grey*(car+building+sky)+pink*flower

Une voiture de sport et l’architecture du Tokyo Metropolitan Gymnasium conçu par Fumihiko Maki à Meiji Jingū Gaien. Je n’avais jamais remarqué que Fumihiko Maki avait créé à Shonandai dans la prefecture de Kanagawa un stade soeur au Tokyo Metropolitan Gymnasium, nommé Akibadai Cultural Gymnasium. Les formes incisives et tons gis argentés sont similaires. J’avais déjà pris en photo et montré sur ce blog le petit bâtiment grisâtre de l’avant dernière photographie, mais je l’avais recouvert de dessins comme des graffitis. Cette réinterprétation faisait partie d’une courte série d’images modifiées appelée House Re-worked. A cette époque là, je jouais régulièrement à brouiller les pistes en réalité et fiction. Les grandes inscriptions NOE246 sur la devanture fermée d’une boutique me disaient quelque chose. J’en avais en fait déjà parlé il y a plusieurs années lors d’une promenade très matinale à Harajuku.

Pour cette petite série de quatre morceaux dont je montre les couvertures en photo ci-dessus, je reviens vers des compositrices/teurs et/ou interprètes déjà évoquées de nombreuses fois sur ce blog. Mais il y a également quelques nouvelles figures comme Furui Riho avec un morceau pop intitulé Usomohonto (ウソモホント). Le style musical est assez proche de ce qu’on pourrait entendre chez Iri, que j’évoque aussi assez régulièrement, mais la voix de Furui Riho est très différente. Je ne suis pas certain d’apprécier ses autres morceaux, mais l’énergie de celui-ci me plait beaucoup. Dans un autre style beaucoup plus déstructuré, j’écoute un morceau intitulé Tarantula de D̴E̷A̷T̴H̴N̷Y̵A̶N̴N̷, qui n’a apparemment sorti que quelques morceaux pour le moment et pas encore d’albums. Le rythme électronique est plein de décrochages, accompagnées par des percussions très présentes. L’interêt du morceau, qui peut être assez inquiétant malgré le chant très pop de D̴E̷A̷T̴H̴N̷Y̵A̶N̴N̷, vient également de la vidéo montrant la chanteuse s’amuser dans un marché alimentaire d’une ville japonaise. Je reviens ensuite vers la musique d’a子 avec un nouveau single intitulé Love is always (愛はいつも) qui continue dans l’orientation pop qu’elle suit depuis quelques morceaux. J’aime de toute façon tous les morceaux qu’elle compose et c’est le cas également de Wednesday Campanella (水曜日のカンパネラ) avec un double single Tinker Bell et Hot Pot Commander. Hidefumi Kenmochi trouve à chaque des sons électroniques accrocheurs et le chant d’Utaha fait maintenant l’unanimité. La surprise sur le deuxième morceau est qu’il intègre des éléments rock qu’on ne connaissait pas vraiment avant chez Wednesday Campanella.

