僕の電脳魂はまだ生きてる

Je suis finalement allé jeter un œil à la nouvelle longue tour de 225m de haut pour 48 étages à Shinjuku. La Tokyu Kabukicho Tower (東急歌舞伎町タワー), située comme son nom l’indique à Kabukichō, se voit de loin. Elle se détache carrément du paysage urbain lorsqu’on la voit par exemple en entrant dans Shinjuku depuis l’avenue Meiji. Je suis passé plusieurs fois autour pendant sa construction, mais c’est la première fois que je rentre à l’intérieur depuis son ouverture récente cette année. La tour a été conçue par Yuko Nagayama & Associates et construite par Shimizu Corporation. Cette tour me paraît excessivement haute mais il ne s’agit pourtant que de la 13ème plus haute tour de Tokyo. Certainement que sa minceur et son détachement par rapport aux autres buildings du quartier jouent sur cet effet de démesure. L’intérieur au deuxième étage accessible depuis un escalier est rempli de néons colorés et de cafés-restaurants. Une salle de jeux se trouve à l’étage au dessus. L’endroit me fait tout de suite penser à un piège à touristes. Il y a foule lors de mon passage, et il est fort peu probable que j’y retourne prochainement.

Je suis également passé voir l’exposition Space Traveler d’Hajime Sorayama, quelques jours avant sa fermeture le 28 Mai 2023. Elle se déroulait dans la petite galerie Nanzuka Underground à Jingūmae. Au rez-de-chaussée, on pouvait voir plusieurs robots féminins argentés enfermés dans des sas de verre, comme dans des capsules cryogéniques. Ces formes futuristes sont immédiatement reconnaissables et typiques de Sorayama. La mise en scène dans une salle sombre et entourée de miroirs mettait vraiment en valeur ces sculptures métalliques. L’étage montrant des toiles de l’artiste était en comparaison plus classique. J’ai déjà montré ces quatre photos sur mon compte Instagram mais je me devais de les montrer également sur ce blog.

Je n’oublie pas de revenir vers la musique d’4s4ki avec le morceau Dennōgō (電脳郷) sur son dernier album Killer in Neverland sorti en Août 2022. J’avais déjà évoqué quelques morceaux de cet album, notamment l’excellent Paranoïa mais je n’ai pas encore écouté son album en entier. En fait, j’adore revenir vers sa musique lorsque je ressens le besoin d’une dose d’Hyperpop japonaise. Et puis je suis à l’affût des nouveaux morceaux de son prochain album CODE GE4SS, qu’elle pourrait diffuser avant la sortie officielle le 28 Juin 2023. Mais on ne peut en écouter qu’une courte bande annonce. En attendant, je reviens donc vers son deuxième album. J’aime tout de suite beaucoup l’ambiance de Dennōgō et la vidéo dans un style qui me semble bien représenter l’image que je me fais de l’Hyperpop. Comme pour beaucoup de morceaux d’4s4ki, Yusuke Oikawa (及川佑介) réalise cette vidéo qui évolue dans un monde imaginaire de rêves cybernétiques. 4s4ki y apparaît parfois modifiée et accompagnée de certains personnages vus dans des vidéos précédentes. La dénomination Hyperpop pour la musique d’4s4ki ne veut en fait pas dire grand chose car elle ne répond pas à un style unique. Dennōgō n’est par exemple pas aussi détonnant qu’un morceau comme 35.5 (dont la vidéo est également dirigée par Yusuke Oikawa), et est beaucoup plus enveloppant. 4s4ki au centre de la vidéo arrive, je trouve, à donner une âme à ce monde cybernétique hyper-dense.

Le nouveau morceau Sign (サイン) du groupe d’idoles alternatives RAY est une vrai surprise car il s’éloigne complètement du style rock et shoegazing habituel pour adopter un style électronique très inspiré. Ce qui est particulièrement intéressant est qu’elles conservent par contre leur style de chant vaporeux, qui se laisse normalement emporter par le son des guitares, mais qui vient ici contraster habilement avec le rythme rapide du beat électronique. Les nappes sonores qui donnent de l’espace au morceau contribuent à la beauté de l’ensemble. Il est assez long, plus six minutes, car les séquences musicales prennent leur temps à se mettre en place avant que les filles commencent à chanter. La chorégraphie sur scène est assez évoluée, adaptée au rythme soutenu du morceau. Ce single ne semble pas être sorti en single et la version que l’on peut voir sur YouTube a été filmée live le 3 Mai 2023 dans la salle de Shibuya, Spotify O-West. Le travail vidéo me fait penser qu’il pourrait très bien s’agir d’une vidéo officielle. J’espère que ce nouveau single sortira sur iTunes car cette nouvelle direction électronique fonctionne vraiment très bien.

