time is a one-way track and I am not coming back

Le Shibuya Sakura Stage est une nouvelle pièce du puzzle du grand re-développement urbain autour de la gare de Shibuya. Ce nouveau complexe de buildings est situé au niveau de la sortie Sud de la gare, derrière le building Shibuya Stream qui est lui-même posé au bord de la rivière bétonnée de Shibuya. J’imagine que le nom Sakura Stage est lié à son emplacement devant une petite rue en pente couverte de cerisiers appelée tout simplement Sakurazaka (さくら坂). Les images de cerisiers recouvrent les façades des bâtiments du complexe et une couleur rose très marquée recouvre les murs intérieurs ondulés d’un étrange bloc formant un « S » (pour Shibuya ou pour Sakura, j’imagine). L’utilisation future de ce petit bloc reste mystérieuse. Il n’est pas accessible pour le moment car l’escalator qui parcourt son intérieur est bloqué, mais j’imagine son ouverture très prochaine. Il s’agit peut-être seulement d’un passage pour accéder à l’étage. Je montre régulièrement sur ce blog les changements radicaux que subit Shibuya pour le meilleur et pour le pire, et de manière irréversible. En titre de ce billet, quelques paroles de l’excellent morceau Cream of Gold de Pavement sur leur album Terror Twilight de 1999, que j’écoute beaucoup en ce moment, me reviennent en tête en pensant à cette irréversibilité: « Time is a one-way track and I am not coming back ». Ces modifications et modernisations changent pour sûr l’esprit du quartier qui était beaucoup plus désorganisé il y a 10 ou 20 ans. Mais le brouillon urbain est toujours bien présent lorsqu’on s’écarte du centre près de la gare, notamment en remontant vers Dogenzaka. J’aime régulièrement y marcher en passant devant les salles de concerts O-East et O-West (qui prennent depuis quelques temps le préfixe Spotify). J’irais justement voir AAAMYYY dans la salle Spotify O-East le 7 Mars 2024, si tout va bien, pour un concert solo intitulé Option C avec apparemment des artistes invités qui ne sont pas encore annoncés, peut-être TENDRE, ou Maika Loubté, mais Ano serait plus improbable. Ça fait apparemment un an et demi qu’elle n’a pas fait de concert solo, ce qui est en partie dû à son récent congé maternité. AAAMYYY est depuis un petit moment dans la liste des artistes que je voulais absolument voir en live et je suis donc assez impatient même s’il faudra attendre trois mois.

C’est la deuxième fois que je découvre un jeune groupe ou artiste japonais à travers les publicités intercalées dans les Stories d’Instagram. Le système de recommandations fonctionne étonnamment assez bien sur Instagram et YouTube, mais est totalement inopérant sur Twitter par exemple. Je ne suis pas contre ce type de recommandations ciblées lorsqu’elles me font découvrir des belles choses. Cette fois-ci, il s’agit du single 456 du groupe muque originaire de Fukuoka. Le groupe est tout jeune, formé en Mai 2022. Il se compose d’Asakura au chant et à la guitare, takachi à la batterie, Kenichi à la guitare et Lenon à la basse. Les membres ayant tous des influences musicales différentes, la musique oscille habilement entre les genres, entre le rock indé et la pop électro sur le morceau 456. L’ambiance générale est très proche du rock indé mais le beat très marqué donne au morceau un côté pop groovy très bien vu. Le groupe a sorti plusieurs singles et celui-ci est présent sur leur deuxième EP intitulé Design, sorti le 22 Novembre 2023. Le nom muque est assez étrange pour un groupe japonais. Il s’agit en fait d’une contraction du mot français « musique » et du mot japonais « muku » (無垢) qui veut dire innocence, signifiant que le groupe souhaite composer sa musique en toute innocence sans être influencé par ceux qui les entourent. On ressent cette singularité subtile.

a子 vient de sortir son troisième EP intitulé Steal Your Heart le 6 Décembre 2023. J’hésite à acheter le CD, en version physique, car j’ai déjà acheté tous les singles en version digitale au fur et à mesure de leurs sorties. J’envie un peu ceux et celles qui n’ont pas encore écouté les morceaux de cet EP et qui les découvrent tous d’un bloc. Je découvre en fait le morceau Samourai qui n’était pas encore sorti jusqu’à maintenant. Il ne diffère pas vraiment de la musique que l’on connaît d’a 子 qui a créé petit à petit un style musical tout à fait distinctif à mi-chemin entre rock indé et pop accrocheuse. La guitare démarrant le morceau est dans un esprit rock alternatif mais le violon vient ensuite brouiller les pistes. Il faut noter que Neko Saito (斎藤ネコ) est une nouvelle fois le violoniste sur ce morceau tout comme sur le suivant intitulé The Sun (太陽) dont j’avais déjà parlé au moment de sa sortie en single. Ça fait plaisir d’écouter Neko jouer avec des jeunes groupes en devenir. a子 gagne petit à petit en renommée et elle ira même l’année prochaine, avec son groupe j’imagine, jouer dans le festival américain SXSW qui se déroule du 8 au 16 Mai 2024 à Austin au Texas. Avec Ado préparant sa tournée mondiale passant par l’Asie, l’Europe (dont Paris la Villette le 11 Mars 2024) puis les US, les artistes et groupes japonais de la nouvelle génération se produisent de plus en plus à l’étranger. Les qualités et la diversité de la musique pop-rock japonaise gagnent pour sûr à être un peu mieux reconnues.

君が僕の東京になる

Il m’arrive rarement de boire de l’alcool le midi le week-end (et encore moins les jours travaillés) car je ne sais jamais si l’occasion de conduire se présentera dans la journée et la tolérance est à zéro au Japon. Mais l’occasion se présente de temps en temps, comme ici à Kamata près de la station lors d’un festival appelé tout simplement Oishii Michi (おいしい道) avec tables et stands posés sur la rue avec diverses choses à manger et à boire. La météo était idéale pour passer quelques heures assis dehors sans compter les heures en se laissant emporter par une légère ivresse. Du coup, cette légère ivresse me fait voir des choses inattendues comme des camionnettes vendant des nikuman recouverts de filles à la mode manga poussant les esprits faibles à la consommation, ou comme ces étranges personnages colorés se faisant photographier avec une population enjouée. Sont-ils réels ou issus de mon imagination?

Les photographies suivantes sont prises à l’extérieur et intérieur du musée National Art Center Tokyo (NACT) conçu par Kisho Kurokawa et dont la construction a été terminée en Mai 2006. Kisho Kurokawa est mort l’année suivante, en 2007 au mois d’Octobre à l’âge de 73 ans. Je me souviens l’avoir aperçu plusieurs fois marchant lentement et même péniblement dans le couloir du 13ème étage du building Ark Mori à Tameike Sanno, car je travaillais à cette époque au même étage. J’y repense à chaque fois que je viens voir le building du musée NACT. J’étais venu pour voir l’exposition Interface of Being (真空のゆらぎ) de l’artiste Shinji Ohmaki (大巻伸嗣) qui s’y déroule jusqu’au 25 Décembre 2023 et qu’il serait dommage de manquer. Elle m’avait en tout cas beaucoup inspiré dans l’écriture de mon billet sur les fluctuations du vide qui nous entoure. Ce building est pour sûr très inspirant et nous donne plein d’images en tête. Il doit compter dans la liste des architectures les plus remarquables de Tokyo.

