भीड़वाला शहर

Quand l’impression de prendre toujours les mêmes photographies me gagne, rien de tel que de changer d’objectif. Je n’utilise en général que mon objectif Canon L EF 17-40mm et j’avais presque oublié mes autres objectifs, dont un Canon pancake 40mm que je ressors de son sommeil. Changer d’objectif permet d’avoir une autre vision de la rue. Ce 40mm donne une proximité sur les objets qui force à prendre du recul ou à se concentrer sur les détails. Cet objectif n’est clairement pas fait pour les photographies d’architecture, du moins pour les vues d’ensemble. J’ai toujours aimé les objectifs à focale fixe car ils obligent à réfléchir au cadre, mais ils ne sont bien sûr pas exempt de frustrations. Je n’utilise pratiquement jamais la fonctionnalité zoom sur le EF 17-40mm, car je reste presque toujours sur le plus grand angle possible. Passer tout d’un coup à une vision rapprochée avec l’objectif 40mm me surprend à chaque fois. Je ne prends pourtant pas de photos fondamentalement différentes de l’habitude, mais je regagne un peu du plaisir initial de prendre des photos. En fait, sur ce billet, seule la première photographie est prise au grand angle, tandis que toutes les autres sont prises avec cet objectif 40mm. La photographie au grand angle et celles au 40mm ont été prises pendant des journées différentes car je n’amène jamais deux objectifs dans mon sac lors de mes déplacements. Dans cette série, j’essaie de m’approcher un peu plus près de la foule que j’ai plutôt tendance à éviter. J’évite en général les lieux trop encombrés mais cette fois-ci, je suis allé sur l’avenue principale d’Omotesando et dans les petites rues aux alentours. La sixième photographie montre des personnages de Gorillaz en association avec une marque de vêtements. Je me rends compte en voyant ces personnages que je n’ai jamais vraiment écouté d’albums de Gorillaz. J’ai pourtant un apriori plutôt positif pour l’approche artistique de Damon Albarn. Dans les grandes « batailles » musicales anglaises, j’ai toujours été plus Blur qu’Oasis et je réécoute d’ailleurs régulièrement Parklife, l’album de 1994 de Blur. Tout comme j’ai toujours été plus Beatles que Rolling Stones. En parlant des Rolling Stones d’ailleurs, ou plutôt de Mick Jagger, l’émission Very Good Trip de Michka Assayas (j’en parle beaucoup ces derniers temps) m’a fait découvrir récemment un nouveau morceau intitulé Easy Sleazy qu’il interprète à distance avec Dave Grohl. Je suis franchement étonné par la vivacité punk de Mick Jagger sur ce morceau, très bon et accrocheur d’ailleurs. En écoutant ce morceau, on a beaucoup de mal a imaginer qu’il a 77 ans. C’était en tout cas une bonne idée de s’associer avec la puissance brute de Dave Grohl. Sur la photographie suivante, je remarque un nouveau bâtiment noir en forme de valise pour la marque de cosmétique Shu Uemura. On le trouve dans les petites rues parallèles à l’avenue principale d’Omotesando. Je me souviens que l’ancien magasin se trouvait au rez-de-chaussée d’un vieil immeuble aujourd’hui disparu sur l’avenue principale, juste à côté de l’immeuble TOD’s de Toyo Ito. Je me souviens bien de cette boutique car je l’avais prise en photo à la demande d’un directeur artistique français de la marque à l’époque en 2006. C’était seulement des essais qui ne se sont pas concrétisés en un projet au final. En y repensant maintenant, je me souviens de beaucoup de propositions ou projets de ce type dans ces années là avant 2008, mais ils ne se sont que très rarement concrétisés. Ce type de proposition est beaucoup plus rare maintenant et la dernière en date pour le magazine du musée du Quai Branly a été une mauvaise expérience. Au final, l’effort est rarement récompensé. C’est malheureusement une réalité que je retiens pour ce blog. La dernière photographie montre une nouvelle fois le béton de l’annexe de la galerie The Mass sur Cat street. J’y avais vu des bonsaïs lors d’une visite précédente mais cette fois-ci, rien n’était mis en exposition. Je pense que l’espace a été reconverti en café, peut-être de manière temporaire.

