Comme je le mentionnais dans un ou deux billets précédents, nous allons de temps en temps à la recherche de sanctuaires intéressants à Tokyo pour y récupérer le sceau Goshuin que nous collectionnons précieusement dans un petit carnet. Cela nous donne parfois l’occasion d’aller explorer des lieux dans Tokyo que nous ne connaissons pas beaucoup voire où ne sommes jamais allés. Ce n’est pas le cas du quartier où se trouve le sanctuaire Hibiya en photographie ci-dessus. Malgré son nom, il se trouve à Higashi-Shinbashi, tout près de Shiodome. Le parc Hibiya est cependant relativement proche. On a certainement maintes fois emprunté la Route 15 qui passe devant mais je n’avais jamais remarqué ce sanctuaire. Il est d’une taille assez réduite et a la particularité d’être coincé entre les lignes de chemins de fer derrière, les immeubles d’un côté et deux grandes avenues à plusieurs voies (la Route 15 et la 405/481) devant. Il n’y a pas moins de 5 voies de chemin de fer passant derrière le sanctuaire: la ligne Tokaido, la ligne Ueno-Tokyo, la ligne Keihin-Tohoku , la ligne Yamanote et la ligne de Shinkansen Tokaido, le tout se dirigeant vers la gare de Tokyo. Depuis la porte torii, on a une vue directe sur les avenues, ce qui donne une vue intéressante. Ce sanctuaire est pratiquement une caricature du Tokyo qui s’est modernisé trop vite en épargnant par-ci par-là des bouts de traditions. On a l’impression d’être en sécurité sur un petit îlot à part loin des dangers du traffic.
Il n’y pas beaucoup de hauts immeubles dans le quartier de Hiroo, sauf le long de l’avenue Gaien Nishi-dori qui passe devant la gare. La petite tour de 8 étages appelée ESQ.Hiroo est composée d’un zigzag de forme noire qui me fait penser à un serpent. Son élégance discrète est mise en avance par le fait qu’elle se détache un peu du reste des immeubles. J’aime prendre ce building en photo lorsque je passe devant car les vitrages enfermés dans l’encadrement noir sont très photogéniques. Lorsque je le regarde, j’aime aussi imaginer ce que ça pourrait donner de vivre la haut sans personne autour et de se lever le matin en regardant la ville à travers les baies vitrées. Nous avons déjà vécu de nombreuses années au huitième étage d’une résidence, mais je ne sais pour quelle raison, l’impression que donne cette tour fine est différente. Peut être parce qu’il semble n’y avoir qu’un seul appartement tout en haut, avec le privilège d’une vue unique.
Un peu plus loin dans les rues de Hiroo près de la gare, le petit bâtiment en forme de parallélogramme appelé Sorte par l’architecte Junichi Sanpei de l’atelier ALX est vraiment perdu dans les habitations basses du quartier. Il faut emprunter une petite rue pour y accéder. Mais lorsque l’on fait le tour du bâtiment, on se rend compte que deux des façades sont largement visibles depuis un vaste parking. Je prends la photographie montrée dans ce billet depuis ce point de vue là. Malgré sa taille relativement petite, Sorte se compose de cinq appartements. Le deuxième et troisième étages sont occupés par un seul appartement plus vaste que les autres (celui des propriétaires), dont on voit une des ouvertures en forme de triangle. Les quatre autres appartements sont en location et sont distribués sur le premier étage, le rez-de-chaussée et le sous-sol. Chaque appartement est construit sur plusieurs étages et chacun des étages comporte donc des parties de chaque appartement. Le rez-de-chaussée par exemple est divisé en quatre parties et comporte donc les pièces de quatre appartements. Depuis l’extérieur, on ne devine rien de l’arrangement intérieur et de la manière dont il essaie de capter au mieux les lumières du soleil.
Juste en face du National Museum of Western Art conçu par Le Corbusier, se dresse le grand hall Tokyo Bunka Kaikan dessiné par Kunio Maekawa, disciple de Le Corbusier. Les œuvres du maître et de son disciple se regardent à longueur de journée, se comparent peut être pour vérifier si l’élève arrive enfin à dépasser le maître. Il doit y avoir égalité même si les formes en béton renforcé exposé du Bunka Kaikan impressionnent peu être un peu plus à première vue. Ce bâtiment d’architecture moderne date de 1961. C’est un building d’aspect brut mais les lignes ont beaucoup d’élégance. Je n’ai jamais assisté à un spectacle musical à l’intérieur de la grande salle. Prendre cette photographie et en parler ici me rappelle qu’il me reste encore beaucoup de choses à faire à Tokyo et que je suis loin d’en voir le bout. Les occupations quotidiennes font que l’on oublie. Il faudrait que je sois plus discipliné et que je prennes des notes de tous les endroits que je souhaite voir un jour.
J’ai déjà parlé brièvement du sanctuaire Taishido Hachiman, se trouvant dans le quartier de Sangenjaya. Là encore, il se trouve perdu dans un quartier résidentiel. Il faut s’enfoncer dans les rues étroites pour le trouver, car il est éloigné des grandes artères. De ce fait, l’endroit est extrêmement calme et reposant. Nous y sommes passés à la fin de l’été et l’ombrage apporté par les arbres tout autour du sanctuaire apportait une protection salutaire. C’est tous les ans la même chose, lorsqu’on est en hiver, on attend impatiemment l’arrivée de l’été avec des images bucoliques de la campagne de Totoro en tête, et quand l’été arrive, on regrette la fraîcheur de l’hiver. Les jours où l’on peut vraiment apprécier pleinement le Japon s’étalent sur des périodes assez courtes au printemps et à l’automne lorsqu’on n’est pas en pleine saison des pluies et que les typhons ne viennent pas nous décourager de sortir.
Le sanctuaire de Karasumori se trouve également prés de la gare de Shinbashi, pas très loin du sanctuaire Hibiya dans je parlais plus haut. Le sanctuaire a été établi en l’an 940 (ère Heian), mais le bâtiment fait de béton est bien entendu beaucoup plus récent. A l’époque Edo, le lieu où se trouve le sanctuaire était une plage avec une forêt où se retrouvaient des groupes de corbeaux. Le nom du sanctuaire est directement tiré de cette forêt de corbeaux. Loin des espaces ouverts de l’époque Edo, il se trouve actuellement coincé dans un espace étroit entre les immeubles. On y accède par une allée étroite elle-même bordée de quelques izakaya. Les formes modernes brutalistes de béton exposé et l’austérité générale de l’edifice le rendent extrêmement intéressant et unique dans le paysage urbain.