あったかいね、半袖でいいかも

En photographies sur ce billet: les formes courbes de béton et de verre du building GUN-AN (軍庵) par Tadasu Ohe situé à Hiroo, celles plus angulaires d’un petit bâtiment de béton pour une agence publicitaire par Tadao Ando, un groupe de cyclistes dont un inhabituellement rétro passant en bas du grand cimetière d’Aoyama en direction du croisement de Nishi Azabu, la tôle angulaire aux airs de vaisseaux spatiaux du musée 21_21 Design Sight, toujours par Tadao Ando, posé dans le parc du complexe Tokyo Mid-Town, le tube métallique comme un grand vers survolant une partie de Nogizaka et des étranges visages derrière une vitrine d’Omotesando. Ces visages sont animés de mouvements robotiques et se trouvent à l’intérieur du vendeur de lunettes Gentle Monster dont je parlais avant son ouverture dans un billet récent. Il y a certains points de liaison entre les photographies de ce billet, que ça soit le béton brut, les surfaces métalliques ou les cyclistes qui traversent furtivement ces photographies. Plusieurs de ces photos évoquent une impression de futurisme qui se matérialise par la photographie finale de ces trois visages inquiétants.


AJICO a sorti le 13 Mars 2024 un nouvel EP de 6 titres intitulé Love no Genkei (ラヴの元型). C’est avec un plaisir non dissimulé qu’on accueille un nouvel épisode de leur aventure musicale. Le premier single reprenant le titre du EP frappe par sa coolitude maîtrisée entre les riffs merveilleusement accrocheurs de Kenichi Asai (浅井健一) à la guitare, l’omniprésente basse de TOKIE, la régularité impeccable de la batterie de Kyōichi Shiino (椎野恭一), et le chant particulièrement inspiré d’UA. Le morceau ne part pas dans les excès car le groupe semble très sûr de ce qu’ils veulent délivrer dans une maturité assumée. Par rapport à l’EP précédent Setsuzoku (接続) sorti en 2021 que j’évoquais à l’époque, il y a sur ce nouvel EP un meilleur équilibre entre les voix de UA et de Kenichi Asai. Le morceau d’ouverture Love No Genkei (ラヴの元型) est principalement chanté par UA mais Benji intervient dans les chœurs tandis que le deuxième morceau Attakaine (あったかいね) est principalement chanté par Benji avec UA dans les chœurs. Le cinquième morceau Kitty (キティ) est également interprété par Benji et sa décontraction cool y est remarquable. Ce morceau est un de mes préférés du EP. UA est beaucoup plus passionnée dans son chant, notamment sur le superbe Kotora ga Shuyaku ni Naranai (言葉が主役にならない), et sa voix est comme toujours très marquée. C’est le contraste entre les approches très différentes au chant de Kenichi Asai et de UA qui est un des grands intérêts du groupe. Et musicalement, c’est bien entendu très bien maîtrisé. C’est un EP que j’écoute très régulièrement ces dernières semaines, depuis sa sortie.

Je suis allé voir l’exposition MOMOPOLY (モモポリー), qui se déroulait du 17 au 24 Mars 2024 dans l’espace Spiral Garden à Aoyama, spécifiquement pour voir les photographies de Kotori Kawashima (川島小鳥) qu’on y montrait. J’avais déjà parlé de ce photographe dans mon billet au sujet de l’album Ne- Minna Daisuki Dayo (ねえみんな大好きだよ) de Ging Nang Boyz (銀杏BOYZ), car la photographie de couverture est de ce photographe. Il s’agit d’une exposition couvrant plusieurs artistes et l’espace consacré aux photos de Kotori Kawashima était donc limité. On pouvait cependant voir quelques unes de ses très belles photographies dont certaines très connues de la série consacrée à la petite Mirai chan (未来ちゃん). Certaines des photographies montrées dans cette exposition ont été utilisées pour d’autres couvertures d’albums ou EPs de Ging Nang Boyz. Ses photographies se concentrent sur les portraits mais ceux-ci sont placées dans un environnement qui vient influencer les impressions que l’on a de ces visages. Il ne s’agit pas de simples portraits car ils nous racontent une histoire qu’on parvient à deviner comme si ces photographies étaient des éléments d’une vidéo.

