the streets #14

Quelques photographies prises dans le désordre à différents endroits de Tokyo mais notamment à Shibuya, Waseda, Naka-Meguro et Ebisu. Le grand panneau publicitaire de la première photographie se trouve à côté du grand magasin PARCO sur la rue en pente Kōen Dōri dans le centre de Shibuya. En regardant après coup cette première photographie sur l’ordinateur, je me suis dis que je l’avais prise légèrement de travers. Ce petit défaut m’arrive régulièrement et je me sens le besoin de rectifier l’angle de prise de vue, même si ce n’est parfois pas toujours nécessaire et au point de ne plus savoir vraiment qu’elle doit être la vue correcte. C’est le cas pour cette première photographie car j’avais fixé mon cadre en prenant la rue en pente devant moi comme ligne de référence horizontale. Le panneau publicitaire géant apparaissait en conséquence avec un angle qui ne me semblait pas naturel, et au final aucune des versions de cette photographie ne me convient vraiment. Dans un degré bien différent, une série de photographies vue sur Instagram rend bien cet effet de désorientation sur une rue résidentielle en pente. Sur la deuxième photographie, nous revenons vers le Meguro Sky Garden, un long jardin circulaire placé au dessus du grand échangeur autoroutier d’Ikejiri-Ohashi. Je l’ai déjà pris en photo plusieurs fois mais je n’y étais pas revenu depuis longtemps, car je trouvais qu’il avait un peu perdu de sa tranquillité la dernière fois où j’y étais allé. En fin d’après-midi, il n’y avait presque personne à part deux ou trois promeneurs de chiens qui promenaient en toute logique leurs chiens. Je n’avais pris la pieuvre rouge du petit parc Tako (タコ公園) à Ebisu depuis longtemps. Cette pieuvre n’est pas celle originellement construite pour le parc, elle a été renouvelée il y a plusieurs années et à perdu au passage un peu de son intérêt. En tout cas, l’ancienne et la nouvelle pieuvre d’Ebisu ne sont pas aussi sophistiquées que celle que l’on peut voir dans une vidéo du groupe PEDRO dont je parle brièvement ci-dessous. Celle de la vidéo se trouve au bord le la piscine géante du parc prefectural de Futtsu à Chiba (千葉県立富津公園). Ça devrait certainement être une bonne idée d’aller la voir un jour ou l’autre, même en hiver.

Extraits des vidéos des morceaux Crawl (クロール) du groupe Hakubi et Tokimeki (ときめき) de a子.

Continuons donc en musique avec un excellent morceau rock intitulé Crawl (クロール) par le groupe Hakubi. Le groupe originaire de Kyoto est un duo composé de Katagiri (片桐) au chant et à la guitare et d’Aru Yasukawa (ヤスカワ アル) à la basse. Ce morceau a une excellente dynamique qui est parfaitement retranscrite dans la vidéo qui bouge sans arrêt. La voix puissante de Katagiri est vraiment convaincante, tout comme les riffs de guitare agressifs qui sont très présents dès les premiers accords. J’aime particulièrement le moment au milieu du morceau où le ton de la guitare change soudainement et se fait plus sombre tandis que la voix devient plus rapide. Cette maitrise fait vraiment plaisir à écouter. Je suis toujours très attentivement la carrière d’a子 qui vient de sortir un nouveau single intitulé Tokimeki (ときめき, heart race) le 13 Novembre 2024. Je ne suis jamais déçu par les nouvelles sorties musicales de a子. Même si ce nouveau morceau commence un peu doucement, on est très vite accroché par le refrain pop. a子 a un sens de la composition qui fait mouche à chaque fois, avec toujours ces petits décalages bienvenus, comme par exemple le découpage d’un gâteau de mariage à la tronçonneuse (qui est déconseillé) que l’on peut voir dans la vidéo. On ne retrouvera bien sûr pas de sons coupés à la tronçonneuse sur ce nouveau single car tout est parfaitement arrangé, mais il reste tout de même que son approche de la pop est atypique et je pense que sa voix est le principal facteur qui la différencie de tous/toutes les autres. Il y a quelques mois, j’avais été agréablement surpris de la voir apparaître au classement des 30 under 30 du magazine Forbes Japan, classement qui entend mettre en avant 30 personnes de moins de 30 ans qui changent le monde (「世界を変える30歳未満」30人). Je ne sais pas si ce genre de classement a beaucoup de sens car c’est tout à fait subjectif, même si a子 s’est fait un peu connaître à l’étranger par le festival SXSW aux US. C’est en tout cas une belle reconnaissance.

Extrait de la vidéo du morceau New World de Jazztronik feat. ELAIZA.

Je suis également très attentif ces derniers temps aux nouveaux morceaux d’Elaiza Ikeda (池田エライザ). J’écoute beaucoup le morceau New World qui est en fait d’un groupe nommé Jazztronik avec Elaiza au chant. Comme son nom le suggère très fortement, Jazztronik est orienté jazz. Le groupe est basé à Tokyo et se compose en fait d’un seul membre permanent, Ryota Nozaki (野崎良太) qui est pianiste, DJ et producteur. J’imagine qu’il s’entoure d’autres musiciens en fonction des besoins. Jazztronik existe depuis 1998 et a seulement sorti quelques albums et EPs. C’est un morceau très beau, très fluide, dès les premières notes de piano, qui me fait dire qu’Elaiza a cette capacité d’évoluer vers différents styles musicaux. On aimerait que Sheena Ringo lui écrive un morceau à l’avenir. Elaiza a déjà fait des appels du pied en ce sens dans le passé. Toujours dans les ambiances jazz, j’aime aussi beaucoup le nouveau morceau de Punipuni Denki (ぷにぷに電機) intitulé Chipped avec un featuring de Paul Grant, qui est musicien multi-instrumentiste et producteur californien dont les productions prennent inspiration dans le jazz, le R&B et le Hip-hop. Cette collaboration japano-américaine est intéressante et quelque chose me dit que ce type de collaboration internationale va se développer petit à petit. Le morceau est très paisible, voire reposant, comme un dimanche après-midi ensoleillé passé les pieds nus dans un parc de Tokyo ou de Californie.