les chats discrets ne miaulent jamais

Les chats se sont faits discrets lors de mon passage à Gōtokuji (豪徳寺) tout simplement parce que je ne suis pas allé les voir. Ça peut paraître étrange d’aller jusqu’à Gōtokuji sans aller voir le fameux temple où s’amoncellent des centaines de petites statues de chats Maneki Neko. En fait, nous sommes déjà allés les voir il y a trois ans et j’avais pris un grand nombre de photographies de ces statuettes de chats blancs levant la patte droite. J’avais montré toutes ces photos dans un billet. Je me suis dis que si j’y retournais cette fois-ci, je ne pourrais pas m’empêcher de prendre ces statuettes une nouvelle fois en photo en me sentant ensuite obligé de les montrer dans un billet de ce blog. J’ai voulu éviter la tentation de me répéter. Je n’avais en fait que peu de temps devant moi, mais, en y réfléchissant maintenant, j’aurais quand même dû y aller pour le sceau goshuin que je n’ai pas encore dans ma petite collection. En regardant à quoi il ressemble sur internet, je me rends compte qu’il est particulièrement dense en écriture et que le carnet goshuinchō est particulièrement mignon. Ça me donne en tout cas une occasion d’y retourner bientôt. Et pour ce qui est des chats blancs, je me suis finalement contenté de prendre en photo un Maneki Neko posé derrière la vitre d’un café ou d’un restaurant à un coin de rue.

Je comptais d’abord marcher jusqu’à Gōtokuji mais j’ai dû me raviser en cours de route, vu le temps qui m’était disponible. Il m’a d’abord fallu traverser une partie de Shibuya, notamment le quartier des love hotels à Maruyamachō. J’y retrouve le petit bâtiment blanc Natural Ellipse de l’architecte Masaki Endoh qui a légèrement été modifié car maintenant recouvert d’un filet de cordes de couleur bleue. Cet accessoire décoratif est loin d’être indispensable et j’espère qu’il s’agit seulement d’une installation temporaire. Je comptais marcher en direction de Sangenjaya mais bifurque finalement vers la station Komaba-Tōdaimae, pour prendre le train jusqu’à Gōtokuji en faisant une halte dans le quartier de Shimo-Kitazawa. En marchant à Komaba-Tōdaimae, je trouve quelques maisons individuelles aux formes intéressantes mais je n’en connais pas les architectes. Ces maisons ont l’air relativement récentes, si on se réfère à la blancheur restée intacte des murs de leurs façades. Je regarde moins en ce moment les magazines d’architecture, car je passe tout simplement moins de temps dans les librairies. Le fait de beaucoup marcher me fait maintenant réaliser que je passe moins de temps à faire autre chose, ce qui est dommage mais le temps et mon énergie ne sont du tout façon pas extensibles.