Dans les découvertes musicales de ces derniers jours ou semaines, je ne découvre pas de nouveaux groupes ou artistes mais plutôt quelques nouveaux morceaux sélectionnés d’artistes que je connais déjà depuis un petit moment et dont j’ai déjà parlé ici. Il y a d’abord le single My Lovely Ghost de YUKI sur son dernier album intitulé Terminal. Je n’aime pas tous les morceaux de YUKI mais j’apprécie beaucoup sa voix très particulière, surtout quand elle l’exerce avec un léger excès sur ce type de morceau très pop et forcément ultra accrocheur. Je garde également une oreille attentive aux morceaux du groupe EMPiRE. Le groupe de l’agence d’idoles alternatives Wack a sorti très récemment un double A side single HON-NO/IZA!! . Le morceau HON-NO m’intéresse moins mais j’aime par contre beaucoup le deuxième morceau IZA!!. La musique est composée par le musicien électronique Seiho qui assure également la production. Je ne connais pas beaucoup Seiho à part un de ses morceaux connus, I feel tired everyday. Dès les premières secondes, on est tout de suite pris par le rythme des quelques notes electro pop qui démarrent le morceau. On retrouve d’ailleurs cette intro sur trois bandes annonces assez énigmatiques (1, 2 et 3), mettant en scène Midoriko, seule avec deux autres personnes n’ayant à priori rien à voir avec le groupe et le morceau. Il n’y a aucune fausse note dans l’interprétation de EMPiRE, ce qui est un peu dommage car j’aime bien les légères dissonances, mais le chant de EMPiRE est de toute façon plus harmonieux que celui des grandes sœurs de BiSH. Et en parlant de BiSH, je passe également écouter le dernier morceau d’AiNA THE END qui sort décidément beaucoup de nouveaux morceaux en ce moment. Le dernier en date est intitulé Watashi ha koko ni imasu (ワタシハココニイマス for 雨). AiNA n’hésite pas à pousser sa voix jusqu’à la cassure. J’ai l’impression que depuis qu’elle a démarré sa carrière solo en parallèle de BiSH, elle apparaît un peu plus fréquemment dans les émissions musicales télévisées. On pouvait la voir le week-end dernier dans l’émission Music Fair sur Fuji TV, reprenant les pieds nus un morceau de Yutaka Ozaki. Je découvre aussi par hasard sur YouTube qu’AiNA avait repris le morceau Mayonaka Ha Junketsu avec Tokyo Ska Paradise Orchestra. Ce n’est d’ailleurs pas le seul morceau de Sheena Ringo qu’elle a repris. Le problème de ces reprises, c’est qu’on a tendance à comparer les voix. Celle d’AiNA convient mieux à des compositions originales comme sur le morceau ci-dessus qui laisse sentir toute l’émotion qui se dégage de sa voix. J’apprécie également le fait qu’elle n’hésite pas à se mettre en difficulté en repoussant les limites de ses capacités vocales. Le morceau n’est pas franchement simple à interpréter et elle le chante avec une grande passion. Finalement, pour compléter cette petite sélection de quatre morceaux, je reviens vers 4s4ki pour le morceau FAIRYTALE interprété avec Zheani. On passe là sur un morceau électronique beaucoup plus agressif, dans le style des derniers morceaux que j’avais écouté d’elle. Elle y pose une voix rappée plus apaisée que le son électronique qui l’accompagne. Zheani qui est invitée vient perturber le morceau par un chant tranchant ressemblant à des cris qui me font un peu penser à ceux d’Alice Glass à l’époque de Crystal Castles. Sur ces quatre morceaux, l’étendue des styles musicaux est relativement large mais j’aime de toute façon beaucoup varier les atmosphères, jusqu’à aller aux limites des styles que j’aime habituellement. Ce sont des petites doses musicales d’une énergie directe que j’aime me mettre dans les oreilles régulièrement. Ça me permet également de vérifier si je suis toujours en mesure d’apprécier la musique d’artistes ou groupes qui sont beaucoup plus jeune que moi. Enfin, dans ma sélection, ce n’est pas le cas de YUKI qui a déjà une longue carrière en solo qui suivait celle dans le groupe Judy and Mary. Mais il se dégage de son nouveau single, une jeunesse qui me ramènerait à mes premières années à Tokyo.