La dernière photographie du billet me fait revenir une nouvelle fois dans le parc central de Nishi-Shinjuku où ont été tournées de nombreuses scènes du film Kyrie no Uta (キリエのうた) du réalisateur Shunji Iwai (岩井俊二) dont une des scènes finales. Je garde encore maintenant de très bons souvenirs de ce film, que j’ai très envie de revoir, même si ça sera désormais sur les plateformes de streaming comme Netflix ou Amazon Prime. Je m’assois plusieurs dizaines de minutes à l’endroit où j’ai pris cette photo. Il y a quelques bancs posés dans la verdure depuis lesquels on peut observer au loin les buildings de Nishi-Shinjuku, notamment la très reconnaissable Mode Gakuen Cocoon Tower de Tange Associates.

J’ai mentionné dans un précédent billet qu’il fallait que je trouve un peu de temps pour aller voir l’exposition Revolution 9 du photographe Takashi Homma (ホンマタカシ) se déroulant jusqu’au 24 Janvier 2024 au Musée de la photographie à Yebisu Garden Place. L’exposition occupe plusieurs salles d’un étage du musée mais ne contient pas un nombre très conséquent d’oeuvres. Le prix du billet d’entrée plutôt réduit pour ce genre d’exposition me laissait en effet présager qu’on devait en faire assez vite le tour. Les photographies de Takashi Homma montrées lors de cette exposition sont toutes autant singulières qu’elles sont inspirantes. La plupart des œuvres sont composées de collages de plusieurs photographies prises au même endroit, mais sans soucis directs de faire des raccords parfaits entre les photographies, pour donner l’illusion d’une photographie gigantesque. Les décalages de tons et de couleurs sont souvent marqués entre deux photographies posées les unes à côté des autres. C’est une approche assez radicale de l’expression photographique, qui m’inspire dans le sens où j’aime de temps en temps également triturer mes photographies pour construire une nouvelle réalité. Du photographe, j’ai toujours en tête le photobook Tokyo and my Daughter que je ne possède pas dans ma librairie personnelle mais auquel je pense de temps en temps, car il m’avait inspiré à une certaine époque où je m’essaie d’une manière similaire à mélanger des photos de ville et d’architecture avec celles de mon fils étant tout petit. L’exposition Revolution 9 est très différente et est même déroutante, car de nombreuses photos sont par exemple positionnées en sens inverse. Le titre de cette exposition serait inspirée par la chanson des Beatles Revolution 9 qui est un collage d’une variété de sources sonores. L’association musicale à la photographie me parle beaucoup. En ce sens là, l’approche photographique de Takashi Homma m’attire toujours et m’interpèle. Elle ne cherche pas à atteindre la beauté esthétique. Une des salles de l’exposition a ses murs tapissés de grands pans photographiques que l’on peut observer à travers un système de miroirs. Je me prends moi-même en photo par inadvertance alors que je pensais plutôt saisir les murs photographiques. On pourra au moins remarquer mon t-shirt de Miyuna que j’aime beaucoup porter ces derniers temps. Au premier sous-sol du musée, on pouvait visiter gratuitement une galerie de photographies proposées par la Tokyo Polytechnic University (東京工芸大学). Cette exposition se déroulant jusqu’au 10 Décembre 2023 s’intitule Integrating Technology & Art through Photography. On peut y voir quelques photos connus comme certaines d’Eikoh Hosoe (細江英公) (dont une de Yukio Mishima de la série BA・RA・KEI / Ordeal by Roses). Cette exposition commémorative retrace l’histoire de l’Université polytechnique de Tokyo, dévoilant les origines de l’enseignement de la photographie au Japon et explorant les relations entre l’Université et le monde de la photographie japonaise à travers les époques. On a vite fait le tour de cette exposition mais elle vaut le détour. Les deux dernières photographies de la série ci-dessus proviennent de cette exposition. Je n’ai malheureusement pas eu la présence d’esprit de noter le nom du photographe de la photographie de droite que j’aime pourtant beaucoup. En fait, Google Lens m’apprend après coup qu’il s’agit d’une photographie prise en 1950 par Kiyoji Ohtsuji (大辻清司) de l’artiste Hideko Fukushima (福島秀子). Cette application Google Lens est assez pratique et elle est apparemment régulièrement utilisée par les visiteurs de ce blog sur mes photos.

Musicalement maintenant, quelques nouveaux singles d’artistes que je suis avec une attention certaine et que j’ai déjà maintes fois évoqué sur ce blog. Je parlais de Miyuna un peu plus haut et elle vient justement de sortir un nouveau titre intitulé Oikakete (追いかけて). Il commence assez doucement puis monte progressivement en intensité comme souvent chez Miyuna. J’aime toujours autant sa voix sur laquelle repose beaucoup la qualité de ce nouveau morceau. C’est un peu similaire pour le nouveau single d’AiNA The End intitulé Diana (華奢な心). Elle est très active en ce moment après une tournée rapide à Londres, WACK in the UK, avec d’autres groupes de l’agence Wack (dont ExWHYZ) et la sortie récente de l’album du film Kyrie no Uta (キリエのうた) dont j’ai déjà parlé. Le collage servant de pochette à ce single a été créé par Ohzora Kimishima (君島大空) qui a décidément de nombreuses qualités artistiques. Le morceau d’AiNA est une ballade qui prend son temps mais s’imprègne très progressivement dans notre inconscient. Je n’aime pas toutes ses ballades mais celle-ci me plaît vraiment beaucoup. AiNA l’avait d’abord présenté dans une session live sur YouTube appelée Room Session (冬眠のない部屋). J’aime aussi beaucoup l’esprit rock indé du nouveau single de PEDRO intitulé Shunkashūtō (春夏秋冬) du nouvel album Omomuku mama ni, Inomuku mama ni (赴くままに、胃の向くままに) qui vient de sortir. Le morceau mise beaucoup sur la composition de guitare d’Hisako Tabuchi avec des parties en riff solo très marquantes. On a l’impression qu’Ayuni ne force pas son chant et chante même quand elle a envie car j’ai toujours l’impression qu’elle manque une partie des paroles d’un couplet à un moment du morceau. J’aime beaucoup ce genre de moments d’interrogation. Comme je le dis à chaque fois, il faut être réceptif à sa voix et à sa manière de chanter. Dans les voix particulières, il y a aussi celle d’a子 qui sort un nouveau single très immédiat et accrocheur intitulé Racy. Le morceau est excellent et rentrera facilement dans la liste de ses meilleurs morceaux. Je me dis parfois qu’il suffirait qu’un de ses morceaux soit utilisé comme thème d’un anime ou drama à succès pour que sa carrière décolle et devienne mainstream. Ce single sera présent sur un nouvel EP intitulé Steal your heart qui sortira le 6 Décembre 2023. Il y a beaucoup de sorties d’albums qui m’intéressent en cette fin d’année car Hitsuji Bungaku sort également son nouvel album 12 hugs (like butterflies) le 6 Décembre. Vaundy a sorti son double album Replica il y a quelques semaines, et vient de passer pour la première fois à Music Station, ce qui parait incroyable. King Gnu vient aussi de sortir son nouvel album The great Unknown cette semaine avec un excellent teaser. Bref, beaucoup d’idée de cadeaux pour Noël, sachant que je ne me suis pas encore procuré le Blu-ray du dernier concert (椎名林檎と彼奴等と知る諸⾏無常) de Sheena Ringo, celui que j’avais été voir cette année. Je suis un peu moins pressé car je l’ai en fait déjà vu et enregistré sur WOWOW.

