don’t wanna come down just let me fly

La construction du nouveau building Ginza Sony Park vient de s’achever le 15 Août 2024 au croisement de Sukiyabashi à Ginza. Je me suis empressé d’aller le voir mais il n’était malheureusement pas encore ouvert au public. Ce nouveau building de béton conçu par Takenaka Corporation est de taille volontairement basse par rapport au reste du quartier de Ginza et montre un style brutaliste particulièrement unique dans ce quartier. Ce nouveau Ginza Sony Park est en fait la dernière étape d’un processus de reconstruction suite à la démolition de l’immeuble initial, le Sony Building conçu par l’architecte Yoshinobu Ashihara ouvert en 1966. Suite à la destruction du Sony Building en 2017, un parc urbain minimaliste déjà appelé Ginza Sony Park avait vu le jour de 2018 à 2021. Cet espace contenait des zones en sous-sol utilisées pour des évènements notamment musicaux. J’avais par exemple mentionné sur ce blog l’exposition de King Gnu et Millennium Parade et des Live sessions de D.A.N. ou encore Tamanaramen (玉名ラメン). Je suis à vrai dire assez impatient de voir quelle utilisation sera faite de cet espace et j’espère que ça restera dans le même esprit que le parc urbain précédent, plutôt qu’une succession de magasins standardisés. Je lis que l’intention est toujours que cet espace soit avant tout un espace publique pour divers événements notamment artistiques.

Côté musique, la mauvaise nouvelle d’abord est que Millennium Parade a soudainement décidé d’annuler leur tournée mondiale incluant les deux dates à Tokyo. Les places sont bien entendu remboursées mais c’est quand même bien dommage. La raison est donnée par le groupe mais reste assez vague, car on se demande s’il s’agit d’un manque de temps pour la préparation ou de problèmes techniques avec les promoteurs de salles de spectacle à travers le monde. Il est mentionné que le groupe ne serait pas en mesure d’assurer le niveau de qualité souhaité et a pris la difficile décision de tout arrêter pour cette tournée. A vrai dire, j’étais déjà un peu inquiet car Millennium Parade n’a sorti que deux morceaux récemment sans perspective d’un nouvel album avant la série de concerts. Leur dernier single M4D LUV est certes plaisant mais je le trouvais quand même nettement moins intéressant et en deçà des morceaux du premier album du groupe. Je pense que je tenterais leur prochain concert en fonction de la qualité de leur prochain album. Ce n’est pas vraiment pour compenser mais je me suis finalement décidé à aller voir Haru Nemuri (春ねむり) en concert dans la salle Shibuya WWW X. Je suis assez partagé sur la musique d’Haru Nemuri qui suit son excellent album Haru to Shura, mais en écoutant à nouveau quelques morceaux de ses albums et EPs suivants, je me dis qu’il me faut peut-être reconsidérer mon opinion. En fait, je suis surtout extrêmement curieux de la voir sur scène et l’émotion des premières fois où j’ai été pris par la force de sa musique reste très bien ancré dans ma mémoire. Il y aura également deux premières parties: un jeune artiste d’influence hip-hop nommé Yatsui Ichijiku (奴居イチヂク) que je ne connais pas et qui jouera à priori pendant une trentaine de minutes, puis le groupe rock alternatif Mass of the Fermenting Dregs (Masudore) que je connais assez bien et qui devrait jouer pendant environ une heure avant le set d’Haru Nemuri. Je suis en fait également très curieux de voir et écouter le set de Masudore car je les suis depuis un bon petit moment. Pour le concert d’Osaka d’Haru Nemuri le Vendredi 30 Août 2024, les invités étaient différents, car se produisaient le rappeur GOMESS et Minori Nagashima (長嶋水徳). Le rock alternatif assez brut de Minori Nagashima m’intéresse et le fait qu’elle participe à la tournée d’Haru Nemuri a certainement été le déclic même si elle ne jouera pas à priori à Tokyo. Minori Nagashima (alias Serval Dog) est également parfois la guitariste accompagnant Haru Nemuri. De Minori Nagashima, j’écoute en ce moment son nouveau single intitulé Sea of Dawn (夜明けの海) qui a une petite pointe de rock 90s qui me plait vraiment beaucoup. Elle est originaire de Shizuoka et j’imagine que la vidéo du morceau a été tournée sur une plage quelque part là bas. J’écoute également récemment le nouveau single d’AiNA The End intitulé Love Sick, qui est extrêmement dense et changeant. Je trouve ce morceau très fidèle au style qui n’a rien d’apaisé d’AiNA car elle pousse sans cesse sa voix à la limite de la rupture. Ce morceau est une nouvelle fois de TK de Ling Toshite Shigure (凛として時雨) et ça se ressent également beaucoup lors de certaines transitions où on croirait presque que la voix de TK se croise avec celle d’AiNA. Ils devraient vraiment faire un duo ensemble, ça pourrait ressembler à la catharsis de Ling Toshite Shigure quand les chants de TK et de 345 (Miyoko Nakamura) s’entrainent l’un et l’autre. AiNA a également cette même densité vocale et ça doit être la raison pour laquelle les compositions de TK fonctionnent bien pour elle. Et le titre du billet est titré des paroles du morceau Fly (feat. Cherish) du compositeur et producteur électronique anglais Mura Masa, que j’écoute également en boucle en ce moment.

