encadrements de ciel

Nous ne passons que très rapidement à Yurakucho et Ginza quelques jours avant Noël, mais je prends quand même le temps de prendre quelques photographies en passant dans les rues parmi la foule. La difficulté est de ne pas perdre Mari de vue lorsque je m’arrête quelques dizaines de secondes pour prendre une photographie, sans gêner les gens qui marchent derrière moi. Parfois il faut regarder le ciel pour trouver de nouvelles idées photos comme sur les deux photographies qui bordent ce billet aux Department Stores Hankyu et Lumine de Yurakucho. J’aime beaucoup ces passerelles en hauteur reliant deux buildings, qui contribuent à la complexité de l’urbanisme tokyoïte. Cela donne une idée de ville à plusieurs niveaux, comme on peut en voir dans certaines œuvres graphiques ou cinématographiques d’anticipation. Sur l’avant dernière photographie, je montre encore le building Ginza Place par Klein Dytham Architecture, car sa couleur blanche et son design le détachent franchement du reste du décor de Ginza et rend donc cet immeuble très photogénique. Je suis aussi toujours tenté de photographier le building de verre Tokyu Plaza, bien que nous n’y sommes jamais entrés. Au même croisement, la disparition du vieil immeuble Sony laisse maintenant une vue entière sur l’immeuble de la Maison Hermès par Renzo Piano, qui reste une des architectures iconiques du quartier.

Je ne sais pas si les visiteurs les plus assidus de Made in Tokyo ont remarqué, mais j’ai modifié la résolution de certaines photographies montrées sur les billets de ces dernières semaines. En fait, depuis que j’ai migré mon iMac sous le dernier macOS Catalina, les applications anciennes en 32bits ne fonctionnent plus. Le Photoshop que j’utilisais jusqu’à maintenant était une vieille version 32bits démodée mais qui répondait suffisamment à mes besoins. Elle ne fonctionne donc plus sur le nouvel OS. J’hésite encore à passer sur la dernière version de Photoshop car je n’aime pas trop le modèle de suscription Creative Cloud qui oblige à payer tous les mois (ou ans) sans quoi on ne peut plus utiliser l’application. Ce type de suscription contient toujours des fonctions qui ne me sont pas nécessaires comme un espace disque sur le cloud Adobe. Je l’ai tout de même essayé pendant les quelques semaines d’essai, mais je me suis aussi souvenu que j’avais acheté il y a plusieurs années une application similaire s’appelant Pixelmator, qui fonctionne en fait très bien et ressemble assez à Photoshop. J’utilise maintenant principalement cette dernière application. Il y avait quand même un souci qui me chagrinait depuis cette transition et qui me faisait même un peu hésiter à montrer de nouvelles photographies sur le web. Les photographies que je montrais en version web 72dpi et format de 1000px de largeur paraissaient légèrement floues et manquaient en définition et netteté. J’applique cette configuration en dpi et en pixels depuis de nombreuses années, mais je ne ressentais ce problème de résolution que depuis mon passage vers le macOS Catalina et ce nouveau software d’édition photographique. En fait, en ouvrant une même photographie de 1000px sur Pixelmator (même chose sur la dernière version de Photoshop) et sur le navigateur web Safari, j’ai vite constaté que la photographie apparaissait deux fois plus petite sur l’application photographique par rapport à la version web. La version web semblait donc être une version agrandie, zoomée en quelques sortes, d’où une perte certaine en netteté. J’ai d’abord pensé que les paramètres de compression n’étaient pas corrects quand je sauvegardais les photographies au format JPEG, mais quelques recherches internet m’ont fait comprendre que les nouvelles applications d’édition photographique fonctionnaient en haute définition pour s’adapter aux écrans Retina, ce qui n’était pas le cas de mon vieux Photoshop qui était conçu en basse résolution. Il reste d’ailleurs une option pour faire tourner les applications récentes en basse résolution mais ça serait dommage de revenir en arrière. Pour palier à ce problème, je sauvegarde désormais les photographies JPEG en 2000px de large (le double d’avant) mais les affichent ensuite qu’en 1000px de large sur mes pages web (pas de changement). Bien que les photographies soient un peu plus grosses en taille kb, la différence de définition est très notable, je trouve. Sans trop exagérer, je me sens revivre depuis cette découverte.