Dans le billet précédent, je mentionnais que Moeka Shiotsuka (塩塚モエカ) de Hitsuji Bungaku avait inscrit un morceau du groupe rock indé americain Pavement dans la playlist de l’émission radio de Seji Kameda sur J-Wave dont elle était l’invité. Cela m’a donné l’envie irrésistible de revenir vers la musique du groupe, surtout que le morceau que Moeka mentionnait, Date with IKEA, est sur l’album Brighten the Corners de 1997 que je n’avais en fait jamais écouté en intégralité. J’écoute également l’album Wowee Zowee de 1995 qui est plus désorganisé mais qui doit être un de mes préférés du groupe. Deux excellents albums que j’aurais dû écouter il y a 25 ans à l’époque où je n’écoutais presque que ce style de rock alternatif américain. La manière de chanter de Stephen Malkmus est accidentée et n’a rien de conventionnel. Elle a ce petit quelque chose de naturel qui nous donne l’impression qu’il nous parle de son quotidien. Certains morceaux me rappellent un peu musicalement les premiers albums de Beck, notamment Mellow Gold et Odelay sortis à peu près à cette même époque. On y trouve un même bouillon créatif rock qui déborde d’idée mais reste très brut dans son approche. Les morceaux Stereo sur Brighten the Corners et Rattled by the Rush sur Wowee Zowee sont des bons points d’entrée. On peut ensuite se diriger vers des morceaux comme Fight This Generation ou Grounded et se plonger ensuite d’une manière nonchalante dans le discographie complète du groupe.

スローに流れてく光

La fenêtre est entrouverte et seule la lumière du quart de lune éclaire son cadre. Elle donne sur un toit légèrement en pente qui est relié à celui de l’immeuble voisin. Je tente cette fois-ci de traverser cette fenêtre en posant d’abord un pied pour tester la solidité de la structure. Les ardoises du toit sont plus résistantes que je ne l’imaginais. Alors que je pensais qu’elles craqueraient sous mon poids, elles semblent beaucoup plus résistantes que prévues. Le toit soutient maintenant tout mon corps et les mouvements qui l’accompagnent. J’espère que le toit de cet immeuble voisin après la gouttière sera de facture identique. Je l’ai souvent regardé, pendant de longues heures, depuis ma chambre au dernier étage sous les toits. J’ai étudié cette toiture sous ses moindres détails et craquelures avant de finalement me décider à franchir le pas. Le toit est un peu plus oblique sur cette partie de l’immeuble en face. Il devait y avoir autrefois un grillage de fer séparant les deux immeubles mais celui-ci est devenu tellement lâche qu’il tombe presque de lui-même. On peut le franchir très facilement. En s’aidant des blocs cimentés formant plusieurs cheminées, il n’est pas très difficile d’atteindre le haut du toit de l’immeuble voisin. Une des fenêtres donnant sur l’escalier reste souvent ouverte lors des jours de chaleur excessive. J’attendais cette journée avec impatience car je savais qu’elle m’ouvrirait les portes de l’immeuble voisin. Je ne sais pas encore ce que je vais y trouver, mais ça fait maintenant plusieurs mois que je suis persuadée qu’il me donnera des réponses. Je suis déjà bien engagée et il est de toute façon trop tard pour faire demi-tour car le grillage s’est relevé et est maintenant infranchissable. La lumière de la lune me montre l’emplacement de la petite fenêtre qui me donnera accès à l’immeuble voisin. Une veilleuse tremblotante est installée dans la cage d’escalier à chaque étage. Je suis au quatrième et dernier étage. Une flèche noire inscrite sur le mur m’indique qu’il faut descendre. Chaque étage est similaire aux autres mais devient de plus en plus sombre alors que je descends les étages. Il y a des portes d’acier à chaque étage. Je suis persuadée qu’elles sont fermées de l’intérieur. L’escalier descend jusqu’au premier sous-sol. La veilleuse y est éteinte ou peut-être l’ampoule est-elle grillée. L’immeuble est ancien, mais la peinture a certainement été refaite il y a quelques années malgré les nombreuses craquelures faisant déjà leur apparition. Il y a une autre porte au premier sous-sol. Je la devine à peine, mais sa couleur rouge foncée entourée d’un cadre noir en surimpression la rend tout à fait remarquable. Que se passe t’il derrière cette porte? Il me suffit d’ouvrir pour voir. J’hésite pourtant car une peur soudaine me gagne. Il ne s’agit pas d’effroi mais d’une crainte d’y trouver des choses que je ne saurais comprendre. Elle semble complètement étanche mais un bruit sourd s’en échappe tout de même. Une musique peut-être, un chant de femme. La porte épaisse, lorsque je l’ouvre doucement, donne sur un couloir sombre entouré de draperies de velours de couleur rouge bordeaux. La musique d’un style jazz de cabaret est désormais distincte et la voix de femme très puissante et assurée m’interpelle immédiatement car elle me semble tout à fait familière. Je m’approche de l’épais rideau délimitant l’accès à la salle où se déroule ce concert. En entrouvrant le rideau, j’aperçois cette salle remplie de tables, de chaises et d’un public assis en silence, les yeux rivés sur la petite scène. L’ambiance figée semble provenir d’une autre époque. Sur la scène, une batterie et une contrebasse accompagnent les notes de piano et la voix de la chanteuse. Elle est habillée d’une robe noire avec des tissus de satin, mais son visage n’est pas clair. Je l’entends maintenant chanter d’une manière maîtrisée tout en nuances en anglais. « One of these mornings you’re going to rise up singing, then you’ll spread your wings and you’ll take to the sky ». Je reconnais rapidement une reprise de Summertime d’Ella Fitzgerald. On se laisserait facilement hypnotiser par cette voix et ça semble être le cas des spectateurs et spectatrices dans la salle. Les visages sont figés comme s’il s’agissait de mannequins de cire. Je ne distingue toujours pas le visage de cette chanteuse plongée dans la pénombre, tout comme ceux de l’audience que je vois de l’arrière et légèrement de profil. Le morceau suivant est un autre standard du jazz américain, The Lady Is A Tramp, toujours chanté par Ella Fitzgerald mais avec Frank Sinatra. L’homme qui est monté sur scène n’a certes pas le charisme de Sinatra mais reste assez convaincant face à cette mystérieuse chanteuse qui ne montre pas son visage. Il faudrait s’approcher un peu plus pour découvrir ce visage, mais traverser l’épais rideau de velours et entrer à l’intérieur de la petite salle du cabaret ne pourra se faire discrètement même si cette salle est très sombre. Je me contente donc d’écouter cette voix qui me transmet une passion palpable. Je connais bien sûr cette voix depuis ma tendre enfance, j’ai souvent essayé de l’imiter lorsque j’étais très jeune car elle m’a inspiré. Pourquoi cette voix n’est elle plus maintenant? Pourquoi un tel don est il voué à disparaître? Une masse sombre devant moi me surprend soudainement en pleine réflexion et me saisit par le cou au point où il m’est rendu difficile de respirer. Je n’ai pas la force de me débattre. La voix d’Ella sur Blue Moon interprétée par Ayako Imamura m’entraine dans d’autres songes. Le noir se propage et la voix se dissipe petit à petit jusqu’au réveil soudain.