a ray of sun, a better tomorrow

Je suis venu tout spécialement en cette fin de journée devant le Tokyo Metropolitan Gymnasium (conçu par Fumihiko Maki) pour regarder comment il réagissait à la lumière du soir, de quelle manière il venait la réfléchir. Cela me donne l’occasion de marcher autour du stade olympique et autour d’un autre stade dans lequel se déroule un match de baseball. En poussant un peu ma marche, j’arrive dans le centre de Shinjuku près du Yasuyo Building de Nobumichi Akashi, que je mentionnais dans un billet récent. J’avais utilisé ce building aux formes agressives noires comme image d’en-tête de Made in Tokyo pendant 6 ans, de 2010 à 2016, pour les évolutions Version-5 et Version-6 de ce blog. Pour la Version-6, j’avais même complètement enlevé le titre du blog pour ne laisser que cette image comme élément distinctif. Le titre de ce billet est en partie emprunté à celui du film de Hong Kong A Better Tomorrow (男たちの挽歌 en japonais) de John Woo avec Chow Yun-Fat et Leslie Cheung sorti en 1986. Le film A Better Tomorrow était à l’affiche d’un petit cinéma du centre de Shinjuku. J’ai eu une période cinéma de Hong Kong, il y a très longtemps avant de venir au Japon. Elle avait démarré avec la violence des films de John Woo pour continuer ensuite avec le romantisme décalé des films de Wong Kar-Wai pour lesquels j’ai eu une grande passion (et un poster de Fallen Angels que j’avais amené jusqu’au Japon). Outre Chungking Express et Fallen Angels de Wong Kar-Wai, je garde précieusement quelques autres films dans ma cinémathèque idéale, comme Made in Hong Kong du réalisateur Fruit Chan (qui m’a inspiré le nom de ce blog) et Millenium Mambo du taïwanais Hou Hsiao-hsien. L’envie de regarder ces films me revient régulièrement, presque comme une nécessité. Fut aussi une époque un peu plus lointaine où je regardais sur Canal+ les films du réalisateur chinois Zhang Yimou (Épouses et concubines, Vivre!), ceux de la première partie des années 1990 avec l’actrice Gong Li.

Musicalement parlant, j’écoute en ce moment, en alternance avec le reste, la musique du groupe Ray sur leur dernier album intitulé Green, sorti officiellement le 25 Mai 2022. On pouvait en fait l’écouter en intégralité sur YouTube sur la chaîne du groupe depuis la fin Avril, un mois avant la sortie officielle de l’album. Ce principe avait déjà été employé sur l’album précédent de Ray intitulé Pink, dont j’avais également parlé sur ce blog. Le concept de Ray est de mélanger une musique rock à inspiration shoegazing avec des voix d’idole, celles des quatre filles du groupe. Le contraste est intéressant et plutôt bien accepté par les amateurs de shoegazing. Même s’il ne fonctionne pas toujours parfaitement sur tous les morceaux, à mon avis, je trouve le concept plus abouti sur cet album. Le premier morceau Gyakkō (逆光) est un bon exemple du style musical du groupe, mais le meilleur morceau de l’album est d’assez loin le troisième intitulé Gravity, car il pousse fort le son des guitare shoegaze. Ce morceau est en quelque sorte l’équivalent du morceau Meteor de l’album Pink, qui reste tout de même pour moi le meilleur morceau du groupe (j’aime d’ailleurs aussi beaucoup la vidéo du morceau). Gravity est le seul morceau produit par un musicien étranger, à savoir Daniel Knowles du groupe shoegaze anglais AMUSEMENT PARKS ON FIRE. Meteor sur Pink était également le seul morceau produit par un musicien non-japonais (Elliott Frazier du groupe shoegaze américain Ringo Deathstarr). Comme sur Pink, plusieurs compositeurs réputés prennent en charge la partition musicale qui est toujours impeccable. On retrouve certains noms déjà évoqués ici pour leurs groupes respectifs ou d’autres projets, comme Azusa Suga (管梓) de For Tracy Hyde et AprilBlue, Tomoya Matsuura de monocism, Yusei Tsuruta de 17 years old and Berlin Wall (17歳とベルリンの壁) ou encore Kei Toriki. Parmi les noms de compositeurs, on trouve également Yūsuke Hata (ハタユウスケ) du groupe Cruyff in the bedroom, connu de la scène shoegaze japonaise, et quelques autres. Parmi les bons morceaux de ce nouvel album, on retrouve également les morceaux Koharuhi (コハルヒ), et 17 qui est déjà sorti depuis plusieurs mois. L’album Green s’aventure parfois vers des ambiances plus electro-pop d’inspiration 80s sur des morceaux comme Moon Palace (ムーンパレス) ou TEST. Le début de Moon Palace me fait d’ailleurs pensé au générique de la série Stranger Things sur Netflix que je suis justement en train de regarder en ce moment (la quatrième saison), comme tout le monde. Et comme tout le monde également, je me suis mis à écouter le morceau Running Up That Hill de Kate Bush, qui intervient dans une scène importante d’un épisode de cette quatrième saison.