惑星のベンチ

En passant devant la porte obstruée par des arbres et des plantes sur la deuxième photographie, l’envie d’y entrer devient irrésistible. Frapper deux fois à la porte ne donne pas de réponse. Cette porte n’est pourtant pas fermée à clé et il suffit de tourner doucement la poignée ronde et de pousser un peu vers l’intérieur pour l’ouvrir. Les plantes qui semblaient gêner l’entrée se révèlent être beaucoup plus accommodantes qu’elles en avaient l’air. On ne peut pas ouvrir la porte complètement mais suffisamment pour entrer à l’intérieur. Un jardin dense nous y attend. Un étroit chemin de terre nous laisse à peine assez de place pour nous faufiler. Il faut avancer doucement de côté pour éviter de se blesser car les branches qui dépassent ressemblent à de minuscules pointes. Un passage semble avoir été creusé dans la densité végétale à priori impénétrable. On avance dans ce tunnel végétal sombre, guidé par des éclats de lumière s’échappant devant nous et donnant une direction à suivre. La lumière se fait petit à petit plus forte. Elle finit par nous éblouir lorsqu’on approche de la sortie du tunnel, comme si on se trouvait face à face avec un immeuble de verre exposé en plein soleil. Le passage s’ouvre sur une clairière de forme ronde parfaite comme si les arbres qui la délimitaient avaient été taillés récemment. L’herbe haute laisse pourtant présager que l’endroit n’a pas été visité depuis très longtemps. Une petite table de métal couverte d’une mosaïque aux couleurs délavées est placée au milieu de l’espace ouvert entre les arbres. Il n’y a personne, pas d’oiseaux, pas de moustiques, pas âme qui vive. À proximité de la table ronde, un banc de deux places est planté dans les herbes hautes. Il me semble d’abord penché en arrière dans une position déséquilibrée, mais il s’agit plutôt du dossier qui est incliné ce qui doit donner une assise quasiment allongée, les yeux vers le ciel. Il n’y a aucun nuage dans le ciel au dessus de moi. Pour être plus précis, il semble que les nuages évitent volontairement de passer au dessus de la clairière. On dirait même que la surface des nuages a été découpée dans une forme ronde reflétant celle de l’espace où je me trouve. On a le sentiment, en regardant en l’air, d’avoir un accès direct aux espaces célestes. Un papier un peu jauni est posé sur la table de jardin, dans une pochette plastique transparente. On peut y lire les inscriptions suivantes tapées à la machine à écrire « 惑星のベンチ・望遠鏡の中の景色: ベンチに座って空を見てください ». Je me répète à voix basse cette inscription mystérieuse pour essayer d’en comprendre la signification. « Banc des planètes / vue à l’intérieur du télescope : Asseyez-vous sur le banc et regardez le ciel ». Le papier porte une signature, pareillement écrite à la machine, en bas de page. Il est écrit « パラレル東京観測委員会 », le Comité d’observation du Tokyo parallèle. Mais je remarque avant tout un petit message écrit à la main au feutre noir sur la pochette plastique, qui donne un conseil à ceux qui le lisent: « don’t loose yourself forever だょ ». Je n’ai aucune intention de me perdre pour toujours, surtout dans une petite clairière dont on a vite fait de faire le tour. Le message du comité d’observation indique qu’il faut s’asseoir sur le banc incliné. S’asseoir quelques instants semble être la seule chose à faire ici. Le banc à la surface irrégulière n’est pas très confortable. Dès qu’on s’y assoit, on bascule rapidement le dos vers l’arrière sans pouvoir se retenir. J’observe d’abord le ciel mais il est vide, toujours entouré de nuages qui semblent plus épais qu’auparavant. Mon regard redescend doucement vers l’intérieur de la clairière, partant de la cime des arbres pour revenir sur la table de jardin posée en son milieu. Il n’y a pas de télescope, ni de planètes. Seulement ce banc au dossier incliné sur lequel je suis assis. Un monde parallèle va peut être apparaître soudainement devant mes yeux et comme l’indique le message écrit à la main, il faudra éviter de s’y perdre. Le ciel s’assombrit petit à petit. Je n’ai plus de notions claires du temps qui passe et il ne me vient pas à l’idée de regarder mon téléphone portable, perdu dans le fond de mon sac. Il est certainement l’heure de rentrer mais je ne peux m’empêcher de vouloir passer quelques minutes supplémentaires assis sur ce banc. On n’entend pas les bruits de la ville pourtant proche, ni ne voit les lumières des immeubles. Il se dégage de ce lieu une sérénité dont je n’avais jamais fait l’expérience jusqu’à maintenant. Il fera très bientôt nuit noire. Il me vient en tête une évidence. Je suis à l’intérieur du télescope. En levant les yeux au ciel une nouvelle fois, des formes vaporeuses prennent consistance. Une première forme ronde grise s’approche de moi, mais je l’évite du regard quand elle devient dangereusement trop proche. Mon regard fixe ensuite une couleur orangée dont la forme se fait de plus en plus précise au fur et à mesure que je m’en approche. J’ai le sentiment de m’éloigner et il faut tout de même que je pense au retour. Je peux quand même m’approcher un peu plus de cette planète rouge, la frôler gentiment de la main. Un objet beaucoup plus imposant attire ensuite mon regard. Je voudrais me plonger dans son œil mais un autre astre céleste me pousse à continuer encore un peu plus loin dans la noirceur de l’espace. Juste un peu plus loin. Des formes d’anneaux tournent à l’infini sur eux même. On a envie de faire partie de cette boucle inarrêtable. L’attraction est tellement forte qu’on pourrait s’y perdre à l’infini. On pourrait s’y perdre pour toujours, comme indiquait le message écrit à la main sur la pochette plastique de la table de jardin. C’est un avertissement. Reprenons conscience, redescendons sur terre. Est ce que j’ai perdu conscience? Je ne crois pas, la réalité de ce voyage est très claire dans ma mémoire. On distingue à peine la table de jardin dans la nuit ténébreuse qui a envahi la clairière. Il faut maintenant sortir. Le tunnel dans les arbres est toujours là donnant sur la porte de sortie. Je tourne délicatement la poignée pour sortir de cet espace parallèle de Tokyo. La densité de Tokyo cache de nombreux endroits étranges ouvrant leurs portes sur un univers parallèle. Il suffit juste d’y croire un peu.