Kei se réveille en sursaut dans la chambre de son petit appartement près du parc Inokashira. Sans avoir vu son visage dans la pénombre, elle a reconnu dans son rêve la voix de sa mère disparue. Il est 5h moins le quart de l’après-midi. Il est rare que Kei s’assoupisse en fin d’après-midi un samedi. Elle a certes vécu une semaine riche en événements avec la découverte de son amie Rikako dans les montagnes de Nagano et son rapatriement dans un hôpital de Tokyo. Toutes ces émotions soudaines l’ont beaucoup fatigué et lui ont donné à réfléchir plus qu’il ne faudrait. Il était de toute façon l’heure de se réveiller car Ruka doit bientôt arriver à moto pour l’amener jusqu’au centre médical de l’Université Toho à Ōmori, dans l’arrondissement d’Ōta, où se trouve Rikako en observation. Ruka est toujours à l’heure, en toutes circonstances, ce qui contraste avec l’esprit rock and roll qui le caractérise par ailleurs. Kei apprécie cette ponctualité. Elle arrive même à prévoir son arrivée exacte au pied de son vieil immeuble de brique rouge, comme si elle entendait au loin ronronner le bi-cylindre en V de sa nouvelle moto. Ça lui laisse en général quelques minutes pour sortir à l’avance, descendre l’escalier et s’assoir deux ou trois minutes sur les barres métalliques de protection au bord de la rue, le casque à la main, prête à arçonner la moto à l’arrière de Ruka. La voilà qui arrive. Kei ne connaît pas le modèle de cette moto qui a remplacé la vieille CB400 de couleur Bordeaux. Celle-ci a une couleur plus claire, presque jaunâtre. Ruka y a fait inscrire à l’arrière les mots en anglais « the end », comme pour signifier à ses éventuels suiveurs qu’ils n’arriveront pas à le rattraper. « Leave them all behind » comme chantait Ride. Ruka a parfois ce côté puéril d’adolescent qui amuse Kei et est souvent sujet à de gentilles moqueries. Si la disparition de Rikako n’eut ne serait ce qu’un point positif, c’est bien le rapprochement entre Kei et Ruka. L’adversité a en quelque sorte obligé Kei à s’ouvrir et à sortir de sa réserve naturelle. Ruka n’est pas d’un naturel très bavard, disons qu’il ne parle pas à tord et à travers et n’a pas peur des moments de silence. Peut-être trouve t’il d’ailleurs dans ces moments de silence le ressourcement nécessaire lui permettant ensuite d’exploser sur scène pendant les concerts de son groupe. Kei comprend tout à fait cette dualité et la ressent elle-même souvent. Sa bête intérieure ne demande parfois qu’à crier de toutes ses forces, comme pourrait le faire Atsushi Sakurai dans ses morceaux les plus violents. Elle envie Ruka de pouvoir s’exprimer ainsi sur scène. « Tu devrais venir chanter sur scène avec moi et le groupe, un duo de nos voix serait extraordinaire, j’en suis certain ». Kei a toujours refusé son offre mais elle est maintenant prête à l’accepter. Ce changement soudain d’opinion est peut-être dû à la voix qu’elle a entendu il y a quelques dizaines de minutes dans son rêve.

Kei a à peine le temps de toucher la main de Ruka en signe de bonjour qu’elle est déjà assise à l’arrière de la moto prête à partir. Il faut environ une quarantaine de minutes jusqu’au centre médical en empruntant la rue Inokashira puis le grand arc circulaire de voies rapides Kanana. Elle s’accroche à la moto grâce aux deux poignets arrières. Plutôt que de regarder la route droit devant elle en se penchant légèrement la tête sur la droite ou la gauche, Kei préfère divaguer parmi les fils électriques. Elle suit des yeux ce réseau filaire sans fin s’emmêler dans les poteaux puis se démêler ensuite comme par magie pour filer en hauteur le long de la rue. Mais ils partent parfois dans des rues perpendiculaires le long d’immeubles en béton et elle les perd vite de vue. On ne s’ennuie pas à les regarder. Le trajet semble moins long lorsqu’on rêve la tête en l’air, mais lorsqu’on entre sur la voie plus rapide Kanana, une certaine attention est nécessaire pour ne pas se laisser surprendre par les accélérations subites. Kei chante souvent dans sa tête pendant ces trajets. Les morceaux suivent son humeur mais aujourd’hui, elle ne pense qu’à Ella et à Summertime.

Il faudra finalement un peu plus de trente minutes pour arriver à Ōmori. Kei est déjà venu une fois il y a deux jours dans cet hôpital rendre visite à Rikako au même moment que sa mère. Cette fois-là, Rikako dormait à son arrivée mais a ensuite ouvert les yeux. Ils étaient ouverts dans le vide comme si Rikako ne voyait pas les personnes et les choses qui l’entouraient. On la sentait perdue dans un espace infini sans points sur lesquels s’accrocher. Kei imagine que Rikako se trouve dans un espace d’un noir profond où le moindre son qu’elle voudrait émettre est absorbé. Peut-être m’entend elle, se demande t’elle. Les infirmières lui recommande de lui parler, d’évoquer des souvenirs d’enfance à Nagoya ou plus récents à Tokyo. Après une heure de monologue dans la petite chambre de repos de l’hôpital accompagnée de Ruka et de la mère de Rikako, Kei n’avait pourtant pas réussi à susciter la moindre réaction sur le visage figé de son amie. Kei s’est pourtant donné comme objectif de ramener Rikako, elle qui l’avait laissé seule dans les songes de la salle de concert de Kabukichō. Plus qu’un désir profond d’aider son amie, c’était une obligation non-négociable qu’elle s’imposait à elle-même.