まだ始まらないふりにして

Avant d’écrire mon premier billet pour la nouvelle année qui démarre, j’ai pris l’habitude de jeter un œil sur les billets que j’ai écrit les années précédentes. Ils sont en général longs et détaillés en commençant par un passage en revue de l’émission de la NHK Kōhaku Uta Gassen. Je fais le même genre de long billet depuis Janvier 2017 et j’ai même tendance à répéter les mêmes choses. Ce début d’année est plus calme que d’habitude et la principale différence est que nous ne l’avons pas passé près de Kamakura suite au déménagement de la mère de Mari à Tokyo. Nous restons donc à Tokyo cette année et nous ne nous déplacerons pas beaucoup. Au début de l’année, je me pose toujours la question de ce que je devrais changer dans ma manière d’écrire ce blog. J’ai l’impression que les marches de manœuvre sont de toute façon assez limitées, donc je ne me formalise plus beaucoup sur ce genre de réflexion. J’aimerais quand même reprendre la création de morceaux électroniques, reprendre mes illustrations ou écrire de nouveaux épisodes de ma série sur l’histoire de Kei. Je suis d’ailleurs en train d’écrire le sixième épisode de cette histoire depuis un petit moment. L’écriture d’une fiction me prend beaucoup de temps, mais j’adore passer ce temps à imaginer petit à petit le déroulement de cette histoire. Parfois, j’aimerais transformer ce blog entier en une œuvre de fiction. Sans aller aussi loin, je vais quand même essayer de regrouper ces textes que j’ai commencé à écrire en 2017 sur une page du blog pour qu’ils puissent être lus dans la continuité.

Je vais aussi continuer ma revue des concerts de Sheena Ringo et Tokyo Jihen, le prochain sera Just Can’t Help It. Sur la vingtaine qu’il existe en tout, j’ai déjà écrit un billet sur plus de la moitié d’entre eux et il me reste huit concerts à couvrir sur ce blog. Parmi ces huit concerts, il y en a trois que je ne possède pas encore en DVD ou Blu-ray. Je ne sais pas s’il existe un autre groupe ou artiste qui a sorti autant de concerts en vidéo. J’éprouve en tout cas toujours le même plaisir à les regarder et les commenter ensuite. Je ne pense pas, par contre, m’étendre autant que j’ai pu le faire sur Electric Mole, dans mon dernier billet sur ce sujet. Tokyo Jihen a également été très actif ces derniers mois avec des nouveaux morceaux et des passages dans les émissions musicales télévisées de fin d’année, pour mon plus grand plaisir, que ça soit sur les émissions FNS ou Music Station que j’ai déjà brièvement mentionné ou lors de l’émission Kōhaku du 31 Décembre. Comme je le mentionnais dans un billet précédent, ils ont joué une version modifiée du morceau Uru Uru Urū (うるうるうるう) sous le nom de Uru Uru Urū ~ Nōdōteki Urū Shime Hen (うるうるうるう~能動的閏〆篇~ ). Le groupe était habillé en yukata avec logo de paon et jouait dans un studio séparé, entouré d’écrans similaires à ceux qu’on pouvait voir pendant les concerts de la tournée News Flash. On peut d’ailleurs acheter ces yukata sur la boutique de Ringohan, mais il faut à priori aimer se faire remarquer. Leur prestation était beaucoup plus posée que celle de Music Station où Sheena était habillée en boxeur, mais pas pour autant moins mémorable. La mise en scène était travaillée avec des danseuses Awaodori intervenant à la fin du morceau et une chorégraphie de MIKIKO. L’émission Kōhaku semblait plus courte que d’habitude, peut être parce qu’elle se passait sans public dans la salle du NHK Hall. La nouvelle année arrive enfin et on est bien content de faire notre adieu à l’année précédente bien qu’elle n’a pas été aussi mauvaise que cela sur de nombreux points, au moins pour ce blog. J’ai quand même pu prendre beaucoup (trop) de photos l’année dernière et on a démarré des activités que nous n’avions pas fait auparavant. J’aurais un certain nombre de photographies de la fin Décembre à montrer un peu plus tard, mais j’hésite un peu. Ou alors, il me faudra être plus sélectif dans les photographies que je montre. Celles de la série ci-dessus sont prises dans le quartier de Naka-Meguro et Ebisu dans les tous premiers jours de cette année (hier en fait). Les troisième et quatrième montre une maison aux formes très intéressantes. Il s’agit de SRK par ARTechnic Architects.

