Right Brain / Left Brain

Une fois n’est pas coutume, la salle de concert où je vais ce soir n’est pas située à Shibuya mais dans le quartier de Negishi près d’Ueno. Il s’agit d’une salle nommée Tokyo Kinema Club (東京キネマ倶楽部). La station la plus proche est celle d’Uguisudani sur la ligne Yamanote mais je préfère descendre à la station précédente, celle d’Ueno, pour profiter d’une petite promenade dans le calme du parc avant les effluves de guitares qui vont assaillir mes oreilles. Le concert que je vais voir ce soir, le Vendredi 10 Mai 2024, est celui du groupe rock Tricot mené par Ikkyu Nakajima (中嶋イッキュウ) au chant et à la guitare, avec Motifour Kida (キダ モティフォ) à la guitare et aux chœurs, Hiromi Hirohiro (ヒロミ・ヒロヒロ) à la basse et aux chœurs et Yusuke Yoshida (吉田雄介) à la batterie. Le nom donné à ce concert est Unō Sanō (右脳左脳), Right Brain Left Brain, qui est également le titre d’un des morceaux du groupe sur l’album Makkuro (真っ黒), un de leurs meilleurs albums bien que les albums de Tricot soient difficiles à départager. C’est en fait la troisième fois que je vais voir Tricot en concert. Il faut dire que le groupe se produit assez souvent, même lorsqu’il n’y a aucune sortie d’album ou de single prévue, ce qui était le cas cette fois-ci. Les deux fois précédentes, la première à Toyosu et la deuxième au Liquidroom d’Ebisu, étaient des concerts liés directement à la sortie d’un nouvel album de groupe. J’ai presque inconsciemment pris le rythme de voir sur scène Tricot une fois par an, ce qui me convient très bien tant j’aime la musique du groupe et leur énergie contagieuse lors des concerts. J’ai par contre eu un peu de mal à avoir une place cette fois-ci, n’étant pas membre du fan club. J’en n’ai pas pu avoir de place à la première loterie mais j’ai heureusement été plus chanceux à la deuxième loterie. Ma place était par conséquent plutôt en fond de salle, mais la configuration de celle-ci en largeur et le fait qu’on n’était pas serré comme des sardines malgré que le concert affichait complet, me donnait tout de même une bonne vue sur la scène. Il y a toujours un peu de stratégie à avoir au moment d’entrer en salle, car il faut trouver une position avec devant soi des têtes plus basses que la sienne et un emplacement plutôt vers la droite pour se trouver du côté d’Ikkyu. Une des raisons de la difficulté relative d’avoir des billets était la présence d’une première partie. La mini-tournée Unō Sanō se déroule en fait en deux dates, une ce soir à Tokyo avec le groupe PEDRO en première partie, et une autre date à Osaka avec les rappeuses de Chelmico. J’aime assez le hip-hop cool de Chelmico, mais je ne suis pas mécontent de voir PEDRO à Tokyo et c’est en fait l’annonce de cette première partie qui m’a donné envie de voir les deux groupes PEDRO + Tricot en concert. Vu le nombre important de personnes portant un t-shirt de PEDRO dans le public, on peut comprendre assez rapidement pourquoi les places sont vite parties. Je pense que le rock de Tricot et celui de PEDRO sont un bon match, donc le public a dû s’y retrouver. C’était mon cas. J’ai déjà parlé plusieurs fois du groupe PEDRO sur ce blog. Il s’agit d’un groupe japonais, malgré ce que le nom pourrait laisser penser, composé d’Ayuni D (アユニ・D) au chant et à la basse, d’Hisako Tabuchi (田渕ひさ子) à la guitare et de Yumao (ゆーまお) à la batterie. PEDRO est officiellement le projet solo d’Ayuni qui évoluait dans le groupe d’idoles alternatives BiSH jusqu’à leur dissolution en 2023. Je parle aussi très souvent de la guitariste Hisako Tabuchi sur ce blog. Elle était bien sûr guitariste du groupe Number Girl (ナンバーガール) mené par Shutoku Mukai (向井秀徳), mais faisait également partie d’autres groupes comme bloodthirsty butchers (ブラッドサースティ・ブッチャーズ). Elle joue encore maintenant dans le groupe Toddle (トドル) que je ne connais que de nom. Hisako Tabuchi a aussi joué occasionnellement avec Sheena Ringo, que ça soit au tout début de sa carrière sur Σ en 2000 ou beaucoup plus récemment sur le single Watashi ha Neko no Me (私は猫の目) de 2023. Elle a également joué dans des groupes éphémères de Sheena Ringo, notamment Hatsuiku Status (発育ステータス) pour la tournée Gokiritsu Japon (御起立ジャポン) en Juin et Juillet 2000, et le groupe Elopers qui accompagnait Sheena Ringo et Atsushi Sakurai (櫻井敦司) de Buck-Tick sur le morceau Kakeochisha (駆け落ち者) de l’album Sandokushi (三毒史) sorti en 2019. Mentionner ici le concert Gokiritsu Japon me ramène quelques années en arrière alors que je m’étais donné comme mission d’écrire un rapport sur ce blog de tous les concerts de Sheena Ringo et de Tokyo Jihen. Cette mission est achevée et on reconnaîtra peut-être un jour la qualité de ce travail! Tout ceci pour dire que c’est avec une certaine émotion que je vois et écoute Hisako sur scène ce soir, d’autant plus que son jeu de guitare est irréprochable. J’étais également impatient de voir sur scène Ayuni D, de son vrai nom Ayuko Itō (伊藤亜佑子), car je la suis dans le groupe BiSH depuis ses débuts (elle est arrivée en cours de route en 2016) et sur son projet PEDRO depuis le premier album. Je n’ai certes pas suivi très assidûment tous les albums de PEDRO, au mieux quelques singles de chaque album, et je m’attendais donc à faire des découvertes. La composition du groupe est intéressante car Ayuni est encore jeune à 24, tandis qu’Hisako a le double de son âge (48 ans) et est une vétérante reconnue de la scène rock japonaise. C’était d’ailleurs amusant de voir la guitariste Motifour Kida de Tricot, qui pourrait très bien elle-même devenir une grande figure dans le petit monde des guitaristes japonais, vouer une admiration pour Hisako Tabuchi. Motifour portait même pendant le concert de Tricot, le T-shirt de PEDRO qu’Hisako portait également pendant leur prestation sur scène. Une photo sur Twitter immortalise cette rencontre de guitaristes de haut vol. Bref, tout ceci m’enthousiasme énormément. Un autre petit détail amusant est que le batteur de Tricot, Yusuke Yoshida, est apparemment fan de BiSH et d’Ayuni D comme le révèle Ikkyu lors d’un passage de MC du concert. Ikkyu mentionne également qu’elle ne s’attendait pas à une réponse positive lorsque son groupe a proposé à PEDRO de faire leur première partie à Tokyo. Ikkyu mentionne également avoir été agréablement surprise de recevoir un petit message (en DM sur un réseau social non nommé) d’Ayuni le jour d’avant le concert pour souhaiter que tout se passe bien. La formation d’idole, même alternative, doit certainement former à ce genre de choses entre les personnes. Ikkyu n’avait apparemment pas l’habitude de recevoir ce genre de petit message plein de bonnes intentions, car le monde du rock est forcément impitoyable. Elle a en tout cas beaucoup apprécié car c’est devenu un sujet récurrent des passages MC du concert.