En ce samedi en fin d’après-midi, Rikako est endormie sur le lit de sa chambre sans personne autour d’elle. La télévision placée dans un coin en hauteur est allumée et diffuse une émission de sketchs comiques, qui ne correspond pas beaucoup à l’ambiance générale de la pièce. En tant normal, Kei aurait aimé s’asseoir devant cette télévision et rire de bon cœur devant les pitreries poussives de ces jeunes comédiens en devenir. Pourtant, les rires incessants et mécaniques sont aujourd’hui insupportable. Plutôt que d’essayer d’ignorer le bruit de cette télévision au son monté trop fort, elle préfère l’éteindre de suite pour trouver un calme qui lui permettra de ressentir le rythme de la respiration de Rikako. Kei s’assoit sur un tabouret métallique tout près du lit et du visage de Rikako. Elle hésite à lui passer la main dans les cheveux pour lui dégager le visage. Il est beaucoup plus pâle que d’habitude, d’un teint similaire au jour où on l’a retrouvé dans la station thermale de Bessho Onsen un peu plus tôt cette semaine. Son visage est également amaigri mais ses traits restent inchangés. Kei la regarde intensément. Ruka est lui derrière, debout près de la fenêtre donnant sur une terrasse de gazon et d’arbustes. Ce jardin est bien entretenu. Les positions de chacune des branches semblent maintenues et contrôlées par des fils invisibles. Cette immobilité du jardin donne le sentiment que le temps s’est arrêté. Il est vrai que le temps doit sembler long et même interminable lorsqu’on est emprisonné dans une chambre d’hôpital. Rikako ne doit pas ressentir le temps qui passe se dit il à ce moment là. Kei semble également avoir oublié les heures qui passent, restant immobile à regarder Rikako. « Veux tu un café ? » lui demande Ruka pour la sortir de son hypnose volontaire. Kei accepte volontiers mais elle le boira sur place dans la chambre. En sortant de la chambre en direction du bloc de distributeurs automatiques de boissons, Ruka croise Hikari qui avait également fait le déplacement au centre médical à la demande de Kei. Hikari et Kei se regardent sans échanger un mot. Que dire dans cette situation ? Si on ne peut rien dire, peut-être faut il chanter. « Tu devrais lui chanter quelque chose, elle devrait l’entendre et ça la fera peut-être réagir ». Kei imagine d’abord fredonner une des chansons qu’elles écoutaient toutes les trois quand elles étaient en école primaire, comme celles du groupe SPEED qu’elles avaient été voir au Nagoya Dome en Août 1998. Kei se souvient très bien de l’excitation de ce moment et ça la fait sourire sous le regard interrogatif d’Hikari. Pourtant, elle a envie de chanter autre chose. Le morceau Summertime d’Ella Fitzgerald lui vient comme une évidence. Elle n’a pas l’habitude de chanter Summertime mais les paroles s’enchainent automatiquement dès qu’elle commence à le fredonner. Au fur et à mesure qu’elle chante, sa voix devient plus claire, plus puissante et assurée. Ruka reste figé, fixant les cheveux bruns de Kei, droits comme des tiges. C’est lui qui est maintenant hypnotisé. Hikari ne peut s’empêcher de saisir la main de Kei car elle ressent que quelque chose de spécial est en train de se dérouler. Ça peut paraître impensable mais Rikako ouvrit soudain les yeux. Elle ne regarde plus dans le vide comme il y a deux jours mais fixe maintenant Kei dans les yeux avec un regard tendre et expressif. Ses lèvres sont tremblotantes comme si elle tentait de parler. Cette réaction soudaine de Rikako ne perturbe cependant pas Kei qui continue à chanter. Elle comprend l’effet que son chant a sur les autres. C’est la première fois qu’elle s’en rend compte et ça lui procure un sentiment profond de satisfaction. Le mot n’est en fait pas assez fort pour traduire le sentiment qui traverse le cœur de Kei à ce moment là. On pourrait presque ressentir de manière physique ce sentiment comme une aura dépassant le corps des êtres, comme une subtile lumière qui lui éclaire le visage et les cheveux au point où on aurait l’impression qu’ils perdent petit à petit de leur noirceur. Hikari entrevoit cette lumière car elle aide parfois Kei à la catalyser dans les moments d’émotion intense. « Summertime » dit soudainement Rikako d’une voix frêle. « Summertime » répète elle d’une voix plus prononcée. « J’ai beaucoup écouté cette chanson ces derniers jours… ». « Tous les jours peut-être, dans ce petit cabaret à la lumière tamisée ». Rikako fait une pause pour reprendre son souffle court. Kei ne chante plus maintenant. Tout comme Hikari et Ruka, elle écoute attentivement Rikako. « C’était la chanson qu’elle préférait chanter, elle la chantait tous les soirs et le public devenait immobile. Elle disait à chaque fois qu’elle dédiait cette chanson à sa fille, Kei, pour qu’elle passe des jours heureux et qu’elle se dépasse d’elle-même ». Rikako continue « One of these mornings, you’re going to rise up singing, then you’ll spread your wings and you’ll take to the sky. » « Kei, ces paroles en particulier résonnaient parfaitement avec le message de ta mère. Je le ressentais très fortement à chaque écoute ». Beaucoup d’images et de sentiments traversent le cœur de Kei et ne sachant réagir, elle préfère prendre Rikako dans ses bras. Hikari soudainement prise d’une émotion difficilement contrôlable, laisse échapper quelques larmes. Quelques dizaines de secondes plus tard, les infirmières entrent dans la chambre d’un pas rapide suite aux signes de mains démonstratifs de Ruka à travers la porte entrouverte. Les deux infirmières écartent doucement les bras de Kei et la dégage, car il faut vérifier l’état de santé de Rikako. On leur demande de sortir quelques instants de la pièce.

Kei avait oublié le café que lui avait acheté Ruka mais il est maintenant bienvenu. « C’est extraordinaire ! » répète Hikari en ce parlant à elle-même. Rikako est une messagère et Kei a bien compris le message qu’on lui transmettait. Il lui faudra chanter pour apaiser ses propres démons et ceux des autres, comme sa mère autrefois qui chantait dans des cabarets jusqu’au jour où son père lui interdise sous prétexte que ce n’était pas le lieu pour une mère. Ayako Imamura arrêta complètement de chanter à ce moment là et disparu des affiches. Certains fans ont bien cherché à la retrouver mais elle avait déjà fait un trait sur sa carrière de chanteuse. Avec son groupe de jazz, elle connut pourtant un certain succès qui lui avait permis de jouer en Europe. Elle garda un souvenir particulier de Paris où elle s’est produite plusieurs fois. Arrêter de chanter l’avait profondément changé et cela avait beaucoup affecté le comportement de Kei. L’infirmière Nakamura en charge de Rikako vient interrompre Kei dans ses pensées en annonçant que celle-ci vient à nouveau de s’endormir. Son état est stable et elle a même repris quelques couleurs. Cette reemergence l’a pourtant beaucoup fatigué. « Pouvez-vous revenir la voir demain? Ça serait préférable », demande l’infirmière au groupe. Il ne fait pas l’ombre d’un doute qu’ils reviendront demain avec l’espoir d’en apprendre un peu plus sur ce que Rikako a vu et entendu pendant sa mystérieuse disparition. Il est déjà presque 20h30. « On va manger près de la gare d’Ōmorimachi? » propose Hikari. « J’ai vu un restaurant Denny’s juste à côté ». L’ambiance légère et familiale de ce genre d’établissements conviendra très bien. Sur le chemin qui mène à la gare, Hikari engage la conversation sur le groupe de Ruka, plutôt que de se lancer dans un récapitulatif des événements qui ont eu lieu à l’hôpital. « Tu as des concerts prévus prochainement? » demande t’elle. « Non… mais j’ai au moins trouvé une nouvelle chanteuse pour m’accompagner », rétorque Ruka en regardant Kei avec une grande insistance. Sans dire un mot, Kei répond aussitôt d’un signe négatif de la main tout en souriant, comme s’il elle voulait se faire prier. Hikari attrape cette main à la volée et les voilà marchant la main dans la main en rigolant au devant de Ruka. « Tu chanteras comme Moeka… ? ou comme Ringo…? Oui, je sais… comme Akina, ou Momoe peut-être ? ». « Oui, Momoe Yamaguchi, j’adore Yokosuka Story », s’exclame Kei avec un enthousiasme certain. Dans un fou-rire partagé, elles se mettent toutes les deux à chanter quelques paroles du morceau « Korekkiri Korekkiri mou… Korekkiri desu ka? » (Est-ce fini? Est-ce fini? Est-ce fini une fois pour toutes?). Elles se répètent plusieurs fois ces paroles si marquantes en éclatant de rire pour un rien. « Kei, je ne te l’avais jamais dit, mais tu ressembles un peu à Momoe avec tes cheveux coupés au carré ». « Ah oui ? », interroge Kei tout en posant ses deux mains en arrière pour soulever légèrement le dessous de ses cheveux, afin d’imiter une photographie de Momoe Yamaguchi sur la pochette d’un de ses albums. Elles éclatent à nouveau de rire. Ruka les suit en gardant une courte distance. Il ne voudrait pas interrompre leur complicité. Kei est radieuse en compagnie d’Hikari. Elle est belle et lumineuse. Ce soir, elle éclairerait même les nuits les plus sombres.

Le texte de fiction ci-dessus correspond au huitième chapitre de mon histoire au long cours Du Songe à la Lumière – l’histoire de Kei Imamura – que l’on trouve en intégralité sur une page dédiée incluant ce chapitre. Je continue cette histoire à mon rythme et elle prend pour moi de plus en plus d’importance. J’aimerais m’y pencher un peu plus fréquemment.