une série comme les autres (1)

Cette série démarre sur Killer Street puis gagne Kabukichō pour revenir en début de soirée à Sendagaya devant le Tokyo Metropolitan Gymnasium conçu par Fumihiko Maki. Dans ce gymnase, avait lieu ce soir là, la représentation finale du médaillé olympique Kōhei Uchimura. Il se retire à l’age de 33 ans avec 7 médailles dont 3 d’or et 4 d’argent. Les trois colonnes de béton de la première photographie sont celles du bâtiment brutaliste TERRAZZA conçu par Kiyoshi Sei Takeyama de l’atelier d’architecture Amorphe. Sur la quatrième photographie, on peut voir la gigantesque tour de 225m appelée Tokyu Kabukichō Tower, en cours de construction à l’emplacement de l’ancien Tokyu Milano Theater près de la gare Seibu-Shinjuku. On ne s’en rend pas vraiment compte sur cette vue en contre-plongée mais elle est très haute par rapport aux autres immeubles alentours. Cette tour changera certainement un peu plus l’image du quartier et notamment de la place juste devant qui n’est pas toujours bien fréquentée. Elle ouvrira ses portes au printemps, très bientôt donc. Le site est toujours entouré d’une palissade temporaire blanche imprimée par endroits de photographies de Daido Moriyama. Je pense que toutes ces photos ont été prises la même journée, il y a quelques semaines au mois de Mars. J’essaie d’écrire des billets plus courts en ce moment car une certaine lassitude me gagne ces derniers temps. Je ne sais pas encore si c’est provisoire ou plus profond. Je ne me lasse par contre pas de prendre des photos.

De haut en bas: Images extraites des vidéos YouTube des morceaux I RAVE U de HIYADAM et Queendom de Awich.

Je mentionnais récemment que Sheena Ringo allait sortir un nouveau morceau intitulé Ito wo Kashi (いとをかし), également intitulé toogood dans son titre en anglais. Il est désormais disponible. Le morceau est assez dépouillé musicalement, se basant principalement sur un piano sur lequel vient se poser la voix de Sheena Ringo. Musicalement, c’est un très joli morceau plutôt académique mais très agréable à l’écoute. Je ne le trouve par contre pas transcendant ou particulièrement engageant. Il n’a pas la carrure d’un single et je le verrais plus comme un morceau concluant un EP.

Dans un style certes complètement différent et même à l’opposé, je suis beaucoup plus intéressé par le nouvel EP de DAOKO intitulé Mad EP, car elle se réinvente musicalement grâce à l’intervention de Yohji Igarashi à la production. Igarashi pousse DAOKO vers des sons de dance floor qui lui vont très bien. Sa manière de chanter proche du hip-hop ne diffère pas vraiment de ce qu’on connaît de DAOKO sur certains de ses morceaux précédemment, mais sa voix est plus franche et présente, certainement pour ne pas se laisser dévorer par les sons électroniques qui l’accompagnent. Les quatre morceaux du EP sont tous très accrocheurs et sont dans un esprit musical similaire. J’ai une préférence pour le troisième morceau intitulé escape, car il est un peu plus agressif que les autres, et pour le premier morceau MAD également single du EP. Musicalement, ça peut être parfois assez attendu mais je trouve que l’association avec la voix de DAOKO fonctionne très bien.