Le concert se déroule au Tokyo Kinema Club, qui est un endroit assez particulier. Il s’agissait initialement d’un grand cabaret construit il y a plus de 40 ans. C’est un endroit où les clients pouvaient discuter avec des hôtesses tout en buvant de l’alcool et payant au final une addition rondelette. Après avoir fermé ses portes, la salle du cabaret est restée non utilisée pendant plusieurs années pour ensuite devenir une salle de spectacle. Elle a conservé son décor de style Showa, avec réception luxueuse d’une autre époque, et son velours sur les meubles. La salle se trouve au cinquième étage du bâtiment et est surmontée de balcons circulaires qui n’étaient pas accessibles. Il était interdit de prendre des photos à l’intérieur mais je me suis, comme d’autres, quand même permis d’en prendre une de la scène. Pour l’appel des numéros de billets avant l’entrée méthodique dans la salle, on nous avait fait attendre dans une pièce au rez-de-chaussée ressemblant à un garage en construction. Les fils électriques dépassaient des murs de béton et le sol carrelé était en grande partie défoncé. Bref, cet endroit fait pleinement partie de l’expérience particulière du concert. L’acoustique dans la salle était heureusement très bonne. La première partie du concert commence sans délai à 19h. Je suis surpris de la ponctualité. PEDRO entre sur scène sous la musique du morceau Kaeru (還る) de leur album récent Omomuku mama ni, i no muku mama ni (赴くままに、胃の向くままに). Une grande majorité des morceaux interprétés ce soir proviennent de cet album et je ne reconnais que deux morceaux dans le set: Shunkashūtō (春夏秋冬) dont j’avais déjà parlé dans un précédent billet et Roman (浪漫) d’un album du même nom sorti en 2020. J’aime beaucoup l’énergie que dégage le groupe sur scène. Les riffs de guitares d’Hisako sont impeccables et accrocheurs. Ayuni se laisse emporter par le flot musical et on la voit souvent pencher la tête en arrière comme si elle se noyait dans sa musique. Je le mentionnais régulièrement lorsque j’évoquais la musique de PEDRO et même de BiSH, la voix particulière d’Ayuni, assez aiguë et imparfaite par moment, peut surprendre, mais c’est cette particularité qui fait un des intérêts et charme de ce groupe surtout quand cette voix se mélange à des mouvements de guitare parfaitement exécutés. Je trouve le public très présent lors de la représentation de PEDRO. Il y a très certainement des fans acharnés. C’est à mon avis un signe que les restes de la crise sanitaire ont complètement disparus. La plupart des morceaux du set me plaisent dès la première écoute live, ce qui me décidera donc à écouter un peu plus tard ce dernier album en entier. Le riff de guitare sur le morceau Kiyoku, Tadashiku (清く、正しく) est par exemple un véritable bonheur en live. La voix d’Ayuni sur Omomuku mama ni (赴くままに) est superbe d’intensité. Le morceau Senshin (洗心) qui se trouve au centre du set de 11 morceaux est peut-être le morceau que je préfère, car je trouve les paroles assez touchantes. Ayuni est toujours très humble dans son approche de la musique, indiquant vouloir faire de son mieux mais admettant qu’elle doit toujours s’améliorer. C’est d’ailleurs assez amusant de la voir sur scène, un peu maladroite hors des morceaux mais complètement imprégnée dès que la musique démarre. Il n’y a qu’un seul passage de MC adressé au public et Ayuni est la seule à parler. Elle sent le besoin de se présenter et d’indiquer qu’elle chantait auparavant dans le groupe BiSH, ce que tout le monde dans la salle doit déjà savoir. C’est dommage qu’Hisako Tabuchi ne prenne pas la parole, mais ceci s’explique sans doute du fait que PEDRO est avant tout un projet solo d’Ayuni D. Ça peut paraître étrange vue la carrière extensive d’Hisako, mais on ressent aucun déséquilibre dans la formation qui a tout de même déjà sorti cinq albums et deux EPs. Je n’imaginais pas à l’écoute du premier album THUMB SUCKER (サム・サッカー) de 2019 que ce projet durerait aussi longtemps et arriverait à trouver aussi bien ses marques. Avec BiSH, Ayuni D a quand même passé de nombreuses fois à la télévision, incluant Kōhaku sur NHK (la 72ème édition), ce qui me fait penser qu’elle doit être la personnalité présente à ce concert la plus connue du grand public. Vers la fin du set, PEDRO revient vers des morceaux de l’album précédent Gojitsu Aratamete Ukagaimashita (後日改めて伺いました), à savoir Mahō (魔法) et Sutte , Haite (吸って、吐いて). Je ne connaissais même pas l’existence de cet album, il faudra le découvrir. Le set de PEDRO est assez long mais passe très vite. Une pause d’une vingtaine de minutes permet de changer les instruments pour le set suivant de Tricot.

