仏像の影に消えた

Nous sommes déjà dans la dernière partie de l’été et j’ai l’impression qu’il a passé très vite et que rien ne s’est vraiment passé. Il y a pourtant eu les Jeux Olympiques de Paris 2024 qui nous ont bien occupés avec des cérémonies d’ouverture et de fermeture mémorables et beaucoup de très beaux moments sportifs. On s’est bien entendu levé tôt pour regarder la cérémonie de fermeture. La présence de Tom Cruise, des groupes Phœnix et Air n’étaient pas vraiment une surprise car l’information avait fuité. La cérémonie a ressemblé par moments à un concert géant avec les prestations de Phœnix, Kavinsky et Air. Le morceau Nightcall de Kavinsky avec Angèle au chant a apparemment battu des records de recherche sur l’application Shazam, ce que je comprends très bien car ce passage était particulièrement marquant, tout comme le bain de foule de Thomas Mars de Phœnix. Je pense que c’était un imprévu tout comme le fait que la foule des sportifs ne descendent pas de la scène pour rester au plus près du groupe, alors qu’on leur a pourtant demandé plusieurs fois de descendre. Ces moments imprévus étaient particulièrement réussis et ces jeux dans leur ensemble ont été une bouffée de bonheur à regarder. C’est bon de se nourrir d’énergie positive. J’espère qu’elle restera en France pour un bon moment.

En photographies ci-dessus, je profite de quelques heures à Sakuragichō à Yokohama pour partir prendre quelques photos du Pacific Convention Plaza Yokohama également nommé Pacifico Yokohama (パシフィコ横浜). J’étais attiré par les motifs architecturaux en forme de voiles modernes posées sur le toit du centre d’exposition, mais je n’ai pas eu l’inspiration nécessaire pour en sortir des photos abstraites, ce qui était pourtant mon idée de départ. Je marche un peu plus pour aller voir les vagues immobiles du grand hôtel de luxe hawaïen The Kahala Hotel & Resort. Les vastes surfaces de verre viennent refléter le ciel nuageux. La courbure du bâtiment est impressionnante. Elle se découpe en trois volumes pour decomposer les mouvements d’une vague semblant idéale pour le surf de haut niveau. J’ai bien pris une bonne vingtaine de photographies du bâtiment et de ses nuages, qui auraient pu constituer un billet à part entière, mais je ne garde finalement qu’une seule photographie par pur souci de concision. En revenant ensuite vers la tour Landmark, je constate que le musée d’art de Yokohama est toujours fermé ce qui est bien dommage car j’aurais peut-être eu le temps de voir une exposition si elle était intéressante. La façade de ce musée m’intrigue toujours beaucoup, surtout la partie haute arrondie qui doit donner une très bonne vue sur la large allée desservant le musée. J’imagine toujours qu’une personne importante y a ses bureaux. Il y a quelque chose de l’ordre de la forteresse dans l’architecture très ordonnée et symétrique de ce musée. J’y ressens un certain mystère et ce sont peut-être les formes géométriques symboliques qui m’inspirent ce sentiment d’étrangeté. Le tigre à la crinière rouge feu devant le Department Store Markis est tout droit sorti de l’univers fantastique du jeu de rôle Dragon Quest V. Il s’appelle Borongo (ボロンゴ) en japonais et Saber en anglais. Je suis très peu familier de l’univers de Dragon Quest car je n’ai jamais eu l’occasion de jouer à un épisode et ce n’est pas maintenant que je vais m’y mettre, même si l’univers du jeu et de ses nombreux épisodes doivent être extrêmement riches. La popularité du jeu au Japon n’est plus à rappeler. D’autres personnages de l’univers de Dragon Quest étaient placés à l’intérieur du grand magasin. La photographie suivante nous fait revenir vers Tokyo, sur la grande avenue d’Aoyama. Je ne sais que très peu de choses sur la grande fresque murale temporaire que je montre sur cette cinquième photographie du billet. Sur cette grande illustration chaotique, comme un patchwork composé de multiples images assez difficilement lisibles, on devine tout de même certains visages de style manga.