Alors que j’évoquais le nouvel album d’4s4ki dans mon avant-dernier billet, je viens de me rendre compte qu’elle vient déjà de sortir un nouveau morceau intitulé Hyper 5th Dimension (超5次元), qui s’avère excellent. Le chant d’4s4ki est un peu différent des morceaux que je connaissais déjà et sa voix est plus présente. Je parlais aussi dans ce précédent billet du compositeur maeshima soshi qui travaille souvent avec 4s4ki et je vois qu’il co-écrit les musiques de ce morceau. Je trouve l’ambiance un peu plus pop et accessible que d’habitude, avec un rythme principal pour le refrain immédiatement accrocheur. Tricot vient de sortir un nouveau morceau intitulé Aquarium (アクアリウム) qui apparaîtra dans leur prochain album, Fudeki (不出来) prévu pour le 14 Décembre cette année. De ce nouvel album, on connaît déjà le morceau Endroll ni Maniau yō ni (エンドロールに間に合うように) qui a une approche très riche en guitares par rapport à ce nouveau morceau beaucoup plus pop rock. Bien qu’avec une ambiance de pop immédiate, ce morceau contient tout de même des changements de tons inattendus (à partir de la minute et demi par exemple) qui font tout le plaisir de la musique de Tricot. Ce nouvel album Fudeki (不出来) prend un nom à l’opposé de celui de l’album précédent sorti en Décembre 2021, Jōdeki (上出来) qui veut dire ‘excellent’. Ça attire bien entendu ma curiosité et m’a donné très envie d’aller les revoir en concert. Les voir en différé sur Instagram montrer des photos de leur tournée européenne a dû également contribuer à me donner envie d’aller les revoir. Tricot entamera une tournée nationale appelée Zang-Neng tour 2023 pour promouvoir cet album. La tournée se composera de six dates du 8 Janvier au 12 Février 2023 en démarrant par Fukuoka, puis Sendai, Nagoya, Kanazawa, Osaka pour terminer à Tokyo. J’irais donc les voir à la date de Tokyo, le Dimanche 12 Février 2023, dans la salle Liquidroom à Ebisu. Je découvre ensuite le morceau Blue (青) d’une compositrice et interprète dont je parle très souvent ici, a子. Il ne s’agit pourtant pas d’un nouveau morceau car il est sorti le 1er Novembre 2020, mais je l’avais bizarrement manqué. Ce morceau avait passé entre les mailles de mon filet. Je manque très certainement beaucoup de bonnes choses et j’apprécie toujours quand on me le fait savoir. J’ai en fait découvert ce morceau lors d’un InstaLive d’a子. Elle fait assez régulièrement des sessions live sur Instagram avec son groupe dans une pièce qui ressemble à une maison partagée. J’aime beaucoup ces petits concerts improvisés car ils se déroulent dans une ambiance bon enfant, sans trop de sérieux et en improvisant parfois. a子 prend en général en compte les demandes de morceaux faites dans les commentaires. Le problème de ce genre de sessions est qu’on ne sait jamais quand elles vont se dérouler et combien de temps elles vont durer. On tombe dessus par hasard et ce n’est pas toujours au meilleur moment, mais je les écoute par petits morceaux. Le morceau Blue que je ne découvre que maintenant après cette interprétation InstaLive est dans le style des morceaux précédents. a子 et son groupe arrivent à chaque fois à trouver une boucle électronique qui accroche et j’aime de toute façon beaucoup sa manière de chanter. Dans ma petite sélection musicale, je reviens vers Miyuna. J’écoute encore et toujours beaucoup son dernier album Guidance qui est un des meilleurs de l’année à mon avis, et ma curiosité me dirige maintenant vers son EP intitulé Reply sorti le 28 Octobre 2020 sur le label A.S.A.B, de la maison de disques Avex, sur lequel on trouve des artistes comme Mondo Grosso et Chiaki Satō (佐藤千亜妃). Le EP Reply n’est certes pas aussi abouti que son album Guidance, et plus inégal, mais on y trouve quelques très bons morceaux. Le dernier morceau ReinRei (レインレイ) est par exemple tout à fait dans l’esprit orienté rock d’un grand nombre de morceaux de l’album Guidance. Reply reste cependant très pop dans son ensemble. Le morceau Soleil (ソレイユ) est un des sommets de ce EP dans ce style pop très accrocheur. J’aime aussi beaucoup les deux premiers morceaux DeadRock et Ano Neko no Hanashi (あのねこの話) en duo avec un certain Kubotakai (クボタカイ) que je ne connaissais pas. Cet EP, certes un peu jeune et pas autant marqué que son album, laissait déjà présager ses qualités de chant et de composition. Et en poussant un peu les découvertes, j’écoute également ses premiers singles sortis en 2018: Tenjō Tenge (天上天下) et Gamushara (ガムシャラ), qui étaient déjà très prometteurs et même au dessus du lot du commun de la J-POP.

δАrэ чoὖ drivэ мy Ϛrαshed cаг

La nuit peut donner l’impression d’une ville électrique. Par la photographie, je l’approche sans la toucher sous peine d’électrochoc. L’énergie est palpable de toutes parts et, si on regarde bien, les ondes électriques affleurent sur la surface des choses, prêtes à jaillir dans toutes les directions. Les ondes électriques sont également dans mes écouteurs. L’ensemble du paysage urbain se distord aux sons des guitares qui prennent un malin plaisir à faire danser les lumières de la ville, à créer des déflagrations dans notre vision de la réalité. Le monde se présente ainsi devant nous sous une nouvelle forme. Il faut l’imaginer bien sûr mais il est bien réel devant moi ce soir là. Je m’arrête quelques instants pour ne pas perturber son mouvement perpétuel et saisir doucement en images l’énergie qui s’en dégage. Les couleurs se mélangent et s’additionnent. Les formes convergent et se séparent ensuite. Si on prête bien l’oreille, la partition musicale de la ville se révèle, rythmée sur ces ondes électriques. Elles dansent devant nous zigzaguant entre les êtres sans les toucher, les poursuivant à la trace parfois et donnent la pulsation de cette ville comme un électrocardiogramme.