Ce temps de préparation semble assez long car le public avait été réchauffé par la prestation de PEDRO et la tension tombe un peu. La chaleur est par contre bien présente et une personne aura même un malaise au début du set de Tricot. Le groupe joue 13 morceaux incluant un rappel. Il n’y a malheureusement aucun nouveau morceau, mais une sélection provenant des albums existants avec une plus grande proportion venant de l’album Makkuro (真っ黒). Par rapport à PEDRO, je suis en terrain connu avec Tricot car j’ai tous les albums et déjà entendus certains morceaux plusieurs fois en live. C’est par exemple le cas du morceau Himitsu (秘密) de l’album Makkuro, qui est un grand classique des concerts de Tricot et un des morceaux les plus remarquables du groupe. La playlist du concert a cette fois-ci été entièrement pensée par la bassiste Hiromi. C’est un privilège qui lui est donné cette fois-ci, car elle va bientôt faire une pause en attente d’un heureux événement. Elle l’avait en fait déjà annoncé sur les réseaux sociaux quelques jours auparavant et il n’y avait pas de grande surprise dans le public. Ça a été l’occasion de la féliciter en direct. Pendant tout le set, je n’ai pu m’empêcher d’être un peu perturbé par la question de savoir si c’est bien bon pour son futur bébé d’entendre des sons aussi forts, car les sets des deux groupes sont particulièrement riches en guitares et les batteurs nous font ressentir leurs percussions jusqu’à notre colonne vertébrale. Ikkyu pose finalement la question à Hiromi qui n’a pas l’air de trop s’inquiéter car elle part en pause assez tôt. Son dernier concert sera celui d’Osaka pour cette tournée. Tricot ne s’arrêtera pas pour autant, et Hiromi indiquait devant les questions insistantes d’Ikkyu qu’elle reviendra après son congé maternité. Ikkyu nous fait ensuite part de son idée saugrenue d’engager Ayuni D comme bassiste pour Tricot pendant la période d’absence d’Hiromi. Les membres de Tricot semblent tout à fait satisfait de ce remplacement à l’amiable, et déclarent que c’est un marché conclu, sans en avoir parlé au préalable avec l’intéressée. Ce petit passage fait bien rire le public, car Ikkyu imagine déjà tout haut le mécontentement possible d’Ayuni face à cette décision prise à son insu. Tout ceci n’est bien sûr qu’une plaisanterie. Les échanges de musiciens dans le petit monde du rock sont relativement fréquents et je viens d’apprendre juste après le concert que Yusuke Yoshida de Tricot sera derrière la batterie du prochain concert de DAOKO au mois de Juin 2024. Ça sera normalement le prochain concert que j’irais voir et ça sera amusant de voir Yoshida kun accompagné DAOKO plutôt qu’Ikkyu. J’imagine que cette « infidélité » était d’un commun accord entre les deux, qui sont à priori des bonnes amies si on en croit les réseaux sociaux. Le set commence par le morceau Noradrenaline de l’album A N D, qui se trouve être le premier morceau du premier album de Tricot que j’ai écouté. De l’album Makkuro, Tricot interprète forcément le morceau Unō Sanō (右脳左脳), car c’est le titre du concert. J’aime beaucoup ce morceau notamment pour l’ambiance de sa vidéo que se déroule en partie sur une passerelle pour piétons à Ebisu que je connais très bien pour l’avoir souvent prise en photo. L’ambiance est fidèle aux précédents concerts du groupe auxquels j’ai pu assister. Je trouve qu’elles se sont un peu plus amusées dans les introductions et certains morceaux étaient l’occasion de partir vers des étendues bruitistes, qui sont restées tout de même assez bien maîtrisées. La guitariste Motifour Kida aime toujours se déplacer au moins une fois du côté d’Ikkyu pour essayer de l’embêter et lui piquer la vedette. Mais la véritable vedette de ce concert est Hiromi, qui parle même pendant un des passages de MC. Ikkyu s’étonne de cette intervention et nous fait part du fait que c’est chose rare qu’Hiromi s’adresse au public. C’est peut-être même la première fois. C’est vrai que je n’ai pas le souvenir de l’avoir entendu parler en concert. Tout comme Yusuke Yoshida, elle est relativement discrète, surtout par rapport à Ikkyu et Kida qui mènent souvent la discussion. Le groupe couvre étonnamment assez peu de morceaux des derniers albums car un seul est tiré du dernier Fudeki (不出来), le morceau titre justement, et aucun de l’album d’avant Jōdeki (上出来). J’étais surpris de ne pas voir Ochansensu-Su (おちゃんせんすぅす) de l’album THE dans la setlist car c’est aussi un grand classique qui permet au groupe de s’amuser en le triturant à l’excès. L’excellent WARP de l’album 10 faisait par contre partie du concert, tout comme Naka (なか) de l’album Makkuro. Ces morceaux ont la particularité d’avoir des passages rappés par Ikkyu, ce qui me fait d’ailleurs penser que la combinaison avec Chelmico pour la date d’Osaka n’est pas du tout incongrue. Il y a parfois cet esprit hip-hop dans les morceaux de Tricot, ce qui sort clairement le groupe de son étiquette de groupe de math rock. Je sentais Tricot jouer sans pression, même si on ne voit jamais aucune pression transparaître d’Ikkyu qui a l’air toujours très cool en toute occasion. C’est peut-être une impression que j’ai en raison de sa manière de parler un peu nonchalante. Je ne serais pas loin de croire qu’elle est originaire de Nagano, mais en fait non, elle est originaire de la préfecture de Shiga. Comme pour PEDRO, le public est très engagé et il me semble un peu plus vocal que d’habitude. Ça fait plaisir de ressentir cette ambiance. Je pense que Tricot aime d’ailleurs partager l’affiche de cette manière. Ça sera également le cas pour leur prochain concert au Liquidroom qui aura lieu en Septembre 2024, à priori sans Hiromi.

Pour le morceau de rappel, Hiromi donne au public un choix de trois morceaux qu’on choisira grâce au volume sonore des applaudissements. Plusieurs crient bien sûr qu’ils veulent écouter les trois morceaux à la suite. Ce sera finalement le morceau Melon Soda (メロンソーダ) de l’album 3 qui conclura le set de Tricot. Une petite photo de famille sera ensuite prise avec Tricot et Ayuni D de PEDRO. Au final, le concert s’achève vers 9:30, ce qui fait un peu plus de deux heures de live, en comptant l’entracte, pour un total de 24 morceaux joués. Pour un peu plus de 5000 Yens la place, c’est quand même assez avantageux. Tous les concerts auxquels j’assiste sont dans ces prix à part celui de Sheena Ringo qui était au double. Les lumières se rallument après les remerciements et on nous demande gentiment de ne pas prendre de photos de la scène, ce qui est plutôt étonnant. J’ai toujours un peu de mal à vouloir sortir. Une fois dehors, les oreilles sonnent. Plus de deux heures de guitares et de batterie virulentes laissent un petit souvenir qu’on gardera en tête pendant plusieurs heures. Je ne commence pas l’écriture de ce billet dans la foulée, mais je me surprends moi-même d’avoir autant le courage d’écrire sur les concerts que je vais voir. C’est en quelque sorte mon message de remerciements aux groupes.

A part les photos du début du billet, les autres sont glanées sur les compte Twitter de PEDRO et de Tricot. Ci-dessous les setlists de deux groupes pour référence ultérieures:

Unō Sanō (右脳左脳) – 10 Mai 2024 – PEDRO Setlist:

1. (intro) Kaeru (還る) de l’album Omomuku mama ni, i no muku mama ni (赴くままに、胃の向くままに)
2. Shunkashūtō (春夏秋冬) de l’album Omomuku mama ni, i no muku mama ni (赴くままに、胃の向くままに)
3. Green Heights (グリーンハイツ) de l’album Omomuku mama ni, i no muku mama ni (赴くままに、胃の向くままに)
4. Music (音楽) de l’album Omomuku mama ni, i no muku mama ni (赴くままに、胃の向くままに)
5. Roman (浪漫) de l’album Roman (浪漫)
6. Senshin (洗心) de l’album Omomuku mama ni, i no muku mama ni (赴くままに、胃の向くままに)
7. Omomuku mama ni (赴くままに) de l’album Omomuku mama ni, i no muku mama ni (赴くままに、胃の向くままに)
8. Kiyoku, Tadashiku (清く、正しく) de l’album Omomuku mama ni, i no muku mama ni (赴くままに、胃の向くままに)
9. Mahō (魔法) de l’album Gojitsu Aratamete Ukagaimashita (後日改めて伺いました)
10. Sutte , Haite (吸って、吐いて) de l’album Gojitsu Aratamete Ukagaimashita (後日改めて伺いました)
11. Yosei (余生) de l’album Omomuku mama ni, i no muku mama ni (赴くままに、胃の向くままに)

Unō Sanō (右脳左脳) – 10 Mai 2024 – Tricot Setlist:

1. Noradrenaline de l’album A N D
2. Omotenashi (おもてなし) de l’album T H E
3. Himitsu (秘密) de l’album Makkuro (真っ黒)
4. Anamein (アナメイン) du mini-album Bakuretsu Toriko-san (爆裂トリコさん)
5. Echo (エコー) de l’album 3
6. WARP de l’album 10
7. E de l’album A N D
8. Unō Sanō (右脳左脳) de l’album Makkuro (真っ黒)
9. Naka (なか) de l’album Makkuro (真っ黒)
10. Boom ni Notte (ブームに乗って) de l’album Makkuro (真っ黒)
11. Shokutaku (食卓) de l’album A N D
12. Fudeki (不出来) de l’album Fudeki (不出来)
13. (Rappels) Melon Soda (メロンソーダ) de l’album 3