sakura overload (un dernier sanctuaire)

Le sanctuaire de Yasukuni se trouve juste à côté de Chidorigafuchi. Il suffit de traverser une passerelle piétonne pour se retrouver à l’entrée de l’immense torii du sanctuaire et de la large et longue allée qui y mène. La foule s’intensifie plus on approche du hall principal du sanctuaire, mais ça n’empêche pas d’apprécier l’effet de cadrage que forme la grande porte juste avant le hall sur le paysage de fleurs qui se révèle petit à petit devant nous. Je resterais assez peu de temps dans l’enceinte du sanctuaire car il était plus que difficile de cadrer ses propres photographies avec autant d’éléments mouvant autour de soi. Cette année, je ne suis volontairement pas allé voir les cerisiers au bord de la rivière Meguro car la foule doit y être encore plus dense sur des allées beaucoup plus étroites. Il y a quelques années, il n’y avait pas autant de monde à Naka-Meguro. Le lendemain, nous irons voir les cerisiers ailleurs, en dehors du centre de Tokyo, mais en attendant, je passe par le centre de Shibuya pour une autre foule entassée devant la station. Il faut croire que cette densité humaine m’attire sans cesse. Après cette fatigue accumulée à piétiner sans marcher sur les autres, je ne sais pour quelle raison l’envie de boire une bière pression bien fraîche me prend soudainement (生きれば生きるほど生ビールはうまい!).

Je découvre grâce à YouTube le morceau Exit A8 (A8番出口) d’une jeune compositrice et interprète appelée Noa (乃紫) que je ne connaissais pas. Elle a sorti une bonne dizaine de singles mais pas encore d’albums ou de EP. Le morceau Exit A8, qui doit certainement faire référence à la sortie débouchant sur Hachiko (ハチ公口) de la station de Shibuya si on lit les paroles, a une composition rock relativement classique mais bien maîtrisée, et le chant de Noa est très convaincant et engageant. La fiche Wikipedia donne très peu d’information sur sa jeune carrière mais note un point qui m’intéresse sur ses influences. Lors d’une interview avec le journaliste de la presse musicale Tomonori Chiba (柴那典), de Rockin’on Japan entre autres, elle a cité Sheena Ringo, Tokyo Jihen et Radwimps comme influences de sa musique. Je suis donc en terrain connu, et me réconforte dans cette idée que de nombreuses jeunes compositrices et interprètes rock ont été influencées par la liberté artistique de Sheena Ringo, du moins par sa première partie de carrière.

Toujours dans le rock japonais, mais plus underground, je reviens vers la musique du groupe SOM4LI (ソマリ) avec un nouveau morceau intitulé (I’m) SICK OF IT. J’avais déjà parlé de ce groupe basé à Tokyo et composé de quatre membres: Rio Shimamoto (également du groupe Strip Joint), Mako et Risako (de feu Ms.Machine) et SHV du groupe KLONNS. C’est dommage que le groupe Ms.Machine se soit dissolu, mais je me réconforte en quelque sorte avec les nouveaux morceaux de SOM4LI qui arrivent malheureusement au compte-gouttes. J’imagine bien que les membres du groupe sont déjà occupés leurs formations respectives. Mako a par exemple une activité principale en tant qu’artiste électronique de style Witch House, sous le nom 1797071. Elle écrit également les paroles des morceaux de SOM4LI et chante. Le style général de SOM4Li et de ce morceau en particulier est brut, que ça soit dans le chant de Mako ou les guitares bruitistes qui l’accompagnent rappelant le rock alternatif américain. J’aime beaucoup la dernière partie du morceau où elle crie dans ce qui ressemble à une complainte répétitive.

