dans le calme de Kuhonbutsu

Je retenais du temple Kuhonbutsu Jōshinji (九品仏浄真寺) une image de verdure abondante qui rendait l’endroit presque sauvage, mais en y revenant en hiver, je me suis bien évidemment rendu compte que l’abondance du vert était en pause saisonnière. J’aurais dû m’en douter, mais ça ne m’a pas empêché d’apprécier ces lieux. Malgré les saisons, on trouve des personnes assises sur les bancs à l’intérieur de l’enceinte du temple. L’abondance de personnes assises par deux comme dans un café pour discuter m’avait surpris la première fois. Il y avait cette fois-ci un groupe de photographes d’un certain âge. Je les suis avec un hall de retard. Un autre photographe avec appareil photo en bandoulière, indépendant au groupe, me suit également avec un hall de retard. Il y a plusieurs halls alignés contenant chacun des grandes statues bouddhistes avec d’étranges couleurs bleues vives. Ils me saluent de la main droite, je m’incline doucement en retour et je continue mon chemin vers le grand hall qui leur fait face. Je me procure le sceau goshuin du temple puis repars me perdre dans les rues des quartiers résidentiels vers la colline des libertés (Jiyugaoka), que je connais assez peu. Depuis la station de Jiyugaoka, je longe la voie ferrée qui m’amène jusqu’à Gakugei Daigaku. En chemin, on peut traverser le petit parc Himonya en très grande partie composé d’un étang avec une petite île sur laquelle a été déposé le sanctuaire Itsukushima. Je ne traverse pas le pont qui y mène mais j’aurais peut-être dû. J’ai eu un peu peur que traverser ce pont m’amène encore vers des histoires imaginaires.

En revenant ensuite vers Ebisu, les toilettes en béton conçues par le designer Masamichi Katayama (片山正通) et sa société Wonderwall me rappelle le film Perfect Days de Wim Wenders que j’ai vu pendant les premiers jours de cette année. Le film franco-allemand suit la vie routinière d’Hirayama, un nettoyeur de toilettes publiques, magnifiquement interprété par Kōji Yakusho (橋本広司), dans les quartiers de Shibuya-ku (où se trouvent toutes les toilettes d’architectes et designers reconnus). Aoi Yamada (アオイヤマダ) y joue également un petit rôle. Je n’étais pas surpris car je savais qu’elle y jouait. Un certain nombre de scènes du film se passent dans et près des toilettes conçues par Toyo Ito (伊東豊雄) à Yoyogi Hachiman. Après leur nettoyage, on imagine qu’Hirayama prend ses pauses déjeuner dans le parc du sanctuaire Yoyogi Hachimangu situé juste à côté. Hirayama a choisi une vie simple, ce qui fait réfléchir. Il prend tous les jours des photos argentiques de ce qui l’entoure et les classe dans une boîte en ne les regardant que très rapidement. Il a choisi une vie simple, mais est-ce que ça lui suffit pleinement?

Nous sommes ici dans d’autres lieux et un autre jour. Cette petite colline se trouve près d’Hachiōji. Il s’agit d’une ferme qui a eu l’idée de se diversifier et de créer un café en faut de ses terres. On peut voir les vaches et les chèvres puis boire un chocolat chaud dans la café. Ce café attire la jeunesse car de nombreuses choses y sont instagrammables. Ça me rappelle d’ailleurs que je n’ai pas publié de nouvelles photos sur Instagram depuis début Décembre 2024, même si j’avais matière pour le faire. Je n’ai pas publié de tweets sur X Twitter depuis Septembre 2024. Je me suis en quelques sortes un peu lassé des réseaux sociaux même si je continue à les parcourir régulièrement. Viendra peut-être un jour où je me lasserais de Made in Tokyo. Ce blog va bientôt atteindre les 2500 billets publiés, et je n’ose pas me demander combien de photos j’y ai montré et combien de mots j’y ai écrits. Je réfléchis en ce moment à changer le thème du blog car celui actuellement en place n’a pas changé depuis 2017, à part le titrage qui est plus récent. Je me dis à chaque fois que celui existant est plus simple et immédiat que tous les autres thèmes que j’ai pu essayer ces derniers mois.