Extraits des vidéos des morceaux I cannot Rain de &Tilly x Color Theory et Summer (夏) de PEDRO.

Pour changer un peu d’horizon, je découvre le très beau morceau I cannot Rain du groupe originaire de Prague &Tilly, accompagné par les synthétiseurs de Color Theory, aka Brian Hazard. J’aime beaucoup les sons rétro des synthétiseurs et le duo de voix doux et vaporeux de &Tilly. Ces sons rétro me ramènent vers une musique électronique que j’écoutais au tout début des années 2000 et que j’avais un peu oublié, Dirty Dancing de Swayzak (2002) et Alien Radio de Slam (2001). Pour revenir finalement au Japon et à la photographie de pieuvre échouée dans un jardin public, j’écoute quelques morceaux rock plus ou moins récents du groupe PEDRO mené par Ayuni D (アユニ・D) avec Hisako Tabuchi (田渕ひさ子) à la guitare. Du dernier album Iji to Hikari (意地と光) sorti le 6 Novembre 2024, j’écoute beaucoup les singles Lovely Baby (ラブリーベイビー) et Aise (愛せ). Le morceau Summer (夏), qui n’est soudainement plus de saison malgré un très long été cette année, n’est pas inclus sur un album mais sur un CD accompagnant la première édition du LIVE Blu-ray/DVD Life and Memories » (生活と記憶) de PEDRO sorti pendant l’été 2021. La vidéo avec la pieuvre tentaculaire a été tournée par Masaki Okita (大喜多正毅) qui avait déjà réalisé la vidéo du morceau Orchestra de BISH, un des morceaux emblématiques des débuts du groupe sur l’album KILLER BISH sorti en 2016.

明るい朝日を見ててよ

Lorsque je cherche un peu d’inspiration pour écrire un nouveau billet, je regarde de temps en temps en arrière pour voir ce que j’écrivais en plein mois d’Août l’année dernière ou les années précédentes. Regarder en arrière me donne rarement une nouvelle inspiration inattendue, mais me fait cette fois-ci réfléchir à mon style photographique. Je n’expérimente plus beaucoup avec les images et je sens que mon style stagne depuis longtemps. Je me tourne parfois vers Instagram ou Threads pour tenter de trouver des nouvelles inspirations. J’ai ceci étant dit un peu délaissé Instagram ces derniers mois et les dernières photos que j’y ai publié datent de début Mai. J’utilise plutôt Instagram pour me donner des idées d’endroits où aller, à travers des comptes parfois très spécialisés, notamment en architecture. Je me méfie toujours un peu d’Instagram ou de Threads car on y trouve beaucoup d’illusions, créées par de l’intelligence artificielle. Pour donner un exemple parmi beaucoup d’autres, j’avais été subjugué par la beauté visuelle et conceptuelle d’une série photo de Caspar Jade prise en noir et blanc dans un paysage de montagnes chinoises, mais j’ai ensuite assez vite compris que ce set d’images avait été entièrement créé par de l’intelligence artificielle. La série de photographies ne l’indique pas mais l’auteur le mentionne en fait clairement dans la biographie de son compte. Savoir qu’il s’agit d’intelligence artificielle disqualifie pour moi ces photographies, car je me sens trompé et même manipulé. En regardant un set comme celui-ci, on imagine les conditions de la prise d’image et l’ambiance magique des lieux que le photographe a dû parcourir pour trouver le bon endroit. On envie le photographe d’être dans un environnement pareil et réussir des photographies artistiquement inspirées. Mais il n’a rien de tout cela en réalité, seulement quelques mots clés bien choisis et agencés et une machine qui fait le travail. Je me pose toujours la question de la finalité de créer ce genre d’images, qui engendrent à chaque fois un sentiment de déception quand on apprend qu’il ne s’agit pas de réalité. Les auteurs ne prennent même plus la peine de mentionner sous leurs images qu’il s’agit d’intelligence artificielle, ce qui génère à chaque fois un doute et des interrogations. En regardant ce set de photos prises à Mexico en 1980 par le compte travelbug, on s’imagine tout de suite que ces photographies ont été retrouvées dans une malle ou un tiroir qu’on n’avait pas ouvert depuis très longtemps, que ces photos ont une vie tout comme les protagonistes qui y sont photographiés. On imagine brièvement l’histoire de ces photos, mais en même temps notre cerveau est gêné car ces images sont visuellement trop belles et parfaites pour être réelles. J’ai l’impression que les auteurs jouent sur le fait que chaque visiteur peut rapidement comprendre par lui ou elle-même qu’il s’agit de photographies irréelles, mais le fait que les auteurs de ce genre d’images jouent sur l’ambiguïté me gène avant tout. Là où ça devient compliqué, c’est quand les images sont délibérément irréelles comme celles d’architecture d’un certain Jean-Jacques Balzac. J’éprouve un véritable dilemme en regardant ces images créées de toute pièce, car on devine bien entendu qu’il s’agit de créations par intelligence artificielle bien que son auteur ne le mentionne pas clairement, mais le monde dystopique qu’il crée, venant très souvent posé des monolithes, des grandes structures faites de béton et de miroirs en plein désert, est vraiment intéressant et évocateur. Où se trouve la qualité d’un artiste? Dans sa capacité intellectuelle à imaginer des choses jamais vues ailleurs, belles ou dérangeantes? Dans sa capacité technique d’artisan à créer des objets merveilleux à partir de matériaux bruts? Ou dans sa capacité à nous faire rêver ou réfléchir peu importe le médium utilisé ? En quoi un artiste numérique passant des heures devant son ordinateur à créer de nouvelles images manuellement à partir d’une multitude de prises de vues réelles et des outils adaptés a t’il plus de mérite qu’un auteur passant des heures devant un ordinateur à triturer un script de mots clés pour affiner des images afin d’obtenir le rendu désiré ? Je n’arrive toujours pas à répondre clairement à cette question, mais ma tendance naturelle est de donner plus de crédit à un artiste qui ne fait pas entrer le hasard de la machine dans son processus créatif. On pourrait facilement rétorquer que les hasards heureux donnent parfois les plus belles œuvres d’art, et que le travail d’un manipulateur d’intelligence artificielle se compose de nombreuses étapes successives qui demandent à son auteur une vision claire et précise du résultat souhaité. Il reste certainement trop de flou autour des méthodes de création par intelligence artificielle pour légitimer le travail de leurs auteurs. Je reste persuadé qu’apprécier une œuvre ne se limite pas qu’au visuel créé mais demande une histoire, un cheminement qui ne s’invente pas en claquant des doigts. Une chose est sûr, l’intelligence artificielle n’est pas actuellement en capacité de surpasser la créativité humaine, et ça reste une très bonne nouvelle.