君が僕の東京になる

Il m’arrive rarement de boire de l’alcool le midi le week-end (et encore moins les jours travaillés) car je ne sais jamais si l’occasion de conduire se présentera dans la journée et la tolérance est à zéro au Japon. Mais l’occasion se présente de temps en temps, comme ici à Kamata près de la station lors d’un festival appelé tout simplement Oishii Michi (おいしい道) avec tables et stands posés sur la rue avec diverses choses à manger et à boire. La météo était idéale pour passer quelques heures assis dehors sans compter les heures en se laissant emporter par une légère ivresse. Du coup, cette légère ivresse me fait voir des choses inattendues comme des camionnettes vendant des nikuman recouverts de filles à la mode manga poussant les esprits faibles à la consommation, ou comme ces étranges personnages colorés se faisant photographier avec une population enjouée. Sont-ils réels ou issus de mon imagination?

Les photographies suivantes sont prises à l’extérieur et intérieur du musée National Art Center Tokyo (NACT) conçu par Kisho Kurokawa et dont la construction a été terminée en Mai 2006. Kisho Kurokawa est mort l’année suivante, en 2007 au mois d’Octobre à l’âge de 73 ans. Je me souviens l’avoir aperçu plusieurs fois marchant lentement et même péniblement dans le couloir du 13ème étage du building Ark Mori à Tameike Sanno, car je travaillais à cette époque au même étage. J’y repense à chaque fois que je viens voir le building du musée NACT. J’étais venu pour voir l’exposition Interface of Being (真空のゆらぎ) de l’artiste Shinji Ohmaki (大巻伸嗣) qui s’y déroule jusqu’au 25 Décembre 2023 et qu’il serait dommage de manquer. Elle m’avait en tout cas beaucoup inspiré dans l’écriture de mon billet sur les fluctuations du vide qui nous entoure. Ce building est pour sûr très inspirant et nous donne plein d’images en tête. Il doit compter dans la liste des architectures les plus remarquables de Tokyo.

La dernière photographie du billet me fait revenir une nouvelle fois dans le parc central de Nishi-Shinjuku où ont été tournées de nombreuses scènes du film Kyrie no Uta (キリエのうた) du réalisateur Shunji Iwai (岩井俊二) dont une des scènes finales. Je garde encore maintenant de très bons souvenirs de ce film, que j’ai très envie de revoir, même si ça sera désormais sur les plateformes de streaming comme Netflix ou Amazon Prime. Je m’assois plusieurs dizaines de minutes à l’endroit où j’ai pris cette photo. Il y a quelques bancs posés dans la verdure depuis lesquels on peut observer au loin les buildings de Nishi-Shinjuku, notamment la très reconnaissable Mode Gakuen Cocoon Tower de Tange Associates.

J’ai mentionné dans un précédent billet qu’il fallait que je trouve un peu de temps pour aller voir l’exposition Revolution 9 du photographe Takashi Homma (ホンマタカシ) se déroulant jusqu’au 24 Janvier 2024 au Musée de la photographie à Yebisu Garden Place. L’exposition occupe plusieurs salles d’un étage du musée mais ne contient pas un nombre très conséquent d’oeuvres. Le prix du billet d’entrée plutôt réduit pour ce genre d’exposition me laissait en effet présager qu’on devait en faire assez vite le tour. Les photographies de Takashi Homma montrées lors de cette exposition sont toutes autant singulières qu’elles sont inspirantes. La plupart des œuvres sont composées de collages de plusieurs photographies prises au même endroit, mais sans soucis directs de faire des raccords parfaits entre les photographies, pour donner l’illusion d’une photographie gigantesque. Les décalages de tons et de couleurs sont souvent marqués entre deux photographies posées les unes à côté des autres. C’est une approche assez radicale de l’expression photographique, qui m’inspire dans le sens où j’aime de temps en temps également triturer mes photographies pour construire une nouvelle réalité. Du photographe, j’ai toujours en tête le photobook Tokyo and my Daughter que je ne possède pas dans ma librairie personnelle mais auquel je pense de temps en temps, car il m’avait inspiré à une certaine époque où je m’essaie d’une manière similaire à mélanger des photos de ville et d’architecture avec celles de mon fils étant tout petit. L’exposition Revolution 9 est très différente et est même déroutante, car de nombreuses photos sont par exemple positionnées en sens inverse. Le titre de cette exposition serait inspirée par la chanson des Beatles Revolution 9 qui est un collage d’une variété de sources sonores. L’association musicale à la photographie me parle beaucoup. En ce sens là, l’approche photographique de Takashi Homma m’attire toujours et m’interpèle. Elle ne cherche pas à atteindre la beauté esthétique. Une des salles de l’exposition a ses murs tapissés de grands pans photographiques que l’on peut observer à travers un système de miroirs. Je me prends moi-même en photo par inadvertance alors que je pensais plutôt saisir les murs photographiques. On pourra au moins remarquer mon t-shirt de Miyuna que j’aime beaucoup porter ces derniers temps. Au premier sous-sol du musée, on pouvait visiter gratuitement une galerie de photographies proposées par la Tokyo Polytechnic University (東京工芸大学). Cette exposition se déroulant jusqu’au 10 Décembre 2023 s’intitule Integrating Technology & Art through Photography. On peut y voir quelques photos connus comme certaines d’Eikoh Hosoe (細江英公) (dont une de Yukio Mishima de la série BA・RA・KEI / Ordeal by Roses). Cette exposition commémorative retrace l’histoire de l’Université polytechnique de Tokyo, dévoilant les origines de l’enseignement de la photographie au Japon et explorant les relations entre l’Université et le monde de la photographie japonaise à travers les époques. On a vite fait le tour de cette exposition mais elle vaut le détour. Les deux dernières photographies de la série ci-dessus proviennent de cette exposition. Je n’ai malheureusement pas eu la présence d’esprit de noter le nom du photographe de la photographie de droite que j’aime pourtant beaucoup. En fait, Google Lens m’apprend après coup qu’il s’agit d’une photographie prise en 1950 par Kiyoji Ohtsuji (大辻清司) de l’artiste Hideko Fukushima (福島秀子). Cette application Google Lens est assez pratique et elle est apparemment régulièrement utilisée par les visiteurs de ce blog sur mes photos.