Le nouvel EP intitulé Setsuzoku (接続) du super-groupe Ajico est vraiment excellent. Je ne m’attendais pas à ce qu’ils décident finalement à se réunir. Leur premier et unique album Fukamidori (深緑) était sorti en Février 2001, il y a donc plus de 20 ans. Le EP ne comprenant que 4 morceaux, il est forcément beaucoup trop court vu la qualité de la musique qu’on y écoute. La voix de UA est exceptionnelle, à l’accentuation et la particularité très marquées. C’est ce qui fait tout l’intérêt de son chant. L’ensemble est plus pop que ce qu’on connaissait sur leur premier album. Le deuxième morceau intitulé Wakusei no Bench (惑星のベンチ) démarre sur des accords de guitare de Kenichi Asai qui rappellent dans leurs sons mélancoliques des morceaux du premier album. On peut regretter un peu que Kenichi Asai ne chante pas un peu plus car on n’entend sa voix que sur les deux morceaux les plus importants de l’album, le premier Chiheisen MA (地平線 MA) et le quatrième L.L.M.S.D. Ce sont les morceaux les plus rythmés du EP et très certainement les meilleurs (quoique j’aime beaucoup Wakusei no Bench car il m’incite à écrire des choses). Les deux morceaux sont d’ailleurs dans le classement des meilleures ventes de l’émission Hot 100 de la radio J-Wave. L.L.M.S.D. étant le morceau le mieux classé des deux alors que seul le premier morceau Chiheisen MA a une vidéo pour l’instant. UA était l’invitée de Chris Peppler dans cette émission et l’entendre parler de l’album et de sa collaboration avec Kenichi « Benji » Asai m’avait donné une grande envie d’écouter ce EP le soir même. Petit détail qui m’a amusé, UA nous dit que Benji est plus bavard qu’avant. Sur ce nouvel EP, comme sur Fukamodori d’ailleurs, j’aime beaucoup quand les voix de UA et de Asai se mélangent, ou se répondent sur le ton de la comédie sur la toute fin du quatrième morceau. La voix de UA est pleine de puissance et d’aisance, comme celle d’un rocker qui viendrait jouer sur le terrain de Benji. J’aime aussi quand elle change complètement de voix et se permet parfois des petits sons de voix inattendus comme des miaulements. Les deux autres membres du groupe Ajico, déjà présents sur le premier album, sont Kyōichi Shiino à la batterie et Tokie à la basse. Je ne connaissais pas la guitariste Tokie, mais je l’ai découverte il y a plusieurs semaines à travers un retweet de Toshiki Hata, qui partageait une petite vidéo d’une installation artistique dans un temple de la préfecture de Shimane (Hata est originaire de Shimane). La scène représente un dragon en mouvement accompagné par un danseur et par les sons de guitare de TOKIE. Cette performance se déroulait à l’intérieur du temple Umikurasan Ryuun-Ji. Et en parlant au passage de Tokyo Jihen, le nouvel album sortant la semaine prochaine, ils nous feront le plaisir de passer tous les cinq dans une émission spéciale sur YouTube ce Vendredi 4 Juin à 21h. En attendant, je me remets à écouter Blankey Jet City à la suite de l’album de AJICO, les deux énormes compilations 1997-2000 puis 1991-1995.

