le camphrier veille sur Ueno

Outre un passage rapide dans les rues d’Ameyoko, l’autre objectif de ma visite à Ueno était d’aller voir d’un peu plus près le sanctuaire Tōshōgū et notamment un espace de méditation conçu récemment par l’architecte Hiroshi Nakamura & NAP, que j’ai déjà montré sur mon compte Instagram. Cet espace simple appelé Ueno Tōshōgū Seishinso (上野東照宮清心所) a été construit principalement en bois de ginkgo et est placé à l’entrée du sanctuaire. Il est placé devant un arbre gigantesque, un grand camphrier âgé de 600 ans, que l’on dit être à l’origine du parc d’Ueno. Cet arbre sacré était déjà là avant la construction du sanctuaire Tōshōgū, d’abord établi en 1627 puis rénové en 1651 pour devenir un sanctuaire consacré à Tokugawa Iieyasu. Le pavillon Seishinso nous permet de nous asseoir quelques instants (ou des heures si on veut) pour admirer cet arbre qui veille sur Ueno depuis tant d’années. Ce qui est particulièrement intéressant est qu’on ne le voit pas dans sa totalité depuis l’espace assis du pavillon, car seule une partie du tronc est visible. Un chemin pavé fait le tour de l’arbre et de ses racines pour nous amener ensuite vers le bâtiment principal du sanctuaire Tōshōgū (le Honden). En voyant soudainement la richesse des feuilles d’or se réfléchissant au soleil, je me demande pourquoi je ne suis pas venu ici avant. Il y a très peu de visiteurs lors de mon passage. L’emplacement du sanctuaire dans un coin du parc d’Ueno joue peut-être sur le fait qu’il soit assez peu visité. L’endroit est en tout cas particulièrement paisible en cette fin de matinée de dimanche.

architectures impromptues

J’aime les découvertes architecturales inattendues au détour d’une rue ou d’un carrefour. Samedi en fin de matinée, je pars faire un jogging d’une heure alors que la pluie continue de tomber, mais une pluie fine et finalement pas désagréable. Je varie en général les parcours de mes courses à pieds et cette fois-ci, je me dirige vers Nishi Azabu et Minami Aoyama. J’essaie volontairement d’emprunter des rues que je ne connais pas. Ma tête bouge comme une girouette car, tout en courant, j’observe les lieux. Si on m’observait au loin en hauteur, on pourrait penser à un renard flairant une proie. Je fais parfois demi-tour brusquement quand je passe en courant devant une rue semblant intéressante et que mon cerveau n’est pas en mesure d’enregistrer assez rapidement un changement de direction au carrefour.

La maison particulière House SH des architectes Hiroshi Nakamura & NAP se trouve quelque part au bord d’une rue très étroite de Nishi Azabu. Je ne soupçonnais pas qu’elle se trouvait ici. C’est une des nombreuses maisons aux formes originales que j’aspire à trouver dans les rues de Tokyo, mais très peu de pistes sont données dans les magazines d’architecture quant à leurs emplacements. Je la découvre donc ici par un pur hasard. La bosse sur le mur extérieur, au niveau du deuxième étage est immédiatement reconnaissable. C’est dommage que le blanc immaculé au moment de sa conception en 2005 est perdu de sa splendeur. Elle mériterait un bon nettoyage. Ce n’est cependant pas très étonnant que cette partie bombée retiennent les impuretés.

Cette partie bombée correspond à l’intérieur à un large espace pour s’asseoir. On pourrait même y faire dormir un enfant, à en juger les photographies ci-dessus montrées sur le site internet de l’atelier d’architectes. Comme beaucoup de maison de particuliers, elle est construite en hauteur sur un espace très étroit, et cette bosse est un moyen original de gagner l’espace d’un sofa.

A quelques mètres seulement de House SH, une autre maison particulière aux parois légèrement verdâtres attirent mon oeil photographique. Les parties angulaires de cette maison appelée A’ House par Wiel Arets Architects sont intéressantes. Ici aussi, l’espace est très étroit et l’angle semble laisser une place de parking pour une petite voiture ou des vélos.

L’intérieur est aussi très compact, mais la grande porte vitrée, qui sert de porte d’entrée pour la maison, ouvre complètement la maison sur la rue. Cette idée d’ouverture sur la vie et les activités de la rue est intéressante mais je doute que les propriétaires l’appliquent. Ils préférerons sans doute le vaste balcon (vaste par rapport aux proportions de la maison) au dernier étage à coté de la chambre principale. A noter que les ouvertures de grande taille ont deux couches, une transparente et une autre translucide que l’on peut superposer.

Ma course à pieds m’amène ensuite vers Minami Aoyama. Je longe le cimetière en pente de Aoyama et je reviens ensuite vers les zones résidentielles à l’écart de la grande artère de l’avenue Aoyama. Une courbe bleue-vert attire tout d’un coup mon regard. Au fond d’une allée, j’aperçois des formes déjà vu dans je ne sais plus quel magazine. Quelques recherches me rappellent qu’il s’agit de Rose Residence and Office de l’Atelier Norisada Maeda. Le béton est massif. Les courbes laissent penser à un aquarium à l’intérieur. Comme souvent, la beauté de l’architecture se trouve à l’intérieur. Bien qu’on puisse avoir du mal à l’imaginer, les murs à l’intérieur de la maison sont également courbes, comme le montre les photographies du site internet de l’atelier Norisada Maeda (ou plutôt la page flickr de l’atelier).

A vrai dire, même en regardant attentivement les photographies du site de l’architecte, on a un peu de mal à comprendre comment les pièces sont agencées, car à la particularité des murs courbes vient s’ajouter des sols transparents à certains endroits de la maison. Le site designboom tente d’expliquer avec quelques graphiques le concept de cette maison d’un simplicité extérieure ne laissant pas présager la complexité de l’intérieur.