Il fait en ce moment souvent trop chaud pour marcher alors je préfère le vélo. Une de mes promenades du week-end m’amène jusqu’à Shinjuku près du parc Shinjuku Gyoen. Je passe en fait volontairement devant le temple bouddhiste Taisōji (太宗寺) situé à Shinjuku 2 chōme pour revoir les formes blanches arrondies du bâtiment principal, mais je me rappelle soudainement de la statue de bronze d’un grand Jizo Bodhisattva assis (銅造地蔵菩薩坐像) placée à l’entrée. Ce lieu a été utilisé pour une scène du film de yakuza Sailor Suit and Machine Gun (セーラー服と機関銃) réalisé en 1981 par Shinji Sōmai (相米慎二), avec dans le rôle principal Hiroko Yakushimaru (薬師丸ひろ子) jouant Izumi Hoshi (星泉), héritière malgré elle du clan de yakuza de son père. J’ai déjà de nombreuses fois parlé de ce film, qui m’a, il faut croire, laissé une forte impression. Je me souviens en fait très bien de cette scène devant la grande statue du temple Taisōji. Cette scène m’avait marqué comme plusieurs autres dans le film, mais je ne me souviens plus exactement quelle occasion amène Izumi Hoshi à s’assoir sur les genoux de cette statue. J’y ai en tout cas vu un sentiment de liberté teinté d’une certaine insolence. Ce film ayant un statut de film culte, certains amateurs se sont bien entendu amusés à retrouver et noter tous les lieux où ont été tournées les scènes du film, ce qui m’a permis de facilement retrouver cette statue.

Mon chemin a déjà rencontré plusieurs fois les illustrations d’Aki Akane (秋赤音). La première fois était dans la librairie Komiyama Tokyo à Jimbocho, puis ensuite à l’espace d’exposition de la librairie Tsutaya de Daikanyama. J’avais vu le livre de l’illustratrice intitulé Nagori (余波-なごり-), mais j’avais hésité à me le procurer au Tsutaya de Daikanyama lors de mon premier passage. Je l’ai finalement acheté plusieurs mois plus tard en le feuilletant une nouvelle fois dans la même librairie Tsutaya. Le terme Nagori du titre fait référence à l’eau de mer et aux algues qui restent sur la plage et les rochers après le retrait des vagues. Le sens qu’Aki Akane veut y donner est un souhait que son univers graphique riche en couleurs reste imprimé dans le cœur et la mémoire des gens qui le regarde. Les illustrations ci-dessus sont extraites du livre. J’aime beaucoup son sens du détail notamment dans les vêtements très travaillés avec un brin de gothique, de mystique et à chaque fois un petit quelque chose de très japonais souvent lié aux traditions shintoïstes. Aki Akane dessine des portraits de jeunes garçons et filles, avec la plupart du temps une note fantastique. Les deux dernières illustrations ci-dessus font par exemple partie d’une série mélangeant des portraits avec des figures animales portées au rang de kami (le serpent blanc à gauche et le loup à droite). Il y a un grand nombre d’illustrations dans ce style, ce qui me plait vraiment beaucoup, au point d’utiliser une de ses illustrations comme écran de veille sur mon smartphone. Le livre grand format reprend également des illustrations utilisées à des fins commerciales ou pour des événements particuliers. Son style n’en est pas altéré pour autant. Je suis particulièrement surpris de voir une représentation en illustrations du duo électronique Justice, Gaspard Augé et Xavier de Rosnay. Je me demande bien quelle occasion a amené Aki Akane à collaborer avec le groupe français. En plus d’être illustratrice, Aki Akane est en fait également compositrice et interprète. Elle a même été invitée à la Japan Expo, il y a plus de dix ans. Je n’ai pas encore vraiment écouté sa musique, à part quelques morceaux piochés sur YouTube, mais je préfère à priori ses illustrations. J’ai tout de même sur mon iPod le morceau techno-pop Black Gänger sorti en 2014 sur son troisième album Square. Je ne pense pas qu’elle ait sorti d’autres albums depuis celui-ci.