Le premier jour de cette année, je surveillais également ma boîte email, car je m’entendais à recevoir une annonce de Tokyo Jihen. L’année dernière, ils avaient annoncé leur réformation le 1er Janvier. Je me suis donc dit qu’il pourrait également y avoir une annonce le 1er Janvier 2021, peut être une nouvelle tournée ou un nouvel album. C’est certainement beaucoup trop tôt pour lancer sereinement une nouvelle tournée. Tokyo Jihen a plutôt annoncé un nouvel album en préparation sans donner de date précise, sous le nom de code 2O2O+X. Le court teaser pourra difficilement nous faire patienter et j’espère qu’une date sera bientôt annoncée. Toujours pour nous faire attendre, le groupe partage une photo, celle ci-dessus, toujours avec un brin d’extravagance dans leur accoutrement (apparemment totalement en Gucci).

Ces dernières semaines, j’ai un peu moins parlé des découvertes musicales que j’ai pu faire mais j’ai quand même écouté de très belles choses. Avec le début d’année, de nombreux blogs ou sites musicaux que je suis attentivement font leur top 10 ou 100 des meilleurs albums de l’année 2020. Je ne me lancerais pas à lister le mien car il donnerait une vue très partielle de l’année 2020, mais j’aime beaucoup lire ceux des autres en gardant un regard critique, voire très critique parfois, ce qui fait partie du plaisir de découvrir ces classements. Je me questionne souvent sur la justesse des goûts musicaux des personnes faisant ces classements, mais je me rends compte aussi qu’il est très difficile d’avoir une influence sur son public. Je me pose souvent la question du nombre de personnes qui ont découvert un nouveau groupe ou un/une artiste grâce à mon blog. Je pense qu’on a tendance à s’aventurer vers des noms que l’on connaît déjà mais qu’il est plus difficile, à travers la simple recommandation d’un blogger ou d’un tweet, de se plonger naturellement dans la découverte d’un nouvel artiste dont on n’a jamais entendu parler. C’est certainement une question de temps disponible. Quand un blogger nous donne une liste de 100 albums, on a guère le temps ou le courage de se mettre à les écouter un à un. En ce qui me concerne, la couverture d’un album peut être un déclencheur. Il est rare que j’apprécie un album si je déteste la couverture. Cela fait partie d’un tout et si la couverture du disque me déplaît, c’est souvent parce que l’univers de l’artiste ne correspond pas exactement à ce que je recherche. Il y a de nombreuses exceptions et beaucoup de couvertures d’albums qui sont beaucoup plus fades que leur contenu. Mais le mauvais goût graphique est souvent synonyme pour moi d’une insuffisance qualitative de la musique. Dans les listes de fin d’année, je suis en général très attentif à celle de Pitchfork, sauf cette année. En fait, j’ai inconsciemment pratiquement tourné le dos à la musique occidentale pendant toute l’année dernière. Dans les 20 premiers albums du classement 2020 de Pitchfork, je n’en ai écouté aucun et aucun de ces albums ne me fait vraiment envie. J’ai certainement tord mais je me suis un peu déconnecté de la musique occidentale en 2020, un peu de la même manière qu’en 1999/2000 à mon arrivée à Tokyo où je n’écoutais également que de la J-Pop (terminologie qui ne veut rien dire). Je suis persuadé que les goûts fonctionnent par cycles, d’où parfois la difficulté de conseiller un artiste ou un album à quelqu’un. La découverte doit se faire au bon moment, qui correspond à une situation personnelle adaptée. En 2020, j’ai tout de même eu le plaisir de découvrir les nouveaux albums de Grimes, Autechre ou encore Thurston Moore.