Je ne suis pas déçu par ce nouveau single d’Ado, Yukue Shirezu (行方知れず), écrit et composé par Sheena Ringo. Il peut paraître chaotique aux premiers abords et il le reste après plusieurs écoutes car le morceau part sur différentes pistes, comme sait si bien le faire sa compositrice. Le chant d’Ado est assez exceptionnel mais on n’en attendait pas moins d’elle. A chaque nouveau morceau, on lui découvre des tons différents. Je pense qu’il s’agit ici de l’influence de Sheena Ringo, qu’on reconnaît beaucoup tout le long du morceau. De Sheena Ringo, on sait qu’Ado respecte sa manière de chanter et de s’exprimer (歌い方や表現の仕方をリスペクトしている). Sheena aurait pu, en fait, chanter ce morceau, mais je ne suis pas sûr qu’elle soit en mesure actuellement d’apporter la violence vocale dont Ado est capable. Ce morceau, dans son agressivité générale, est d’ailleurs dans la lignée du morceau Backlight écrit par Vaundy que je mentionnais auparavant. C’est un morceau exigeant et je ne peux m’empêcher de penser que les compositeurs et compositrices d’Ado cherchent à la pousser dans ses derniers retranchements, comme pour tester ses capacités vocales, notamment sa versatilité. La voix d’Ado, avec ses accentuations et ses nuances, est bien entendu l’attraction principale du morceau mais musicalement, il faut quand même noter que ce morceau fait intervenir des musiciens fidèles à Sheena Ringo, à savoir un certain Ichiyō Izawa (伊澤一葉) de Tokyo Jihen au clavier, Yukio Nagoshi (名越由貴夫) à la guitare, Keisuke Torigoe (鳥越啓介) à la basse et Atsushi Matsushita (松下敦) à la batterie. Atsushi Matsushita fait partie du groupe Zazen Boys (ザゼン・ボーイズ), formé par Shutoku Mukai après Number Girl. Ajoutez à cela le fait qu’il est originaire du Kyushu (de Nagasaki) et on comprend assez bien sa présence dans ce groupe spécialement composé pour ce morceau. Je me demande quel est le nom du groupe car Sheena donne normalement un nom spécifique à chaque formation même temporaire. Dans un message sur son blog sur le site du fan club Ringohan, Sheena mentionnait très brièvement le 5 Juin 2022 (六月五日二〇二二) qu’elle avait fait un enregistrement à Ikejiri Ohashi avec un certain Okayama-zei (岡山勢), c’est à dire le groupe d’Okayama. Quelques recherches m’avaient permis de comprendre que Okayama-zei fait référence à Yukio Nagoshi et Keisuke Torigoe, tous les deux originaires de la préfecture d’Okayama. En y repensant maintenant, il est très possible qu’ils travaillaient avec Sheena sur ce morceau pour Ado. Ils sont tous les deux des habitués des concerts de Sheena Ringo. En y repensant maintenant, je ne suis pas certain que ce morceau soit très adapté à l’émission Kōhaku de NHK, et je fais donc un trait sur ma prédiction de voir Ado à visage découvert avec Sheena sur scène pour chanter ce morceau en duo. Je suis en tout cas très satisfait que Sheena ait toujours cette capacité à créer ce type de morceaux, aux sons incisifs et aux guitares très métalliques.

Et comme je suis d’un naturel très curieux, je n’ai pu m’empêcher d’essayer d’en savoir un peu plus sur le personnage mystérieux qu’est Ado. Comme sa fiche Wikipedia japonaise l’indique, son nom serait tiré du théâtre japonais Kyōgen (狂言) qui est également le titre de son premier album. Le Kyōgen est exécuté par des acteurs appelés kyōgenkata (狂言方). L’acteur principal s’appelle ‘shite’ (シテ) tandis que les acteurs secondaires s’appellent ‘ado’ (アド). Ado aurait pris connaissance du kyōgen à l’école primaire et aurait été attiré par la sonorité du mot ‘ado’. Elle interpréterait ce nom ‘ado’, se référant donc à un personnage secondaire, au fait qu’elle veuille devenir un rôle secondaire dans la vie des gens en les supportant grâce à ses chansons. On ne connaît d’Ado que sa représentation dessinée, actuellement illustrée par ORIHARA, et son visage reste inconnu. Les rumeurs (qui par définition peuvent être complètement fausses) indiquent qu’Ado aurait fait partie à l’époque du lycée d’un groupe de trois filles appelé Amaru. A, Ma et Ru correspondraient aux premières lettres des prénoms de chaque membre avec Ru pour Ruri (るり) qui serait-il possiblement le prénom d’Ado. Certains sites ou compte Twitter montrent même des photos de ce groupe…

