau électro de la coréenne Yaeji intitulé For Granted m’a tout de suite accroché lorsque je l’ai entendu pour la première fois un soir de week-end en voiture de retour de Yokohama au niveau du parc Yamashita (c’est très précis). Ce morceau est présent sur son premier album With a Hammer qui sortira bientôt, le 7 Avril 2023. J’avais perdu de vue Yaeji depuis 2017 lorsque j’avais découvert ses deux premiers EPs intitulés tout simplement EP et EP2. Je ne sais pas pourquoi je n’avais pas parlé sur ce blog de Yaeji et de ces deux EPs à l’époque, car son morceau raingurl sur EP2 est contagieux et difficile à oublier (un banger comme on dit). On dirait que Yaeji a un sens inné pour trouver des manières de chanter et des sons qui deviennent indispensables dès la première écoute.