君が僕の東京になる

Il m’arrive rarement de boire de l’alcool le midi le week-end (et encore moins les jours travaillés) car je ne sais jamais si l’occasion de conduire se présentera dans la journée et la tolérance est à zéro au Japon. Mais l’occasion se présente de temps en temps, comme ici à Kamata près de la station lors d’un festival appelé tout simplement Oishii Michi (おいしい道) avec tables et stands posés sur la rue avec diverses choses à manger et à boire. La météo était idéale pour passer quelques heures assis dehors sans compter les heures en se laissant emporter par une légère ivresse. Du coup, cette légère ivresse me fait voir des choses inattendues comme des camionnettes vendant des nikuman recouverts de filles à la mode manga poussant les esprits faibles à la consommation, ou comme ces étranges personnages colorés se faisant photographier avec une population enjouée. Sont-ils réels ou issus de mon imagination?

Les photographies suivantes sont prises à l’extérieur et intérieur du musée National Art Center Tokyo (NACT) conçu par Kisho Kurokawa et dont la construction a été terminée en Mai 2006. Kisho Kurokawa est mort l’année suivante, en 2007 au mois d’Octobre à l’âge de 73 ans. Je me souviens l’avoir aperçu plusieurs fois marchant lentement et même péniblement dans le couloir du 13ème étage du building Ark Mori à Tameike Sanno, car je travaillais à cette époque au même étage. J’y repense à chaque fois que je viens voir le building du musée NACT. J’étais venu pour voir l’exposition Interface of Being (真空のゆらぎ) de l’artiste Shinji Ohmaki (大巻伸嗣) qui s’y déroule jusqu’au 25 Décembre 2023 et qu’il serait dommage de manquer. Elle m’avait en tout cas beaucoup inspiré dans l’écriture de mon billet sur les fluctuations du vide qui nous entoure. Ce building est pour sûr très inspirant et nous donne plein d’images en tête. Il doit compter dans la liste des architectures les plus remarquables de Tokyo.

La dernière photographie du billet me fait revenir une nouvelle fois dans le parc central de Nishi-Shinjuku où ont été tournées de nombreuses scènes du film Kyrie no Uta (キリエのうた) du réalisateur Shunji Iwai (岩井俊二) dont une des scènes finales. Je garde encore maintenant de très bons souvenirs de ce film, que j’ai très envie de revoir, même si ça sera désormais sur les plateformes de streaming comme Netflix ou Amazon Prime. Je m’assois plusieurs dizaines de minutes à l’endroit où j’ai pris cette photo. Il y a quelques bancs posés dans la verdure depuis lesquels on peut observer au loin les buildings de Nishi-Shinjuku, notamment la très reconnaissable Mode Gakuen Cocoon Tower de Tange Associates.

J’ai mentionné dans un précédent billet qu’il fallait que je trouve un peu de temps pour aller voir l’exposition Revolution 9 du photographe Takashi Homma (ホンマタカシ) se déroulant jusqu’au 24 Janvier 2024 au Musée de la photographie à Yebisu Garden Place. L’exposition occupe plusieurs salles d’un étage du musée mais ne contient pas un nombre très conséquent d’oeuvres. Le prix du billet d’entrée plutôt réduit pour ce genre d’exposition me laissait en effet présager qu’on devait en faire assez vite le tour. Les photographies de Takashi Homma montrées lors de cette exposition sont toutes autant singulières qu’elles sont inspirantes. La plupart des œuvres sont composées de collages de plusieurs photographies prises au même endroit, mais sans soucis directs de faire des raccords parfaits entre les photographies, pour donner l’illusion d’une photographie gigantesque. Les décalages de tons et de couleurs sont souvent marqués entre deux photographies posées les unes à côté des autres. C’est une approche assez radicale de l’expression photographique, qui m’inspire dans le sens où j’aime de temps en temps également triturer mes photographies pour construire une nouvelle réalité. Du photographe, j’ai toujours en tête le photobook Tokyo and my Daughter que je ne possède pas dans ma librairie personnelle mais auquel je pense de temps en temps, car il m’avait inspiré à une certaine époque où je m’essaie d’une manière similaire à mélanger des photos de ville et d’architecture avec celles de mon fils étant tout petit. L’exposition Revolution 9 est très différente et est même déroutante, car de nombreuses photos sont par exemple positionnées en sens inverse. Le titre de cette exposition serait inspirée par la chanson des Beatles Revolution 9 qui est un collage d’une variété de sources sonores. L’association musicale à la photographie me parle beaucoup. En ce sens là, l’approche photographique de Takashi Homma m’attire toujours et m’interpèle. Elle ne cherche pas à atteindre la beauté esthétique. Une des salles de l’exposition a ses murs tapissés de grands pans photographiques que l’on peut observer à travers un système de miroirs. Je me prends moi-même en photo par inadvertance alors que je pensais plutôt saisir les murs photographiques. On pourra au moins remarquer mon t-shirt de Miyuna que j’aime beaucoup porter ces derniers temps. Au premier sous-sol du musée, on pouvait visiter gratuitement une galerie de photographies proposées par la Tokyo Polytechnic University (東京工芸大学). Cette exposition se déroulant jusqu’au 10 Décembre 2023 s’intitule Integrating Technology & Art through Photography. On peut y voir quelques photos connus comme certaines d’Eikoh Hosoe (細江英公) (dont une de Yukio Mishima de la série BA・RA・KEI / Ordeal by Roses). Cette exposition commémorative retrace l’histoire de l’Université polytechnique de Tokyo, dévoilant les origines de l’enseignement de la photographie au Japon et explorant les relations entre l’Université et le monde de la photographie japonaise à travers les époques. On a vite fait le tour de cette exposition mais elle vaut le détour. Les deux dernières photographies de la série ci-dessus proviennent de cette exposition. Je n’ai malheureusement pas eu la présence d’esprit de noter le nom du photographe de la photographie de droite que j’aime pourtant beaucoup. En fait, Google Lens m’apprend après coup qu’il s’agit d’une photographie prise en 1950 par Kiyoji Ohtsuji (大辻清司) de l’artiste Hideko Fukushima (福島秀子). Cette application Google Lens est assez pratique et elle est apparemment régulièrement utilisée par les visiteurs de ce blog sur mes photos.