J’avais pris l’habitude d’aller acheter les albums physiques en CD des artistes ou groupes que j’aime au Tower Records de Shibuya, le soir avant leur sortie officielle. Je n’ai malheureusement pas pu m’y rendre le 9 Juillet 2024 pour l’album d’a子 intitulé GENE, sorti officiellement le 10 Juillet. Je me suis en fait rattrapé quelques jours plus tard pour me procurer la version CD de l’album accompagnée par un disque Blu-ray montrant quelques morceaux enregistrés en version acoustique aux US en marge du festival SXSW d’Austin (Texas), auquel a子 avait participé avec son groupe en Mars 2024. Après trois EPs (Misty Existence, ANTI BLUE et Steal Your Heart) sortis entre 2020 et 2023 de manière indépendante sur Londog, a子 sort finalement son premier album sur le label IRORI Records de la maison de disques majeure Pony Canyon. GENE contient 13 titres dont 8 sont déjà sortis en singles ou sur les EPs précédents. Écouter tous ces singles déjà connus de manière continue à l’intérieur d’un album me fait rendre une nouvelle fois compte de la qualité de composition d’a子 et de son groupe sur la totalité de ses morceaux. Même en connaissant très bien une grande partie des morceaux déjà écoutés maintes fois, je n’éprouve aucune lassitude à l’écoute de l’ensemble. Je redécouvre en fait ces morceaux sous un jour nouveau, en me rappelant avec plaisir les incursions de violon de Neko Saito (斎藤ネコ) sur certains morceaux comme samurai et Ai ha Itsumo (愛はいつも). Je pense que la qualité pop de l’ensemble des morceaux sans renier l’approche indé initiale est une des forces de la musique d’a子. Une autre de ses grandes forces est bien entendu sa voix, qui est parfois murmurée et parfois forte, mais en tout cas particulière, unique et immédiatement reconnaissable. La sortie de l’album était accompagnée par le single good morning, assez classique de son style et en même temps très accrocheur. Parmi les nouveaux morceaux, Borderline (ボーダーライン) concluant l’album a aussi droit à une vidéo, tout comme good morning utilisant des images de leur passage aux US. Le morceau Borderline est en fait assez différent de ce qu’on a l’habitude d’entendre, car la voix d’a子 joue sur un registre inhabituel que je ne reconnais pas sur d’autres morceaux, au point où je me suis d’abord demandé si c’était bien elle qui chantait au début du morceau. L’approche de Borderline est plus axée rock, tout comme le morceau miss u qui est également une excellente surprise. On imagine assez bien l’influence américaine de son séjour à Austin sur le morceau miss u en particulier, les guitares y étant par moments plus lourdes et distordantes. Cette direction un peu différente sur ces deux morceaux, mais tout de même très tournés vers le pop rock, est assez fraîche dans sa discographie. Le nouveau morceau Beige to Momoiro (ベージュと桃色) qui suit ensuite a une approche plus électro-pop et je dirais que c’est un morceau “100”% a子” fonctionnant excellemment bien. En incluant le quatrième nouveau morceau intitulé Tsumaran (つまらん) qui est également très bon, on se dit que l’ensemble de l’album est une collection de singles qui s’accordent très bien ensemble, alternant entre un penchant plus rock alternatif et un autre plus électro, mais avec toujours cette tendance pop qui ne laisse pas indifférent dès la première écoute. Acheter l’album au Tower Records de Shibuya était l’occasion de prendre au passage le numéro du magazine gratuit Bounce montrant justement a子 en couverture. Elle est une nouvelle fois affichée dans les rues de Shibuya et je n’ai pu m’empêcher de faire mon Otaku en prenant en photo cet affichage de rue géant. Les photographies prises pour l’album par la photographe Alien Wang sont vraiment très réussies. Un booklet supplémentaire était donné si on réservait l’album avant sa sortie. Je m’en suis malheureusement rendu compte trop tard, ce qui est bien dommage car il a été conçu par l’artiste haru.(HUG) qui a également créé le design du dernier album 12 hugs (like butterflies) d’Hitsuji Bungaku (羊文学) et dont j’avais été voir l’exposition Secret Garden (ひみつの庭) au mois de Juin. On dirait bien qu’un petit lien discret est tiré entre les univers d’Hitsuji Bungaku et d’a子, pour ma plus grande satisfaction.

