Un téléphérique nous amène en haut du Mont Kinka pour visiter le château de Gifu. Cette montagne s’appelait auparavant Inabayama et le château était donc autrefois celui d’Inabayama mais Oda Nobunaga décida de changer son nom, ainsi que la ville où il se trouve, en Gifu. Ce nom serait inspiré par le nom d’une montagne chinoise, Qishan (岐山), qui aurait été le point de départ de l’unification d’une grande partie de la Chine ancienne. On voit le parallèle qu’Oda Nobunaga voulut donner avec l’unification du Japon déchiré par les guerres continuelles de la période Sengoku. Ce château idéalement placé sur la plus haute montagne des alentours (à 329m de hauteur) lui donne une importance stratégique. Suite à la prise de ce château, Oda Nobunaga y installa son commandement pendant les neuf années où il œuvra à l’unification du Japon. La construction initiale du château remonte à l’année 1201, par la famille Nikaido pendant la période Kamakura, mais le château que l’on peut visiter maintenant est beaucoup plus récent car il date de 1956. La construction actuelle de ciment n’a par conséquent rien d’historique ou d’authentique comme peut l’être le château d’Inuyama. Il n’empêche que le point de vue depuis le dernier étage du donjon est tout particulièrement impressionnant. Il donne une vue imprenable sur les anciennes provinces de Mino (actuellement la préfecture de Gifu) et d’Owari (actuellement Aichi) dont Oda Nobunaga est originaire. On imagine très bien que les hommes d’Oda Nobunaga pouvaient voir de très loin les attaques ennemies. Ça doit être une des vues les plus impressionnantes que j’ai pu voir jusqu’à maintenant depuis un château japonais. Les étages à l’intérieur du château servent de musée montrant notamment des images de la grande résidence d’Oda Nobunaga dont je parlais dans le billet précédent et insistant sur le fait qu’il rendit volontairement ces lieux plus impressionnants qu’ils n’étaient au moment de son arrivée pour donner une impression de puissance. On nous évoque également assez longuement la visite d’un missionnaire jésuite portugais, Luis Frois, qui aurait été particulièrement impressionné par les lieux et aurait contribué à diffuser cette image de puissance. Oda Nobunaga agissait d’ailleurs habillement en ce sens. Le chemin qui mène vers le château depuis le téléphérique demande une dizaine de minutes de marche, mais la chaleur rend tout mouvement plus difficile qu’à la normale. Il souffle heureusement un petit vent frais tout en haut de la montagne Kinka et c’est particulièrement agréable. Au début de l’après-midi, nous reprenons ensuite la route vers la préfecture de Shizuoka qui est la troisième étape de nos petites vacances.
Étiquette : Château de Gifu
quelques journées d’été (3)
L’étape suivante et finale de notre première journée était la ville de Gifu, dans la préfecture du même nom, située à seulement une quarantaine de minutes en voiture d’Inuyama. Nous passerons la nuit dans un ryokan au bord du fleuve Nagara et à quelques mètres du Mont Kinka en haut duquel se trouve le château de Gifu. Nous le visiterons le lendemain matin. Tout comme à Inuyama, on pratique sur le fleuve Nagara la pêche au cormoran, appelée Ukai (鵜飼), qui est une pêche traditionnelle ancestrale ayant lieu presque toutes les nuits. Cette pêche est pratiquée depuis 1 300 ans sans interruption, du 11 Mai au 15 Octobre. Les touristes peuvent assister à cette pêche, de nombreuses barques sont prévues à cet effet, mais les heures de départ ne correspondaient malheureusement pas à celles de notre repas du soir. Nous en profitons plutôt pour marcher le long de l’ancienne rue Kawaramachi. Chaque maison de cette rue est ornée d’une lampe représentant une image de cette pêche Ukai. Je ne sais pas si elles sont accrochées en permanence aux portes des maisons ou s’il s’agit de la période actuelle proche du Obon qui le demande. Le lendemain matin, nous embarquons dans une visite guidée des abords du château où on trouve les vestiges de la luxueuse résidence du seigneur de guerre unificateur du Japon, Oda Nobunaga. Il ne reste rien de cette résidence mais des images nous donnent une idée générale de son apparence extérieure. On nous apprend qu’un petit étang se trouvait également sur ce site et que l’eau de l’ancienne cascade suinte toujours à travers les roches. Un projet dans les quelques années qui viennent est de reconstituer cet étang. Il n’y a malheureusement pas de projet pour reconstruire la résidence d’Oda Nobunaga, ce qui est dommage vu l’importance historique du personnage. Cette visite guidée est assez particulière. Il n’y a en fait pas grand chose à voir car il s’agit de ruines dont il ne reste que peu de choses, seulement des morceaux de murs de pierre, des monticules de terre ou des renfoncements dans le sol indiquant l’emplacement d’anciens bâtiments, ou des cascades d’eau qui ne coulent presque plus. Mari fait la remarque que cette visite ressemble à l’émission de la NHK, Bura Tamori (ブラタモリ) qui s’attarde souvent sur la géologie des terrains ou à d’autres aspects que toute personne lambda ne remarquerait certainement pas. Le guide nous entend en souriant car Tamori est en fait bien venu ici pour cette émission et avait même été particulièrement intéressé par les roches de l’ancienne cascade qui formera dans quelques années la reconstitution de l’étang. Je montre cette roche sur la sixième photographie du billet. Notre visite se termine au pied du téléphérique qui nous invite à une visite du château sous les chaleurs estivales infernales approchant les 39 degrés.