泣きながら踊る

Je retrouve les rues de Shibuya en photographies après les vacances estivales en France. La température et l’humidité à Tokyo sont telles qu’il faut beaucoup de courage pour sortir et marcher dehors. Je sors tout de même pendant un peu plus d’une heure faire un tour qui devient presque habituel maintenant à l’arrière de Shibuya et au centre. Après cette bonne heure de marche, l’envie d’entrer à l’intérieur d’un building devient irrésistible. Je souffre pour les nombreux touristes que j’aperçois au carrefour de Shibuya, qui ont choisi cette période de l’année pour visiter le Japon. Le plein été n’est décidément pas la meilleure saison pour visiter le pays. Pouvoir entendre le chant des grillons pendant l’été est une maigre consolation. Dans le centre de Shibuya, dans les passages souterrains traversant le carrefour, on remarque une série de photographies de rues par Daido Moriyama. Les quelques photographies ci-dessus sont prises au niveau du Tsutaya et un peu plus loin entre l’avenue Meiji et la rivière bétonnée de Shibuya. Alors que Daido Moriyama est plutôt reconnu pour le grain de ses photographies en noir et blanc, les photographies montrées pour cette exposition à ‘ciel ouvert’ sont plutôt en couleur. Je préfère d’assez loin ses photographies en noir et blanc, mais je reconnais qu’un certain nombre des photographies en couleur montrées sont intéressantes et décalées, comme ces visages masqués ou ces figures de mannequins (on ne sait pas trop). L’exposition s’intitule SHIBUYA / 森山大道 / NEXT GEN et est montrée dans les rues de Shibuya, à 63 emplacements, jusqu’au 15 août. Je suis loin d’avoir vu la totalité des photographies montrées car elles sont éparpillées dans Shibuya. C’est un peu comme une chasse au trésor pour toutes les découvrir.

Extrait de la vidéo sur YouTube du morceau Sakura no sono 櫻の園 de For Tracy Hyde.

Le groupe rock indépendant à tendance shoegazing For Tracy Hyde sort un nouveau morceau intitulé Sakura no sono 櫻の園, en avant première de leur nouvel album New Young City qui sortira le 4 septembre. J’aime beaucoup ce nouveau morceau Dream Pop qui laisse présager du meilleur pour le futur album s’il reste dans cet esprit. La vidéo dans les cerisiers en fleurs est très bucolique et nous ramène au printemps pour nous rafraîchir un peu. je parlais déjà de For Tracy Hyde dans un billet précédent au sujet de leur deuxième album.

recording complexity

Je reviens avec une nouvelle série de photographies dans ce quartier légèrement à l’écart du centre de Shibuya mais tout de même proche de la station JR. L’endroit est photogénique par la multitude de graffitis et de stickers affichés dans les recoins de ces rues. La multitude des graffitis va de pair avec la multiplication des panneaux et plaquettes d’interdiction de dessiner sur ces murs. Les murs ou portes à l’arrière de certains buildings sont parfois déjà tellement encombrés de graphismes qu’on se demande à quoi peut bien servir un tel avertissement. Un nouveau graffiti sur ces murs ne viendrait que cacher les autres graffitis existants, dans le principe que rien ne dure éternellement. Parmi la masse des formes et couleurs, parfois très grossières, parfois inquiétantes, parfois en détournements amusants de personnages connus, il y a aussi des créations originales qui attirent le regard. J’aime beaucoup les petits monstres de rues très colorés et à l’air cruel de Bortusk Leer. Ils sont dessinés sur un papier de journal ou de magazine et ensuite collés sur les murs. On en voit assez peu à ma connaissance dans les rues de Tokyo, mais j’en avais déjà vu au moins un autre dans un autre quartier de Shibuya et trois dans ce quartier ici. Je me demande quelle est la proportion d’artistes de rue étrangers à investir les rues de Tokyo. J’ai l’impression que Tokyo est un passage obligé pour les artistes urbains et qu’ils aiment y laisser leur trace. Il y a très longtemps maintenant les petits personnages longilignes de l’artiste français André étaient apparus soudainement dans un des quartiers près de Ebisu. Un d’entre eux est encore sur un coin de mur et je n’y fais même plus attention. Il fait partie intégrante du décor urbain. Comme quoi, l’éphémère peut être parfois fait pour durer et brave les années et les intempéries jusqu’à ce que l’immeuble les portant finisse par disparaître. La désorganisation des graffitis sur ces murs de Shibuya a quelque chose de très tokyoïte, et reflète en quelque sorte la complexité urbaine de cette ville. Ayant peur du vide, cette complexité me rassure et j’ai envie de la conserver quelque part en photographies, avant qu’elle ne disparaisse pour de bon. Je vois maintenant un sens à mes dessins futuro-organiques, saisir et conserver sur papier cette complexité toute urbaine.