Musicalement maintenant, quelques nouveaux singles d’artistes que je suis avec une attention certaine et que j’ai déjà maintes fois évoqué sur ce blog. Je parlais de Miyuna un peu plus haut et elle vient justement de sortir un nouveau titre intitulé Oikakete (追いかけて). Il commence assez doucement puis monte progressivement en intensité comme souvent chez Miyuna. J’aime toujours autant sa voix sur laquelle repose beaucoup la qualité de ce nouveau morceau. C’est un peu similaire pour le nouveau single d’AiNA The End intitulé Diana (華奢な心). Elle est très active en ce moment après une tournée rapide à Londres, WACK in the UK, avec d’autres groupes de l’agence Wack (dont ExWHYZ) et la sortie récente de l’album du film Kyrie no Uta (キリエのうた) dont j’ai déjà parlé. Le collage servant de pochette à ce single a été créé par Ohzora Kimishima (君島大空) qui a décidément de nombreuses qualités artistiques. Le morceau d’AiNA est une ballade qui prend son temps mais s’imprègne très progressivement dans notre inconscient. Je n’aime pas toutes ses ballades mais celle-ci me plaît vraiment beaucoup. AiNA l’avait d’abord présenté dans une session live sur YouTube appelée Room Session (冬眠のない部屋). J’aime aussi beaucoup l’esprit rock indé du nouveau single de PEDRO intitulé Shunkashūtō (春夏秋冬) du nouvel album Omomuku mama ni, Inomuku mama ni (赴くままに、胃の向くままに) qui vient de sortir. Le morceau mise beaucoup sur la composition de guitare d’Hisako Tabuchi avec des parties en riff solo très marquantes. On a l’impression qu’Ayuni ne force pas son chant et chante même quand elle a envie car j’ai toujours l’impression qu’elle manque une partie des paroles d’un couplet à un moment du morceau. J’aime beaucoup ce genre de moments d’interrogation. Comme je le dis à chaque fois, il faut être réceptif à sa voix et à sa manière de chanter. Dans les voix particulières, il y a aussi celle d’a子 qui sort un nouveau single très immédiat et accrocheur intitulé Racy. Le morceau est excellent et rentrera facilement dans la liste de ses meilleurs morceaux. Je me dis parfois qu’il suffirait qu’un de ses morceaux soit utilisé comme thème d’un anime ou drama à succès pour que sa carrière décolle et devienne mainstream. Ce single sera présent sur un nouvel EP intitulé Steal your heart qui sortira le 6 Décembre 2023. Il y a beaucoup de sorties d’albums qui m’intéressent en cette fin d’année car Hitsuji Bungaku sort également son nouvel album 12 hugs (like butterflies) le 6 Décembre. Vaundy a sorti son double album Replica il y a quelques semaines, et vient de passer pour la première fois à Music Station, ce qui parait incroyable. King Gnu vient aussi de sortir son nouvel album The great Unknown cette semaine avec un excellent teaser. Bref, beaucoup d’idée de cadeaux pour Noël, sachant que je ne me suis pas encore procuré le Blu-ray du dernier concert (椎名林檎と彼奴等と知る諸⾏無常) de Sheena Ringo, celui que j’avais été voir cette année. Je suis un peu moins pressé car je l’ai en fait déjà vu et enregistré sur WOWOW.