feeling toooo lazy

C’est peut être l’effet Golden Week, mais je me sens paresseux pour écrire de nouveaux billets sur ce blog, même si les photographies à montrer ne manquent pas, car nous sommes allés à différents endroits ces dernières semaines. J’ai en fait tellement de billets en brouillon en attente d’écriture que je ne sais pas par lequel commencer. Ces billets ont déjà des photos allouées et un titre provisoire mais il me reste les textes à écrire pour une douzaine d’entre eux, dont celui-ci. Nous sommes actuellement entrés dans une des deux meilleures périodes de l’année au Japon et l’envie de prendre des photos est très forte. Celles de ce billet sont relativement classiques, prises à Daikanyama, Ebisu et Shibuya. Sur l’avant-dernière photographie, je montre une nouvelle fois mais en contre-plongée l’unité d’appartements haut de gamme conçue par Toyo Ito à Shibuya Tokiwamatsu. J’ai également déjà montré le bâtiment rond couvert de bois de la première photographie. On y trouve actuellement un café et une galerie appelés Monkey Café & Gallery D.K.Y. Ce bâtiment a été conçu par Hiroshi Nakamura (中村拓志) & NAP et se nomme Sarugaku Cyclone. Les plaquettes de bois du haut du bâtiment subissent malheureusement l’usure du temps et ont perdu de leur fraîcheur d’origine. On peut voir un phénomène similaire sur certains bâtiments de Kengo Kuma, qui ne vieillissent pas très bien par rapport, par exemple, au béton de Tadao Ando.

Les petits tunnels de Biku et de Koshin sous la voie ferrée entre les gares d’Ebisu et de Shibuya sont souvent taggés en long et en large, puis nettoyés et re-taggés dans une boucle infinie qui n’est pas sans intérêt pour le photographe que je suis. Depuis quelques semaines, une grande fresque de l’artiste californien Barry McGee vient occuper un des murs du tunnel sur une surface de 16m de large sur 3.5m de long. L’art de Barry McGee combine des graphismes géométriques très riches en couleurs avec des dessins de portraits. Cette fresque vient s’inscrire dans un projet appelé Shibuya Arrow qui a été lancé en 2017 dans le but de diffuser des informations sur les sites d’évacuation temporaires et les itinéraires d’évacuation en cas de catastrophe tel qu’un tremblement de terre. En regardant bien les dessins de Barry McGee, j’ai quand même beaucoup de mal à y déceler des informations d’évacuation en cas de tremblement de terre. Toujours est-il que ces dessins viennent embellir un tunnel qui ne l’était pas et je suis curieux de voir apparaître soudainement d’autres œuvres de ce projet. Voici donc un nouveau sujet à suivre de près. Tout comme les toilettes publiques d’architectes dans Shibuya, j’imagine que la découverte de nouvelles fresques dans Shibuya créera de nouvelles vocations de guides pour les touristes venus de loin. Et comme je le mentionnais au début du billet, nous terminons la deuxième partie de la Golden Week, période pendant laquelle on voit apparaître aux quatre coins du pays des carpes colorées accrochées en haut de mâts et se laissant porter par les vents.

