songs about Tokyo, the sun & something missing

Mon passage récent à Asakusa était en premier lieu pour aller voir un bâtiment aux formes étranges conçu par Akihisa Hirata. Je parle de temps en temps ici de cet architecte car j’aime beaucoup son architecture toujours très imaginative. Souvenons-nous de Tree-ness House et d’Overlap House déjà montrées sur ce blog. Cet immeuble s’appelle Sauna Reset Pint, et doit donc contenir, comme son nom l’indique, un sauna. Il s’agissait auparavant d’un hôtel à capsules de la série 9hours. Il est idéalement placé à proximité du temple Sensōji mais je pense que l’hôtel a dû avoir du mal à survivre au manque de touristes étrangers amateurs d’Asakusa. La disposition d’apparence aléatoire des blocs composant ce bâtiment est très intrigante mais j’aime surtout ce long escalier faisant des zigzags sur la façade. J’y vois même quelque chose de ludique comme dans un jeu vidéo. Il pourrait très bien y avoir un gorille énervé tout en haut de l’escalier balançant des barils d’essence qui dévaleraient la pente de manière saccadée. Le héros de ce jeu vidéo, un italien moustachu par exemple, aurait pour objectif de gravir cet escalier tout en évitant les barils, pour espérer une place dans la sauna. Je pense que je tiens là une idée qui pourrait avoir beaucoup de succès. Mais je divague un peu.

Je me promène un peu plus dans les rues autour de ce bâtiment avant de pénétrer à l’intérieur de l’enceinte du temple Sensōji, ce qui donnera les photographies d’un billet précédent. J’avais oublié ces petites rues étroites et encombrées. En écrivant ces quelques lignes presqu’inutiles, l’envie me vient d’y retourner plus tard pour explorer un peu plus ces endroits là. Un étang appelé Hyotan se trouvait autrefois devant l’actuel parc d’attraction Hanayashiki et à côté de l’immense centre de pari de courses hippiques Wins de la Japan Racing Association (JRA). Le centre de pari est situé entre le bâtiment conçu par Akihisa Hirata et la rue commerçante couverte Hisago que je montre sur la sixième photographie. En 1890, une grande tour de 12 étages appelée Ryounkaku fut construite près de l’étang Hyotan et on dit que son image s’y reflétait. La tour n’existe plus maintenant car elle a souffert du grand tremblement de terre de 1923 et l’étang a disparu en 1951. L’espace de l’étang était la propriété du temple Sensōji qui a décidé de le vider pour en vendre les terres. Cette vente était destinée à couvrir les coûts de reconstruction du temple suite aux dégâts causés par les bombardements et les feux causés par la seconde guerre mondiale. Le site internet de la rue commerçante nous explique avec beaucoup de détails l’histoire de ce quartier en incluant une image d’époque nous permettant de visualiser un peu mieux cet ancien quartier d’Asakusa désormais disparu, notamment l’étang Hyotan et la tour Ryounkaku. J’aimerais parfois qu’une des nombreuses transformations de Tokyo rétablisse les paysages urbains de l’époque.

