青山ウォーク❻

Même après avoir marché des dizaines de fois dans ces quartiers résidentiels d’Aoyama, j’y trouve encore maintenant des éléments du paysage urbain qui n’avaient pas attiré mon regard jusqu’à maintenant. C’est le cas notamment de cette maison sur la première photographie dont les couleurs et l’arrangement spatial de l’entrée et de l’escalier sont très particuliers. Je ne connais pas non plus la maison de la troisième photographie mais elle est sobre et élégante. Il m’arrive souvent, ces derniers temps, de découvrir le nom de l’architecte de certaines maisons ou buildings bien après que je les ai aperçu au hasard des rues. Il m’arrive régulièrement de me faire un commentaire à moi-même sur des anciens billets pour rajouter le nom de l’architecte. Je découvre souvent des maisons que j’ai déjà vu en réalité lorsque je parcours les sites web d’architectes. Certains sites web d’architectes sont très complets et montrent en détails la liste de leurs créations architecturales avec de nombreuses photos et parfois même des indications sur le lieu où elles se trouvent. Il est rare d’y trouver l’adresse mais je reconnais parfois un lieu grâce aux photos d’ensemble qui y sont montrées. Parcourir ces sites d’architecture est un de mes petits plaisirs. Parmi les photographies de ce billet, il y a bien entendu des lieux que je montre souvent car leur beauté architecturale n’incite à chaque fois à les prendre en photo, mais sous des angles légèrement différents cette fois-ci. Les visiteurs réguliers de Made in Tokyo reconnaîtront certainement la maison Wood/Berg par Kengo Kuma sur la quatrième photographie et l’école de bijouterie Hiko Mizuno par l’architecte Mitsuru Kiryu sur la dernière photographie. Il arrive encore maintenant que je découvre une rue que je ne connaissais pas, dans des lieux un peu à l’écart du reste du quartier comme celui où se trouve l’escalier en colimaçon jaunâtre de la sixième photographie. Le vieux bâtiment n’a rien de remarquable mais l’allure de cet escalier m’a attiré jusque là.

Côté musique, je sélectionne des morceaux par-ci par-là. Ce sont soit des artistes que je connais déjà, soit des artistes que j’ai découvert sur YouTube ou des morceaux que j’ai entendu à la radio. Le nouveau morceau de Kirinji intitulé Hazeru Shinzō (爆ぜる心臓, cœur qui explose) est une collaboration avec la rappeuse Awich. Depuis le morceau Killer Tune Kills Me de Kirinji avec YonYon que j’ai énormément aimé et écouté, je me trouve une nouvelle fois impressionné par ce nouveau morceau, bien qu’il soit très différent. L’association du hip-hop et des envolées vocales et musicales est très particulière, mais ce mélange des genres fonctionne très bien. Il y a quelque chose de grandiose dans l’instrumentation et dans la force de la voix de Takaki Horigome (堀込 高樹). Awich, de son vrai nom Urasaki Akiko, originaire d’Okinawa, est une des figures reconnues de la scène hip-hop japonaise, mais je connais assez peu sa musique, à part sa collaboration avec NENE sur le morceau Make It sur le EP Yumetaro sorti l’année dernière. Sur ma petite playlist, le morceau suivant intitulé Japanese par Show-Go est plus reposant. J’avais déjà vu cet artiste dans une émission de Matsuko Shikanai Sekai, car Show-Go (Shogo Kai de son vrai nom) est plutôt connu pour ces créations beatbox. Les morceaux beatbox qu’il crée sont impressionnants mais je préfère la nonchalance de ces morceaux chantés comme celui-ci. Il y a une sorte de tranquillité, ajoutée à celle de Kyoto que je crois reconnaître dans les vidéos. Les petits cui-cui d’oiseaux au début du morceau ajoutent même un côté bucolique, comme si on marchait dans une forêt de bambous ou au bord de la rivière Oigawa à Arashiyama. Show-Go chante en anglais et le refrain répète ces paroles ‘Please don’t worry ‘cause I’m Japanese, speak so quietly and slowly…’ je me demande s’il y de l’ironie dans ces paroles, qui donneraient un cliché sur la manière dont peuvent être vus les japonais par des étrangers. Le morceau suivant que je découvre dans cette petite série de singles s’intitule Somewhere par a子 (prononcé ako). Je connais déjà a子 pour avoir découvert son premier EP Misty Existence (潜在的MISTY) il y a plusieurs mois. Ce nouveau morceau est vraiment excellent et je l’écoute beaucoup. Il s’agit d’un des morceaux les plus accrocheurs qu’elle ait créé, mais il garde une certaine mélancolie dans sa voix que j’aime beaucoup. Ça doit être le morceau que je préfère de a子 jusqu’à maintenant. Parfois, je suis reconnaissant envers ces artistes qui nous donnent de si belles choses à écouter. Je voulais rester dans le rouge pour les couvertures de singles, mais je passe involontairement et soudainement vers les couleurs bleutées pour le nouveau single d’Utae. Je suis avec attention les nouvelles sorties musicales d’Utae depuis plusieurs années maintenant, mais il faut bien dire qu’elle sort ses nouveaux morceaux au compte-goutte. Son nouveau single s’intitule STOP. On y trouve là encore une certaine mélancolie dans les ambiances sonores électroniques vaporeuses poussant à une forme de méditation. On a l’impression que le morceau n’a pas de matérialité comme un petit nuage sonore. C’est peut-être dû au fait que la structure du morceau évolue petit à petit sans avoir vraiment de refrain. Je me nourris beaucoup de ce genre de mélancolie musicale qui fait disparaître la mienne lorsque j’écoute ce type de morceaux. Elle m’est en fait nécessaire.