Lors du concert final de For Tracy Hyde, le 25 Mars 2023 dans la salle WWWX de Shibuya, Azusa Suga (管梓) nous avait fait part qu’il continuerait à composer pour son autre groupe April Blue (エイプリルブルー) mais également plus occasionnellement pour des groupes d’idoles alternatives. Je pensais à RAY pour lesquelles il a déjà composé un certain nombre de titres rock. J’ai appris à travers son fil Twitter qu’il compose également pour un autre groupe appelé airattic (エアラティック) que je ne connaissais pas. Le morceau Film Reel of Our Youth (フィルムリールを回して) est sorti il y a plus d’un d’un an, en Septembre 2022, mais je ne le découvre que maintenant. Dès les premiers accords de guitares, on reconnaît tout de suite les compositions d’Azusa Suga pour ses ambiances de rock indé au style Dream pop légèrement mélancolique. Le titre même du morceau m’évoque tout de suite For Tracy Hyde, ce qui me fait penser que ce morceau aurait très bien pu être chanté par Eureka si le groupe n’avait pas pris fin le 25 Mars 2023, d’autant plus qu’il s’agit de Mav, également un ancien de For Tracy Hyde, qui y joue de la basse. Le morceau est donc chanté à plusieurs voix, celles des cinq idoles alternatives d’airattic, à savoir Hinari Koizumi (小泉日菜莉), Nene Kagura (神楽寧々), Madoka Momose (百瀬円香), Honoka Sakuragi (桜木穂乃花) et Ami Mukai (向日葵海). La production du groupe, dirigée par un certain Shota Homma (本間翔太), nous indique que le nom de la formation provient des mots air (空気) et attic (屋根裏), mais je ne peux m’empêcher d’entendre phonétiquement le mot Erratique, qui ne caractérise pourtant pas la musique du groupe. Tout comme pour RAY, plusieurs compositeurs indépendants rock ou électro composent pour airattic. J’aime beaucoup le morceau Film Reel of Our Youth mais je lui préfère celui intitulé Lightning (閃光) sorti en Décembre 2022. Ce deuxième single a une approche complètement différente, beaucoup plus rapide et dynamique. On dirait un single de Nogizaka 46 qui serait passé en accéléré. Ce qui fonctionne très bien sur ce morceau, c’est le rythme vocal soutenue des filles du groupe tenant très bien la route et n’ayant pour le coup absolument rien d’erratique. La vitesse excessive du morceau a même quelque chose de ludique, tout comme leur chorégraphie, dans la pénombre d’un vieil hangar. Parmi les autres découvertes musicales récentes, je ne suis pas mécontent de revenir vers le beat électronique de type house music de tofubeats avec le morceau I CAN FEEL IT sur son nouvel EP NOBODY sorti le 26 Avril 2024. La vidéo du morceau est concentrée sur l’actrice et cascadeuse (notamment dans l’épisode de John Wick sorti en 2023), Saori Izawa (伊澤彩織) devant des claviers ou au volant d’un 4WD sur l’autoroute express de Tokyo intra-muros. Ce n’est pourtant pas elle qui chante sur ce morceau, car tofubeats utilise ici un software vocal appelé Synthetiser V doté d’intelligence artificielle. La voix auto-tunée qui en ressort a quelque de neutre et d’inorganique mais elle n’en reste pas moins expressive, ce qui est au final assez étonnant. Pour être très honnête, j’aurais préféré qu’il utilise une véritable voix, car ce ne sont pas les belles voix qui manquent dans le paysage musical japonais. Cette voix artificielle combinée aux beats plein de cascades de tofubeats rendent tout de même ce morceau extrêmement intéressant et accrocheur. Depuis qu’elle a signé sur une major, je trouve que les vidéos d’a子 gagnent en qualité. Son dernier single intitulé Lazy est sorti le 17 Avril 2024, date facile à retenir car c’était le même jour que la sortie du dernier single de Sheena Ringo. L’amateur que je suis des compositions et de la voix d’a子 n’est pas déçu par ce nouveau single qui continue vers des terrains musicaux qu’on lui connaît. J’ai un avis un peu partagé sur les derniers singles d’a子 car j’aimerais qu’elle explore des horizons un peu différents, mais j’ai en même temps le sentiment qu’elle a trouvé une ambiance qui lui convient et lui correspond, à mi-chemin entre rock indé et pop. Continuer sur cette voie lui permet en même temps de se construire une identité immédiatement reconnaissable. On est en tout cas très loin de s’ennuyer en écoutant ce nouveau single car a子 parvient à chaque fois à attraper notre attention avec un refrain bien vu. Le quatrième morceau de cette playlist me fait particulièrement plaisir à écouter car il s’agit du dernier single intitulé Yogensha (預言者) du groupe Tempalay sur leur cinquième album ((ika)) sorti le 1er Mai 2024. Tempalay est le groupe dans lequel AAAMYYY joue du clavier et assure les chœurs, avec Ryōto Ohara (小原綾斗), le chanteur, guitariste et compositeur du groupe, et Natsuki Fujimoto (藤本夏樹), le batteur. Sachant qu’AAAMYYY jouait dans ce groupe, j’ai eu à plusieurs reprises envie de découvrir Tempalay, sans être malheureusement très convaincu par le rock un peu psychédélique qui les caractérise. Je trouve par contre ce dernier single excellent, avec une bonne balance entre les voix d’AAAMYYY et de Ryōto Ohara. En fait j’adore quand AAAMYYY vient mélanger sa voix avec celle d’un autre chanteur car elle a une tonalité un peu différente, très légèrement rugueuse qui complète bien l’autre voix. Le single a une atmosphère très cool et on s’y sent bien. J’ai du coup très envie de découvrir cet album de Tempalay, car j’y retrouve assez clairement l’empreinte d’AAAMYYY.

rouge comme le feu

Je mentirais si je disais que je n’avais pas fait le déplacement exprès pour aller voir ses affiches géantes de la compositrice et interprète a子 dans centre de Shibuya. On pouvait voir ces grandes affiches à plusieurs endroits à Center-Gai et près du parc Miyashita. Ce mode d’affichage n’est pas rare à Shibuya et je me souviens d’une campagne d’affichage pour l’agence Wack, mais qui allait cependant plus loin dans le mode guérilla. J’aime en tout cas le côté ludique d’essayer de découvrir toutes les affiches et de les prendre en photo dans leur environnement urbain. Cet affichage correspond à la sortie de son premier single intitulé Planet (惑星) sur un label majeur, IRORI Records sur Pony Canyon. J’avais déjà parlé de ce single dans un précédent billet et je pense d’ailleurs avoir évoqué sur ce blog tous ses nouveaux singles et EPs depuis ses débuts au fur et à mesure de leurs sorties. Ça fait en tout cas plaisir de la voir grimper les échelons. Des affiches sont également placées au niveau de l’ancien cinéma Rise, actuellement salle de concert WWW et WWW X où j’avais été la voir avec son groupe pour son premier Oneman Live. Cette photographie prise par la photographe YONNLIN est très réussie car elle donne une impression nuancée du visage de a子 entre apaisement et feu intérieur comme le rouge extravagant de sa chevelure.