Le journaliste musical Patrick Saint-Michel évoque cet EP de DAOKO sur sa newsletter. Il mentionne un autre morceau également produit par Yohji Igarashi pour l’artiste hip-hop HIYADAM, car on y trouve des points similaires dans le mélange du hip-hop et des sons électroniques. Ce morceau que j’écoute en boucle s’intitule I RAVE U. Je ne connaissais pas ce rappeur appelé HIYADAM, et c’est une belle découverte qui me pousse une nouvelle fois à écouter du hip-hop japonais. Je découvre ensuite d’autres morceaux de HIYADAM, toujours produits par Yohji Igarashi comme Honey. HIYADAM y est accompagné par Yo-Sea qui a une voix très accrocheuse. Je découvre ensuite Yabba dabba doo! interprété cette fois-ci avec le duo Yurufuwa Gang (ゆるふわギャング). Les lecteurs de ce blog se rappelleront peut-être de Yurufuwa Gang, duo composé de NENE et Ryugo Ishida, car j’en ai déjà parlé lorsque j’évoquais le EP solo de NENE et l’album de Kid Fresino sur lequel ils intervenaient. Leurs voix sont très puissantes et typées. Je continue ensuite sur ma lancée en écoutant le morceau One Way de Ryohu avec YONCE, le chanteur de Suchmos. YONCE a vraiment une belle voix qui contraste bien avec les mots rappés de Ryohu, que je découvre. Le dernier morceau de cette petite série musicale hip-hop est un choc. Je connais assez mal la rappeuse Awich, à part pour des collaborations comme celle avec Kirinji ou avec NENE sur son EP. Je découvre le premier morceau intitulé Queendom de son nouvel album du même nom sorti en Mars, et quelle puissance vocale et quelle force d’évocation! Ce morceau nous parle d’une partie de sa vie lorsqu’elle quitte la ville de Naha à Okinawa d’où elle est originaire pour la ville d’Atlanta. Elle se marie avec un mauvais garçon qui fait de la prison et se fait assassiner. Écouter ce morceau la première fois m’a fait un choc qui m’a donné les larmes aux yeux.

let it vanish under the sun

Sur la série de photographies ci-dessus, j’extrais de Tokyo quelques formes courbes et d’autres angulaires. La première courbe est celle du nouveau YouTube Space Tokyo près de la sortie Sud de la gare de Shibuya. La suivante vient d’une terrasse en hauteur du building Spiral de Fumihiko Maki à Aoyama. Je ne soupçonnais pas la présence d’une terrasse au 5ème étage avec un café fort agréable lorsque les températures sont douces. Au milieu de la partie intérieure du café, on y trouve un dôme qui dépasse à l’extérieur. Je ne fais que rarement le lien entre ce blog et ma page Instagram, mais j’y montre parfois des photos différentes et même de temps en temps plus intéressantes, car le format vertical obligé d’Instagram permet parfois de montrer des choses que le format horizontal ne permet que difficilement (d’autant plus avec un objectif 40mm). Dans le cas présent, la photo que je montre sur Instagram en format vertical montre également les derniers étages du building me faisant penser à une tête de robot par l’agencement des ouvertures. On ne peut pas voir cette partie du building depuis la rue. En parlant d’Instagram, j’y ai maintenant plus de Followers que sur ce blog, car j’atteints de justesse les 400, ce qui ne veut pas dire grand chose j’en conviens. Je ne publie pourtant pas souvent de nouvelles photos sur Instagram et je n’y vais pas non plus très régulièrement, mais le très grand avantage est que les personnes que je suis sur Instagram, étant principalement des amateurs d’architecture, me donnent des idées sur les buildings à voir. Nous descendons ensuite sous terre dans la station de métro Fukutoshin conçue par Tadao Ando. J’ai souvent montré ces formes elliptiques mais je ne me lasse jamais de lsaisir en photo. Les deux dernières photographies sont prises à Roppongi 1-Chōme et Akasaka. Le toit biseauté angulaire d’une des entrées de la tour Roppongi Grand Tower a une forme étrange qui donne l’impression d’être déséquilibrée. J’aime beaucoup les angles de la dernière photographie. Il s’agit de la salle de concert Blitz Akasaka qui a malheureusement fermé ses portes en Septembre 2020. Le concert de Tokyo de la tournée Spa & Treatment de Tokyo Jihen s’y été déroulé en 2007. J’avais assisté à quelques concerts dans cette salle, il y a très longtemps.