初詣2◯24


あけおめ
ことよろ
二◯二四

Une fois n’est pas coutume pour le premier jour de l’année, nous nous sommes levés très tôt pour aller observer le premier levé de soleil de l’année. Le soleil se levant à 6h50 du matin, nous avons dû tous nous lever vers 5h30, direction Odaiba, faute d’avoir le temps d’aller jusqu’aux bords de l’océan à Chiba, Oarai ou Enoshima. La vue en elle-même n’était pas magnifique mais nous avons pu voir le soleil se lever doucement, formant une boule de feu nous éblouissant de ses premières lumières de l’année pendant plusieurs minutes. Fort de cette énergie, nous avons ensuite pris la route pour Chiba et le grand sanctuaire de Katori que nous avions déjà visité. Nous y sommes arrivés vers 8h du matin. C’était une horaire idéale pour Hatsumōde (初詣), car ceux qui y sont venus après minuit sont déjà couchés et ceux qui viendront dans la matinée ne sont pas encore levés. Nous n’attendons pas beaucoup devant le sanctuaire, ce qui est vraiment appréciable. Il y a pourtant foule dans l’allée principale avec de nombreux stands vendant toutes sortes de choses, à manger ou à boire sur place. Je profite bien entendu de l’amazake avant de reprendre tranquillement la route. Dans l’après-midi, nous retournons au sanctuaire Hikawa (氷川神社) que nous avions visité le soir du réveillon juste après minuit et j’irais ensuite seul au sanctuatire Konnō Hachimangu (金王八幡宮). A pieds sur le chemin du retour, je n’ai pas ressenti les tremblements qui ont secoué l’Ouest du Japon à Ishikawa et Niigata, car ils restaient à un niveau relativement faible à Tokyo. Ce début d’année ne démarre pas sous les meilleurs augures pour la population affectée par ce grand tremblement de terre.

Le soir du réveillon, nous avons bien entendu regardé l’incontournable émission Kōhaku Uta Gassen sur NHK (NHK紅白歌合戦), mais je n’en garde pas un souvenir mémorable. Il y avait beaucoup de medley, même Sheena Ringo s’y est mis avec ㋚〜さすがに諸行無常篇〜 (MANGAPHONICS conscious) et c’était malheureusement assez peu convainquant. J’aurais tellement aimé la voir avec Daiki Tsuneta et Millenium Parade interpréter le morceau W●RK qui a quand même eu beaucoup de succès cette année. Il n’y avait pas pour moi beaucoup de moments mémorables à part les passages d’Ado qui interprétait son dernier single Show (唱) à Kyoto, celui de YOASOBI interprétant Idol entouré justement de la plupart des idoles féminines ou masculines présentes à l’émission, et Hiroko Yakushimaru (薬師丸ひろ子) chantant son morceau le plus connu tiré du film Sailor Fuku to Kikanjū (セーラー服と機関銃) que j’ai déjà évoqué plusieurs fois sur ce blog.

J’avais décidé avant le début de la nouvelle année que je la démarrerais avec l’album Surf Bungaku Kamakura (サーフ ブンガク カマクラ) d’Asian Kung-Fu Generation (AKFG ou Ajikan), qui a en effet été la première musique que j’ai écouté le premier jour de cette année. Je connais la musique d’Ajikan depuis presque vingt ans et c’est écouter le dernier single solo Stateless du chanteur et guitariste du groupe Masafumi « Gotch » Gotoh qui m’a donné envie de revenir vers le groupe dont je ne connais en fait que deux albums. Surf Bungaku Kamakura est le cinquième album du groupe sorti en 2008, mais Ajikan en a sorti une version augmentée en Juillet 2023. J’écoute pour le moment la version originale de 2008. L’album suit en fait un concept, celui d’utiliser des titres et un thème liés à la ligne de train Enoden qui parcourt une partie de Kamakura et de Fujisawa dans la longue région côtière du Shonan. Chacun des titres reprend le nom d’une station de la ligne Enoden, par exemple Shichirigahama Skywalk (七里ヶ浜スカイウォーク) pour la station de la plage Shichirigahama, avec toujours la même composition du nom de lieu en kanji accompagné d’un mot en katakana (ce qui me rappelle beaucoup les titres utilisés par Sheena Ringo). La ligne Enoden comprenant 15 stations, l’album de 2008 réutilise seulement les noms et lieux des stations les plus connus de la ligne Enoden, tandis que la nouvelle version Surf Bungaku Kamakura Complete de Juillet 2023 vient ajouter cinq morceaux pour compléter la ligne Enoden. Certains morceaux de cet album ont des sonorités de guitares qui me rappellent un peu le rock californien de Weezer, de l’époque de l’album bleu de 1994 que j’avais énormément écouté à l’époque. Ce son est peut-être volontaire pour comparer le Shonan à la Californie. Mais la voix de Gotch nous rappelle tout de suite qu’il s’agit clairement d’un album d’Ajikan.