J’ai encore quelques billets à publier avant la fin de l’année, mais en attendant, je souhaite à tous les visiteurs de joyeuses fêtes.

how to repeat Tokyo endlessly (ι)

Cette série répétant Tokyo indéfiniment a du mal à se terminer comme l’annonce déjà le titre mais je m’arrêterais peut être quand j’aurais épuisé toutes les lettres de l’alphabet grec. Il y aura certainement quelques pauses en cours de route. Les photographies ci-dessus datent déjà de plusieurs semaines, au point où j’en oublie un peu le contexte. Sur les deux premières dans Ginza, je me souviens que l’on recherchait des vieilles boutiques et restaurants pour un devoir d’école de Zoa. La première photographie montre une très ancienne boutique de dashi. Nous irons aussi taper à la porte de vieux restaurants à Ningyocho. A chaque visite, le fiston interview brièvement le responsable de la boutique et on prend une photo. Tout se fait très facilement car chacune des personnes des boutiques semble être très enclin à nous parler de son établissement, avec une certaine fierté. La photographie suivante est prise un peu avant à la mi-août. Nous sommes dans un restaurant et je suis assis juste en face de la tour Sky Tree. Les deux dernières photographies sont prises cette même journée dans le parc Kasai Rinkai au bord de la baie de Tokyo dans l’arrondissement d’Edogawa. Je connaissais ce parc de nom mais nous n’y étions jamais allés. Il est extrêmement vaste et donne une belle vue sur la baie, d’un point de vue que je ne connaissais pas. Un pont donne accès à une île artificielle, mais il n’y a malheureusement pas de plages de sable. On voit plutôt des apprentis pêcheurs au bord de l’eau.

La Coupe du Monde de Rugby vient de démarrer au Japon et nous sommes allés voir en famille le premier match de la France contre l’Argentine le samedi 21 septembre. Je suis très loin d’être un spécialiste du ballon oval, et je ne maîtrise pas toutes les subtilités des règles, mais je me laisse en général emporter par l’enthousiasme des grandes compétitions internationales. À vrai dire, nous avons vu à la télévision le premier match de la coupe entre le Japon, pays hôte donc, et la Russie, et c’était passionnant. Surtout quand les passes vers l’arrière s’enchainent in-extrémis ou qu’un des joueurs fait une échappée belle avec le ballon en surprenant tout le monde. Le match de la France contre l’Argentine se déroulait au stade de Tokyo. Quand on a acheté nos places l’année dernière, je pensais que le stade de Tokyo serait le nouveau stade olympique conçu par Kengo Kuma, mais il n’est pas encore terminé. Je pense que les polémiques autour des coûts du design original de Zaha Hadid et le changement d’architecte ont introduit des retards sur le planning de disponibilité du stade. La compétition à Tokyo se passe donc au stade Ajinomoto de Chōfu, sur les lignes de train Keio depuis Shibuya ou Shinjuku. C’est un peu loin du centre, mais on arrive au stade sans trop de soucis car il ouvre ses portes à 13h pour un coup d’envoi 16:15, assez de temps pour étaler les arrivées. Je suis amusé et je dirais même heureux de voir des supporters français déguisés et parfois même entièrement peints de couleur bleu. Le match démarre assez vite après notre arrivée dans les gradins. Le suspense a été présent pendant tout le match jusqu’au dernières secondes. La première mi-temps était très bonne pour les bleus mais la deuxième partie était beaucoup plus en deçà. L’équipe de France a quand même tenu bon face à l’Argentine (grâce à nos chants de supporters) et gagnera avec une petite avance de 23 points contre 21. Le retour sera plus difficile car la foule, plus de 44,000 personnes ce soir là, se dirige majoritairement vers la station de train la plus proche, celle de Tobitakyu. Nous tentons plutôt de marcher vers la station d’après, mais on pressent que la foule s’y agglutine également. Nous changeons alors complètement de stratégie en prenant le bus vers Musashi Sakai. Nous faisons en fait un pas de côté pour nous éloigner des lignes bondées. Nous avons eu la bonne idée de prendre ce bus au plus proche de la station de Nishi Chōfu, car il se remplira ensuite très vite au fur et à mesure des stations. Après une trentaine de minutes, nous arrivons à Musashi Sakai, a deux stations de Kichijoji. La suite du parcours s’est fait beaucoup plus tranquillement.