Quant aux quatre découvertes musicales ci-dessus, ce ne sont pas des artistes ou des groupes que je ne connaissais pas mais plutôt des nouveaux morceaux ou albums d’artistes que je suis déjà depuis un petit moment et dont j’ai déjà parlé sur made in tokyo. 4s4ki sort le 16 Décembre 2020 un nouvel album intitulé Hyper Angry Cat qui s’avère en fait être une compilation incluant son album précédent Your Dreamland (おまえのドリームランド) sorti en Avril 2020 et d’autres morceaux, nouveaux ou inclus dans des EPs précédents. Je réécoute assez régulièrement Your Dreamland, dont je parlais ici l’année dernière et qui est un des albums que je préfère de l’année 2020. De Hyper Angry Cat, je n’écoute pour l’instant que trois morceaux dont le morceau titre de l’album Hyper Angry Cat (超怒猫仔) en collaboration au chant avec Mega Shinnosuke et Nakamura Minami. On retrouve le style hip-hop et les sons électroniques que l’on connaît sur Your Dreamland mais en beaucoup plus agressif et détonnant. Il y une multitude de sons 8bits, de glitches, de voix qui partent dans tous les sens et c’est particulièrement inspiré. Les associations de voix fonctionnent très bien, et c’est un plaisir d’écouter ce morceau en boucle. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai le sentiment que 4s4ki est en avance sur son temps musicalement, pas spécialement pour la nouveauté des sons, mais pour sa mise en forme qui donne un ensemble extrêmement cohérent alors qu’il se base sur une cacophonie apparente de sons. Je pense que sa voix plus douce vient lier tous ces éléments d’une manière cohérente. J’écoute ensuite le troisième morceau Cat Jesus Cat (猫Jesus猫) qui a des apparences plus calmes, jusqu’à ce que les machines électroniques se réveillent. J’écoute aussi depuis plusieurs semaines le morceau 35.5, au rythme très soutenu, proche de l’EDM. C’est un morceau particulièrement prenant, et dès qu’on met une oreille dedans, il est difficile de s’en échapper. Le reste des morceaux de cette petite playlist peut paraître un peu fade par rapport à la musique de 4s4ki qui provoque une certaine addiction, mais continuons quand même car il faut bien varier les styles. Revenons vers le rock avec le morceau I want to touch you and be sure (触れたい 確かめたい) de Asian Kung-Fu Generation en duo avec Moeka Shiozuka (塩塚モエカ) de Hitsuji Bungaku. Je ne suis pas sûr d’avoir déjà parlé ici de Ajikan (diminutif indispensable pour les groupes de rock alternatif japonais qui ont l’idée saugrenue d’avoir des noms à rallonge) mais j’aime beaucoup leur album de 2004, Sol-fa (ソルファ). Ce morceau en duo de voix ne révolutionne pas le genre mais reste très accrocheur. Cela me rappelle que Hitsuji Bungaku a également sorti un nouvel album récemment et il faut que j’y jette une oreille. Ensuite, je reviens encore sur l’album de AiNA The End qui sortira le 3 Février 2021 et qui s’annonce comme un très bel album, du moins à l’écoute des deux premiers morceaux disponibles. Osmanthus (金木犀), qui vient juste de sortir, n’est pas aussi prenant et viscéral que le précédent Niji (虹) mais reste un très beau morceau surtout lorsque AiNA laisse filer sa voix légèrement voilée. Pour terminer cette petite série, on change encore de registre en passant à l’electro de Utae sur un nouveau morceau intitulé Just a Dream? (夢だとおもうの?). Elle crée ses nouveaux morceaux au compte-gouttes et j’en parle presqu’à chaque fois ici, car j’y trouve une certaine sérénité et un apaisement qui fait du bien. La voix de Utae joue dans ce sens, ainsi que les nappes électroniques qui évoluent doucement en changeant légèrement de rythme en cours de route. Je me rends compte en écrivant ces lignes que je couvre des styles très opposés dans cette playlist… Et au fait, une très bonne et heureuse année 2021 aux fidèles lecteurs de made in tokyo ainsi qu’aux plus occasionnels. Espérons que je maintienne le même rythme pour cette nouvelle année.

opened sky (2)

