along those lines

Cette série de photographies a été prise au milieu de l’été à proximité de la baie de Tokyo. Je me déplace souvent avec mon vélo fixie en ce moment, et cette fois-ci était jusqu’à la station d’Hamamatsuchō. Depuis la station, on peut parcourir à pieds une longue passerelle surélevée qui nous m’amène jusqu’au port de Takeshiba. De ce point là, on peut prendre le bateau jusqu’au îles d’Izu, entre autres. Je n’irais pas jusque là même si ça serait tentant de retourner vers l’île Shikinejima que j’avais découvert il y a 25 ans avec un groupe d’amis. Shikinejima est une petite île dont on a vite fait le tour. Il me semble que la traversée en bateau prenait environ huit heures. Depuis la passerelle tout près de la station d’Hamamatsuchō, on aperçoit le jardin de Kyū Shiba Rikyū (旧芝離宮恩賜庭園) que je n’ai pas encore visité. En 1678, le site où se trouve le parc était utilisé pour la résidence de samouraï de Ōkubo Tadamoto, fonctionnaire du shogunat Tokugawa à la période Edo. La résidence et son jardin ont changé plusieurs fois de mains pour ensuite devenir propriété impériale. Le site fut grandement détruit par le grand tremblement de terre de 1923, puis les jardins furent remis en état et ouvert plus tard au public. Sur le chemin du retour, j’aperçois un petit festival dans la rue commerciale de Shirogane, ce qui me donne l’occasion de m’arrêter quelques instants.

Je suis tout juste de retour de Hong Kong pour un séjour non touristique qui ne m’a pas laissé beaucoup de temps pour divaguer dans les rues de Hong Kong. Notre unique séjour touristique à Hong Kong date de 2005, mais j’y suis allé de nombreuses fois depuis. Je pensais trouver un peu de temps dans l’avion ou dans mon hôtel pour écrire tous les textes en retard de mes billets de blog, mais je n’ai finalement pas écrit un seul mot. J’ai préféré regarder des films, notamment les fabuleux Furiosa de George Miller, de la série Mad Max, avec Anya Taylor-Joy dans le rôle titre, puis la deuxième partie de Dune de Dénis Villeneuve avec Timothée Chalamet et Zendaya, entre autres. Ces deux films matérialisent à l’écran des univers et esthétiques tout à fait spécifiques. Je vois là deux monuments cinématographiques qui resteront dans ma mémoire. Je trouve qu’ils se ressemblent même un peu en certains points.

Musicalement, je suis subjugué par la beauté du nouveau single de FKA twigs intitulé Eusexua, qui sera présent sur son prochain album du même nom. Je pensais avoir perdu le fil des créations musicales de FKA Twigs depuis son deuxième album Magdalene sorti en 2019, mais en fait pas vraiment, car elle n’a pas sorti de nouvel album studio depuis celui-ci. Eusexua sera donc son troisième album. Le premier single Eusexua laisse en tout cas présager le meilleur. C’est un morceau en suspension comme elle arrive tellement bien à le faire, plein d’une délicate émotion palpable comme si elle était à fleur de peau. Tiens j’utilisais cette même expression sur mon billet au sujet du concert d’Haru Nemuri et elle poste justement un extrait d’Eusexua sur son compte Instagram, comme quoi Haru doit apprécier la musique de FKA Twigs. Bien que leurs styles soient très différents, j’ai le même sentiment que ces deux artistes ne trichent pas avec le profond intérieur qu’elles semblent exprimer sans filtres.

courir et sauter de la mer jusqu’aux montagnes

Depuis les hauteurs de Shichirigahama 七里ヶ浜, on peut voir l’océan. Une route en pente nous y amène tout droit et semble même y plonger. Si on prend assez d’élan, on peut courir jusqu’au bout de la route et sauter jusqu’à la mer. Et si on y met un peu plus d’effort, on peut atteindre l’île de Enoshima. En temps normal, on empruntera plutôt le pont routier et piéton, mais il est très souvent encombré.

En France, outre un numéro des Inrockuptibles, je jette toujours un oeil sur le magazine Première. Ce numéro d’été a tout de suite attiré l’oeil car on y parle du Blade Runner 2049 qui sortira en octobre cette année en France. Pour le Japon, je ne sais pas exactement. C’est pour sûr un film que je courais voir en salle à sa sortie, notamment parce que ce nouveau Blade Runner est dirigé par le réalisateur canadien Denis Villeneuve. J’ai énormément apprécié les quelques films que j’ai pu voir de ce réalisateur, comme le film de science fiction Premier Contact (Arrival) et le thriller psychologique Enemy, des films très différents mais tous les deux « habités ». On peut anticiper une adaptation très personnelle de l’univers de Blade Runner. Du coup, ça me donne envie de revoir l’original de Ridley Scott et ces images dans les airs d’une ville sombre et verticale. Je ne me souvenais plus qu’il y avait autant d’inscriptions en japonais sur les panneaux électriques lumineux de la ville basse. Par contre, je me souvenais très bien de ces grands panneaux télévisés japonisants, qui sont une marque de fabrique d’un Los Angeles en 2019 sous influence tokyoïte. Rappelons que Blade Runner est sorti en 1982, il y a 35 ans. En 35 ans, le monde n’a pas évolué aussi vite que le prévoyait Ridley Scott, et c’est tant mieux, mais les dangers de l’intelligence artificielle semblent de plus en plus envisageables.

Sautons de la mer vers la montagne. Un saut de puce, car la montagne de Kamakurayama 鎌倉山 est proche du bord de mer de Shichirigahama. Nous passerons le reste de cette après-midi de dimanche à Kamakurayama. Il faut s’y déplacer en voiture et j’aime beaucoup cette route sinueuse entourée d’arbres et de résidences qui nous fait traverser les montagnes de Kamakura. On s’arrête dans un café appelé « Le Milieu », à peu près à mi-chemin des cette route. Depuis le café, on a une vue superbe sur les collines boisées de Kamakurayama et au fond, on peu distinguer l’océan de la baie de Sagami, se mélangeant avec le ciel. Pas très loin du café, sur cette même route sinueuse, je ne résiste pas à l’envie d’aller prendre en photo deux maisons individuelles remarquables, prises en photo auparavant: Wood Deck House par Tezuka Architects, et la maison en blocs qui semble en équilibre sur un flanc de montagne, Kamakurayama no ie, par Kimitsugu Sugihara. Depuis la terrasse du café, on se trouve véritablement devant des vagues de verdure. Une maison semble flotter sur les vagues vertes d’une mer déchainée.