J’écoute beaucoup de musique japonaise en ce moment comme si je me devais de rattraper un retard imaginaire pris pendant les vacances d’été où je n’avais écouté que très peu de nouvelles choses. Je n’ai pas fait, ces derniers jours, de nouvelles découvertes d’artistes ou de groupes, car j’ai plutôt cherché à approfondir la discographie d’artistes que j’écoute déjà. Regarder à la suite les concerts de Buck-Tick disponible sur WOWOW m’a fait revenir en force sur les albums du groupe notamment leur avant-dernier Abracadabra, comme je l’évoquais dans mon billet précédent, qui s’avère être vraiment très bon. Voir les concerts en vidéo apporte un plus à l’écoute ultérieure des albums car des images restent en tête. Je serais à deux doigts de devenir un fish-tanker, tel est le nom des membres du fan club, mais je n’irais pas jusqu’à la souscription, qui est plus onéreuse que celle de Ringohan pour comparaison. Ça ferait trop. Mais je reviens également vers la musique de Nagisa Kuroki (黒木渚) dont j’ai déjà parlé dans un billet récent pour l’excellent morceau intitulé Kikikaikai (器器回回). J’écoute toujours beaucoup ce morceau dont le titre correspond en fait à celui du EP le contenant, sorti le 6 Septembre 2023. J’aime vraiment beaucoup les deux premiers morceaux du EP: Rakurai (落雷) et Gatsby. L’approche est pop mais avec suffisamment d’éléments rock dissonants et inventifs pour m’intéresser. J’aime beaucoup son approche musicale, notamment le morceau Gatsby qui a une construction tout à fait inhabituelle. En fait, la voix de Nagisa Kuroki nous amène d’emblée vers la pop, mais les arrangements musicaux nous désarçonnent pour rendre l’ensemble particulièrement enthousiasmant. La photo ci-dessus est tirée de la vidéo du morceau Rakurai qui semble avoir été tournée à New York.

Chirinuruwowaka (チリヌルヲワカ) est un groupe dont j’ai également parlé quelques fois, car il s’agit du groupe rock indé de Yuu, de feu GO!GO!7188 et du projet récent YAYYAY. Ça fait un moment que je me dis que je devrais attaquer la discographie de Chirinuruwowaka, car je ne connais que leur premier album Iroha (イロハ) sorti en 2005, mais je suis en quelque sorte un peu intimidé car le groupe a déjà quatorze albums au compteur. Ils ont sorti exactement un album par an depuis 2011. Je ne doute pas du tout de la qualité de l’ensemble, mais je me demande un peu par lequel commencer, après Iroha. En attendant, je pioche plutôt par hasard en utilisant les recommandations ciblées de YouTube qui m’indique le morceau Bakenokawa (化ケノ皮), inclu dans le quatorzième album Nanatsu no mujitsu (七ツノ無実) sorti le 13 Septembre 2023. Le morceau ne diverge pas beaucoup du rock dont Yuu nous a habitué, avec une voix tout en nuances proche d’une version rock du Enka.

Je vais bien entendu évoquer le nouveau single de a子 intitulé Trank et sorti le 13 Septembre 2023. Les habitués de la compositrice et interprète ne seront pas dépaysés, car on retrouve un esprit similaire à ses titres récents. La composition n’est certes pas particulièrement originale par rapport à ses autres morceaux mais a子 a un don certain pour l’accroche musicale qui ne laisse pas indifférent. Dans la vidéo, elle tient un main un sabre. Lorsqu’on la voit ensuite à bord d’une voiture étrangère vintage, l’idée me vient en tête qu’elle va peut-être la découper en deux comme Sheena Ringo dans Tsumi to Batsu (罪と罰) ou plus récemment dans la vidéo du morceau W●RK en collaboration avec le Millenium Parade de Daiki Tsuneta. Il n’en est malheureusement rien. Elle a dû se retenir très fort. Le budget de la vidéo ne permettait peut-être pas non plus de couper une voiture en deux.

Autre continuation de découverte, je reviens vers Skaai avec deux morceaux sortis sur son dernier EP: Pro et We’ll Die This Way. J’aime beaucoup ces deux morceaux pour la fluidité de son flot verbal à l’articulation très marquée. Sur Pro, j’adore la manière dont il vient narguer ses collègues du hip-hop japonais: « Oh my God, Look at what I have done, I have just let 90% of JP rappers behind. No offense though… ». Le morceau We’ll Die This Way n’est pas aussi joueur et est beaucoup plus atmosphérique. Je ne cacherais pas que la composition du morceau me rappelle par moment Frank Ocean sur l’album Blonde de 2016, dans sa manière de varier les ambiances. Tout en étant très bon, il n’arrive tout de même pas à la cheville des quelques meilleurs titres de Blonde comme Nikes, Ivy ou Nights. J’ai d’ailleurs à chaque fois envie d’ėcouter ces quelques morceaux après We’ll Die This Way.

Et je continue à écouter le rock de Hitsuji Bungaku (羊文学), notamment leur premier EP Tonneru wo Nuketara (トンネルを抜けたら) sorti en 2017, suivi d’un autre EP intitulé A short Trip to the Orange-Chocolate House (オレンジチョコレートハウスまでの道のり) sorti l’année suivante en 2018. Le premier album du groupe Dear Youths (若者たちへ) est sorti cette même année. Parmi les singles, on trouve celui intitulé Step dont la vidéo a été produite par un certain Shunji Iwai. Et puis, il y a également un morceau plus récent, Eien no Blue (永遠のブルー). Il y a une grande consistance et une qualité constante dans tous les morceaux du groupe. Je mets tous ces albums et EPs à la suite dans une playlist sur mon iPod et je me lance dans une écoute continue qu’il me suivra pendant tout un parcours piéton du week-end. Cette petite préparation est nécessaire avant le concert qui se fait désormais très proche.

𝓯𝓮𝓮𝓭 𝓶𝔂 𝓫𝓸𝓭𝔂

a子 fait partie des artistes que je voulais absolument voir en live. J’écoute sa musique depuis la découverte de son premier EP MISTY Existence (潜在的MISTY) sorti en Septembre 2020. Elle a en fait démarré à part entière ses activités de compositrice et interprète sous le nom a子 cette même année. Sa carrière est donc toute jeune, mais elle est particulièrement active avec la sortie de deux EPs et 14 singles. Son deuxième EP ANTI BLUE est sorti en Janvier 2021 sous le label créatif indépendant londog qu’elle a créé. Je pense avoir déjà parlé sur ce blog de la grande majorité des singles de l’artiste tant j’aime son approche musicale, résolument rock indé mais oscillant de plus en plus vers un côté pop qui lui va très bien. L’approche du live donne bien entendu une tonalité plus rock à l’ensemble de ses morceaux. Le concert se déroulait le Mercredi 28 Juin 2023 dans la salle WWW à Shibuya, juste à côté du Department Store PARCO. Cette salle se trouve au sous-sol de l’ancien cinéma RISE. Je connaissais en fait déjà la salle WWWX du même bâtiment car s’y déroulait récemment le concert final de For Tracy Hyde. J’aime beaucoup l’ambiance underground de ces deux salles. La salle WWW où se produisait a子 et son groupe doit être un peu plus petite que la salle WWWX à l’étage, mais elle a l’avantage d’être en escalier. J’avais acheté mon billet dès l’ouverture des ventes au début du mois d’Avril, ce qui était bien vu car toutes les places ont été vendues en trois jours. a子 n’est pas encore connue du grand public, mais je comprends tout à fait le besoin de ceux qui apprécient sa musique et son chant de ressentir en live l’atmosphère émotionnelle de ses morceaux. C’était tout à fait mon cas. On voit également pointer ces derniers temps une reconnaissance certaine d’autres artistes. Chiaki Satō (佐藤千亜妃) a, par exemple, invité a子 à chanter en duo sur le morceau melt into YOU de son EP Time Leap. Il faut dire que Chiaki Satō apprécie la musique de a子 car elle avait cité le morceau The Sun (太陽) parmi ses des dix morceaux préférés de l’année 2022 lors de l’émission télévisée KanJam (関ジャム) de fin Janvier 2023. Cette collaboration et reconnaissance a dû étendre son auditoire. Ceci me rappelle d’ailleurs que ce morceau The Sun, que j’aime aussi énormément, fait intervenir Neko Saito (斎藤ネコ) au violon.