初詣2◯22


アケオメ
コトヨロ
2〇22

Nous n’avons pas failli à notre habitude de regarder Kōhaku Uta Gassen sur NHK (NHK紅白歌合戦) cette année, sauf que cette fois-ci, j’ai l’impression que nous l’avons regardé plus assidûment que d’habitude. Nous l’avons en fait regardé depuis le début, ce qui arrive rarement, tout en commentant presque chaque intervention. Mari nous fait remarquer qu’on a bien vieilli pour regarder Kōhaku aussi religieusement, mais je pense plutôt que c’est Kōhaku qui a rajeuni. On restera sur cette dernière constatation. La plupart des artistes ou groupes qui se produisaient sur les scènes du Tokyo International Forum ne m’intéressent pas beaucoup musicalement, mais l’important n’est pas là. L’intérêt est plutôt de prendre la température de la scène musicale mainstream japonaise. NHK est certainement loin d’être à la pointe des nouveautés et des dernières tendances mais il y a quand même quelques efforts notés d’années en années, par exemple l’étrange représentation plutôt sombre d’ailleurs de Mafumafu. Il faut noter donc que l’émission était filmée au Tokyo International Forum à Yurakuchō cette année, plutôt qu’au NHK Hall de Shibuya qui est actuellement en rénovation. Certaines représentations étaient quand même filmées là bas. Ce qui était particulièrement intéressant, c’est que le Forum était utilisé dans sa quasi totalité: la grande salle du Hall A contenant un maximum de 5,000 personnes, mais également le long espace oval sous les élégants mâts métalliques blancs que j’ai déjà pris en photo et montré sur ce blog. Ikura de Yoasobi chantait par exemple en descendant les escalators dans cet espace. La scène du Hall A était élégamment décorée par des compositions florales de Makoto Azuma, dont j’ai également déjà parlé plusieurs fois. On a tout de suite reconnu son style. Mon intérêt principal était de voir et d’écouter Tokyo Jihen interpréter le morceau Ryokushu (緑酒) du dernier album, devenu un des morceaux les plus populaires du groupe. Le groupe était habillé en kimono, comme l’année dernière, ce qui n’avait rien d’étonnant. Le final voyait Tokyo Jihen inondé d’une neige de confettis. Il y en avait trop mais ça n’avait rien d’étonnant non plus car Sheena nous avait prévenu dans une émission spéciale diffusée sur NHK le 29 Décembre 2021. L’émission musicale de quarante minutes dédiée à Tokyo Jihen s’intitulait Sōshū (NHK MUSIC presents 東京事変 総集) et voyait le groupe visiter les locaux de la chaîne de télévision en pleine préparation de Kōhaku. Tokyo Jihen avait en fait déjà participé à une émission spéciale sur NHK intitulé Gatten (ガッテン) le 10 Juin 2021 dont j’avais parlé précédemment et pendant laquelle ils avaient interprété Ryokushu sous une pluie de confettis au final. Lorsqu’ils rencontrent le personnel en charge de la mise en scène lors de cette émission du 29 Décembre, on voit Sheena Ringo renouveler cette demande de confettis au final et on lui promet qu’il y en aura beaucoup, à la manière des passages sur scène du chanteur Enka Kitajima Saburō. Ces confettis reprennent l’image des fleurs de cerisiers s’envolant dans les airs qu’on pouvait voir dans la vidéo de Ryokushu. L’OTK savait donc qu’il y aurait une pluie de confettis, mais j’étais loin d’imaginer qu’il y en aurait autant. Sheena et le groupe se sont changés trois fois de tenues pendant l’émission et celle qu’on retient est la dernière, habillée en skateuse avec sac à dos NASA et skateboard à la main. Le skateboard est d’ailleurs un élément récurrent du monde visuel de Sheena Ringo. On le voyait, toujours le même avec un dessin de glace au chocolat et un autocollant ARIGATO, sur la scène de Music Station pour l’interprétation de Gunjō Biyori (群青日和) avec Elopers, dans une scène de la vidéo de Arikitarina Onna (ありきたりな女), ou sur un visuel de la compilation Gyakuyunyū ~Koukūkyoku~ vol.2 (逆輸入 ~航空局~; Reimport, Vol. 2 ~Civil Aviation Bureau~). Le compte Twitter de Shane les répertorie sur un tweet et cette tenue de skateuse, qui est en fait une version alternative de la tenue de l’époque de l’album Sports, inspire les illustrateurs comme ce dessin ci-dessous. Lors du final sur la photo de droite, on voit Sheena entourée de la chanteuse Enka Sayuri Ichikawa et de Hoshino Gen (Ukigumo est également le guitariste de son groupe).