Tout en haut de la tour Shibuya Scramble Square, à 229 mètres de hauteur, il y a un espace où le mur de verre est un peu plus bas pour permettre de prendre des photos de la vue sans être gêné par la réverbération des vitrages. Cette zone assez réduite ne donne bien sûr pas directement sur le vide, sans quoi j’aurais été incapable de m’approcher du bord, vu le vertige incurable qui me gagne à chaque fois. Lorsque les vitrages sont hauts, je ne suis pas gagné par le vertige mais l’effet reste quand même assez saisissant. Je préférerais ne pas être en haut au moment d’un tremblement de terre (que je ne souhaite pour rien au monde d’ailleurs). Le vent soufflait légèrement en haut de la tour, juste ce qui faut pour se rafraichir un peu en cette avant dernière journée du mois de Juin. Je m’assoie quelques minutes comme tout le monde sur la piste d’atterrissage d’hélicoptère. Le ciel un peu nuageux, plutôt que bleu uni, était idéal pour la photographie. C’était également une des raisons du choix de cette journée pour me rendre là-haut. Le Sky deck de Shibuya Scramble Square est un peu moins haut que celui de Roppongi Hills à 270 mètres, mais je préfère la vue depuis Shibuya. Je me rends compte d’ailleurs en faisant des recherches sur mon propre blog que je n’ai publié aucune photo du Sky Deck de Roppongi Hills à part une composition graphique montrant une structure volante non identifiée. La vue depuis le haut de Sky Tree reste la plus impressionnante vue sur Tokyo à plus de 400 mètres de hauteur, mais on est tellement haut que l’impression est complètement différente. La dernière photographie ci-dessus montre l’accès depuis le 46ème étage où arrive l’ascenseur. J’aime beaucoup l’idée d’avoir collé aux murs vitrés les escalators menant au toit. On peut voir le carrefour de Shibuya tout en bas tout en descendant doucement sur l’escalator. C’est une vue assez unique.

Dans les commentaires d’un précédent billet, on parle d’une liste de quelques albums rock japonais à suivre sur Bandcamp, ce qui me rappelle que l’auteur de cette liste, Patrick St. Michel, a également récemment publié dans un article du Japan Times une petite liste de morceaux à écouter. Il y sélectionne quelques morceaux sortis cette année qui symbolisent cette période pleine de changement pour l’industrie musicale. Dans cette liste, on peut trouver un morceau du dernier album Your Dreamland de 4s4ki (prononcé Asaki) dont j’avais déjà parlé il y a quelques temps sur ce blog. En fait, je réécoute très souvent cet album et notamment le morceau Nexus dont on parle en particulier dans cet article du Japan Times. 4s4ki interprète Nexus avec Rinahamu, idole du groupe Cy8er qu’on croirait sortie d’un anime. J’aime en fait beaucoup le contraste des voix, assez complémentaires d’ailleurs, entre 4s4ki qui donne le rythme au morceau et Rinahamu qui apporte une sensibilité plus rêveuse. Je n’ai pas beaucoup l’habitude d’écouter du hip-hop, mais ce morceau et cet album me plaisent beaucoup, peut être parce que ce hip hop se marie bien avec le son électro qui l’accompagne et que le flot verbal des morceaux s’écoulent avec une grande limpidité et efficacité. je serais bien en mal de faire une liste des albums que j’ai préféré dans l’année, mais celui-ci en ferait très certainement partie. Le sujet de cet article de Japan Times est de témoigner des changements qui affectent l’industrie musicale japonaise en cette période de corona virus. Les paroles du morceau Nexus, dont l’album est sorti le 22 Avril en plein état d’urgence, font écho à cette situation, notamment le besoin de voir ses amis qui se voit fort compromis pendant une période de quasi-confinement. J’ai écouté l’album pour la première pendant l’état d’urgence et je me souviens m’être demandé si le morceau avait été écrit en considération des évènements en cours. Les mots « Remote Party » (fête à distance) utilisés dans le morceau Sakio is Dreamland me font penser que ça doit bien être le cas.