Dans le billet précédent, je mentionnais que Moeka Shiotsuka (塩塚モエカ) de Hitsuji Bungaku avait inscrit un morceau du groupe rock indé americain Pavement dans la playlist de l’émission radio de Seji Kameda sur J-Wave dont elle était l’invité. Cela m’a donné l’envie irrésistible de revenir vers la musique du groupe, surtout que le morceau que Moeka mentionnait, Date with IKEA, est sur l’album Brighten the Corners de 1997 que je n’avais en fait jamais écouté en intégralité. J’écoute également l’album Wowee Zowee de 1995 qui est plus désorganisé mais qui doit être un de mes préférés du groupe. Deux excellents albums que j’aurais dû écouter il y a 25 ans à l’époque où je n’écoutais presque que ce style de rock alternatif américain. La manière de chanter de Stephen Malkmus est accidentée et n’a rien de conventionnel. Elle a ce petit quelque chose de naturel qui nous donne l’impression qu’il nous parle de son quotidien. Certains morceaux me rappellent un peu musicalement les premiers albums de Beck, notamment Mellow Gold et Odelay sortis à peu près à cette même époque. On y trouve un même bouillon créatif rock qui déborde d’idée mais reste très brut dans son approche. Les morceaux Stereo sur Brighten the Corners et Rattled by the Rush sur Wowee Zowee sont des bons points d’entrée. On peut ensuite se diriger vers des morceaux comme Fight This Generation ou Grounded et se plonger ensuite d’une manière nonchalante dans le discographie complète du groupe.

ヤエス出口から御徒町

La première photographie montrant le côté Yaesu (八重洲) de la grande gare de Tokyo a été prise depuis la tour récente Tokyo Mid-Town Yaesu que Mari et moi avons visité sommairement il y a quelques semaines, histoire de voir s’il y avait des choses intéressantes. Un des étages comprend un vaste espace ouvert semblable à un food court qui est plutôt agréable. Juste à côté de Yaesu Mid-Town, le Yanmar Tokyo Building conçu par Nikken Sekkei est particulièrement intéressant pour son alignement de tubes rouges recouvrant une partie du rez-de-chaussée donnant accès à l’entrée du building. Ça m’a donné l’image d’un découpage au sabre d’une partie du béton et du verre du rez-de-chaussée pour donner accès à l’entrée. Ceci étant dit, je doute quand même que ce rouge vif représente les entrailles du building, et j’imagine qu’il s’agit plutôt d’une correspondance à la forme et à la couleur du logo de la marque d’équipements agricoles (entre autres) Yanmar, qui donne son nom à ce building. La tour se compose principalement de bureaux avec quelques restaurants. Je ne l’ai malheureusement pas remarqué moi-même, mais certains étages laissent apparemment la végétation dépasser sur la façade.

Quelques semaines plus tard, j’étais assis avec mahl de l’autre côté de la grande station de Tokyo, côté Marunouchi, sur la terrasse d’étage du building KITTE. On regardait ces buildings tout un buvant un café et en discutant de diverses choses. C’était la première fois qu’on se rencontrait et c’est toujours étonnant de se voir finalement après de nombreuses années à avoir échangé par écrits interposés sur nos blogs. Nous parlons de musique japonaise bien sûr, du fait d’écrire sur un blog et de beaucoup d’autres choses. Il passait en coup de vent à Tokyo pour la journée pour repartir ensuite à Nagoya, et la rencontre pour le déjeuner a été bien rapide. Au plaisir d’une prochaine rencontre.

Les autres photographies du billet ont été prises depuis la gare d’Okachimachi (御徒町駅), juste avant Ueno. Elles datent de Septembre alors que je partais à la découverte du building Monospinal par l’architecte Makoto Yamaguchi, au pied de la station Asakusabashi (浅草橋駅). Devant la station d’Okachimachi, des idoles en devenir chantaient devant un public parsemé. Je ne sais pas exactement quel était l’occasion de ce rassemblement, mais l’estrade sur laquelle elles dansaient et chantaient ressemblait fortement à un ring de boxe ou de catch. Ce n’est pas la première fois que je vois ce genre de spectacle de rue sur la place devant la station d’Okachimachi.