Je parle régulièrement de la compositrice et interprète 4s4ki sur les pages de Made in Tokyo car j’aime beaucoup son approche musicale, que certains qualifient d’hyper pop. Je ne sais pas vraiment ce que ce terme veut réellement signifier mais toujours est-il que j’ai constamment l’impression qu’4s4ki a un temps d’avance sur les autres. On peut certainement comprendre l’utilisation du mot ‘hyper‘ dans l’extrême dynamique et l’approche chaotique qui caractérisent certains de ses morceaux. Je n’ai pas encore écouté entièrement son dernier album Killer in Neverland, car je l’approche tranquillement pour ne pas me brûler les oreilles. Le meilleur morceau que j’ai pu entendre pour l’instant sur l’album est le sixième, paranoia. Il s’agit peut-être tout simplement du morceau que je préfère de l’artiste, peut-être parce qu’il est un peu plus ‘apaisé‘ que les autres. Apaisé n’est pas être pas le meilleur qualitatif car les guitares sont très présentes dans le refrain, se mélangeant avec les sonorités électroniques et la voix légèrement modifiée d’4s4ki. J’aime aussi beaucoup le neuvième morceau Freedom Kingdom en collaboration au chant avec la rappeuse coréenne Swervy. Le morceau est co-écrit avec le musicien électronique Masayoshi Iimori (マサヨシイイモリ) et c’est un des singles de l’album. Le rythme est beaucoup plus accentué sur ce morceau que sur paranoia. 4s4ki alterne régulièrement les ambiances avec certains morceaux principalement à base de guitares comme le cinquième Cross out, et des morceaux plus fidèles à l’image hyper-pop qu’on peut avoir d’4s4ki, comme le deuxième morceau et single Log Out, même s’ils ne vont pas aussi loin que, par exemple, le morceau Hyper Angry Cat (超怒猫仔) qui reste pour moi un de ses morceaux les plus novateurs. Le morceau Log Out ainsi que quelques autres de l’album sont co-écrits avec le musicien et producteur maeshima soshi qui était déjà intervenu sur de nombreux morceaux précédents d’4s4ki. Je cite les noms de ces musiciens, créateurs et producteurs Masayoshi Iimori, maeshima soshi mais aussi Mega Shinnosuke (メガシンノスケ) qui collaborait sur Hyper Angry Cat, car ce sont des noms que je croise de plus en plus souvent dans mes découvertes de la musique électronique japonaise. Et que dire de cette photographie / illustration du visage d’4s4ki sur la pochette de l’album Killer in Neverland. Je ne sais si c’est voulu, mais je lui trouve quelque chose de, comment dirais-je, christique. Je ne suis pas sûr qu’4s4ki soit le nouveau ‘messie‘, mais, à 24 ans, elle représente déjà un modèle pour de nombreux jeunes artistes, comme on pouvait le comprendre dans l’interview qui lui était dédié sur Pitchfork. A noter pour terminer ce billet que la vidéo du morceau Log Out a été tournée en grande partie sur le grand pont piéton de Shibuya, duquel j’ai pris quelques photographies de ce billet, notamment la deuxième photographie de cette voiture aux apparences accidentées qu’on oserait à peine conduire.