On retrouve cette idée de “Remote Party” dans un autre morceau présenté dans l’article, réunissant 6 artistes japonaises de la mouvance hip-hop que je ne connaissais pas. Le morceau s’appelle Zoom en référence à la technologie de vidéo conférence qu’on a pris habitude d’utiliser ces derniers mois. Le morceau est intéressant car il réunit des styles différents, mais je me laisse plus attirer par la manière de chanter de Valknee, que par le morceau dans son ensemble. Je décide donc d’aller à la recherche d’autres morceaux de cette artiste sur YouTube et je tombe sous le choc (ヤバくない?), au bon sens du terme, à l’écoute de quelques morceaux: Setchuan-Jan (折衷案じゃん) et SSS tirés des albums Smolder et Fire Bae tous deux de 2019 et surtout son dernier single Asiangal sorti le 1er Janvier 2020. Ce morceau commence doucement par une mélodie ‘orientalisante’ qui finit par dérailler pour laisser la place au chant rappé de Valknee mélangeant japonais, coréen et anglais. Valknee est japonaise, mais avant de faire ses études à l’université d’art de Musashino, elle a passé quelques années en Corée du Sud, d’où l’utilisation du coréen dans le morceau et cette vidéo tournée à Séoul. Sa voix est extrêmement typée, volontairement certainement, et ce mélange des langages prononcés rapidement vient créer comme une nouvelle langue hybride. J’aime beaucoup ce type de voix atypiques, même si ça peut surprendre au début. Les deux autres morceaux Setchuan-Jan et SSS démarrent sur des sons électroniques beaucoup plus agressifs, comme le brouhaha des rues de Shibuya. Setchuan-Jan me rappelle un peu des morceaux de Aya Gloomy, pour le ton de la voix de Valknee par moment. Ce style musical est assez éloigné de ce que j’écoute en temps normal, mais je suis sensible à l’énergie spontanée et non-stop qui se dégage de ces morceaux. Du coup, je les écoute en boucle après les avoir acheter à l’unité sur iTunes. A mon avis, elle n’a pas grand chose à envier aux groupes sur-médiatisés comme Blackpink dont la musique, bien qu’intéressante au début tombe assez vite à plat. J’ai quand même fait l’effort d’écouter Blackpink notamment leur nouveau morceau, et j’y pense maintenant car Valknee chante un peu en coréen, bien que les styles soient assez différents (et en fait la phrase inscrite sur l’extrait vidéo ci-dessus me fait penser à la catch-phrase au début des morceaux de Blackpink).

En parlant de musique influencée par le contexte actuel, l’article de Japan Times aurait pu également parler du morceau Smirnoff de SAI. Ceux aux premiers rangs qui suivent assidûment ce blog, sauront déjà que SAI chante et écrit les morceaux du groupe post-punk Ms.Machine, dont j’ai déjà parlé à deux reprises sur ce blog. Elle s’est lancée dernièrement dans une carrière solo dans le style hip-hop, tout en continuant son activité dans le groupe Ms.Machine. Smirnoff évoque les difficultés des jeunes artistes en cette période où les concerts en salles sont rendus impossible. L’ambiance du morceau garde la noirceur de la musique de Ms.Machine, en remplaçant les guitares par des sons électroniques, et le style hip-hop est forcément très différent du post punk de Ms.Machine. J’aime beaucoup sa manière de chanter, le côté sombre de l’ensemble avec des sons comme des alarmes d’incendie se déclenchant au fond de la nuit et ces quelques paroles à la sonorité triturée citant des noms de Live House à Tokyo. SAI a également sorti un EP incluant ce morceau mais je ne l’ai pas encore écouté. Et pour faire des liens (car j’aime bien trouver des liens entre les choses et les personnes), SAI et Valknee ont toutes deux participé à la compilation 2021Survive sorti aussi pendant l’état d’urgence pour supporter la salle de concert Forestlimit.

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L’énorme pilier montré sur la deuxième photographie m’a toujours impressionné. Il supporte l’autoroute intra-muros surélevée sur deux étages au croisement de Shin-Ichinohachi près d’Azabu-jūban. Outre sa taille et son aspect massif, ce pilier surprend par son emplacement au beau milieu du carrefour. C’est comme si l’espace urbain était soudainement perforé par un tube digestif venant mourir les entrailles du monstre. Juste derrière l’infrastructure infernal de l’autoroute, se dresse tout en courbe au croisement le building Joule-A par l’architecte Edward Suzuki. Je ne résiste jamais à la contre-plongée quand je passe devant. La façade en métal perforé agit comme un écran protecteur, avec pour objectif de cacher la vue sur l’autoroute et en atténuer le bruit. Je ne suis pas certain que cette surface imagée en forme de nuages vienne vraiment diminuer les sons de l’autoroute depuis l’intérieur des bureaux du building, mais elle a au moins l’intérêt d’ajouter une petite touche poétique à ce carrefour balafré par cette jonction d’autoroutes. On trouve une autre petite touche poétique pas très loin de là sur le mur gris d’un building. Ce sont des dessins enfantins très colorés, certains ressemblent à des petits monstres. Comme je le mentionne sur ma page À propos, un des intérêts principaux de mes marches tokyoïtes est d’y découvrir des instants poétiques dans la confusion des styles qui occupent la ville. J’aime aussi la confusion des styles dans la musique que j’écoute, passant du post-punk de Ms.Machine sur le billet précédent à la pop électronique alternative ci-dessous. Mais il s’opère à chaque fois la même addiction sonore et je ne peux laisser échapper un certain sourire de satisfaction en écoutant ces sons qui ne laissent pas indifférents.