Je parle beaucoup de musique en ce moment sur Made in Tokyo, et cette musique que j’écoute influence et inspire plus ou moins fortement les séries de photographies que j’y montre. Cette association entre musique et photographies est présente depuis très longtemps sur ces pages et j’ai déjà essayé quelques fois d’expliquer cette interaction, notamment quand il s’agit de shoegazing. Lorsque je publie un nouveau billet sur WordPress, un tweet est automatiquement publié sur Twitter. Je ne m’étais jamais préoccupé du texte de ce tweet automatique, jusqu’à il y a quelques semaines. Je m’enforce ces derniers temps à adapter le texte du tweet pour résumer le billet que je publie en indiquant la musique associée. J’ajoute même volontairement l’adresse Twitter du groupe ou musicien / musicienne en question pour voir si j’obtiendrais une réaction à mon billet (bien que le message soit en français, et que je n’écoute pratiquement pas de musique francophone). Il n’est pas rare que le groupe / musicien / musicienne interagisse par un like ou un retweet de mon billet les mentionnant (par exemple Otoboke Beaver, Utae, Oyasumi Hologram ou Fujichao), ce qui fait toujours plaisir. Mais c’est encore mieux quand mon billet suscite une réaction écrite comme celle, en japonais ci-dessus, du groupe de shoegazing japonais For Tracy Hyde. Tous les groupes ne sont pas très présents ou actifs sur Twitter et leur interaction n’intervient en rien sur mon appréciation de leur musique, mais ce type de message personnalisé de remerciement fait quand même plaisir. J’ignorais auparavant complètement Twitter mais je regarde un peu plus régulièrement ces derniers mois, car j’y reçois de temps en temps des retours sur les billets du blog. Même s’ils restent assez peu nombreux, je reçois plus de retours sur mes tweets de billets du blog que de commentaires sur le blog. Ce qui m’amène à réfléchir à l’utilité d’activer les commentaires sur le blog. Tout se passe maintenant dans l’immédiateté et prendre du temps pour écrire un commentaire semble être d’une autre époque. J’aime à penser que ce blog n’est pas attaché à une époque, j’y aborde d’ailleurs volontairement jamais les événements d’actualité. D’autres le font d’ailleurs suffisamment, sur Twitter justement, mais il faut souvent faire abstraction des torrents d’aigreur qui inondent ce réseau social. J’aime l’idée d’un espace hors de ce temps là, mais il faut tout de même s’y accrocher pour trouver la force et la motivation de continuer.

気がつけば

Traversée rapide de Shibuya en fixant quelques visages qui me regardent le temps de se rendre compte de la photographie. Cela faisait longtemps que je n’avais pas fait de mélanges d’images. Les traînées de lumière qui viennent se superposer à la foule de Shibuya ont été prises exactement au même endroit, au carrefour, mais la nuit et un autre jour, il y a plusieurs mois peut être. L’envie de parasiter mes photographies me revient toujours en tête quand j’écoute du shoegazing, où d’une manière similaire mais en musique rock alternative, le bruit des guitares vient rendre plus flou les contours de la voix humaine. Tout en évitant tous les groupes qui essaient de trop ressembler à My Bloody Valentine, j’écoute quelques très bons morceaux de shoegazing japonais, notamment le morceau PRISM (プリズム) de Seventeen Years Old And Berlin Wall (17歳とベルリンの壁) sur le mini album Reflect sorti en avril 2017 et Underwater Girl de For Tracy Hyde sur l’album he(r)art sorti en novembre 2017. En fait, je m’étais procuré cet album de For Tracy Hyde sur iTunes au moment de sa sortie après avoir écouté quelques morceaux, et il m’était resté un avis un peu mitigé. Trois morceaux au milieu de l’album, Underwater Girl, Ghost Town Polaroïds et Frozen Beach sont vraiment excellents, dans le style shoegazing, alors que le reste de l’album revient vers un style pop rock des plus classiques qui m’intéresse moins. Mais depuis novembre 2017, je reviens très souvent vers ces trois morceaux. Je me rends compte d’une chose avec la musique alternative japonaise, c’est qu’à part quelques exceptions, j’ai un peu de mal à apprécier un album en entier. Je pioche donc des morceaux par-ci par-là et quand j’aime ces morceaux, j’ai tendance à les écouter en boucle pendant plusieurs jours (une boucle de 5 ou 6 morceaux de différents artistes en général). Pour revenir à For Tracy Hyde, ce nom de groupe m’avait en fait intrigué. Après quelques recherches rapides, Le nom du groupe fait en fait référence à une actrice anglaise ayant tourné dans un film sorti en 1971 appelé Melody. Ce film eut apparemment beaucoup de succès au Japon à l’époque et j’avais même pousser ma curiosité jusqu’à regarder ce film sur YouTube à la fin de l’année dernière.