オートマチックで遡って

Retour automatique dans les rues de Meguro que je n’ai pas encore épuisé, loin de là. Je marche cette fois-ci en direction de Yūtenji mais je m’égare volontairement en route. Les rues y sont étroites et denses. Une de mes hantises est de rentrer par erreur en voiture dans ce quartier et d’y resté coincé. J’y viens de toute façon en général à pieds ou à vélo. Ces rues me sont cependant connues. Je retrouve près de Kami Meguro une illustration de rue représentant une fleur symétrique que j’avais déjà photographié auparavant. J’avais également photographié Il y a plusieurs années les baleines et la pieuvre dessinées sur un muret près du sanctuaire Hachiman-jinja. Je tombe sur ces illustrations de rues par hasard. Je sais à peu près où elles se trouvent sans pourtant connaître le lieu exact. J’ai ce sentiment de flou géographique à chaque fois que je marche dans les rues de Meguro, mais je me perds rarement car il suffit de descendre les pentes pour gagner la rivière qui me ramènera vers Naka-Meguro. J’aime beaucoup ce genre de quartiers, certes très résidentiels, car on a l’impression de ne jamais les connaître vraiment.

Je continue mes découvertes musicales par morceaux plutôt que par albums avec les quatre titres dont je montre les couvertures ci-dessus. Je ne pensais pas que je pouvais aimer la musique d’Aimer, mais j’aime en tout cas beaucoup le morceau intitulé Chikyugi (地球儀), peut être parce qu’elle l’interprète en collaboration avec Vaundy. Ce morceau est présent sur son sixième album Walpurgis sorti en Avril 2021. Aimer est originaire de Kumamoto dans le Kyūshū et est apparemment admiratrice de la musique de Sheena Ringo et Utada Hikaru, si on en croit sa fiche Wikipedia. Sa voix husky a un certain mordant que je ne lui soupçonnais pas et s’accorde bien avec celle de Vaundy. Vaundy compose les musiques et produit ce morceau. Il compose à chaque fois des morceaux qui me plaisent car ils savent garder une certaine élégance même s’ils sont résolument pop. Et je dirais même que j’apprécie le morceau Omokage qu’il a composé pour le trio Milet, Aimer et Ikuta Lilas (幾田りら ou encore Ikura, du groupe Yoasobi) réunies pour l’émission The First Take sur YouTube. Les trois ont des voix très différentes mais qui se marient très bien entre elles. Elles ont toutes les trois des voix assez exceptionnelles, Milet a notamment une voix étonnante, et elles représentent en quelque sorte la nouvelle génération des chanteuses pop japonaises. Le morceau est un peu trop « pop » pour moi, mais les voir chanter en s’amusant sur la vidéo est très réjouissant. Cette chaîne The First Take arrive vraiment à « extraire » le meilleur des artistes qui s’y produisent. Et pour revenir à Vaundy, vu le succès de son dernier single Odoriko (踊り子) qui est premier au classement hebdomadaire de la radio J-Wave depuis quelques semaines, j’ai du mal à comprendre sa non-présence à l’émission Kōhaku de la NHK LE 31 Décembre.

Je ne pensais pas revenir aussi rapidement vers Quruli, mais les hasards des listes de fin d’année sur les meilleurs singles et albums de 2021 m’y replongent pendant quelques minutes que je répète très souvent dans ma playlist personnel. Le morceau I Love You du dernier album de Quruli intitulé Genius Love se trouve à la onzième place de la liste des singles japonais 2021 sélectionnés par le site The Glow. Le morceau a une structure simple et est immédiatement accrocheur. Je pense que la voix de Shigeru Kishida joue beaucoup dans mon appréciation de ce morceau. J’y ressens comme un confort qui me donne maintenant envie d’explorer la discographie plus récente du groupe, alors que je n’ai découvert pour l’instant que les trois albums les plus anciens. Sur cette même liste, on trouve un morceau du groupe D.A.N. intitulé NO MOON, sur un album du même nom sorti en Octobre 2021. Je savais pertinemment que j’allais finir par écouter la musique de ce groupe car je savais qu’Utena Kobayashi y participait, notamment pour y jouer de son instrument fétiche, le steel pan. D.A.N. est un groupe tokyoïte né en 2014 et composé de Daigo Sakuragi (櫻木大悟) à la guitare, voix et synthétiseur, Jinya Ichikawa (市川仁也) à la basse et Hikaru Kawakami (川上輝) à la batterie. Leur musique mélangeant sons électroniques et instruments est très atmosphérique. Je dirais même qu’elle est pleine de grâce, notamment par la voix exceptionnelle de Daigo Sakuragi, par moments androgyne ou proche du hiphop. L’ambiance qui se dégage de ce morceau est très prenante et je suis déjà certain d’aller à la découverte du reste de cet album. J’en parlerais certainement bientôt sur ces pages. Pour terminer, je reviens vers la musique de 4s4ki sur un morceau intitulé space coaster sur son nouvel EP Here or Heaven, sorti le 9 Décembre 2021. Le morceau a un beat électronique aggressif et la voix modifiée de 4s4ki répète le même motif vocal pendant toute la longueur du morceau, ce qui donne à ce morceau un côté expérimental et atypique que j’aime vraiment beaucoup. Je n’aime pas systématiquement tous les morceaux qu’elle compose mais je suis toujours très curieux d’écouter ces nouvelles créations.