日曜の午後

A Ginza, tous les dimanches, une des rues principales est fermé à la circulation. La vitrine du grand magasin Wako est toujours très élégamment décorée. Pour le mois de Janvier, il s’agit évidemment de representations canines qui y sont montrées, car nous avons démarré l’année du chien. Au milieu de la grande rue principale de Ginza, un joueur d’un étrange instrument que je ne connais pas est installé au milieu de la voie. Je suis assez surpris par les sonorités douces qui se dégagent de cet instrument à percussion. Il y a quelque chose d’apaisant. En y repensant maintenant, j’aurais dû lui acheté un des disques qu’il vendait dans sa sacoche.

Autre lieu, devant le parc Inokashira à Kichijōji. Nous allons régulièrement chez la grand mère de Mari qui va bientôt avoir 96 ans, mais qui est toujours en grande forme. Dans la maison, j’aime cet endroit sur le tatami où la lumière pénètre et où se dégage une chaleur diffuse. L’espace est souvent agrémenté de quelques fleurs. Lorsque l’on est assis ici sur le tatami, légèrement ébloui par cette lumière, on peut s’évader quelques instants en regardant le petit jardin. Cet après midi là, Mari était partie faire des courses pour sa grand mère dans le centre de Kichijōji près de la gare. je suis resté dans cette maison avec Zoa, qui dessinait sur la table basse, et la grand mère. Nous avons discuté de tout et de rien, en regardant d’un oeil distrait le tournoi de sumo qui passait à ce moment là sur la chaine nationale NHK. Je ne sais pourquoi mais à chaque fois que nous allons chez la grand mère le dimanche après midi, on passe du sumo à la télévision. Cela fait partie en quelque sorte de l’ambiance de cette maison près du parc. Ces instants de conversations lentes et apaisantes mais remémore celles que j’avais il y a très longtemps avec une de mes grands mères, alors que j’étais encore étudiant.

Lorsque Mari est de retour, nous allons faire une promenade au parc Inokashira, que nous connaissons maintenant très bien. L’étang au milieu du parc était vidé de son eau pour l’assainir. Cette opération avait déjà eu lieu il y a quatre ans, c’est un peu surprenant q’elle soit renouvelée aussi rapidement. Je me souviens d’il y a quatre ans, on y avait découvert nombre d’objets, même des bicyclettes, à l’intérieur de l’étang lorsqu’il a été vidé. Cela me rappelle ce personnage monstrueux recouvert de boue dans une des scènes de l’anime « Le voyage de Chihiro », d’où l’on retire toutes sortes d’objets lorsqu’il vient se laver à l’onsen. Au parc Inokashira, il n’y a donc plus d’eau dans l’étang, elle avait déjà été aspirée par un réseau compliqué de tuyauteries tout autour de l’étang.

Le bonhomme de neige de cette photographie ci-dessus n’est pas authentique. La photographie a été prise avant les deux tempêtes de neige qui ont frappé Tokyo ces deux dernières semaines. Je dis « frappé » car la première tempête avait été assez bloquante pour la circulation de la ville. La neige était de retour sur Tokyo ce vendredi, mais elle n’est pas restée sur le sol. Le bonhomme de neige ci-dessus était installé à Jinbōchō, devant des magasins de sport d’hiver.

consciousnesss

Les photographies de ce billet se perdent en différents lieux à Tokyo ou à ses limites: à l’intérieur du ventre du monstre dans les rues de Ginza, jusqu’à la pointe de ses doigts près des montagnes de Takao où nous sommes attirés par les fleurs.

Je n’avais pas suivi la carrière solo de Thurston Moore, mais j’avais peut être tord vu la qualité de son dernier album intitulé Rock n Roll Consciousness, qui n’est pas sans rappelé le son de Sonic Youth. Ce n’est d’ailleurs pas pour me déplaire. Thurston Moore fait équipe avec Debbie Googe, bassiste de My Bloody Valentine et Steve Shelley, batteur de Sonic Youth, pour cet album ainsi que le précédent The Best Day, que je ne connais pas encore. Il y a un sentiment d’apaisement dans la tonalité de la voix de Thurston Moore, mais la force des guitares est bien présente, que ça soit en bataillon accompagnée de la batterie de Shelley ou comme des cris stridents. Une video est disponible sur youtube pour le morceau Smoke of Dreams. L’écoute de ces morceaux me donne également envie de revenir vers les derniers albums de Sonic Youth, comme The Eternal.