call me metallic distortion

Ces photographies datent désormais d’il y a plus d’un mois car les carpes koi flottant dans les airs sur le pont de Nihonbashi nous ramènent à la Golden Week à la toute fin du mois d’Avril. Nous sommes désormais au mois de Juin et la saison des pluies a officiellement commencé, comme l’atteste très bien le Dimanche matin pendant lequel j’écris ces quelques lignes. Je passe plus régulièrement par Ginza ces derniers mois ce qui se reflète dans mes photographies, car j’ai eu la bonne idée d’aller ces derniers mois chez un coiffeur situé un peu plus loin, à Kyōbashi. Cela me donne l’occasion d’explorer un peu plus les quartiers autour, mais la réalité est que je marche la plupart du temps vers Ginza, attiré par les éventuelles photographies d’architecture que je pourrais y prendre. On peut y admirer les façades de certains bâtiments tentant de se faire remarquer parmi la multitude de buildings similaires composant les rues du quartier. La deuxième photographie montre une partie de la façade du building commercial Kira Rito Ginza (キラリト銀座), conçu par Jun Mitsui & Associates et construit en 2014. Il se trouve à l’entrée de Ginza lorsque l’on vient de Kyōbashi. Ces formes se remarquent de loin mais je pense que c’est la première fois que je prends ce bâtiment en photo. Je trouve la façade du building de la quatrième photographie vraiment magnifique. Il s’agit de Dear Ginza, conçu par Yoshihiro Amano de Amano Design Office et construit en 2013 dans une petite rue parallèle aux grandes artères de Ginza. Les formes irrégulières ont été déterminées par un algorithme informatique, le but étant d’attirer l’oeil du passant qui n’emprunte pas forcément les rues plus étroites du quartier. Personnellement, je me laisse attirer comme une abeille vers un bouquet de fleurs, métalliques en l’occurence. Sur la dernière photographie, je reviens en photo sur l’élégant design du magasin Louis Vuitton Matsuya Ginza par l’architecte Jun Aoki.

Musicalement parlant, je retrouve pour mon plus grand plaisir des voix connues qui viennent sortir des nouveaux singles. Alors que BiSH n’en finit plus de s’éteindre, AiNA The End (アイナ・ジ・エンド) continue tranquillement sa carrière solo en sortant ses morceaux au compte-goutte. Je me souviens d’une interview croisée d’AiNA avec Ikkyu Nakajima où elle demandait à Ikkyu comment elle parvenait à créer autant de morceaux aussi rapidement, ce qui n’était pas son cas. Si je ne me trompe, c’est vrai qu’on n’a pas pu écouter de nouveaux morceaux d’AiNA The End depuis quelques temps, peut-être parce qu’elle se consacrait à la dernière ligne droite de BiSH avant la séparation définitive à la fin du mois. Mais je veux bien attendre pour des morceaux comme ce Red:birthmark sorti le 10 Avril 2023. On retrouve l’atmosphère dense et la voix émotionnelle d’AiNA. Le morceau a été entièrement écrit et composé par TK de Rin Toshite Shigure (凛として時雨). Une fois qu’on le sait, c’est vrai que certains passages font clairement penser au style et à la voix de TK. L’autre satisfaction de ce morceau est de voir Aoi Yamada (アオイヤマダ) accompagnée AiNA sur la vidéo. Il y a une sorte de symbiose entre les deux. On la voit souvent en arrière plan derrière AiNA mais sa présence égale à mon avis celle d’AiNA. J’avais déjà évoqué Aoi Yamada car je la suis depuis un moment sur Instagram et j’avais beaucoup aimé la vidéo publicitaire pour Gucci avec Hikari Mitsushima (満島ひかり) dans laquelle elle jouait. Il semble qu’elle ait le vent en poupe en ce moment car on l’a aussi vu récemment au festival de Cannes accompagnant l’acteur primé Kōji Yakusho (役所広司) et le réalisateur Wim Wenders pour son film Perfect Days.

