walking in a spiral: side A

Je construis souvent des séries de photographies en trois épisodes. Celui-ci est le premier épisode de cette petite série. Ces derniers temps, j’ai du mal à écrire dans le vide, alors je m’abstiens jusqu’à ce que l’inspiration d’écriture me revienne. Heureusement, l’inspiration photographique ne se tarit par encore complètement même si je passe mon temps à marcher en spirale dans la ville. Le titre de ces trois billets est inspiré d’un morceau de Liz Harris sur l’album After its own death / Walking in a spiral towards the house de son nouveau projet Nivhek. On n’est pas très loin de ses créations musicales sous le nom Grouper, avec la même noirceur et beauté imparable, mais la musique de Nivhek prend un accent un peu plus expérimental. J’écoute beaucoup cet album composé de seulement quatre morceaux allant de 8 à 20 minutes pour une durée totale d’une heure. Cette musique s’accommode bien du noir et blanc, comme souvent sur les pochettes des albums de Liz Harris, mais j’ai volontairement envie d’associer sur ce billet cette musique aux couleurs de la ville, pour le contraste. Cet album de Nivhek joue d’ailleurs sur les contrastes, car chaque morceau est découpé en petite scènes musicales alternant des voix atmosphériques et indéchiffrables aux Intrusions de sons lourds et sourds en répétition de type drone. Dans la musique de Liz Harris, on apprécie le son entre les cordes, comme si chaque note et chaque moment de silence étaient minutieusement soupesés. De Grouper, je garde toujours en tête le sublime album Ruins sorti en 2014 et j’y reviens régulièrement. L’album de Nivhek atteint cette même qualité musicale bien qu’il fasse plusieurs écoutes pour l’apprécier pleinement.

Dans une interview passée de Liz Harris sur Pitchfork, je retiens quelques mots qui m’interpellent et que j’avais noté dans un coin de mon iPad. Elle y parle de sa relation à son œuvre musicale et à son public. A propos de la sortie d’un album: “I often picture releasing an album as trying to secretly sink a heavy object in a lake – find a quiet corner, gently slip it under the surface, watch the ripples for a moment, and steal away.” A propos de son audience: “I think I pretty genuinely forget they’re there most of the time. It’s nice if people like it. I’m not making it so people like it, though. »

une dilution dans l’infini

Je consulte très souvent Pitchfork pour y trouver des nouvelles inspirations musicales. Il y a quelques mois, je découvrais le très bel album Ruins de Grouper, qui quand je l’écoute, influence d’une certaine manière mon traitement des photographies et l’ambiance des compositions graphiques. Pitchfork, nous dit d’une des chansons (« I’m clean now ») du nouvel EP Paradise Valley EPde Grouper, qu’il s’agit d’un morceau « almost unbearably beautiful ». Cette beauté, on la trouve dans la voix de Liz Harris se perdant dans une boucle infinie de guitare. La voix claire au début du morceau se mélange de plus en plus au son, se dilue avec la musique de sorte qu’on peine à distinguer musique et voix. Les morceaux de ce EP sont plus lumineux que ceux de l’album précédent Ruins, qui reste cependant mon préféré pour la beauté sublime des boucles de piano qui semblent être jouées en plein air.

Les visages ci-dessus ont été pris en photo sur diverses affiches aperçues dans les rues, dans les couloirs de métro, à l’intérieur de halls. Les visages se diluent également dans des boucles infinies comme la voix de Grouper. Cette infinité de boucles sont des gouttes de pluie démultipliées à l’infini.

Cette difficile année 2016 se termine enfin. Ce n’est pas trop tôt.

univers en disparition

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Des univers en disparition ou en révélation, selon l’envie. Je reprends mes couvertures nuageuses qui parasitent les images par zones pour les rendre presque indéchiffrables.

Cela fait maintenant plusieurs semaines que j’écoute le nouveau LP de Frank Ocean intitulé Blonde. Je connaissais Frank Ocean par quelques morceaux de ses 2 albums précédents, notamment le monumental pyramids sur Channel Orange ou Song for Women sur nostalgia,ULTRA. Déjà, j’aimais cette voix changeante et cette originalité de la composition musicale. L’album Blonde est meilleure que les précédents à mon avis. Dans un tout autre style, j’écoute aussi beaucoup le dernier album de Crystal Castles intitulé Amnesty (I). Bien que sans Alice Glass, le style musical tout en expérimentations bruitistes électroniques ne vient pas dépareiller avec les albums précédents. Certains critiquent ce manque de changement ou de remise en question, mais personnellement, j’aime retrouver ce son si caractéristique de Crystal Castles et Edith Frances s’en sort très bien (ne serait ce qu’en visionant la vidéo Concrete). Dans un style encore différent et beaucoup plus apaisé, j’écoute l’album Ruins de Grouper, superbe pour son piano comme installé dans un jardin à l’extérieur alors que l’orage et la pluie pointent au loin et que la voix de Liz Harris presque effacée vient chuchoter doucement.