Musicalement maintenant, quelques nouveaux singles d’artistes que je suis avec une attention certaine et que j’ai déjà maintes fois évoqué sur ce blog. Je parlais de Miyuna un peu plus haut et elle vient justement de sortir un nouveau titre intitulé Oikakete (追いかけて). Il commence assez doucement puis monte progressivement en intensité comme souvent chez Miyuna. J’aime toujours autant sa voix sur laquelle repose beaucoup la qualité de ce nouveau morceau. C’est un peu similaire pour le nouveau single d’AiNA The End intitulé Diana (華奢な心). Elle est très active en ce moment après une tournée rapide à Londres, WACK in the UK, avec d’autres groupes de l’agence Wack (dont ExWHYZ) et la sortie récente de l’album du film Kyrie no Uta (キリエのうた) dont j’ai déjà parlé. Le collage servant de pochette à ce single a été créé par Ohzora Kimishima (君島大空) qui a décidément de nombreuses qualités artistiques. Le morceau d’AiNA est une ballade qui prend son temps mais s’imprègne très progressivement dans notre inconscient. Je n’aime pas toutes ses ballades mais celle-ci me plaît vraiment beaucoup. AiNA l’avait d’abord présenté dans une session live sur YouTube appelée Room Session (冬眠のない部屋). J’aime aussi beaucoup l’esprit rock indé du nouveau single de PEDRO intitulé Shunkashūtō (春夏秋冬) du nouvel album Omomuku mama ni, Inomuku mama ni (赴くままに、胃の向くままに) qui vient de sortir. Le morceau mise beaucoup sur la composition de guitare d’Hisako Tabuchi avec des parties en riff solo très marquantes. On a l’impression qu’Ayuni ne force pas son chant et chante même quand elle a envie car j’ai toujours l’impression qu’elle manque une partie des paroles d’un couplet à un moment du morceau. J’aime beaucoup ce genre de moments d’interrogation. Comme je le dis à chaque fois, il faut être réceptif à sa voix et à sa manière de chanter. Dans les voix particulières, il y a aussi celle d’a子 qui sort un nouveau single très immédiat et accrocheur intitulé Racy. Le morceau est excellent et rentrera facilement dans la liste de ses meilleurs morceaux. Je me dis parfois qu’il suffirait qu’un de ses morceaux soit utilisé comme thème d’un anime ou drama à succès pour que sa carrière décolle et devienne mainstream. Ce single sera présent sur un nouvel EP intitulé Steal your heart qui sortira le 6 Décembre 2023. Il y a beaucoup de sorties d’albums qui m’intéressent en cette fin d’année car Hitsuji Bungaku sort également son nouvel album 12 hugs (like butterflies) le 6 Décembre. Vaundy a sorti son double album Replica il y a quelques semaines, et vient de passer pour la première fois à Music Station, ce qui parait incroyable. King Gnu vient aussi de sortir son nouvel album The great Unknown cette semaine avec un excellent teaser. Bref, beaucoup d’idée de cadeaux pour Noël, sachant que je ne me suis pas encore procuré le Blu-ray du dernier concert (椎名林檎と彼奴等と知る諸⾏無常) de Sheena Ringo, celui que j’avais été voir cette année. Je suis un peu moins pressé car je l’ai en fait déjà vu et enregistré sur WOWOW.

Dans le billet précédent, je mentionnais que Moeka Shiotsuka (塩塚モエカ) de Hitsuji Bungaku avait inscrit un morceau du groupe rock indé americain Pavement dans la playlist de l’émission radio de Seji Kameda sur J-Wave dont elle était l’invité. Cela m’a donné l’envie irrésistible de revenir vers la musique du groupe, surtout que le morceau que Moeka mentionnait, Date with IKEA, est sur l’album Brighten the Corners de 1997 que je n’avais en fait jamais écouté en intégralité. J’écoute également l’album Wowee Zowee de 1995 qui est plus désorganisé mais qui doit être un de mes préférés du groupe. Deux excellents albums que j’aurais dû écouter il y a 25 ans à l’époque où je n’écoutais presque que ce style de rock alternatif américain. La manière de chanter de Stephen Malkmus est accidentée et n’a rien de conventionnel. Elle a ce petit quelque chose de naturel qui nous donne l’impression qu’il nous parle de son quotidien. Certains morceaux me rappellent un peu musicalement les premiers albums de Beck, notamment Mellow Gold et Odelay sortis à peu près à cette même époque. On y trouve un même bouillon créatif rock qui déborde d’idée mais reste très brut dans son approche. Les morceaux Stereo sur Brighten the Corners et Rattled by the Rush sur Wowee Zowee sont des bons points d’entrée. On peut ensuite se diriger vers des morceaux comme Fight This Generation ou Grounded et se plonger ensuite d’une manière nonchalante dans le discographie complète du groupe.

言葉以上・現実以上

Le retour au rythme tokyoïte sur Made in Tokyo n’est pas aussi facile que je l’imaginais. Le sentiment de fatigue post-Covid m’a poursuivi plusieurs semaines et j’ai par conséquent eu un manque de volonté et d’énergie pour me lancer dans l’écriture de longs billets comme j‘ai pu en écrire jusqu’à présent avant nos vacances en France ou comme je le fais maintenant. Et pourtant, le niveau de fréquentation particulièrement haut du blog pendant le mois d’Août aurait dû me motiver un peu plus. La chaleur estivale infernale avec ces 35 degrés tous les jours de la semaine est peut propice aux promenades photographiques, mais j’ai tout de même marcher près du gymnase de Yoyogi, où des danses Yosakoi (よさこい) ont attiré mon attention. Le Yosakoi est une interprétation moderne de la danse traditionnelle Awa-Odori que l’on peut souvent voir dans les festivals d’été. Plusieurs groupes habillés de tenues différentes dansaient les uns après les autres, d’une manière très dynamique caractéristique du genre, le long de la large allée piétonne séparant le Hall de la NHK du gymnase de Yoyogi. La musique qui accompagne les danses a un côté un peu kitsch mais l’énergie communicative des danseurs et danseuses faisaient plaisir à voir. Ils m’ont en quelque sorte transmis un peu de leur énergie. Bien que je n’ai pas publié de billets pendant ces vacances françaises, ça ne m’a pas empêché de réfléchir à la direction que je devrais donner à ce blog. Je me suis dit que ça n’avait pas beaucoup de sens de montrer des photos de choses et d’endroits que j’ai déjà maintes fois montré et qu’il faudrait que j’y apporte une touche un peu plus personnelle et spécifique à mon style visuel. Il faudrait aussi que je travaille un peu plus la sensibilité des textes qui accompagnent mes photographies pour éviter le descriptif.

Mais cette sensibilité est de toute façon grandement et principalement influencée par la musique que j’écoute. Je me remets lentement mais sûrement à écouter de nouvelles très belles choses musicalement. Quand je me perds dans la direction de ce que je veux écouter, je reviens souvent vers LUNA SEA et cette fois-ci, j’écoute beaucoup l’album Lunacy de 2000. Je l’avais acheté en CD à l’époque et ce n’est pas l’album vers lequel je reviens le plus souvent, ce qui est une erreur car le morceau Gravity est un de leurs meilleurs. J’avais aussi oublié que certains morceaux étaient des collaborations avec DJ KRUSH, comme celui intitulé KISS. Quelques morceaux au milieu de l’album sont particulièrement inspirés, notamment le sublime Virgin Mary. C’est un long morceau de plus de 9 minutes placé exactement au centre de l’album. Ce morceau me rappelle que Ryuchi Kawamura utilise régulièrement des références religieuses, en particulier chrétiennes, dans les paroles de ses morceaux. Il m’est d’ailleurs arrivé plusieurs fois d’être assis à côté de sa femme et de son fils à l’église avec mon grand lorsqu’ils étaient petits dans la même école maternelle. Ryuchi Kawamura ne venait bien évidemment pas. Je n’ai malheureusement jamais pu dire à sa femme toute l’admiration que j’avais pour lui. LUNA SEA est le seul groupe qui fait le lien entre la musique japonaise que j’écoutais en France et celle que j’écoute encore maintenant. Écouter LUNA SEA remet en quelque sorte les pendules à l’heure, pour me permettre de repartir vers d’autres horizons.