se perdre dans un vert profond

Les quelques photographies ci-dessus sont prises entre Ebisu et Shirogane. J’ai en général une attirance pour les tuyauteries compliquées cachées à l’arrière des buildings, mais je ne montre pas toujours ce genre de photographies. A part l’apparition inattendue d’un puit dans une ruelle trop étroite pour les voitures dans un quartier de Shirogane, ces photographies n’engagent pas beaucoup aux commentaires. Il s’agit tout simplement d’un nouveau témoignage photographique de la complexité urbaine tokyoïte qui n’est pas toujours visible si l’on reste sur les grandes artères. Mais ces photographies ont au moins l’intérêt de me rappeler l’existence du blog de Jocelyn Prud’homme basé à Osaka, mais qui n’a plus l’air actif depuis deux ans. Montrer la complexité urbaine dans les moindres détails (les tuyauteries, l’acier, le béton des autoroutes) … est un des sujets de ses photographies et il le faisait très bien. C’était un de ces blogs sur le Japon qui ne ressemblaient pas aux autres et qui ne s’adressaient pas aux voyageurs, mais plutôt aux amateurs de la matière urbaine. C’est toujours dommage de voir un blog s’arrêter et il suffit parfois de peu de choses pour que ça arrive. Pour continuer, il faut se dire qu’avoir des visiteurs est un plus, mais pas une raison d’être. Un blog doit vivre pour lui même ou du moins pour son auteur.

Mais la réalité est que je regarde régulièrement le tableau de bord WordPress de Made in Tokyo pour voir dans les statistiques quels sont les billets les plus regardés. Il s’agit en général des derniers billets publiés sur le blog ainsi qu’un certain nombres de mes billets couvrant l’architecture tokyoïte. J’y vois régulièrement apparaître des billets plus anciens, ce qui m’amène souvent à les relire avec souvent un brin de nostalgie. J’ai toujours pensé que la raison principale pour laquelle je maintenais ce blog était de pouvoir revenir sur mes écrits et photographies plusieurs années après, pour me remémorer l’état d’esprit dans lequel j’étais à l’époque où je les ai écrit. Récemment, un ou plusieurs visiteurs ont consulté un ancien billet de Juillet 2004 sur lequel j’évoquais la musique d’Ajico sur l’album Fukamidori (深緑), sorti quelques années plus tôt en 2001. Je n’ai pas réécouté cet album depuis très longtemps et relire mon billet me donne envie de me replonger dans cette musique rock plutôt mélancolique. Je me souvenais bien qu’Ajico était un projet de UA, mais j’avais un peu oublié que Kenichi Asai (浅井健一) du groupe rock Blankey Jet City faisait également partie du groupe, à la guitare électrique et au chant. En fait, je savais que c’était un bon album mais j’avais oublié à quel point son écoute était prenante. Les accords de guitare purs comme du cristal sur le premier morceau prenant le titre de l’album restent très présents en tête après avoir écouté l’album en entier. Ce premier morceau est marquant mais on aurait tord de s’arrêter là, tant la totalité de l’album est riche en émotions. La voix très typée de UA y est pour beaucoup mais se complémente très bien avec celle de rockeur de Kenichi Asai. C’est également une voix très marquée que je découvre maintenant sous un autre jour et qui me plait vraiment beaucoup. En fait, les morceaux où ils chantent tous les deux en duo fonctionnent très bien comme le cinquième morceau Aoi tori ha itsumo fumange (青い鳥はいつも不満気). Le ton de l’ensemble de l’album est très mélancolique et il faut donc être dans de bonnes conditions pour l’écouter (j’ai l’impression que c’est un commentaire que je fais souvent). Je pense par exemple au deuxième morceau Suteki na Atashi no Yume (すてきなあたしの夢), qui s’avère être un des meilleurs morceaux de l’album. La manière de chanter de UA est particulièrement poignante et on ressent qu’elle vit les morceaux qu’elle interprète. Kenichi Asai a lui une voix plus torturée et je dirais même sauvage par moment. Mais si les voix des interprètes sont un des points d’accroche principaux du groupe Ajico, la qualité de la partition musicale, notamment des guitares n’est pas en reste. J’ai l’impression de redécouvrir cet album comme au premier jour.