La semaine dernière, j’ai eu le plaisir de rencontrer pour la première fois Nicolas qui intervient souvent dans les commentaires de ce blog et influence par la même occasion le contenu de certains billets, notamment sur les sujets musicaux. On se connaît par commentaires interposés depuis quelques années et c’est particulièrement intéressant de se voir en vrai car j’avais l’impression qu’on se connaissais déjà bien. On s’est bien sûr retrouvé dans un des magasins Disc Union de Shinjuku pour ensuite aller prendre des cafés un peu plus loin et marcher jusqu’à Yoyogi tout en admirant un peu d’architecture. Notre discussion non-stop couvrait bien entendu la musique japonaise, mais pas seulement. J’en retiens notamment qu’il faudra bientôt que je me mettes à écouter Petrolz, le groupe d’Ukigumo. Et au passage, c’était l’occasion d’évoquer la nouvelle que Sheena Ringo a écrit et composé un morceau pour Ado intitulé Yukue Shirezu (行方知れず) ou Missing en anglais. Ce nouveau morceau a été annoncé le 18 août en même temps que la bande annonce du film dont il est le thème musical, mais ne sortira malheureusement que le 14 Octobre 2022. On peut entendre un court extrait prometteur pendant la bande annonce de ce film intitulé Karada Sagashi (カラダ探し). Le titre du film qu’on pourrait traduire par « rechercher les corps », ou quelque chose dans le genre, annonce tout de suite la couleur. Il s’agit a priori d’un film d’épouvante se déroulant principalement dans une école. Kanna Hashimoto (橋本環奈) étant l’actrice principale, on peut présager que l’ambiance ne sera pas aussi terrible que la bande-annonce le laisse présager. Je ne pense pas faire un détour au cinéma pour aller le voir mais je serais quand même très curieux d’y jeter un œil quand il sera disponible sur les plateformes de streaming. On sait depuis une émission de Music Station qu’Ado a un profond respect et est influencée musicalement par Sheena Ringo. Elle a mis récemment repris Tsumi to Batsu (罪と罰). Pendant cette même émission, Sheena était présente et indiquait que ses enfants aimaient beaucoup Ado et chantaient même souvent son single Usseewa (うっせぇわ). Ce n’est donc pas très étonnant que Sheena Ringo accepte cette offre d’Ado d’écrire un morceau pour elle. On sent également que Sheena Ringo a cette envie de nouer des liens avec les plus jeunes générations qui ont été assez souvent influencées par elle. Ça ne m’étonne plus beaucoup maintenant d’entendre des jeunes artistes mentionner Sheena Ringo comme une influence ou du moins comme une artiste qu’ils ou elles écoutaient avant leurs débuts. Dernièrement, Utaha de Wednesday Campanella mentionnait qu’elle écoutait beaucoup Sheena Ringo, influencée par les goûts musicaux de sa mère. Sur le message accompagnant le nouveau morceau Yukue Shirezu, Ado exprime bien entendu sa joie et reconnaissance mais indique également qu’elle a beaucoup appris des conseils donnés par Sheena notamment sur la manière de chanter. Elle indique que c’était une expérience précieuse car elle a découvert d’autres manières de chanter. Dans son message, Sheena indique que si une artiste comme Ado avait existé à l’époque de ses débuts, elle aurait préféré écrire des morceaux et la laisser chanter, plutôt que de chanter elle-même. Il y a certainement de l’exagération dans ces propos car on sait que Sheena peut être parfois excessive dans ses formules de politesse. Toujours est-il que je suis maintenant très intrigué par ce nouveau morceau collaboratif, qui apparaîtra bien un jour ou l’autre dans un hypothétique volume 3 de la série d’albums Reimport. Je me demande si Ado aura appris de Sheena Ringo à nuancer son chant, sa voix le permettant sans aucuns doutes. Et sur l’illustration accompagnant le morceau, on reconnaît bien sûr Sheena Ringo à gauche et Ado, enfin, on ne connaît toujours pas le visage d’Ado car elle reste invisible aux caméras et aux appareils photo (だって写真になっちゃえば、あたしが古くなるじゃない、Don’t you Θink?).