Dans ces belles découvertes récentes, il y a le morceau Kikikaikai (器器回回) de Nagisa Kuroki (黒木渚) sorti le 23 Août 2023. Je ne connaissais pas cette compositrice et interprète originaire de la préfecture de Miyazaki dans le Kyūshū. Je la découvre par l’intermédiaire de la photographe et vidéaste Mana Hiraki (平木希奈), que j’ai déjà évoqué plusieurs fois sur ce blog, car elle a réalisé la vidéo de ce morceau. Cette vidéo est très inspirée d’ailleurs, comme peut l’être le morceau. Nagisa Kuroki a fait ses études à Fukuoka, ce qui peut expliquer qu’Hisako Tabuchi (田渕ひさ子) ait joué de la guitare sur certains enregistrements de ses morceaux. Mais Hisako Tabuchi ne joue pas sur le morceau que j’écoute en ce moment. Kikikaikai a une composition brillante, très méthodique avec un flot verbal en escalade. La dynamique du morceau est très prenante et laisse peu de temps au répit sans pourtant être poussive. La dernière minute de Kikikaikai est particulièrement excellente car la densité et la tension vocale deviennent débordantes. C’est un excellent morceau qui se savoure d’autant plus après plusieurs écoutes.

Le morceau asphyxia de Cö shu Nie sur l’album PURE n’est pas récent car il date de 2019, mais l’idée m’est venu de revenir un peu vers la musique de ce groupe après avoir vu plusieurs fois la compositrice et interprète Miku Nakamura (中村未来) sur mon flux Twitter (on dit maintenant X mais je préfère l’ignorer pour l’instant) ou Instagram. Le morceau asphyxia est une sorte d’objet musical non identifié car la voix de Miku et la composition musicale ont toutes les caractéristiques de déconstruction du math rock. On y trouve une grande élégance et inventivité. Le morceau nous trimballe sur différentes voies comme si le train musical déraillait soudainement pour se rattraper de justesse vers une nouvelle direction. Mais le morceau n’en reste pas moins très construit. On peut se demander ce qui passe par la tête de la compositrice pour en arriver à de telles envolées. Sur le même album, j’écoute également Zettai Zetsumei (絶体絶命), car je suis attiré par le titre me rappelant un morceau de Tokyo Jihen. Ce morceau est un peu plus conventionnel et calme qu’asphyxia, mais juste un peu car l’escalade instrumentale est toujours bien présente, pour mon plus grand bonheur, il faut bien le dire. C’est un style musical, un peu comme celui de Ling Toshite Sigure, qui me paraît tout à fait unique au Japon.

L’émission radio du dimanche soir What’s New FUN? de Teppei Hayashi (林哲平) sur InterFm me fait découvrir le rappeur originaire d’Oita Skaai qui y était invité pour une interview. Quelques morceaux de Skaai étaient diffusés, notamment celui intitulé Scene! en collaboration avec Bonbero. Ce morceau de hip-hop en duo est vraiment excellent pour son ambiance sombre et atmosphérique, comme on pourrait en trouver chez DJ KRUSH, et pour les talents vocaux multiples de Skaai. J’adore le hip-hop lorsqu’il part vocalement vers ce genre de terrains mouvants. Je découvre plus tard un autre excellent morceau hip-hop de Skaai intitulé FLOOR IS MINE (featuring BIM, UIN). La voix de Skaai chantant en anglais le refrain me rappelle vaguement un morceau de Red Hot Chili Pepper mais je n’arriverais pas à vraiment dire lequel. Le compte Twitter de Skaai m’indique également une collaboration avec le rappeur coréen nommé 27RING (이칠링) sur un morceau énorme intitulé Brainwashing (세뇌) Ultra Remix tiré de son album 27LIT. Le morceau est énorme car il fait plus de 8 minutes et fait collaborer pas moins de 12 rappeurs prenant la parole les uns à la suite des autres sur une trame commune dense et anxiogène. Je ne connais pas tous ces noms (TAK, Moosoo, DON FVBIO, Ted Park, maddoaeji, Boi B, DAMINI, New Champ, Lee Hyun Jun, Skaai, Asol) qui semblent principalement coréens à part Skaai (qui est en fait moitié coréen, parlant la langue). La puissance de l’ensemble et son agressivité conservant un bon contrôle des phrasés parfois ultra-rapides, m’impressionnent vraiment. Chaque intervention des rappeurs invités est entrecoupée d’exclamations proche du cri de 27RING scandant en coréen dans le texte « Mon cerveau a subi un lavage de cerveau » (세뇌 당했지 나의 뇌). La vidéo très graphique est viscérale et correspond bien à l’ambiance du morceau. Il faut d’ailleurs l’écouter fort dans les écouteurs en regardant la vidéo pour bien s’immerger. Je me sens parfois reconnaissant, envers je ne sais qui ou quoi, de tomber sur ce genre de morceaux qui réveillent mon émerveillement musical.

Je reviens ensuite vers des terrains rock plus connus en écoutant le nouveau single du groupe Hitsuji Bungaku (羊文学) intitulé More than Words. J’aime la voix de Moeka Shiotsuka (塩塚モエカ) qui a un petit quelque chose de particulier et que je trouve très mature sur ce morceau. Dès les premières notes, le son des guitares est très présent, rempli de réverbération, et le rythme de la batterie est extrêmement soutenu. Je suis toujours surpris par la qualité du son qu’il et elles arrivent à sortir à trois. Le son des guitares est ici très spacieux. Ce single est utilisé comme thème de fin de l’anime à succès Jujutsu Kaisen (呪術廻戦), du mangaka Gege Akutami (芥見下々), pour une série intitulée Shibuya Jihen (渋谷事変), à ne pas confondre avec Tokyo Jihen (東京事変). Le thème d’ouverture de ce même anime est un morceau de King Gnu intitulé Specialz (スペシャルズ) qu’il me faudra écouter un peu plus (en tout cas la vidéo est impressionnante). En ce moment, j’écoute aussi deux EPs de Hitsuji Bungaku, à savoir Kirameki (きらめき) sorti en 2019 et Zawameki (ざわめき) sorti en 2020. Je ne connaissais en fait pas ces EPs en entier. En les écoutant, je me prépare en quelque sorte pour le concert à Tokyo Haneda le mois prochain, en Octobre 2023. J’ai très hâte d’aller les voir en live. Je sais déjà que ça rendra bien, pour les avoir vu et entendu en streaming lors de leur passage au festival Fuji Rock, il y a quelques années.