Le concert de a子 du 28 Juin 2023 s’intitule FEED MY BODY et il s’agit en fait de son premier concert seule (初ワンマンライブ), c’est à dire en dehors des festivals invitant plusieurs groupes. Ayant acheté ma place en Avril, j’avais presque trois mois pour me préparer. L’ambiance et la taille du concert sont bien différentes du dernier que j’avais vu en Mai, celui de Sheena Ringo, mais sachant que a子 est également fan de Sheena Ringo, j’ai trouvé une certaine logique dans ces dates successives. Le concert démarre à 20h pour une ouverture des portes à 19h. J’arrive juste à l’heure pour l’ouverture, mais on a déjà commencé à appeler les numéros de billets dans l’ordre. Mon numéro est le 300, donc j’ai un peu de temps avant qu’on m’appelle. J’observe en attendant la foule qui constituera le public, car je suis à chaque concert très curieux de voir à quoi ressemble le public des artistes que j’apprécie. La moyenne d’âge semble plus basse que les concerts que j’ai pu voir jusqu’à maintenant, peut-être principalement dans la vingtaine et petite trentaine. Mais je suis de toute façon très mauvais pour donner des âges aux gens. Je ne serais par exemple pas dire quel âge a a子, peut-être autour de 25 ans. Je pense qu’elle doit être un peu plus âgée que ses musiciens, d’après les interviews que j’avais pu écouter à ses débuts. Mais j’ai à peine le temps d’attendre que mon numéro est déjà appelé. On descend ensuite tous méthodiquement en file indienne vers le sous-sol. Tout est très cordial et bien organisé. Une bière prise au passage au bar et me voilà à l’intérieur de la salle. On pouvait en fait assez facilement se placer sur le plateau devant la scène et je me trouve donc en cinquième rangée sur le côté gauche. La salle au sol en escalier est haute de plafond au niveau de la scène. Cela donne un bel espace, bien qu’un peu étroit en largeur. Il ne reste plus qu’à attendre patiemment le début du concert. J’aime particulièrement ce moment d’attente avant le début d’un concert, en écoutant les morceaux sélectionnés en bande sonore de fond. Il y a, à chaque fois, un ou deux morceaux qui m’interpellent et que je cherche aussitôt sur Shazam pour m’en souvenir. Cette fois-ci, les morceaux Tailwhip de Men I trust (rock indé) et Outside d’Oleg Byonic (électro ambient) ont attirés mon attention. Je me demande toujours si les playlists d’avant concert sont sélectionnées par l’artiste qui se produira ensuite. J’y ai en tout cas à chaque fois écouté des choses intéressantes, bien que je pense que la plupart des personnes dans le public ne prête pas grande attention à cette bande sonore. Mais les lumières s’éteignent déjà juste à l’heure, vers 20h. L’artiste et son groupe ne se font pas étendre.

Les quelques photos ci-dessous sont extraites du compte Instagram Akolondog et ont été prises par le photographe Goku Noguchi (野口悟空). Je me permets de les reproduire ici pour donner une image plus précise de l’atmosphère visuelle du concert dans la salle WWW de Shibuya.

Les membres du groupe entrent d’abord sur scène et se placent derrière leurs instruments, suivis par a子 qui entre la dernière, comme il se doit. a子 sur scène ou dans les vidéos a toujours des tenues originales conçues par la styliste Yuki Yoshida et ses cheveux sont plus rouges que jamais. Je reconnais tout de suite les musiciens que j’ai pu voir jusqu’à maintenant dans les vidéos YouTube ou lors des mini-live sur Instagram. a子 assure bien entendu le chant sur tous les morceaux mais joue également de la guitare électrique par intermittence. Elle est accompagnée par deux autres guitaristes. Masumi Saito est le lead guitariste du groupe et intervient aussi sur quelques morceaux en interlude avec un phrasé rappé particulièrement percutant. Jun Shirakawa (白川詢) accompagne également en deuxième guitare. Gaku Usui (臼井岳) est à la basse, Eiji Nakamura (中村エイジ) aux claviers et Manyo (満陽) à la batterie. Derrière le groupe, un grand écran affichait par moment des illustrations et des motifs accompagnant les morceaux. Aux membres du groupe, viennent s’ajouter deux ingénieurs du son placés sur la droite de la scène (on a plutôt l’habitude de les voir en fond de salle) et un photographe mobile nommé Goku Noguchi (野口悟空) filmant et photographiant le concert. Les photographies prises en tête de billets sont les miennes, tandis que les suivantes sont empruntées au photographe Goku Noguchi. Cela fait beaucoup de monde sur scène ou aux alentours. Le concert dans sa totalité était extrêmement professionnel et millimétré, ce qui est une belle réussite sachant qu’il s’agissait de son tout premier live seule. Ils ont joué en tout 17 morceaux, ce qui correspond à peu près à toute sa discographie, si l’on compte les deux EPs 潜在的MISTY et ANTI BLUE et les nombreux singles. On a un peu de mal à croire qu’elle n’ait pas encore sorti d’album, mais ça ne semble pas être sa priorité car elle aurait suffisamment de singles pour en compiler un. a子 enchaîne les morceaux assez rapidement avec parfois aucun temps mort, ce qui nous laisse à peine le temps d’applaudir. On la sent très concentrée tandis que la guitariste Masumi Saito, en coupe rasta à sa gauche, est beaucoup plus décontracté et souriant. La voix de a子 est particulière, proche du chuchotement, mais j’ai été très surpris par sa puissance en live, jusqu’à saturé la sono sur un ou deux morceaux. Elle a une gamme vocale plus étendue que ce qu’on pourrait croire. Écouter la playlist défiler dans nos oreilles me fait dire que sa discographie est jusqu’à maintenant sans erreur. Il y a certes une assez grande consistance de style, et les morceaux s’enchainent dans une continuité des plus agréables. J’aurais même un peu de mal à dire quels sont les morceaux que je préfère car ils ont tous, à leur manière, une accroche qui me plait beaucoup. Une chose est sûre, les morceaux de son premier EP étaient beaucoup plus sombres que les derniers singles, mais elle mélange le tout dans la set list. Je n’ai pas pris soin de noter cette set list du concert, mais j’en ai récupéré une sur Twitter et je la note ci-dessous pour référence. Un des morceaux de son premier EP était particulièrement prenant. On sentait qu’elle était complètement investie dans son chant au point où ses mains en tremblaient. Un grand nombre de morceaux de sa discographie contiennent des petits passages instrumentaux à la limite de l’experimental, qui rendaient particulièrement bien en live car ils laissaient carte blanche aux musiciens. Les solos et arrangements de guitare de Masumi Saito fonctionnaient très bien, d’autant plus quand il y ajoutait quelques phrases semi parlées et rappées. La manière dont il emporte la foule sur l’avant dernier morceau le rend assez mémorable. Il s’agissait en fait d’un nouveau morceau dont le titre n’a pas été annoncé. Il n’y a eu qu’un seul passage de MC vers la fin du concert. a子 revient en quelques messages adressés au public sur sa carrière musicale et ensuite sur le fait qu’on doit penser d’elle qu’elle a bien grandi et évolué. La surprise qu’elle nous révèle ensuite est que ce concert à Shibuya WWW sera suivi pour une tournée de deux dates intitulée l’m crazy now, over you, à Osaka et à Tokyo, certes plus tard dans l’année car les dates sont fixées au 16 Décembre pour Osaka Umeda et au 26 Décembre 2023 pour Tokyo Shibuya. Elle semble extrêmement fière de nous montrer l’affiche de cette future tournée. Le concert à Tokyo se déroulera au Shibuya Club Quattro. La salle est plus grande que WWW donc il s’agit d’une belle avancée progressive. Viendra un jour où elle remplira des salles encore plus grandes comme celle du Liquid Room à Ebisu ou une salle Zepp de Tokyo. À propos justement de Zepp, le prochain concert auquel j’assisterais sera celui de Hitsuji Bungaku (羊文学) en Octobre 2023 au Zepp Haneda (羊文学 Tour 2023 “if i were an angel,”). J’ai manqué le précédent car j’avais été trop lent sur les réservations. J’ai cette fois-ci acheté mon billet dans l’heure suivant l’ouverture de la billetterie. Il est clair que voir et écouter des concerts comme celui de a子 me motivent pour en voir d’autres.