Je ne voulais pas manquer l’émission KanJam (関ジャム) du dimanche 21 Août car elle prenait pour thème 15 chansons sur Tokyo choisies par des musiciens professionnels (プロが選ぶ »東京ソング »15曲). J’ai bien l’impression que l’émission s’est inspirée de mon billet récent donnant une playlist de morceaux prenant pour titre Tokyo, mais ça ne doit être qu’une impression. La coïncidence était du moins intéressante d’autant plus que Chiaki Satō (佐藤千亜妃) et Junji Ishiwatari (いしわたり淳治) faisaient partie des invités. Chiaki Satō était la chanteuse et guitariste du groupe Kinoko Teikoku (きのこ帝国) qui s’est séparé en 2019, mais elle continue une carrière solo. Junji Ishiwatari était le guitariste du groupe Supercar ayant lui aussi cessé ses activités, mais plus tôt en 2005. Il est désormais parolier et producteur de musique. J’avais fait la découverte de ces deux groupes au même moment et en avait d’ailleurs parlé dans un même billet. Parmi les trois musiciens invités à l’émission, il y avait également Ryuta Shibuya (渋谷龍太) du groupe Super Beaver que je connais par contre beaucoup moins. Les trois invités étaient amenés à choisir cinq morceaux évoquant Tokyo (donc 15 au total). Le thème du Jōkyō (上京), l’arrivée vers la capitale, est bien entendu évoquée dans l’émission car Chiaki Satō vient de la préfecture d’Iwate et Junji Ishiwatari d’Aomori. Ryuta Shibuya est par contre originaire de Tokyo, de Kabukichō à Shinjuku pour être précis, ce qui peut paraître étonnant. Il évoque même que le fait d’être de Tokyo et de ne pas avoir eu à se séparer des siens pour monter vers la capitale était vécu comme un complexe pour lui, en tant qu’artiste. Je pense que c’est lié à une certaine idée que la création, pour être forte, doit être conditionnée par une forme de souffrance, celle de la séparation. Dans sa liste de cinq morceaux évoquant Tokyo, Chiaki Satō mentionne en premier Kabukichō no Joō (歌舞伎町の女王) de Sheena Ringo, choix sur lequel s’accordent également Junji Ishiwatari et Ryuta Shibuya. Le choix n’est pas étonnant vu que Chiaki Satō est fan de Sheena Ringo comme on l’évoquait dans les commentaires d’un précédent billet. Le second choix de Chiaki Satō est le Tokyo de Quruli, morceau que j’avais inclus dans ma playlist. Junji Ishiwatari choisit lui le morceau Tokyo de sa voisine Chiaki Satō. Ces premiers morceaux me satisfont tout à fait car ils correspondent à des morceaux que j’aime beaucoup. Pour les autres morceaux cités, Chiaki Satō reste dans le rock indépendant en mentionnant des morceaux intitulés Tokyo par Paionia (パイオニア) et Plenty. Je ne connais qu’un seul morceau du groupe Plenty intitulé Boku no Tame ni Utau Uta (ボクのために歌う吟) qui est sur le même mini-album Haikei. Minasama (拝啓。皆さま), et si Chiaki recommande ces deux groupes, ça serait lui faire un affront de ne pas aller y jeter une oreille. Dans sa liste, Junji Ishiwatari mentionne aussi Stay Tune de Suchmos, seul morceau du groupe que j’écoute souvent, et Tokyo ha Yoru no 7h (東京は夜の7時) de Pizzicato Five (ピチカート・ファイヴ). Je ne suis pas fan du style Shibuya-Kei mais j’écoute régulièrement ce morceau car le petit dialogue au début me fait toujours sourire. Après que Maki Nomiya (野宮真貴) annonce le titre du morceau qui signifie « 7h du soir à Tokyo », Yasuharu Konishi (小西康陽) lui demande d’un air taquin quelle heure il est à Osaka. La petite pause de réflexion et le rire de Maki Nomiya avant de répondre qu’il est également 7h du soir à Osaka m’amuse toujours. De ce même morceau, je préfère quand même la version interprétée par Ukigumo. Mais j’avais en fait déjà parlé de tout cela quelque part dans mon long billet sur le concert Ringo Expo‘18. Les autres morceaux évoqués pendant l’émission, notamment ceux de Ryuta Shibuya m’étaient beaucoup moins familier. Cette émission KanJam n’est pas toujours intéressante mais celle-ci m’a beaucoup passionné.

J’écoute toujours beaucoup AAAMYYY en ce moment, notamment le EP Maborosi Weekend que je découvre petit à petit, morceau par morceau, pour faire durer le plaisir, mais je fais une petite pause pour a子 car elle vient juste de sortir un nouveau morceau intitulé Sun (太陽). Je plonge toujours les deux oreilles les premières lorsqu’elle sort un nouveau morceau car je n’ai jamais été déçu par ses compositions. Ces derniers morceaux surpassaient à chaque fois les précédents. Ce n’est pas forcément le cas sur ce dernier morceau mais je l’aime tout de même beaucoup. Le rythme de la boucle électronique qui ponctue à plusieurs moments le morceau est vraiment accrocheuse. Il y a un peu de pop dans ce morceau et c’est une direction que je ressens dans ses compositions. Sa voix étant résolument indé, je trouve que des ingrédients un peu plus pop lui vont très bien. La petite surprise est d’entendre le violon de Neko Saito (斎藤ネコ) accompagné le groupe habituel de a子. Ce qui m’étonne quand même un peu, c’est que la présence de ce violon reste très subtile. Je pensais qu’il y aurait un grand solo de violon déstructuré comme Neko Saito sait si bien le faire lors des concerts de Sheena Ringo, mais non. Sa présence en deviendrait même anecdotique, ce qui est un peu dommage. Mais une fois encore et j’en avais déjà parlé avant, on sait que a子 apprécie beaucoup Sheena Ringo donc la présence de Neko Saito ne m’étonne pas tant que cela.