De gauche à droite, les albums Fukamidori (深緑) d’Ajico (2001), Jet CD de PUFFY (1998) et C.B.Jim de Blankey Jet City (1993).

Le nom de Kenichi Asai m’est familier depuis un petit moment déjà. Lorsque j’ai fait en octobre 1999 sur mon site web Okaeri (l’avant Made in Tokyo) une petite liste sur la musique japonaise que je préfère, j’y avais inscris le groupe PUFFY et leur album le plus connu, Jet CD sorti en 1998, dont le titre est inspiré du nom du groupe de Kenichi Asai. Blankey Jet City est mentionné comme influence du côté rock d’Ami et Yumi sur PUFFY. Je ne réécoute pas très souvent Jet CD mais j’y reviens quand même de temps pour la bonne humeur qui s’en dégage (カニ食べ行こう🎶). On ne perçoit pas trop l’influence du son de Blankey Jet City sur la musique de PUFFY, mais parmi la multitude de morceaux pop, on y trouve tout de même un esprit rock, avec même des sons de guitares très lourds et sombres, comme sur Shoubijin (小美人) qui est le morceau que j’aime réécouter le plus souvent. En relisant cette page écrite en Octobre 1999 sur mes artistes japonais préférés, je me rappelle en lisant ce que j’écrivais sur PUFFY, qu’on avait même eu dans l’idée avec mon copain SeB d’écrire un morceau pour le groupe. Il faudrait que je retrouve une trace des paroles qu’on avait écrit à cette époque bien que je suis certain que ça ne devait pas être très brillant et hautement improbable. En réécoutant ces morceaux de PUFFY, me reviennent ces souvenirs d’il y a plus de vingt ans. Dans cette liste d’Octobre 1999, il y a des artistes que j’écoute encore maintenant comme Sheena Ringo (il me semble avoir déjà parlé de cette artiste récemment), Utada Hikaru ou LUNA SEA, avec une ferveur identique à celle d’il y a vingt ans, mais d’autres pour lesquels mon intérêt a complètement disparu. Je mentionnais par exemple L’Arc~en~ciel, Spitz ou Mr Children que j’écoutais beaucoup à l’époque mais que j’ai beaucoup de mal à ré-apprécier maintenant. Comme j’aime bien identifier les liens entre les artistes que j’apprécie et pour revenir à PUFFY, rappelons nous que Sheena Ringo a écrit un morceau pour le duo en 2009. Ce morceau intitulé Hiyori Hime (日和姫) est sorti en single et été ré-interprété par Sheena sur la première compilation Reimport, Gyakuyunyū: Kōwankyoku. J’aime d’ailleurs beaucoup la photo de la pochette de ce single de PUFFY car Ami et Yumi sont représentées comme des poupées Hina en kimono avec chacune une mèche blonde sur le côté. Je trouve dans cette image un lien certain avec l’univers de Sheena Ringo, notamment dans l’imagerie utilisée sur ces compilations de la série Reimport.