Si je ne me trompe pas, AAAMYYY n’avait pas sorti de nouvelle musique en solo depuis le EP Echo Chamber sorti en Juillet 2022. Ça fait beaucoup de bien d’entendre à nouveau la voix légèrement voilée immédiatement reconnaissable d’AAAMYYY sur un nouveau single. Ce single s’intitule Savior. Il est sorti le 10 Février 2023 et est co-produit par Wataru Sugimoto (杉本亘) aka MONJOE. L’esprit du morceau est assez fidèle à ses précédents morceaux. Il est extrêmement bien produit ce qui donne une grande fluidité à son chant même si elle alterne constamment entre le japonais et l’anglais. Cette fluidité et la dynamique du flot parfaitement millimétré me plait vraiment beaucoup, d’autant plus que la voix d’AAAMYY qu’on a tendance à imaginer comme un peu nonchalante s’y accorde parfaitement. D’après l’affiche du concert Option C du 7 Mars 2024, on retrouvera MONJOE comme DJ/MP (MP pour Music Producer, j’imagine). Les invités confirmés seront assez nombreux. Je ne suis pas surpris de voir TENDRE sur l’affiche car il participe souvent aux morceaux d’AAAMYYY. Parmi les noms mentionnés, on trouve Shin Sakiura qui a arrangé plusieurs de ses morceaux, les rappeurs Ryohu et (sic)boy qui ont chantés en duo sur certains de ses morceaux, notamment le superbe Hail pour (sic)boy, KEIJU qui est également rappeur mais je ne connais pas de morceaux sur lequel il était en duo avec AAAMYYY. Je lui connais seulement une participation au morceau Link Up de Awich. Je lis sur l’affiche d’autres noms comme Shō Okamoto (オカモトショウ) du groupe OKAMOTO’S, Zata, entre autres. Je suis assez curieux et impatient d’entendre ce que ça va donner. Le morceau intitulé Fukashi Tentai (不可視天体) a été composé par DAOKO en utilisant le synthétiseur VOCALOID V AI Juon Teto (重音テト). Elle a en fait soumis ce morceau de manière anonyme et en tant que rookie sur la chaîne Nico Nico Dōga (ニコニコ動画) à l’occasion d’un événement Vocaloid appelé The VOCALOID Collection ~2024 Winter~. Le nom qu’elle a utilisé pour son compte est ▷△○◁○ et on peut assez facilement noter la correspondance avec son nom d’artiste. Elle a de toute façon vendu assez rapidement la mèche sur Twitter, ce qui a suscité un heureux étonnement de la communauté VOCALOID sur Nico Nico Dōga. Dans son message Twitter, elle précise qu’il s’agit de la première œuvre musicale qu’elle réalise entièrement par elle-même. Et ce morceau Vocaloid, qui a été également publié sur YouTube quelques jours plus tard, est une belle réussite. J’adore la trame électronique d’apparence irrégulière et la voix rappée de Daoko un peu différente que d’habitude, un peu plus masculine dirais-je. Elle pourrait très clairement réaliser un album entier dans cet esprit. Le groupe SUSU (好芻) est un des projets parallèles d’Ikkyu Nakajima (中島イッキュウ) avec Kanji Yamamoto (山本幹宗). J’avais déjà parlé du mini-album intitulé Gakkari sorti en Septembre 2022, et le duo a sorti quelques nouveaux morceaux dont le single Cacao (カカオ) que j’aime beaucoup. L’ambiance générale assez cool et rêveuse de ce nouveau single reste fidèle aux morceaux que l’on connaît du mini-album, mais assez éloigné des rythmes souvent endiablés de Tricot. La musique de Tricot me manque d’ailleurs un peu car elles n’ont pas sorti de nouveau morceau ou album depuis un bon petit moment. J’essaie en tout cas d’aller les voir une nouvelle fois en concert au mois de Mai, mais les places sont soumises à une loterie donc c’est pas gagné et ma première tentative a échoué. Le fait que la première partie soit le groupe PEDRO, dont je parle de temps en temps sur ces pages, doit rendre l’obtention des places plus compliqué. Pour terminer cette petite sélection, je reviens encore une fois vers le rock du groupe Haze mené par Katy Kashii (香椎かてぃ) avec le mini-album intitulé Noize sorti le 31 Octobre 2022. Deux morceaux y sont particulièrement accrocheurs: Hikikomori Rock (引きこもりロック) et Gyalgal (ギャルガル). Sur le Hikikomori Rock, Katy démarre par une invective Boku no Hikikomori ga Rock ni Naru (僕の引きこもりがロックになる), qui interpelle. J’aime beaucoup l’agressivité accompagnée par les guitares qui rythment le morceau, avec toujours la voix de Katy à la limite du brut et roulant par moments les « r ». Le Hikikomori du titre et des paroles démarrant le morceau, fait référence au syndrome extrême d’isolement de toutes relations sociales qui touche certains adolescents. Dans ce morceau, Katy semble signifier que le Hikikomori s’est transformé pour elle en énergie rock. Ce single a pour sûr beaucoup d’énergie à revendre. Le morceau Gyalgal (ギャルガル) fait participer tous les membres du groupe au chant. On ne peut pas dire qu’elles chantent toutes très bien, mais ça contribue à cet esprit rock qui se base plus sur l’énergie que sur la justesse du chant. Et encore une fois, cette énergie est particulièrement présente, notamment au moment du refrain qu’on attend avec une certaine impatience à chaque écoute.