walkingxwatching

Marcher et observer les rues de Shibuya, Yoyogi, Azabu-Jūban, Sendagaya et ailleurs. Je ne les observe en général pas longtemps car je suis à chaque fois emporté par la marche qui me démange avant tout, et par le rythme de la musique que j’écoute en me déplaçant. Je prendrais très certainement des meilleures photographies si je m’attardais un peu plus à observer immobile depuis un endroit précis en attendant l’instant décisif, s’il a la bonne idée de se présenter devant moi. C’est en fait la même chose pour Made in Tokyo, j’avance sans m’arrêter, sans faire de pauses qui me permettraient pourtant de prendre le temps d’observer ce que devient ce blog. Je serais peut-être mieux inspiré d’y mettre une halte pendant quelques temps pour me forcer à réfléchir à la suite. Je réfléchis souvent à arrêter mais je ne m’arrête jamais. Il faut se faire une raison. Il m’arrive de temps de temps de partir à la recherche d’autres blogs francophones sur Tokyo et le Japon, mais ils sont presque tous arrêtés. Le fait qu’il n’y ait pratiquement plus de blogs actifs me pousse en quelque sorte à continuer. Je me demande comment toutes ces personnes qui écrivaient régulièrement sur des blogs se contentent maintenant de petites lignes sur Twitter, en essayant parfois de déjouer les limites de l’outil en écrivant des ‘threads’ qui au final ressemblent beaucoup à des billets de blog. Mais ne désespérons pas, les blogs reviendront peut être un jour à la mode.

Je ne découvre pas ici de nouveaux artistes ou groupes mais des nouveaux morceaux de compositrices, interprètes ou groupes que je connais déjà et que je suis avec attention depuis quelques années, voire depuis leurs débuts. C’est d’ailleurs intéressant de voir les évolutions et constater que certains artistes sont désormais entrés dans le mainstream ou sont en passe de l’être. AiNA The End (アイナ・ジ・エンド) continue sa carrière solo à un rythme on ne peut plus soutenu. Je me souviens de cette interview croisée avec Ikkyu Nakajima (中嶋イッキュウ) où AiNA lui posait la question de comment elle arrivait à écrire autant de nouveaux morceaux pour Tricot en si peu de temps, mais AiNA ne chôme pas non plus, même si elle n’écrit pas tous ses morceaux. Elle a d’ailleurs le vent en poupe en ce moment car elle jouera le rôle principal, celui de Janis Joplin, dans la comédie musicale de Broadway A night with Janis Joplin au mois d’Août aux côtés d’autres chanteuses comme UA et Haruko Nagaya du groupe Ryokuōshoku Shakai. La fin de BiSH cette année va certainement la libérer un peu plus encore d’un poids, dirais-je, car BiSH tourne en rond depuis quelques temps et joue les prolongations. Le nouveau single d’AiNA The End s’intitule Watashi no Magokoro (私の真心). Il est sorti le 6 Juin 2022 et il est écrit et composé par Yasuyuki Okamura (岡村靖幸). C’est un morceau pop rock dont l’ambiance et la construction aux premiers abords plutôt classique n’étaient à priori pas destinées à me plaire, mais la voix pleine de passion d’AiNA m’a comme d’habitude rapidement accrochée. Le refrain à plusieurs voix est également très accrocheur et le final à rallonge me plait vraiment beaucoup. Le morceau fait 7 minutes et prend le temps de divaguer dans sa deuxième partie plus symphonique. C’est vraiment un beau morceau. J’écoute ensuite le nouveau single intitulé Jealousy (ジェラシー) de a子. Je suis cette compositrice et interprète depuis son premier EP et elle m’impressionne de plus en plus par sa capacité à créer à chaque fois des nouveaux morceaux qui surpassent les précédents. Elle évolue depuis quelques temps vers un terrain un peu plus pop mais garde tout de même cet esprit indies qui caractérise sa musique. J’aime beaucoup le rythme marqué du morceau et les éclats de lumières qui s’en dégagent. Le morceau Jealousy est même classé au top de la radio J-Wave, Tokio Hot 100, en 80ème position. Je pense que c’est la première que a子 est présente dans ce genre de classement, ce qui est une bonne chose car elle mérite vraiment d’être plus reconnue. Le morceau suivant de ma petite sélection est très différent car on part vers du hip-hop à base de pop électronique. J’ai déjà parlé plusieurs fois sur ce blog de la rappeuse Valknee. Ce nouveau morceau intitulé Bet Me! est assez différent de ses précédents, car la composition musicale par un musicien appelé Piano Otoko (ピアノ男) est extrêmement rapide et hachée. Le morceau est assez court mais extrêmement addictif si on veut bien se laisser entraîner vers ces sons certes très accidentés. Valknee va peut être connaître une célébrité prochaine car ce morceau a été sélectionné sur la playlist de Pitchfork. Pour terminer, j’écoute aussi beaucoup le nouveau single du groupe rock Ms.Machine. Ceux qui suivent attentivement ce blog doivent connaître le nom de ce groupe car j’en parle souvent. Le single se compose en fait de deux morceaux intitulés Vinter et Cloud gap. L’ambiance sombre ne diffère pas du premier album du groupe, avec toujours la voix parlée de SAI mélangée aux guitares et aux sons électroniques froids, flirtant avec l’industriel. Les mélodies sont très belles et un brin inquiétantes. Quelle ambiance sur ces deux morceaux! Les trois filles de Ms.Machine tiennent leur ligne stylistique mais arrivent tout de même à faire évoluer progressivement leur son, ce qui est de bonne augure pour la suite. Ms.Machine avait participé au festival Fuji Rock l’année dernière et j’espère bien qu’elles pourront continuer à se développer sur cette lancée, car c’est à mon avis un son assez atypique sur la scène musicale actuelle. Et petit détail à noter, Ms.Machine a eu l’amabilité de me répondre en français sur Twitter suite à mon message d’appréciation. J’ai l’impression que, de manière générale, ce genre d’attentions se font plus rares en ce moment sur Twitter.