C’était par contre la première fois que je visitais la petite galerie Mizuma Art située à Ichigaya Tamachi (市谷田町). J’apprécie beaucoup d’artistes présentant leurs œuvres dans cette galerie mais je n’avais jusqu’à maintenant jamais trouvé une occasion d’y aller. On y présente en ce moment, jusqu’au 11 Novembre, quelques œuvres de Yoshitaka Amano (天野喜孝展) dans une série bleue intitulée Blue Sky (青天). Comme beaucoup je pense, je connais et apprécie Yoshitaka Amano depuis la découverte de ses illustrations pour la série de jeux vidéos Final Fantasy. Cette exposition à la galerie Mizuma ne montre que quelques unes de ses œuvres sélectionnées pour l’utilisation de la couleur bleue. Elles sont très belles bien sûr mais on a vite fait le tour de la galerie. J’espère pouvoir apprécier un jour une grande rétrospective de son œuvre dans une galerie où un musée de plus grande taille. Je feuillette en attendant les deux livres, recueils de ses œuvres, placés sur le comptoir près de l’entrée de la galerie. Une photo dans un des livres montre son studio créatif qui se trouve dans un petit building dont je reconnais le design car je l’ai déjà pris en photo et montré sur ce blog. Je ne me souviens pas exactement dans quel quartier de Minato ou Shibuya il se trouve, et je ne pense pas être en mesure de retrouver cette photo parmi les 2320 billets qui composent Made in Tokyo. Je le retrouverais certainement par hasard aux détours d’une rue. La galerie Mizuma Art présentera à la fin du mois de Novembre un autre artiste que j’aime beaucoup, Tomiyuki Kaneko (金子富之). Ce sera à ne pas manquer.

Musicalement parlant, je continue à écouter l’album DEBUT de Kyrie (aka AiNA The End) et Takeshi Kobayashi accompagnant le film Kyrie no Uta (キリエのうた). J’y découvre au fur et à mesure quelques morceaux sublimes comme Niji Iro Kujira (虹色クジラ) et Zuruiyona (するいよな). Je trouve l’album inégal dans son ensemble mais il y a de nombreux morceaux particulièrement beaux et inspirés, comme ces deux là et ceux que je mentionnais dans mon précédent billet évoquant le film. J’ai l’impression que je n’avais pas écouté la musique de Vaundy depuis un petit moment mais je me rattrape avec son dernier single Todome no Ichigeki (トドメの一撃) accompagné par le guitariste Cory Wong. Je suis tout de suite happé par la dynamique pop qui se dégage du morceau. C’est le type de morceau que j’adore écouter en roulant en voiture, car il a un parfum de week-end et une énergie très communicative. La vidéo sur un bateau de croisière avec l’actrice Masami Nagasawa en rôle principal ajoute certainement à l’ambiance générale du morceau. Il est utilisé comme thème final de la saison 2 de Spy x Family, ce qui me rappelle que je n’ai pas encore terminé la première saison sur Netflix. Je m’y remets donc doucement avec beaucoup de plaisir. J’avais d’abord un avis assez mitigé sur le nouveau single SpecialZ de King Gnu, mais la vidéo réalisée par OSRIN de Perimetron (le collectif artistique de Daiki Tsuneta) est artistiquement assez exceptionnelle et m’a remis rapidement sur les rails. L’aspect chaotique de la vidéo accompagne et explique même d’une certaine manière la désorientation qu’on peut avoir à la première écoute du morceau. Cette image chaotique est très présente dans l’oeuvre musicale et visuelle de Daiki Tsuneta. Il s’agit également du thème principal du premier album de son autre groupe Millenium Parade. SpecialZ est le thème d’ouverture de l’anime Jujutsu Kaisen Shibuya Jihen (呪術廻戦 渋谷事変), tandis que le thème de fin est le dernier single de Hitsuji Bungaku (羊文学), More Than Words. King Gnu, tout comme Vaundy d’ailleurs, sortira bientôt un nouvel album qu’il faudra suivre avec attention. J’écoute aussi beaucoup quelques morceaux de Fujii Kaze (藤井風), en particulier Hana (花) et Workin’ Hard. Fujii Kaze m’a toujours un peu agacé, mais il faut quand même reconnaître qu’il y a beaucoup de talent. Il y a toujours une sorte d’évidence dans ses morceaux, comme si ça lui venait tout seul, sans efforts. C’est très certainement loin de la vérité mais cette impression reste pour moi très marquée. J’aime beaucoup le dernier single Hana, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il manque un instrument en fond, un piano aux notes claires et flottantes comme des lumières de neons (bon, j’ai peut-être trop écouté Kirinji). Cette série musicale est, une fois n’est pas coutume, très « mainstream » mais je vais bientôt repartir vers des profondeurs plus sombres. Je reprends en quelque sorte ma respiration avant de plonger.