भीड़वाला शहर

Quand l’impression de prendre toujours les mêmes photographies me gagne, rien de tel que de changer d’objectif. Je n’utilise en général que mon objectif Canon L EF 17-40mm et j’avais presque oublié mes autres objectifs, dont un Canon pancake 40mm que je ressors de son sommeil. Changer d’objectif permet d’avoir une autre vision de la rue. Ce 40mm donne une proximité sur les objets qui force à prendre du recul ou à se concentrer sur les détails. Cet objectif n’est clairement pas fait pour les photographies d’architecture, du moins pour les vues d’ensemble. J’ai toujours aimé les objectifs à focale fixe car ils obligent à réfléchir au cadre, mais ils ne sont bien sûr pas exempt de frustrations. Je n’utilise pratiquement jamais la fonctionnalité zoom sur le EF 17-40mm, car je reste presque toujours sur le plus grand angle possible. Passer tout d’un coup à une vision rapprochée avec l’objectif 40mm me surprend à chaque fois. Je ne prends pourtant pas de photos fondamentalement différentes de l’habitude, mais je regagne un peu du plaisir initial de prendre des photos. En fait, sur ce billet, seule la première photographie est prise au grand angle, tandis que toutes les autres sont prises avec cet objectif 40mm. La photographie au grand angle et celles au 40mm ont été prises pendant des journées différentes car je n’amène jamais deux objectifs dans mon sac lors de mes déplacements. Dans cette série, j’essaie de m’approcher un peu plus près de la foule que j’ai plutôt tendance à éviter. J’évite en général les lieux trop encombrés mais cette fois-ci, je suis allé sur l’avenue principale d’Omotesando et dans les petites rues aux alentours. La sixième photographie montre des personnages de Gorillaz en association avec une marque de vêtements. Je me rends compte en voyant ces personnages que je n’ai jamais vraiment écouté d’albums de Gorillaz. J’ai pourtant un apriori plutôt positif pour l’approche artistique de Damon Albarn. Dans les grandes « batailles » musicales anglaises, j’ai toujours été plus Blur qu’Oasis et je réécoute d’ailleurs régulièrement Parklife, l’album de 1994 de Blur. Tout comme j’ai toujours été plus Beatles que Rolling Stones. En parlant des Rolling Stones d’ailleurs, ou plutôt de Mick Jagger, l’émission Very Good Trip de Michka Assayas (j’en parle beaucoup ces derniers temps) m’a fait découvrir récemment un nouveau morceau intitulé Easy Sleazy qu’il interprète à distance avec Dave Grohl. Je suis franchement étonné par la vivacité punk de Mick Jagger sur ce morceau, très bon et accrocheur d’ailleurs. En écoutant ce morceau, on a beaucoup de mal a imaginer qu’il a 77 ans. C’était en tout cas une bonne idée de s’associer avec la puissance brute de Dave Grohl. Sur la photographie suivante, je remarque un nouveau bâtiment noir en forme de valise pour la marque de cosmétique Shu Uemura. On le trouve dans les petites rues parallèles à l’avenue principale d’Omotesando. Je me souviens que l’ancien magasin se trouvait au rez-de-chaussée d’un vieil immeuble aujourd’hui disparu sur l’avenue principale, juste à côté de l’immeuble TOD’s de Toyo Ito. Je me souviens bien de cette boutique car je l’avais prise en photo à la demande d’un directeur artistique français de la marque à l’époque en 2006. C’était seulement des essais qui ne se sont pas concrétisés en un projet au final. En y repensant maintenant, je me souviens de beaucoup de propositions ou projets de ce type dans ces années là avant 2008, mais ils ne se sont que très rarement concrétisés. Ce type de proposition est beaucoup plus rare maintenant et la dernière en date pour le magazine du musée du Quai Branly a été une mauvaise expérience. Au final, l’effort est rarement récompensé. C’est malheureusement une réalité que je retiens pour ce blog. La dernière photographie montre une nouvelle fois le béton de l’annexe de la galerie The Mass sur Cat street. J’y avais vu des bonsaïs lors d’une visite précédente mais cette fois-ci, rien n’était mis en exposition. Je pense que l’espace a été reconverti en café, peut-être de manière temporaire.