Shinichi Osawa (大沢伸一) de MONDO GROSSO produit le nouveau morceau d’Hikari Mitsushima (満島ひかり) intitulé Shadow Dance. C’est à ma connaissance la troisième collaboration entre les deux artistes. Ce morceau est très beau. L’élégance naturelle d’Hikari Mitsushima déteint forcément sur ce morceau, qui est très délicat, notamment dans ses moments parlés. Ce morceau fait apparemment référence au court métrage publicitaire Kaguya by Gucci, réalisé par Makoto Nagahisa dans lequel Hikari Mitsushima jouait déjà. Pour les plus attentifs, j’en ai déjà parlé plusieurs fois. La qualité de la production musicale de MONDO GROSSO n’est plus à démontrer et je suis toujours très satisfait qu’il travaille avec des artistes que j’aime, comme Daoko, Sheena Ringo, AiNA entre autres. J’aimerais d’ailleurs beaucoup que Sheena Ringo écrive un morceau pour Hikari Mitsushima. Il y a déjà des liens entre les deux. J’ignore par contre complètement le morceau que Sheena Ringo a écrit et composé récemment pour Sexy Zone. Faisons comme si il n’avait jamais existé car il n’est de toute façon pas brillant. Je suis également assez déçu par le nouveau single d’Utada Hikaru (宇多田ヒカル) intitulé Gold (~また逢う日まで~). Le morceau est loin d’être mauvais mais il n’a absolument rien d’original, par rapport à ses morceaux précédents. Je l’ai bien écouté plusieurs fois, mais j’ai beaucoup de mal à m’en souvenir. Elle aurait besoin d’un nouveau souffle et je ne doute pas qu’elle le trouvera, comme ça avait été le cas pour l’album Fantôme. Cet album ne semble d’ailleurs pas être le préféré des amateurs d’Utada Hikaru. C’est pourtant pour moi un des plus intéressants et celui qui m’a fait revenir vers sa musique. Et pour revenir à MONDO GROSSO, quelle plaisir de voir une collaboration avec KAF (花譜) dont je parle aussi assez souvent sur ces pages. Le morceau qui vient juste de sortir s’intitule My Voice (わたしの声). Il mélange habilement des sons classiques de piano et de cordes avec un rythme électronique particulièrement intéressant et la voix immédiatement reconnaissable de la chanteuse virtuelle KAF (qui est une vraie personne représentée par son avatar). Comme je le disais un peu plus haut, les choix artistiques de Shinichi Osawa m’épatent vraiment car ils sont quasiment en adéquation avec les artistes que j’apprécie.

Je ne vous obligerais pas à me suivre sur le dernier morceau sélectionné sur cette petite playlist de fin d’été, car la voix d’Ayuni D n’est pas la plus évidente à apprécier. Mais le nouveau morceau Tondeyuke (飛んでゆけ) de son groupe PEDRO qu’elle forme avec Hisako Tabuchi est vraiment enthousiasmant. En fait, j’aime beaucoup l’ambiance bucolique de la vidéo accompagnant le morceau, et le sentiment de nonchalance estivale qui l’accompagne. La manière de chanter d’Ayuni sur ce morceau, en chuchotant presque la fin de chaque phrase, me plait aussi beaucoup. Et il y a un petit passage de guitare vers la fin du morceau où les sons que dégage Hisako me rappellent Sonic Youth. Ce single et la musique de PEDRO ont apparemment un certain succès. J’étais plutôt surpris d’entendre que Tondeyuke était placé à la 54ème place du classement hebdomadaire Tokio Hot 100 de la radio J-Wave, que j’écoute très régulièrement le dimanche après-midi (de 13h à 17h) lorsque nous sommes en voiture. Après la dissolution de BISH, ça fait plaisir de voir chacune des anciennes membres trouver une nouvelle voix. C’est aussi le cas de CENTCHiHiRO CHiTTiii qui s’est lancé dans une carrière solo sous le diminutif de CENT. Son nouveau single Kesshin (決心) est un rock plutôt classique et j’étais assez surpris de voir que la musique a été composée par Kazunobu Mineta (峯田和伸) de Ging Nang Boyz (銀杏BOYZ).

AiNA The End a une carrière musicale pour l’instant très dense et on pourra la voir bientôt au cinéma sur le nouveau film du réalisateur Shunji Iwai (岩井俊二), Kyrie no Uta (キリエのうた). J’ai très récemment trouvé au Disk Union de Shimokitazawa le CD de la bande originale du film All About Lily Chou Chou (リリイ・シュシュのすべて) sorti en 2001, du même Shunji Iwai. J’avais déjà parlé sur ce blog de la musique du film chantée par Salyu. Le premier morceau intitulé Arabesque (アラベスク), qui accompagne les premières images du film dans les herbes hautes près d’Ashikaga (足利駅) dans la préfecture de Tochigi, est tellement sublime que je le compte volontiers dans la liste des morceaux que je préfère. La force d’évocation émotionnelle de cette musique et de la voix extrêmement sensible de Salyu me donnent à chaque fois des frissons. C’est proche du divin, sans trop exagérer. J’ai du coup revu le film qui m’avait beaucoup marqué la première fois que je l’avais vu. Je suis très curieux des films de Shunji Iwai mais ils ne sont pas disponibles sur Netflix ou Amazon Prime. J’ai quand même vu récemment le film Last Letter (ラストレター) sorti en 2020 basé sur un roman qu’il à écrit lui-même. Beaucoup d’actrices et d’acteurs reconnus jouent dans ce film, comme Takako Matsu, Suzu Hirose, Nana Mori et Masaharu Fukuyama entre autres. La surprise était de voir le réalisateur Hideaki Anno (de Neon Genesis Evangelion) joué un second rôle, celui du mari du personnage joué par Takako Matsu. Que ça soit sur des films ou des drama télévisés, je croise souvent la route de Takako Matsu (松たか子) en ce moment. La dernière fois était sur le drama Quartet (カルテット), dans lequel jouait également Hikari Mitsushima. Tout finit par se reboucler dans mes billets.

ニュウ、エスケープ

Ce creux au milieu de la façade du building à lamelles de bois de la première photographie du billet m’intrigue à chaque fois que je passe devant. A sa construction il y a environ deux ans, il était indiqué que cet espace serait utilisé par YouTube, mais je ne vois aucun signe extérieur l’indiquant. Il n’y a pas non plus de signe d’activité visible depuis l’extérieur et je me demande même si ce bâtiment si particulier est vraiment utilisé. Son design a été conçu par Kōichi Takada (高田浩一). J’aime beaucoup cette déflagration en hauteur. Un peu plus loin dans la même rue longeant la rivière bétonnée de Shibuya, on trouve plusieurs affiches collées à différents endroits, formant une sorte de guérilla publicitaire. Ces visages sont ceux du groupe d’idoles de l’agence Stardust, Momoiro Clover Z. A vrai dire, je pensais que le groupe, après avoir perdu une de ces membres, avait cessé ses activités. Il semble qu’elles fêtent plutôt l’anniversaire de leurs quinze ans de carrière. Il est vrai qu’on les voit encore régulièrement dans des publicités télévisées. Le temps de ces derniers week-ends est couvert et même pluvieux, ce qui me fait prendre moins de photos. J’ai de toute façon un stock d’une petite dizaine de billets en brouillon que je peine à écrire rapidement. Les journées sont longues et épuisantes. Elles me laissent peu de temps pour écrire, mais écrire est toujours pour moi une échappée nécessaire et même indispensable.