et soudain surgit une couleur rouge

On parle souvent de l’utilisation optimale de l’espace à Tokyo et les deuxième et troisième photographies du billet ne viendront pas démentir cela. Le petit Torii rouge sur la troisième photographie semble être exactement à sa place encastré entre les murs d’une maison et ceux d’un immeuble. Plus d’espace n’aurait pas été nécessaire pour y poser ce petit autel shintō. L’agencement des pots de fleurs et de plantes le long des maisons comme sur la deuxième photographie est un art à part entière. Je persiste à dire que quelqu’un (pas moi) devrait sortir un livre de photographies avec ces agencements végétaux urbains. Tout est très joliment posé et entretenu. Il ne s’agit pourtant pas d’un magasin de plantes, mais d’une maison à priori quelconque du quartier de Minami Aoyama. On peut même à priori ouvrir les petites portes métalliques sans bouger les plantes, car elles sont coulissantes. Dans le même quartier, je retrouve des bâtiments que j’avais déjà photographié il y a longtemps. C’est le cas de Matrice sur la première photographie, un bâtiment de 1993 conçu par l’architecte Kazuo Kashinaga. L’oeuf y est toujours en équilibre incertain, mais j’imagine que personne n’a essayé de s’aventurer sur ces escaliers sans rambardes pour le pousser. Je passe donc de temps pour vérifier s’il a bougé. Sur la dernière photographie, les formes de béton de l’entrée de parking de la résidence Minami-aoyama Hivally par Chiaki Arai m’impressionne beaucoup. Il y a là aussi une forme d’art. Le béton y est impeccable.

Outre Hikki, j’écoute beaucoup en ce moment le deuxième EP de la compositrice et interprète aux cheveux rouges a子 dont j’ai déjà parlé très régulièrement sur ce blog, notamment à l’occasion de la sortie de son premier EP Misty Existence (潜在的MISTY) en Septembre 2020 et d’autres singles sortis plus récemment. On retrouve les singles déjà sortis récemment sur ce nouvel EP intitulé ANTI BLUE. Sur les six morceaux composant le EP, deux seulement sont réellement nouveaux. Mais ça ne m’a pas empêché d’aller acheter le EP en version CD le lendemain de sa sortie au Tower Records de Shibuya. J’ai tellement écouté les trois derniers morceaux du EP, bye, Drip (どろり) et somewhere, que j’ai eu envie comme par reconnaissance d’acheter également le CD. Les deux premiers morceaux Jōcho (情緒) et Tenshi (天使) sont également très bons et s’inscrivent bien dans l’ensemble du EP. En fait, Tenshi est inhabituellement plus upbeat que d’habitude pour a子 ce qui est une des agréables surprises du EP. A l’occasion de la sortie du EP, le morceau Jōcho est accompagné d’une vidéo conçue par l’illustratrice taïwanaise Ninzai et par une équipe d’animation taïwanaise. Le troisième morceau As I landed on Mars était déjà sorti il y a quelques mois sur iTunes et YouTube. Les morceaux que je préfère sont les deux derniers Drip (どろり) et somewhere, mais l’ensemble est excellent, un peu moins sombre que son premier EP, comme quoi elle arrive à vaincre petit à petit ses propres démons.

light waves

Les illuminations de fin d’année sont de retour sur l’avenue Omotesando. Elles avaient été supprimées l’année dernière et on les retrouve maintenant. Elles sont simples mais ce sont certainement les plus belles de Tokyo. Je les préfère aux lumières froides de Roppongi Hills ou de Tokyo Mid-Town. Ce genre d’illuminations ne rend pas très bien en photo, du moins je n’arrive pas à obtenir en photo l’effet qu’on peut avoir en les voyant réellement. Je me décide donc pour le mouvement pour retransmettre une idée de flots de lumières. Ces images retransmettent une sorte d’incandescence électrique qui correspond assez bien à l’image de couverture de la musique qui va suivre. L’année se termine bientôt et il me reste encore beaucoup de photographies de 2021 a montrer ici. Comme c’était le cas l’année dernière, je ne pense pas pouvoir toutes les montrer avant la fin de l’année.