Et puisqu’on parle de cinéma, AiNA jouera son premier rôle à l’écran dans le film Kyrie no Uta (キリエのうた) du réalisateur Shunji Iwai (岩井俊二) qui sortira le 13 Octobre 2023. Elle jouera le rôle principal aux côtés de Haru Kuroki (黒木華), Hokuto Matsumura (du groupe SixTONES) et Suzu Hirose (広瀬すず). On ne sait que peu de choses sur le film car la bande-annonce ne divulgue pratiquement rien. On sait par contre qu’elle jouera le rôle d’une musicienne de rue et elle écrira également les morceaux du film. j’ai déjà évoqué sur ces pages le réalisateur Shunji Iwai pour son film All about Lily Chou-Chou avec Salyu au chant pour la bande originale. En réécoutant maintenant Arabesque, le morceau principal du film semblant avoir émergé d’un autre monde, je me dis qu’il faut que je revois ce film car je ne m’en suis pas totalement libéré. Shunji Iwai aime faire jouer les chanteuses et musiciennes. Je me souviens également du film intitulé A Bride for Rip Van Winkle (リップヴァンウィンクルの花嫁) dans lequel jouait la compositrice et interprète Cocco (こっこ), ainsi que l’actrice Haru Kuroki qu’on retrouvera dans Kyrie no Uta. Je suis sûr que Shunji Iwai arrivera à faire ressortir toute la densité et la tension dramatique d’AiNA, celle que l’on trouve déjà dans sa musique.

J’écoute aussi beaucoup le nouveau single de Miyuna (みゆな) intitulé tout simplement Waratte (笑って). Il est sorti il y a quelques jours, le 6 Juin 2023. Elle l’interprète avec le groupe qui l’avait accompagné lors de la tournée suivant la sortie de son premier album Guidance. Le format rock du morceau est plutôt classique mais Miyuna y met comme d’habitude toute sa conviction et ses nuances vocales. Parfois dans certains tons de paroles dans les couplets et même dans le solo de guitare non-standard, j’ai l’impression que ça pourrait être un morceau de Tokyo Jihen. Pour être plus précis et si j’allais un peu trop loin, je penserais même à un morceau de Seiji Kameda (comment ça, Tokyo Jihen me manque?). En fait, je pense être influencé par le fait que Miyuna a récemment participé au festival musical de Hibiya, organisé par Seiji Kameda. Je me suis rendu compte beaucoup trop tard du programme et nous étions déjà partis en vadrouille à Chiba. Je pense de toute façon qu’on ne pouvait pas voir grand chose sans billet. J’aurais vraiment aimé voir la prestation de Miyuna perchée sur la terrasse à mi-niveau de Hibiya Mid-Town. Elle montre un petit extrait sur son compte Twitter. Le public est assis sur l’herbe et la vue dégagée est superbe. Difficile de se rendre compte de l’acoustique de l’endroit mais une scène pareille est assez fantastique. Miyuna y jouait son nouveau single mais avait apparemment oublié certaines paroles, sous le coup de l’émotion, j’imagine. Elle est assez imprévisible comme d’habitude. Quant à la photographie utilisée pour la couverture du single, elle a été prise par Mana Hiraki (平木希奈) que je mentionnais dans un précédent billet. Je me répète mais j’aime beaucoup cette ambiance un peu floue, proche du rêve. Je trouve que la photographie a également quelque chose d’organique et d’aquatique. A ce propos, suite au tweet lié à ce précédent billet, la photographe m’a répondu sur Twitter (en français) en étant désolée du fait que je n’ai pas pu assister à son exposition, ce qui est une très sympathique attention. Sur une de ses stories sur Instagram, elle fait également référence à mon billet avec une capture d’écran en indiquant qu’elle était contente qu’on parle d’elle en même temps qu’une artiste qu’elle aime (en parlant de Sheena Ringo sans l’écrire directement mais en montrant la partie de mon billet la montrant en photo). Je ne m’étais donc pas trompé. J’aimerais vraiment voir Mana Hiraki prendre Sheena Ringo en photo tout en conservant son univers visuel. Dommage que Ringohan n’ait pas lancé d’enquête récemment car j’y aurais volontiers mentionné son nom.