L’amateur de la musique de Sheena Ringo ne s’ennuie pas en ce moment. Le 17 Mai 2023, sortait le CD de deux titres W●RK et 2045, tous les deux excellents d’ailleurs, de la collaboration avec Millenium Parade de Daiki Tsuneta. Je ne l’avais pas réservé mais je suis passé l’acheter au Tower Records de Shibuya le soir du 16 Mai. Le magasin met en général dans les rayons les nouveautés le soir avant le jour de sortie. Il faut le savoir et ça permet de faire le malin ensuite sur les réseaux sociaux en disant qu’on a pu acheter et écouter le CD avant sa sortie officielle. C’est le Fying Get ou Furage (フラゲ) en japonais. Un nouveau single de Sheena Ringo est ensuite sorti cette semaine le 24 Mai. Il s’agit cette fois-ci d’un single solo intitulé Watashi ha Neko no Me (私は猫の目), sous-titré en français “Je suis libre”. Le CD que j’avais commandé sur Amazon, une fois n’est pas coutume, venait avec une carte postale montrant Sheena assise sur une moto devant la tour de Tokyo. Cette moto apparaissait également en logo pixelisé lors du récent concert. Comme je l’indiquais auparavant, il s’agit d’une Yamaha SR (reprenant donc ses initiales). Ce qui m’a presque choqué, c’est de me rendre compte que ce modèle de moto a été mis en production en 1978, soit l’année de sa naissance. Ce genre de détails me fascine toujours. J’aime vraiment beaucoup ce nouveau morceau Watashi ha Neko no Me, qu’elle avait également joué lors du concert, et je trouve qu’il gagne en saveur après plusieurs écoutes car sa construction musicale est, comme souvent chez Sheena Ringo, relativement atypique et terriblement sophistiquée. Dans la vidéo comme toujours réalisée par Yuichi Kodama, on la voit concrétiser son amour pour les chats en empruntant elle-même des yeux de chats. Elle n’est pas accompagnée par ses musiciens habituels, mais ce ne sont pas vraiment des visages inconnus non plus. À la guitare, on retrouve Hisako Tabuchi (田渕ひさ子) du groupe NUMBER GIRL. Elles se connaissent depuis leurs débuts, étant toutes les deux originaires de Fukuoka. Elles ont déjà joué ensemble, en concert ou en session d’enregistrement. Rino Tokitsu (時津梨乃) à la batterie est une ancienne membre d’un des premiers groupes que Ringo avait formé à Hakata (Fukuoka), avant ses débuts. Ce sont donc également des amies de longue date. Rino Tokitsu a fait aussi partie d’un groupe appelé Roletta Secohan (ロレッタセコハン). Je suis par contre moins familier du nom de BIGYUKI aux claviers. Il est apparemment présent sur la scène hip-hop/jazz new-yorkaise. J’aime beaucoup ce court passage solo au clavier accompagnant le solo de guitare lourd et déstructuré d’Hisako. Il y a une certaine texture brute dans ce morceau, notamment dans la voix de Sheena Ringo. J’adore particulièrement quand elle crie son « Nya » en imitant le cri du chat, avec un côté un peu comique que je pense volontairement. Sa voix devient plus agressive au fur et à mesure du morceau, comme un chat qui sortirait ses griffes. Elle roule même un peu des ‘r’ et finit le morceau sur un ton sonnant comme du Enka, comme Yuu peut également le faire sur des morceaux de GO!GO!7188. En comparaison, la face B du single s’intitulant Saraba Junjō (さらば純情), sous-titré “Adieu innocente”, a un son beaucoup plus doux. On entend une partie de ce morceau à la toute fin de la vidéo qui prend une forme animée montrant Ringo conduisant cette fameuse Yamaha SR. Elle est revenue vers les sous-titrages des titres des morceaux en français. Le single prenant le sous-titre “Je suis libre” reprend ce thème de la liberté (自由) très présent dans sa discographie et ses paroles. Mais le single va plus loin en découpant la vidéo en dix scènettes prenant pour titres des proverbes français souvent en lien avec le monde des chats. Où irait le monde sans les chats? Les voici ci-dessous.

1. Un malheur ne vient jamais seul.
2. Être comme chien et chat
3. Un peu de honte est bientôt bue.
4. Qui m’aime au même mon chat.
5. Qui naquit chat court après les souris.
6. Chat échaudé craint l’eau froide.
7. À bon chat, bon rat.
8. Il ne faut pas réveiller le chat qui dort
9. Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera.
10. Ce qui est fait est fait.

Le vidéo du morceau Watashi ha Neko no Me (私は猫の目) mentionne également la citation « La femme, comme le chat, a neuf vies. » de l’écrivain anglais John Heywood (1497-1580), connu pour ses pièces, poèmes, et ses recueils de proverbes. J’ai le sentiment que ce morceau ouvre de nouvelles pistes dans sa discographie et ça me satisfait beaucoup de voir qu’elle ne manque pas d’inspiration. C’est une promesse de nouvelles échappées belles.

A ce propos, Sheena Ringo fête ce samedi 27 Mai 2023, ses 25 années de carrière après la sortie de son premier single Kōfukuron (幸福論) le 27 Mai 1998. Je me demande d’ailleurs pourquoi elle n’a pas sorti le nouveau single le 27 Mai, plutôt que le 24. A l’occasion de ce nouveau single et de cet anniversaire, elle sera présente dans les médias télévisés ces prochains jours, notamment à l’émission KanJam avec Daiki Tsuneta (pour une deuxième fois) le dimanche 28 Mai et pour une émission spéciale de la NHK le 1 Juin 2023. J’aurais certainement l’occasion d’en reparler ici. Cet anniversaire m’a donné l’occasion de porter mon t-shirt de la tournée (celui avec la moto pixelisée) et d’aller au magasin Tower Records de Shinjuku car une petite exposition spéciale y avait lieu. Dans une partie du magasin, on y montrait la moto Yamaha SR, les tenues utilisées pour la vidéo de Watashi ha Neko no Me, une photo géante, entre autres. Un bandeau est accroché pour ses 25 années de carrière. On retrouve sa signature encadrée datant du 14 Novembre 2019, avec les messages Koko ha Shinjuku Desu (ここは新宿です) et Merci, mais le verre du cadre est étrangement cassé à plusieurs endroits. Est ce un accident de manipulation ou est ce volontaire car il est montré tel quel dans le magasin. C’est peut-être un peu des deux, mais ce cadre avait en tout cas été enlevé (il me semble) après le réaménagement du magasin. On y vendait aussi des goods de la société de production Vivision de Yuichi Kodama, qui réalise la quasi totalité des vidéos et concerts de Sheena Ringo et Tokyo Jihen. Les t-shirts étaient pratiquement tous en rupture de stock, et je crois comprendre d’après mon fil Twitter qu’ils ont une certaine popularité. Un petit panneau demande aux visiteurs de poser une pastille pour leur album préféré. Je ne suis pas surpris de voir arriver Muzai Moratorium en tête. Un morceau comme Marunouchi Sadistic sorti sur cet album fait pratiquement partie de l’histoire musicale japonaise. Mon fils l’a même chanté récemment au karaoke avec ses copains et copines de classe de lycée. Je n’étais pas le seul habillé aux couleurs de l’artiste en cette journée de samedi. Dans un tout autre endroit à Shibuya Hikarie, une femme et son mari me regardaient en souriant. Je me suis d’abord demandé la raison, pour comprendre ensuite qu’elle portait elle-même un sac à l’effigie de Tokyo Jihen. Peut-être est ce dû à cette date anniversaire.