ヒカリに

Je dépose Mari dans une rue près de Nishi-Shinjuku et profite d’une petite heure et demi pour explorer les alentours de la Mairie de Tokyo. Je connais bien sûr déjà ces endroits mais assez peu le parc central de Shinjuku (新宿中央公園). Je n’avais pas l’image d’un parc agréable pour la promenade, le sachant coincé à l’ombre des hautes tours de Nishi-Shinjuku, mais je m’étais trompé. En fait, je ne suis pas venu dans ce quartier depuis la construction de la grande tour d’habitation de verre au nom à rallonge Central Park Tower La Tour Shinjuku (セントラルパークタワー・ラ・トゥール新宿). On peut bien sûr crier d’effroi devant la multiplication des tours à Tokyo, mais celle-ci est presque transparente malgré sa taille imposante. Le verre des façades reflète les nuages et le bleu du ciel. Avec un peu d’inattention, on pourrait croire qu’elle a la faculté de se fondre dans le ciel. Les couples et les familles sont assez nombreux dans le parc qui est plus ensoleillé que je ne l’imaginais. Sur une place près de l’entrée, un marché aux puces est installé ce jour là. Je passe devant les stands posés à même le sol, au cas où il y aurait un trésor inattendu, mais je ne regarde que très distraitement étant persuadé de ne rien y trouver qui m’intéresserait. Les deux premières photographies du billet montrent la grande Marie de Tokyo conçue par Kenzo Tange. Lorsque je viens à Nishi-Shinjuku devant ces tours, je pense pratiquement à chaque fois au roman de Ryu Murakami (村上龍), Les Bébés de la consigne automatique (コインロッカー・ベイビーズ) publié en 1980, car c’est un des lieux clés de l’histoire sombre des deux demi-frêres Hashi et Riku. J’en avais parlé dans un billet de 2006 avec une photographie bleutée (à la Blade Runner diront certains) qui reste encore maintenant marquée dans mon esprit. Le temple ombragé de la sixième photographie s’appellant Jōfuji (淨風寺) est situé juste à côté de la grande tour de verre. Je ne lui trouve pas de qualités remarquables à part cette entrée recouverte d’arcs successifs. Les deux dernières photographies sont prises à Shibuya pendant une autre journée moins ensoleillée. Shibuya est en pleine reconstruction et les tours que je montre se trouvent au niveau de la nouvelle entrée Sud de la gare, derrière la tour Shibuya Stream placée au niveau de la rivière bétonnée de Shibuya. Et la dernière photo est particulière. Je recherchais depuis longtemps cet immeuble de métal gris d’apparence argentée avec une inscription SR. Je l’avais vu sur Instagram mais le lieu qui y était indiqué n’étais pas correct. Je ne le recherchais pas activement mais trouver ce petit building tout à fait par hasard au détour d’une rue m’a procuré une satisfaction certaine. Je ne me donnerais pas la peine d’expliquer pourquoi trouver un immeuble nommé SR m’intéressait tant.