La musique pop électronique mélangeant des touches de hip-hop de 4s4ki (prononcé Asaki) m’accompagne depuis quelques jours, avec son premier album Omae no Dreamland (おまえのドリームランド). Je ne connaissais pas du tout cette artiste que je découvre donc au hasard des détours de Twitter. En fait, j’étais d’abord attiré par cette étrange composition photographique montrant 4s4ki portant à la main une crosse de hockey avec l’inscription ‘taboo’, entourée d’un cerf zébré et d’un Alien de verre, devant des vieux bâtiments commerciaux d’une autre époque. Ce décor un peu inquiétant de nuit, délabré et peu éclairé, ces personnages monstrueux ou fantaisistes et la tenue rayée de 4s4ki comme un chat du Cheshire (celui d’Alice in Wonderland) ou comme Kyary dans Fashion Monster me font penser à un monde d’Halloween. Cette composition me laisse penser qu’il se cache quelque chose d’un peu décalé dans cet univers musical. iTunes classifie d’ailleurs cet album dans le rayon des musiques alternatives, plutôt qu’électronique bien que ça soit la tendance principale. La musique de 4s4ki est très actuelle mélangeant multiples sonorités électroniques et voix autotunés souvent rappées. L’album est assez court, 32 minutes seulement, et le temps passe un peu trop vite tant on se sent bien à écouter ces morceaux. Il y a de nombreuses collaborations dans cet album, que ce soient pour la voix ou la production. Je ne connais pas la plupart de ces collaborations à part Snail’s House, sur le morceau Lover, dont j’avais beaucoup apprécié son album instrumental L’été il y a quelques années. Ces collaborations font que les styles varient entre chaque morceau tout en maintenant une bonne cohérence. J’aime beaucoup quand l’album part un peu dans l’experimental sonore quand 4s4ki s’associe avec Gu^2, sur deux morceaux プラトニック (Platonic) et サキオはドリームランド (Sakio is Dreamland). Les morceaux à deux voix, féminine et masculine, avec Maeshima Soshi sur Eyes ou Moniko par exemple fonctionnent particulièrement bien. Il y également un certain kawaisme de l’ensemble mais, tout comme l’autotune, il reste à mon avis bien maîtrisé. Le premier morceau おまえのドリームランド (Your Dreamland) reprenant le titre de l’album et étant le premier single sorti accroche très vite à l’esprit, comme la plupart des morceaux, mais en particulier NEXUS ou 風俗嬢のiPhone拾った (I picked up a prostitute’s iPhone). L’ensemble des morceaux est si fluide et maîtrisé qu’on a du mal à penser qu’il s’agisse de son premier album. J’aime beaucoup ce genre de découvertes inattendues, d’autant plus lorsqu’elles ne sont pas immédiatement dans mon lexique musical de prédilection. Ça me donne l’impression de m’ouvrir un peu plus vers d’autres styles.

Écouter la musique de 4s4ki me donne envie d’y associer les images de l’artiste Hiroyuki-Mitsume Takahashi que je suis depuis un petit moment sur Instagram. Le style des deux artistes ne se ressemble pas particulièrement, mais j’y ressens un même sens du détail, sonore d’un côté et graphique de l’autre, et une certaine sophistication. Les images très lumineuses de Mitsume sont extrêmement fouillées, grouillant de détails mélangeant la cybernétique et le grotesque dans un style ultra coloré du plus bel effet, c’est à dire sans saturation inutile des couleurs. Il représente souvent la même figure féminine avec des petites dents de vampires d’Halloween et les cheveux bicolores coupés au carré (comme l’artiste lui-même d’ailleurs). Les personnages qu’ils dessine ont souvent les entrailles ouvertes et des composants électroniques implantés sur le corps. L’univers est à la fois étrange et fascinant à regarder. On ne se lasse pas de parcourir les nombreuses images qu’il a créé, notamment une représentation de ꧁ ༒ Gℜiꪔ⃕es ༒꧂ qu’il a dessiné à deux reprises. Mitsume dessine également des vêtements recouverts complètement de ses personnages. C’est très difficile à porter à moins d’être une figure d’Harajuku.