J’écoute vraiment souvent le nouveau morceau de a子 (A-ko) intitulé Drip (どろり), sans m’en lasser une seconde depuis dix jours. Il est sorti le 8 Décembre. Il doit s’agir du morceau que je préfère et il y a pourtant beaucoup de morceaux que j’adore de a子, notamment son avant-dernier single Somewhere. Sur Drip, Il y a un dosage parfait entre une certaine mélancolie et une mélodie pop dans le refrain qui s’accorde parfaitement avec sa voix. J’aime aussi beaucoup la partie solo de guitare pleine d’écho qui intervient dans la dernière partie du morceau. J’aime avant tout l’émotion délicate qui se dégage de cette musique mais en même le morceau est très accrocheur. Il y a un équilibre qui est à mon avis difficile à obtenir mais a子 y parvient très bien sur certains morceaux comme celui-ci. Sa musique, que j’écoute depuis son très bel EP Misty Existence (潜在的MISTY), mériterait d’être beaucoup plus reconnue. Elle sort ses nouveaux morceaux au compte-goutte ces derniers temps et je profite de l’addiction que me procure actuellement Drip pour écouter d’autres morceaux que je ne connais pas encore ou que je connais moins de l’artiste. Il y a notamment le morceau bye sorti au début de l’année, le 4 Janvier, et que j’ai eu tord de manquer lors de sa sortie.

À propos de a子, je le savais déjà car j’en avais déjà parlé dans un billet précédent mais je me rends compte qu’elle adore Sheena Ringo et Tokyo Jihen. On ne voit par contre pas d’influence particulière dans ses compositions musicales ou dans sa voix qui est d’un style très différent de celle de Sheena, je dirais même à l’opposé. Elle poste souvent des Like sur son compte Twitter concernant SR/TJ et en parle même à plusieurs reprises en interview sur le site de revue musicale Mikiki, affilié à Tower Records. Quand on lui demande de citer les dix morceaux qui ont construit sa personnalité (私を作った10曲), elle cite Honnō (本能) de Sheena Ringo et Genjitsu wo Warau (現実を嗤う) de Tokyo Jihen (mais également un morceau de Sakanaction et de Flying Lotus). Je note ci-dessous ce que a子 nous dit à propos de Honnō dans cet article de Mikiki:

椎名林檎と言えばこの曲を真っ先に思い浮かべる方が多いのでは無いでしょうか。
もちろん私もその1人で、サウンド、歌詞、ビジュアル、どこを取っても素晴らしいの一言に尽きます。いつか同じように凄い楽曲を作ることが私の夢です。

Lorsqu’on évoque Sheena Ringo, beaucoup de personnes pensent d’abord à cette chanson (Honnō). Je suis, bien sûr, également une de ces personnes. Le son, les paroles, le visuel, où que vous regardiez, tout est merveilleux. Mon rêve est d’écrire un jour une chanson qui soit pareillement incroyable.

Dans une autre interview sur ce même site musical Mikiki, a子 nous parle de ses influences musicales, tout d’abord internationales. Elle évoque ensuite la musique de Sheena Ringo et l’approche qu’elle en a eu:

――その他に影響を受けたアーティストはいますか?
「日本人だと、椎名林檎さんがものすごく好きで……。実は、林檎さんの楽曲は上京するまでしっかり聴いたことなかったんですよ。ずっと存在は知っていて、〈あ、素晴らしい方がいらっしゃる〉みたいな。恐れ多いのですが、昔から目の端のほうで存在を捉えてはいたのですが、私の第六感が〈いまは聴くのをやめたほうがいいよ〉と言っていて。〈いま聴いたら自分のやりたかったこと全部完璧にしていらっしゃる椎名林檎さんと自分を比べて絶望して、音楽を辞めちゃうのでは〉と少し思っていまして。
でも、上京してから〈でもやっぱり聴きたい〉という思いに負けて、圧倒的なオーラを放っていらっしゃる林檎さんを聴いちゃいましたね。それで、椎名さんが出されているアルバムとかライブDVDとかを片っ端から聴いたり観たりしまして。もうまんまと沼に落ちまして、いまでは大好きなアーティストです」