J’étais assez surpris ensuite de voir Hiroko Yakushimaru (薬師丸ひろ子) sur scène. Elle n’a pas interprété le morceau que j’aime du film Sērā-fuku to kikanjū (セーラー服と機関銃, Sailor suit and machine gun), dont je parle décidément souvent (trop) sur ce blog, car Ukigumo chantait notamment ce morceau sur le concert Hyakkiyakō 2015. L’autre bonne surprise et moment attendu de Kōhaku était de voir sur scène Daiki Tsuneta avec son groupe Millenium Parade accompagnés par Kaho Nakamura au chant pour interpréter le morceau U du film d’animation Belle (竜とそばかすの姫) de Mamoru Hosoda. La représentation sombre avec des musiciens masqués a du inquiéter quelques spectateurs. J’étais aussi particulièrement intéressé de voir BiSH participer pour la première fois à Kōhaku, d’autant plus qu’elles ont annoncé la séparation du groupe à la fin 2022. C’était certainement l’interprétation la moins réussie de Kōhaku et même AiNA avait du mal à chanter juste. En fait, je n’ai jamais entendu une interprétation correcte de leur part dans une émission télévisée. Je pense aussi qu’elles ne devraient pas s’obstiner à chanter le morceau Promise The Star, qui doit certainement avoir une valeur émotionnelle pour le groupe, mais qu’elles t’interprètent jamais très bien. Pour en avoir le cœur, j’avais regardé une émission musicale passant dans la nuit sur NHK montrant un mini-concert de BiSH sans public à Fukuoka et j’avais trouvé leurs interprétations tout à fait correctes. Peut-être s’agissait-il du stress du passage Live dans une émission très regardée. Mais bon, ça fait déjà un petit moment que j’attendais leur passage à Kōhaku et je suis tout de même content que ça se soit produit. Et il y avait l’intervention de Fujii Kaze (藤井風) qui était censé interpréter son morceau Kirari (きらり) seulement à distance, mais qui apparaît soudainement sur scène en pantoufles touffues vertes en se mettant à jouer au piano. Je ne connais pas très bien Fujii Kaze à part ses morceaux connus passant à la radio et je n’ai à priori pas d’attirance particulière pour sa musique. Il est ceci dit considéré comme un des jeunes talents. Je dirais même qu’il y a une certaine insolence dans son talent naturel. Les fans de Sheena Ringo et Tokyo Jihen le plébiscitent d’ailleurs pour une éventuelle collaboration, car il a interprété à plusieurs reprises sur sa chaîne YouTube des morceaux de Sheena Ringo et Tokyo Jihen: Marunouchi Sadistic (丸ノ内サディスティック) au piano seulement et en version chantée, et Nōdōteki Sanpunkan (能動的三分間). Ses interprétations sont excellentes et je parie qu’il y aura une collaboration cette année. Enfin, l’émission passe très vite et m’a dans l’ensemble plus intéressé que les autres années. La nouvelle année se fait proche et on se prépare déjà à aller au sanctuaire dans la nuit et le froid, avec comme récompense un verre d’amazake (pas de vin chaud comme sur les pistes de ski).