Le passage de MC pendant lequel a子 remercie le public est suivi de deux derniers morceaux, puis le groupe quitte la scène et les lumières s’allument avec une musique de fond. Le public se met tout de même à applaudir pour réclamer des rappels. Je trouve personnellement que c’est étonnant que les lumières se soient rallumées, car ce n’est en général pas le cas pendant cette petite période d’attente avant qu’un groupe revienne sur scène. Je me dis aussi qu’elle a joué tous ses morceaux et me demande ce qu’elle pourrait sortir de son chapeau pour des rappels. a子 refait rapidement surface sur la scène devant le micro, pour s’excuser car il n’y aura pas de rappels. Elle promet même qu’elle en préparera pour la tournée d’Osaka et Tokyo. Elle ressort ensuite de la scène en sautillant. Au final, elle a tout de même joué 17 morceaux pour environ une heure et demi de concert. Je le dirais certainement à chaque fois mais ressentir avec la force du live des morceaux qu’on a tant de fois écouté provoque un sentiment très spécial de satisfaction. Et je suis d’autant plus content d’assister à ce concert, qu’il s’agissait de son premier. J’espère qu’elle proposera des extraits vidéo du concert sur YouTube, ou même un DVD. On pouvait en fait prendre des photos ou des vidéos pendant le concert, mais peu de personnes heureusement le faisait. Les meilleurs souvenirs sont dans notre mémoire.

Pour référence ultérieure, je note ici la set list du concert Feed My Body de a子 dans la salle WWW à Shibuya le 28 Juin 2023:

1. Drip (どろり), tiré du 2nd EP ANTI BLUE
2. Jealousy (ジェラシー)
3. Sinister (シニスター)
4. somewhere, tiré du 2nd EP ANTI BLUE
5. u want (情緒), tiré du 2nd EP ANTI BLUE
6. Angel (天使), tiré du 2nd EP ANTI BLUE
7. As I landed on Mars, tiré du 2nd EP ANTI BLUE
8. CHAOS, tiré du 1er EP 潜在的MISTY
9. Hai (肺), tiré du 1er EP 潜在的MISTY
10. Resist (暴く春)
11. Love is Always (愛はいつも)
12. Suihō (水泡), tiré du 1er EP 潜在的MISTY
13. bye, tiré du 2nd EP ANTI BLUE
Passage MC 🎤
14. The Sun (太陽)
15. All to Myself (あたしの全部を愛せない)
16. New Song
17. hot in the night (熱帯夜), tiré du 1er EP 潜在的MISTY

街の空虚も愛せない

Je découvre par hasard un nouvel immeuble de l’architecte japonais Von Jour Caux alors que je marchais de Zoshigaya (雑司ヶ谷) jusqu’à la station d’Ikebukuro (池袋). Ce building appelé Le bois Hiraki Minamiikebukuro Building est en fait situé près de la station. On reconnaît tout de suite et de loin le style Von Jour Caux, proche de l’architecture d’Antoni Gaudi. Je l’avais de toute façon déjà vu de nombreuses fois sur internet. Sa construction en 1979 est antérieure à son bâtiment le plus connu, Rythms of Vision, Waseda El Dorado que j’ai déjà montré plusieurs fois sur les pages de Made in Tokyo. J’aurais dû essayer de voir l’intérieur qui est encore plus mystérieux que l’extérieur. Il y a quelques autres bâtiments de Von Jour Caux à Tokyo qu’il faudrait que j’explore un jour ou l’autre. En passant à Zoshigaya, je suis retourné au temple Kishimojindō (鬼子母神堂) pour récupérer cette fois-ci le sceau goshuin que je n’avais pas collecté la première fois. J’en profite pour refaire un petit tour parmi les Torii rouges où on été tournées certaines scènes de Kabukichō no Joō (歌舞伎町の女王).

La musique rock à l’esprit indé d’Hitsuji Bungaku (羊文学) est toujours un bonheur, ici avec un nouveau single intitulé FOOL sorti le 25 Avril 2023. Le style musical est dans la lignée de ce qu’on connaît déjà du groupe et l’accroche est immédiate. La formule rock dans lequel s’inscrit la musique du groupe fonctionne vraiment très bien. J’aimerais vraiment les voir en concert un jour, mais le groupe est en fait maintenant assez populaire. Il est donc plus difficile d’acheter des billets et j’avais manqué mon coup lors de leur dernière tournée. Je parle également régulièrement de la compositrice et interprète Samayuzame qui vient de sortir un nouveau morceau intitulé City of Romantica. Il s’agit en fait d’une reprise retravaillée d’un de ses morceaux plus anciens. L’ambiance électronique y est comme toujours très fouillée, délicate et apaisante. La photographie qui sert de couverture au single a été prise par Mana Hiraki (平木希奈) dont je parle souvent en ce moment. a子 vient également de sortir un excellent nouveau single intitulé All to Myself (あたしの全部を愛せない) le 20 Juin 2023. Elle fait pour moi un sans faute depuis le début de sa carrière. Elle a trouvé une voie très intéressante entre le côté indé (sa voix et sa manière de chanter y contribuent) et le côté pop qu’elle a développé au fur et à mesure des morceaux. Dès la première phrase des paroles (あたしの空虚も愛せない), j’aime beaucoup la vidéo où on la voit jouer avec son groupe, les cheveux plus rouges que jamais et le visage taché de château Margaux. J’ai hâte d’aller la voir la semaine prochaine, si tout va bien, à Shibuya. J’imagine que le groupe de la vidéo sera le même en concert. Je reconnais certaines têtes comme le guitariste à la coupe rasta Masumi Saito et le bassiste à la coupe punk Gaku Usui. Le nouveau groupe de DAOKO appelé QUBIT (キュービット) sort son premier morceau intitulé G.A.D. en ce même jour du 20 Juin 2023. J’avais déjà un peu parlé de QUBIT en indiquant que DAOKO était accompagnée de Seiichi Nagai (永井聖一) à la guitare, Makoto Suzuki (鈴木正人) à la basse, Shōhei Amimori (網守将平) aux claviers et Kazuya Ōi (大井一彌) à la batterie. Je me demandais vraiment vers quel style allait tendre la musique du groupe sachant que le guitariste Seiichi Nagai officie également au sein du groupe Sōtaisei Riron (相対性理論) d’Etsuko Yakushimaru. Le style est en fait assez proche de la musique de Daoko. Ce premier single était pour moi un peu déroutant à la première écoute dans sa première partie mais m’a complètement convaincu dans sa deuxième partie. Le phrasé hip hop accentué de DAOKO est toujours excellent car sa voix change sans cesse de tonalité. Au final, le morceau est très original et changeant, et ne semble pas vouloir plonger dans le mainstream que DAOKO connaissait pourtant bien à une certaine période de sa carrière. Tout ceci me plaît vraiment beaucoup.