– Y a-t-il d’autres artistes qui vous ont influencé ?
Pour ce qui est des artistes japonais, j’aime beaucoup Sheena Ringo… En fait, je n’écoutais pas attentivement la musique de Ringo-san avant de venir à Tokyo. Je connais par contre sa musique depuis longtemps, en me disant « Ah, il existe cette personne exceptionnelle ». Par crainte et dans une manière un peu rapide de voir les choses, mon sixième sens me disait « Tu devrais arrêter d’écouter sa musique. Si tu n’arrêtes pas d’écouter maintenant, tu vas irrémédiablement comparer ce que tu veux faire avec tout ce que Sheena Ringo a déjà fait parfaitement, et ça va te décourager à continuer la musique ». Mais après être venu à Tokyo, j’ai succombé à l’envie d’écouter sa musique, et j’ai fini par écouter Ringo-san à l’aura écrasante. J’ai ainsi écouté et regardé tous les albums et les DVDs Live que Ringo-san a sorti. Je ne peux maintenant plus m’en passer et c’est une artiste que j’adore.

Elle continue ensuite avec une remarque que j’avais déjà lu sur son Twitter et que j’avais déjà mentionné dans un billet précédent et une anecdote traduisant bien sa fascination pour l’artiste.

――では、椎名林檎さんはいまのa子さんにとって、心の支えと言っていいくらいに大切なアーティストでしょうか?
「そうなんですよ。自分は音楽をやっていて、〈しんどいな〉と思うときも多いんですよ。それでも東京事変とか椎名林檎さんを聴けば、全部治ります(笑)。
余談ですが、うちのバンドのドラムが『Mステ』にサポートとして出演したんですよ。そのときに椎名林檎さんがいらっしゃって、会釈したらしんですよ。もううらやましくて、憎くて憎くて(笑)。すごくないですか? 会釈されたということは、認知されたということですよ? もうすごすぎて、彼から椎名さんの残り香をすごいもらいました」

– Donc, peut on dire que Sheena Ringo est une artiste si importante pour vous qu’elle vous donne la force de continuer?
C’est tout à fait vrai. J’écris et joue de la musique et je pense très souvent que c’est difficile et douloureux. Et pourtant, si j’écoute Tokyo Jihen ou Sheena Ringo, toutes ses douleurs se guérissent (rires). En aparté, le batteur de mon groupe est passé en support dans l’émission « Music Station ». Sheena Ringo était également présente à l’émission à ce moment-là et lui a apparemment fait un hochet de tête. J’étais tellement jalouse que je l’ai détesté sur le moment (rires). Mais n’est ce pas incroyable? Le fait de recevoir un hochet de tête veut dire qu’on a été reconnu, n’est ce pas? C’était tellement incroyable que j’ai même ressenti de lui les restes de l’odeur de Sheena Ringo.

C’est plutôt amusant de lire ce genre de remarques. J’ai personnellement du mal à mettre des artistes à des niveaux différents car, pour moi, un seul morceau exceptionnel peut valoir tous les albums. a子 est une jeune artiste et n’en est bien sûr qu’au début de sa carrière, ce qui explique certainement cette fascination. Dans un début de reconnaissance, elle notait sur son Twitter que Vaundy avait joué un de ses morceaux dans une playlist de radio. Moi qui adore dresser des liens entre des artistes que j’apprécie, je suis très satisfait de ces découvertes et c’est la raison pour laquelle je les mentionne ci-dessus.

青山ウォーク❻

Même après avoir marché des dizaines de fois dans ces quartiers résidentiels d’Aoyama, j’y trouve encore maintenant des éléments du paysage urbain qui n’avaient pas attiré mon regard jusqu’à maintenant. C’est le cas notamment de cette maison sur la première photographie dont les couleurs et l’arrangement spatial de l’entrée et de l’escalier sont très particuliers. Je ne connais pas non plus la maison de la troisième photographie mais elle est sobre et élégante. Il m’arrive souvent, ces derniers temps, de découvrir le nom de l’architecte de certaines maisons ou buildings bien après que je les ai aperçu au hasard des rues. Il m’arrive régulièrement de me faire un commentaire à moi-même sur des anciens billets pour rajouter le nom de l’architecte. Je découvre souvent des maisons que j’ai déjà vu en réalité lorsque je parcours les sites web d’architectes. Certains sites web d’architectes sont très complets et montrent en détails la liste de leurs créations architecturales avec de nombreuses photos et parfois même des indications sur le lieu où elles se trouvent. Il est rare d’y trouver l’adresse mais je reconnais parfois un lieu grâce aux photos d’ensemble qui y sont montrées. Parcourir ces sites d’architecture est un de mes petits plaisirs. Parmi les photographies de ce billet, il y a bien entendu des lieux que je montre souvent car leur beauté architecturale n’incite à chaque fois à les prendre en photo, mais sous des angles légèrement différents cette fois-ci. Les visiteurs réguliers de Made in Tokyo reconnaîtront certainement la maison Wood/Berg par Kengo Kuma sur la quatrième photographie et l’école de bijouterie Hiko Mizuno par l’architecte Mitsuru Kiryu sur la dernière photographie. Il arrive encore maintenant que je découvre une rue que je ne connaissais pas, dans des lieux un peu à l’écart du reste du quartier comme celui où se trouve l’escalier en colimaçon jaunâtre de la sixième photographie. Le vieux bâtiment n’a rien de remarquable mais l’allure de cet escalier m’a attiré jusque là.