Je parlais il y a plusieurs semaines de l’album de rock indé Before Sunrise (夜明け前) de la compositrice et interprète Nana Yamato. En lisant la page bio de l’album sur Bandcamp, il était mentionné qu’elle avait pour habitude d’aller quotidiennement au magasin de disques Big Love Records à Harajuku pour y découvrir les dernières sorties indie rock. Plus spécifiquement, le groupe danois Iceage semble avoir été un déclencheur de sa carrière d’artiste musicale. La musique de Nana Yamato n’a pas grand chose de similaire à la musique de Iceage mais cette anecdote a eu le mérite de me rappeler qu’il fallait que je jette une oreille curieuse à l’univers musical de Iceage. En fait, je connais ce groupe de nom depuis longtemps car tous les albums du groupe ont reçu d’excellentes revues sur Pitchfork et leur dernier album Seek Shelter vient de sortir. Je n’ai pas encore écouté ce dernier album car je préfère commencer par celui d’avant, Beyondness sorti en 2018, tout simplement car je suis plus attiré par l’image de couverture. Je suis également attiré par le fait qu’il y ait un morceau en duo avec Sky Ferreira, intitulé Pain Killer. De Sky Ferreira, j’ai toujours en tête le duo au chant avec Zachary Cole Smith sur le morceau Blue Boredom (Sky’s Song) du deuxième album de DIIV. Sky Ferreira était la compagne du chanteur de DIIV à cette époque là. Iceage a démarré sur ses deux premiers albums sous une influence punk, mais leur univers musical s’est diversifié et a pris de l’ampleur en incluant des cordes et des cuivres. La composition musicale est précise et impeccable mais c’est la voix tendue et incontrôlable de Elias Rønnenfelt qui attire énormément. Même s’il ne force pas sa voix sur la plupart des morceaux, la tension est palpable comme une douleur qu’il essaie d’évacuer. Le troisième morceau Under the sun est un des nombreux sommets de l’album. Son chant lent accentue chaque mot et les guitares viennent appuyer cette accentuation vocale. Il y a quelque chose de brut réminiscent des débuts punk du groupe mais avec une très grande élégance. La vidéo du morceau tournée à Tokyo où le groupe est entouré de fleurs aux couleurs saturées démontre bien cela et donne un côté gothique à la musique du groupe. L’installation florale s’intitule Crazy Garden et est l’oeuvre de l’artiste Makoto Azuma, dont j’avais d’ailleurs déjà parlé pour ses bonsaïs en bocal sur Cat Street. Comme je le dis très souvent, j’aime beaucoup quand mes sujets d’interêt se rejoignent d’une manière ou d’une autre. L’ensemble de l’album est excellent avec quelques cimes comme par exemple le sixième morceau Catch it. Pour les amateurs de sons rock alternatif, il me semble difficile de passer à côté d’un tel album d’autant plus qu’il se révèle un peu plus à chaque écoute. Plutôt que d’écouter Seek Shelter, je ne sais pour quelle raison je préfère continuer avec l’album sorti avant Beyondness. Plowing in the Field of Love est sorti en 2014. Il est tout de suite plus difficile d’approche que Beyondness, car la voix d’Elias Rønnenfelt y est beaucoup plus brute et mouvante. Le premier morceau m’a d’abord surpris par sa manière de chanter comme un électron libre. On retrouve bien cette même manière de chanter sur Beyondness, mais c’est beaucoup moins cadré sur Plowing in the Field of Love. A vrai dire, il s’opère une sorte d’addiction au fur et à mesure qu’on évolue dans l’écoute de l’album, avec des morceaux comme Let it vanish par exemple. Il y a une intensité et une authenticité que j’aime beaucoup. Après avoir écouté cet album, l’idée me revient d’écouter Tostaky et quelques morceaux Live de Dies Irae: La chaleur, A l’arrière des taxis, Le fleuve… Je réécoute souvent les morceaux de Tostaky pour me souvenir de mon adolescence française mais je n’avais pas écouté ces morceaux de Dies Irae depuis plus de 20 ans car le double album doit être resté parmi les trop nombreux CDs que je n’ai pas encore ramené de France.

