Il arrive parfois que Twitter me donne des pointeurs vers des choses intéressantes à découvrir à Tokyo, notamment en architecture. Nisan Gogo donne sur son compte Twitter un lien vers un article du site Dezeen, couvrant l’architecture et le design, à propos d’une maison individuelle configurable par son utilisation de tubes métalliques ajustables. L’article indique que cette maison, conçue par l’architecte Suzuko Yamada, se nomme Daita 2019 (j’ai lu aussi Daita House). La déduction rapide que je fais est que cette maison doit se trouver quelque part à Daita dans l’arrondissement de Setagaya. Je ne connais pas particulièrement le quartier de Daita, à part qu’on le traverse régulièrement pour aller vers Kichijōji en voiture. Je ne sais pour quelle raison mais j’ai le sentiment immédiat que je peux trouver cette maison malgré les maigres indications qui me sont données. Je n’ai bien sûr pas son adresse car il s’agit d’une propriété privée. Pour espérer la trouver, je n’ai sous la main que les quelques photographies de l’article de Dezeen ainsi qu’une indication qu’elle se trouve sur une rue en forme de “Y”. J’ai cependant réussi plusieurs fois à trouver des maisons sans avoir l’adresse à travers des recherches minutieuses sur Google Map. Pour Daita House, il faut d’abord rechercher les rues en « Y » et ensuite essayer de reconnaître la forme de la maison vue du ciel. Le problème est que Google Map n’est pas toujours à jour et que cette maison est relativement récente car elle date de 2019 (du moins, c’est ce que j’en déduis d’après son nom). Il est fort probable qu’elle n’y soit pas montrée ou qu’elle soit encore en cours de construction. Je tente quand même ma chance et après quelques minutes, j’ai l’intuition d’avoir déjà trouvé cette maison. Google Map ne montre pas les tubes métalliques car ils ne semblent pas avoir été installés au moment où les photos de rue ont été prises. Daita 2019 sans sa forêt de tubes ressemble à une maison classique mais je reconnais tout de même le format variable des vitrages en cours d’installation. Il n’y a pas de doute, il s’agit bien de Daita 2019. Profitant de deux heures de temps libre (le temps libre fonctionne toujours par tranche de deux heures), nous partons à la recherche de cette maison en voiture, Mari m’accompagnant car nous irons ensuite à la chasse aux sanctuaires dans le quartier. Les rues sont étroites quand on s’enfonce dans les zones résidentielles de Setagaya et les voies à sens unique sont très nombreuses. Lorsque l’on découvre finalement Daita House à l’endroit que j’avais identifié sur Google Map, il faudra faire vite pour observer la maison et prendre quelques photos car on est obligé de se garer au milieu de la rue. Il n’y a heureusement pas grand monde dans ce quartier. Comme dans tous les quartiers résidentiels de Tokyo, ils sont remplis à ras bord de maisons et de résidences, mais il y a peu de monde dans les rues en pleine journée. Bien que l’on devine que chacune des maisons est bien habitée, on a l’impression qu’il s’agit de quartiers désertés tant il y a peu de personnes dans les rues en comparaison avec les nombre d’habitations.
Les deux photographies intérieures ci-dessus sont extraites de la page consacrée à la maison Daita 2019 de l’architecte Suzuko Yamada sur le site site Dezeen.
La particularité de Daita 2019 est d’avoir un espace couvert ‘classique’ et une extension extérieure modulable faite de nombreux tubes et plateformes métalliques. Les jointures sont apparentes et donnent l’impression que la configuration de cet espace extérieur peut être modifié à tout moment. Cette construction précaire posée en devant de l’espace habitable vient brouiller les lignes entre les espaces intérieurs et extérieurs, et c’est ce qui m’a paru très intéressant lorsque j’ai découvert cette maison sur l’article de Dezeen. La façade donnant sur le jardin est couverte en quasi totalité par des fenêtres, 34 ouvertures de tailles différentes, ce qui renforce grandement cette impression d’espaces intégrés sans limites visibles. Concrètement, je ne suis pas convaincu que les propriétaires décident de changer du tout au tout la configuration de ces tubes extérieurs mais on imagine bien la construction de structures additionnelles pour des besoins spécifiques. Ce que j’aime également beaucoup dans cette maison, c’est la manière dont les arbres et les plantes du jardin viennent se mélanger avec la structure métallique, notamment autour d’un escalier métallique en spiral. Cette végétation, comme une petite forêt en devenir vient également apporter une séparation avec l’espace de la rue. L’intérieur est composé principalement de bois mais d’une structure tout aussi enchevêtrée. L’aspect DIY (Do It Yourself) est également prédominant à l’intérieur de la maison. Les surfaces en contreplaqué des murs intérieurs sont par exemple laissées en l’état et ne sont pas peintes. L’arrangement intérieur donne également l’impression de pouvoir évoluer suivant les besoins et la manière dont la famille évolue ou grandit. Un des problèmes de cette maison est que, d’apparence, on a l’impression qu’elle est en éternels travaux, qu’elle n’est pas encore terminée. Mais ce concept de maison qui vit, qui grandit sans cesse est aussi ce qui rend ce concept intéressant. Il y a une originalité certaine dans cette architecture atypique et elle valait bien le déplacement, même s’il était un peu bref.