Dans les découvertes musicales de ces derniers jours ou semaines, je ne découvre pas de nouveaux groupes ou artistes mais plutôt quelques nouveaux morceaux sélectionnés d’artistes que je connais déjà depuis un petit moment et dont j’ai déjà parlé ici. Il y a d’abord le single My Lovely Ghost de YUKI sur son dernier album intitulé Terminal. Je n’aime pas tous les morceaux de YUKI mais j’apprécie beaucoup sa voix très particulière, surtout quand elle l’exerce avec un léger excès sur ce type de morceau très pop et forcément ultra accrocheur. Je garde également une oreille attentive aux morceaux du groupe EMPiRE. Le groupe de l’agence d’idoles alternatives Wack a sorti très récemment un double A side single HON-NO/IZA!! . Le morceau HON-NO m’intéresse moins mais j’aime par contre beaucoup le deuxième morceau IZA!!. La musique est composée par le musicien électronique Seiho qui assure également la production. Je ne connais pas beaucoup Seiho à part un de ses morceaux connus, I feel tired everyday. Dès les premières secondes, on est tout de suite pris par le rythme des quelques notes electro pop qui démarrent le morceau. On retrouve d’ailleurs cette intro sur trois bandes annonces assez énigmatiques (1, 2 et 3), mettant en scène Midoriko, seule avec deux autres personnes n’ayant à priori rien à voir avec le groupe et le morceau. Il n’y a aucune fausse note dans l’interprétation de EMPiRE, ce qui est un peu dommage car j’aime bien les légères dissonances, mais le chant de EMPiRE est de toute façon plus harmonieux que celui des grandes sœurs de BiSH. Et en parlant de BiSH, je passe également écouter le dernier morceau d’AiNA THE END qui sort décidément beaucoup de nouveaux morceaux en ce moment. Le dernier en date est intitulé Watashi ha koko ni imasu (ワタシハココニイマス for 雨). AiNA n’hésite pas à pousser sa voix jusqu’à la cassure. J’ai l’impression que depuis qu’elle a démarré sa carrière solo en parallèle de BiSH, elle apparaît un peu plus fréquemment dans les émissions musicales télévisées. On pouvait la voir le week-end dernier dans l’émission Music Fair sur Fuji TV, reprenant les pieds nus un morceau de Yutaka Ozaki. Je découvre aussi par hasard sur YouTube qu’AiNA avait repris le morceau Mayonaka Ha Junketsu avec Tokyo Ska Paradise Orchestra. Ce n’est d’ailleurs pas le seul morceau de Sheena Ringo qu’elle a repris. Le problème de ces reprises, c’est qu’on a tendance à comparer les voix. Celle d’AiNA convient mieux à des compositions originales comme sur le morceau ci-dessus qui laisse sentir toute l’émotion qui se dégage de sa voix. J’apprécie également le fait qu’elle n’hésite pas à se mettre en difficulté en repoussant les limites de ses capacités vocales. Le morceau n’est pas franchement simple à interpréter et elle le chante avec une grande passion. Finalement, pour compléter cette petite sélection de quatre morceaux, je reviens vers 4s4ki pour le morceau FAIRYTALE interprété avec Zheani. On passe là sur un morceau électronique beaucoup plus agressif, dans le style des derniers morceaux que j’avais écouté d’elle. Elle y pose une voix rappée plus apaisée que le son électronique qui l’accompagne. Zheani qui est invitée vient perturber le morceau par un chant tranchant ressemblant à des cris qui me font un peu penser à ceux d’Alice Glass à l’époque de Crystal Castles. Sur ces quatre morceaux, l’étendue des styles musicaux est relativement large mais j’aime de toute façon beaucoup varier les atmosphères, jusqu’à aller aux limites des styles que j’aime habituellement. Ce sont des petites doses musicales d’une énergie directe que j’aime me mettre dans les oreilles régulièrement. Ça me permet également de vérifier si je suis toujours en mesure d’apprécier la musique d’artistes ou groupes qui sont beaucoup plus jeune que moi. Enfin, dans ma sélection, ce n’est pas le cas de YUKI qui a déjà une longue carrière en solo qui suivait celle dans le groupe Judy and Mary. Mais il se dégage de son nouveau single, une jeunesse qui me ramènerait à mes premières années à Tokyo.