Le lendemain, le 1er Janvier 2022, le rythme de la journée était très lent et on se décide comme d’habitude assez tard à aller au sanctuaire de Hikawa (氷川神社) et de Konnō Hachimangu (金王八幡宮) à Shibuya pour y faire les premières prières de l’année et pour y récupérer le goshuin spécial du premier de l’an. On évite pour le moment la foule à Meiji Jingu. Mon carnet est presque terminé et il faudrait que je le scanne et le montre sur Made in Tokyo. Comme tous les ans à cette même période, l’hésitation m’a gagné de continuer ou non ce blog pour une nouvelle année. L’hésitation me gagne à chaque fois qu’il faut payer l’abonnement annuel du hosting et du nom de domaine, en me demandant si tout ceci est vraiment nécessaire pour moi et pour les autres (les visiteurs occasionnels ou réguliers). Mais j’ai bien l’impression que je suis reparti pour un tour. 終わらせないで me dit une petite voix dans ma tête.

J’attendais également une annonce de Tokyo Jihen dans les premières heures de 2022, mais on a seulement reçu une carte de bonne année, celle ci-dessus avec une version alternative sur le site web du groupe. Le 1er Janvier 2020, Tokyo Jihen avait annoncé sa re-formation, le 1er Janvier 2021 était l’annonce du nouvel album. Je pensais qu’on allait avoir la confirmation d’une tournée, même online, mais ça n’a pas été le cas. On sait que le groupe a envie de tourner, du moins c’est ce que j’ai compris dans l’émission récente Sōshū sur NHK, et je n’ai pas l’impression qu’ils aient envie de s’arrêter tout de suite. La condition sanitaire actuelle étant pleine d’imprévus, ça semble toujours compliqué de s’engager dans une tournée nationale.

Pour me réconforter un peu, je pars en visite au Tower Records de Shinjuku car je sais qu’on y montre les tenues de la vidéo de Hotoke Dake Toho (仏だけ徒歩). Je prends les quelques photos ci-dessus, que je ne montre pas sur Twitter cette fois-ci. J’aime beaucoup ce médaillon de tête de chat que porte Sheena dans cette vidéo. Il ne ressemble pas vraiment à un de ses trois chats qu’elle montre de temps en temps sur Twitter ou sur Ringohan: Tekuno (テクノ), Jung (ユング) ou Moses (モーゼ). On sait que Sheena aime donner des noms de personnalités aux choses, mais j’en suis moins sûr pour les animaux. Je crois reconnaître Moïse et le psychanalyste suisse Carl Jung pour deux des chats, mais je suis moins sûr pour le troisième appelé Techno ou Tekuno (peut-être choisi pour son origine de l’antiquité). Entre les skateboards et les noms de chats, il y a beaucoup de mystères à résoudre. Le cadeau de nouvelle année (さえずり) de Ringohan que j’ai reçu il y a quelques jours n’arrange rien pour ce qui est des mystères. Il s’agissait de cinq cartes de tarot estampillées du logo de Tokyo Jihen avec des inscriptions en allemand. Il me faudra étudier un peu plus en avant la question, mais c’est exactement cela qui est intéressant.