j’apprends tokyo (jour après jour)

Je pense avoir déjà montré ici ces tuyaux d’aération en méandres sur la deuxième photographie, comme je pense avoir déjà pris une photographie similaire à la quatrième, attendant qu’un passant marche derrière la sculpture noire de Kan Yasuda (安田侃) à Tokyo Mid-Town. Je n’avais par contre jamais assisté à un festival du Setsubun dans un temple. Nous célébrons bien sûr Setsubun tous les ans à la maison en prenant un malin plaisir à lancer des haricots secs (mame) un peu partout à l’intérieur et à l’extérieur de l’appartement pour repousser les démons et inviter la chance à rester. Mon fils étant maintenant un peu trop grand, je ne porte bien sûr plus le masque de démon rouge, qui m’allait pourtant si bien. Je suis par contre toujours de corvée de ramassage des mame après la fin des hostilités. Certains haricots roulent et viennent se cacher dans les recoins de l’appartement. On ne les retrouve parfois que plusieurs mois plus tard. Comme Setsubun tombait cette année un Samedi, je me suis décidé, certes un peu tard, à aller voir les festivités qui se déroulaient au grand temple Ikegami Honmonji (池上本門寺). Le problème est que le site web du temple ne donnait pas l’heure exacte du début des festivités, et je suis malheureusement arrivé juste quand elles se terminaient. Dans ce genre d’évènements, des personnalités du monde du sport ou des médias sont parfois invitées pour lancer des sachets de ces fameux haricots vers la foule venue en nombre. Des installations étaient même mises en place devant le temple. Mais à mon arrivée vers 15h après environ 45 mins de train et de marche, la foule commençait déjà à partir et j’ai bien manqué l’événement. Ce n’était pas le premier acte manqué ces derniers jours. Je retiendrais la leçon pour l’année prochaine. Ça ne m’a pourtant pas empêché de faire un tour du temple et de son grand cimetière vallonné. Je remarque qu’une nouvelle tour est en construction et semble même être bientôt terminée.

Dès le Vendredi précédent, la météo avait annoncé de la neige pour ce lundi après-midi. Je n’y croyais d’abord pas beaucoup mais elle est finalement tombée sans pourtant bloquer tous les transports, comme c’était le cas il y a plusieurs années. J’aurais voulu terminer tôt pour profiter un peu de la neige, mais cette journée s’est déroulée comme toutes les autres et je suis rentrer tard. Les photographies sont prises donc le soir vers 21h dans les quartiers autour de la rue Kotto à Minami Aoyama. L’arbre enneigé qui ressemble à un bonsaï sur la deuxième photo est placé devant l’élégant bâtiment IDÉAL TOKYO conçu par Hiroshi Nakamura & NAP (中村拓志 &NAP建築設計事務所). Je continue avec l’architecture enneigée sur la troisième photo montrant un petit bâtiment de béton dessiné par Tadao Ando (安藤忠雄). Une bonne partie de cette neige a malheureusement disparu dans le courant de la journée suivante. Comme tout le monde je pense, j’ai toujours un sentiment partagé en voyant la neige tombée, entre une certaine forme de joie liée à des souvenirs d’enfance et une certaine appréhension en pensant aux éventuels problèmes de transport que cette neige va générer. Le premier sentiment l’emporte toujours. Je ne suis pas le seul à avoir un regard émerveillé et à prendre quelques photos au passage. Il faut bien sûr marcher doucement pour éviter de glisser et se retrouver à terre. L’album Sonatine de D.A.N. que j’évoquais dans mon billet précédent m’accompagne dans les rues enneigées, mais j’aurais également pu réécouter le très bel album Illuminate de Smany (えすめにー). Elle le conseille d’ailleurs elle-même sur Twitter lors de certains jours de pluie, ou de neige cette fois-ci (私のアルバムも雪に合うよ) et ça m’amuse toujours.

La guitariste et chanteuse Minori Nagashima (長嶋水徳), dont j’ai déjà parlé une ou deux fois sur ce blog, commente assez régulièrement sur son compte Instagram ou Twitter à propos d’Haru Nemuri (春ねむり). Je pensais qu’elle commentait car elle appréciait tout simplement sa musique, mais je me suis rendu compte que ça allait plus loin qu’une simple appréciation car Minori Nagashima joue en fait de la guitare électrique dans le groupe rock d’Haru Nemuri, du moins sur son dernier EP INSAINT sorti en Septembre 2023. On la voit en effet jouer de la guitare sur le très intéressant documentaire qu’Haru Nemuri consacre à cet EP, Recording Documentary – INSAINT. J’avais écouté sans trop de conviction cet EP au moment de sa sortie, sans vraiment y accrocher. Autant son premier album Haru to Shura (春と修羅) et ses mini-albums précédents Sayonara, Youthphobia (さよなら、ユースフォビア) et Atom Heart Mother (アトム・ハート・マザー), sans oublier le EP Kick in the World, avaient été pour moi des révélations, autant j’avais eu un avis mitigé sur la direction moins rock qu’elle prit ensuite avec le EP Lovetheism et surtout l’album Shunka Ryougen (春火燎原). Un morceau comme le single Fanfarre sur Lovetheism était particulièrement intéressant, mais j’avais trouvé les morceaux suivants de sa discographie beaucoup moins aboutis musicalement. INSAINT revient au contraire sur un terrain rock qui me plait beaucoup plus, en particulier le morceau Sanctuary wo Tobidashite (サンクチュアリを飛び出して) qui me rappelle les meilleurs moments de sa discographie. Je pense que j’aime ce morceau en particulier car elle ne force pas exagérément le trait. Le problème que j’ai avec Haru Nemuri est qu’elle est devenue une professionnelle de l’indignation sur les réseaux sociaux, et qu’elle le traduit dans sa musique d’une manière parfois exagérée. Le deuxième morceau I refuse (わたしは拒絶する) est par exemple musicalement intéressant et son approche vocale est puissante, mais je ne comprends pas le besoin de crier d’une voix sortie du death metal. Le morceau suivant Seizon wa teikō (生存は抵抗) a une approche similaire et sa voix rauque est difficile à entendre, ce qui est d’autant plus dommage que le contraste avec les chœurs est pourtant bien vu. Les paroles du premier morceau Destruction Sisters (ディストラクション・シスターズ) se veulent volontairement fortes et choquantes, mais je trouve qu’elle force le trait jusqu’à une certaine forme d’excès qui me dérange à l’écoute. J’en ai pourtant pas fini avec ce mini-album EP car j’y trouve tout de même des moments de brillance.