En fait, le nom de Kenichi Asai m’était surtout familier car il est mentionné dans les paroles de Marunouchi Sadistic, mais sous son surnom « Benji ». Dans les paroles de ㋚, Sheena nous dit que Benji la frappe avec sa guitare Gretsch (そしたらベンジー、あたしをグレッチで殴って). On imagine qu’il s’agit d’une expression imagée et qu’elle est plutôt frappée dans son fort intérieur par le son de la guitare de Kenichi Asai. Ils ne doivent pas être en mauvais termes, car ils ont interprété ensemble le morceau Kiken sugiru (危険すぎる) sur Ukina, morceau principalement interprété par Kenichi Asai mais sur lequel Sheena fait des interventions très contenues dans les chœurs. Tout comme Number Girl, je pense que Blankey Jet City a joué une influence sur l’approche agressive des morceaux rock de ses débuts. Ma curiosité grandissante m’a amené à découvrir la musique de Blankey Jet City en commençant par l’album C.B.Jim sorti en Février 1993. Je ne suis pas déçu. On y trouve une énergie rock assez folle et immédiate avec des guitares rapides et incessantes, techniquement très pointues. La manière de chanter de Kenichi Asai, ponctuant certains mots avec insistance, y est très incisive à la limite entre le punk rock et le rockabilly. Il y a un côté assez jubilatoire à écouter ses paroles nous parlant d’histoires de mauvais garçon. Je pense continuer encore un peu l’écoute d’autres albums du groupe, mais le choix semble difficile car ils ont sortis plus d’une dizaine d’albums. Je n’aime en général pas beaucoup les albums best off car c’est souvent en dehors des singles que je trouve les morceaux que je préfère, mais je vais peut être faire une exception cette fois-ci en écoutant la compilation Complete Single Collection, l’album avec un chat noir en couverture.

Deux images extraites de la vidéo du morceau Niji (虹) de AiNA The End (アイナ・ジ・エンド) sorti le 3 Décembre 2020.

Sur le site web Ringohan, une enquête est lancée depuis le 3 Décembre auprès des fans, comme l’année dernière, pour connaître notamment quels sont les morceaux ou les albums préférés de Sheena Ringo et Tokyo Jihen. J’y participe cette fois-ci, un peu par curiosité pour voir quels types de questions sont posées. Les résultats pour certaines questions sont mis à jour en temps réel. On apprend donc sans grande surprise que Marunouchi Sadistic (丸ノ内サディスティック) et Gunjō Biyori (群青日和) sont les morceaux préférés des fans pour SR et TJ respectivement. Dans les statistiques, je remarque également qu’il y a une majorité de participation féminine à cette enquête (de 60% à 70%), ce qui doit à mon avis représenter la proportion réelle des fans et ce qui ne m’étonne en fait pas beaucoup. Parmi les questions, Sheena demande aux fans leur avis sur les futurs collaborations qu’ils ou elles voudraient voir avec d’autres artistes, quels sont les artistes qui montent et ce qu’on a fait de particulier ou de différent pendant cette période de pandémie. Je ne vais pas donner toutes les réponses que j’ai personnellement donné à chaque question. Pour l’artiste en voie de reconnaissance, j’ai mentionné Shohei Otomo, dont j’ai déjà parlé plusieurs fois ici, car je serais très curieux de voir une illustration de sa part adaptée à l’univers de Sheena Ringo. J’y vois une certaine comptabilité car elle a déjà utilisé des illustrations pour des couvertures d’albums (sur Ukina par exemple). Il y a également une question demandant notre avis sur l’artiste pour lequel ou laquelle on voudrait que Sheena compose un morceau. J’ai mentionné AiNA The End (アイナ・ジ・エンド) car je pense qu’elle a la capacité vocale adéquate pour chanter des morceaux à la structure complexe que pourrait lui créer Sheena. J’y pense aussi car AiNA a déjà fait une reprise assez convaincante de Tsumi to Batsu (罪と罰). Elle a d’ailleurs sorti un nouveau morceau en solo intitulé Niji (虹) qui sera inclus dans son futur album The End qui sortira le 3 Février 2021. Je trouve ce morceau, comme la vidéo d’ailleurs, impressionnant. Le morceau est très satisfaisant car il correspond exactement au style non-apaisé que je voulais entendre de sa part. Connaissant Wack, qui reste derrière cette entreprise solo, il est très possible que l’ensemble du futur album parte dans des directions très différentes, comme sur les albums de BiSH, mais on peut penser que ça restera résolument rock. AiNA joue bien les rôles tourmentés, comme on peut le voir dans la vidéo et l’entendre dans les paroles. J’imagine qu’elle signe les paroles et la chorégraphie, qui là encore reste bien dans la ligne de ce qu’elle montrait pour BiSH. Ce futur album est très prometteur mais il va falloir attendre presque deux mois avant de le voir arriver. J’imagine qu’il y aura d’autres singles en attendant. Quand à mes prédictions sur l’enquête SR/TJ, on verra bien si elles se concrétisent un jour. Je trouve en tout cas assez intéressant qu’un artiste demande l’avis aux fans sur ce genre de choses. Je pense que ça doit aider à la réflexion.