快感

Cette série de photographies a été prise dans la continuité des billets précédents. Je pense même qu’elles ont été prises pendant la même journée ensoleillée de la fin du mois de Février. Je pensais que le fait de moins sortir le week-end allait me laisser plus de temps pour écrire mais l’inspiration n’est malheureusement pas aussi présente que les week-ends où je parcours les rues tokyoïtes. Sur la première photographie, la porte peinte en rouge vif est celle du temple Ryusenji donnant sur la rue Gaien Nishi. Le temple en lui même est particulier car il semble intégré à un immeuble. J’aurais dû d’ailleurs le prendre en photo. Je continue au hasard d’une petite rue parallèle à la grande avenue d’Aoyama pour tomber sur une petite moto rouge qui m’a l’air familière. Après quelques réflexions, je me dis qu’il s’agit d’une copie de la moto de Kaneda dans Akira. Ou peut être pas, je ne sais plus, je crois qu’il manque les autocollants pour que cette copie soit réaliste. La maison 395 par l’architecte Atsushi Kitagawara sur la deuxième photographie ressemble à une composition de nature morte. Les blocs de formes diverses me font penser à des objets posés sur une table comme sur une peinture. La qualité artistique de l’architecture de Kitagawara est indéniable. Cette maison se trouve le long d’une petite rue de Aoyama mais je ne me souviens jamais de son emplacement exact, ce qui fait que c’est à chaque fois un plaisir (快感) de la redécouvrir au hasard des rues.

Les deux affiches alternatives ci-dessus sont celle du film Sailor suit and machine gun (セーラー服と機関銃 Sērā-fuku to kikanjū) du réalisateur Shinji Sōmai avec Hiroko Yakushimaru comme actrice principale. Il s’agit d’un film de Yakuza, avec un soupçon de comédie, datant de 1981 et racontant l’histoire d’une écolière appelée Izumi Hoshi héritant malgré elle d’un clan de Yakuza, celui des Medaka. Une histoire de drogue dérobée amène les clans à s’affronter jusqu’à la scène finale iconique où l’écolière en uniforme Izumi dégomme à la mitraillette les membres d’un clan adverse, ne pouvant dissimuler un sentiment de plaisir qu’elle exprime juste après les faits avec un sourire et en prononçant le mot « 快感 » (Kaikan). Le film en lui-même n’est pas un chef-d’œuvre ni une œuvre novatrice dans le genre du film de Yakuza, mais le contremploi d’une écolière dans un monde de violence et la manière dont elle va s’adapter et même s’approprier les codes du milieu rendent le film intéressant et intriguant. Voir des images de Tokyo au début des années 1980 est un également un plaisir (快感) visuel. Je ne reconnais pas les quartiers qui y sont montrés à part l’immeuble aux façades en pente de Nishi Shinjuku conçu par Yoshikazu Uchida et une grande statue du temple Taisōji 太宗寺 près de Shinjuku Gyoen. Le film a eu un certain succès au Japon à sa sortie, je pense notamment pour cette scène iconique à la mitraillette qui est utilisée dans le titre du film et pour les affiches. Cette image est restée dans l’inconscient collectif et je ne connaissais moi-même de ce film que cette image. Mais, je réalise également que le morceau du générique de fin, chanté par l’actrice du film, est également très connu. L’actrice Hiroko Yakushimaru est en fait une idole et une chanteuse pop, en plus d’être actrice. Après avoir vu les dernières images du film, je garde ce morceau en tête au point de l’acheter ensuite sur iTunes et de l’écouter ensuite assez régulièrement. Il arrive de temps en temps que je succombe au charme d’un morceau pop des années 80. J’y trouve une certaine nostalgie qui n’est pourtant pas la mienne. C’est un sentiment assez étrange d’y trouver une certaine attache émotionnelle sans pourtant avoir d’attache mémorielle, car j’étais bien loin à l’époque de la sortie du film.

L’envie de regarder le film Sailor suit and machine gun m’est venu après avoir vu et écouté le morceau Shinemagic du groupe d’idoles alternatives ZOC (Zone Out of Control) mené par Seiko Ōmori. Le seul point commun entre ce morceau et le film est l’imagerie de la jeune fille avec une mitraillette, et un certain côté rebel bien représenté par une des membres du groupe Katy Kashii (香椎かてぃ). Le style musical ultra pop est assez loin de ce que j’écoute normalement, mais je m’autorise quelques écarts de temps en temps, quand la musique est suffisamment intéressante à l’écoute et accrocheuse à l’oreille. Le morceau est tout aussi accrocheur que la K-POP de 2NE1 sur le morceau I am the best 내가 제일 잘 나가 (un autre écart musical) où les mitraillettes sont également de sortie à la fin du morceau, en version coréenne par contre mais avec le même plaisir (快感) exprimé.