Je ne pensais pas revenir aussi vite vers un autre morceau du groupe Haze dont je parlais récemment. J’écoute maintenant celui intitulé Shushutaito (シュシュタイト) qui est tout de suite très accrocheur. En fait, j’aime beaucoup la voix de Katy qui n’est pas totalement fluide, mais qui ne donne pas pourtant le sentiment de se forcer. Sa manière d’appuyer sur les mots du refrain vers le fin du morceau les font sonner comme des coups de poing (sans pourtant avoir besoin de crier). Il y a comme sur le morceau NOISE une certaine qualité brute très riche en guitare avec tout de même une approche restant assez pop et immédiate. Le morceau est extrêmement efficace, ce qui m’a étonné car j’étais assez loin de m’en douter. Je ne connaissais pas le terme utilisé pour le titre Shushutaito, qui signifierait être coincé dans de vieilles habitudes et traditions, d’être inflexible, ce qui est traduit dans les paroles du morceau. Il me reste maintenant à partir à la découverte d’autres morceaux du groupe.

Il y a quelques semaines, j’ai été particulièrement surpris d’entendre le single racy de a子 jouer en fond sonore dans un supermarché de Nishi-Tokyo, ce qui m’a amené à penser qu’elle a passé une nouvelle étape vers une reconnaissance populaire. Ou alors est ce cette chaîne de supermarché, dont j’ai oublié malheureusement le nom, qui est particulièrement pointue dans sa sélection musicale. Dans tous les cas, a子 continue son parcours musical en sortant très régulièrement de nouveaux singles toujours aussi enthousiasmants. Ce nouveau morceau intitulé Planet (惑星) n’est peut-être pas aussi immédiat que racy, mais n’en est pas moins bon. Elle a clairement développé un style, une identité musicale qui lui est propre, grâce notamment à sa voix légèrement voilée et à l’approche musicale que je qualifierais d’indie-pop-rock. La vidéo réalisée par Shun Takeda accompagnant ce morceau est également très belle, notamment ces images d’une éclosion cybernétique très étrange. Shun Takeda avait déjà réalisé la vidéo du morceau trank de a子.

Voir NOW danser d’une manière très cool et naturelle sur un extrait d’Unknown Sense, le dernier single du groupe ExWHYZ m’a rappelé vers la musique de ce groupe petite sœur de feu-BiSH. L’électronique farouche composée par Josef Melin et Cecilia Kallin n’est certes pas le style que j’affectionne le plus, mais le morceau n’en reste pas moins terriblement efficace. ExWHYZ continue à faire appel à des musiciens et producteurs extérieurs pour composer les nouveaux morceaux du groupe. Shinichi Osawa reprend du service en composant et produisant l’excellent single Our Song, qui rentre assez facilement dans la liste des meilleurs titres du groupe. Ces deux morceaux seront présents sur le futur nouvel album du groupe intitulé Dress to Kill qui sortira le 20 Mars 2024. En attendant, j’écoute quelques autres morceaux que j’avais manqué, notamment 6WHYZ sorti sur le EP HOW HIGH?, où chacune des six membres du groupe propose son petit passage hip-hop. L’ensemble est particulièrement réussi et je pense que les arrangements musicaux et la production par Miru Shinoda et Kento Yamada (yahyel) contribue à la fluidité impeccable du morceau. Je n’avais pas écouté en entier le premier album du groupe (le premier après la première période sous le nom EMPiRE), mais j’y reviens également en constatant que certains morceaux, notamment les deux premiers, xYZ et D.Y.D (pour Dance Your Dance, qui est le motto de l’album), ont été composés par Miru Shinoda. J’avais vu ce musicien pendant quelques minutes au Department Store PARCO lorsque j’avais été voir AAAMYYY. Ils jouaient tous les deux devant les platines en alternance et j’avais été particulièrement impressionné par le son aux allures expérimentales que produisait Miru Shinoda. C’est également le cas sur le morceau D.Y.D, en particulier le passage final faisant sonner les sons electro comme une pale d’avion en décélération incontrôlée. L’agence Wack de Junnosuke Watanabe (渡辺淳之介) est particulièrement brillante pour mettre en œuvre ce genre de collaboration, et ça fait plaisir de voir ExWHYZ en tirer pleinement partie.