Côté musique, je sélectionne des morceaux par-ci par-là. Ce sont soit des artistes que je connais déjà, soit des artistes que j’ai découvert sur YouTube ou des morceaux que j’ai entendu à la radio. Le nouveau morceau de Kirinji intitulé Hazeru Shinzō (爆ぜる心臓, cœur qui explose) est une collaboration avec la rappeuse Awich. Depuis le morceau Killer Tune Kills Me de Kirinji avec YonYon que j’ai énormément aimé et écouté, je me trouve une nouvelle fois impressionné par ce nouveau morceau, bien qu’il soit très différent. L’association du hip-hop et des envolées vocales et musicales est très particulière, mais ce mélange des genres fonctionne très bien. Il y a quelque chose de grandiose dans l’instrumentation et dans la force de la voix de Takaki Horigome (堀込 高樹). Awich, de son vrai nom Urasaki Akiko, originaire d’Okinawa, est une des figures reconnues de la scène hip-hop japonaise, mais je connais assez peu sa musique, à part sa collaboration avec NENE sur le morceau Make It sur le EP Yumetaro sorti l’année dernière. Sur ma petite playlist, le morceau suivant intitulé Japanese par Show-Go est plus reposant. J’avais déjà vu cet artiste dans une émission de Matsuko Shikanai Sekai, car Show-Go (Shogo Kai de son vrai nom) est plutôt connu pour ces créations beatbox. Les morceaux beatbox qu’il crée sont impressionnants mais je préfère la nonchalance de ces morceaux chantés comme celui-ci. Il y a une sorte de tranquillité, ajoutée à celle de Kyoto que je crois reconnaître dans les vidéos. Les petits cui-cui d’oiseaux au début du morceau ajoutent même un côté bucolique, comme si on marchait dans une forêt de bambous ou au bord de la rivière Oigawa à Arashiyama. Show-Go chante en anglais et le refrain répète ces paroles ‘Please don’t worry ‘cause I’m Japanese, speak so quietly and slowly…’ je me demande s’il y de l’ironie dans ces paroles, qui donneraient un cliché sur la manière dont peuvent être vus les japonais par des étrangers. Le morceau suivant que je découvre dans cette petite série de singles s’intitule Somewhere par a子 (prononcé ako). Je connais déjà a子 pour avoir découvert son premier EP Misty Existence (潜在的MISTY) il y a plusieurs mois. Ce nouveau morceau est vraiment excellent et je l’écoute beaucoup. Il s’agit d’un des morceaux les plus accrocheurs qu’elle ait créé, mais il garde une certaine mélancolie dans sa voix que j’aime beaucoup. Ça doit être le morceau que je préfère de a子 jusqu’à maintenant. Parfois, je suis reconnaissant envers ces artistes qui nous donnent de si belles choses à écouter. Je voulais rester dans le rouge pour les couvertures de singles, mais je passe involontairement et soudainement vers les couleurs bleutées pour le nouveau single d’Utae. Je suis avec attention les nouvelles sorties musicales d’Utae depuis plusieurs années maintenant, mais il faut bien dire qu’elle sort ses nouveaux morceaux au compte-goutte. Son nouveau single s’intitule STOP. On y trouve là encore une certaine mélancolie dans les ambiances sonores électroniques vaporeuses poussant à une forme de méditation. On a l’impression que le morceau n’a pas de matérialité comme un petit nuage sonore. C’est peut-être dû au fait que la structure du morceau évolue petit à petit sans avoir vraiment de refrain. Je me nourris beaucoup de ce genre de mélancolie musicale qui fait disparaître la mienne lorsque j’écoute ce type de morceaux. Elle m’est en fait nécessaire.