もう外に出かけるの

Ces quelques photographies prises au parc Inokashira datent d’il y a deux semaines. À chaque fois que nous allons à Kichijōji, nous faisons un tour complet du plan d’eau. Cette fois-ci, il y a foule et on a l’impression que l’activité y a repris comme avant. Les petits vendeurs ou artistes placés normalement le long de l’allée principale sont par contre absents. Je n’ai que rarement marché seul dans ce parc, car j’y vais presque toujours accompagné de mon grand. Je ne dis plus petit car il est presque déjà aussi grand que moi, à une dizaine de centimètres près, et il est maintenant déjà à l’aube de l’adolescence. C’est un virage important à ne pas manquer mais j’essaie de ne pas trop y penser. On marche dans le parc tout en discutant. Bien sûr notre conversation est interrompue par une prise de photo de temps en temps. L’appareil photo fait partie de toutes nos déplacements car je l’emmène à chaque fois dans mon sac le week-end, peu importe où nous allons et même si je connais l’endroit par cœur.

Quelle belle découverte cet EP de a子 (prononcé ako) intitulé Misty Existence (潜在的MISTY), assez sombre dans l’ensemble mais avec parfois des accents pop bienvenus. Le premier morceau intitulé CHAOS est certainement celui qui marque dès la première écoute. J’aime en général les morceaux d’un ou d’une artiste en fonction de l’émotion dégagée par leur voix et leur manière de chanter. Sur Le deuxième morceau Nettaiya (熱帯夜) par exemple, la voix de a子 dégage une tension palpable, à la limite du tremblement, qui ne laisse pas indifférent. L’ensemble des 6 morceaux pour 22 minutes forment un ensemble cohérent et musicalement très dense et sophistiqué. Du saxophone intervient par exemple sur un des morceaux. J’adore cette ambiance. Il s’agit de son premier EP et c’est une artiste à suivre. Je découvre sa musique par la sélection de Tower Records sur leur compte Twitter Tower Doors qui part à la recherche des nouveaux artistes. Pas facile de suivre toutes leurs recommandations, mais je pioche parfois au hasard. Je découvre a子 à travers une interview qu’elle donne pour une émission organisée par Tower Doors sur InterFm, mais que j’ai vu sur YouTube. La pochette légèrement floue, comme sa voix dans le EP d’ailleurs, me laissait présager une ambiance brumeuse qui m’a tout de suite attiré.