Je suis enfin aller voir Kyrie no Uta (キリエのうた) de Shunji Iwai (岩井俊二) ce samedi matin à la première séance de 9h15 au cinéma Toho de Shibuya. C’est un film qu’il faut aller voir à Shibuya ou à Shinjuku, car certaines scènes du film à Tokyo se déroulent dans ces quartiers. J’étais d’ailleurs très surpris de voir que certains moments importants du film ont été tournés dans le parc de Nishi Shinjuku que je mentionne ci-dessus et que j’avais été visiter la semaine auparavant sans savoir qu’il était utilisé comme décor dans le film. Il m’arrive très souvent d’aller à un endroit puis inconsciemment me trouver à y retourner peu de temps après. Mari me fait souvent cette remarque et j’étais amusé de me rendre comprendre que ce phénomène s’appliquait également aux films, comme si la force de certains lieux me poussait à y revenir. J’allais voir Kyrie no Uta avec l’idée pré-établie que j’allais aimer le film, et je n’ai pas été déçu. J’ai en fait adorer l’atmosphère du film et les trois heures ont passé à toute vitesse. Il y a certainement quelques longueurs mais j’ai aimé partager ces moments avec les personnages du film. Le réalisateur Shinji Iwai sait être proche des émotions de ces personnages et arrive parfaitement à les montrer à l’écran. Il a une façon de filmer assez caractéristique à la fois proche des actrices et acteurs qu’il filme mais en même temps soucieux de les montrer dans leur environnement. Le film commence dans les terrains enneigés d’Hokkaido du côté de Shikaoi, et je repense tout de suite aux premières scènes dans les herbes folles d’Ashikaga dans All About Lily Chou-Chou (リリイ・シュシュのすべて). Il y a quelque chose de contemplatif dans le cinéma de Shunji Iwai qui me plait beaucoup. Je ne vais pas raconter l’histoire du film car il faut mieux en savoir peu, ce qui était mon cas, avant de voir le film. On suit l’histoire de Ruka interprétée par AiNA The End (アイナ・ジ・エンド), dont c’est le premier rôle, à différentes périodes de sa vie. Elle a perdu en grande partie sa voix suite à un choc dans son enfance, mais arrive tout de même à chanter, ce qui devient son principal moyen de communication et sa raison d’être. La vie de Ruka, qui se renomme elle-même Kyrie (une référence à Kyrie eleison), est pleine de souffrances qu’elle intériorise depuis son enfance. Le film nous explique beaucoup de choses avec de très nombreux flashbacks et flashforwards passant de la petite enfance de Ruka à Ishinomaki (石巻市) à Miyagi en 2010 puis à Osaka en 2011, puis son adolescence à Hokkaido en 2018 jusqu’à la période actuelle en 2023 à Tokyo. Le lieu et le moment de la petite enfance de Ruka nous laisse deviner la nature du choc qui lui fera perdre la voix. Elle croisera la route de plusieurs personnes, interprétés par Hokuto Matsumura (松村北斗), Suzu Hirose (広瀬すず) et Haru Kuroki (黒木華), qui l’aideront dont son parcours. Le film durant trois heures, il prend le temps de couvrir l’histoire de celui et celles qui accompagneront Kyrie mais laisse aussi volontairement beaucoup de flou. Il y a de nombreuses scènes mémorables, notamment celles réunissant AiNA et Suzu avec cette dernière changeant de couleur de cheveux à chaque scène. Je repense notamment à une scène sur les plages de Sanmu (山武) à Chiba, où AiNA se lance dans une chorégraphie improvisée et imprévisible. Je comprends que c’est ce genre de choses qui a poussé Shunji Iwai à construire son film avec elle. La caméra nous donne l’impression d’y être, tout proche des mouvements, les pieds dans le sable. Comme sur All About Lily Chou-Chou, la musique, composée par Takeshi Kobayashi (小林武史), joue un rôle primordial. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je voulais absolument voir ce film, sachant que Shunji Iwai accorde une grande importance à la musique comme personnage à part entière de ses films. La perspective d’entendre chanter AiNA m’enchantait, et elle trouve tout à fait ses marques dans le film, par son jeu et son chant. On peut entendre plusieurs fois Kyrie et son groupe de rue, interpréter Awaremi no Sanka (憐れみの讃歌) que j’appréciais déjà beaucoup avant d’avoir vu le film, mais qui prend une nouvelle dimension après visionnage. L’histoire de Ruka/Kyrie m’a saisit dès les premières scènes, et je me suis laissé surprendre à nombreuses reprises pendant le film par l’émotion qu’il m’a procuré. Je me souviens qu’AiNA avait perdu il y a quelques années sa voix et le groupe BiSH était par conséquent mis en hiatus. Je ne peux m’empêcher de penser que Shunji Iwai s’est appuyé sur cette expérience pour construire son film. La voix actuelle d’AINA qui est toujours proche de la fracture, à la fois fragile et forte, correspond à la perfection au rôle du film, ce qui me fait également penser que Shunji Iwai a construit son film pour elle. J’aime les films de Shunji Iwai car il me parle d’émotions proches de celles que j’éprouve dans les musiques que j’écoute. Il met la musique au centre de ses films plutôt que de la concevoir comme un accessoire à la narration. J’écoute maintenant quelques morceaux de la bande originale du film, sur l’album intitulé DEBUT de Kyrie, le morceau clé mentionné ci-dessus bien sûr mais également quelques autres comme Hikari ni (ヒカリに) et Genei (幻影) qui me plaisent énormément. Alors que j’écris ces lignes, des images du film me reviennent en tête avec une rémanence similaire à la période de quelques jours suivant un concert lorsque j’en écris le rapport. Les émotions sont très similaires et j’ai déjà envie de les revivre en retournant voir le film. Il me fait maintenant penser à mon histoire de Kei, du songe à la lumière. Kei pourrait très bien être AiNA The End et Hikari, Suzu Hirose. On peut toujours rêver en attendant que je termine mon histoire.