l7été(8)

Depuis Shinjuku, je passe par Kabukichō au petit matin alors qu’il n’y a presque personne dans les rues à ces heures matinales. Même ceux trop enivrés par la soirée précédente étaient déjà montés dans le premier train du matin. La tour noire Ichiban-Kan par l’architecte Minoru Takeyama se dresse soudainement devant moi à un détour de rue sans que je m’en rende compte. Je ne vois pas celle qui l’accompagne d’habitude, la tour colorée Niban-kan du même architecte. J’ai l’impression qu’elle a été rasée car de nombreux terrains vagues entourent maintenant le quartier. Kabukichō est peut être un plein redéveloppement. Tokyo est de toute façon en éternelle reconstruction. Vous l’aurez peut être remarqué, ce billet fonctionne en symétrie. La tour Ichiban-kan répond à l’immeuble métaboliste New Sky Building de Yōji Watanabe sur la dernière photographie. Je le redécouvre également par hazard, mais cette fois-ci dans son hideuse tenue verte. Quelque drôle d’idée d’avoir recouvert le béton de cette couleur verdâtre. Entre ces deux immeubles, j’insère des stades tout en rondeur, le Tokyo Metropolitan Gymnasium redessiné d’un design futuriste par Fumihiko Maki de 1986 à 1990. Juste à côté, le nouveau grand stade olympique par Kengo Kuma est en bon état d’avancement. Après le projet de Zaha Hadid avorté pour raison de coût, c’est rassurant de voir que cette version plus simple semble en bonne voie pour être prête pour les jeux olympiques de 2020. Au centre de la série, une espèce d’orgue métallique étrange interpelle. Ce sont des tubes attachés à l’arrière du Tokyo Metropolitan Gymnasium, dont j’ignore bien entendu leur fonction mais qui attirent mon regard photographique par leur symétrie parfaite.

Photographies extraites des videos disponibles sur YouTube des morceaux Tonite et Cloud dancer du EP Tonite par ANNA.

On peut dire que je ne chôme pas au niveau des découvertes musicales ces derniers temps. Le week-end dernier, je découvre le EP intitulé Tonite par ANNA sur le label indépendant Big Love Records, sur lequel on trouve également Aya Gloomy dont je parlais il y a quelques temps. ANNA s’appelle en fait Nana Yamato et cet EP sorti le 13 Juillet 2018 est son deuxième. Il s’agit d’un rock indépendant assez minimaliste composé et interprété par elle-seule, à en croire les crédits des vidéos YouTube nous faisant découvrir les 3 morceaux du EP. La voix monocorde de ANNA posé sur un fil de guitare parvient à créer une ambiance sombre et profonde. Les vidéos accompagnant les morceaux sont dans un format VHS plein de dérochages mais représentant une image actuelle de la ville. Cela donne un sentiment de distorsion du temps, tout spécialement intéressant car la chanteuse est jeune mais chante d’une voix très mature, froide et blasée comme si elle en avait déjà trop vu de cette ville. Dans ces vidéos, on la voit marcher vers Shinjuku dans certains endroits que je reconnais, et même jusqu’au stade olympique en construction. Sans le faire exprès, mes photographies de ce billet reprennent certains lieux empruntés par ANNA dans ces vidéos. Le morceau central du EP, Cloud Dancer, est mon préféré, mais avec les deux autres morceaux Tonite et She is the sun, ce EP forment un ensemble qui s’écoute d’une traite comme une petite pépite rock qui ne demande qu’à grandir. Comme d’habitude, on peut se procurer cette musique sur la page Bandcamp de l’artiste.